Notes
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[1]
Journaliste, professeur de l’Université Fédérale Fluminense, Docteur en Littérature et écrivain. Membre de la AHIP. Auteur de huit livres dans le champ du journalisme et du roman “O analfabeto universitário” [L’universitaire analphabète].
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[2]
Version française faite par Marília Etienne Arreguy, psychanalyste, post-graduée en traduction de la langue française – portugaise.
-
[3]
œuvres Complètes.
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[4]
Figueiredo, p. 16.
-
[5]
Idem, p. 18.
-
[6]
Idem, p. 19, mes versions.
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[7]
Ogden, p. 61.
-
[8]
Note de la Traductrice : Carioca sont des personnes qui habitent a Rio de Janeiro.
-
[9]
Chion apud Rezende, p. 40.
-
[10]
Eco apud Rezende, p. 38.
-
[11]
N.d. T. : Conjoint des éléments nécessaires pour commencer un texte journalistique, soit : quoi, comment, où, qui et pourquoi.
-
[12]
N.d. T. : Les dits « bals funk » sont les grandes fêtes de la jeunesse pauvre de la ville de Rio de Janeiro, avec de la musique et de danse typique, qui a atteint un grand succès au scénario national ces dernières années.
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[13]
N.d. T. : Argot relatif à la cocaïne.
-
[14]
N.d. T. : Argot relatif au cannabis. 15. N. T. : Où se trouvent en général les favelas de Rio de Janeiro, dans le dit « morro ».
-
[15]
Moijolla-Mello, p. 25.
-
[16]
Albuquerque apud Vizeu.
-
[17]
Wolf, M. Teorias da Comunicação. Presença. Lisboa. 2002.
-
[18]
N. d. T. : En anglais à l’originel.
-
[19]
N.d. T. : En anglais à l’originel.
-
[20]
Idem.
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[21]
Vizeu (2000), p. 83.
AVANT-PROPOS [2]
1Dans la ville de Rio de Janeiro au Brésil, le journalisme est une profession à risque. Surtout pour les professionnels qui font la couverture médiatique des événements policiers où cette activité se voit presque tous les jours aux prises à des confrontations avec des trafiquants de drogues qui contrôlent certaines régions pauvres de la ville, les favelas. Durant les dix dernières années, dix-huit reporters ont été blessés dans ces confrontations, et l’un d’entre eux, le collègue Tim Lopes que je prendrai comme étude de cas, de la chaîne de télévision Globo, a été torturé et mis à mort par les bandits après un reportage à propos des rapports entre la prostitution et les stupéfiants.
2Le présent article ne vise pas l’examen des risques encourus par les journalistes, mais se propose d’étudier les images à risques que ces professionnels produisent et la fascination qu’elles provoquent sur les consommateurs des nouvelles. Ainsi, je vais diriger mon analyse dans un double mouvement à l’intérieur de cette réalité. D’un côté, la logique du téléspectateur qui suit les programmes journalistiques comme s’ils étaient des films d’action ; d’un autre côté, la logique propre du journaliste qui est plus préoccupé de la narration que de l’information elle-même. Pour autant, il me faut d’abord examiner tant la technique que l’ontologie du journalisme, dans lesquelles je soulignerai les similarités qu’elles présentent avec les troubles traités par la technique psychanalytique.
TECHNIQUE ET ONTOLOGIE JOURNALISTIQUES : OBJECTIVITÉ, PEUR ET ORALITÉ
3Entre 1911 et 1915, Freud a publié six travaux [3] dans la visée de discuter la technique psychanalytique. D’autres textes tels les, Conférences d’introduction à la Psychanalyse (1917), L’analyse avec fin et l’analyse sans fin (1937), Constructions dans l’analyse (1937) et Abrégé de psychanalyse (1938), sont venus les compléter dont les trois derniers peu avant sa mort. En analysant ces textes, le professeur brésilien Luis Cláudio Figueiredo met en relief la « nature négative » de ces travaux, en citant une lettre de 1928, de Freud à Ferenczi, appelée Recommandations sur la technique. La nature de la technique « était essentiellement négative, mon cher Sándor [4] » Quel est le sens de cette « nature négative » ? Freud lui-même l’a expliqué : son principal but était d’empêcher la banalisation techniciste des questions techniques. Il voulait dire : « interdire » ou « dissuader » certaines expériences scientifiques entre des analystes pressés ou pas très instruits [5]. Car, Freud craignait l’usage de la technique comme d’un livre de recettes par des personnes laïques qui auraient accès à ces écrits. Il faudrait, nécessairement, éviter des confusions qui mettraient au risque l’essence de la psychanalyse, comme l’abus de la suggestion, la fureur de la recherche, l’absence de neutralité, la compulsion à l’interprétation, l’oubli de l’attention flottante, la prétention pédagogique et l’obsession d’une cure impérative.
4Un tel raisonnement en entraîne, cependant, un autre exprimé également dans une lettre à Ferenczi : « les analystes obéissants ne se rendent pas compte de l’élasticité des règles que j’ai proposées et ils se sont soumis à elles comme à des tabous [6] ». Freud ne veut pas formuler un syllabaire orthodoxe, même si, dans plusieurs cas, la psychanalyse est pratiquée comme telle, principalement dans des pays comme les États-Unis.
5Je ne vais pas juger ces observations et dire si elles sont appropriées ou non, pour une technique plus ferenczienne, mon but est de les comparer à la formulation de la technique moderne journalistique, et avec le concept d’objectivité en particulier.
6Quand Freud utilisait les métaphores du transmetteur et du chirurgien, il faisait attention à la nécessité d’être objectif et neutre dans le cadre de la cure, mais ces observations devaient être à l’intérieur d’une sauvegarde personnelle et non pas dans l’écriture orthodoxe d’une espèce de syllabaire. C’est que la technique ne se soutient pas dans le code, mais dans l’éthique, ou, selon l’analyse de Thomas Ogden, dans la manutention d’une position de la part de l’analyste [7].
7Dans le journalisme contemporain, on trouve une question technique analogue, principalement dans la discussion du concept d’objectivité. L’ex-éditeur de la CNN, David Mindich, auteur du livre Just the facts : how objectivity came to define american journalism [Seulement les faits : comme l’objectivité vient de définir le journalisme américain], engage le débat au début du XIXe siècle. « Ma recherche suggère que l’objectivité prise comme engagement éthique soit née en 1830 et ait atteint grand succès en 1890. » (Mindich, p. 10). Il précise que le concept a été réellement appliqué au début du XXe siècle, idée qui est partagée par la majorité des théoriciens du journalisme.
8Désormais, le problème de ce concept ne se résume pas à une question chronologique, mais dans son interprétation. L’objectivité est défendue en opposition à la subjectivité, ce qui représente une faute grave, car elle ne surgit pas pour la nier, mais pour bien reconnaître son passage obligé. Sa véritable signification est liée à l’idée que les faits sont construits d’une façon très complexe, donc, on ne peut pas les cultiver comme s’ils étaient l’expression absolue de la vérité. Par contre, il faut se méfier de ces faits et créer une méthode qui assure une certaine rigueur discursive au moment où ils sont rapportés. Cela ne signifie pas, suivre un syllabaire, mais baliser des sauvegardes.
9Le professeur Michael Schudson dans le livre Discovering the News : a social history of american newpapers [La découverte des nouvelles : une histoire sociale des journaux américains], de 1978, a déjà parlé de l’incontournable subjectivité comme une caractéristique et non pas comme une négation de l’objectivité. Chez Schudson, le concept se développe à travers trois motifs principaux :
- À partir du scepticisme de la société américaine du début du XXe siècle, influencée par la croissance de la psychanalyse en faisant des critiques sévères à l’hégémonie de la raison ;
- Par la naissance de la profession de relations publiques, capable de produire des faits pour bénéficier certaines entreprises ; et,
- Principalement, par l’influence de la propagande, où l’efficacité a été prouvée au moment où elle a conduit l’opinion publique américaine à être d’accord avec l’entrée des États-Unis dans la Première Grande Guerre Mondiale. À son tour, Nelson Traquina, dans son ouvrage sur la théorie du journalisme publié en 2004, cite la thèse de doctorat du Portugais Adriano Rodrigues, qui critique aussi « l’insoutenable et simpliste dichotomie entre objectivité et subjectivité. » (p. 135).
10Dès lors, l’objectivité apparaît dans la perception que les faits sont subjectifs, c’est-à-dire, établis à partir de la médiation d’un individu qui a ses préjugés, idéologies, faiblesses, intérêts personnels ou professionnels et d’autres idiosyncrasies. Et, comme ceux-là continueront à exister, la tentation sera d’amoindrir leur influence sur les récits des événements. Une méthodologie de travail pourra alors, advenir.
11Quand le public et les journalistes s’aperçoivent que les textes sont influencés par la subjectivité et peuvent tordre la réalité supposée – par la force de l’inconscient, comme Freud l’a bien démontré – le monde est en pleine crise du système démocratique. Le totalitarisme est en ascension, par les moyens du contrôle des médias et la propagande de masse. Mais, c’est aux États-Unis que le pouvoir de cette propagande montre sa face. D’après Schudson, cité par Traquina, la Commission de Renseignement Public, créée par le président Wilson en 1917 “a produit plus de 6000 communiqués, a employé plus de 75.000 personnes pour faire de petits discours dans les cinémas et d’autres endroits publics et a mobilisé ses défenseurs pour distribuer dans les domiciles les discours du président en faveur de la guerre (p. 136).” et beaucoup de journalistes s’y sont engagés. Comment peut-on se fier aux faits ?
12De la même façon, les idiosyncrasies des professionnels pouvaient être perçues dans les reportages spécifiques comme ceux que le New York Times a faits sur la Révolution Russe. Selon la description de Walter Lippmann, « en général, les nouvelles sur la Russie devenaient une question de ne pas voir les choses comme elles étaient, mais comme les hommes voudraient les voir (Kovach et Rosenstiel, p. 114). » Selon lui, les journalistes devaient éviter leurs préjugés personnels et acquérir un peu d’esprit scientifique. Mais, il n’a fait aucune allusion à propos de l’efficacité de la science, car il connaissait la complexité inérante à la transmission des nouvelles. Sa conclusion fut que seule la méthode était objective et non pas le journaliste.
13Toutefois, une telle méthode, je reviens sur ce point, ne peut pas être suivie comme un syllabaire, mais comme une balise négative en accord avec les intentions de Freud dans ses textes sur la technique psychanalytique. Le plus important est d’interpréter l’objectivité non pas d’après la morale, mais d’après la sauvegarde. La technique, comme Heidegger nous l’a bien enseignée, n’est pas une question de technique, mais fondamentalement d’éthique.
14Le journalisme est ancré sur le désir fantasmatique de posséder le don de l’ubiquité. S’imaginer pouvoir être présent en divers lieux à la fois et savoir tout ce qui se passe dans les contextes les plus divers !
15Comme le dit le poème de E. E. Cumings, être instantanément dans un « lieu où l’on n’a jamais été et voir les choses qu’on ne peut pas toucher avec beaucoup de proximité. » Ou encore, dans les mots du poète Robert Frost, « ne voir ni les profondeurs ni les distances, moins encore accepter les limites du regard ». Qu’en pensons-nous ?
16La réponse semble évidente, mais dévoile le désir humain le plus solide. La recherche de l’omniprésence triomphale a une seule cible : l’omniscience. L’homme a peur de l’inconnu et lutte de façon désespérée contre cela. Une peur si ancienne qui, dans la Bible, est enregistrée dans la première phrase du livre, la Génèse : « Au début, la terre était l’absolu chaos. C’étaient les ténèbres sur la face de l’abîme ». Les paroles chaos et abîme font partie du même champ sémantique. Chaos vient du Grec khínein et signifie abîme. Les Grecs eux-mêmes ont associé le mot à fouillis et à confusion, en l’opposant radicalement à l’idée d’ordre et de stabilité. L’abîme représentait l’inconnu, l’incapacité d’ordonner le monde et d’en maîtriser ses phénomènes naturels.
17En effet, l’obsession de l’emprise de la nature cache la vraie obsession humaine : commander le chaos, ou, avec d’autres mots, faire des prédictions certaines qui éviteraient la chute dans l’abîme, c’est-à-dire, l’inconnu. Pour autant, l’homme a inventé la science et a créé les lois déterministes qui donnaient de la stabilité aux phénomènes naturels. La physique d’Aristote, la mécanique de Newton ou la cosmologie de Ptolémée avaient la fonction primordiale d’ordonner les événements de la nature, en expliquant ses origines et en essayant de prévoir ses mouvements.
18La peur de l’inconnu ne venait pas seulement de la nature, mais également de la géographie. De longues et infranchissables distances potentialisent la méconnaissance, et, donc, la peur et l’imagination. Si, jusqu’à nos jours, nous enquérons si nous sommes seuls ou pas seuls dans l’Univers, pourquoi ce problème serait- il différent aux habitants de la planète, pendant l’Ère des Découvertes ? Le seul motif dont cette Ère elle-même a été possible est parce que l’homme a voulu connaître ce qui était au-delà de ses limites physiques et, en conséquence, il a construit des caravelles et encouragé les navigations. Mais on ne peut pas s’empêcher de se demander ce qui a pu conduire des dizaines de navigants à abandonner leurs familles et à se lancer pendant plusieurs mois dans un bateau de bois vagabond de quelques mètres de longueur dans un Océan révolté ? La réponse me paraît claire : la peur de ne pas connaître ce qui est au-delà de la mer est plus grande que la peur de la mer elle-même.
19C’est le même motif qui nous mène encore à envoyer des fusées sur Mars, Saturne et autres planètes. Nous essayons d’avoir le don de l’ubiquité à travers l’altérité, car l’illusion de l’omniprésence est construite par les informations produites par l’autre. Or, si nous ne pouvons pas être dans plusieurs espaces simultanément, nous voudrions, au moins, croire que nous savons ce qui se passe dans les coins les plus lointains de l’Univers, et, pour cela, nous envoyons des personnes, des rapporteurs, ou quelque technologie qui puisse se substituer à la spéculation humaine. Donc, la simple perspective de n’avoir aucune idée de ce qui a lieu autour de nous, à n’importe quel périmètre, nous cause « un froid dans le ventre » et effraye notre imaginaire. Le succès des films de fiction scientifique atteste cette thèse. Nous faisons des cauchemars avec des invasions de martiens et des soucoupes volantes avec des lasers colorés.
20Bref, le moteur du journalisme est la peur. La crainte de l’inconnu pousse l’homme à vouloir exactement le contraire, c’est-à-dire tout connaître. Il croit, ainsi, pouvoir gérer sa vie d’une façon plus stable et cohérente, et se sentir un peu plus sûr pour faire face au quotidien terrifiant présenté par son entourage. Pour autant, il lui faut devancer les limites, dépasser les barrières, oser. Cependant, il n’est pas suffisant de produire des scientifiques ou des philosophes, ou stimuler des navigants, astronautes et d’autres voyageurs. Il faut aussi faire des rapports et transcrire les informations aux autres membres de la communauté, lesquels cherchent la sûreté et la stabilité de la « connaissance ». Ainsi, subordonné à certaines circonstances éthiques et esthétiques, je peux appeler cela le journalisme. Sauf qu’une histoire du journalisme pourrait, difficilement, être exclue d’une histoire de la communication.
21En réalité, comme le raconte César Aguillera Castilho, cette histoire est intelligible en dehors de ce contexte. C. Castilho a écrit le premier chapitre du livre História da Imprensa [Histoire de la Presse], un compendium de 700 pages organisé par le professeur espagnol Alejandro Pizarroso Quintero. Le titre du chapitre étant “Comunicação e informação antes da impressão” [ « Communication et information avant l’impression »]. Dans son texte, Castilho fait le commentaire suivant : « si la première grande acquisition communicative de l’Homo Sapiens est le langage, cela n’exclue pas le fait qu’il y a eu de la communication avant son acquisition (p.17). » Il s’est basé sur les études du chercheur Carleton S. Coon pour tracer un paysage darwiniste de l’homme, où il fait une relation entre l’origine de la parole humaine et son évolution physique et mentale. Ainsi, l’être humain, très lentement, passerait d’une phase prélogique à une pensée logique et libératrice. Mais ce passage ne signifie pas pour autant la perte du monde des significations primordiales dans la diversité gestuelle de l’homme primitif.
22Chez Bill Kovach et Tom Rosenstiel, auteurs du livre The elements of journalism [Les éléments du journalisme], les narrations orales peuvent être considérées comme un pré journalisme. Pour eux, plus démocratique est la société, plus grande est la tendance à disposer des nouvelles et des informations. Ce qui peut être corroboré avec la démocratie athénienne, qui s’appuyait sur un journalisme oral au marché d’Athènes, où tout ce qui était important pour le public restait à l’air libre, comme l’énoncent Kovach et Rosenstiel, en citant le professeur de journalisme John Hohenberg (p. 36).
23Les narrations orales sont constitutives du premier grand média de l’humanité. L’historien Peter Burke les considère comme le premier moyen de communication spécifique et important dont l’attention n’a pas été retenue par l’historiographie officielle, malgré la vaste littérature sur l’oralité. Tandis que longtemps après l’invention de l’écriture, la communication orale a perduré et continue, toujours aussi puissante. Selon Burke, dans le livre Une histoire sociale des représentations, “les possibilités du moyen oral étaient consciemment explorées par les maîtres de ce qui était connu dans le XVIe siècle comme la rhétorique ecclésiastique (p. 38)”.
24Les chaires de l’Église Catholique et Protestante influençaient les rois et les reines. Pour Burke, les gouvernements avaient pleine conscience du pouvoir que telle rhétorique avait sur la population, principalement à la campagne, où il y avait une obéissance aveugle dans leurs enseignements. « La reine Elizabeth I a parlé de la nécessité de syntoniser les chaires » et Carlos I l’approuvait en disant qu’ « aux moments de paix, les gens sont plus gouvernés par la chaire que par l’épée, une classique et première déclaration à propos de l’idée d’hégémonie culturelle (p. 39) ». Burke remarque d’autres types importants de communication orale, comme le langage intellectuel, le chant, le bavardage, l’information des tavernes, des bains publics, des clubs, bars et cafés.
25Et c’est bien dans les cafés de Londres, au début du XVIIe siècle, que Bill Kovach et Tom Rosenstiel situent un possible début de ce qu’ils appellent le journalisme moderne. Les propriétaires des pubs stimulaient les conversations avec des voyageurs, en les priant de raconter ce qu’ils avaient vu au chemin. « En Angleterre, il y avait des cafés spécialisés pour des informations spécifiques. Les premiers journaux sont sortis de ces cafés autour de 1609, quand les typographes plus intrépides ont commencé à prendre note des informations, des bavardages et des débats politiques dans les cafés, après en les publiant. » (p. 37). C’est qu’au-delà du passage de la culture orale à la culture écrite, c’est l’invention des types d’impression qui vont rendre possible l’avènement du journalisme moderne. Pourtant, l’oralité continuera comme protagoniste du procès journalistique, pas seulement dans la relation avec les sources, mais aussi dans la configuration des nouvelles technologies médiatiques, comme la radio et la télévision, média qui va servir à l’approche du cas suivant.
LE CAS TIM LOPES
26En septembre 1992, j’étais un journaliste débutant au journal carioca O Dia quand j’ai connu Tim Lopes, journaliste expérimenté, spécialiste en reportages criminels et en carnaval.
27Tim était connu pour sa personnalité joyeuse et pour ses connaissances profondes des codes sociaux des favelas cariocas. De plus, il avait la générosité des grands maîtres, toujours disposé à enseigner aux jeunes reporters, appelés les « phoques » dans le jargon journalistique. Je me rappelle avec nostalgie de ses conseils et des déjeuners à la Maison de la Feijoada, à Ipanema, à côté de chez lui et, certes pas par hasard, proche de l’entrée d’une importante favela de Rio de Janeiro.
28La stratégie journalistique de Tim Lopes se caractérisait par l’écoute attentive de la couche modeste de la population. Comme il avait ses sources dans diverses communautés, il réussissait à donner aux reportages un langage authentique, sans les préjugés habituels très enracinés dans la société carioca [8]. Est-ce pour cette raison, qu’il a été invité à travailler pour la chaîne de télévision Globo, où il a exercé la fonction de « reporter producteur » ? Il y préparait les reportages pour les journalistes de vidéo, ceux qui sont connus du grand public. En vérité, Tim s’est spécialisé à utiliser une caméra cachée grâce à qui, il a gagné le plus important des prix du journalisme du Brésil. Autrement dit, il s’est aperçu que, à la télévision, traduire les faits en mots n’était pas suffisant, il fallait en montrer les images. Et si celles-ci étaient sensationnelles, c’était encore mieux ! Il n’y a pas de reporter de TV qui n’ait jamais entendu l’ancienne maxime : « une image vaut plus que mille paroles ». De la même façon, il n’y a pas de professeur de télé journalisme qui n’a pas encore utilisé le vieux recours de passer le télé journal sans le son pour réfuter cette affirmation. Mais, qui est celui qui règne en souverain dans l’empire des informations télévisuelles ?
29Il y aurait plusieurs rois. Pour Michel Chion, l’audition et la télévision suscitent des perceptions spécifiques, ce qui empêche d’affirmer que l’une soit plus importante que l’autre. Dans cette perspective, il substitue la conception de hiérarchie par celle d’inter-complémentarité de sens [9].
30Selon Umberto Eco, le langage de la télévision est la combinaison de trois codes : l’iconique, le linguistique et le sonore [10]. Le premier se rapporte à la perception visuelle, le second à la langue et se divise en deux subcodes : celui des jargons spécialisés, qui sont les mots d’un langage technique, et celui des syntagmes « stylistiques », qui s’expriment à travers les figures rhétoriques correspondantes aux images esthétiques des codes iconiques. Le troisième, le code de sonorité, est relatif à une musique (une vignette, par exemple) et aux effets sonores (tir d’un pistolet) et se divise, lui aussi, en trois subcodes : l’émotif, le stylistique et le conventionnel.
31Il ne semble pas difficile de conclure que la télévision utilise des signes pertinents pour divers langages, en les remplaçant par des systèmes qui n’acquièrent de sens que dans leurs relations. Dans les cas des télés journaux, ces relations mettent à l’épreuve la supposée souveraineté du code iconique, car, en dépit de la déjà mentionnée inter complémentarité de sens, le langage verbal paraît être le seul réellement indispensable à la compréhension du message. Il est difficile de voir des images sans un énoncé verbal pendant le télé-journal. Tandis que mettre la photo d’un reporter et une carte de l’Europe sur l’écran, pour qu’il parle d’un événement au Sud de la France, même si on n’a pas d’images disponibles sur la région, cela suffit pour comprendre. Et quand bien même ces dernières existaient, le texte du reporter sera indispensable pour la compréhension des faits. C’est clair, voir n’est pas suffisant. Il faut qu’un autre regarde pour nous et le raconte.
32Le télé-journal est une polyphonie de voix. Une présentation des corps qui rapportent les images. Et pour les rapporter, les corps utilisent un code verbal. Mais celui-ci est hybride, car il est écrit pour être lu. Ce n’est pas un langage oral authentique, mais un langage écrit verbalisé pour rendre compte de la fugacité du texte télévisuel. Et comme la nouvelle ne passe qu’une seule fois, il est nécessaire d’aller droit au but en simplifiant le langage.
33À l’inverse du journal « papier » qui offre un menu de nouvelles au lecteur, à la télévision, le repas est choisi par le maître. À la télevision, la nouvelle est produite pour être « consommée » dans sa totalité, comme un grand lead [11]. Et comme le téléspectateur ne peut pas retourner la vidéo, les manuels de rédaction prêchent la simplicité et l’objectivité comme règle numéro un. C’est elle qui va rendre possible la discussion et la critique des événements par un plus grand nombre de personnes et influencer la société.
34Bien que le verbal, comme nous venons de le soutenir, soit plus important que le visuel, le sens commun identifie l’image comme le chemin le plus facile pour une telle objectivité, surtout, si elle a une apparence de sensationnalisme. C’est exactement la quête d’une image remarquable, exceptionnelle qui a amené Tim Lopes à la mort.
35En juin 2002, Tim était en train de faire un reportage sur la prostitution dans les « bals funk [12] » au Complexo do Alemão, une favela de la zone nord de Rio de Janeiro. Quelques années auparavant, dans la même communauté, le reporter avait produit un document sur le trafic des drogues avec une caméra cachée, qui lui a permis d’obtenir le Prix Esso de Journalisme. Les images montraient les trafiquants vendant du cannabis et de la cocaïne librement, au milieu de la rue, comme s’ils étaient dans un marché. Ils arrivaient à faire des « soldes » et à crier les prix à haute voix :
36L’ensemble était parfaitement enregistré à travers les loupes indiscrètes de Tim, et comme il n’apparaissait pas dans la vidéo, il arrivait à maintenir son camouflage. Le Prix Esso, n’était pas décerné seulement au contenu du reportage, mais aussi au risque encouru pour réaliser ces images. Ce qui fascinait le téléspectateur – et aussi le jury du prix – était le fait d’apercevoir les images à risque à travers la caméra subjective du reporter qui donnait au téléspectateur l’impression d’être lui-même en plein milieu des événements. Le plus important n’était pas l’information – le trafic des drogues dans la favela n’est pas une nouveauté –, mais la narration. Elle suscitait la fascination en produisant une catharsis collective.
37Le problème fut que Tim ne réussit pas à maintenir son anonymat dans le reportage suivant sur la prostitution dans les « bals funk ». Il eut toutes les informations nécessaires : le nom des gigolos, les routines des prostituées, les prix et la dynamique de distribution des profits. Mais il y manquait ce que ses éditeurs (et lui-même), et les professionnels de la TV, considéraient comme essentiel : l’image sensationnelle.
38Aussi, camouflé, il retourna à la favela avec une caméra cachée pour essayer d’enregistrer les négociations entre les clients, les prostituées et les gigolos-trafiquants. Il ne savait pas que sa présence avait déjà attiré l’attention des bandits qui n’ont pas manqué de le démasquer. Il fut emmené au sommet d’un morro, jugé par un semblant de cour de trafiquants, torturé et condamné à mort. Lacéré et brûlé à vif, son corps subit les supplices du feu. Tim n’a pu être identifié que par l’examen de son ADN. Il est devenu un martyr, selon l’explication de Sophie de Mijolla-Mellor : « étymologiquement, le martyr est celui qui témoigne et sacrifie sa vie dans ce but.”
39Après sa disparition, il y a eu une grande pression de la presse et la police carioca a intensifié les investigations. Les premières conclusions ont été étonnantes. Les policiers ont attribué la culpabilité à Tim lui-même en l’accusant de ne pas avoir su se protéger. Pour quelques collègues de la presse, le rapport d’investigation de l’inspecteur de police, Daniel Gomes de Lima Freire, sur l’assassinat du journaliste, a été la preuve qu’il est possible de tuer quelqu’un plus d’une fois. Selon sa version, Tim « s’est mis lui-même en péril, ne voyant pas la différence entre raison et émotion il a occasionné sa détention et sa mort », il a voulu tuer sa réputation professionnelle et torturer sa famille et ses amis. Quant à moi, je suis loin de croire que Daniel Freire soit le vrai (ou, au moins, le seul) coupable dans cette histoire.
40Le gouverneur de Rio de Janeiro a écarté l’inspecteur et exonéré le chef de la police, il n’a pas donné d’explications sur les moyens qui ont été fournis pour l’investigation du cas, moins encore sur l’orientation qui a été donnée à la police. Le rapport de l’inspecteur laissait clairement apparaître que la police de Rio de Janeiro partait d’une supposition équivoque : les citoyens doivent éviter les lieux dangereux, ils doivent s’assurer de la sécurité nécessaire pour exercer leurs droits constitutionnels de se déplacer librement. Autrement dit, une complète inversion des valeurs.
41Quelques jours après, cette inversion des valeurs fût confirmée par la police : Une famille menacée par les trafiquants ayant pris la fuite de sa communauté a été approuvée au lieu de la maintenir dans sa résidence tout en la protégeant. C’est malheureusement cette attitude qui domine la pensée des policiers de la ville. L’inspecteur Daniel n’a fait que confirmer la règle. Que, d’ailleurs, il n’a pas initiée. Les professionnels de la sécurité publique savent qu’ils sont inopérants contre les conquérants du trafic. Ils sont armés de fusils automatiques, de grenades et même de lance-missiles. Ils démarquent eux-mêmes leurs champs d’action, et l’interdisent aux autres groupes de trafiquants. L’État ne réussit pas à résoudre cette question. Une triste réalité.
42Dans son rapport, l’inspecteur Daniel dit que Tim s’est mis en péril « dans l’empressement d’effectuer de meilleures images des trafiquants ». Sans pourtant l’excuser, la question suivante est à prendre en compte : est-ce qu’il y avait d’autres raisons pour le reporter de retourner à la favela ? Tim était un journaliste savant, qui avait beaucoup de sources. Mais, est-ce que les incursions antérieures dans la favela étaient suffisantes pour rendre la matière plus approfondie ? Et, comme je l’ai déjà mentionné, si le reportage était destiné à un journal n’y avait-il pas déjà assez d’images pour l’illustrer ? Et quand bien même ce n’était pas le cas, les descriptions écrites n’étaient-elles pas déjà bien explicites pour dénoncer l’exploitation sexuelle dans les « bals funk » ?
43Les réponses sont complexes, mais force est de constater que l’image spectaculaire vaut plus que l’information. Et il n’est pas juste de rendre coupable la télévision seulement, parce que c’est nous, les téléspectateurs, qui sommes avides d’images sensationnelles. Est-ce parce que nous n’exerçons pas notre droit de citoyens, ne fiscalisons pas les moyens de communication, n’exigeons pas la qualité dans la programmation ? C’est bien nous qui assurons l’audience de ces programmes, qui privilégions le sensationnalisme au détriment de l’information. Comme le poète Affonso Romano de Sant’Anna l’a dit, ceux qui ont tué Tim Lopes, c’est nous.
44La mise à mort de ce grand professionnaliste montre s’il le fallait, que l’information n’est pas la principale valeur-nouvelle du télé journalisme. L’image, les images la surclassent. Elles nous fascinent par la mise en valeur du risque encouru par le reporter. Il ne serait donc pas exagéré de dire que, malgré le libre arbitre et le vécu du journaliste, nous, téléspectateurs, nous avons également tué Tim Lopes. Et nous continuons à tuer, chaque fois que nous rentrons dans cette logique de consommation des images à risque. Mais il reste une question : pourquoi aimons-nous tellement ces images ? Nous allons tenter une ébauche de réponse.
VALEUR-NOUVELLE, CONSOMMATION AUDIOVISUELLE ET LES NARRATIONS DE L’ÉTRANGER
45Si nous partons de l’idée que, la nouvelle ne se réduit pas à une technique de captation d’informations et moins encore à un miroir de la réalité, notre option épistémologique met en évidence que le travail journalistique a une dimension symbolique quand la nouvelle est envisagée comme construction sociale d’une réalité supposée. Dans ce sens, il faut prendre avec minutie tous les détails du processus. Observer avec attention le développement de toutes les nouvelles. Dans la critique sur le journalisme de la TV, le paradigme de la manipulation de la nouvelle est rappelé. Et ce n’est pas par hasard. Dans une société dans laquelle les médias se sont développés en faveur du pouvoir économique et politique, ce rappel est plus que pertinent. Mais, cette approche « morale-psychologique » ne rend pas compte, qu’il n’y a pas toujours une intention manipulatrice [15]. Car les déformations sont liées au processus même des impératifs journalistiques. Le délai minimum imparti à la transmission des nouvelles conduit à une écriture automatique sans réflexion, non dénuée de bavardages. Elle fait œuvre de valeur de nouveauté [16] et est constitutive de la culture professionnelle [17].
46La systématisation du newsmaking [18] faite par Traquina et Wolf montre que dans la sélection et le filtrage de nouvelles, les normes occupationnelles semblent être plus fortes que les préférences personnelles. Dans le cas de la télévision, le temps est l’axe central du processus. Le journaliste est toujours soumis à la pression du deadline [19], la clôture de la matière : les faits peuvent surgir de n’importe où, à n’importe quelle heure, mais, et c’est le plus paradoxal, il faut mettre de l’ordre dans l’imprévisibilité. Les éléments utilisés comme un ensemble d’instruments et d’opérations qui permettent au journaliste de choisir les faits qui deviendront les nouvelles dépendent des critères économiques et de l’impact qu’ils auront sur les téléspectateurs. Le choc des images en sera le fil conducteur.
47Pour Wolf [20], les valeurs nouvelles sont divisées en cinq catégories : 1- Celles qui sont rapportées au contenu et classées par degré d’importance des personnes en question et le degré d’intérêt du public . 2- Celles qui sont liées au résultat [le produit], et divisées par les critères de brièveté, d’actualité de qualité et d’équilibre. 3- Les relatives au moyen de l’information, qui sont divisées dans des degrés d’accès aux sources locales et dans des possibilités limites d’édition. 4- Celles qui ont un rapport avec le public et qui abordent les critères comme le service et la protection . 5- Enfin, les relatives à la concurrence, où l’accès exclusif semble être la valeur suprême.
48Il est important de remarquer que la valeur de nouvelle est négociée, ce qui rend tous ces critères variables. Ils sont insérés dans la routine journalistique, ou, mieux, ils finissent par rendre possible cette routine, car ils sont contextualisés dans le procès productif, où ils acquièrent signification, font fonction et deviennent les éléments donnés comme sûrs, ledit sens commun de la rédaction [21].
49Ainsi, la fascination par les images à risque n’est pas un élément isolé. Elle est insérée dans la logique manifestée par les valeurs nouvelles. De la même façon, je peux conclure que Rio de Janeiro n’est pas non plus un exemple unique. Zones de risque dans tout le monde exercent de l’attirance sur les consommateurs de nouvelles, ce qui a rendu intéressant le travail des correspondants de guerre, par exemple, à qui l’office est synonyme de risque.
50La fonction de correspondant de guerre a toujours été envisagée avec un haut dosage de romantisme. Les risques qui lui sont inhérents sont dimensionnés par ses représentations médiatiques, qui sont glamoureuses et stéréotypées. L’image que le grand public fait de John Reed, par exemple, n’est pas la même que celle du livre, Dix jours qui ébranlèrent le monde, la narration journalistique plus célèbre qu’une révolution. Elle correspond à celle de l’acteur et directeur Warren Beatty, qui a interprété le journaliste dans le film Reds, un des plus fameux d’Hollywood. De la même façon, le Peter Arnett que nous connaissons à travers l’écran de CNN pendant la Guerre du Golf est très éloigné du reporter qui a traversé en nageant le Mékong, le fleuve du Vietnam, après un naufrage. Il est important de rappeler les dates de CPJ, le Conseil pour la Protection des Journalistes : de 1993 jusqu’à 2002,366 journalistes ont été assassinés pendant l’exercice de la profession. Dont 60 ont été tués dans des zones de guerre et 277 au cours de représailles liées à leurs reportages. Sur ces 277,50 ont été torturés et mis à mort, seulement 21 ont eu leurs assassins enfermés et condamnés (condamnés et mis en prison). Ce qui signifie que 94% des cas n’ont pas été punis. Le CPJ inclut dans ces chiffres les cas des reporters Daniel Pearl et Tim Lopes. D’ailleurs, le principal avertissement du guide professionnel de l’entité dit que les journalistes soumis au plus grand risque ne sont pas les étrangers, mais les locaux, parce que les entreprises ne fournissent pas l’équipage de sécurité ou d’entraînement pour la guerre. Ces professionnels finissent par devenir les vrais étrangers, car ils n’ont aucun type de garantie. Comme j’habite à Rio de Janeiro, je ne peux pas être en désaccord avec cet avertissement. Pour cette raison, j’utilise le terme « correspondant en guerre », car les reporters cariocas paraissent étrangers dans les zones de conflit entre la police et les trafiquants.
51En fait, les « morros » de la ville se configurent comme un État autonome avec leurs lois et leur pouvoir établis. De fait, les journalistes sortent de la rédaction localisée dans la République Fédérative du Brésil, et traversent la frontière d’autres pays, les favelas contrôlées par le trafic. Ils sont, ainsi, des correspondants internationaux. La guerre étant permanente, ils deviennent, en fait, des correspondants de guerre. En outre, ils sont littéralement des cibles, car, dans la plupart des cas, ils sont considérés comme des ennemis par les deux parties du conflit. La police comme aussi bien les bandits détestent la presse. Le cas Tim Lopes réaffirme cette thèse.
52Pour conclure, je reviens sur ce que j’ai dit au début de ce texte. L’origine du journalisme est la peur, plus précisément, la peur de l’inconnu. Si, à Rio de Janeiro, les journalistes qui font les reportages dans les favelas sont des correspondants de/en guerre, on peut avancer qu’ils apportent des informations sur une terre inconnue, ce que confirme la fameuse épithète de « la ville cassée » où les habitants des favelas et les personnes qui n’y habitent pas vivent dans des mondes complètement différents. Les images diffusées de ces régions dans lesquelles le trafic domine, où les citoyens sont privés de leurs droits et soumis à la violence et à la terreur des trafiquants armés, induisent chez les téléspectateurs « d’en face », ceux qui n’y vivent pas, le sentiment douloureux de payer le prix de cette logique épouvantable.
53À travers les images produites par les journalistes, le risque devient l’élément catalyseur de la dynamique purgatoire de leurs plus bas instincts.
Bibliographie
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- WOLF, Mauro. Teorias da comunicação [Théories de la communication]. Lisboa. Presença.2003.
Notes
-
[1]
Journaliste, professeur de l’Université Fédérale Fluminense, Docteur en Littérature et écrivain. Membre de la AHIP. Auteur de huit livres dans le champ du journalisme et du roman “O analfabeto universitário” [L’universitaire analphabète].
-
[2]
Version française faite par Marília Etienne Arreguy, psychanalyste, post-graduée en traduction de la langue française – portugaise.
-
[3]
œuvres Complètes.
-
[4]
Figueiredo, p. 16.
-
[5]
Idem, p. 18.
-
[6]
Idem, p. 19, mes versions.
-
[7]
Ogden, p. 61.
-
[8]
Note de la Traductrice : Carioca sont des personnes qui habitent a Rio de Janeiro.
-
[9]
Chion apud Rezende, p. 40.
-
[10]
Eco apud Rezende, p. 38.
-
[11]
N.d. T. : Conjoint des éléments nécessaires pour commencer un texte journalistique, soit : quoi, comment, où, qui et pourquoi.
-
[12]
N.d. T. : Les dits « bals funk » sont les grandes fêtes de la jeunesse pauvre de la ville de Rio de Janeiro, avec de la musique et de danse typique, qui a atteint un grand succès au scénario national ces dernières années.
-
[13]
N.d. T. : Argot relatif à la cocaïne.
-
[14]
N.d. T. : Argot relatif au cannabis. 15. N. T. : Où se trouvent en général les favelas de Rio de Janeiro, dans le dit « morro ».
-
[15]
Moijolla-Mello, p. 25.
-
[16]
Albuquerque apud Vizeu.
-
[17]
Wolf, M. Teorias da Comunicação. Presença. Lisboa. 2002.
-
[18]
N. d. T. : En anglais à l’originel.
-
[19]
N.d. T. : En anglais à l’originel.
-
[20]
Idem.
-
[21]
Vizeu (2000), p. 83.