Topique 2018/3 n° 144

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Article de revue

Ajustements de la cure psychanalytique des traumatismes incestueux

Pages 69 à 83

Notes

  • [1]
    Le lecteur pourra se référer S. Ferenczi Le traumatisme, 2006, Petite Bibliothèque Payot, qui regroupe ses travaux sur ce thème, majoritairement écrits entre 1930 et 1933.
  • [2]
    Freud S. explique : « Il me paraît certain que nos enfants sont exposés aux agressions sexuelles beaucoup plus souvent que l’on s’y attendrait d’après le peu de souci qu’en manifestent les parents. », 1894-1924, « L’étiologie de l’hystérie (1896) », in Névrose, Psychose et Perversion, trad. sous la direction de J. Laplanche, Paris, PUF, 1973, p. 99.
  • [3]
    Revue Adolescence, Monographie 2000, « Après Melanie Klein. Du délit d’initié à l’internalisation de la contrainte par le corps : l’inceste », p. 28.
  • [4]
    Freud S., 1920, « Au-delà du principe de plaisir », in Essais de psychanalyse, trad. par Laplanche J. et Pontalis J.-B., 1987, Paris, Payot. Après avoir décrit « le jeu complet : disparition et retour », Freud cite en note de bas de page une observation du même enfant qui, après que sa mère fut « absente pendant de longues heures », la salua « par le message Bébé o-o-o-o, qui parut d’abord inintelligible. Mais on ne tarda pas à s’apercevoir que l’enfant avait trouvé pendant sa longue solitude un moyen de se faire disparaître lui-même. Il avait découvert son image dans le miroir qui n’atteignait pas tout à fait le sol et s’était ensuite accroupi de sorte que son image dans le miroir était partie. »
  • [5]
    Freud S., 1926, Inhibition, Symptôme et Angoisse, trad. par P. Jury et E. Fraenkel, Paris, PUF, p. 102.
  • [6]
    Laplanche J. et Pontalis J.-B., 1964, Fantasme originaire, fantasme des origines, origine du fantasme, Paris, Hachette, 1985.
  • [7]
    Ferenczi S., 1932, « L’enfant mal accueilli et la pulsion de mort », in Œuvres complètes, tome IV, Paris, Payot, 1982.
  • [8]
    Racamier P.-C., 1995, L’Inceste et l’incestuel, Paris, Éditions du Collège.
  • [9]
    Roussillon R., 2014, Clivage. Un processus sans sujet, p. 7, Source Internet.
  • [10]
    L’affect partagé, C. Parat, Revue française de psychosomatique, 2013, 2, n° 44.
  • [11]
    Klein M., 1952, Développements de la psychanalyse, Paris, PUF, 1966.
  • [12]
    Ferenczi S., 1932, « Confusion de langue entre les adultes et l’enfant. Le langage de la tendresse et de la passion », in Œuvres complètes, tome IV, Paris, Payot, 1982.
    Freud S., 1896, « Nouvelles remarques sur les psychonévroses de défense », in La première théorie des névroses, Paris, PUF, 1995, p. 106.
  • [13]
    1920, Le développement d’un enfant, Édition Payot, 1972, traduit par Marguerite Derrida, in Essais de psychanalyse.
  • [1]
    Dans une note de Ferenczi qu’il intitule « Bandage Psychique » dans l’article Le transfert négatif in Revue française de Psychanalyse, 2, Tome LXIV, avril-juin 2000.

1 Daphné, enfant mal aimée par ses parents, fut victime d’actes incestueux cruels et répétés : dès l’âge de trois ans jusqu’à l’adolescence, elle fut violée, dans le plus grand secret, par ses deux cousins Arnaud et Bertrand, âgés d’environ dix et douze ans de plus qu’elle. Les faits se passaient chez sa tante C., la sœur de sa mère, qui la gardait à temps plein durant toute la semaine, parfois même le week-end et durant toutes les vacances du mois d’août, pendant que sa mère travaillait dans l’entreprise familiale ou partait en vacances durant un mois entier avec son mari, sans elle ni son jeune frère. Cette tante, qui avait elle-même été victime d’inceste durant son enfance – contrairement à la mère de Daphné –, était confrontée à une vie difficile, tant sur le plan matériel que sur le plan moral : elle avait de lourdes charges sur les épaules ayant un mari handicapé et cinq enfants. Devant elle-même travailler, elle choisit d’être nourrice à la maison. Quand Daphné eut 13 ans, elle fut également violée par son père, très mécontent de ne pas avoir été le premier... Ces actes prirent place dans un contexte de pathologie familiale qui ne permit jamais à la patiente d’envisager une aide parmi ses proches, pourtant d’un niveau social élevé. Son seul moyen de protection fut de demander son entrée en pension lorsqu’elle eut huit ans, ce qui ne la mit que partiellement à l’abri. Ce cas m’est apparu représentatif en raison de l’ampleur et de la cruauté des abus sexuels subis, de l’effacement initial des souvenirs précis de ces atteintes psychiques et physiques et d’un traitement psychanalytique spécifique qu’il fallut élaborer et ajuster séance après séance.

Une méthode psychanalytique réinventée par Ferenczi [1]

2 Avec les patients victimes des traumatismes incestueux précoces et/ou répétés, je m’appuie majoritairement sur les écrits de Ferenczi qui, le premier, a proposé de réinventer la méthode psychanalytique, de modifier et d’adapter la technique à des sujets extrêmement traumatisés qui, sans toujours avoir sombré dans la psychose, présentaient souvent un moi fragmenté ou atomisé, généralement désigné comme état-limite.

3 Alors qu’elle s’enfermait de plus en plus dans l’isolement et souffrait de plusieurs symptômes invalidants, Daphné s’engagea, à l’âge de 22 ans, dans une longue psychanalyse chargée de beaucoup d’émotions et d’intenses mouvements transférentiels et contre-transférentiels.

4 Elle s’engagea dans une cure qu’elle mena courageusement de l’âge de vingt-deux à trente-deux ans, à raison de deux séances par semaine. Je noterai en préambule l’une des difficultés rencontrées, à savoir son immense solitude et son constant refus de rencontrer quelqu’un d’autre que moi tout au long de ces années ; elle mit en échec toutes mes tentatives pour lui procurer les différents supports supplémentaires, tels qu’un collègue ou un médecin pendant mon absence estivale, un psychiatre pour d’indispensables médicaments ou pour envisager une hospitalisation, par exemple. Il a été impossible, jusqu’à la dernière année, qu’elle accepte de consulter un psychiatre qui aurait pu jouer favorablement une fonction tierce, permettant qu’un « clivage ambivalentiel » puisse être avantageusement reçu par deux personnes différentes. Je ne pus que me soumettre à cette exigence qui me confrontait à une obligation de soin « totale », à un dévouement qui devait être sans faille, et à lourde responsabilité psychique et morale – façon pour elle, peut-être, de me faire vivre (toutes proportions gardées) la tragique solitude qu’elle avait endurée toutes ces années.

5 Je développerai les deux phases successives du traitement : la première, en rapport avec l’absence maternelle, eut lieu pendant les deux premières années de la cure. Il ne fut alors presque pas question des abus sexuels subis : seules des bribes concernant ce vécu traumatique forclos pouvaient surgir, sans qu’il soit question alors de les associer ou de les exposer, le moi étant alors trop fragile pour le supporter ; il s’agissait probablement aussi de s’assurer de ma capacité contenante et de tenter de se construire. Durant les huit années suivantes, qui constituèrent la seconde phase de sa cure, elle avait conscience d’être très perturbée psychologiquement (« j’ai atteint un tel stade de désorganisation interne… », « j’ai l’impression de me dissocier », « j’ai peur de devenir complètement folle », « j’ai plusieurs parties en moi et elles sont divisées, une partie de moi était morte »…), mais elle s’attela cependant avec énergie à la remémoration des agressions subies, ce qui consistait à « retrouver tout ce qui se passait sous auto-hypnose » et à les restituer de façon datée : ce processus était d’une importance cruciale pour elle, même s’il entraînait dégoût, écœurement et répulsion alliés à la terreur et à l’épouvante : « je dois retrouver tous les détails, sinon j’ai l’impression d’être folle », expliqua-t-elle, « il faut savoir si tout cela est vrai, ou fantasme, ou délire, il me faut un témoin objectif », rôle qu’elle me conféra, lorsque je l’écoutais, ou que je lisais en séance, ainsi qu’elle me le commandait, ses lettres-récits.

6 Malheureusement, les sévices sexuels sont perpétrés sans témoin oculaire, et surtout s’ils ont lieu précocement et de façon sadique, la victime en est très perturbée psychologiquement ; elle doute de sa propre crédibilité et de ses propres souvenirs : « cette histoire, on me la raconterait, je ne la croirais pas… », me confia Daphné ; pourtant, je ne remis pas en doute ses allégations, ni n’attestais de leur véracité, mais mon écoute bienveillante pouvait, en quelque sorte, tacitement cautionner que des faits aussi scandaleux aient pu arriver ou lui étaient arrivés…

Absence maternelle et clivage narcissique

7 Les premières années du traitement portèrent d’abord sur les difficultés que Daphné avait rencontrées avec ses parents, puis sur sa tentative de désidéalisation parentale et sur ses difficultés d’insertion professionnelle. Daphné expliqua que sa mère était particulièrement défaillante, s’occupant d’elle et de son frère le moins possible : « Ma mère est irresponsable, elle n’a pas d’instinct maternel, elle n’a pas de capacité d’attention, de protection… ». Son père exigeait d’ailleurs que son épouse aille travailler avec lui dans l’entreprise, « ce qu’elle n’osait lui refuser et ce qui finalement l’arrangeait bien car c’était trop compliqué pour elle de s’occuper de nous », même lorsque ses enfants étaient nouveau-nés. Elle les a donc confiés, à temps plein durant la semaine et tous les mois d’août, à sa sœur C. alors que celle-ci rencontrait de multiples problèmes dans sa vie privée et qu’elle détestait Daphné, sans imaginer que ce placement pouvait leur être préjudiciable [2]. Madame C. n’a pas non plus pu exercer la fonction de substitut maternel, ni de protection. Daphné n’a pu trouver la mère dont elle recherchait la présence, celle-ci se dérobant sans cesse. La construction du « moi-peau » et des « enveloppes psychiques » (D. Anzieu) protectrices a été entravée. Il ne suffit pas d’apercevoir la mère, ni de l’entendre (Freud, 1911), il est indispensable de l’éprouver dans un ressenti, une présence, une expérience subjective de longue durée. Cette expérience première amène une « matière première psychique » (Freud, 1900, 1920, 1923) en grande partie inconsciente, qui doit être, selon Roussillon (Un processus sans sujet, p. 6), médiatisée et décondensée pour devenir assimilable et intégrable : la fonction miroir de l’environnement maternel et les réponses premières de l’environnement maternant jouent un rôle capital dans la régulation narcissique initiale, sinon le bébé vit une déception narcissique, un traumatisme primaire mobilisant des défenses par retrait de sa subjectivité hors des expériences traumatiques. Il s’agit alors pour lui d’une expérience catastrophique. Ultérieurement, les traces psychiques seront difficilement appréhendables et impossibles à symboliser par le sujet livré à lui-même, sans aide extérieure.

8 Daphné semble avoir souffert de ce type de clivage narcissique précoce et « profond » qui affecte la possibilité même de se ressentir, de s’éprouver comme moi unifié et sécurisé : elle m’expliqua que sa mère, qui s’occupait très peu d’elle, lui manquait et que cela a perturbé son sentiment de continuité de l’existence, son unité personnelle et son estime d’elle-même : « Ma mère me confiait toujours à quelqu’un d’autre, je la suppliais de me garder elle-même, je lui disais que j’avais peur, que je l’aimais, et je la questionnais « Pourquoi tu t’occupes jamais de nous ? Pourquoi tu nous laisses ? Pourquoi tu travailles tout le temps ? Je ne veux plus aller avec Tante C. Je veux pas une poupée, je veux pas une montre, je veux que, comme cadeau, que tu ne travailles plus… » et j’avais surtout peur quand ma mère partait en vacances pour un mois, j’étais hantée par la pensée : « Et si elle ne revient pas, je fais quoi, je vais où ? » et je disais à ma mère : « T’es pas une vraie maman ; Gérard (le petit frère de la patiente), il est tout petit et tu t’occupes jamais de lui. » Il a fallu longtemps pour que j’achète un miroir, je ne me regardais pas dans le miroir, la réalité du miroir, c’est la réalité de mon corps, c’est aussi la continuité de la présence. » D. Agostini [3] parle de « l’incorporation d’un regard-miroir rejetant », l’enfant se vivant comme rebut et déchet incapable de susciter l’amour.

9 Lors des premières années de cure, Daphné ne supportait pas mes absences, elle en souffrait et me les reprochait, même si elle apprit progressivement que je ne m’absentais pas aussi longtemps que sa mère pour les vacances (15 jours seulement durant cette période) et revenais à la date initialement prévue. Dans ses rêves, elle était souvent une patiente jalouse des autres qui auraient pris sa place, elle jalousait même un clochard qui aurait pris tout mon temps ; mais elle était aussi une patiente qui m’attendait en vain, une enfant qui me demandait l’hospitalité, ou encore ma petite fille de quatre ans : « Vous aviez une petite fille de quatre ans et vous partiez sans elle alors que j’étais en danger. » Parfois, elle me voyait comme une bonne mère secourable, parfois j’étais une mère absente et froide à laquelle il lui était impossible de se fier. Elle rêvait qu’elle était poursuivie ou kidnappée et victime de nombreux persécuteurs ; personne n’était là pour la protéger : « Je tombe dans une mer sombre et froide dans laquelle je m’enfonce inexorablement. » À cette époque, sa mère apparaissait être celle qui était la plus dangereuse dans son incapacité manifeste de holding (Winnicott, 1960). Enfant, Daphné se trouvait incapable de maîtriser son angoisse lors des trop longues absences de sa mère, elle ne pouvait avoir recours à un processus défensif comme celui de la bobine, et se sentait disparaître elle-même. Freud [4] insiste sur le fait que le petit enfant a besoin de nombreuses expériences de réassurement pour dépasser sa crainte fondamentale de perte d’objet et son angoisse fondamentale de perte d’amour : il « ne peut pas encore distinguer l’absence temporaire de la perte durable. Quand il n’a pas vu sa mère une fois, il se comporte comme s’il ne devait jamais la revoir, et il a besoin d’expériences consolatrices, répétées pour apprendre qu’à cette disparition a coutume de suivre la réapparition de la mère[5]. »

10 Ferenczi (2006) met l’accent sur l’absence ou la défaillance des réponses de l’environnement aux besoins affectifs des patients et il insiste sur la capacité de l’analyste à pouvoir rendre figurable et symbolisable ce qui n’était pas vécu sur le plan des affects ni inscrit dans les représentations mais qui pourra resurgir dans le transfert. Le fait que je sois une femme protégeait probablement un peu Daphné d’un transfert qui aurait pu être très négatif en rapport avec les hommes cruels de son enfance : elle ne craignait pas de ma part la brutalité, le sadisme, le viol, la destructivité sans pitié que plusieurs hommes lui avaient fait subir, mais Daphné me reprochait forcément d’être froide, insensible, absente comme l’était sa mère et incapable de m’occuper d’elle – cette toute petite fille qu’elle était encore – comme il l’aurait fallu : « Je veux dormir ici et vous ne voulez pas…, je hurlais contre vous… ». Elle redoutait que je l’abandonne : « je rêvais que j’étais enfermée dans un ascenseur quand vous étiez partie (en vacances)et que l’ascenseur tombait par à-coups – je rêvais que vous preniez une autre jeune fille à ma place – je hurlais parce que j’étais seule, les autres passaient avant moi –, … ». Plus discrètement, elle me faisait part de son transfert positif, par exemple : « Puisque je vous ai, ce n’est plus la peine de m’attacher à maman… », ce qui lui permettait de faire progressivement le deuil de cet amour maternel que sa mère était incapable de lui prodiguer.

Une enfant malaccueillie… Une proie facile…

11 Il semble que la mère de Daphné n’ait pu connaître « la régression temporelle et topique » nécessaire à l’instauration d’une relation primitive mère/bébé, les enfants lui apparaissant comme gênants et inopportuns. Il n’y a pas eu de rencontre quasi fusionnelle mère/enfant qui permette à ce dernier un vécu de séduction narcissique et un fantasme de toute-puissance mégalomaniaque. Daphné s’est constamment trouvée en face d’une mère absente, en quête d’une reconnaissance maternelle qui lui a toujours fait défaut. Il n’y a pas eu de fusion mère/bébé, ni « séduction originaire » au sens de Laplanche [6], mais une « enfant mal accueillie » qui subit un rejet énigmatique – rejet incompréhensible, bien décrit par Ferenczi dans « L’enfant mal accueilli et sa pulsion de mort[7] » (1932).

12 Dans ces cas, l’enfant ne se pose pas la question « Que me veut-il ? », mais « Pourquoi ne me veut-il pas ? » C’est donc vers une quête incessante d’amour et de reconnaissance maternelle que l’enfant se tourne ; faute de satisfaction, il s’adresse à tout autre substitut, ce qui s’avère souvent dangereux, notamment pour Daphné. Elle explique : « Avec Arnaud (son cousin séducteur et pervers, mais aussi le premier « humain » qui se soit « intéressé » à elle), j’ai choisi à trois ans une « mère » qui ressemblait à mon père. »

13 Il semble que l’absence de « séduction précoce » par la mère, en dépit de soins d’hygiène prodigués (dans ce cas, peu investis et souvent délégués), amènerait chez l’enfant une intense disqualification ainsi qu’une grave et précoce distorsion psychique. Le lien mère/enfant ne peut s’établir correctement, l’enfant en ressent une tragique déception, il vit dans une douloureuse solitude affective et sensuelle qui le rend disponible si ce n’est sollicitant, en quête de cette séduction initiale manquante.

14 L’attitude fusionnelle mère/bébé fonctionnerait comme une protection à l’égard de l’enfant qu’il sera tandis qu’une carence, un manque affectif, le réduirait à une proie facile. Même si les adultes sont toujours exclusivement responsables des actes incestueux commis sur les enfants, ces derniers éprouvent, outre la honte des sévices subis, une intense culpabilité – celle d’avoir été à l’initiative de tels actes. Son origine se trouve notamment dans leur recherche éperdue d’amour et d’attention affective, parfois délibérée et même consciente – qui peut même parfois, après les premiers abus, devenir une quête sexuelle. Daphné explique : « J’ai subi l’inceste et j’en étais presque heureuse, c’était signe qu’on s’intéressait à moi », mais elle se sent également honteuse et coupable d’avoir « accepté l’inceste » et même parfois de l’avoir recherché. Cette honte est souvent orchestrée par l’abuseur qui tente de convaincre l’enfant de sa perversion, de son anormalité, de son abjection. Cela est très préjudiciable pour la victime – d’autant plus qu’elle est jointe à l’injonction du secret sous peine de représailles ou même de mort – car cela va généralement empêcher la dénonciation des faits, puis la demande d’aide psychothérapique, et enfin la réclamation de réparation du préjudice subi.

Des relations de vénération et de soumission avec le père

15 Daphné explicita les rapports entretenus avec son père qui, bien qu’excellent homme d’affaires, était alcoolique, paranoïaque et susceptible d’agissements pervers. Dès son jeune âge, il hurlait et a dû consulter des psychiatres tout comme son frère, très déséquilibré ; ce dernier « est devenu fou, enfermant sa femme dans la niche du chien, par exemple, et s’est suicidé encore jeune ».

16 Le père de Daphné était très violent avec elle, il hurlait sur elle, la frappait et lui donnait souvent des coups de ceinture non mérités. Elle le craignait, mais, en même temps, le vénérait et lui restait très soumise : « Je le vénérais au point de demeurer toute ma vie dépendante de lui. » Il lui parlait sans cesse de sexualité, de ses règles, de sa « chatte », de ses seins… et s’intéressait à elle dans un rapport érotisé particulièrement intime. Daphné pouvait aussi entendre ou surprendre les relations sexuelles de son père avec sa mère et avec d’autres partenaires ; à quatre ans, elle a assisté au viol de sa cousine par son père, ainsi baignait-elle à son domicile dans un climat incestuel [8], imprégné de violence et de séduction – jusqu’au viol réel qu’elle subit à 13 ans. Cette immersion dans une sexualité malsaine et perverse jointe aux carences affectives constitue bien souvent une sorte de « préparation à l’inceste » – inceste que l’enfant finit, hélas, par trouver sinon « normal », du moins quasiment inéluctable quand il finit par être sexuellement abusé.

Incestes répétés, angoisse agonistique, clivage du moi

17 À l’issue de ces deux années de traitement, ayant pu tester ma solidité et pouvant me faire confiance, Daphné put entrer dans la période cruciale de sa thérapie. Elle put se remémorer progressivement les expériences particulièrement sadiques d’abus sexuels puis de viols, perpétrés par ses deux cousins Arnaud et Bertrand, depuis sa prime enfance. Elle y fit d’abord des allusions puis, ayant testé ma capacité à supporter l’effrayante inhumanité de son vécu, elle entreprit un véritable travail de remémoration dont elle recherchait l’authentique et complète restitution. Il s’agissait alors de mettre ma propre psyché au service de l’autre, d’éprouver pour comprendre mais parfois sans comprendre et de me servir de mon propre ressenti, enfin de porter (et de supporter) différents transferts lors d’intenses mouvements régrédients (G. Lavallée, 2007) et passionnels, où haine, colère, agressivité pouvaient parfois, mais plus rarement, voisiner avec confiance, reconnaissance, attachement affectif (sentiments qu’elle exprima très clairement lorsque le traitement fut terminé par des cartes annuelles de vœux, m’envoyant ainsi régulièrement de ses nouvelles).

18 Dépassant progressivement sa honte, Daphné amena les abus les plus récents, ceux qui concernaient son adolescence, pour accéder progressivement à ceux qu’elle avait vécus dans son enfance, dès l’âge de 3 ans. C’est année après année qu’elle retrouva ses douloureux souvenirs, expliquant avoir été abusée dès 3 ans et violée à 7 ans pour la première fois. Son cousin Arnaud, l’aîné, était « pervers, manipulateur et sadique » ; elle était sous sa totale emprise, par peur (j’acceptais tout pour ne pas mourir) mais aussi en raison de son manque affectif, acceptant le rôle de « putain » et d’« objet sexuel » : « J’étais soumise et je désirais l’être… J’étais leur putain, leur objet, leur esclave. » Je ne donnerai ici qu’un exemple des sévices endurés par l’enfant en restituant partiellement les éléments vécus lors d’une scène qui eut lieu à l’âge de onze ans : « J’étais réglée… Arnaud m’a concocté un « cocktail spécial viol » (somnifère et alcool) comme d’habitude… Il m’a déshabillée et m’a violée… puis il a mis sa main dans mon vagin et m’a mis du sang, des matières (fécales) sur le corps, sur la figure et les draps. Puis il m’a pissé dessus, sur le visage, en me disant que ça allait me purifier, me nettoyer… ». En dépit des événements, elle éprouvait des sentiments d’affection pour le second, Bertrand, qui participait cependant aux abus. Elle connut un profond dégoût d’elle-même ce qui l’amena à un besoin compulsif de se laver inlassablement, même à l’âge adulte. Elle ressentit un vécu émotionnel extrêmement éprouvant qu’elle cherchait à fuir : « Une partie de moi a vécu sous hypnose ; quand la situation est trop difficile, se mettre sous hypnose pour ne pas avoir mal, ne plus souffrir. » Cette faculté de « se mettre sous hypnose » entraîna certes une forme d’insensibilité, une mise à l’abri de « son corps mort » ainsi « protégé » de ses agresseurs, mais aussi un clivage de la personnalité : « La personne se clive en un être psychique de pur savoir qui observe les événements de l’extérieur, et un corps totalement insensible. » L’enfant ne ressent plus sa propre souffrance et recherche « la satisfaction et la jouissance » de son agresseur, dans une identification gravement pathologique à celui-ci (Ferenczi, 2006, p. 110-112). Mais cette partie de soi-même est abandonnée, amnésiée, le sujet éprouvant continuellement « l’agonie de l‘angoisse ». Il crée « un lieu de censure avec une partie clivée du moi » appelé « clivage narcissique » : la tâche de l’analyste est bien de « lever ce clivage » (Ferenczi, 2006, p. 88). Il s’agit d’un sens particulier du clivage, mis en évidence par R. Roussillon [9], « le clivage au Moi » – alors que l’expérience est clivée du Moi – « dans lequel le sujet se coupe de son expérience subjective en se retirant de celle-ci. Le sujet se retire pour survivre, il ne peut se retrouver comme sujet que lorsqu’il aura trouvé une solution pour suturer la (menace de) brèche que l’expérience catastrophique lui a fait encourir ».

19 Daphné éprouvait aussi des difficultés à penser, car son énergie psychique était utilisée à lutter contre un afflux d’excitation sexuelle non maîtrisable et non assimilable en raison de l’immaturité de son appareil psychique et à tenter d’émerger de la situation traumatique. Même adulte, Daphné ressentait très souvent la pénible impression d’être double. Elle amena de nombreux rêves terrifiants sur ce thème : par exemple, attaquée par son double qui se jetait sur elle pour la tuer, elle devait se défendre et finissait par devoir l’étrangler, ressentant l’insupportable angoisse de s’être donné la mort à elle-même.

Régression, dédoublement : la remémoration

20 Pendant cette deuxième phase de la cure, c’est surtout en mon absence quand elle était seule et livrée à elle-même le soir chez elle qu’elle « revivait », sous forme hallucinatoire et dans un grand effroi, ses souvenirs traumatiques du passé – comme s’il s‘agissait d’événements actuels. Elle ne pouvait nullement diriger, maîtriser ou stopper ce qu’elle nommait crises de régression ». Incapable de les restituer de vive voix, elle m’écrivait et souvent dactylographiait ses « séances » d’abus, alors inscrites noir sur blanc sur de grandes feuilles de papier à lettre – comme pour leur conférer une visibilité et une réalité –, puis les déposait dans ma boîte le matin suivant.

21 Elle craignait ses « crises », mais ne pouvait ni ne voulait les repousser, ni les différer dans le temps – celui de la séance, par exemple, alors que j’aurais pu la soutenir, ainsi que le conseille Ferenczi. Elle se trouvait envahie par un revécu émotionnel effrayant, extrêmement pénible et déstructurant. Elle était aux prises avec une forme de dédoublement de personnalité, étant en même temps elle-même l’adulte mais aussi la fillette livrée à ses agresseurs : elle était à nouveau une toute petite fille, « la petite Daphné », abandonnée et sans défense. Elle était confrontée à un vécu infernal, toujours obligée de lutter contre les pulsions de mort et la menace d’effondrement et d’effacement d’elle-même comme sujet. Daphné se sentait dissociée, disloquée et dédoublée, comme elle l’avait été lorsqu’elle était violée : « Je ne veux plus être un monstre ambulant à double Moi à la merci des êtres humains » mais elle acceptait ce resurgissement des traumas passés désirant se libérer de ce sentiment de monstruosité et d’inhumanité.

22 À la séance suivante, elle me faisait presque toujours la demande de lui lire ces lettres qui décrivaient ces affreuses séances d’abus ; j’acceptais car il s’avérait d’une part qu’elle avait beaucoup trop honte pour pouvoir les raconter elle-même et d’autre part, qu’elle avait besoin, après les avoir transcrites, de les entendre pour leur faire acquérir un statut d’authenticité : ces lectures semblaient avoir pour fonction implicite d’accréditer ses propres témoignages, elles constituaient aussi un temps de communion de nos deux psychés et d’« affect partagé » (C. Parat [10]), de surprise, d’écœurement, de honte, de désespoir et d’horreur – ressentis que je ne cherchais pas à dissimuler lors de cette tragique énonciation. J’étais la dépositaire de ces écrits « éloquents », de ce terrible drame, partageant dans la solitude du cabinet ce qu’elle désira ensuite toujours garder secret. Cette façon de travailler allait apparemment à l’encontre de la règle de l’association libre puisque j’acceptais ce type de séances « préparées » : pourtant, cet aménagement lui permit en le revivant (chez elle), en l’écrivant, en le partageant, de s’approprier son propre vécu terrifiant impossible à dire spontanément sans passer par cette phase.

23 À l’adolescence, la jeune Daphné s’était réfugiée dans une attitude de régression, notamment motrice : elle était atteinte de clinophilie, pouvant passer des jours entiers à se masturber dans son lit, absorbée par une vie fantasmatique intense : « Je comble les blancs de ma vie, le vide de ma vie par du rêve au passé. » Elle pouvait aussi regarder plusieurs heures durant des films idylliques pour enfants, du type La petite maison dans la prairie qui lui permettaient d’édifier un univers bienheureux et d’échapper à la dureté du quotidien. Ses rêveries infantiles et naïves pouvaient aussi se comprendre comme une lutte contre les affects dépressifs et la désillusion, peut-être aussi comme une tentative de restauration narcissique et de reconstruction. Mais, dans une imparable remise en scène compulsive, des fantasmes à thèmes sexuels et pornographiques où elle était la victime de personnages sadiques pouvaient succéder à ce monde fictif merveilleux.

24 Ainsi, Daphné expliquait à quel point elle avait été obligée, pour survivre, de ne plus penser, de ne plus réfléchir, devenant alors une élève beaucoup plus moyenne à l’adolescence : ses potentialités intellectuelles s’étaient considérablement restreintes : « À quinze ans, je me suis suicidée mentalement. » La jeune fille refusait de penser pour se préserver du retour obsédant du souvenir car, à cette époque, l’acte de penser la ramenait inéluctablement aux sévices sexuels qu’elle voulait absolument oublier.

25 Daphné s’était totalement barricadée en elle-même, elle ne pouvait plus se permettre de faire confiance aux autres, ayant été si lourdement « trahie par les membres de sa propre famille ». Elle refusait d’éprouver amour et affection, « car cela se terminait toujours dramatiquement ». Elle allait travailler, mais n’était capable que d’échanges extrêmement pauvres et limités avec autrui. Elle entretenait une relation phobique avec l’extérieur toujours menaçant comme si celui-ci contenait à la fois sa propre haine projetée, la mère absente et cruelle et ses persécuteurs père-cousins hypnotiques et prédateurs.

26 Comme le dit Ferenczi (2006, p. 48-49), « dans ce nouveau combat traumatique, le patient n’est pas tout à fait seul. Nous ne pouvons pas lui offrir tout ce qui aurait pu lui revenir dans son enfance, mais le seul fait que nous puissions lui venir en aide donne déjà l’impulsion pour une nouvelle vie, dans laquelle est clos le dossier de tout ce qui est perdu sans retour et de plus effectuer le premier pas permettant de se contenter de ce que la vie offre malgré tout, de ne pas tout rejeter en bloc même ce qui serait utilisable ». Mais cette aide ne marche pas toujours hélas, certains patients cessant la lutte, sombrant dans la drogue, la folie ou le suicide, par exemple. Daphné put cependant connaître une relation longue et satisfaisante, bien que mouvementée, avec moi. À un transfert positif où se vivaient parfois affection et reconnaissance, … succédait souvent un transfert négatif et haineux (« comme si tout, à l’intérieur, j’ai toute la haine du monde contre vous »). M. Klein [11] et S. Ferenczi [12], notamment, ont insisté sur l’importance, pour le patient, de pouvoir vivre aussi cette relation négative envers le psychanalyste. Comme le dit Melanie Klein [13], le psychanalyste doit parfois occuper la place d’images effrayantes dans le transfert, c’est ainsi que les angoisses de persécutions de l’enfance pourront être élaborées et éventuellement diminuées. Le patient doit pouvoir « vivre la haine, l’angoisse et le soupçon » liées aux aspects dangereux des parents, et de tout autres substituts parentaux. « Le clivage entre les images « bonnes » et « mauvaises » décroît ; les images se synthétisent peu à peu, c’est-à-dire que l’agression est adoucie par la libido. En d’autres termes, les angoisses de persécution et les angoisses dépressives sont diminuées, pour ainsi dire, à la racine. »

27 Daphné fit un stage qui la perturba profondément, ce qui entraîna à nouveau de grandes difficultés dans son travail : elle entra alors dans une période particulièrement pénible de dissociation psychique et de délire de surveillance : « J’ai l’impression de m’être fracassée sans même bien comprendre comment je suis arrivée à ce stade de désorganisation interne. » Elle se sentait espionnée chez elle et au travail par le directeur de son entreprise, par ses proches et par moi-même, ce qui altéra temporairement sa confiance en moi : elle pensait que son appartement, son lieu de travail ainsi que mon cabinet étaient pourvus d’un système de vidéo-surveillance : « Je suis continuellement sur écoute et surveillance visuelle. » Elle demeura trois mois en hôpital psychiatrique, refusant de prévenir ses proches et coupant tous liens avec eux. Elle fut suivie par le psychiatre pendant plus de 10 ans.

28 Lors de sa sortie, elle put reprendre sa cure, sortir progressivement de son isolement, retrouver un travail relativement stable et paisible. Elle établit une relation suivie avec la famille de son frère, s’appuyant sur sa belle-sœur qui lui servit de soutien et de modèle identificatoire et enfin reprit un contact superficiel et espacé avec ses parents. En fin de cure, Daphné parvint à renoncer à l’enfance heureuse qu’elle n’avait jamais connue et à accepter son vécu infantile, puis adolescent comme un « énorme gâchis », un « calvaire » dont il lui fallait émerger.

29 À l’instar de Ferenczi, je prends en considération l’immense peine et désarroi de mes patients victimes, des enfants qu’ils sont ou ont été, des adultes qui souffrent de douleur psychique, de désorganisation mentale, des traitements psychiatriques subis, de la durée et de la pénibilité d’un travail psychothérapique qu’il faut durablement maintenir, d’un vécu d’isolement avec la difficulté majeure d’entretenir des relations amicales ou même sociales, de la perte souvent irrémédiable d’une vie sexuelle et affective satisfaisante, d’un sentiment d’une vie gâchée, … L’empathie, la compréhension, la patience, l’abnégation sont aussi indispensables que la capacité à accepter des relations houleuses et parfois déconcertantes tant les reproches et les ressentiments alternent avec un transfert positif, un réel attachement, et parfois même une forte dépendance affective. Or ces derniers sont essentiels pour engendrer un effet thérapeutique : « Les sentiments positifs du transfert fournissent, en quelque sorte après coup, le contre-investissement qui n’a pu se constituer au moment du trauma [1]. »

30 Daphné connaîtra cependant la douleur de ne jamais pouvoir dénoncer ses abuseurs intra-familiaux et de devoir quand même continuer à les rencontrer… Comme presque toujours dans ce type d’abus, il n’y a pas de véritables témoins oculaires et la parole de nos patients n’a presque pas de poids en justice par rapport aux dénis assurés des mis en cause – d’autant plus que ces derniers font partie d’une classe sociale élevée et sont donc juridiquement bien défendus – ; nos patients n’ont donc presqu’aucune chance de voir leurs agresseurs accusés, ni d’être reconnus comme victimes, ni d’obtenir un quelconque dédommagement, ce qu’ils vivent comme une injustice supplémentaire – qui ne favorise pas leur rétablissement.

31 Je conclurai sur la nécessité, certes, de leur apporter une cure psychanalytique bienveillante et ajustée, qui soit accompagnée d’un traitement social approprié, depuis la détection, notamment dans le cadre familial, médical, scolaire et de la PMI, jusqu’aux différentes prises en charges judicaires, sociales, financières qui forment un indispensable appui.

Bibliographie

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Mots-clés éditeurs : Inceste, Ajustement du thérapeute, Dissociation, Clivage narcissique

Mise en ligne 10/01/2019

https://doi.org/10.3917/top.144.0069

Notes

  • [1]
    Le lecteur pourra se référer S. Ferenczi Le traumatisme, 2006, Petite Bibliothèque Payot, qui regroupe ses travaux sur ce thème, majoritairement écrits entre 1930 et 1933.
  • [2]
    Freud S. explique : « Il me paraît certain que nos enfants sont exposés aux agressions sexuelles beaucoup plus souvent que l’on s’y attendrait d’après le peu de souci qu’en manifestent les parents. », 1894-1924, « L’étiologie de l’hystérie (1896) », in Névrose, Psychose et Perversion, trad. sous la direction de J. Laplanche, Paris, PUF, 1973, p. 99.
  • [3]
    Revue Adolescence, Monographie 2000, « Après Melanie Klein. Du délit d’initié à l’internalisation de la contrainte par le corps : l’inceste », p. 28.
  • [4]
    Freud S., 1920, « Au-delà du principe de plaisir », in Essais de psychanalyse, trad. par Laplanche J. et Pontalis J.-B., 1987, Paris, Payot. Après avoir décrit « le jeu complet : disparition et retour », Freud cite en note de bas de page une observation du même enfant qui, après que sa mère fut « absente pendant de longues heures », la salua « par le message Bébé o-o-o-o, qui parut d’abord inintelligible. Mais on ne tarda pas à s’apercevoir que l’enfant avait trouvé pendant sa longue solitude un moyen de se faire disparaître lui-même. Il avait découvert son image dans le miroir qui n’atteignait pas tout à fait le sol et s’était ensuite accroupi de sorte que son image dans le miroir était partie. »
  • [5]
    Freud S., 1926, Inhibition, Symptôme et Angoisse, trad. par P. Jury et E. Fraenkel, Paris, PUF, p. 102.
  • [6]
    Laplanche J. et Pontalis J.-B., 1964, Fantasme originaire, fantasme des origines, origine du fantasme, Paris, Hachette, 1985.
  • [7]
    Ferenczi S., 1932, « L’enfant mal accueilli et la pulsion de mort », in Œuvres complètes, tome IV, Paris, Payot, 1982.
  • [8]
    Racamier P.-C., 1995, L’Inceste et l’incestuel, Paris, Éditions du Collège.
  • [9]
    Roussillon R., 2014, Clivage. Un processus sans sujet, p. 7, Source Internet.
  • [10]
    L’affect partagé, C. Parat, Revue française de psychosomatique, 2013, 2, n° 44.
  • [11]
    Klein M., 1952, Développements de la psychanalyse, Paris, PUF, 1966.
  • [12]
    Ferenczi S., 1932, « Confusion de langue entre les adultes et l’enfant. Le langage de la tendresse et de la passion », in Œuvres complètes, tome IV, Paris, Payot, 1982.
    Freud S., 1896, « Nouvelles remarques sur les psychonévroses de défense », in La première théorie des névroses, Paris, PUF, 1995, p. 106.
  • [13]
    1920, Le développement d’un enfant, Édition Payot, 1972, traduit par Marguerite Derrida, in Essais de psychanalyse.
  • [1]
    Dans une note de Ferenczi qu’il intitule « Bandage Psychique » dans l’article Le transfert négatif in Revue française de Psychanalyse, 2, Tome LXIV, avril-juin 2000.
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