A l’époque actuelle, la place et le rôle des « nouvelles églises », connues en Bulgarie sous le nom générique d’évangéliques ou de protestantes, sont d’une importance exceptionnelle pour la vie et l’organisation sociale des Roms/Tsiganes. La présence de maisons de prières, dirigées par des pasteurs roms, n’est pas un phénomène unique, mais plutôt une tendance légitime, résultant de l’évangélisation réussie d’une partie de cette population par des missionnaires occidentaux. Par le biais des règles et des normes religieuses, l’Église tsigane a modelé à des niveaux différents le mode de vie de tous ses adeptes. La nouvelle idéologie influence les catégories de croyances les plus importantes des Roms, leur vision du monde et leur pensée. Partant de ces conceptions, des limites ont été créées entre évangélistes et non-évangélistes (« laïques »), tout en maintenant la démarcation traditionnelle qui existe entre Tsiganes et non-Tsiganes (Gadže). La culture alimentaire est bien l’un des domaines de la culture matérielle des Tsiganes, où l’on peut observer l’application des nouvelles règles et normes, le changement radical du mode de vie et, en même temps, l’attitude à l’égard des « autres ». La position des membres évangélisés de la communauté à l’égard de la consommation de différentes boissons ou du tabagisme est entièrement liée à leur conception religieuse. J’ai choisi d’analyser la manière d’assurer l’alimentation chez les évangélistes et leur opinion sur des habitudes telles que la consommation de boissons alcoolisées ou le tabagisme, car elles sont significatives de la « Cigânija » dans sa nouvelle variante, et de montrer jusqu’à quel point une sphère traditionnelle de la culture tsigane peut se modifier sous l’influence des « nouvelles églises »…