« Chef rom, de la tribu Taykon, Kalderash de Suède. Femmes tziganes de Finlande. Jeunes filles de familles manouches qui circulent en France. Diseuse de bonne aventure avec tarots. Alignement de roulottes manouches, lors d’un rassemblement de chrétiens évangéliques près du Mans. Enfant manouche, près de Clermont-Ferrand ». Ou encore : « Groupe de musiciens tziganes de Roumanie sur le perron de l’Opéra Garnier. Les aïeux de Matéo. La mariée parmi ses ami(e)s d’enfance. Dresseur d’ours en France ». Telles sont quelques-unes des légendes qui accompagnent les photographies prises par Matéo Maximoff (1917-1999) et reproduites dans Dites-le avec des pleurs (1990) et son récit Routes sans roulottes (1993). Autant de traits susceptibles d’exprimer la diversité et la singularité de l’univers social, géographique et culturel des Tsiganes. Mais il y a aussi une tout autre réalité de l’histoire des Tsiganes, celle-là douloureuse et tragique, à laquelle renvoie, par le truchement des images, l’écrivain et photographe rom français : « Plaque à la mémoire des internés tsiganes du camp de Montreuil-Bellay. L’auteur lors d’une manifestation à Bergen-Belsen en Allemagne, pour obtenir des pensions de victimes de guerre. Une arrestation dans le ghetto de Varsovie. Trois Tziganes devant un train de déportation. » Comme le fait remarquer Beate Eder, le thème des persécutions envers les Roms sous le nazisme tient une place déterminante dans la littérature tsigane après 1945. Ce que viendrait confirmer le cas de Matéo Maximoff, souligne-t-elle à juste titre, où la persécution par les non-Roms ne joue aucun rôle dans son premier roma…