Topique 2017/4 n° 141

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Article de revue

Maillage transdisciplinaire et esprit démocratique : clinique des agirs violents à l’adolescence

Pages 63 à 79

Notes

  • [1]
    Au sens de la fonction-alpha de W.R. Bion.
  • [2]
    Emmanuel Hirsch (cité par Albert Ciccone, 2014).
  • [3]
    Les citations de Rony Brauman sont issues de ces deux documents, l’un non paginé, l’autre vidéo.
  • [4]
    La patate chaude a vocation à se refroidir en passant de main en main. Paradoxalement, dans la clinique des adolescents commettant des agirs violents, l’expulsion du trop à contenir produit un « réchauffement », alimente l’excitation psychique et intersubjective.
  • [5]
    Intrapsychique, intersubjectif et transsubjectif.
  • [6]
    En écho au titre de l’édition française d’un recueil de textes posthumes (1986) de D.W. Winnicott. Le titre orignal, intraduisible selon l’éditeur J.-P. Pontalis est Home is where we start from, repris du poème de T. S. Eliot en épigraphe. La traduction littérale pourrait être : « la maison est l’endroit d’où nous démarrons », évocation des liens de filiation. Conversations ordinaires est choisi en accord avec les éditeurs anglais, reflet de la posture clinique de D.W. Winnicott : « […] converser sur un mode simple, qui n’exclut pas la complexité de la pensée mais exige l’humour et le franc-parler, avec tout un chacun, à commencer par celle qu’il appelait les « mères ordinaires »» (Pontalis, 1988, note de l’éditeur).
  • [7]
    Anne-Claire Dobrzynski.
  • [8]
    Solange est placée tout en étant maintenue au domicile d’un membre de sa famille élargie, compte tenu de son refus de se rendre sur son lieu de placement.
  • [9]
    Rencontre transdisciplinaire en tout petit groupe, rencontre interinstitutionnelle en grand groupe. Ces modalités ne sont pas exhaustives.

1 Cet article présente la posture clinique transdisciplinaire, traversée par l’esprit démocratique (Winnicott, 1950) et adossée à la pensée complexe du sociologue Edgar Morin. Nous montrerons comment l’approche clinique reposant sur une telle posture relance le processus de subjectivation des adolescents commettant des agirs violents et soutient l’humanisation de ces sujets rejetés à la place de barbares ou d’étrangers indésirables.

2 La situation de Solange, suivie dans le cadre de l’Assistance Éducative, puis au Pénal, jusqu’à l’incarcération et au retour en famille élargie, illustrera ce travail de maillage transdisciplinaire.

Des adolescents dans une impasse subjective grave face à des équipes pluridisciplinaires

3 Les adolescents commettant des agirs violents se retrouvent souvent pris dans un système davantage proche de la dictature que de la démocratie, aussi bien sur la scène familiale que politique. La dictature est un processus aliénant qui exerce une contrainte physique et/ou psychique et qui écrase la créativité. Du point de vue de l’esprit démocratique, ces adolescents ont souffert d’un défaut de démocratie dans les liens primaires.

4 Dans une homologie fonctionnelle (Pinel, 2005), ces adolescents, tantôt étiquetés « sauvageon », « incasable » ou « patate chaude », sont pris dans un processus sociétal désubjectivant, réifiant, qui nourrit leur nécessité intérieure de lutte pour leur survie psychique et amplifie les mouvements de violence fondamentale (Bergeret, 1984).

Un double mouvement désubjectivant

5 Le premier mouvement de chosification à l’adresse de ces adolescents est constitué par la prise en charge pluridisciplinaire et la multitude d’intervenants, côte à côte, qui gravitent autour d’eux. L’écueil est la propension à produire un morcellement désubjectivant. Les regards sont nombreux mais ne se tissent pas entre eux : l’adolescent risque de n’être qu’un cas que l’on va prendre en charge, évaluer en référence à une normalité (Karsz, 2011). Quant à la scène interinstitutionnelle, elle est souvent traversée par un puissant mécanisme de « tourbillon » (Kaës, 2007) événementiel, effet de résonance du chaos de la scène intrapsychique de ces adolescents. Ce processus porte l’empreinte du paradoxe, qui attaque le narcissisme.

6 Le deuxième mouvement désubjectivant concerne l’effet des agirs violents. La violence agie a un pouvoir effractant de la psyché de l’autre, de plus d’un autre, selon l’expression de René Kaës, c’est-à-dire des différents espaces sociaux. Les agirs violents produisent une attaque de la pensée et des capacités de liaison.

7 Le transfert par dépôt (Vacheret, 2010) est le vecteur des pans de subjectivité brute expulsés par et dans l’agir. Le sujet dépose inconsciemment des fragments bruts, non mentalisés dans la psyché de l’autre. La personne qui subit ce transfert se retrouve, à son insu, envahie, contaminée par des affects, souvent massifs, dont elle ne connaît pas l’origine.

8 Les professionnels sont fréquemment traversés par des affects d’impuissance, de désespoir et par des mouvements de rejet. Ils vont expulser de leur monde interne ce qui y a été déposé par les adolescents ; rejeter de l’espace groupal les adolescents porteurs d’une menace effractante pour le groupe, l’institution. Le clivage bon/mauvais s’installe alors comme défense face aux éprouvés archaïques. Ces mouvements de survie psychique sont à l’origine de tous les propos dévalorisants au sujet des adolescents, de l’épuisement des équipes et du souhait d’arrêter l’accompagnement, de mettre fin au placement.

Détresse infantile et commettage : une quête inconsciente de lien subjectivant

9 Les adolescents commettant des agirs violents ont rencontré et rencontrent toujours des expériences de défaut de portage psychique. Ils ont été et sont encore abandonnés à leurs états de détresse à un moment de leur existence où les digues internes ne sont pas suffisamment construites ou résistantes pour contenir et transformer les effets des expériences intra et inter-subjectives, c’est-à-dire l’afflux pulsionnel et émotionnel.

10 Dans leur enfance, parfois même dès leur vie intra-utérine (violence physique sur le ventre maternel, solitude extrême de la mère), ces adolescents ont subi une double faillite de la fonction contenante[1] (Dobrzynski, 2017). Cette double faillite se caractérise par la violence de l’environnement externe et le déni de la détresse que cette expérience engendre.

11 Romain est témoin dans son enfance de la violence paternelle à l’égard de sa mère et de ses sœurs. Non seulement les événements familiaux n’ont pas été désintoxiqués par l’entourage mais ces événements furent intoxiqués à l’insu des protagonistes. Sa famille explique aux travailleurs sociaux qu’elle l’a protégé de la maltraitance paternelle pour qu’il ne reçoive pas de coups, mais elle a court-circuité l’impact désubjectivant d’être témoin de telles scènes. Ce traumatisme dans le processus de subjectivation de Romain n’a été ni identifié, ni déchiffré par l’entourage. Ce déni de la violence infligée à l’enfant est lui-même producteur de violence : il déshumanise, réifie, chosifie le sujet. Benjamin d’une fratrie recomposée de cinq enfants, Romain est le seul à être sorti des sentiers battus dans l’incompréhension familiale la plus totale. À 16 ans et demi, il est déjà expulsé du système scolaire depuis un moment suite à de nombreuses bagarres violentes. Plus tard, Romain s’interpose dans une altercation, tape avec force dans un mur et se casse les os de la main. L’adolescent a besoin de soins intensifs et d’une greffe osseuse… Juste avant le début de nos rencontres, sa famille l’hospitalise en psychiatrie où il reste quelques jours suite à une perte de poids conséquente et à des propos inquiétants de sa part : « J’ai l’impression de mourir de l’intérieur. »

12 Commettre un agir violent constitue inconsciemment un espoir de rencontre contenante. Le verbe commettre est polysémique. Dans son sens usuel, il signifie se rendre coupable d’un acte répréhensible ou malencontreux. On parle là de la commission d’un acte. Les agirs violents à l’adolescence donnent souvent lieu à une procédure judiciaire sur le plan pénal. C’est dans ce contexte que la clinique transdisciplinaire émerge pour mais surtout avec ces adolescents.

13 Le commettage appartient au vocabulaire marin. Commettre consiste alors à tordre ensemble plusieurs torons pour en former un cordage. À cet endroit, du point de vue des enjeux intersubjectifs de la violence, l’acte violent se lit comme un espoir inconscient de l’adolescent de rencontrer des espace-temps où arrimer sa subjectivité en dérive, comme une quête inconsciente de lien intersubjectif subjectivant.

14 L’approche transdisciplinaire va tisser deux scènes indissociables : celle de l’agir violent et celle de la réalité psychique. L’une verrouille l’autre et, dans le même temps, ouvre sur l’autre.

15 Didier Anzieu (1975, p. 136) nous dit : « Un travail de type psychanalytique a à se faire là où surgit l’inconscient : debout, assis ou allongé ; individuellement, en groupe ou dans une famille […], partout où un sujet peut laisser parler ses angoisses et ses fantasmes à quelqu’un supposé les entendre et apte à lui en rendre compte. »

16 L’enjeu de la posture transdisciplinaire est de soutenir une écoute clinique au plus près de l’expression subjective de ces adolescents. Le clinicien se déplace avec son cadre interne là où se déploie le langage subjectif de ces adolescents. Les rencontres transdisciplinaires peuvent avoir lieu à domicile, dans le bureau d’un travailleur de l’A.S.E., au restaurant, dans une voiture, dans un couloir (même s’il est étroit), sur un banc (même en plein hiver)… mais aussi régulièrement dans l’unité.

Posture transdisciplinaire

Éthique et pensée complexe

17 La méthodologie transdisciplinaire répond à une éthique de la « culture du doute» [2] et de la mise en débat, une éthique de la rencontre avec l’autre et avec l’étranger en soi et en l’autre. Rencontre qui prend la forme d’une boucle récursive (Morin, 1990) maturative, qui humanise le sujet, nourrit le processus de subjectivation et est aussi l’effet de ce processus.

18 Appuyons-nous sur la pensée d’Edgar Morin. Cet impératif éthique (Morin, 2004) pose la nécessité de sortir de la loi du talion dont la logique est le rapport de force – œil pour œil, dent pour dent – et la violence fondamentale qui produit vengeance et châtiment. La posture transdisciplinaire soutient une éthique de la résistance à notre cruauté et à notre barbarie intérieures. Cela permet de ne plus voir l’autre comme un étranger radical ou un monstre mais de lui donner la chance de changer (ibid.).

19 La transdisciplinarité repose sur un postulat épistémologique basé sur la complexité, au sens que donne Edgar Morin à ce terme. Complexe vient du latin complexus qui signifie tisser ensemble. C’est bien là tout l’enjeu d’une approche transdisciplinaire mais aussi d’une pensée qui humanise. La pensée complexe est au cœur de l’approche transdisciplinaire et « nourrit d’elle-même l’éthique » (Morin, 2004).

20 Aux antipodes, l’approche compartimentée, parcellaire est désubjectivante. Elle nous fait perdre « le regard sur l’ensemble, celui dans lequel nous travaillons et bien entendu la cité dans laquelle nous vivons, nous perdons ipso facto le sens de la responsabilité ; tout au plus nous avons un minimum de responsabilité professionnelle pour notre petite tâche. Pour le reste, comme le disait Eichmann [...] : « J’obéis aux ordres ». Nous obéissons aux ordres, nous obéissons aux instructions » (Morin, 1998, document interne non paginé). Ces mots sont la défense principale d’Adolf Eichmann lors de son procès.

21 Hannah Arendt développe la thèse selon laquelle Eichmann a renoncé à être un humain, c’est-à-dire à penser par lui-même, à soutenir une pensée incarnée, donc à développer une position éthique. « Ses pensées ne sont pas hideuses, elles sont creuses. » (Brauman, Sivan, 1999, p. 18). Une pensée incarnée, bien vivante s’appuie sur un degré de maturation psychique suffisante et produit un discours avec « ancrage » et « relief » (Bion, 1962).

22 Quarante ans après la barbarie nazie, en 1985, le médecin Rony Brauman intervient en Éthiopie auprès de réfugiés intérieurs affamés, rassemblés dans des camps. Président de Médecins sans Frontières à l’époque, Rony Brauman (2013ab [3]) se rend finalement compte, vers la fin du processus de l’intervention humanitaire, que son équipe et lui participent à des violences de masse : transferts forcés de population par l’État éthiopien sous couvert d’urgence humanitaire. Rony Brauman ne prend conscience du processus dans lequel il est engagé qu’en en parlant à d’autres, notamment un ami qui lui conseille de lire le livre d’Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, rapport sur la banalité du mal.

23 Le médecin explique qu’il n’y a qu’un pas entre le refus de considérer sa propre responsabilité et la banalité du mal, la participation à un crime de masse, « en accomplissant des gestes routiniers anoblis par l’intention secourable », dans « un processus eichmannien » de « suspension de l’esprit critique ». Et de conclure : « À défaut de ne pas pouvoir empêcher un crime, on peut toujours s’abstenir d’y participer. » La question est essentielle : à quoi je participe ? de quoi suis-je caution ou complice ? Pour cela, faut-il encore avoir œuvré pour construire une vision globale de la situation pour et dans laquelle nous exécutons une tâche, réalisons une action, posons un acte.

Pensée complexe et esprit démocratique

24 Ce détour par l’Histoire auquel nous invite Edgar Morin nous enseigne la nécessité de faire vivre une pensée complexe qui nous inscrit dans une groupalité humanisante, par le tissage de liens de causalité circulaire entre le sujet, le groupe et la société.

25 Cette posture est un antidote aux pensées uniques qui tuent l’altérité. Les pensées uniques appartiennent au registre de la violence fondamentale, où deux psychés groupales et/ou individuelles ne peuvent co-exister : c’est moi ou l’autre. Ces logiques binaires, traversées par le conflit narcissique, sont omniprésentes dans la clinique des adolescents commettant des agirs violents.

26 Pour faire vivre l’état d’esprit de la pensée complexe, Edgar Morin propose de s’appuyer sur trois opérateurs de reliance, c’est-à-dire des mécanismes qui relient, produisent un maillage : la boucle récursive, la dialogique et le principe hologrammatique.

27 La boucle récursive se définit comme : le produit est le producteur de ce qu’il produit. Il en existe deux sortes : les boucles récursives subjectivantes, productrice de maturation psychique et celles mortifères, désubjectivantes (Dobrzynski, 2017).

28 Beaucoup… beaucoup de gens gravitent autour de Noé, adolescent à fleur de peau, dont l’enveloppe narcissique est vivement écorchée, remplissant très difficilement ses fonctions de contenance et de transformation. Sa détresse interne se déverse violemment ici et là.

29 Si chacun est finalement seul dans l’accompagnement de Noé, personne ne le réalise vraiment, tellement le ballet désordonné des professionnels remplit l’espace psychique de chacun. Quelques contacts existent, essentiellement en relation duelle où chacun dépose, expulse son trop-plein à contenir (Noé a encore commis un acte violent. Nous ne pouvons pas le garder. Que va-t-on faire de lui ? Où va-t-on pouvoir le caser ?…). Très, très ponctuellement, des réunions entre partenaires sont organisées.

30 Au final, les professionnels courent, s’épuisent, ne parviennent pas à penser et cherchent coûte que coûte à caser Noé quelque part. On veut du résultat et dans l’urgence. Pourvu qu’il fasse moins de bruit…

31 Noé est devenu un indésirable, une patate chaude : un adolescent qui n’est pas entendu dans sa dimension subjective. Une puissante boucle récursive désubjectivante est à l’œuvre : plus Noé est annulé psychiquement, nié en tant que sujet, plus ses passages à l’acte violents se multiplient et plus les professionnels s’affolent.

32 La clinique transdisciplinaire a pour vocation de transformer les boucles récursives destructrices en boucles récursives maturatives.

33 La dialogique permet d’associer des idées d’apparence contraires et de les rendre complémentaires, sans en exclure aucune. Là où la dialectique vise la synthèse, la dialogique soutient la complexité, nourrit une mise en perspective qui crée une dimension nouvelle, une enveloppe qui contient et relie les idées en apparence opposées. Sur le plan clinique, cette perspective va permettre la mise en tension des mouvements psychiques et/ou intersubjectifs qui semble contradictoires. Elle est alors un puissant antidote au clivage, à la logique binaire, à l’expulsion de l’autre, de sa pensée, de sa subjectivité, de l’altérité. L’approche transdisciplinaire tend ainsi à construire une enveloppe à l’accompagnement qui contribue à prévenir ou à traiter le mécanisme d’expulsion qui provoque le phénomène paradoxal de la patate chaude [4] (Prat, 2008).

34 Le principe hologrammatique soutient qu’une partie est dans le tout et que le tout est dans la partie. Ce principe renvoie au rapport d’emboîtement des trois espaces psychiques [5], effet de la fonction méta (Kaës, 2012). L’homologie fonctionnelle est un de ses effets : le vécu intrapsychique de l’adolescent se rejoue dans le lien intersubjectif, sur les scènes institutionnelles et interinstitutionnelle.

35 L’éthique du sujet est le fondement de l’acte clinique, tandis que les carences affectives de ces adolescents détruisent à la racine les fondements de l’éthique (Chartier, 1991) et, par ricochet, attaquent les fondements éthiques de la professionnalité.

36 Dans la clinique des adolescents commettant des agirs violents, il s’agit d’élever le délit à la dimension de question, de faire advenir un conflit qui n’avait pas pu se mettre en tension, se métaboliser, ni se conflictualiser.

37 Cette perspective repose sur un esprit démocratique (Winnicott, 1950) de et dans l’accompagnement de ces adolescents. C’est un des enjeux de la clinique transdisciplinaire.

38 Leur agir violent peut être lu comme un espoir de rencontre démocratique. Les adolescents sont alors les porte-parole d’une démocratie, interne et externe, en péril d’effondrement. La désorganisation du métacadre (Kaës, 2007), ensemble emboîté et articulé, conteneurs des angoisses et idéaux de chacun, renvoie aux traumatismes de l’Histoire et des histoires singulières. Sous cet angle, entendre, accueillir la détresse de ces adolescents aurait un double effet : relancer le processus de subjectivation et étayer, soutenir, nourrir le processus démocratique.

39 Soutenir un accompagnement subjectivant à l’adresse de ces adolescents constitue alors un acte citoyen. Les laisser à l’abandon constitue un mépris du sujet mais aussi de la société dans laquelle nous vivons. Nous scions ipso facto la branche sur laquelle nous sommes assis.

Groupalité transdisciplinaire

40 Soutenu par cette dimension éthique et une posture démocratique, la logique transdisciplinaire va permettre d’accompagner la situation de ces adolescents, prendre en compte leur souffrance existentielle dans une logique de co-création pour mais surtout avec chacun d’entre eux (Karsz, 2011). L’adolescent devient alors sujet de son accompagnement.

41 Cette posture clinique permet de développer différentes modalités de rencontres groupales sur la scène interinstitutionnelle.

42 Par exemple, la rencontre transdisciplinaire en tout petit groupe (RTPG) réunit l’adolescent, son éducateur référent et le psychologue de l’unité. L’enjeu est de tisser le familier à l’étranger. Ces rencontres ne sont pas des rendez-vous psycho-éducatifs. Le préfixe trans signifie au-delà et par-delà, de l’autre côté et à travers. L’approche transdisciplinaire permet que les frontières se décloisonnent, au cœur de relations non hiérarchisées, tout en préservant notre singularité subjective.

43 Ces rencontres, co-construites avec l’adolescent (durée, fréquence), se déploient sous forme de conversations ordinaires[6]. L’enjeu est de rassembler hic et nunc les pans de subjectivité brute que l’adolescent expulse hic et ubique sur la scène interinstitutionnelle.

44 Soutenant l’idée que si l’adolescent est absent physiquement, il ne l’est pas subjectivement, la rencontre transdisciplinaire se déroule en présence ou l’absence de l’adolescent. Se rencontrer en l’absence physique de l’adolescent nous permet d’abord, pour paraphraser Geneviève Appell (1998), de porter l’adolescent dans nos têtes. C’est un véritable antidote au risque de lâchage psychique des professionnels, en miroir du vécu infantile de ces adolescents. Préserver cet espace-temps de rencontre en l’absence physique de l’adolescent nous permet ensuite de ressentir ce que nous fait vivre cette absence, plutôt que d’en annuler les éprouvés contre-transférentiels.

45 Du point de vue de l’adolescent, en réponse au défaut de permanence de l’objet interne, ces rencontres ont vocation à soutenir la permanence de l’objet externe, dans une visée introjective. L’essence de ce travail en l’absence est de soutenir le travail de l’absence. Solange témoigne de ces effets :

46 Solange, lors d’un repas pour se dire au revoir, après deux ans et demi d’accompagnement transdisciplinaire et en présence de l’éducateur de son lieu de placement, dit spontanément et avec enthousiasme : « Vous vous rendez compte, elles se rencontraient même quand je n’étais pas là. Elles faisaient les rendez-vous même quand je ne venais pas. »

47 La groupalité transdisciplinaire qui émerge au fil des rencontres a des effets de contenance, donc d’apaisement des agirs violents et de relance du processus de subjectivation.

48 D’autres modalités d’espace groupal transdisciplinaire émergent de l’intérieur de l’accompagnement de ces adolescents, comme par exemple la rencontre interinstitutionnelle en grand groupe (RIGG), détaillée ci-dessous. Ces formations de liens ne sont pas plaquées artificiellement de l’extérieur. Leur création naît de l’intérieur de la scène interinstitutionnelle, dans un mouvement qui fait sens pour chacun. Ces espace-temps constituent un apprentissage par l’expérience (Bion, 1962) d’une groupalité maturative (Dobrzynski, 2017).

49 Ces modalités de rencontre constituent des îlots de résistance à la violence, à l’abandon, à la destructivité… Résister, au sens de ne pas laisser tomber (Ciccone, 2012a), c’est-à-dire porter psychiquement et institutionnellement. Ces îlots sont adossés au feuillet externe ou habitat (Houzel, 1992) de l’institution. Ce sont des espaces potentiels de créativité, de transitionnalité, de symbolisation… qui nourrissent le feuillet intermédiaire institutionnel, la membrane (ibid.). Chacun est garant et aussi bénéficiaire du travail qui s’y déploie, par petites touches et sans impératif (Dobrzynski, 2017).

Situation clinique : Solange

50 La scène se déroule dans une unité éducative de milieu ouvert de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, à l’endroit d’un carrefour en T dans un couloir. Je [7] marche sur la barre verticale du T, une adolescente passe sur la barre horizontale, accompagnée d’un adulte, sans doute son père, suivie de son éducatrice référente. La scène me saisit : mes pas cessent. J’observe : cette adolescente est de profil, vêtue d’habits sombres, les cheveux noirs attachés en arrière en chignon. Elle se déplace vers la sortie. Elle a le teint blafard, le regard hagard, la tête baissée, le corps légèrement penché vers l’avant, la démarche nonchalante. Tout son être exprime la mort, le mortifère, la déshumanisation qui ronge de l’intérieur. Je suis frappée par l’ampleur de la détresse humaine qui se déploie sous mes yeux. La scène dure quelques secondes. Je reprends le cours de mes occupations.

51 Dans les semaines qui suivent, la collègue éducatrice demande à évoquer la situation d’une jeune avec moi. Il s’agit de cette adolescente : la scène fait encore trace dans ma psyché. Solange a 15 ans. Ce jour où nos chemins se sont croisés, elle sort de rendez-vous avec son père et son éducatrice référente. C’est le premier contact, le début d’une mesure de liberté surveillée préjudicielle pour outrage à agent. Et, sans que nous le sachions, c’est aussi l’amorce d’un long chemin sur le plan pénal où Solange va s’agiter, se débattre, crier, casser, pousser, fuguer… sans trouver les mots pour dire les blessures qui la traversent, l’envahissent et se creusent.

52 L’éducatrice décrit une situation préoccupante. Dans un conflit sans issue avec sa mère, Solange a ingurgité sous ses yeux une quantité importante de médicaments. La mère a répondu par la fuite, en quittant l’appartement et se réfugiant chez sa propre mère.

53 La mère est souvent débordée par les réactions de sa fille et demande régulièrement à être hospitalisée en psychiatrie pour se protéger. Solange apparaît très intolérante à supporter la frustration, à contenir en elle le déferlement émotionnel et pulsionnel que cela engendre. Sous le joug d’un puissant mécanisme d’expulsion, elle explose alors dans une violence incontrôlée et incontrôlable, substance brute non mentalisée et non mentalisable pour ses capacités de contenance interne.

54 L’adolescente a écumé, épuisé tous les lieux de placement qui pouvaient lui être proposés dans le cadre de la Protection de l’enfance. Ni les différents collectifs, ni les familles d’accueil n’ont pu parvenir à accueillir et transformer ses crises clastiques, transformer sa détresse existentielle.

55 Un mois après, l’éducatrice se retrouve à fonctionner en miroir de Solange et me reparle de la jeune sans avoir le souvenir de m’en avoir déjà parlé. Elle n’a pas de pensée pour elle et l’adolescente l’agace « plus qu’autre chose ». Comme la première fois, ses propos sont confus, décousus. L’éducatrice ne parvient pas à porter Solange dans sa tête : mécanisme d’expulsion face à l’insupportable, face à l’importable psychiquement. Nécessité d’un gigantesque travail de digestion psychique non contenable par une seule psyché.

56 Nous impulsons des rencontres transdisciplinaires en tout petit groupe. Ça déborde dès le début par les cris de l’adolescente, depuis la salle d’attente, en train de hurler contre son père toute la haine qu’elle ressent alors.

57 Beaucoup d’événementiel jalonne l’actualité de Solange, les mois passent et les rencontres ne parviennent pas à se tisser. L’éducatrice s’emmêle fréquemment dans l’organisation des rendez-vous avec l’adolescente. Dans ces moments, elle se trompe d’horaire, de jour et parfois même d’endroit. Chaque fois que le chaos spatio-temporel n’a pas fait volé en éclats l’espace-temps des rencontres transdisciplinaires et que nous avons donc pu nous rencontrer en son absence, nous écrivons à Solange : « Nous nous sommes rencontrées aujourd’hui comme prévu et malgré ton absence. Notre prochaine rencontre est prévu le… . »

58 D’autres fois, nous aménageons le cadre externe des rencontres qui se déroulent : en salle d’attente, dans une voiture…

59 Six mois après l’amorce du dispositif, je me retrouve à mon tour sidérée psychiquement, dans une impossibilité à penser ce tourbillon. Je sens poindre un mouvement de rejet à l’encontre de ma collègue : elle m’interpelle souvent, quand je sors juste d’un entretien ou lorsqu’une réunion commence. Je me sens envahie, un peu agacée. Mes capacités de contenance sont contaminées. Je mets alors au travail ces éprouvés contre-transférentiels, afin de les transformer et d’entendre ce qu’ils rejouent de l’histoire infantile de Solange.

60 L’éducatrice agit des vécus d’agrippement à mon encontre, contaminée par les vécus infantiles d’inconsolabilité (Ciccone, 2012b) de Solange, tandis qu’auparavant elle ne parvenait pas à porter l’adolescente dans sa tête. L’analyse de mon vécu contre-transférentiel me permet de retrouver une posture d’accueil des éprouvés de l’éducatrice.

61 Sur la scène interinstitutionnelle, Solange a des capacités extraordinaires à mobiliser les personnes par ses passages à l’acte (brigades de police, juge…), parfois en pleine nuit et même en pleine tempête de neige. Son dossier au Pénal devient plus conséquent. Les placements se multiplient, dans le mépris de la réalité subjective de l’adolescente et durent parfois moins d’une semaine. Solange se débat pour survivre psychiquement et multiplie les agirs violents.

62 La situation de Solange crée de la précipitation, une incapacité à penser et un chaos spatio-temporel où les espaces se collusionnent. Le tumulte interne de Solange se dépose sur la scène interinstitutionnelle et dans la psyché des professionnels.

63 Ce tourbillon (Kaës, 2007) produit une mise en crise autour de Solange où le paradoxe crée un non-accordage et la fécalisation de Solange, assignée à la place de déchet.

64 Ce dispositif qui a permis la relance du processus de maturation pour d’autres adolescents dont le langage subjectif est l’agir ne semble pas opérer dans sa situation.

65 L’idée est alors de tenir le fil du dispositif, son esprit transdisciplinaire, tout en élargissant le maillage du filet au travail interinstitutionnel.

66 Chaque fois que nous en avons la possibilité, l’éducatrice et moi sommes les ambassadeurs de la subjectivité de Solange auprès des institutions, portées par la conviction que réside là notre devoir éthique : ne pas répéter les vécus primaires de lâchage et d’abandon de Solange.

67 Pour autant, les différents lieux de placement au Pénal n’ont pas tenu. La jeune ne rentre pas dans le cadre ou le fait voler en éclats et a finalement été incarcérée pour non-respect de son contrôle judiciaire : elle s’est rendue dans un lieu qui lui était interdit. Dans un puissant mécanisme de boucle récursive destructrice, la scène interinstitutionnelle nourrit une apparente dérive délictuelle : Solange commet des actes de violence dans les établissements qui aboutissent à des dépôts de plainte. Dérive dépourvue de sens, Solange le dit elle-même : « Je ne suis pas délinquante », mais dont les conséquences sont bien réelles.

68 Solange devient une délinquante au regard de la société, qu’il faut à tout prix éradiquer, expulser dans un sein-toilettes (Meltzer, 1992) externe, afin que l’expression de sa souffrance psychique, de sa détresse infantile, traversée par l’héritage transgénérationnel, ne vienne pas trop salir, abîmer, écorcher le narcissisme sociétal, celui des équipes et des professionnels. Sous un autre angle, il s’agit de préserver les garants métasociaux (Kaës, 2007) au mépris de l’effondrement des garants métapsychiques (ibid.) de Solange.

69 Pour autant, cette tentative est vaine puisque la dérive de Solange vient affecter la tâche primaire des institutions et ébranler leur métacadre. Et plus les professionnels, équipes et institutions cherchent à se préserver, plus le tourbillon, effet de l’expulsion de fragments bruts de la subjectivité de Solange, produit et producteur de violence, s’accentue. On peut dire que la scène du travail social autour de Solange se transforme en foule primitive (Freud, 1921) omnipotente et sous le joug du principe de plaisir.

70 À la sortie d’incarcération, faute de place ailleurs, Solange se retrouve dans sa famille élargie. Les premiers temps se passent harmonieusement puis subitement le chaos ressurgit. L’éducatrice organise en urgence une réunion dont j’apprends l’existence au détour d’une discussion.

71 La mentalité de groupe se construit sur le mode utopique (Kaës, 2007) à la sortie de prison de Solange. Lorsque surgissent des mouvements de désorganisation et de désaccordage, la famille élargie panique. L’éducatrice est contaminée par cette excitation psychique.

72 Je tente de freiner l’agir éducatif. Dans l’esprit de la méthodologie transdisciplinaire, je propose d’organiser cette rencontre sur un mode interinstitutionnel, avec Solange, des professionnels (de l’unité, du lieu de placement [8]) et certains adultes référents de sa famille élargie. Les rencontres interinstitutionnelles en grand groupe se déroulent finalement sans Solange.

73 La famille élargie raconte d’emblée son désappointement : Solange est très facilement à fleur de peau, notamment lorsqu’on lui demande de participer à la vie quotidienne si elle n’en pas pris l’initiative. Alors elle s’énerve, crie, fait du bruit, claque les portes…

74 Toutes les situations de frustration génèrent un quantum d’affects incontenable psychiquement pour Solange. Elle exprime par la voix et le corps la détresse qui la submerge, à l’instar d’un bébé. Ce sont les parts bébé du soi (Ciccone, 2012b) en détresse de Solange qui déferlent et qu’elle expulse sur la scène familiale. L’environnement se retrouve dans le désarroi et chacun est traversé par un sentiment d’impuissance et d’échec.

75 Je nomme l’image qui me vient, celle d’un bébé gigantesque, qui a besoin d’être pris dans les bras pour l’aider à traverser ce déferlement émotionnel mais qui est dans l’impossibilité de trouver des bras assez amples, chez une seule personne pour l’entourer, la sécuriser, l’apaiser. J’accompagne mes mots de grands gestes des bras pour métaphoriser l’envergure inatteignable par une seule personne. Je continue en évoquant la nécessité d’être plusieurs pour parvenir à construire cette contenance. Les membres de la famille ne me lâchent pas du regard, acquiescent de petits mouvements de tête, laissent perler discrètement une larme, esquissent un sourire.

76 J’évoque là la nécessité de portage psychique groupal, de holding collectif pour accompagner Solange dans sa construction subjective. La famille devient partenaire de l’accompagnement de Solange, du soin de sa psyché, dans un rapport non hiérarchisé avec les professionnels présents. Le groupe primaire se maille aux groupes institutionnels.

77 La suite de ces rencontres montre de manière émouvante comment l’adolescente vient chercher de la tendresse par des demandes de rapproché corporel avec les différents membres de sa famille. Beaucoup moins dans l’opposition, elle met des mots sur certains de ses ressentis, participe aux tâches de la vie quotidienne, se projette dans un avenir possible en évoquant des projets… Solange a maintenant 17 ans, nous assistons à son éclosion subjective. La famille est très touchée, pleine d’une émotion nourrissante, mélange d’incroyable, de tant attendu et de profondément apaisant.

78 On peut dire que des alliances inconscientes structurantes (Kaës, 2009) se tissent sur le fil de l’accompagnement transdisciplinaire et traversent notre lien à Solange. À petits pas, la scène interinstitutionnelle prend corps. Au fil des mois des fragments bruts, en errance hic et ubique, de la subjectivité de Solange s’arriment aux îlots de groupalité. La capacité de rêverie transdisciplinaire (Dobrzynski, 2017) permet, à petites touches et sans impératif, de les transformer pour impulser un processus de pensée.

79 Dans un mouvement dialogique, le puissant mécanisme de patate chaude se transforme en un dialogue possible entre les intervenants et les institutions (familiales et professionnelles). Les processus d’expulsion se tempèrent : toutes ces rencontres produisent une contenance interinstitutionnelle des agirs violents de Solange. La boucle récursive destructrice se transforme progressivement en boucle récursive maturative. Le processus de subjectivation de Solange est relancé.

Effets du maillage transdisciplinaire

80 La posture transdisciplinaire soutient le lien d’affiliation qui se fonde sur un conflit avec la filiation, pour la suspendre, la désavouer ou explorer d’autres possibles (Kaës, 1985). Elle permet aussi d’accueillir et de transformer les liens de filiation. Cette approche, sous-tendue par une position éthique, donne consistance à l’altérité, productrice de groupalité et, par ricochet, d’humanisation. Ce maillage transdisciplinaire des liens est créateur par essence et soutient la restauration des garants métapsychiques en faillite dans les liens primaires de ces adolescents.

81 L’accompagnement transdisciplinaire ne se prescrit pas : il se propose, il se compose pour et surtout avec l’adolescent, qu’il soit présent ou absent. Traversée par la logique transdisciplinaire, des formations de lien [9] émergent de l’intérieur de la rencontre et dans le même mouvement permettent de l’impulser.

82 Les pans de subjectivité brute de l’adolescent s’exportent dans ces espace-temps inter et trans subjectifs par les scènes intrapsychiques de chacun. En tant que sujet du groupe, certains professionnels et/ou membres de la famille se révèlent alors fonction phorique (Kaës, 2007) entre la scène intrapsychique de l’adolescent et ces espaces groupaux (Dobrzynski, 2017).

83 Ce portage psychique inconscient est ensuite mis au travail de digestion psychique dans ces espaces et exporté sous forme d’éléments-alpha sur la scène interinstitutionnelle, à travers les espaces intrapsychiques. C’est un travail de désintoxication de la fonction phorique qui s’opère : d’abord mortifère, elle devient subjectivante (ibid.). Ce processus soutient ainsi la maturation psychique de l’adolescent par les liens intersubjectifs.

84 Soutenant le processus d’individuation des adolescents commettant des agirs violents, la clinique transdisciplinaire participe dans le même temps au processus démocratique. Par la transformation du conflit narcissique, puissamment déshumanisant, elle favorise l’émergence de ces « irremplaçables » (Fleury, 2015), terreau fertile d’une groupalité sociétale créative et humanisante avec le « souci de soi » et le « souci de l’État de droit ».

85 Par ricochet, et parce que chacun est au cœur du dispositif, cette forme de groupalité renforce aussi les capacités de contenance interne des professionnels et leur posture citoyenne.

86 C’est le clinicien qui tient le fil de ce travail d’humanisation. Sa position éthique dans la relation de soin et particulièrement dans la clinique de ces adolescents, repose notamment sur un travail de désintoxication de son contre-transfert, « purification psychanalytique » (Freud, 1912) de sa psyché pour construire, préserver et enrichir son métacadre interne. Cet espace interne est le socle de la fonction contenante inhérente au processus de soin.

87 Pour répondre de cet impératif éthique de transformation des inévitables éléments bruts déposés à son insu dans sa psyché, par les professionnels et par l’adolescent et sa famille, le clinicien garde une attention vigilante à ses éprouvés internes. Socle du travail clinique, cette métaposition soutient notamment une fonction de mise en pensée du conflit narcissique, véritable creuset d’humanisation.

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Mots-clés éditeurs : Scène interinstitutionnelle, Transdisciplinarité, Esprit démocratique, Adolescence, Violence

Date de mise en ligne : 26/01/2018

https://doi.org/10.3917/top.141.0063

Notes

  • [1]
    Au sens de la fonction-alpha de W.R. Bion.
  • [2]
    Emmanuel Hirsch (cité par Albert Ciccone, 2014).
  • [3]
    Les citations de Rony Brauman sont issues de ces deux documents, l’un non paginé, l’autre vidéo.
  • [4]
    La patate chaude a vocation à se refroidir en passant de main en main. Paradoxalement, dans la clinique des adolescents commettant des agirs violents, l’expulsion du trop à contenir produit un « réchauffement », alimente l’excitation psychique et intersubjective.
  • [5]
    Intrapsychique, intersubjectif et transsubjectif.
  • [6]
    En écho au titre de l’édition française d’un recueil de textes posthumes (1986) de D.W. Winnicott. Le titre orignal, intraduisible selon l’éditeur J.-P. Pontalis est Home is where we start from, repris du poème de T. S. Eliot en épigraphe. La traduction littérale pourrait être : « la maison est l’endroit d’où nous démarrons », évocation des liens de filiation. Conversations ordinaires est choisi en accord avec les éditeurs anglais, reflet de la posture clinique de D.W. Winnicott : « […] converser sur un mode simple, qui n’exclut pas la complexité de la pensée mais exige l’humour et le franc-parler, avec tout un chacun, à commencer par celle qu’il appelait les « mères ordinaires »» (Pontalis, 1988, note de l’éditeur).
  • [7]
    Anne-Claire Dobrzynski.
  • [8]
    Solange est placée tout en étant maintenue au domicile d’un membre de sa famille élargie, compte tenu de son refus de se rendre sur son lieu de placement.
  • [9]
    Rencontre transdisciplinaire en tout petit groupe, rencontre interinstitutionnelle en grand groupe. Ces modalités ne sont pas exhaustives.

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