1 Le Pouvoir, émergent ou constitué, peut détruire l’Art lorsqu’il s’écarte de l’idéologie dominante. Les exemples ne manquent pas depuis les livres jetés au bucher dans l’Allemagne nazie, aux Bouddhas fracassés en Afghanistan, à Palmyre saccagée... La destruction fanatique porte en elle la rage amère et envieuse qui décrète comme diabolique ce qu’elle ne peut dominer mais, même brisée, l’œuvre d’art demeure et renaît de ses éclats.
2 Ces destructions, s’argumentant entre autres de la condamnation des joies impures, montrent cependant que l’art et la culture peuvent être jugés suffisamment dangereux et insupportables pour qu’il faille les détruire.
3 Cet hommage involontaire rendu à la puissance des plaisirs sublimés pose la question de l’équilibre des forces en présence lorsque la haine fanatique s’oppose à l’émotion esthétique ou au pouvoir de la pensée.
4 Combat renouvelé et interminable qui repose la question freudienne au sujet des chances pour que le développement culturel de l’espèce humaine réussisse à lui permettre de maîtriser la perturbation apportée à la vie en commun par l’humaine pulsion d’agression et d’auto-anéantissement. Interrogation que Freud en 1930 considérait comme décisive pour le destin de l’humanité.