Topique 2013/1 n° 122

Couverture de TOP_122

Article de revue

La lecture des émotions et le comportement violent cartographié dans le cerveau

Pages 135 à 152

Notes

  • [1]
    Article traduit par Noémi Schwab ; psychologue ; DEA en psychanalyse à l’Université Paris-7 Diderot. “Article traduit par Noémi Schwab...” Texte original ARREGUY, M. E. “Leitura das emoções e o comportamento violento mapeado no cérebro”. Revista Physis. V.20, n.4. Rio de Janeiro : UERJ, 2010. Disponible sur l'Internet : http://www.scielo.br/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0103-73312010000400011&lng=pt&nrm=iso&tlng=pt (...)
  • [2]
    Phrase citée par la neuroscientifique Suzana Herculano Houzel, lors du congrès « Neurosciences et société contemporaine », 2006, PEPAS/IMS/UERJ ; Voir aussi : (Houzel, 2002).
  • [3]
    Reportage de couverture, “The mind is what your brain does”. National Geographic, 2005. Voir aussi les études d’Ortega (2006), et les travaux de recherches du PEPAS (Programa de Estudos e Pesquisas sobre a Ação do Sujeito).
  • [4]
    Reportage de couverture, “La neurobiologie de la violence”. Revista Viver, Mente e Cérebro (Revue Vivre, esprit et cerveau) Anée XIV, n.166, 2006.
  • [5]
    Voir aussi les commentaires d’André Green dans la revue publiée par la société de psychanalyse de Porto Alegre en 2004 (qui d’ailleurs mérite une révision du texte étant donnée l’importance du contenu). Accès sur internet en (17/10/2004) : http://www.sppa.org.br/entrevista.php?id_entrevista=6
  • [6]
    Traduction personnelle de l’original (Raine, 2004) : New research is now showing that genetic and biological factors play an equal, if not greater, role than social factors in crime causation.
  • [7]
    Traduction personnelle de l’original : (…) the cause of violence is multifactorial, and a simple correlation between brain dysfunction and a violent act is rarely possible. Violence occurs in a social context, and other concurrent factors such as emotional stress, poverty, crowding, alcohol and other drugs, child abuse, and social desintegration of the family are often envolved (…) neurologic identification of brain lesions is imperfect given the limitations of diagnostic classifications, the neurologic examination, neuroimaging technologies, neuropsychological assessement (…) some sample populations such as prisoners or those with severe neurologic or psychiatric illness are necessarily based on those violent persons (…) leaving undetected other violent individuals. (Filley et al., 2001, p. 3).
  • [8]
    Traduction personnelle : In future studies an integrative rather than a reductionist approach is required which could be achieved by multimodal assessments (e.g. structure and function by neuroimaging, information processing and cognitive abnormalities by neuropsychological and electrophysiology) of a variety of populations implicated in aggression and violence.
  • [9]
    Traduction personnelle : If we really want to stop crime, the best investment society can make is to intervene very early on. Better prenatal and perinatal health care, better nutrition early in life, and medication for severely aggressive children can be implemented right now. The next decade will reveal new discoveries regarding specific genes that cause violent behaviour, and these findings could result in new drugs to correct the neurotransmitter brain abnormalities that cause violence (sem nº pág.).
  • [10]
    Je me base sur la synthèse des idées discutées lors des cours de Neurosciences et Société Contemporaine, administrés par Benilton Bezerra et Francisco Ortega, de 2004 à 2008, Institut de Médecine Sociale / Université de l’État du Rio de Janeiro / Brésil.
  • [11]
    Texte original : One would hope that the excitement and success of current biology would rekindle the investigative curiosities of the psychoanalytic community and that a unified discipline of neurobiology, cognitive psychology, and psychoanalysis would forge a new and deeper understanding of mind. (Kandel, 1999, p. 552).

1 La conception selon laquelle « tous les chemins mènent au cerveau [2] » se traduit dans les médias de masse par les explications biologiques constantes autour du mal être contemporain, qui par exemple affirment de manière catégorique que : The mind is what your brain does[3], ou en ce qui concerne plus spécifiquement les tentatives d’explications des comportements violents, il existe des manchettes du type : Lieu du crime : le cerveau[4]. Il prolifère de nombreux reportages dans des revues destinées à un public novice, présentant les fonctions biologiques du cerveau au premier plan de toutes les fonctions les plus diverses de la vie humaine, créant d’une certaine manière une idéologie du cerveau. De fait, sans le cerveau, nos potentiels humains ne seraient pas réalisés. Il ne s’agit pas ici d’une critique portée sur le dualisme ingénu, supposant que les aspects organiques et subjectifs, ou encore cérébraux et psychiques puissent « se distinguer chirurgicalement l’un de l’autre ». Cependant, il est prudent de reconnaître que ce sont deux manifestations différentes du corps humain. La hiérarchisation du cerveau comme objet empirique d’étude privilégié dans la détermination des conduites risque de disqualifier l’ineffable de l’ensemble des phénomènes psychiques subjectifs, ainsi que le rôle des facteurs sociaux dans l’origine des attitudes violentes.

2 Avec les avancées de la pharmacologie depuis le XXe siècle, nous pouvons dire que toute sorte de perte de contrôle émotionnel est dorénavant considérée comme trouble neurophysiologique, et se traite par des médicaments, étant donné l’infinité de substances psychoactives qui ont surgi sur le marché (Roudinesco, 1998). Si d’un côté le développement de la psychiatrie biologique a permis une avancée dans les pratiques et une réelle amélioration dans la vie des sujets souffrant de troubles mentaux sévères, de l’autre a surgi une sorte d’ « aliénation » psychique massive du sujet commun, qui a souvent fait l’usage de psycho-pharmaceutiques pour se débarrasser des petits maux de la vie quotidienne, s’exonérant de toute responsabilité relative à son mal être (Roudinesco, 1998).

3 La « cause » de tout mal et bien-être est donc devenue exclusivement liée au cerveau, dans ses fonctions et dysfonctions.

4 L’avancée croissante de la biotechnologie et particulièrement des techniques de « scannerisation » et de visualisation du cerveau (tomographie par émission de positons, résonnance magnétique, scannerisation fonctionnelle, etc.), produisant des images du cerveau chaque fois plus détaillées, a conduit à ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui le paradigme du sujet cérébral (Vidal, 2003 ; Ortega, 2006). Ce paradigme a permis de grandes avancées dans le champ de la santé, mais attribue parfois de manière interventionniste et réductionniste une responsabilité au cerveau qui amène à occulter la subjectivité extrêmement complexe du sujet humain. Cela rappelle certains aspects des hypothèses de la phrénologie (Gould, 1981), selon laquelle la mensuration du crâne des criminels constituait un critère de définition objective de l’origine des conduites criminelles.

AVATAR DU STIGMATE DE LA VIOLENCE DANS LE CERVEAU

5 La phrénologie et la physionomie du XIXe siècle (Twine, 2002 ; Mérida, 2009) précède l’éclosion du paradigme du « sujet cérébral » et la découverte du locus des émotions dans le cerveau (Damasio, 1993, 2003). Les Allemands Franz Joseph Gall puis plus tard son disciple Johann Gaspar Spurzheim ont fondé la phrénologie, avec le postulat selon lequel la forme de la boîte crânienne, sa taille et ses protubérances étaient liées à des aspects de la personnalité de l’individu. Gall a insisté sur les conditions innées du caractère criminel de l’homme, puis Spurzheim est allé jusqu’à mesurer les têtes des criminels qui se trouvaient en prison, n’ayant pourtant pas obtenu de succès dans ses démonstrations (Renneville, 2000). De fait, le XIXe siècle a été un moment critique au cours duquel il s’est construit une logique psychiatrique et organiciste de la figure du monstre moral, bien décrite par Foucault (1974-5) dans son séminaire sur Les anormaux auquel je fais seulement référence ici.

6 Le corps psychiatrique, principalement soutenu par Bénédict Morel (1809- 1973), préconisait d’évaluer la conformation et la description des attitudes déviantes et des comportements bizarres dans l’enfance afin de les contrôler et les cataloguer. Celui-ci associait avec véhémence la folie avec la délinquance et le crime. Sous prétexte de « défendre la société », la vie est donc devenue de plus en plus surveillée, l’intérêt étant de définir et d’isoler les fous ou les criminels potentiels. Ont surgi ensuite les théories de Lombroso (1876) sur le criminel né, qui pour beaucoup n’ont pas été approuvées par les conceptions contemporaines sur la criminalité (Cusson, 1998 ; Baratta, 2002 ; Rauter, 2003 ; Gassin, 2003). Ce qui est apparu dans le discours de l’anthropologie criminelle comme étant une « tare héréditaire » déterminante de la criminalité a donc été largement critiqué au XXe siècle, du fait de la fonction de ségrégation et de séquestration sociale auquel il a donnée lieu (Foucault, 1975 ; 1974-5). En effet, ce discours stigmatisait des « types sociaux » tels que les noirs, les prostituées, les pauvres et les marginaux en général, en les désignant comme sujets criminels de conformation innée, conformation qui selon Lombroso était presque directement liée à la physionomie des individus concernés.

7 Au XXIesiècle, la personnalité du sujet ne s’évalue alors plus en dehors mais à l’intérieur de la tête du sujet, au niveau des variations de flux de neurotransmetteurs dans des régions déterminées de son cerveau. En ce sens, nous pouvons qualifier cette nouvelle approche de « lombrosionisme » réédité par des concepts hyper-simplifiés [5] lorsqu’il s’agit de la complexité d’un crime. Ce qui autrefois dans le visage du criminel était le signe d’une « dégénérescence héréditaire » selon Lombroso (1876) dans l’homme criminel se situe aujourd’hui à un niveau micro-anatomique, puisque ce sont des micro fonctions neuronales qui sont dites responsables du comportement violent. Plus encore, les théories neuropsychologiques sont capables de détecter un criminel potentiel avant même que le crime n’ait lieu, méthode bien illustrée dans le film Minority report (dir. : Steven Spielberg, 2002). Il s’agit donc d’établir une conformation neuronale du criminel, ou bien rétroactivement de « justifier » son crime.

8 La criminalité étudiée comme base du comportement criminel individuel est à nouveau l’objet d’investigation scientifique et fonde les hypothèses neurologiques qui justifient son étiologie. En dehors du fait que l’importance des avancées actuelles en neurosciences soit reconnue, il est nécessaire d’observer les vicissitudes de la construction d’un savoir hégémonique, en particulier lorsqu’il s’agit des conduites transgressives et du crime.

9 Nous n’entrerons pas ici dans le labyrinthe philosophique de la relation corps-esprit, mais il faut noter qu’aucune discipline académique ne peut collecter à elle seule le titre de détenteur de la vérité (Rorty, 1979). L’appropriation directe des savoirs et pratiques neuroscientifiques dans les champs de la criminologie, de la santé publique et de l’éducation peut donc constituer un apport, mais aussi un danger en ce qui les concerne.

L’IMPACT DES DÉCOUVERTES SUR LE « CERVEAU ÉMOTIONNEL » ET LE LOBE PRÉ-FRONTAL

10 Reprenant les découvertes de Papez sur l’anatomie cérébrale en lien avec l’urgence des émotions, Lotstra (2002) affirme :

11 Papez émet l’hypothèse selon laquelle un circuit en boucle composé de différentes structures anatomiques et situé sur la partie médiane du cerveau (le système lymbique) serait le siège des émotions. Cette spéculation paraît suffisamment audacieuse et brillante pour être citée aujourd’hui dans les chapitres des traités de neuroanatomie abordant le sujet.

12 Dès lors, plusieurs auteurs comme Damasio (1994, 2003) ou Almada (2009) suivent cette direction en publiant des études acclamées par la communauté académique et divulguées massivement par les médias. Un des problèmes concernant ces positionnements enthousiastes face aux découvertes sur le « cerveau émotionnel » (Ledoux, 1996 ; Almada, 2009) se situe dans la mesure où celles-ci promettent une réponse définitive aux conflits émotionnels humains.

13 Il existe une série d’études qui cherche à localiser dans le code génétique ou bien dans les failles fonctionnelles du système lymbique et du lobe pré-frontal les causes du comportement criminel ou anti-social (Filley et al., 2001 ; Raine, 1994, 2000, 2004 ; Damasio, 1994 ; Brower & Price, 2001 ; Kulynych, 1996 ; Katz, 1998 ; Das et al., 2002). Adrian Raine (2004), un des principaux chercheurs qui a associé la violence criminelle au fonctionnement cérébral, affirme catégoriquement dans une interview pour la BBC : La recherche innovatrice vient montrer qu’actuellement, les facteurs génétiques et biologiques jouent un rôle égal sinon plus grand que les facteurs sociaux dans les causes des crimes[6].

14 En 1994, le neuroscientifique reconnu Antonio Damasio établit des relations entre le manque de contrôle émotionnel, l’anomalie dans le processus de prise de décision (décisions considérées comme socialement acceptables), et des lésions dans le lobe pré-frontal, en créant des « marqueurs somatiques » du comportement anti-social. Ces travaux ont alors une grande répercussion dans la communauté scientifique. En réalité, la plus grande partie des études qui associent le comportement violent aux lésions et aux dysfonctions cérébrales est basée sur l’histoire de l’américain Phineas Gage qui date du milieu du XIXe siècle. À la suite d’une explosion alors qu’il travaillait à la construction d’une voie ferrée, ce dernier a reçu une barre de métal qui lui a traversé le crâne. Cet homme était considéré comme travailleur, fidèle à ses engagements et honorable mais à la suite de l’accident, Gage s’est mis à boire, a abandonné sa famille et s’est transformé en attraction de cirque. Il a ensuite été interprété que la lésion dans la région orbitale du lobe pré-frontal de son cerveau était responsable des transformations de son comportement (Damasio, 1994). À partir de là, une série d’études expérimentales a été développée au cours du XXesiècle, associant des lésions de cette même région orbitale (dorso-latérale et ventro-médiane) du cortex pré-frontal au comportement anti-social et violent de P. Gage. Antonio Damasio (1994) a alors cherché exclusivement des sujets ayant des lésions dans cette région, et bien qu’il ait trouvé beaucoup de résultats à propos du rôle du lobe pré-frontal dans le déclenchement de l’émotion violente, ce dernier n’a jamais pu établir de relation directe entre ces lésions et l’acte criminel.

15 Le chercheur américain Adriane Raine (1994) usant des hypothèses de base similaires est devenu un des plus grands spécialistes de la neuropsychologie de la violence. À partir d’études basées sur des sujets condamnés à la suite d’un crime, celui-ci a cartographié les caractéristiques d’un supposé « cerveau criminel », et établi plusieurs relations entre les troubles psychopathologiques et la tendance aux attitudes violentes. Il a été révélé que le manque de neurotransmetteurs comme la sérotonine (inhibiteur de l’agressivité) et l’excès de norepinefrine (facilitant l’agression) seraient liés au surgissement de la violence (Filley et al., 2001, p. 6), et que la réduction de 11% de l’épaisseur du cortex cérébral des criminels témoignerait du fait que « les mauvais cerveaux donnent lieu à de mauvais comportements » (Raine, 2000 ; 2004). Liu & Wuerker affirment également suite à une étude en 2004 que les modifications génétiques, les facteurs pré-nataux et les soins maternels amèneraient à des actes violents à l’adolescence, etc. D’autres recherches neuroscientifiques ont également associé l’éclosion d’épisodes de violence aux troubles mentaux sévères, qui s’étendent sur une gamme couvrant l’hystérie, la schizophrénie, les troubles schizotypiques, les altérations de l’humeur, les troubles affectifs ou encore l’hyperactivité et l’épilepsie (Filley et al., 2001), mais principalement les troubles de la personnalité anti-sociale et la psychopathie (Raine, 2004 ; 2008).

16 Il y a cependant des contestations importantes à propos du caractère direct du lien établi entre les troubles mentaux comme la schizophrénie et la propension à la violence (Gattaz, 1998 ; Brower & Price, 2001).

17 Il est également important de noter qu’aucun des résultats de ces recherches n’est pris en compte comme étant absolument conclusif (Filley et al., 2001 ; Gregory, 2004), et que certains chercheurs mettent toujours en valeur l’interaction fifty-fifty avec les influences de l’environnement dans le surgissement de la violence. Une série d’advertances à ce sujet dans la Conférence Neurocomportementale de Aspen (Filley et a.l., 2001) sont citées :

18 (…) la cause de violence est multifactorielle, et une corrélation simple entre une dysfonction cérébrale et un acte violent est rarement possible. La violence apparaît dans un contexte social, et d’autres facteurs concourants comme le stress émotionnel, la pauvreté, la surpopulation, l’alcool et autres drogues, l’abus infantile et la désintégration sociale des familles sont très souvent impliqués (…) l’identification neurologique des lésions dans le cerveau est imparfaite (…) certains échantillons de populations de prisonniers ou de maladies psychiatriques sévères ne sont pas nécessairement fondés sur des personnes violentes (…) laissant de côté d’autres personnes [potentiellement] violentes [7].

19 Le point commun entre ces articles est qu’ils abordent peu ou pas les définitions des affects et des passions, se référant seulement aux émotions dans le cerveau. Il n’y a pas de place pour les subtilités ni pour les variations des émotions. Malgré les nombreux scientifiques qui reconnaissent l’importance des facteurs sociaux et subjectifs, d’autres affirment que : Dans les futures études, au lieu d’une approche réductionniste il faudrait une approche intégrative qui pourrait être réalisée à partir d’un protocole multimodal (p.e.: structure et fonction par la neuro-image, processus d’information et d’anormalités cognitives par la neuropsychologie et l’éléctrophysiologie), d’un spectre de population impliquée dans l’agression et la violence (Das et al., 2002, p. 608)[8]. Raine (2004) de son côté est encore plus ambitieux, supposant que : Si nous souhaitons réellement en finir avec le crime, le meilleur investissement que la société puisse faire est intervenir tôt. Meilleurs seront les soins pré-nataux et nataux, meilleure sera la nutrition dans la tendre enfance et plus tôt le traitement pour les enfants sévèrement agressifs pourra être mis en place. La prochaine décennie révèlera nos nouvelles découvertes en ce qui concerne les gènes spécifiques qui sont à l’origine d’un comportement violent, et ces trouvailles pourront aboutir à de nouvelles méthodes pour corriger les anomalies dans la neurotransmission cérébrale qui cause la violence (mes griefs) [9]. De telles informations ne mentionnent pourtant rien à propos du sujet lui-même et de son histoire, des raisons et du contexte qui ont provoqué son attitude ou de sa conduite anti-sociale, infractionnelle ou criminelle, et présentent d’une certaine manière l’enfance comme un objet d’investigation et de doute devant être traité le plus vite possible.

20 Les images sur lesquelles sont basées les études de neurophysiologie des émotions sont aussi interprétées de manière approximative par les médecins et les scientifiques, ce qui confère à ces propositions un caractère confus. Le fait de définir le locus cérébral du crime « n’est pas une condition suffisante » pour expliquer la criminalité, « encore que cela puisse être une condition nécessaire » [10]. La visualisation de la fonction cérébrale à travers des mesures de flux sanguin ou de neuroendocrine peut être interprétée de diverses manières, sans qu’il doive nécessairement être prouvé une relation de cause à effet, mais plutôt des formes de percevoir et d’agir des expressions de mode idiosyncratique, pour chacun dans des contextes spécifiques.

21 Il est évident que les découvertes faites par la neurophysiologie des émotions permettent de mettre en place des alternatives de cure comme la réhabilitation comportementale, neurochirurgienne, ou encore les traitements médicamenteux, mais on ne peut pas laisser de côté les implications éthiques engendrées par l’appropriation du savoir sur les émotions liées au comportement violent et au crime par les neuroscientifiques. Dans un article critique à propos de l’usage des résultats de l’imagerie cérébrale, Morse (1996) affirme qu’il existe aujourd’hui un Syndrome d’hyper affectation cérébrale (Brain Overclaim Syndrome – BOS). Selon lui on ne devrait pas prendre en compte comme base des examens cérébraux des arguments qui réfutent la responsabilité criminelle, aussi avancés qu’ils soient. L’auteur affirme aussi que le droit criminel ne peut se baser seulement sur la relation établie entre les faits, les comportements et les normes qui régissent les délits et les crimes, et que la justice ne devrait pas considérer les hypothèses expérimentales sur les mécanismes cérébraux comme étant des preuves. Le statut de l’examen criminel psychiatrique traditionnel déjà durement critiqué (p.e. : Lacan, 1950), du fait d’attester ou de prédire la « dangerosité » de qui que ce soit, est une tâche transcendantale donc impossible à réaliser dans la sphère scientifique. Certains juges et criminologues (Gassin, 2003) se montrent réceptifs à l’usage des technologies de neuro-images dans l’analyse des crimes en général, et particulièrement des crimes passionnels (Castex, 1999). Ces technologies peuvent être très utiles dans les domaines du soin et de la santé, mais il est nécessaire d’en user avec prudence, étant donné les implications éthiques que les interventions mettent en jeu. Dans un avenir proche, Raine (2004) a prévu des interventions chirurgicales chez les prisonniers pour pouvoir repérer les circuits neuronaux qui jouent un rôle dans la violence. Serait-ce une proposition plausible que de vouloir prévenir et d’éviter la récidive ?

22 Il faut maintenant agir pour éviter de réduire les affects et les injonctions qui mènent au crime à une « image neuronale », au premier abord surprenante mais pourtant approximative, car elle ne représente en effet qu’une manière de comprendre la motivation criminelle, étant donné la condition inépuisable des affects humains et la violence intrinsèque à la vie en société (Freud, 1929). Les découvertes de la localisation et du fonctionnement neurologique des émotions ne doivent pas les réduire à des images données d’un mécanisme cortical. Selon le philosophe Fransisco Ortega (2006) : Ces images constituent des évidences socio-techniques, ceci étant, leur fonction est de produire une apparence d’authenticité et d’immédiateté qui ne laissent pas place au doute, mais qui en réalité occultent et déplacent souvent par l’accueil enthousiaste des nouvelles technologies – les contextes et présupposés socio-culturels et économiques sur lesquels elles se reposent (p. 97, mes griefs). En effet, l’oscillation émotionnelle et sa transformation en comportement violent est toujours tributaire d’un processus socio-historique et des relations subjectives auquel le corps répond.

NEUROSCIENCES ET ÉTHIQUE EN RECHERCHE

23 Il arrive de rencontrer une vision critique de la neuropsychologie de la criminalité au sein même du métier de neuroscientifique comme chez Maturana (1995), Lostra (2002) et Varela (1995). Ces auteurs constituent un contrepoint au savoir neuroscientifique hégémonique, et critiquent ce que Bezerra (2000) nomme « projet fort » des neurosciences, en se référant à une posture « matérialiste réductionniste » qui subordonne les aspects au processus strictement biologique. D’un autre côté, des auteurs comme Katz (1998) parient sur un modèle bidirectionnel, ce qui veut dire que les sciences sociales et humaines s’associeraient au modèle neuroscientifique dans la production d’un savoir unifié à propos de la criminalité. Serait-il possible de produire une résultante commune à partir de méthodologies si distinctes ?

24 La conviction selon laquelle les disciplines biologiques sont extrêmement importantes dans la construction des théories de l’esprit est partagée par une grande partie de la communauté psychanalytique, mais les réductions théoriques sont parfois accompagnées de « réductions méthodologiques » qui peuvent se montrer anti-éthiques ou provoquer des conséquences nocives, comme la souffrance humaine ou animale. Sous prétexte de vouloir produire des médicaments, les expériences réalisées soumettent des populations, en général non informées ou sans autre alternative possible d’agir, face au test et à la vente indiscriminée de ces médicaments, dont on ne connaît pas toujours bien les effets.

25 Lorsqu’il s’agit de recherche à propos de la criminalité, le problème est encore plus grave qu’en ce qui concerne la médecine en général : il s’agit non seulement d’étudier le cerveau d’un criminel à l’aide de technologies et d’imagerie cérébrale de pointe, mais cette recherche se fait à l’intérieur même de la tête du sujet. Cette question déjà évoquée par certains chercheurs américains (Raine, 2000) a généré une grande polémique au Brésil comme nous allons le voir. Les chercheurs de Université Catholique de Rio Grande do Sul (PUC-RS), dirigés par le professeur Jader Costa Dacosta, et ceux de l’université Fédérale de Rio Grande do Sul (UFRGS) dirigés par le généticien Renato Zamora Flores se sont proposés d’étudier le cerveau de cinquante jeunes criminels ayant entre 15 et 21 ans, détenus à la Fondation de soin socio-éducative, l’ancienne « FEBEM » de Porto Alegre (Pinto Neto, 2008 ; Santellano, 2008). Le cerveau de ces jeunes serait « scanné » alors qu’ils assisteraient à des scènes de violence, de façon à évaluer si les caractéristiques neuro-fonctionnelles seraient altérées de la même manière chez tous les criminels. Comment ferait-on alors pour visualiser des images du cerveau lors de réelles scènes de violence ? Dans quelle mesure serait-il possible d’éliminer les « variables intervenantes » pour produire des corrélations entre les anomalies dans le cerveau, les conformations neuronales et le comportement violent ?

26 Par crainte de stigmatiser encore plus les adolescents choisis comme objets de recherche, le Conseil Fédéral de Psychologie au Brésil a sévèrement critiqué cette étude, la soumettant à des sanctions, publiant inclusivement une lettre de répudiation qui eut une ample répercussion dans les médias (CRP, 2008). Malgré les règles interdisant les abus lors de ces recherches, aucune pourtant n’empêche leur réalisation. Les questionnements qui surgissent alors se situent au niveau des répercussions subjectives et sociales qu’auraient ces recherches, étant donné la délicatesse de l’objectif visé. En ce sens, Nikolas Rose (2010) présente une analyse détaillée de la construction historique des politiques de « risque » fondamentales dans la prévention, la précaution et le contrôle de la violence. Si autrefois la société disciplinée et l’hygiène avaient la prétention de « soigner et guérir », à partir de la logique décrite par Foucault (1975) par la métaphore « surveiller et punir », selon Rose (2010), aujourd’hui, la proposition dominante est de vouloir détecter, prévoir et prévenir, « scanner et intervenir », de manière à protéger la société contre l’abstraite et intolérable menace que constitue celle de la violence. Cet auteur liste également d’innombrables imprécisions en ce qui concerne les corrélations génétiques et neurologiques faites par les techniques de neuro-images. Par exemple lorsqu’un pourcentage du groupe expérimental ne présente pas d’altérations dans l’anatomie ou dans les fonctions cérébrales en rapport avec le comportement violent, et surtout lorsque ces altérations sont présentes dans le groupe contrôle lui-même (Rose, 2005 ; 2010).

27 Au Brésil comme nous l’avons mentionné plus haut, l’idée de scanner des cerveaux d’adolescents en infraction a généré une grande polémique, surtout car ces adolescents souffrent pour la plupart de privations socio-affectives très importantes. Les critiques du Conseil de Psychologie et d’autres entités civiles ont pour origine l’analyse du processus historique d’exclusion des mineurs (pauvres, noirs, femmes, enfants, fous, malades, vieux), processus qui a surgi depuis la constitution de la Médecine Sociale en Europe au XVIIesiècle (Foucault, 2000), jusqu’à la consolidation des pratiques hygiénistes dans les anciennes colonies du XIXeet XXesiècle, et qui a donné lieu à une politique de ségrégation sociale « importée ».

28 Prenant en considération la plasticité neuronale et les nombreuses et inégales interactions entre le corps et l’esprit, il est impossible d’ignorer que le contexte du sujet pris par la situation expérimentale puisse altérer ses fonctions neuro-chimiques. Au final, seraient-ce les lésions cérébrales, les malformations neuro-anatomiques ou les dysfonctions neurophysiologiques la cause ou bien la conséquence d’une vie passée dans la criminalité ? Comment parvenir à discerner une chose de l’autre ?

29 Cette proposition expérimentale réveille la polémique épineuse qui implique un vieux fantasme de biopouvoir (Foucault, 2000) : l’idée d’un « danger biologique » des politiques de risque (Carvalho, 2005). Il s’agit de l’investigation d’une supposée tendance criminelle inscrite dans la chair, ou mieux, dans le cerveau du sujet. Le problème ne réside pas dans le fait d’essayer de comprendre les fonctions biologiques (Bower & Price, 2001 ; Das et al., 2002) ou dites « toxiques » (p.e. : Van Winkle, 2000) liées au surgissement des comportements agressifs. Vouloir empêcher les recherches scientifiques serait justement de l’ordre d’un nouvel obscurantisme. Les recherches biotechnologiques de pointe sont pourtant parfois associées à des « politiques de peur » et d’exclusion (Batista, 2003 ; Salo de Carvalho, 2005 ; Coimbra, 2001).

30 L’affect et les émotions sont irréductibles aux formes visibles de la corporéité étudiées dans un contexte expérimental. La relation entre le corps et l’esprit est bien moins exacte que ce que nombreux chercheurs aimeraient croire, et vouloir délimiter objectivement la dynamique des passions humaines est une manière de figer en images expérimentales ce qui est de l’ordre de la spontanéité, de l’imprévisible, et donc d’occulter le sens de ces passions. Faire du cerveau l’ultime réponse aux motivations qui amènent au crime constitue un choix déjà connu et qui, en rejouant le désir d’éliminer tout ce qui se montre comme abject dans l’acte criminel, persiste à revenir sur la scène culturelle.

NEUROSCIENCES ET PSYCHANALYSE

31 Il existe aujourd’hui une tendance à la relecture des fondamentaux freudiens, qui permet d’appuyer les hypothèses neuroscientifiques comme le préconise Mark Solms (Nogueira, 2004 ; Gamwell & Solms, 2008). Il s’agit d’un mouvement « pendulaire » qui cherche à faire renaître un discours neuroscientifique à travers une lecture des textes freudiens, principalement ceux qui font partie de l’Esquisse d’une psychologie scientifique (Freud, 1895).

32 Réaliser des discussions interdisciplinaires n’a rien à voir avec le fait de vouloir supprimer les divergences entre les savoirs, comme le propose le projet de transformation des sociétés psychanalytiques en laboratoires neuro-expérimentaux (Kandel, 1999). Cette croyance en la construction d’une méthode nouvelle et technologique pour la psychanalyse, avec la conjonction des savoirs – neurosciences, psychologie cognitive et psychanalyse – en une seule et même science peut constituer une sorte de « pensée unique », à l’intérieur de laquelle les différences de chacun des savoirs sont cooptées et réduites à néant. Conformément à ce que Eric Kandel (1999), le prix Nobel acclamé suppose : Nous pourrions espérer que la projection et le succès actuels de la biologie réaniment les curiosités investigatrices de la communauté psychanalytique et qu’une discipline unifiée de neurobiologie, psychologie cognitive et psychanalyse forge une compréhension nouvelle et plus profonde de l’esprit (p. 522, ma traduction) [11].

33 La présence dans les hôpitaux de psychanalystes, prisons, jurys et autres institutions peut se faire en interaction avec les autres savoirs. Aucun de ces savoirs ne doit cependant se mettre en position de subordination par rapport à un autre, comme il arrive parfois en pratique. Si l’éthique de la psychanalyse ne recommande pas de supprimer les méthodes de soins utilisées dans les hôpitaux, d’abolir les fonctions de la loi, ou de se placer en rôle de juge, accusant ou défendant lors d’interventions dans le champ juridique, inversement, les autres secteurs scientifiques ne devraient pas proposer une méthode unifiée à un savoir qui tente justement de préserver ses spécificités. Le travail par la parole et l’écoute a permis d’éviter la prolifération des méthodes prévisibles, dont les interventions sont presque exclusivement basées sur des stratégies hyper-technologiques, pharmacologiques et industrielles. En effet, comme l’affirme le psychanalyste Renato Mezan (2006) après réflexion sur le caractère ontologique de la recherche en psychanalyse : Si la psyché constitue un mode d’être particulier à chacun, la méthode expérimentale peut être singulièrement inadéquate à cet objet spécifique. Nous pouvons ajouter qu’indépendamment d’une filiation scientifique au modèle des hard sciences il est raisonnable de modérer le fétichisme de la quantification, car tout ne peut pas être réduit à l’objectivité. En effet, la dimension singulière de l’écoute clinique est irréductible à un protocole expérimental, les autres savoirs produisant également des connaissances valides et utiles à travers l’étude systématique de la subjectivité, envisageant son caractère affectif, instructif, inventif, créatif et sublimatoire.

34 Le caractère langagier des constructions psychanalytiques est essentiel à la compréhension du sujet dans sa subjectivité, cependant, ceci n’exclut pas l’interdépendance de la production de sens par le langage avec le corps biologique, qui légitime le sens qui lui est attribué. Curieusement, nous pouvons constater que les premières critiques de Freud, au-delà des arguments construits autour du mal entendu à propos du caractère pan-sexualiste de sa théorie, étaient essentiellement basées sur une « physiologie de la pulsion » (Laplanche, 1992). L’aspect positiviste et fonctionnaliste dans la théorie freudienne est donc déjà connu, mais ceci ne réduit pas l’importance de l’inventivité introduite par la « cure par la parole ». La « vérité » construite en analyse est une réalité psychique ancrée à travers le langage dans le corps pulsionnel, tout en admettant qu’il s’agit d’une réalité peu « palpable », dynamique et toujours sujette à des changements, car le corps organique lui-même est éphémère, dynamique et en constante transformation. Les images visibles sur un écran et qui rendent compte d’un corps en conditions expérimentales ne paraissent donc pas suffisamment crédibles face à la complexité du corps érogène en action.

CONSIDÉRATIONS FINALES

35 Penser la condition éphémère de l’homme dans la constitution même de sa chair, ou penser son espace psychique dans des conditions phénoménologiques données lorsque l’on traite de l’étiologie de la violence (Bergson, 1896 ; Merleau-Ponty, M., 1945) dépasse certainement la notion de sujet isolé ou d’un cerveau essentiellement criminel (Maturana, 1995). En analysant les situations de violence subjective, il est impératif d’envisager les influences sociales, dans la mesure où ce sont elles qui, au-delà des bases biologiques, fondent le psychisme et conditionnent les propres connexions neuronales. L’« apparat » psychique est inter-subjectif par excellence, et mêmes les neurobiologistes les plus sceptiques admettent le caractère indissociable des aspects bio-psychosociaux de l’être humain, incluant les vicissitudes inconscientes refoulées.

36 Conformément aux éclaircissements de Maturana (1995), le corps violent s’est constitué dans le cadre d’un processus d’autopoiesis à travers un « mode d’être » qui dépend de manière invariable de l’interaction, c’est-à-dire d’un mode de vie. Cette perspective interactionniste existait déjà dans les lignes et interlignes du texte freudien (Freud, 1915), en plus d’être apparu avec véhémence entre les théories constructivistes. Une fois le sujet immergé dans les relations humaines basées sur un langage affectif complexe, son inconscient reproduit les conflits et les expectatives rencontrées dans sa relation avec ses parents, sa fratrie et toutes les autres figures identificatoires avec qui il vient se confronter. Il est également le fruit du milieu culturel dans lequel il a baigné, et dont les influences directes et indirectes sont extrêmement importantes. De cette façon, changer le caractère violent du psychisme en caractère tendre ou inversement dépend de la forme dont le sujet est parlé, c’est -à-dire dépend des interventions discursives qui déterminent sa conscience et surtout son inconscient. De plus, ceci dépend des qualités des « rencontres » qu’il fait. Si aucun psychanalyste ne peut se passer de reconnaître l’interprétation des facteurs biologiques comme réalité historique du cas qu’il analyse, les neuroscientifiques sont censés faire la même chose en relation aux injonctions psychiques et sociales des cerveaux qui apparaissent de manière précise et détaillée dans leurs outils de neuro-images.

37 Il est évident que le subjectivisme inconséquent peut nuire à l’avancée des politiques de santé autant qu’un « éliminativisme » naturaliste. Lorsque il s’agit de psychopathologie, du perturbateur, du tragique et du violent dans la sphère individuelle, c’est l’échange inter-subjectif, le transfert des affects à travers le fait d’écouter et d’analyser, de raconter et d’adresser qui viennent rendre compte des modifications, autant dans le corps que dans l’action. De fait, comme il se dit dans la psychanalyse que tout est sexuel, affirmer que les émotions et la violence sont le résultat du manque ou de l’excès de substances neurotransmetteurs comme la sérotonine ou la dopamine est une manière de soutenir les réductionnismes obtus qui prennent leur source dans les techniques connues sous le nom de biopouvoir (Foucault, 2000). Les affects inter-subjectifs, les échanges linguistiques, les passions et les pulsions humaines (Freud, 1920) sont liées au corps par une relation complexe, et en particulier à l’autre, au socius et aux productions neurophysiologiques du cerveau. Admettant cela il faut prendre beaucoup de précautions avant de soutenir des affirmations exclusives qui établissent une relation de cause à effet entre le comportement violent et la biologie des émotions dans le cerveau. Serait-il réellement possible à l’avenir d’éliminer la violence grâce à des interventions discrètes réalisées dans le cerveau ?

38 La tendance à l’agression ou à la violence « vue » à travers les techniques d’imagerie cérébrale a pour coutume d’être associée aux failles « localisables » de l’anatomie et/ou du « fonctionnement » de certaines régions déterminées du cerveau. Cependant, la violence émotionnelle dépend nécessairement du type d’interaction du sujet avec le contexte qui l’entoure au moment de l’infraction, du délit ou du crime, contexte prenant en compte sa souffrance subjective, mais aussi évidemment son histoire de vie. Aussi, au-delà du flux de neurotransmetteurs dans le cerveau, les effets de la parole sur le corps doivent être profondément connus pour pouvoir prétendre maîtriser l’agressivité humaine lorsque celle si devient violente et disproportionnée.

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Mots-clés éditeurs : Neurosciences, Émotions, Comportement violent, Psychanalyse, Cerveau

Mise en ligne 22/07/2013

https://doi.org/10.3917/top.122.0135

Notes

  • [1]
    Article traduit par Noémi Schwab ; psychologue ; DEA en psychanalyse à l’Université Paris-7 Diderot. “Article traduit par Noémi Schwab...” Texte original ARREGUY, M. E. “Leitura das emoções e o comportamento violento mapeado no cérebro”. Revista Physis. V.20, n.4. Rio de Janeiro : UERJ, 2010. Disponible sur l'Internet : http://www.scielo.br/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0103-73312010000400011&lng=pt&nrm=iso&tlng=pt (...)
  • [2]
    Phrase citée par la neuroscientifique Suzana Herculano Houzel, lors du congrès « Neurosciences et société contemporaine », 2006, PEPAS/IMS/UERJ ; Voir aussi : (Houzel, 2002).
  • [3]
    Reportage de couverture, “The mind is what your brain does”. National Geographic, 2005. Voir aussi les études d’Ortega (2006), et les travaux de recherches du PEPAS (Programa de Estudos e Pesquisas sobre a Ação do Sujeito).
  • [4]
    Reportage de couverture, “La neurobiologie de la violence”. Revista Viver, Mente e Cérebro (Revue Vivre, esprit et cerveau) Anée XIV, n.166, 2006.
  • [5]
    Voir aussi les commentaires d’André Green dans la revue publiée par la société de psychanalyse de Porto Alegre en 2004 (qui d’ailleurs mérite une révision du texte étant donnée l’importance du contenu). Accès sur internet en (17/10/2004) : http://www.sppa.org.br/entrevista.php?id_entrevista=6
  • [6]
    Traduction personnelle de l’original (Raine, 2004) : New research is now showing that genetic and biological factors play an equal, if not greater, role than social factors in crime causation.
  • [7]
    Traduction personnelle de l’original : (…) the cause of violence is multifactorial, and a simple correlation between brain dysfunction and a violent act is rarely possible. Violence occurs in a social context, and other concurrent factors such as emotional stress, poverty, crowding, alcohol and other drugs, child abuse, and social desintegration of the family are often envolved (…) neurologic identification of brain lesions is imperfect given the limitations of diagnostic classifications, the neurologic examination, neuroimaging technologies, neuropsychological assessement (…) some sample populations such as prisoners or those with severe neurologic or psychiatric illness are necessarily based on those violent persons (…) leaving undetected other violent individuals. (Filley et al., 2001, p. 3).
  • [8]
    Traduction personnelle : In future studies an integrative rather than a reductionist approach is required which could be achieved by multimodal assessments (e.g. structure and function by neuroimaging, information processing and cognitive abnormalities by neuropsychological and electrophysiology) of a variety of populations implicated in aggression and violence.
  • [9]
    Traduction personnelle : If we really want to stop crime, the best investment society can make is to intervene very early on. Better prenatal and perinatal health care, better nutrition early in life, and medication for severely aggressive children can be implemented right now. The next decade will reveal new discoveries regarding specific genes that cause violent behaviour, and these findings could result in new drugs to correct the neurotransmitter brain abnormalities that cause violence (sem nº pág.).
  • [10]
    Je me base sur la synthèse des idées discutées lors des cours de Neurosciences et Société Contemporaine, administrés par Benilton Bezerra et Francisco Ortega, de 2004 à 2008, Institut de Médecine Sociale / Université de l’État du Rio de Janeiro / Brésil.
  • [11]
    Texte original : One would hope that the excitement and success of current biology would rekindle the investigative curiosities of the psychoanalytic community and that a unified discipline of neurobiology, cognitive psychology, and psychoanalysis would forge a new and deeper understanding of mind. (Kandel, 1999, p. 552).
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