Topique 2009/1 n° 106

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Article de revue

L'idéal du psychanalyste

Pages 135 à 142

1Existe-il une seule action, une seule pensée, une seule émotion, dans notre vie qui ne soit pas connotée d’idéalité ? La façon dont l’analyste pense l’analyse, dont il en conçoit les limites, témoigne de l’idéal qu’il s’est construit. Quand il pose ou non l’indication d’une analyse et, à l’autre extrémité, quand il accepte ou refuse d’y mettre un terme, l’analyste laisse deviner la nature complexe du désir qui le meut. Je n’hésite pas à croire que, porté par ses convictions intimes, l’analyste dévoile à tout moment les couleurs de son idéal du psychanalyste, qu’un autre analyste en position tierce ou quarte, en observateur fictif des choix qu’il prend dans la pratique, saurait parfaitement percevoir. Si l’on s’intéresse aux valeurs que le psychanalyste porte en lui et qu’il exprime sans forcément y consentir volontairement dans sa pratique, si l’on interroge les convictions intimes qu’il défend et qui transparaissent dans ses engagements, ou mieux encore, si l’on veut comprendre la nature du désir qui l’anime à choisir ce métier impossible, force est de constater que l’on découvrira des éléments de réponses dans sa façon singulière de terminer une analyse ou de s’y refuser. Il se peut que l’analyste assume clairement sa position, qu’il énonce explicitement pour lui-même, ou dans un article les raisons de ses choix. Ou plutôt qu’il pratique une fin de cure, selon des critères implicites, difficilement objectivables, voire même qu’il se refuse d’en énoncer les fondements, s’accordant ainsi la possibilité de choisir sa réponse en fonction de chaque singularité clinique, mais aussi de sa propre réceptivité du moment. De quel désir ou de quelles convictions parlons-nous ?À quel idéal du psychanalyste, à quelle idéalité faisons-nous référence ? Dans le dédale de réponses éparses qui viennent à l’esprit, avouons que l’avis éclairé d’un observateur virtuel nous serait d’un grand secours.

2L’idéal de la cure que le psychanalyste se forge est en perpétuel changement. Il est le théâtre d’une maturation au fil des années de pratique. Si l’idéal s’épaissit de toute l’expérience clinique accumulée, s’il s’épanouit et s’il s’accroît des nombreuses réflexions conquises, il va également subir une condensation et se réduire à la seule exigence de qualité d’écoute. À côté des maturations visibles et souvent partagées par l’ensemble des analystes, l’idéal du psychanalyste s’avère imprégné d’une tonalité personnelle invariante que le temps qui passe, s’il ne la modifie, lui permet de se découvrir petit à petit. Cette composante singulière, sans doute par son ancrage au plus profond de l’inconscient, exerce une influence puissante sur les décisions et les actions du psychanalyste. Si nous écoutons les réponses que l’analyste donne à la question de la finalité de la cure, nous remarquons d’emblée la diversité. Selon Freud, tantôt le psychanalyste se veut médecin et il aspire à guérir les symptômes de la névrose actuelle, à surmonter les angoisses et les inhibitions du malade, à prévenir les rechutes ou à écarter toute affection future, il aspire à abréger si possible la durée longue et pénible du traitement analytique ou encore à faciliter la vie quotidienne et le confort de ses patients. Il se transforme en chercheur lorsqu’il se donne comme mission d’élucider, de comprendre, d’élaborer la névrose infantile ou de théoriser les processus psychiques. Il se transforme en maître lorsqu’il veut éduquer, modifier en profondeur le caractère de ses analysés, renforcer idéalement leur moi dans la durée, la constance et la pleine efficacité. Qu’est-ce qu’une analyse réussie, qu’est-ce qu’une analyse qui serait conduite vers sa fin naturelle ? Chaque réponse contient une part de vérité. L’analyse est réussie pour certains comme Winnicott lorsque l’analysant a été capable de traverser et d’assumer une position dépressive, qu’il a pu retourner vers un état de régression et qu’il a su réinvestir pleinement les processus les plus fondamentaux et les plus authentiques. Pour d’autres, l’analyse est conduite vers sa fin naturelle lorsque l’analysant aura pleinement élaboré l’expérience d’une impossible négativité et qu’il aura su traverser le lot d’affects négatifs : désespoir, solitude, déréliction, désaide, castration, perte, finitude, etc. À moins qu’il ne s’agisse selon Lacan de laisser advenir un sujet dans sa vérité suprême afin qu’il puisse tolérer la légitime culpabilité d’avoir cédé sur son désir ? Ou encore, si l’on suit Nathalie Zaltzman, que le travail d’analyse serait de réussir par instants à plonger dans la démesure, à en rapporter un brandon de flamme, à le mettre en mots, en connaissances, en arts, tous les modes d’apprivoisement de la réalité humaine ? Nous remarquons que les premières réponses clairement énoncées et assumées de façon consciente par les analystes nous mènent vers des registres épars alors que nous ne doutons pas un seul instant de parler de la même chose.

3Une autre question se pose au sujet de l’idéal : quelle en est sa fonction ? Quelle finalité l’idéal engage-t-il ? Pourquoi, dans notre économie psychique, construisons-nous des idéaux ? Quelle serait, en d’autres termes, la finalité de la finalité ? Chercherions-nous à neutraliser défensivement une négativité non élaborée : le petit garçon s’identifie à son père, qu’il perçoit idéalement grand et fort, parce qu’il n’est pas encore capable de traverser des moments d’angoisse d’insécurité, d’impuissance ? Dans ce cas, la finalité de cette intériorisation d’un idéal du père serait de consolider une construction identificatoire trop défaillante pour mieux affronter l’inévitable et structurante négativité. Autre hypothèse : l’idéal s’offre en modèle ou matrice identificatoire, avec ses deux faces, positive idéalisée et négative contre idéalisée, dans le but de permettre une satisfaction culturellement tolérée des désirs œdipiens et d’assurer une fixation suffisamment solide d’aspirations régressives. Est-ce à dire que les idéaux exercent sur nous une emprise, une limitation à visées défensive ou substitutive ? Ou bien, sont-ils là pour mieux nous guider et nous permettre d’atteindre une éthique ou un travail de culture élevés ? La notion freudienne d’idéal du moi, dans le sens fonctionnel d’un but élevé à atteindre, et non dans le sens surmoïque d’une instance interdictrice, constitue-t-elle un pôle identificatoire de progrès pour la psyché ou au contraire une forme déguisée de limitation défensive ou d’organisation régressive et substitutive ?

4Au retour des dernières vacances d’hiver, qui avaient été pour moi l’occasion d’approfondir le thème d’aujourd’hui, je reçois à mon cabinet une collègue analysante quatrième. Elle me raconte sa difficulté à reprendre le travail après deux longues semaines de vacances joyeuses. « Quel drôle de métier, dit-elle ! À chaque retour de vacances, je me demande ce que je fais là », désignant en même temps mon cabinet d’un mouvement imperceptible du regard. Elle avait raison. Son interrogation m’apparaissait légitime et annonçait une mise au travail possible de matériaux analytiques. Je précise tout de suite que cette collègue n’est pas analyste débutante et que la qualité de son écoute n’est pas l’objet de mes remarques. Je ne souhaite pas non plus entrer dans le détail des associations immédiates qu’elle livra et qui semblaient déjà ouvrir sur des pistes de travail intéressantes. Après une courte pause, elle me parle de sa patiente qu’elle avait reçue la veille au soir et qui se plaignait pour la première fois d’avoir bien mal supporté cette longue période sans séance : « Transfert oblige !» Je ne savais pas si cette exclamation venait de la patiente ou de l’analyste dans la mesure où le rythme et la tonalité de l’énonciation n’avaient pas changé. La collègue ajoute que la patiente associe aussitôt sur le souvenir très vivace et déjà ancien d’une scène où sa mère lui avait posé une question, en présence du père : « Que fait-on là ce soir ?» Cette question avait laissé germer dans l’esprit de la jeune patiente de l’époque des idées et des images très ambiguës à connotations sexuelles et meurtrières dont la crudité était surprenante. Le caractère incongru de cette association provoqua une gêne chez la collègue analyste. Son étonnement pendant la séance était toujours vivace lorsqu’elle me rapporta ce court récit. De fait, je sentis que ce malaise se répandit imperceptiblement dans la séance d’analyse quatrième. Ce moment de désarroi fugitif fut fécond pour elle et je constatais qu’il eut sur moi l’effet de me convaincre de la complexité du thème que je traite ici.

5Si des fantasmes assez crus sont réactivés chez la patiente au retour des vacances de l’analyste –« Transfert oblige !»–, nous les percevons également chez l’analyste à la reprise de son travail, mais aussi dans la séance d’analyse quatrième. Ce déplacement en miroir d’un contenu sémantique signifiant à caractère effractif, d’un lieu à l’autre, d’une psyché à l’autre, nous rappelle combien l’inconscient de l’analyste est lui aussi mobilisé par l’inconscient de l’analysant. L’effet de malaise et d’étonnement que de tels fantasmes provoquent chez lui dévoile sans doute qu’un point aveugle est à élaborer. Mais il nous montre aussi que le matériel inconscient de la patiente anticipe précisément, par son excès et sa violence, l’élaboration en cours que menait l’analyste. Le doute que cette dernière exprimait quant à son « drôle de métier » fut brutalement réduit au silence, un silence étonné, sous l’effet d’effraction que les signifiants énigmatiques projetés par la patiente exerçaient sur elle. Une chaîne associative, venue de l’extérieur, de sa patiente, s’impose à l’analyste à un moment de doute personnel. L’idéal du psychanalyste fut exploré d’une manière inattendue et féconde lors de cette séance d’analyse quatrième.

6Alors que j’enchaînais les associations d’idées pour mieux approcher mon sujet d’étude, j’entendis tout près de moi s’élever une voix : « Et que penser des convictions théoriques et techniques de l’analyste dans la direction des cures ?» Était-ce l’observateur virtuel que j’appelais de mes vœux qui prenait ainsi la parole ? J’étais d’accord avec ce qu’il venait de dire. En effet, on ne saurait négliger que la conduite des cures s’ordonne d’abord autour d’idées et de techniques directrices communément partagées : l’analyse du transfert, la reconnaissance des résistances, l’interprétation des rêves en sont des exemples. La métapsychologie des processus psychiques ou la conception nosologique du choix de la névrose sont aussi des guides précieux pour penser le patient. À la question que je me posais de savoir quelle était la fonction de l’idéal, une autre réponse m’apparaît comme une évidence : l’idéal du psychanalyste tend à réunir les psychanalystes entre eux autour de certitudes communes. Il exercerait une fonction groupale d’unification. « Ah !, s’exclame notre observateur qui devançait ma pensée, ne croyez-vous pas que ces théories divisent les analystes plutôt qu’elles ne les réunissent ?» Je ne pouvais qu’être d’accord. Loin d’être unanimement partagée, la pensée analytique se multiplie en courants théoriques, en écoles de pensées et de pratiques, créant des îlots de convictions non partageables. « À quoi vous servent tant de conceptions théoriques si elles sont étanches entre elles ?» Voilà que ce dialogue fictif me dérangeait. Je ne souhaitais pas critiquer notre diversité théorique en psychanalyse car je trouve qu’elle nous aide à mieux penser la complexité de l’âme humaine. Mais je percevais bien que notre observateur cherchait à me dire autre chose, à interroger à sa manière l’idéal que portait de tels choix théoriques aussi étroits ? Je préférais conclure cet échange en déclarant avec assurance que la connaissance théorique n’occupe qu’en apparence le premier plan des convictions de l’analyste. La théorie n’est qu’un reflet de l’idéal, elle représente sa couche la plus superficielle. L’observateur avisé persista : « Puisque vous refusez de considérer la théorie comme terrain d’étude des convictions de l’analyste, peut-être accepterez-vous de prêter une attention plus soutenue à l’expérience acquise au fil d’années de pratique ?» Oui, c’est certain, pensais-je tout bas, l’analyste infléchit sa pratique non pas à partir d’un savoir préalablement inscrit dans les traités de psychanalyse, mais en se fondant sur une expérience intime toujours en changement, et jamais acquise. L’expérience de la rencontre avec l’inconscient, le sien et celui des autres, trace le chemin qui mène aux buts que s’assigne l’analyste. J’ajoutais silencieusement que dans le champ de la psychanalyse, le but ne s’énonce jamais simplement. Tout en consignant ces réflexions, je me disais que oui, nous sommes habités par un idéal de guérison ou de réalisation harmonieuse de soi, mais que, tel l’arbre qui cache la forêt, cet énoncé cache un vaste champ d’aspirations ténues, contradictoires, hétérogènes, incertaines chez l’analyste. De fait, les convictions de l’analyste, qui ont acquis au fil du temps une force et une profondeur évidentes, ont paradoxalement tendance à effacer l’apparence ostentatoire d’une formulation savante, pour occuper une place que l’on pourrait dire seconde, ou plutôt tierce, à côté du jeu binaire de questionsréponses. L’observateur resta pour le coup silencieux et dubitatif devant ce raisonnement : « Est-ce à dire que les buts ne vous intéressent pas vraiment ? Tenez-vous tout ce discours sur le but d’une analyse uniquement pour explorer votre propre désir d’analyste ?» Cette suspicion et cette pointe d’ironie étaient pour le moins déconcertantes.

7Je poursuivais ma réflexion. Oui, l’idéal du psychanalyste est le fruit d’une longue expérience analytique. Oui, il constitue la densité principale de l’idéal du moi. Oui, les nombreuses identifications acquises au cours de la formation du psychanalyste tisseraient le noyau central de son idéal du moi. J’ajoutais que l’idéal est sans doute une formation ramifiée qui condense plusieurs énoncés sous une forme rudimentaire, sous la forme d’une injonction simple dont le contenu définit le degré d’exigence attendu en matière d’analyse et dont la finalité se donne l’illusion d’orienter consciemment l’analyste dans l’exercice des cures. Ce sont les énoncés les plus inconscients qui tracent la voie, déterminent le cap, et certainement pas les discours bien assurés. Puisque cet idéal s’organise dans un enchevêtrement d’identifications, comment allons-nous les dénouer pour en libérer les multiples énoncés ?

8Je ne me laissais pas impressionner. Je continuais donc mon raisonnement mais fus assez vite interrompu : « J’imagine sans difficulté que l’expérience de votre analyse personnelle intervient dans cet écheveau comme l’un des fils principaux de ces identifications. » Oui, certes, mais d’autres liens identificatoires existent, tout aussi ténus : aux analystes qui ont participé à la formation de l’analyste, à tous les analystes qui les ont précédés, Freud étant le plus lointain, mais certainement le moins absent. Les identifications aux figures mythiques de la psychanalyse seraient les plus actives. Il en va de même des institutions psychanalytiques dont le discours éthique ou politique exerce une influence indéniable sur le praticien. Je suppose qu’à cette liste, nous devrions ajouter les idéaux culturels d’une façon générale, le contrat narcissique de la famille, les valeurs sociales et politiques du moment. Ce chapitre est trop vaste pour en parler précisément. Parler de l’idéal du psychanalyste ne peut passer sous silence les convictions acquises en dehors de sa vie professionnelle, convictions morales, religieuses ou politiques. Plus j’avançais sur ce thème et plus il m’apparaissait confus et insaisissable.

9En fait, ce qui aiguise mon intérêt pour cette question concerne la personnalité de l’analyste. Le « caractère » constitue le soubassement principal de l’idéal du psychanalyste. La façon dont il entre en relation, porte ses désirs, se protège ou non contre l’infantile, le sexuel, ou la façon dont il accueille les mouvements de destructivité, de régression, m’apparaît essentiel. Il en va de même de la disposition dont il témoigne à tenir compte de sa propre histoire, de ses traumatismes ou tout simplement de sa différence sexuelle. Nous pourrions ajouter que la capacité d’être, d’exister dans les registres narcissiques les moins développés, les plus archaïques, participe de l’idéal du psychanalyste, pour ne pas dire qu’il en constitue le cœur le plus efficient. La façon dont les premières rencontres et les premières épreuves du négatif et du positif ont été investies et contre investies détermine la tonalité des convictions du praticien. Mon expérience d’analyste m’amène aujourd’hui à penser que l’écoute analytique s’appuie en permanence sur l’ensemble de ces identifications et que la principale qualité du psychanalyste en position d’écouter l’analysant serait sa capacité à reconnaître et accepter ses propres mouvements identificatoires, allant en permanence des identifications culturelles les plus élevées aux identifications narcissiques les moins élaborées.

10Lorsqu’en 1927 dans sa communication au Xe Congrès International de Psychanalyse qui s’est tenu à Innsbruck, Ferenczi exprime sa conviction intime selon laquelle toute cure « peut être conduite vers un terme naturel, si l’analyste possède les connaissances et la patience suffisantes », il dévoile, à partir de ce qui s’apparente à une injonction personnelle – mais le terme « injonction » n’est peut-être pas le meilleur choisi–, la face visible de l’idéal d’analyste qu’il s’est forgé au fil des années. « Si vous me demandez si je peux faire état de beaucoup d’analyses achevées ainsi, je dois vous répondre : non. Mais la somme de mes expériences me pousse aux conclusions énoncées dans cet exposé. Je suis fermement convaincu que, lorsqu’on aura suffisamment appris à compter avec les points faibles de sa propre personnalité, le nombre des cas analysés jusqu’au bout ira croissant ». Ainsi, derrière cet énoncé élémentaire qui promeut l’approfondissement de l’analyse pour atteindre un achèvement le plus complet possible, Ferenczi dévoile un autre énoncé majeur davantage révélateur de son idéal et de sa personnalité, selon lequel ce sont les points faibles de l’analyste qui représentent le principal levier. Ferenczi est un précurseur et c’est dans ce même article qu’il ajoute : « J’ai souvent signalé, dans le passé, que je ne pouvais voir aucune différence de principe entre une analyse thérapeutique et une analyse didactique. Je voudrais compléter cette proposition dans le sens qu’il n’est pas toujours nécessaire, dans la pratique clinique, d’approfondir le traitement jusqu’au point que nous appelons l’achèvement complet de l’analyse; par contre l’analyste, dont le sort de tant d’êtres dépend, doit connaître et maîtriser jusqu’aux faiblesses les plus cachées de sa propre personnalité, ce qui est impossible sans une analyse entièrement achevée ». Dix ans plus tard en 1937, dans « Analyse avec fin, analyse sans fin », Freud cite et partage les propos de son ami hongrois. Il les complète à sa façon très personnelle : « C’est donc à bon escient qu’on exigera de l’analyste, comme une part de ce qui atteste sa qualification, un assez haut degré de normalité et de rectitude psychique; à cela s’ajoute qu’il a, en outre, besoin d’une certaine supériorité pour agir sur le patient comme modèle dans certaines situations analytiques, comme maître dans d’autres ». Freud et Ferenczi ont un idéal commun : ils aspirent tous les deux à ce que l’analyse soit la plus approfondie possible et que l’analyste reçoive la meilleure formation. Mais déjà, la façon d’énoncer cette injonction idéale, montre de grandes différences : Freud parle de rectitude là où Ferenczi parle de faiblesses. L’un attend de l’analyste qu’il se constitue en modèle, en maître, quand l’autre attend qu’il apprenne davantage à compter avec les points faibles de sa propre personnalité.

11Selon moi, l’idéal du psychanalyste est à prendre en considération. Ce serait une erreur et une illusion de croire en une écoute analytique entièrement « purifiée » ou « libérée » de toute influence extérieure à la séance. Dans la mesure où l’analyste est en permanence en proie à des mouvements progrédiants et régrédiants, il m’apparaît essentiel qu’il puisse repérer l’action exercée aussi bien par les identifications culturelles les plus élevées que par les identifications narcissiques les moins élaborées.

Bibliographie

BIBLIOGRAPHIE

  • Ferenczi S., (1928) « Le problème de la fin de l’analyse » in Psychanalyse IV, Œuvres complètes 1927-1933, Ed° Payot 1982, p 52 et p 49.
  • Freud S., (1937) « Analyse avec fin, analyse sans fin » in « Résultats, idées, problèmes « II 1921-1938, PUF 1985, p 263.
  • Lacan J. [1959-1960], Livre VII, L’Éthique de la psychanalyse, texte établi par J-AMiller, Ed. Le Seuil, Paris, p 368-369
  • Winnicott D.W., De la pédiatrie à la psychanalyse, Payot 1968, p 232,263,301,325.
  • Zaltzman N., L’esprit du mal, 2007, L’Olivier, p. 90.

Mots-clés éditeurs : Conviction, Idéal du psychanalyste, Identification, Désir de l'analyste, Idéal du moi

Date de mise en ligne : 09/07/2009.

https://doi.org/10.3917/top.106.0135
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