Notes
-
[1]
Aulagnier P., 1975, La violence de l’interprétation, Paris, P.U.F, 1981, p.13.
-
[2]
ibid., p. 19.
-
[3]
ibid., p. 133-134.
-
[4]
ibid., p. 69.
-
[5]
ibid., pp. 69-70.
-
[6]
Aulagnier P., 1986, du langage pictural au langage de l’interprète in Un interprète en quête de sens, Paris, Ramsay, p. 339.
-
[7]
Aulagnier P., “Du langage pictural au langage de l’interprète” in Un interprète en quête de sens, Ramsay, 1986, p. 344.
-
[8]
Aulagnier P., 1986, Le retrait dans l’hallucination in Un interprète en quête de sens, Paris, Ramsay, p. 409.
-
[9]
Aulagnier P., 1975, La violence de l’interprétation, Paris, P.U.F, 1981, p. 91.
-
[10]
ibid. p. 91.
-
[11]
Freud S., 1924, “Le problème économique du masochisme” in Névrose, psychose et perversion, Paris, P.U.F, 1978, p. 291.
-
[12]
Aulagnier P., 1986, “Quelqu’un a tué quelque chose” in Un interprète en quête de sens, Paris, Ramsay, p. 373-374.
-
[13]
Aulagnier P.,1975, La violence de l’interprétation, Paris, P.U.F, 1981, p. 40.
1C’est avec plaisir que j’ai écrit ce texte, en reconnaissance du travail fait avec P. Aulagnier tant par la lecture de ses écrits que dans nos rencontres. La force de sa “quête de sens”, même dans des productions psychiques critiques et obscures, son désir de “trouver un accès à l’analyse de la relation qu’entretient le psychotique avec le discours, qui permette à l’expérience analytique une action plus proche de l’ambition de son projet” [1], le lien rigoureux qu’elle maintenait entre sa pratique et sa théorie ne sont que l’autre face de son exigence que la parole de l’analyste puisse ouvrir à de l’inédit même chez le sujet psycho-tique et que la parole de l’analysant puisse éventuellement transformer celle de l’analyste voire sa théorie. C’est à ce prix que la métapsychologie aiguise l’écoute de l’analyste sans la fermer à l’inconnu par une réponse toute prête aliénant la parole de l’analysant. Cette démarche a permis à P. Aulagnier de penser la topique de l’originaire et son mode de représentation pictographique. “C’est le discours psychotique qui nous a induit à postuler une forme d’activité psychique forclose du connaissable, à jamais et pour tout sujet, et pourtant toujours à l’œuvre, ‘fond représentatif ’qui persiste parallèlement à deux autres types de production psychique : celle propre au processus primaire et celle propre au processus secondaire.” [2]
2Ayant moi-même longuement travaillé dans une institution pour enfants et adolescents gravement psychotiques et autistes, il m’a paru que la topique de l’originaire était particulièrement intéressante pour l’approche de ces sujets : elle libère une créativité chez l’analyste face à certains troubles psychotiques de la pensée en venant les imager et leur proposer un mode de fonctionnement; elle est ainsi une aide précieuse contre la désorganisation de la pensée de l’analyste, sa dépression et son désinvestissement de la relation, réactions contre-transférentielles bien connues avec ces sujets.
3Si P. Aulagnier n’a pas travaillé elle-même avec des enfants, son interrogation de la relation mère-enfant à partir de ses cures d’adultes, en a profondément modifié la pensée psychanalytique. Cette mère, qu’elle appelle le porteparole, vient interpréter à l’infans sa rencontre avec le monde : elle lui traduit les lois et les exigences du monde, elle lui nomme qui il est, ce qu’il ressent, ce qu’il fait, ce qu’il devrait faire, et à ses interprétations elle attribue un sens libidinal, en lien à la fois avec ce que cet enfant et ce que le monde représentent pour elle. Seul, ce lien libidinal permet que ces fragments de monde et ces objets d’expérience deviennent des objets psychiques pour l’infans. Les pleurs de l’infans prouveront qu’il appelle et désire sa mère, ses sourires, son bon sommeil prouveront qu’elle est une bonne mère et qu’il est un bon bébé, un amaigrissement pourrait faire qu’elle devienne mauvaise mère; la couleur de ses yeux, son sexe, sa tonicité viendront prendre un sens… La relation de l’infans au monde passe inévitablement par sa relation à l’autre et par la relation que cet autre entretient avec le monde. “La fonction de prothèse de la psyché maternelle permet que ce soit une réalité déjà modelée par son activité psychique et rendue, grâce à cela, représentable, que rencontre la psyché : elle substitue, à l’asensé d’un réel qui ne pourrait avoir de statut dans la psyché, une réalité humaine parce que investie par la libido maternelle, réalité qui n’est remodelable par l’originaire et le primaire que grâce à ce travail préalable.” [3] Ainsi l’interprétation maternelle du monde, façonnée par les effets du refoulement et les constructions fantasmatiques de cette psyché maternelle, est incorporée dans la psyché infantile et soumise à ses propres lois de fonctionnement. Notons sans nous y étendre que cette incorporation de l’interprétation maternelle du monde par la psyché de l’infans est proche du concept lacanien d’introjection originaire, de celui de W. Bion d’objet ayant séjourné “dans le sein” et la psyché maternelle et du signifiant énigmatique de J. Laplanche.
4Les analystes s’accordent maintenant à reconnaître que l’éclosion d’une psychose est la conséquence d’une expérience particulière vécue dans les premiers temps de la rencontre entre la psyché de l’infans et le monde (où la psyché maternelle occupe une place princeps). Cependant, si cette expérience est une condition nécessaire elle n’est en rien suffisante et nécessite, comme toute expérience, une interprétation par la psyché infantile qui met alors en œuvre des mécanismes de défense dont la forme et la cohérence déterminent les tableaux psychopathologiques.
5Tout en restant au plus près de la clinique en évoquant des moments de la cure d’un jeune enfant gravement psychotique, je vais essayer de montrer comment la relation analytique reprend avec lui le chemin arrêté de son histoire par la (re)construction de ce “temps” mythique qu’est l’originaire dont les effets viennent oblitérer l’accès de l’enfant à la réalité, et transforme inévitablement cette dernière. Ces moments des deux premières années de la cure de Jean illustrent une variation de figurations de la poussée prégnante de ce “fond représentatif” que sont les restes de l’activité de l’originaire, plus communément désigné par ce qu’on appelle le rapport au monde si particulier des enfants gravement psychotiques et des autistes.
6Chez le psychotique, même tout jeune enfant, nous ne rencontrons pas comme tel le pictogramme, mais une “réactualisation entre l’espace originaire et l’espace du hors-soi d’un état de spécularisation” [4] : le Je rencontre sur la scène de la réalité une image de lui non connaissable mais qui reflète la représentation pictographique qu’il a de lui-même, ce qui provoque une exclusion momentanée du Je et ouvre à la possibilité d’agir un impensé pour lui qui est aussi un impensable pour les autres (l’acting imprévisible). Cette résurgence de la spécularisation entre le monde et l’espace originaire signe l’échec du Je à forclore l’attraction de ces représentations originaires et il en résulte : “une mise horsfonction du percevant, l’annulation momentanée de tout écart séparant regardant et regardé, le fading du Je et de ses résidus, qui le représentent dans la psychose. On assistera, alors, non pas à un “ça parle” mais à un “ça réagit” ou à un “ça agit”: sur l’espace du réel se projettera la haine radicale ou le désir de fusion signant le pictogramme. Que son propre corps ou le corps de l’autre deviennent l’espace à détruire ou avec lequel fusionner montre qu’ils ont retrouvé une indifférenciation première.” [5]
7Chez le tout jeune enfant psychotique où les processus secondaires sont encore peu installés, où les repères identificatoires du Je restent très liés à l’identification primaire et à l’effet de la toute-puissance supposée du désir maternel, la réactualisation de l’originaire pourrait être particulièrement prégnante et entraîner de graves conséquences pour le fonctionnement psychique en inhibant en partie l’installation du processus primaire et grevant la construction du Je. On comprend mieux l’importance déjà reconnue d’une intervention précoce avec ces enfants dont le but premier serait d’aider à l’installation ou au renforcement de la fantasmatisation. C’est alors que le langage dans l’analyse devrait se faire le lieu de nomination des choses par sa fonction de visualisation des images de choses et d’une représentation pictographique ni visible ni pensable en tant que telle mais reconstruite par notre pensée spéculative. “Exigence qu’il nous faut satisfaire… parce que nous constatons que faute d’opérer cette liaison entre des images de mots (ceux que nous pensons-prononçons) et des images de choses dotées d’une qualité affective particulière, faute de rendre une telle liaison opérante pour le sujet, rien d’essentiel ne sera transformable dans son économie libidinale.” [6]
8Trouver ces mots qui nomment et qui, nous l’espérons, vont pouvoir modifier des éprouvés psychiques archaïques en leur ouvrant un accès à la symbolisation, dépend profondément de notre possibilité à accepter en nous l’émergence des images de choses que nous suggèrent le comportement, les émotions, les mots et leur rythme de notre petit partenaire. Cette possibilité s’appuie autant sur notre propre travail d’analyse, notre expérience clinique que sur nos conceptions métapsychologiques.
9Avec un enfant, si la majeure partie du travail se fait avec lui-même, elle est soustendue par la relation qu’entretiennent ses parents et l’analyste. Les parents de Jean ont pu lui laisser la liberté d’investir fortement notre relation, plus même, ils l’ont favorisée par leur confiance et leur espoir en notre travail.
NOS RENCONTRES AVEC JEAN
10Ce travail étant centré sur la problématique originaire, temps où la psyché naissante de l’infans ne considère aucunement le hors-psyché, je ne parlerai que très peu de l’histoire de Jean que nous avons construite avec lui, et parfois avec lui et ses parents, au cours de nos rencontres.
11Jean a quatre ans quand ses parents me consultent à son sujet. Il ne dort plus du tout depuis deux ans au moins, ils le trouvent turbulent mais se demandent “si tous les enfants d’aujourd’hui ne sont pas un peu comme ça”. Il est terrorisé par tous les bruits qu’il appelle “des pétards”. Il est encoprétique.
12Avec nous trois, Jean est très agité, parle d’une voix aiguëe, en écholalie, sans s’adresser à quiconque, s’assoit en tailleur et se balance en se berçant d’onomatopées stridentes que ses parents appellent des rires.
13Mr. et Mme O. ne peuvent rien dire de Jean avant deux ans et demi, sinon qu’il a été “un bébé normal”. A cet âge il est devenu encoprétique et insomniaque, c’étaient les seuls symptômes qu’ils reconnaissaient chez Jean.
14Je consacre nos premières rencontres à rapprocher Mr. et Mme O. de la souffrance exprimée par leur fils qu’ils dénient tous les deux : “Jean est un enfant heureux qui bouge, chante et rit si souvent.” Cependant, puisqu’ils viennent consulter, un début d’inquiétude peut affleurer même s’ils cachent leur demande derrière celle des institutrices de l’école maternelle.
15Le déni est un mode de défense que nous retrouvons fréquemment dans l’histoire de Mr. et Mme O.
16Mme O. est d’une “surdité” étonnante envers son fils, d’un manque d’empathie évident qui, à plusieurs reprises, conduiront Jean, quand il osera insister pour obtenir un échange avec sa mère, à devenir celui qu’elle attend qu’il soit et qu’elle peut alors voir et entendre.
17La confiance que Mr. et Mme O. m’accordent rapidement me permet d’entreprendre une psychothérapie avec Jean qui semble éprouver un réel plaisir à nos rencontres. Cette confiance ne se démentira pas, même pendant les moments conflictuels que nous affronterons au cours de ces années, et permettra d’élaborer avec eux certains de leurs dénis. Ils construiront chacun une partie de leur histoire infantile avec l’aide de Jean qui porte courageusement la psyché de ses deux parents : ceux-ci s’appuient sur ses séances et les questions que nous sommes amenés à aborder avec eux pour penser un tant soit peu cette place qu’il occupe pour eux et qui l’enferme dans un monde mort où il serait condamné à ne pas grandir.
Octobre 97 - avril 98
Il court en tout sens, jette violemment les boules de pâte à modeler, parle de pétards et d’explosion, ses yeux cillent et ses mains tremblent.
Je lui dis la peur des enfants dans un monde inconnu, le besoin d’être protégé et rassuré.
Il hurle la peau qui tire et qui coupe, les bouts piquants et la mère qui colle.
Je ponctue doucement, imagine et dis parfois le corps du bébé desséché par la soif et le manque, douloureux et envahi par l’intrusion.
Il crie la terreur de la grosse qu’il faut démanteler, il morcelle la pâte à modeler. Il me bombarde.
Je parle encore sa peur et sa colère, reçois doucement les bombes, et ça pourrait presque devenir un jeu. Il me tourne le dos et se retire dans des rituels rythmés et assourdissants de tam-tam.
J’annonce une courte séparation : tout en tournoyant sur lui-même, il chuchote “des bruits dans la tête… des clartés de lune… un vent fort, très fort… et du sable, du sable…” à n’en plus finir.
Je dis la tempête dévastatrice du manque et de l’absence.
Il hurle et crache la fin de la séance.
28Quand Jean évoque ses sensations corporelles (peau qui tire, bouts piquants…) quand il court, jette, avale, crache et même parle, je ne me sens pas exister devant lui ni pour lui. Le plus souvent il ne m’accorde pas un regard et ne semble pas entendre ce que je lui dis. Seuls son arrivée en trombe aux séances, sa façon joyeuse de me nommer en me disant bonjour, et son rire joueur avant de me claquer assez régulièrement la porte au nez m’assurent qu’il me connaît, me reconnaît et, plus encore, qu’il différencie l’espace de la séance de son dehors. Cette différence qu’il établit me soutient dans l’idée que ce qu’il y montre et y dit m’est d’une façon générale adressé sur un mode transférentiel. Cependant je pense que quand il me bombarde et souhaite me démanteler c’est plus parce que j’essaye de pénétrer dans son monde en lui parlant que pour toute autre représentation plus précise me concernant. Ces bouts piquants-mère qui colle, cette peau qui tire-bouts piquants ne tolèrent pas d’écart et ces scénarios archaïques où je ne me sens pas de place rendent les concepts habituels de projection et d’identification projective inopérants.
29Dans ce début de cure où nous devons construire la relation analytique avec un enfant qui évite toute relation pour vivre dans un monde auto-engendré tantôt apaisant tantôt persécuteur et sans cesse démenti par l’extériorité de l’objet, la topique de l’originaire et le fond représentatif qu’elle tend sont des ressources théoriques qui permettent d’investir le temps des rencontres en plaçant leur contenu dans une perspective métapsychologique qui autorise à la fois à le figurer et à en proposer une cause qui soit autre que le sujet lui-même, c’est-à-dire qui ne soit plus celle de l’auto-engendrement. Concevoir une spécularisation où sujet et objet se confondent et où l’un engendre l’autre soutient l’analyste dans la figuration d’une scène qu’il pense au plus proche de ce qui est en jeu à ce moment-là, figuration dont le but est d’induire la création d’un troisième terme incisant cette réflexion infernale. Penser ces affects, les mettre en mots vise à séparer regardant et regardé, sentant et senti; leur proposer une cause différente du percevant lui-même vise à ouvrir à la fantasmatisation du processus primaire.
30Pendant ces sept mois de séances, j’essaye d’accueillir le drame dont Jean me parle et de le rendre dicible au plus près de ses images, de ses sensations et de ses mots. Qu’il ne reste pas clos dans ses représentations proches des images de choses corporelles qui se déroulent comme un mauvais rêve qu’il subit dans la séance et dans toute sa vie.
31La spécificité des séances n’est pas dans ces productions psychiques de Jean, elle est de laisser croître son discours et ses actes, de leur reconnaître une valeur et d’en proposer un sens qui tente de dire ce que je suppose de l’affect qui les sous-tend tout en le reliant à une cause qui lui soit compréhensible de façon à créer un début d’histoire que nous pouvons/pourrons partager. Cette rêverie dont je l’entoure veut créer une relation entre nous qui soit d’accueil de ses mouvements, actes, paroles et d’échanges de pensées à leur propos qui puissent transformer la clôture et le chaos destructeurs dans lesquels il (se) vit. Si pour ces évocations, je m’appuie sur le concept de la rêverie maternelle de Bion, c’est encore le concept de l’originaire, son mode de représentation qu’est le pictogramme, son postulat d’auto-engendrement et son fonctionnement économique qui guident mon écoute. “Ces “actes de paroles”… proposent une figuration parlée qui, sans pouvoir y coïncider, œqui dépasse le pouvoir de tout Je, est au plus près des représentations pictographiques, au plus près de ces premières représentations de choses corporelles par lesquelles l’activité psychique propre à l’originaire a métabolisé en des “existants psychiques” l’état de besoin dont ont pu pâtir le corps comme les zones sensorielles érogènes privés des objets complémentaires seuls aptes à les satisfaire.” [7] Le pictogramme est l’image de l’objet-zone complémentaire, c’est-à-dire image de la rencontre de la zone sensorielle~érogène avec l’objet complément cause de l’excitation, image où la zone engendre l’objet dans une relation spéculaire. Quand j’entends la peau qui tire et qui coupe, il se dessine en moi un corps rendu douloureux par la faim et la soif inassouvies, non tempérées par des paroles apaisantes, quand j’entends les bouts piquants, surgit l’image d’un sein absent d’une bouche qui le cherche ou intrusif devant une bouche fermée. Ces images représentent la douleur qui accompagne un acte, un mouvement, une rencontre de deux objets : le corps de l’infans et son monde environnant. Le pictogramme est à la fois affect de la représentation et représentation de l’affect. Le concept de l’originaire vient restituer/constituer deux parties là où la psyché de l’infans n’en percevait qu’une seule et modaliser cette perception par le mécanisme de la spécularisation.
32Le manque d’empathie de Mme O. avec quiconque, son flot de paroles incessant quel que soit son interlocuteur, voire même l’absence de son interlocuteur, son indifférence à l’altérité et sa dépendance à toute personne investie me laissent imaginer que les besoins : élémentaires du bébé qu’était Jean ont pu être satisfaits soit de façon chaotique et arbitraire, soit de façon très rigide en soumission à une voix off (médecin idéalisé, amie, mère…) vécue comme toute-puissante par Mme O. Les mots de la psychothérapie ne cherchent pas à combler ce manque supposé d’assez bons soins dans la petite enfance mais tentent de reprendre un processus de symbolisation là où il est resté en souffrance.
33Quand j’annonce cette séparation à Jean son monde et lui-même deviennent une tempête de sable où nous n’avons plus aucune place, ni lui ni moi. C’est la deuxième interruption des séances pour des petites vacances, une dizaine de jours, alors que nous nous rencontrons deux fois par semaine : la fois précédente il s’était simplement enfermé plus longuement dans ses tam-tam et écholalies en me donnant à peine de quoi relier ce surcroît de fermeture à notre séparation. Cette fois-ci, six mois plus tard, son monde et lui-même se transforment en tourbillon. Je suppose que Jean commence à s’appuyer sur notre relation et ressent un tel sentiment d’abandon, ou plutôt de suspension de lui-même, qu’il l’entraîne dans un désinvestissement profond de la scène du monde : “L’affect provoqué par ce désinvestissement catastrophique entre dés lors en résonance avec l’affect accompagnant ce qui se joue sur la scène originaire : l’espace du monde et l’espace du corps trouvent leur seul et dernier représentant psychique, leur ultime statut d’existant dans une représentation pictographique qui exclut le Je, le dépossède de tout repère identificatoire.” [8] Il est vrai que chez Jean ces repères sont particulièrement fragiles.
34Ce qui est étonnant c’est qu’il parle, c’est sa capacité de mettre lui-même en mots cet éprouvé de tempête, de cataclysme. Ces mots ne me sont pas adressés, sont-ils adressés à quelqu’un en lui ou sont-ils le reflet du flot incessant des paroles maternelles ? Quel statut métapsychologique leur accorder ? Cependant, je les entends et ils me sont d’un précieux secours : il ne me reste plus qu’à confirmer cet éprouvé de rejet et à le relier à une cause, mon absence, qui pourra alors le transformer en affect de haine ou colère contre moi c’est-à-dire l’inclure dans une relation, la relation analytique, et ouvrir à une fantasmatisation.
35Une des difficultés de ces séances est de trouver un juste milieu entre un silence qui ne ferait que confirmer l’inexistence d’un hors-soi et un flux de paroles qui pourrait produire une souffrance telle qu’il viendrait forcer au rejet/à la fermeture de la zone complémentaire et augmenter cette surdité que l’on peut craindre chez tous les jeunes enfants psychotiques et que nous remarquons aussi chez Jean. Je souhaite dans ce travail que Jean se sente accompagné mais libre de ses productions psychiques. Si je laisse Jean dans le silence, il peut continuer longtemps ses séries de tam-tam, ses écholalies, ses tournoiements sur lui-même, sa vie dans son monde auto-engendré. Si je l’interpelle assez fort il peut me répondre et reprendre ce que j’appelle ses constructions élaboratives, c’est-à-dire m’apporter assez d’éléments gestuels, verbaux, émotionnels, comportementaux, pour que je puisse l’aider à les relier dans une histoire où ce qui arrive a une cause qui puisse paraître cohérente avec le présent de notre relation et avec ce que je sais de son histoire.
36Assez fort, un juste milieu… La question reste grave sur la force à exercer dans ces interventions auprès d’un jeune enfant et interroge tout analyste sur la place qu’il prend, ou ne prend pas, dans ces moments-là. Il arrive bien sûr que mes interpellations n’arrivent pas à sortir Jean de son monde auto-engendré, et je dois alors attendre, me demandant si cette fois je suis déprimée et n’ose pas intervenir assez fort, ou si j’ai été impatiente, intrusive ayant ainsi renforcée sa clôture : je me retrouve confrontée à ma solitude devant cet enfant qui nie mon existence et mon monde. Cependant, ses réponses à ces moments-là deviennent de plus en plus fréquentes et maintenant, il arrive qu’il reprenne ses tamtam d’un air amusé en me disant “parce que je ne veux pas entendre ça”.
Mai 98 - Juillet 98
Au retour de cette séparation il coupe la peau de maman, modèle des bouts piquants. Il a moins peur de moi, ébauche quelques rires, peut soutenir mon regard et se risque à me bombarder avec plaisir. Il ose montrer sa force et son adresse, sauter “droit” comme un garçon. Je peux l’admirer : il peut reprendre ses combats et leur élaboration.
Les nuits, il commence à dormir quelques heures.
Les scènes se compliquent, s’enrichissent. Sa propre évocation du lit parental : “chut, … dorment, … sont fatigués,… rêvé” le conduit à créer un néolangage que nous appellerons “sa langue à secrets” et que nous réentendrons souvent par la suite. Réagit-il plus à ses productions psychiques angoissantes ou à mon intérêt ravivé par la scénarisation alors attendue de sa scène primitive ? Cependant il continue son élaboration en l’obscurcissant à mes yeux et mes oreilles sans s’enfermer dans les tam-tam.
Septembre 98 - Décembre 98
Après l’été, la douleur de la séparation s’exprime moins poétiquement que la précédente et plus dans le hic et nunc des séances. La “langue est piquée” et il devient un monstre qui casse et dévore tout sur son chemin (il fait mine de manger les fauteuils) et que “sa mère ne voit pas parce-qu’elle pleure”. Il sépare inlassablement les bons marrons des mauvais marrons dans lesquels se trouvent “la tête de maman”, (il appelle “marrons” des petits boudins de pâte à modeler qu’il confectionne rapidement). Il peut rester quelques moments triste en suçant son pouce.
Je dis le tumulte de ses peurs et de ses colères de notre longue séparation d’été, de sa haine contre moi qui l’ai abandonné tout ce temps, ce qui pourrait bien lui rappeler d’autres solitudes terrifiantes. Il scènarisera dès lors la haine que peuvent provoquer des besoins et des désirs insatisfaits.
Le monstre grossit, se dilate dans le temps et l’espace des séances : il abandonne, il détruit, il hurle, il est plein de terreur et de colère.
Le monstre mord/mort.
Il est à tuer, à jeter.
Il pourrait m’aspirer en bouche à bouche, d’oeil à oeil, et dans la séance nous ne sommes plus que deux monstres identiques ou peut-être même un seul ? Réflexion, dévoration, morsure, mort.
Un flot monstrueux de marrons emporte la mère/bébé/monstre, ça crie des “lâche moi” terrifiants. Tout se mêle et tout est dévasté.
49L’apparence très répétitive des séances de ces quelques mois est fatigante : seule leur reprise aprés-coup permet d’y relever de fines variations et progressions. La difficulté, avant d’être interprétative, est de repérer nos places dans ces scènes : si je suis le monstre quoi que je dise sera monstrueux, s’il est le monstre il détruit tout, dont l’écoute de mes paroles, et le plus souvent nous ne sommes que deux monstres qui se reflètent l’un l’autre ou peut-être un seul et même monstre. Nous sommes dans la représentation d’une indifférenciation difficile à penser : un monstre reflète un monstre, image en miroir ou spécularisation ? Cependant le travail du processus primaire est aisément repérable : Jean met en scène une histoire, un monstre, des affects et il peaufine sa mise en scène de séance en séance même si ce monstre est sans âge et sans autre relation que sa vie dans un monde hostile qui attaque et qu’il doit attaquer. Il y a deux mondes (le monstre et son environnement), les notions de projection et d’introjection permettent de penser ce qui peut se jouer dans ces séances. Le processus primaire reconnaît l’existence d’un hors-soi de la psyché et cherche à le réduire. Pour répondre à l’extériorité irréductible de l’objet il le postule entièrement soumis au désir de l’autre : le primaire propose une mise-en scène de ce qu’il perçoit et interprète cette perception comme un effet du désir de l’autre à son égard. “Cette interprétation est conjointement projection en un fragment de l’extérieur d’un Autre désirant et accusé de réception ou introjection sur la scène psychique d’une manifestation concernant le désir qu’on lui impute et auquel on répond.” [9] P. Aulagnier insiste : “C’est la relation entre ces deux désirs qui est projetée-introjectée” [10]. Soit le sujet suppose un désir de plaisir projeté sur lui et il devient source de plaisir, soit il suppose un désir de déplaisir et il devient source de déplaisir.
50Jean est un monstre qui modèle son environnement à son image ou son environnement est monstrueux qui le modèle en monstre. Le monstre est mauvais, vit dans un monde hostile et leur rencontre est explosive. Grâce à l’attaque de mon bureau, mimée au moins dans un premier temps, je peux facilement mettre en rapport cette monstruosité avec sa rage à lui, Jean, que je suppose déclenchée par ma propre monstruosité : mon absence de l’été. La construction de cette causalité est aussi construction d’une histoire qui s’appuie sur sa mémoire. Si Jean poursuit sa construction fantasmatique séance après séance c’est qu’il se souvient du contenu des séances précédentes et que le temps commence à exister pour lui. C’est une des premières fois que je peux relier ses représentations dans la séance à un affect qui m’est directement adressé et à un passé qui lui serait propre (d’autres solitudes terrifiantes/maman ne le voit pas parce qu’elle pleure). Ce présent peut s’expliquer par ce passé récent, ouvrir à un passé plus lointain, ce qui fait appel au travail d’historien du Je.
Janvier 99 - Mai 99.
Jean transporte enfin la figure du monstre sur un oreiller qu’il peut me jeter au visage, reprendre, coller à son propre visage et aussi l’accoler, le coupler avec un “bébé” (baigneur qui est dans le bureau).
Enlacés, le bébé et le monstre sont jetés au loin, dans un gouffre profond ou leur alliage est une lutte sans merci, où les pétards explosent et où les fèces envahissent tout. Je dis la terreur, le froid, la détresse de ce bébé nu et perdu. Jean m’implore de le sauver, le récupérer, le consoler. Je prends ce bébé terrifié, le console, le réchauffe et le lave de tous ces fèces. Autant Jean est excité par cette étreinte bébé-monstre dans un monde persécuteur, autant il est apaisé par leur séparation et la douceur de la consolation. A chaque séance la réparation de ce bébé terrifié est plus longue, je peux même lui chanter une berceuse pendant que Jean s’allonge très calme en suçant son pouce.
Peu à peu le bébé et le monstre sont moins collés, plus en face à face, “le bébé est plein de caca et le monstre est plein de colère”. Leur lutte devient plus imagée, plus détaillée : les oreilles, les bras, les jambes sont arrachés. Beaucoup plus tard toute cette bagarre de l’infans s’articulera à l’enfant rebelle, au mauvais garçon dans une causalité transférentielle “Je suis en colère parce que tu es méchante.” et il jettera les fauteuils.
55C’est à partir de janvier 99, plus d’un an après le début de nos séances, qu’il arrive à Jean de ne pas mettre son propre corps en jeu dans ses scènarisations : il crée un espace de représentation dans lequel il ne joue pas directement, nous pouvons regarder ensemble ce monstre-oreiller, le partager, l’échanger. Un écart existe entre Jean et le monstre, entre moi et le monstre, entre Jean et moi et nous pouvons en parler. Cet écart me semble signer un éloignement des premiers temps du primaire où la représentation fantasmatique ne peut se figurer que par les images de choses corporelles dans une correspondance entre l’espace corporel du représentant et l’espace du monde. Je pense y trouver un début de symbolisation permettant des liens temporels, des significations différentes possibles et un renforcement de la représentation par l’image de mots.
PICTOGRAMME, PULSIONS ET PULSION DE MORT
56Comment pouvons-nous penser la prévalence des scènes de destruction, de terreur et de violence chez Jean, scènes d’abord accompagnées d’actes violents qui se transformeront peu à peu en une excitation remarquable ?
57Les pictogrammes imaginés à partir des mots “bouts piquants, mère qui colle, peau qui tire, langue piquée…” évoquent des éprouvés de souffrance. Dans les séances ils sont suivis par l’émergence des fantasmes de destruction (monstre vivant dans un monde démesuré et meurtrier, guerre terrible entre deux monstres puis entre un monstre et un bébé), qui finissent par laisser un peu de place à l’apaisement et à la consolation que Jean réclame sans pouvoir les représenter lui-même. Je dois les “jouer” pour qu’il puisse éprouver le plaisir de moments d’harmonie et de calme.
58Dans l’originaire, du fait de la spécularisation, la psyché se représente l’éprouvé de souffrance comme généré par la zone elle-même incluant l’objet, même en son absence : c’est l’indissociabilité de l’objet-zone complémentaire. Le but du représentant devient alors la destruction de cet objet-zone provoquant la douleur, c’est-à-dire la destruction/mutilation d’une partie de lui-même (la zone). Ce but est conforme à celui de la pulsion de mort freudienne (détruire l’objet cause du désir pour retrouver l’état de quiescence), mais on voit que pour P. Aulagnier la destruction atteint le représentant lui-même alors que chez Freud il ne vise que l’objet. Cet éprouvé de souffrance existe chez tout infans au moment du besoin/du manque/de l’absence et est représenté par le pictogramme de rejet, mais il est le plus souvent équilibré par un éprouvé de plaisir qui s’expérimente lors de la rencontre bouche-sein/infans-mère représentée par le pictogramme de jonction, éprouvé de plaisir qui vient satisfaire les buts d’Eros ainsi que ceux de Thanatos par la mise au silence de la quête désirante. C’est dans l’originaire que s’instaure ainsi l’intrication pulsionnelle. P. Aulagnier est proche de la pensée de Freud quand il postule le masochisme érogène comme “un vestige” du premier alliage entre Eros et Thanatos : “Une autre partie (de la pulsion de mort) ne participe pas à ce déplacement vers l’extérieur (pour donner le sadisme), elle demeure dans l’organisme et là elle se trouve liée libidinalement à l’aide de la coexcitation sexuelle dont nous avons parlé; c’est en elle que nous devons reconnaître le masochisme originaire, érogène.” [11] La notion de coexcitation sexuelle elle-même, souvent problématique dans sa compréhension, est reprise par P. Aulagnier dans l’idée de la synchronie des plaisirs érogènes précurseurs de la future unité de l’image corporelle. Les rapports qu’entretiennent les concepts de pictogramme et de pulsion mériteraient toute une réflexion : celui-là vient renouveler celle-ci à la lumière de la clinique et de cette lecture affinée que nous avons acquise par ce concept de pulsion lui-même.
59Que se passe-t-il quand le pictogramme de jonction est le plus souvent accompagné d’un éprouvé de souffrance ? L’infans ne peut, en fonction de ses besoins, totalement refuser la jonction (ce qui se voit dans les rares cas d’anorexie sévère du nourrisson conduisant à la mort), il est donc dans la position d’attendre/désirer cette jonction. Si celle-ci s’opère dans la souffrance la différence fondamentale entre le bon et le mauvais ne peut s’établir : pour le soulager d’un manque douloureux, l’infans attend une jonction qui provoque une douleur, la rencontre est explosive et l’infans ne peut y mettre fin sauf à mutiler la zone, (mutilation dont P. Aulagnier fait une forme originale de la castration). “L’intrication pulsionnelle qui aurait du se mettre en place dés cette étape inaugurale grâce à l’offre d’un sein, représentant de l’ensemble des objets complémentaires, conforme au but d’Eros par son pouvoir de dispenser du plaisir, et conforme au but de Thanatos par son pouvoir de mettre fin à l’état de tension, de manque que déclenche son absence, ce premier temps de l’intrication pulsionnelle échoue.” [12] La pulsion de mort, présentée par Freud comme une hypothèse spéculative, s’étayerait ainsi, dans l’originaire, sur la subjectivité de l’objet induisant (ou ne pouvant pas apaiser) la répétition d’un éprouvé de souffrance. P. Aulagnier en éclairant le concept de pulsion fait résonner la notion d’étayage d’une façon toute particulière : le pictogramme est le représentant originaire de l’éprouvé corporel, mais cet éprouvé est modulé par l’œuvre de la psyché maternelle qui relie “le registre du désir de l’un à celui du besoin et du nécessaire de l’autre.” [13]; l’étayage pulsionnel sur le corps propre se double de celui sur la psyché du premier autre.
60La confusion archaïque qu’induit un pictogramme de jonction qui s’éprouve dans la souffrance constitue une menace particulière pour le Je concerné : la rencontre avec l’objet aura toujours la possibilité de réveiller ce conflit premier et la souffrance qui l’accompagne; menace qui pourra être équilibrée ou redoublée par le désir et le discours parental.
61Les mises-en-scène de Jean où le bébé et le monstre s’enlacent dans une embrassade destructrice sans pouvoir se séparer me paraissent bien évocatrices du remodelage par la fantasmatisation, processus primaire, d’un pictogramme de jonction s’opérant dans la souffrance.
POUR CONCLURE
62Qu’en est-il du crime impuni ?
63Quelle ne fut pas ma peine le jour où je compris que Jean, depuis déjà un bon nombre de séances, essayait de me faire entendre sa représentation d’un monde où toute personne vivante (petits bonshommes que je devais confectionner rapidement) était instantanément broyée en “marrons, sans tête, ni bras, ni jambes, ni ventre” soumis à une discipline impitoyable, rangés à une place fixée sans écart possible. Devant l’effroi et la tristesse que je disais ressentir d’un tel monde il se mit à parler de “crime impuni”. C’était à peu près au moment où je devais donner le titre de cet exposé… Ce crime impuni put être envisagé sous différentes formes : sa peur des puinés et peut-être sa culpabilité de les avoir détruits (Jean est fils unique), son exclusion de l’école, la négligence de ses besoins, “sa parole coupée”… et favorisa un travail important avec sa mère où celle-ci put s’étonner à trouver de l’intérêt à ce que disait son fils. Je pensais alors articuler les rapports possibles de ce “crime impuni”, ce désir d’anéantissement de toute forme de vie avec la pulsion de mort et l’hypothèse d’un pictogramme de jonction éprouvé dans la souffrance. Mais au cours de ce travail d’exposé il m’a paru intéressant :
- d’insister à la fois sur la prégnanœde l’originaire dans ce début de cure et l’éclairage que nous en apporte cet enfant par son langage assez élaboré et sur l’étayage contretransférentiel de ce concept. L’imagination qu’il offre des processus archaïques en écho aux paroles, actes si particuliers des enfants psycho-tiques, sa figuration de deux mondes (objet-zone) là où il ne s’en exprime qu’un seul m’a permis de traverser ces moments de grande confusion en créant peu à peu un écart dans cette indifférenciation. Face à Jean j’ai pu rester, parfois difficilement, une femme parlante qui l’écoutait lui et qui pensait à partir de lui.
- de respecter la chronologie des séances de Jean qui montre une mise à distance progressive de ces résurgences pictographiques par la symbolisation entraînée par une affirmation régulière de la mise en jeu du processus primaire.
64Il reste une question importante : cette forclusion de la représentation pictographique “à jamais et pour tout sujet” qu’en est-il chez les jeunes enfants gravement psychotiques ou autistes ? Ces termes ne pourraient-ils pas indiquer aux psychanalystes deux écueils à éviter : celui de l’illusion optimiste qui exigerait la réparation totale du “crime impuni” ou celui de l’illusion pessimiste qui affirmerait la réalité de la perte totale causée par le “crime impuni”? Deux illusions qui pourraient venir renforcer les effets d’un environnement favorisant la réactualisation de l’originaire.
Mots-clés éditeurs : Pulsion de mort, Spécularisation, Originaire, Pulsion, Pictogramme, Étayage
Notes
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[1]
Aulagnier P., 1975, La violence de l’interprétation, Paris, P.U.F, 1981, p.13.
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[2]
ibid., p. 19.
-
[3]
ibid., p. 133-134.
-
[4]
ibid., p. 69.
-
[5]
ibid., pp. 69-70.
-
[6]
Aulagnier P., 1986, du langage pictural au langage de l’interprète in Un interprète en quête de sens, Paris, Ramsay, p. 339.
-
[7]
Aulagnier P., “Du langage pictural au langage de l’interprète” in Un interprète en quête de sens, Ramsay, 1986, p. 344.
-
[8]
Aulagnier P., 1986, Le retrait dans l’hallucination in Un interprète en quête de sens, Paris, Ramsay, p. 409.
-
[9]
Aulagnier P., 1975, La violence de l’interprétation, Paris, P.U.F, 1981, p. 91.
-
[10]
ibid. p. 91.
-
[11]
Freud S., 1924, “Le problème économique du masochisme” in Névrose, psychose et perversion, Paris, P.U.F, 1978, p. 291.
-
[12]
Aulagnier P., 1986, “Quelqu’un a tué quelque chose” in Un interprète en quête de sens, Paris, Ramsay, p. 373-374.
-
[13]
Aulagnier P.,1975, La violence de l’interprétation, Paris, P.U.F, 1981, p. 40.