Topique 2018/2 n° 143

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Article de revue

Violences domestiques et avortement sélectif en Arménie

Pages 57 à 71

Notes

  • [1]
    Le Global Militarization Index de 2017 place l’Arménie à la troisième place parmi les pays où le poids de l’armée et de la police est le plus fort dans la société, la première et deuxième place étant tenues respectivement par Israël et Singapour. Le service militaire dure deux ans et est obligatoire pour tous les garçons entre les 18 et les 26 ans.
  • [2]
    Après de nombreuses années, une loi a été votée en novembre 2017. Fortement contestée par une partie de la classe politique et par une partie de la population, qui voit en elle une tentative d’infiltration occidentale et un risque de destruction de la famille traditionnelle arménienne, elle a été remaniée pour enfin être rendue inoffensive.

1De par son histoire et sa position géographique, au carrefour entre l’Occident et l’Orient, l’Arménie représente un cas très spécifique quant à des thèmes touchant aux violences de genre. Petit pays niché entre les montagnes et les plaines du Caucase du sud, l’Arménie fait partie de ces quelques ex-républiques faisant jadis partie de l’Union soviétique qui n’a pas suscité de grands intérêts dans les études de genre et des violences faites aux femmes.

2Il ne s’agit pas, bien évidemment, de sous-entendre qu’il y aurait une quelconque hiérarchie planétaire relative à l’urgence des violences de genre. Notre intention est plutôt celle de contribuer à combler ce manque et, à travers nos réflexions, proposer des hypothèses pour penser d’autres situations dans des pays et contextes différents.

3Nous estimons que le cas de l’Arménie est, d’une certaine manière, paradigmatique du fait des multiples interrelations entre différents facteurs, d’ordre sociologique et psychologique, qui peuvent expliquer les causes des violences domestiques et de l’avortement sélectif. Le traditionalisme, utilisé comme réaction contre un monde qui est, pour reprendre la célèbre expression de Zygmunt Bauman (2003), de plus en plus « liquide » et perçu comme instable, la structure familiale, les représentations sociales de genre, le contexte socio-économique, l’histoire sont autant de facteurs que nous avons pris en compte et qui s’influencent réciproquement.

L’« ARMÉNITÉ »

4Ancienne puissance s’étendant, au Ier siècle av. J.-C., de la mer Caspienne à la Méditerranée, le royaume d’Arménie connut des siècles difficiles. Alternativement englobé par les empires parthe et romain, le pays se convertit au christianisme en 301, devenant ainsi la première nation officiellement chrétienne dans l’histoire de l’humanité. Ceci marquera à jamais la sensation, très répandue parmi les Arméniens, d’être une « exception » vis-à-vis de ses puissants voisins et de l’Histoire. Cette spécificité sera par la suite renforcée par la création, à la fin du IVe siècle après J.-C., et à l’initiative du moine Mashtot, d’un alphabet propre à ce peuple, utilisé encore aujourd’hui. Chrétienté, langue et alphabet se révèlent ainsi être les bases sur lesquelles les Arméniens développent leur farouche résistance à l’assimilation culturelle et religieuse des empires perse, alors zoroastrien, byzantin et, plus tard, arabo-musulman, turc et russe. Cela permettra aux Arméniens de ne pas disparaître en tant que peuple malgré l’effacement de toute forme étatique et de la dispersion sur plusieurs continents.

5Les persécutions qu’eurent à subir dans l’Empire ottoman, qui culminèrent avec le génocide de 1915, marquèrent un tournant dans l’histoire du pays et de l’identité des Arméniens. C’est donc dans un contexte d’éclatement social et des liens familiaux que l’idée de famille arménienne accéda à la place de haute garante de l’identité arménienne, de l’« arménité ».

6L’Arménie obtient l’indépendance en septembre 1991 à l’occasion de la dislocation, en décembre de la même année, de l’Union soviétique. La jeune république entame son existence avec des graves difficultés socio-économiques. Sur les quatre frontières, deux, celles avec la Turquie et l’Azerbaïdjan, sont fermées à cause de la guerre au Haut-Karabagh, région autonome à majorité arménienne placée par Staline en territoire azerbaïdjanais en 1921, où les milices sécessionnistes arméniennes sont en guerre avec l’armée azerbaïdjanaise. Le conflit se terminera avec la victoire des troupes arméniennes, 30 000 morts, plus de deux millions de déplacés et le Haut-Karabagh indépendant mais non reconnu d’aucun pays au monde.

7La longue histoire de résistance à l’assimilation culturelle, rendue possible par la spécificité religieuse, linguistique et par l’alphabet, ont largement contribué à forger le concept de « arménité », mot qui désigne non seulement l’identité arménienne mais également la volonté, quasi mystique, de la part de ce peuple, à garder sa propre spécificité. L’« arménité » se place au cœur du système familial arménien, qui la perpétue à travers les générations. Cela rend évident l’importance de se concentrer sur la structure familiale arménienne et sur la manière dont elle organise et reproduit les rôles de genre.

STRUCTURE FAMILIALE ET RÉPARTITION DES RÔLES DE GENRE

8La littérature psychanalytique, sociologique et anthropologique s’est beaucoup intéressée au rôle des structures familiales comme véhicule de valeurs sociaux et de représentations psychiques. Ainsi pour Emmanuel Todd : « La famille est, par définition, un mécanisme reproducteur des hommes et des valeurs. Inconsciemment mais inexorablement, chaque génération intériorise les valeurs parentales, qui définissent les rapports humains élémentaires. » (p. 43, 1984).

9Tout au long de son œuvre, Freud fait remonter l’essentiel de l’origine des névroses et de la vie psychique des individus au premier environnement social, celui de la famille. C’est là que se structurent les premières relations interpersonnelles, qui auront un impact majeur dans la façon dont le sujet se construit ses propres représentations de soi et de l’autre. Plus récemment, la Théorie de l’attachement montre que la qualité des liens entre l’enfant et les figures d’attachement primaires participent largement à influencer le type de modèles relationnels que l’adulte utilisera dans ses relations interpersonnelles et affectives (Miljkovitch, Cohin, 2007).

10Loin d’avoir été effacée par l’idéologie soviétique, laquelle visait à rayer de la conscience de ses sujets l’idée de famille traditionnelle et patriarcale, la structure familiale arménienne repose encore aujourd’hui en bonne partie sur celle d’avant le génocide de 1915.

11Elle est patriarcale, communautaire exogame, autoritaire et tendanciellement égalitaire. Le rôle de chacun de ses membres est défini par des normes qui assignent à l’homme la place de chef de la famille et à la femme celle de chargée de l’éducation des enfants, la positionnant ainsi comme garante des liens familiaux. L’intimité de l’individu dans la famille n’est pas niée ; toutefois le contrôle familial, doublé de celui social (voisinage, proches de la famille...), demeure très fort, surtout pour les filles.

12La structure familiale arménienne est patriarcale dans le mesure où le statut de l’homme prime sur celui de la femme. Le patriarche est le chef de la famille. C’est lui qui prend les décisions les plus importantes, et cela dans l’intérêt de ses membres, lesquels doivent s’y soumettre. L’alternative est l’auto-exclusion du dissident, qui coupe tout contact avec le reste de sa famille, obligeant son épouse et leurs enfants à faire de même.

13Ce rapport entre les sexes est largement projeté dans la société, laquelle véhicule des représentations très codifiées de ce qu’est d’être un homme et une femme, faisant bien attention à marquer la différence entre les « vrais » hommes et des « vraies » femmes.

14Dans l’esprit de beaucoup d’Arméniens, l’homme doit être tout d’abord un bon travailleur pour pouvoir s’occuper de la famille ; il a fait son service militaire, et sera prêt à reprendre les armes dès qu’il le faudra, le culte de la nation étanttrès puissant [1] pour les raisons historiques et sociales déjà évoquées plus en haut. Il est également bon vivant, fort fumeur et fort buveur ; il s’occupe de diriger la famille, y compris d’y gérer l’économie domestique, arrivant parfois à contrôler les revenus de son épouse, lui interdisant de posséder un compte bancaire. De l’autre côté, la femme arménienne doit : être vierge au mariage (le taux d’hyménoplasties est, selon les témoignages des associations pour la défense des droits des femmes et les chirurgiens eux-mêmes, très élevé) ; être une bonne cuisinière ; être une bonne mère, épouse et belle-fille ; être gentille, disponible et accueillante ; avoir fait des bonnes études et avoir ainsi obtenu un bon diplôme, marque de qualité et, donc, bon parti pour le mariage ; et enfin être toujours présentable et impeccable, sinon c’est la honte pour le mari.

15Cette répartition souvent rigide des rôles sur la base du genre et du sexe se traduit le plus souvent par un clivage de la représentation de la femme entre sainte (bonne mère, bonne épouse, douce et soumise) et prostituée (cruelle et dominatrice, objet de désir et de condamnation, dévalorisée mais crainte). Nous verrons plus tard combien ce clivage est important dans l’ambivalence que nombre d’hommes ont envers l’image fantasmatique du maternel et du féminin, dispensatrice de mort et à la fois génératrice de vie.

16Le système familial arménien est traditionnellement communautaire, exogame quant aux mariages et endogames en ce qui concerne la culture et l’ethnie. Autrement dit, les Arméniens se marient le plus souvent avec des Arméniens mais pas entre cousins et membres de la même famille.

17Les familles sont généralement nombreuses. Encore aujourd’hui la coutume veut que lorsqu’elles se marient, les filles quittent le ménage familial pour aller vivre chez le mari et sa famille. Ainsi il n’est pas difficile de trouver des ménages dans lequel trois générations vivent sous le même toit. C’est là un résidu de ce qu’était la composition de la famille arménienne traditionnelle avant le génocide de 1915, avec la différence que la famille était beaucoup plus élargie, comptant parfois plusieurs brus.

18Après le génocide de 1915, qui brisa totalement le tissu social des Arméniens vivant sur le territoire ottoman, et la soviétisation de la partie caucasienne de l’Arménie historique, la structure familiale se modifia quelque peu pour s’adapter aux nouvelles contraintes. Elle garda toutefois son caractère de garante de l’« arménité » et de véhicule de sa transmission transgénérationnelle. L’une des preuves que nous pourrions évoquer pour confirmer cette tradition de résistance à l’assimilation et la tendance à garder intactes les traditions, est le fait que la RSS d’Arménie était, tout au long de la période soviétique, la république ethniquement la plus homogène des quinze qui composaient l’URSS, et, surtout, celle où les mariages mixtes étaient les plus rares (Komarova, 1980 ; Gorenbourg, 2006). Selon les statistiques de l’époque, il y avait seulement le 4,9 % de familles ethniquement mixtes en zone urbaine en 1979 et le 2,2 % en zone rurale. Pour se faire une idée du décalage, il faut penser que dans la même année dans la RSS d’Ukraine les familles ethniquement mixtes étaient le 29,9 % dans les agglomérations urbaines et le 9.3 % en zone rurale.

19Actuellement, beaucoup de changements et de remise en cause du modèle traditionnel sont en route en Arménie, et cela principalement du fait des revendications féminines et de l’accès des jeunes à des études supérieures de meilleure qualité.

20Le déménagement de la bru chez la famille de son mari est encore répandu mais de moins en moins contraignant pour les jeunes couples, notamment dans les zones urbaines. Un grand nombre de jeunes mariées refusent d’aller vivre chez les beaux-parents et insistent pour fonder un ménage séparé.

21Les mariages arrangés, qui constituaient la norme avant 1915, ont pratiquement disparu avec la soviétisation du pays. Les femmes ne sont plus contraintes de se marier avec les hommes que leurs familles choisissent pour elles. Il persiste néanmoins une forme de mariage arrangé mais « consentant ». Cela est répandu surtout chez les Arméniens émigrés qui désirent se marier avec des jeunes Arméniennes disposées à émigrer à leur tour. Le moment venu, ils chargent leurs proches de trouver une fille qui correspond aux vœux de l’homme et qu’il rencontrera juste le temps de la marier et de l’expatrier.

22La cohabitation de plusieurs frères avec leurs épouses sous le même toit a également disparu. Aujourd’hui, la coutume veut que ce soit le frère le plus jeune qui reste vivre avec ses parents avec son épouse.

23Enfin, l’endogamie culturelle aussi rencontre des changements dans les dernières années. La pratique demeure largement dominante, mais elle n’est plus contraignante comme l’était jadis. Il faut néanmoins souligner une fois de plus la profonde dissymétrie entre l’éventualité d’un mariage mixte pour un homme et pour une femme. Étant la famille arménienne essentiellement patrilinéaire (l’« arménité » est formellement transmise par le père, qui délègue son nom de famille), les hommes sont, dès la plus petite enfance, élevés dans la perspective de se marier avec une « bonne arménienne ». Le mariage avec des filles étrangères est souvent source de drames familiaux et d’anxiété. C’est comme si la structure familiale n’était au fond pas conçue pour accueillir une étrangère sur laquelle déverser les attentes qui structurent les représentations des femmes arméniennes (docilité, contenance, et ainsi de suite). Au contraire, les arméniennes qui veulent se marier avec des étrangers posent beaucoup moins de problèmes à la famille et à la société. La présence d’un étranger ne remet pas vraiment en cause les bases sur lesquelles repose une grande partie de la famille arménienne, c’est-à-dire la présence de la femme, avec ses supposéesvertus de contenance maternelle. Tout simplement, le futur mari est, en tant qu’étranger, totalement exclu, il ne suscite aucun intérêt. Étant la femme arménienne censée être le collant de la famille, lieu d’élection de l’« arménité », elle est également la vraie dépositaire de l’identité arménienne. Ses enfants seront Arméniens, et cela indépendamment de l’origine ethnique du père. Cela est au contraire considéré impossible pour une étrangère, qui ne peut pas, venant de l’extérieur, se placer au cœur du système familial arménien et en supporter les règles.

24Nous avons donc constaté comment la structure familiale arménienne participe largement à construire, les perpétuant par la suite, les représentations de genre et les rôles des hommes et des femmes. Il sera en conséquence plus simple de comprendre, sans bien évidemment le justifier, le phénomène des violences domestiques et de l’avortement sélectif. Pour ce faire, il faut prendre en compte les profondes mutations socio-économiques qui ont secoué l’Arménie depuis son accès à l’indépendance.

UNE SOCIÉTÉ EN CRISE

25La chute de l’URSS fut vécue, pour nombre d’Arméniens, comme une catastrophe sociale et économique. L’indépendance plongea la population en un chômage de masse jusque-là inconnu, délivrant tous les secteurs de l’économie aux oligarques. Cela produit une vague migratoire sans précédent, qui vida le pays. Selon les données fournies par le CIA World Factbook de 2017, la population arménienne était de 3.521.000 en 1995, 3.336.000 en 2000, 2.967.000 en 2009 et 3.045.000 en 2017. Ce n’est que très récemment, avec une certaine amélioration du niveau de vie dans les zones urbaines et la crise économique en Russie, qui décourage l’émigration, que la courbe s’est légèrement renversée. Les données fournies par le Service national des statistiques d’Arménie dénoncent en outre un taux de chômage officiel très élevé : 18,7 % de la population en 2015.

26Ces difficultés ont participé à développer, auprès de la population, une vision du pays comme « terre sans avenir », comme le répètent beaucoup de témoins.

27C’est donc dans ce contexte de profonds bouleversements socio-économiques que doit être placé l’effondrement du masculin, qui est concomitant avec la dislocation de l’Union soviétique, avec tout ce qu’elle représentait en termes de symbolique, d’identification et de garante de la cohésion sociale. Sophie Hohmann (2015) souligne justement les multiples liens entre la dislocation de l’URSS et la diffusion des violences domestiques. L’auteur montre comment un certain nombre d’hommes, qui se perçoivent émasculés à cause de leur déclassement social, recourent plus facilement à la consommation d’alcool et aux violences domestiques comme moyen pathologique de réappropriation des représentations masculines, tel que la force, le contrôle de l’autre et le machisme. Dans unesociété fragmentée, mise à l’épreuve par la disparition de l’URSS et par la guerre du Haut-Karabagh, « les hommes au chômage et en perte de légitimité face à la communauté développent un sentiment aigu d’inutilité [...] » (p. 132, cit).

28L’anxiété sociale qui découle des profondes crises socio-économiques apparaît également dans d’autres données statistiques, où le lien entre le poids des attentes sociales et la fragilité de la réalité nous semble encore plus évident. Selon les différents rapports du Service nationale de statistiques d’Arménie, entre 2003 et 2015 le taux de suicides et de tentatives de suicide a littéralement explosé : +91,5 %, passant de 377 cas en 2003 à 722 en 2015. En moyenne, 60 % sont des hommes, majoritairement chômeurs (56,7 % en 2012), souvent endettés. Cela montre une fois de plus comment la représentation du masculin, faite de virilité et de rempart pour la famille, soit fragilisé si confronté aux dures contraintes de la réalité.

29Un autre élément nous semble indicatif de la reconfiguration des rôles de genre à l’intérieur de la société arménienne et de l’anxiété qui en découle. Toujours selon les données fournies par le Service national des statistiques, entre 2004 et 2015 le nombre de mariages annuels est resté globalement stable, augmentant seulement de 3,6 % et passant des 16.975 de 2004 aux 17.603 de 2015. Mais si le taux de mariage reste inaltéré, celui des divorces a au contraire grimpé de +86,5 %, passant de 1.968 en 2004 à 3.670 en 2015, avec un pic de 4.496 dans la seule année de 2014.

30Cela fait ressortir, nous semble-t-il, deux éléments. Tout d’abord, que les femmes sont de moins en moins dépendantes de leurs maris et, donc, peuvent divorcer plus facilement sans avoir à craindre le déclassement social. Ensuite, il en découle que si les femmes sont plus indépendantes, c’est aussi dû au fait qu’elles sont plus émancipées et qu’elles remettent en cause leur assignation sociale. Ceci équivaut, pour une partie de la société arménienne, celle plus traditionaliste, à remettre en cause non seulement la famille comme système, mais surtout l’identité arménienne, qui, comme nous l’avons plusieurs fois vu, donne une place centrale à l’homme et à ses attributs de virilité. L’émancipation des femmes arméniennes fragilise en partie la représentation du rôle central de l’homme et peut favoriser un certain mépris, voire une certaine violence dans le couple, où le conjoint tente, à travers les passages à l’acte, à contrôler sa femme et rétablir son statut, qu’il estime menacé. Comme le souligne Max Pagès, « la violence paroxystique est liée au changement, faite en son nom ou contre lui [...] » (2004, p. 322).

VIOLENCES DOMESTIQUES ET AVORTEMENT SÉLECTIF

31Nous avons souligné comment les violences domestiques et de genre sont favorisées ou au moins amplifiées par la crise des représentations masculinesdans la société arménienne. Or, l’obstacle qui se présente aux professionnels qui travaillent avec ces situations est que la violence domestique n’est, en Arménie, point reconnue comme étant de la violence. Cela est vrai pour la législation locale et pour une importante partie de la population, y compris parmi un certain nombre de femmes, lesquelles trouvent tout à fait normal de se faire battre par leurs maris et belle-mères pour être punies. Chez cette partie de la population, une violence domestique est tout au plus une « affaire interne » à la famille qui ne concerne pas la sphère publique. Si l’homme, censé s’occuper de la famille, bat sa femme, c’est qu’il y a une bonne raison, et s’il y a une bonne raison, alors l’homme est légitimé.

32Porter plainte pour violence domestique est, en Arménie, non seulement dangereux, puisque il expose la femme à des violences ultérieures et à la réprobation générale, mais souvent inutile. Aucune loi n’est prévue pour faire face à ces situations [2], et existent très peu de centres pour l’accueil des femmes qui cherchent à fuir des maris violents. Ainsi 50 femmes sont mortes entre 2010 et 2017, tuées par leurs maris, dont les incarcérations varient entre quelques mois et cinq ans.

33Un environnement socio-économique fragile semble favoriser les violences. Une étude de 2016 publiée par l’Ong Coalition to Stop Violence Against Women montre que le 63 % de ces meurtres ont lieu dans des zones rurales, caractérisées par un haut taux de chômage, une pauvreté diffuse et un contexte socio-culturel très défavorisé. Ces données semblent corroborer celles des enquêtes Demographic and Health Survey (DHS) du Service national des statistiques de 2005, 2010 et 2015 qui soulignent que les femmes ayant reçu une éducation supérieure et qui occupent un emploi rémunéré en espèces justifient beaucoup moins le recours à la violence de la part de leurs conjoints. 10 % des femmes interviewées en 2015 estiment que le recours à la violences physique par le mari est justifiée pour une raison spécifique ; le pourcentage s’élève à 23 % chez les hommes, soit presque un quart des interviewés. Il faut pourtant mettre également l’accent sur la tendance, de la part des femmes, à justifier de moins en moins les violences puisqu’en 2005 elles étaient 22 % à le faire et 9 % en 2010, alors que le pourcentage demeure globalement inchangé chez les hommes, signe d’une grande difficulté, de leur part, à s’adapter aux changements.

34Les mêmes enquêtes DHS nous fournissent des données cruciales pour aborder un autre thème, qui se révèle étroitement lié à ceux des violences domestiques et des représentations de genre. Il s’agit des avortements sélectifs, phénomène tellement répandu en Arménie que même les institutions se sontactivées, promulguant en 2016 une loi interdisant aux médecins de révéler le sexe du fœtus avant la douzième semaine. De ces études émerge qu’en 2010 et 2015 8 % des femmes interviewées avaient eu recours à des avortements dans le but de favoriser la naissance d’un garçon. Étant un phénomène peu étudié, il faut prendre cette statistique avec beaucoup de prudence, les témoignages faisant état d’un pourcentage plus important et souvent faussé par un sentiment de culpabilité de la part des femmes.

35Une autre étude, celle conduite par l’UNFPA en 2015, peut nous donner un aperçu de l’urgence du phénomène. Selon cette recherche, le sex-ratio en Arménie est fortement déséquilibré, avec 114.8 garçons nés pour 100 filles nées, plaçant ainsi l’Arménie à la troisième position mondiale parmi les nations à la balance de genre la plus disproportionnée. La Chine détient la première position avec 117.6 garçons nés, la deuxièmes est à l’Azerbaïdjan, avec 116.5 garçons nés.

36Les raisons généralement évoquées pour justifier le recours à l’avortement sélectif tournent invariablement autour du statut de la femme et de l’homme en société et dans la famille. La naissance d’un garçon est favorisée parce qu’il est supposé pouvoir aider la famille à travers son travail, les filles étant considérées, surtout en province, comme « moins productives », un poids, inadaptées à prendre les armes en cas de conflit et peu aptes à s’occuper financièrement de la famille en cas de besoin.

LA MÈRE « SUR-CONTENANTE » ET LES IDENTIFICATIONS PROJECTIVES

37Il nous semble évident qu’à lui seul ni l’environnement défavorisé ni le contexte culturel ne peuvent justifier ou expliquer d’une manière satisfaisante les violences domestiques et l’avortement sélectif. D’autres raisons, d’ordre intrapsychique, doivent donc être évoquées. Pour cela nous avons retenu un certain nombre de concepts psychanalytiques. Nous sommes conscients que chaque situation est unique et doit être traitée comme telle. Cependant les témoignages des femmes battues et des travailleurs sociaux montrent, nous semble-t-il, des traits en commun qui nous mènent à recourir à des concepts métapsychologiques comme clé de lecture. C’est là, à notre avis, l’approche qui nous permet de mieux intégrer les données sociologiques et anthropologiques, les complétant et approfondissant.

38Tout d’abord, la fonction maternelle que la population attribue à la femme. En Arménie la femme n’est jamais assez femme ni assez mère. Elle n’est, autrement dit, jamais assez contenante au sens winnicottien, pas assez « suffisamment bonne » (Winnicott, 1956).

39Ce que la représentation traditionnelle et idéalisée demande à la femme réelle est de s’occuper du mari, prenant ainsi la relève de la belle-mère, de prendresoin des beaux-parents, d’élever les enfants et de s’occuper de la maison. Elle doit en outre être le collant de la famille, la sienne et celle de son mari, structurant donc de conséquence la société puisque la famille est le premier et plus important pilier de la société arménienne, le lieu de l’« armenité ». Idéalisée, mythifiée et fantasmée, la femme arménienne est de ce fait structurellement « pas assez bonne », nulle personne réelle ne pouvant être à la hauteur des attentes irréalistes de ce qui lui est demandé. N’empêche, ces représentations sont généralement intégrées par les garçons et les filles, ces dernières construisant leur instance surmoïque, dont le caractère mortifère est bien connu par la littérature psychanalytique, sur ces attentes.

40Plus dans le spécifique, l’image de la femme arménienne est étroitement liée à celle d’une mère que nous pourrions qualifier de « sur-contenante », plus contenante que la « mère suffisamment bonne ». Elle est supposée pouvoir accueillir et élaborer à outrance les projections de l’entourage familial, lequel s’appuie largement sur ce que Wilfred Bion (1962) nommait « fonction-alpha », centrale pour permettre l’élaboration des perceptions et des expériences émotionnelles pour les transformer en éléments-alpha. Ainsi leur époux, enfants, beaux-parents, parents et ainsi de suite s’habituent à opérer des projections massives d’éléments-bêta, ces « faits non digérés » (p. 25, cit.) que le sujet évacue puisque ressentis comme étant intolérables, s’attendant à ce qu’elle puisse les élaborer et restituer pour qu’ils soient mis à disposition de la pensée. Ce n’est peut-être donc pas un cas que tant de représentations traditionnelles montrent une femme en train de tricoter en permanence, pour leurs maris mais également pour leurs enfants. Le tricotage nous semble bien représenter la fonction-alpha de la mère, notamment sa fonction de rêverie, où les éléments dispersés de la pensée (angoisses, perceptions partielles, frustrations...) sont réunis et rassemblés par un travail psychique (le tricotage) afin d’être élaborés et ensuite restitués sous forme de vêtements et de décorations.

41Les témoignages des femmes battues semble valider cette hypothèse lorsqu’elles évoquent les motifs qui ont déclenché les coups : repas brûlés, remarques sur certains comportements du mari, négligence des enfants et de la maison... autant de motifs qui, au-delà des supposées motivations culturelles, soulignent l’absence de capacités à tolérer la moindre frustration de la part du mari, lequel s’attend à que sa femme puisse trouver en permanence un moyen adapté pour l’apaiser, c’est-à-dire d’être contenante.

42Il nous semble enfin pertinent d’évoquer la notion d’identification projective telle qu’elle a été élaborée par Mélanie Klein et souvent mentionnée comme centrale dans les violences faites aux femmes (Ayouch, Salomao de la Plata 2013), et qui pourra nous aider à compléter notre hypothèse.

43Nous supposons que dans les contextes marqués par des violences quotidiennes, l’homme projette des éléments de soi qu’il ne peut pas intégrer. Il s’agit d’éléments clivés, sources d’angoisses, inacceptables qui remettent en causeses représentations de genre, se traduisant par des blessures narcissiques. Ces éléments sont donc projetés dans la femme, supposée être « sur-contenante ». Quand cette dernière ne parvient pas à élaborer et restituer ces projections, ce que l’homme reintrojecte n’est pas suffisamment élaboré. Cela lui renvoie, confirmant ses craintes, une image dévalorisante de lui-même et également de sa femme, qui est vite jugée comme « négligente ». Le recours à la violence physique et psychologique prend donc les contours d’un passage à l’acte qui vise à détruire les éléments projetés tant qu’ils sont dans la femme. L’identification projective est, en ce qui nous concerne, le déclencheur des violences, ce qui permet le passage à l’acte.

44L’image que nous pourrions évoquer est celle du personnage de Békéi, la tante du jeune protagoniste de Il fut un blanc navire, roman de l’écrivain kirghize Tchinguiz Aïtmatov, immense chantre du peuple kirghize et de ses mœurs pendant l’Union soviétique. Békéi est une femme pauvre et stérile, mariée à un homme profondément frustré, alcoolique et violent, Orozkoul, qui la bat régulièrement à cause de son infertilité. Un passage est particulièrement révélateur du mécanisme que nous venons d’évoquer : « Il a réussi en tout. Il a tout. […] Alors pourquoi ses compagnons d’âge en sont-ils déjà à marier leurs enfants ? Et lui ? Qui est-il, lui qui n’a pas de fils, lui qui n’a pas de souche ? […] Tout d’un coup, Orozkoul devient furieux et alors, il déverse toute sa rage sur elle, sa femme. Elle, elle lui pardonne tout. » (p. 67).

45Le fait qu’il ait épousé une femme qui ne peut pas lui garantir une progéniture le renvoie à son échec en tant qu’homme, image pour lui insupportable et qu’il tente de détruire en détruisant sa femme.

LE RÔLE DE L’IDENTIFICATION ET LA FONCTION RÉFLEXIVE

46Le constat que ces hommes ont un fort besoin d’un apparat, en l’occurrence celui de leur femme, qui puisse les aider à penser la pensée de l’autre et d’eux-mêmes, et que s’ils n’y arrivent pas ils sont obligés à recourir à la violence pour se protéger, nous montre l’échec du développement de la fonction réflexive, facteur d’organisation du Soi qui consiste à réfléchir sur l’autre, à lui attribuer des états d’âme et à ressentir ce qu’il éprouve. Peter Fonagy (2000a) souligne à plusieurs reprises comment le dysfonctionnement de cette fonction entrave l’incapacité, de la part de l’agresseur, à ressentir ce que sa victime ressent, à lui attribuer des émotions, faisant aussi ressortir le lien entre dysfonctionnement de la fonction réflexive et recours massif à l’identification projective comme mécanisme de défense.

47Nous estimons que l’échec de la fonction réflexive s’est en partie structuré autour du processus identificatoire de l’enfant avec les figures d’attachement primaire, notamment celle du père pour les garçons et de la mère pour les filles.

48Si l’actuelle clinique de l’enfant et de l’adolescent dans les pays occidentaux, sécularisés et empreints d’anti-autoritarisme, nous montre une incontestable crise de la fonction paternelle au sein de la famille et de la société (Melman, 2002), il n’en est pourtant pas de même pour un certain nombre de pays, y compris l’Arménie. Les traditions demeurent encore fortes, et une grande partie de la population regarde avec méfiance aux nouveautés provenant d’Occident.

49En Arménie, le complexe d’Œdipe reste, pour ainsi dire, encore « classique », tel qui l’a été décrit par Sigmund Freud. L’enfant arménien s’identifie avec des traits viriles qui appartiennent au père, comme la force, l’autorité, la violence, lesquels sont globalement acceptés, voire cautionnés ou même valorisés, par la société et la famille. Cela renforce l’identification et participe d’une manière déterminante aux futures choix d’objet, structurant en outre la vision que l’enfant aura de soi-même et du comportement à tenir envers l’autre.

50Un tel environnement, où les codes de conduite familiale et sociale sont étroitement liés, imprime une certaine modification du Moi des enfants. Déjà Freud avait remarqué comment les identifications qui se succèdent dans la vie de chacun participent à structurer et à développer la personnalité, avançant que : « […] les affects des premières identifications qui se sont effectuées à l’âge le plus précoce seront généraux et durable. » (1921, p. 21). Cela revenait à dire que le Moi est plastique, qu’il fait preuve de capacités d’adaptation aux exigence de l’environnement, se modifie.

51L’identification à des figures masculines violentes entrave le développement de la fonction réflexive, indispensable pour avoir une base stable autour de laquelle structurer des relations perçues comme sécurisantes et atteindre un équilibre interne (Fonagy, Target, 2000b). Les recherches menées en psychologie du développement ont plusieurs fois mis l’accent sur le lien étroit entre le style et la qualité des relations primaires d’une part, la capacité à se construire une théorie de l’esprit de l’autre et, enfin, la répétition de ces modèles et représentations dans le temps. Ainsi « [...] la capacité parentale d’adopter une position intentionnelle envers un nourrisson qui n’a pas encore d’intentions […] constitue le médiateur clé de la transmission de l’attachement et rend compte des observations classiques concernant l’influence de la sensibilité parentale » (cit, 2000a, p. 41).

52Cela nous semble aller dans la même direction que nos hypothèses, qui placent identifications primaires, structure familiale et sociale au cœur des violences domestiques et de leur répétition à travers les générations.

UN FÉMININ AVORTÉ ?

53L’avortement sélectif met en lumière trois points fondamentaux. Tout d’abord, la condition de la femme arménienne comme « secondaire », moins importante que l’homme. La priorité est donnée à la naissance d’un garçon qui, encore avantde venir au monde, est appelé à devenir un futur travailleur et bon soldat, défenseur de l’« arménité ».

54Le deuxième point est le lien entre les violences domestiques et l’avortement sélectif. Il existe actuellement très peu d’études sur les liens entre violences conjugales et recours à l’IVG. Cependant, celles qui ont été menées confirment l’existence d’un rapport incontestable entre ces deux phénomènes (Pelizzari, et al., 2013 ; Silva, et al., 2008). À notre connaissance, aucune étude n’a été faite sur un hypothétique lien entre les violences domestiques et l’avortement sélectif.

55Cela nous amène au troisième point, très peu évoqué par les travailleurs du terrain, qui privilégient trop souvent une grille interprétative manichéiste et limitée quant au thème des violences faites aux femmes. Il s’agit de l’acceptation, de la part de la femme, de la supposée condition d’infériorité du féminin au masculin qui, en recourant à l’avortement sélectif, actent et confirment cette soumission. Faut-il croire qu’une partie de la population féminine arménienne ait intégré la représentation sociale de la femme comme être « remplaçable », ou en tout cas « pas prioritaire », et donc l’idée de la supériorité des traits masculins dans la société ? Étant le sujet extrêmement délicat et difficile à aborder avec les femmes ayant eu recours à l’avortement sélectif, il nous est actuellement impossible de développer ce point, pourtant fondamental.

56Nous estimons en revanche que nombre d’éléments évoqués jusqu’à présent vont en direction d’une réponse affirmative à notre interrogation. Ainsi nous pouvons supposer que la sélection du fœtus n’est pas favorisée seulement par des contraintes socio-économiques mais également et surtout par une adhésion, de la part des femmes concernées, aux représentations que son mari se fait de lui-même et d’elle. Le machisme auquel il s’est identifié lui empêche d’intégrer dans sa personne des éléments qu’il estime appartenir à la féminité, tel que émotivité, anxiété, faiblesse, soumission. Ces éléments sont projetés dans le corps de la femme, et parfois ils se concrétisent dans la formation d’un fœtus féminin qu’il faut éliminer puisqu’il risquerait de confirmer les projections de l’homme. Ce qui est avorté n’est donc pas seulement le féminin de la mère mais surtout le féminin clivé et projeté de l’homme.

57L’injonction pour un arménien est de garantir une progéniture masculine saine qui puisse assurer la perpétuation du nom de famille et de l’« arménité ». Une progéniture exclusivement féminine est souvent vécue comme dévalorisante pour l’homme, lequel s’estime blessé dans sa dimension narcissique. Nous sommes de l’avis que le fait de n’avoir pu engendrer que des filles renvoie l’homme à son impuissance, à ses limites, au mystère de la procréation, et renforce l’effroi inconscient du fantasme de la femme toute-puissante qui décide de la vie et de la mort (Mijolla-Mellor, 2013). Le ressenti est que la femme lui refuse, pour ainsi dire, de lui donner un héritier mâle.

58Or, le rôle traditionnel attribué à une femme arménienne est celui de garantir la cohésion de la famille et d’accueillir les angoisses de ses membres, notammentdu mari qui, du fait de la fragilisation du masculin suite à l’effondrement de l’URSS, est particulièrement exposé à des angoisses de castration. Ainsi certaines femmes avortent plusieurs fois leur fœtus féminin dans le but de rétablir la fonction masculine et phallique de leurs époux pour « sauver » son honneur vis-à-vis de lui même et de l’entourage.

CONCLUSIONS

59Nous avons ici tenté de montrer comment, dans le cas spécifique de l’Arménie, les violences domestiques et l’avortement sélectif ont plusieurs causes qu’il faut tenter de réunir pour obtenir un cadre le plus complet possible.

60La pluralité des raisons tient à la particularité historique, géographique et socio-économique du pays. Il est toutefois hors de question d’utiliser ces facteurs déclencheurs comme justification pour les violences qui touchent tant de femmes, les emmenant parfois à la mort. Comprendre n’équivaut pas à justifier quoi que ce soit. Il s’agit plutôt de faire ressortir la multiplicité des facteurs et de leurs liens étroits pour ainsi dégager des pistes de réflexion et construire des interventions adaptées. Ces facteurs mènent les hommes à justifier leur violence contre leurs femmes, et leurs femmes à les appréhender comme inéluctables. Ce sont justement ces convictions qu’il faut questionner pour ainsi tenter de les modifier.

Bibliographie

BIBLIOGRAPHIE

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Mots-clés éditeurs : Avortement sélectif, Arménie, Violences domestiques, Fonction réflexive, Identification projective

Mise en ligne 09/07/2018

https://doi.org/10.3917/top.143.0057

Notes

  • [1]
    Le Global Militarization Index de 2017 place l’Arménie à la troisième place parmi les pays où le poids de l’armée et de la police est le plus fort dans la société, la première et deuxième place étant tenues respectivement par Israël et Singapour. Le service militaire dure deux ans et est obligatoire pour tous les garçons entre les 18 et les 26 ans.
  • [2]
    Après de nombreuses années, une loi a été votée en novembre 2017. Fortement contestée par une partie de la classe politique et par une partie de la population, qui voit en elle une tentative d’infiltration occidentale et un risque de destruction de la famille traditionnelle arménienne, elle a été remaniée pour enfin être rendue inoffensive.
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