Il existe en Hongrie deux grandes catégories de Tsiganes : ceux qu’on appelle les Romungre et ceux qu’on appelle les Tsiganes Oláh (ou Rom Vlax). Les Romungre sont les plus anciennement présents (à partir du XIVe siècle). Tous les musiciens tsiganes de la « musique tsigane hongroise » sont des Romungre. Ils parlent la langue hongroise. Les Tsiganes Olah sont arrivés plus tard, probablement à partir de la fin du XVIIIe siècle. Ils venaient des provinces roumaines et ils étaient nombreux aussi en Transylvanie. Parmi ces Roms, il y a beaucoup de sous-groupes qui portent les noms de leurs spécialités artisanales : Lovara (maquignons), Drizara (chiffonniers), etc. Ces noms ne sont souvent connus que des groupes familiaux pour se distinguer les uns des autres. Mentionnons encore un troisième groupe : les Beás, dont la langue maternelle est une forme de roumain ancien et qui selon certains ne sont pas des Tsiganes.
Les Romungre, les Tsiganes Oláh et les Beás ont en commun de considérer les autres Hongrois comme des « Gadjé ».
Que signifie être Rom dans un monde de Gadjé ? Dans notre intervention, nous analyserons deux réponses théâtrales à cette question. D’abord nous présenterons un dramaturge rom hongrois, puis nous envisagerons un groupe de théâtre tsigane. Après ces deux exemples, nous nous demanderons si le théâtre rom forme une catégorie indépendante et individuelle dans le dictionnaire du théâtre hongrois.
Né à Budapest en 1961, Péter Kárpáti est l’auteur d’un théâtre à l’humour mélancolique marqué par un ludisme très personnel qui parcourt ses textes comm…