Après avoir déconstruit la catégorie en soulignant la diversité existante, cette introduction propose un état des lieux des recherches sur la scolarisation des enfants « du voyage » et sur les modalités selon lesquelles l’Éducation nationale s’est saisie de cette question depuis plusieurs décennies, pour en soulever les principaux enjeux.
Notre dossier s’inscrit dans une série de numéros de la revue Études tsiganes portant sur les Gens du voyage en France, situations dont nous regrettons, tout comme Alain Reyniers et Stéphane Lévêque (2017), qu’elles fassent si peu l’objet de publications. Quant à l’accès à la scolarisation des enfants issus de ces familles et ses modalités de mise en œuvre, il s’agit là d’un sujet encore plus rarement étudié – à titre indicatif, le dernier numéro de la revue Études tsiganes traitant de cet objet qu’est la scolarisation date de 1996 (Vol. 8). Une démarche de recherche compréhensive et critique montre que cet objet recoupe des réalités complexes et multidimensionnelles. De réels enjeux de connaissance et de compréhension se posent ainsi pour l’action publique, associative et institutionnelle. Or on peut s’étonner du peu de préoccupation des institutions face aux manquements vis-à-vis de la Convention internationale des droits de l’enfant, au droit inconditionnel à l’instruction, ou encore, face aux processus de décrochage scolaire ou de déscolarisation parfois totale que connait une partie de ces enfants.
Malgré cette invisibilité relative, une action publique se construit pourtant depuis une quarantaine d’années, jusqu’à la mise en œuvre de la circulaire de 2012 règlementant la scolarisation de ces élèves alors nommés « enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs » (Efiv)…