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Article de revue

Survivre aux couples en thérapie

Entre respect de la demande du couple et recherche de confort et d'efficacité pour le thérapeute

Pages 445 à 463

1 Bien qu’ayant une pratique de psychothérapie systémique très variée, m’amenant à rencontrer tant des familles, avec enfants ou adolescents, que des adultes en individuel et des couples, c’est de la clinique du couple conjugal (et non parental) dont je traiterai dans cet article.

2 Après avoir clarifié mes représentations actuelles sur le couple, et tenté de cerner les raisons de mes difficultés dans les rencontres thérapeutiques avec les couples, j’exposerai les aspects méthodologiques qui m’ont permis de gagner en confort et en efficacité. Repérer le type de problématique, définir la relation et poser un cadre clair, permettent de construire de bonnes fondations pour co-construire ensuite le parcours thérapeutique, et laisser s’y déployer la créativité des protagonistes du système thérapeutique. Je discuterai également de points spécifiques à la thérapie de couple telle que je la conçois aujourd’hui : revisiter la place du changement en thérapie de couple et centrer d’abord le travail sur le couple (et non les individus qui le composent), ce tiers méta que nous recevons au-delà des deux partenaires.

Clarifier ses représentations sur le couple

3 Nous avons chacun nos représentations sur le couple, plus ou moins conscientes, plus ou moins claires. Qu’est-ce qu’un couple ? Que peut-on attendre d’un couple ? A quoi « sert »-il ? Pourquoi tant de gens se mettent-il en couple, alors que, nous en sommes quotidiennement témoins, de l’intérieur comme de l’extérieur, c’est si difficile de vivre en couple, et à certains moments, générateur de souffrance et de déceptions ?

4 Nos représentations du couple ( « croyances ») influencent largement notre manière de rencontrer les couples en thérapie ainsi que leur devenir. Le constructivisme, mon référentiel principal, parle d’ « observateur participant » pour signifier qu’en tant que thérapeute, notre perception des couples est largement « teintée » de nous-mêmes, alors que nous croyons naïvement pouvoir les percevoir objectivement. Elle est « biaisée » par notre histoire, nos centres d’intérêts, les limites de nos organes de sens, nos théories, nos représentations… Et nos croyances sur les couples vont influencer leur devenir, que nous le voulions ou non. Mara Selvini, paraphrasant Watzlawick, dit qu’ « on ne peut pas ne pas influencer ». Si nos croyances sont si opérantes dans la rencontre thérapeutique, nous gagnons à nous mettre au clair sur elles. Nous avons dès lors, me semble-t-il, la responsabilité de réfléchir nos théories, nos croyances et de les faire évoluer dans le temps, guidés par une éthique, pour ma part, de réduction de la souffrance, de croissance personnelle, de liberté de choix ( « augmenter le nombre de possibles », von Foerster), de curiosité bienveillante et de respect de l’autre, de soi, des modes relationnels et des visions du monde de nos clients (cf. éthique de curiosité de G. Cecchin).

5 Je propose donc d’exposer mes croyances actuelles sur le couple. Elles n’ont bien sûr de valeur que pour moi-même, mon ambition n’est pas de vous les faire adopter, mais de clarifier le point de vue d’où j’observe la réalité. Ces croyances ont largement évolué avec le temps et restent en constante évolution. Pour l’illustrer, je vais relater une petite anecdote. Agnès, 43 ans, est venue me voir avec une demande de thérapie individuelle il y a très longtemps. J’étais toute jeune thérapeute, à l’époque, et, au plan privé, dans un couple de 5 ans d’âge. Agnès venait en thérapie pour travailler sa relation avec sa mère qui, disait-elle, « la pompait et la rongeait de l’intérieur », à l’image du cancer du sein dont elle sortait alors. Lors de l’une de nos premières rencontres, je lui demande comment va son couple et, tout de go, elle me répond ceci : « Oh, mon couple, heureusement, ça va bien, avec mon mari, on s’entend bien, on ne s’emmerde pas, on se fout la paix ». Cette phrase me frappe et me laisse perplexe, mais je n’ose pas l’interroger davantage (aujourd’hui, c’est une de mes marottes de questionner tout ce qui, dans le discours mais aussi dans l’analogique, me semble étrange, particulier). En mon for intérieur, je me dis : « Voilà une bien curieuse équation : bon couple = on se fout la paix ». Pour moi, à l’époque, mes croyances étaient : bon couple = grande préoccupation des partenaires l’un pour l’autre. Mais il y avait quelque chose de tellement déterminé dans la voix de ma patiente, une femme intelligente et sympathique, que je me disais que cette phrase était lourde d’enseignements et de sagesse, qu’elle devait m’apprendre quelque chose de neuf et d’utile pour moi. Je l’ai souvent méditée… J’ai travaillé 5 ans avec Agnès, phase durant laquelle j’ai expérimenté, au plan privé, la complexité de la vie de couple. Lorsque nous nous sommes dit au revoir, Agnès et moi, je me suis permis de lui dire qu’elle m’avait apporté beaucoup le jour où elle a prononcé cette phrase, sans rentrer davantage dans les détails. Je l’en ai remerciée. Mais la pleine teneur de cette phrase m’est apparue progressivement bien plus tard. Se « foutre la paix », cela ne signifiait-il pas ne pas se tarabuster de manière névrotique, accepter davantage l’autre tel qu’il est, cesser de projeter ses problèmes, accepter l’idée que l’autre n’est pas la solution à ses problèmes, s’aimer avec liberté et tolérance ? Ce qui est, bien entendu, un énorme travail psychique ! Rien à voir donc avec désintérêt ou désinvestissement !

6 Je relate ceci pour signifier deux choses :

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  • Nos patients nous aident à préciser et à faire évoluer nos représentations sur le couple.
  • La thérapie est un processus de co-évolution et nos patients nous apprennent énormément, au plan professionnel, mais aussi au plan privé, ils nous aident à croître psychologiquement. Cette dame m’a permis d’avancer dans la réflexion sur ce qu’on peut attendre d’un couple.

8 Le discours de la société sur le couple me semble truffé d’illusions nocives pour les couples car génératrices de souffrance et de déception. Les deux principales illusions, selon moi, sont les suivantes :

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  • Le couple a pour mission de rendre heureux.
  • Le couple se doit d’être thérapeutique : chaque partenaire serait le thérapeute de l’autre et contribuerait à réparer ses blessures (d’enfance, d’histoire de couples précédents, …).

10 D’où viennent ces deux illusions ?

11 En général, le couple se construit dans la joie et l’allégresse. Au cours de la phase passionnelle, chacun fait des découvertes magnifiques : celle d’être un partenaire idéal pour l’autre et celle que l’autre l’est également pour soi. Comme s’il s’agissait d’un assemblage parfait… Certains disent d’ailleurs de leur partenaire « c’est ma moitié », cet autre qui le comble, le comprend parfaitement et semble si extraordinaire. Les psychanalystes parlent de composantes narcissiques (l’image que l’autre me renvoie de moi est valorisante) et anaclitique (l’autre comble mes manques) à la phase passionnelle. Une erreur de logique risque de s’installer dans la tête des amoureux : puisque ce couple apporte à ce moment-là le bonheur et la compréhension, on est en droit de l’attendre, comme si cela faisait patrie des missions du couple. Le couple vous les doit. Il y confusion entre l’effet premier du couple et la fonction qu’il devrait remplir.

12 Quelles sont mes croyances actuelles sur ce que l’on peut attendre sur le plan psychologique d’un couple ?

13 Le couple est une enveloppe, un contenant, une appartenance. Parfois, je parle d’un habit, plus ou moins seyant, ou d’une seconde peau… R. Neuburger (1997) parle de la « maison couple ». Le couple a deux dimensions : une dimension relationnelle, une d’appartenance (la maison, l’enveloppe).

14 Cette enveloppe peut, à mon sens, remplir plusieurs fonctions.

15 Le couple est un support d’identité. Je rejoins R. Neuburger quand il dit que l’appartenance à un couple est une des bases identitaires les plus importantes. Les partenaires des couples en séparation en témoignent très bien : sans cette enveloppe de couple, ils se sentent « tout nus », comme soudainement privés d’une seconde peau.

16 On peut aussi attendre de cette enveloppe du confort, du réconfort, de l’attention, du soutien. Le couple peut être un refuge où s’amortissent les moult chocs du quotidien : on rentre le soir chez soi, dans sa famille, dans son couple, et on s’y sent accueilli, on y trouve du réconfort, de la sécurité. On peut attendre du partenaire de l’attention, de l’écoute, de la bienveillance, mais pas, pour ma part, qu’il prenne en charge vos problèmes et les résolve à votre place. Selon moi, dans un couple, on ne doit pas essayer d’être le thérapeute de l’autre ni attendre que l’autre vous répare, vous guérisse de vos blessures passées. D’abord car généralement, cela ne marche pas, ou ne dure pas, ensuite car cela installe des relations de dépendance affective qui empêchent la croissance personnelle des partenaires. Chacun a la responsabilité de se guérir, de se soigner, le conjoint peut soutenir, aider, mais pas davantage. Comme le dit C. Whitaker, l’autre n’est pas la solution à nos problèmes. Le couple ne compense pas le manque à être. C’est probablement cela qui fait dire à P. Caillé : « Le couple sain vit une solitude partagée, le sait et s’en satisfait ».

17 On peut bien sûr également attendre du couple de la complicité, du plaisir, sur le plan sexuel et de manière plus générale, dans la relation. Et bien d’autres choses encore…

Les couples en thérapie, une clinique bien difficile…

18 Rencontrer des couples en thérapie n’a pas toujours été une partie de plaisir pour moi… Au début, c’était souvent inconfortable. Pourquoi ?

19 Souvent, les séances ressemblaient à un champ de bataille : reproches, accusations réciproques, disculpation (le problème, c’est l’autre) et il m’était souvent difficile de décaler les choses au niveau de la dynamique conjugale et du rôle actif que chacun jouait dans le problème dont il se plaignait.

20 Ensuite, je remarquais souvent en thérapie de couple une importante résistance au changement, bien plus forte qu’en thérapie familiale.

21 Enfin, la place accordée aux plaintes et leur caractère répétitif me lassaient rapidement.

22 Développons ces trois points.

23 Au début de ma pratique de thérapies de couple, je me sentais souvent impuissante, inutile, sentiments que j’avais dépassés bien plus tôt avec les familles. J’éprouvais aussi souvent de l’ennui, face au jeu systémique assez répétitif qui se déroulait devant moi. J’avais l’impression que les partenaires rejouaient devant moi leurs querelles et leurs reproches mutuels et que j’y assistais à une place de témoin impuissante, avec une frustration croissante. Je perdais prise sur le processus, j’étais « aspirée » dans leur jeu systémique sans pouvoir le faire évoluer vers une autre danse. Mon objectif était à l’époque de les accompagner – trop vite certainement – vers un changement relationnel, de leur permettre de voir les choses différemment, d’avoir des lectures différentes de ce qui se passait entre eux et d’élargir la palette des expériences émotionnelles et relationnelles entre eux et avec moi. La réalité était assez décevante…

24 Parfois, ils m’attribuaient un rôle encore plus inconfortable et pénible, celui d’arbitrer leurs conflits, ou plutôt de prendre parti pour l’un et contre l’autre. P. Caillé (2004, p. 26) écrit : « En consultation, on ne trouve que deux plaignants et un juge. C’est une constellation perverse qui conduit directement le thérapeute sur un champ de bataille qui devrait lui rester étranger. »

25 Je trouvais généralement difficile de mobiliser un changement dans les couples. Je pensais que l’importance de la résistance au changement pouvait être liée au moins à deux raisons. D’une part, au jeu de forces antagonistes entre les partenaires : souvent, en thérapie de couple, on a affaire à un partenaire contre l’autre, l’autre vu comme l’ « ennemi intime », alors qu’en thérapie familiale, le jeu de forces entre les membres de la famille était davantage convergent, tous étant plus ou moins prêts à s’allier pour aider l’enfant à dépasser sa difficulté. D’autre part, au fait que lademande de changement est beaucoup plus paradoxale qu’en thérapie familiale, les partenaires m’apparaissant souvent tenir à leur mode de fonctionnement même s’ils s’en plaignent et en souffrent.

26 Il fallait donc travailler différemment qu’en thérapie familiale.

La nature relativement invariable des plaintes

27 Comme P. Caillé et R. Neuburger le notent, en thérapie de couple, les plaintes sont souvent grosso modo identiques. Un (ou parfois les deux) partenaire (s) exprime sa frustration car il donne plus au couple que l’autre (plus d’attention, d’intérêt, de temps, d’investissement dans la sexualité, de nourriture intellectuelle, de contributionfinancière, …). R. Neuburger parle du contrat d’intimité du couple, contrat implicite entre les partenaires où se définit ce que chacun donne de son territoire personnel au couple. Cet équilibre entre territoire personnel et territoire du couple se modifie dans le couple avec le temps, selon les besoins de chacun et les exigences de l’environnement (travail, enfants, …). Quand un décalage trop important se fait sentir entre les partenaires, celui qui se vit lésé se plaint que l’intimité du couple est négligée, bafouée par l’autre. A ses yeux, l’autre se désinvestit, il est moins dans le couple et le partenaire lésé souffre de ce qu’il vit comme une infidélité au couple. Il enrage ou se dessèche. Une patiente me disait récemment : « Je suis comme un cactus, je survis vaille que vaille sans que l’on m’arrose ». Le partenaire lésé se demande s’il « a encore assez de son couple » et incrimine l’autre. Un sentiment d’injustice croît en lui, il donne plus qu’il ne reçoit. Le thérapeute assiste alors à des discussions ennuyeuses où le partenaire accusé se justifie, ou bien où chaque partenaire, calculette en main, dit P. Caillé (2004), repère les déséquilibres entre ce qu’il donne et ce qu’il reçoit. Comme le dit P. Caillé, le débat entre progressivement dans une logique de marché, un troc (un donné pour un rendu) et pas dans une logique de don (on donne en espérant qu’on recevra en retour car on a confiance dans le couple). Le couple mérite mieux qu’une logique de marché !

28 Malgré un sentiment initial de découragement concernant la « praxis » des thérapies de couple, j’éprouvais beaucoup de curiosité pour les couples et leur fonctionnement. J’étais chaque fois sidérée par l’agencement presque parfait des problématiques des partenaires. J’avais souvent en tête l’image d’un engrenage bien huilé. Plus tard, j’ai entendu M. Elkaïm parler d’horlogerie suisse pour qualifier les dynamiques des couples.

29 Travailler dans le confort et le plaisir a toujours été important pour moi. Dans notre métier, nous sommes constamment confrontés à la souffrance. Comment la rencontrer sans être contaminé, sans sombrer dans le « burn out », sans s’alourdir ? A mes yeux, il s’agit de « sentir avec » mais pas de « souffrir avec ». Comment rester vivant comme thérapeute ? Comment ne pas y perdre sa gaieté ? Si l’histoire de nombreux thérapeutes les a « préparés » à supporter assez bien la souffrance et à vouloir s’occuper de celle des autres en escomptant un certain succès, comment arriver malgré tout à se créer un contexte de travail confortable ?

30 Comment concilier respect de la souffrance des patients avec enthousiasme, légèreté, créativité, confort dans le travail, et notamment avec les couples ? C’était une question insistante pour moi à l’époque. Elle m’a motivée à reprendre un cycle de formation chez Philippe Caillé, l’un des formateurs qui a le plus marqué ma pratique. Mais, concernant le travail avec les couples, j’ai également été nourrie par les apports de Robert Neuburger, Mony Elkaïm, Jean-Paul Mugnier, Jurg Willy, Carl Whitaker et bien sûr mes collègues, dont Maggy Siméon.

Aspects méthodologiques pour gagner en confort et en efficacité

31 Afin de gagner progressivement en confort et en efficacité avec les couples en thérapie, j’ai développé une approche centrée sur quatre idées maîtresses que je développerai par la suite.

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  • Prendre le temps, avant de s’engager dans une thérapie de couple, d’identifier le type de problématique de couple et la faisabilité du projet.
  • Avoir une méthodologie de travail solide et pour cela, définir un cadre de travail très clair.
  • Revoir la visée de changement.
  • Se centrer d’abord sur le couple pour sortir le plus vite possible de la plainte et de l’affrontement. L’objet de travail, c’est le couple, pas l’autre.

Identifier le type de problématique du couple

33 La thérapie de couple commence généralement par une phase préliminaire de trois à cinq séances en moyenne, où est examinée la possibilité d’un travail commun.

34 A la suite de P. Caillé, la première question que je me pose est la suivante : « Y a-t-il encore un couple ? » , c’est-à-dire deux personnes attachées l’une à l’autre et qui tiennent encore à leur couple, que cet investissement s’exprime par de l’amour, de l’hostilité, des conflits, … Pour certains, le couple est devenu une enveloppe inconfortable, douloureuse ou difficilement palpable, mais il existe. Dans d’autres cas, il n’existe plus assez ou plus du tout. P. Caillé dit que le problème de la plupart des couples qui consultent, c’est le doute d’exister comme couple. Les partenaires ont perdu le sens du couple, sa raison d’être…

35 Une manière parmi d’autres de sentir si le couple existe encore suffisamment est de leur demander de faire le récit de leur rencontre. On peut alors repérer s’il émeut encore les partenaires, s’il les fait « vibrer ». Cela nécessite d’être attentif au non verbal, à l’ambiance et au climat qui se dégage. C’est davantage la relation que le contenu qui nous intéresse ici. Un récit plat et sans émotion de l’un ou des deux partenaires fait douter de l’existence d’un couple, de même que les amnésies sur les circonstances de la rencontre. Inversement, les échanges de regards, de sourires béats, les trémolos dans les voix même empreints de nostalgie, sont autant de signes que le couple existe encore.

36 Comme l’enseigne P. Caillé, à cette étape, il s’agit d’identifier la problématique du couple venu consulter. L’évaluation de l’enveloppe du couple permet d’en définir quatre types.

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  • L’enveloppe s’est perdue au moins pour un des deux partenaires qui est déjà hors du couple. Ce dernier n’est plus suffisamment motivé par ce couple pour se battre pour lui. Ces cas sont relativement rares  : en effet le couple a fait la démarche de consulter. Mais cela arrive et il essentiel de le repérer. Se faire une idée sur la question prend parfois plusieurs séances. Mieux vaut prendre le temps et déclarer que l’on est dans une phase préliminaire pour définir ce que l’on peut faire ensemble… Il peut être dangereux d’entamer un travail en faisant comme s’il y avait encore un couple lorsqu’il n’y en a plus. Nous leurrons nos patients en nourrissant une illusion, d’autant plus que le spectre de la séparation les inquiète et qu’ils (ou au moins un des deux partenaires) attendent parfois secrètement de nous que nous les rassurions sur l’existence et la présence du couple. Lorsqu’ilapparaît que le couple est trop affaibli, nous pouvons leur proposer quelques entretiens pour les aider à renoncer à ce couple et les y accompagner. Les entretiens de couples servent alors à accompagner la séparation. Mais la prudence s’impose car c’est une arme à double tranchant ! Parfois, c’est très aidant, ça les aide à finir le couple sans devoir le haïr et donc le trahir. Explorer les bons souvenirs et les apports du couple pour chacun me semble aussi utile qu’explorer les raisons de l’échec du couple. Comme le dit R. Neuburger, on renonce plus facilement à un couple qui a apporté du bon qu’à un couple dont on pense qu’il n’a apporté que du mauvais. C’est utile aussi pour prévenir les difficultés chez les enfants suite à la séparation. Quand les parents ne se dénigrent pas mutuellement et qu’ils sont reconnaissants au couple pour ce qu’il leur a quand même apporté, ils peuvent davantage reconnaître l’ « ex » comme un parent acceptable et soutenir le lien filial des enfants à ce dernier. Ce travail ponctuel peut également avoir des vertus préventives pour les couples que les partenaires recomposeront et qui pourraient souffrir de la répétition des mêmes problématiques, non conscientisées de la première union. Mais cette proposition de travail d’accompagnement de la séparation doit être soigneusement évaluée avec le couple car il risque d’avoir des effets totalement contraires à ceux attendus, c’est-à-dire d’empêcher de renoncer au couple. Cela me semble contre-indiqué quand un des partenaires a énormément de mal à accepter la séparation (il faut que les deux aient commencé à désinvestir le couple) et je pense que ce travail doit être relativement ponctuel et d’une tout autre nature qu’une thérapie de couple. Ce risque est donc préalablement énoncé et évalué avec le couple. Les situations les plus délicates sont souvent celles où l’on voit arriver deux conjoints mais où l’un d’eux a déjà renoncé au couple sans avoir osé le dire clairement à l’autre, encore attaché au couple. Ce partenaire plus désengagé demande des entretiens de couple avec diverses attentes plus ou moins voilées : s’appuyer sur un tiers, le thérapeute, pour oser avouer son projet de séparation, soulager sa culpabilité en s’expliquant sur les raisons de sa défection, ou, pire, nous « confier » le partenaire éploré en thérapie individuelle afin de le soutenir dans la décompensation qu’il redoute suite à l’annonce de la séparation. La vigilance est de mise, nous ne sommes pas tenus d’accepter l’inacceptable et notre éthique de travail nous amène parfois à refuser des demandes qui ne nous semblent pas légitimes !
  • L’enveloppe est affaiblie par des « obstacles » extérieurs au couple qui affectent un ou les deux partenaires, mais elle existe encore. Cela peut être une maladie d’un des conjoints, l’entrée en thérapie individuelle d’un des conjoints (souvent vécue comme une trahison à l’ « intime » du couple, rappelle R. Neuburger), un drame personnel qui affecte un des partenaires, … Ces événements, à l’origine extérieurs au couple, viennent indirectement le déstabiliser ou l’empêcher de se construire. Je pense à ce jeune couple dans lequel, un an après le début de la cohabitation, Monsieur apprend que son frère vient de contracter une maladie incurable et quelques semaines plus tard, le père de Madame se suicide… Ces événements ont entravé la construction de l’enveloppe, ils les ont empêchés de faire couple, chacun étant tout occupé du drame personnel qu’il vivait. Ils viennent nous voir en crise mais le problème n’est pas à proprement parler un problème de couple, ils’agit plutôt de problèmes personnels qui rejaillissent sur le couple. La difficulté conjugale est plutôt un épiphénomène de problématique (s) personnelle (s). Pour P. Caillé, le travail thérapeutique consiste alors à identifier ces obstacles, à repérer comment et en quoi ils ont influencé – voire fait intrusion et affaibli – le couple, pour ensuite permettre au couple d’exister et de reprendre sa place et son évolution. Il spatialise l’obstacle par une chaise vide. Ce jeune couple interprétait à tort sa problématique comme une défaillance du couple, évalué trop fragile pour absorber les souffrances personnelles. Je leur ai dit qu’il y a des souffrances qu’on ne peut traverser que seul…
  • L’enveloppe existe et semble solide mais les partenaires sont face à une difficulté de vie interne au couple qu’ils n’arrivent pas à aborder ou à résoudre seuls. Je pense notamment aux tournants dans le cycle vital de la famille qui viennent perturber l’équilibre du couple : arrivée du premier enfant, départ des enfants ( « syndrome du nid vide »), passage à la retraite d’un des partenaires, … Les patients sont en recherche d’un contenant pour se parler de ce sujet et trouver avec notre aide une solution. Dans ces cas, il n’est pas nécessaire de revisiter en profondeur les fondements du couple. Créer un contexte sécurisant où la problématique spécifique pourra être explorée est souvent suffisant.
  • L’enveloppe est affaiblie, douloureuse, insatisfaisante mais elle existe encore et les deux conjoints y sont encore suffisamment attachés pour se battre pour le couple et supporter le long et fastidieux travail que demande une thérapie de couple. C’est une problématique de couple dont il s’agit et qui va nécessiter de prendre le temps d’explorer le couple, de ses origines à aujourd’hui. Ce sont ces situations que dans mon jargon personnel, j’appelle les « vraies thérapies de couple », centrées sur ce tiers qu’est le couple. J’y reviendrai par la suite.

Définir la relation

38 Comme le dit Mara Selvini, définir la relation , c’est clarifier le cadre de son intervention, préciser ses compétences et ses limites, son mandat, ses conditions de travail. C’est dire clairement ce qu’on peut faire, sait faire et veut faire mais aussi ce qu’on ne veut pas faire, ce qu’on ne sait pas faire ou ne peut pas faire. Avec les couples, c’est notamment signifier que je n’ai pas de baguette magique, que je ne solutionne pas leurs problèmes (ils restent acteurs du processus), que le destin de leur couple leur appartient. Que je n’arbitrerai pas leurs conflits et que je n’accepterai pas de travailler s’ils ne peuvent pas sortir du schéma de récriminations réciproques incessantes. Je ne veux pas contribuer à faire toujours plus de la même chose.

39 Clarifier cela, c’est d’abord une question d’éthique de travail, mes patients doivent pouvoir avoir une idée du parcours qui les attend, ensuite une question de respect et de confort pour moi-même. C’est enfin une question d’efficacité, car plus le cadre est précis et défini, plus le thérapeute peut être agent de changement et non thérapeute homéostatique, c’est-à-dire participer à la répétition stérile du jeu systémique du couple. Je remarque que je définis le cadre beaucoup plus précisément en thérapie de couple qu’en thérapie individuelle ou familiale.

40 Un cadre clair est à la thérapie ce que de bonnes fondations sont à la maison qui s’y édifiera. Tous les protagonistes de la thérapie disposent alors d’un plus de confiance et de sécurité pour s’engager et pour travailler de manière créative, originale et personnelle. Une thérapie est une entreprise hautement imprévisible et souvent inquiétante. Le cadre, avec ses invariants, et la relation thérapeutique contribuent à créer un contexte sécurisant pour que l’imprévisible du processus thérapeutique, avec le « risque du changement », soit supportable.

41 Pour les couples auxquels je pense pouvoir proposer une « vraie » thérapie de couple (4e cas de figure décrit ci-dessus), j’explicite la proposition de travail plus ou moins de la façon suivante :

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« Je dois vous prévenir, si vous vous engagez avec moi dans une thérapie de couple, c’est un parcours long et exigeant qui vous attend. Ce n’est pas gagné d’avance. Beaucoup de partenaires en restent au stade des reproches à l’autre, qu’on accable et rend responsable de tous ses maux. Je pense que c’est inutile et, in fine, contre-productif de reproduire cela en séance. L’approche que je vous propose est plus contraignante mais je crois en son efficacité. C’est en effet plus difficile, mais plus courageux d’envisager sa part de responsabilité dans ce qu’est devenu le couple et en particulier, dans le problème dont on se plaint, de se remettre en question, d’essayer de regarder les choses autrement, de mieux se comprendre et de comprendre l’autre plus profondément, en essayant de l’accepter davantage tel qu’il est. Dans une thérapie de couple telle que je la conçois, nous allons commencer par explorer ensemble votre couple, par le revisiter. Nous allons essayer de mieux comprendre ce couple, son identité, ses particularités, son fonctionnement, ses forces et ses fragilités, son histoire, comment il s’est constitué, comment il a évolué, pourquoi et comment il a commencé à faire mal, à être insatisfaisant, … Nous allons aussi explorer ce qui dans vos parcours personnels, avant votre rencontre, et notamment dans votre enfance, influence la manière dont vous êtes en couple. La première étape du travail est une étape d’exploration du couple et de ses partenaires. Il y a toujours de bonnes raisons de fonctionner comme on fonctionne et nous allons prendre le temps de les comprendre. Travailler au changement ne vient que dans un second temps. Donc, il faut beaucoup de patience, de persévération, d’humilité, d’honnêteté, et de capacité de remise en question. Ce n’est pas moi qui suis responsable de l’évolution de votre couple, vous êtes les acteurs de ce processus. Une thérapie, c’est comme une auberge espagnole, on y trouve ce qu’on y amène ! Moi, je ne vous apporte pas de solution toute faite mais je vous accompagne dans l’exploration et la recherche d’un mieux-être conjugal, avec toutes mes compétences professionnelles et mes qualités humaines. Je suis responsable du cadre de notre travail.
Réfléchissez bien si vous êtes prêts à vous engager dans ce travail et rappelez-moi pour me dire ce qu’il en est. »

43 Avant de préciser encore certains points concernant l’esprit dans lequel je leur propose de travailler, je les invite à me poser toutes les questions qu’ils ont sur la thérapie. Les plus fréquentes concernent la durée de la thérapie et le fait qu’elleaugmenterait le risque de séparation. J’essaye d’y répondre le plus honnêtement et le plus précisément possible.

44 Donc, s’ils décident de poursuivre le travail avec moi, je leur précise encore les points suivants :

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  • On se choisit. Après les entretiens préliminaires, chacun (partenaires et thérapeute) décide s’il veut continuer à travailler ensemble ou pas. On ne confie pas son couple à n’importe qui. C’est une question de compétences mais aussi de confiance, d’atomes crochus. Très souvent, mais pas toujours, j’évite de leur donner le rendez-vous suivant et je demande à chacun de bien réfléchir à son engagement dans la thérapie et de me téléphoner pour me donner leur réponse. J’ai remarqué qu’ouvrir un vrai choix renforçait souvent leur engagement et leur participation active à la thérapie.
  • Je vise la partialité multidirectionnelle (Boszormenyi-Nagy), c’est-à-dire que je suis attentive au fait que chacun se sente entendu, rejoint et compris. J’essaye d’être équitable et de ne pas prendre parti pour l’un contre l’autre. Il m’arrive de dire : « Une thérapie de couple, ce n’est pas un arbitrage ». Ou encore, sur le ton de la plaisanterie : « Le problème avec moi, c’est que je ne sais jamais qui a tort et qui a raison. Si je savais faire cela, je serais devenue juge ou arbitre. Mais je suis devenue psy car je suis meilleure pour comprendre chacun. » Mais il arrive que l’un des conjoints se sente laissé pour compte ou ait l’impression que je prends parti. Je leur demande de bien vouloir me le signaler si possible et leur annonce que je ferai de temps en temps des petits coups de sonde à ce sujet. C’est encore plus important quand je travaille en monothérapie. La cothérapie réduit souvent ce risque, mais je crois que le travail en monothérapie « force » le thérapeute à contenir en lui les positions antagonistes des deux conjoints, et à les rendre conciliables. Ce travail intérieur de conciliation psychique du thérapeute en solo est, à mes yeux, thérapeutique en soi. C’est un des grands atouts de la monothérapie avec les couples.
  • Informations sur la durée, la fréquence et l’arrêt de la thérapie. Je les informe qu’explorer un couple et y évoluer comme couple et comme personne, prend du temps. En général, une thérapie de couple chez moi dure entre un et trois ans. Ce n’est pas très précis, mais c’est un ordre de grandeur. Cela dépend de beaucoup de facteurs, entre autre de la synergie que nous arrivons à créer tous ensemble. Cela dépend aussi des objectifs que les partenaires ont négociés et de jusqu’où ils souhaitent que nous les accompagnions. En ce qui concerne la fréquence des rencontres, je les reçois au début environ tous les quinze jours, pour lancer le processus, ensuite toutes les trois semaines et parfois vers la fin tous les mois. Je précise qu’une bonne partie du travail se fait en dehors des séances, qu’ils continuent d’élaborer les sujets abordés en séance, d’en discuter entre eux et de faire de nouvelles expériences relationnelles. Les rencontres durent une bonne heure. Je précise alors toujours une donnée très importante. Même si cette démarche est entièrement volontaire, et qu’ils sont libres d’y mettre un terme lorsqu’ils le souhaitent, je leur demande de ne pas arrêter sans nous être revus une dernière fois pour nous dire au revoir et essayer de comprendre ce qui nousest arrivé. Je leur explique que c’est important pour moi aussi d’avoir l’assurance de les revoir car en thérapie, nous sommes amenés à ouvrir des questions difficiles et que j’ai besoin d’être certaine de pouvoir les reprendre avec eux. « Je ne travaille pas sans filet. » De plus, j’ai remarqué que laisser derrière soi un processus thérapeutique inachevé reste parfois inconfortable tant pour les patients que pour le thérapeute, et peut même empêcher les gens de consulter ailleurs. Lorsqu’il arrive en cours de processus que les gens « disparaissent » sans donner signe de vie, je peux alors m’appuyer sur ce point du cadre convenu ensemble pour reprendre contact avec eux.
  • La séance n’a pas lieu si un des partenaires n’est pas là sauf si c’est convenu d’avance. En général, je rencontre les conjoints ensemble, à de rares exceptions près (leur développement nous écarterait trop de mon propos).
  • Vient alors la délicate question des secrets. Ma position aujourd’hui est celle que m’a enseignée Maggy Siméon. Sa formulation est la suivante : « Chacun a ses secrets. En soi, ce n’est pas un problème pour moi. Mais je vais vous demander de ne pas me lier par un secret, un secret que l’un m’aurait confié sans possibilité de le révéler à l’autre. » J’explique que j’ai besoin de travailler dans la transparence et dans un climat de confiance. Je leur demande : « Comment vous sentiriez-vous si vous appreniez après plusieurs séances, que votre partenaire m’a confié un secret que je ne peux vous divulguer et qui vous concerne, directement ou indirectement ? » Je prends l’exemple un peu caricatural, certes, de la liaison extraconjugale, et ils conviennent très vite qu’ils se sentiraient trahis et perdraient confiance en moi. J’ajoute que, pour que nous soyons à égalité d’information, je leur demande de ne pas me passer de longs appels téléphoniques entre les séances pour traiter l’une ou l’autre question en aparté.
  • La question de l’intimité à protéger. J’annonce qu’en thérapie de couple, on est amené à parler de choses intimes, notamment en matière de sexualité. Néanmoins, chaque partenaire, chaque couple, a droit à son jardin secret. Je leur demande d’y veiller. « Vous pouvez refuser ou différer n’importe quel sujet, n’importe quelle question, je ne dois pas tout savoir de vous. » Je parle toujours de mes cartes « joker » imaginaires (je leur demande de les imaginer sur la petite table basse entre nous, symbole de mon espace intermédiaire) qui sont en permanence à leur disposition. Ils peuvent s’en emparer à chaque instant pour écarter un sujet, cela ne me pose aucun problème. J’explique que si j’ai la garantie qu’ils osent les utiliser, je dispose d’une liberté d’exploration accrue. J’ajoute que je trouve mêmebon signe qu’un couple préserve son intimité et garde pour lui un territoire d’intimité bien gardé qu’il ne laisse personne envahir. Je crois par ailleurs profondément que les gens ont leurs raisons de freiner et que cela ne sert à rien d’aller contre ces résistances qui sont toujours avant tout des mécanismes de protection.
  • Je précise aussi à ce moment de notre travail que l’issue d’une thérapie de couple est imprévisible. Mais que la décision de poursuivre leur couple, de le faire évoluer ou de le quitter, leur revient à eux. En ce qui me concerne, je n’ai pas de jugement de valeur sur ce qui est préférable.
  • Assez rarement, quand je sens qu’il y a « du divorce dans l’air », mais que ce n’est pas mis sur le tapis, je précise que je ne voudrais pas me retrouver dans une situation où un des partenaires prépare son dossier chez son avocat et utilise ce qui se dit en entretiens de couple pour nourrir son argumentation juridique contre l’autre. J’ai besoin qu’on joue franc jeu. C’est Maggy Siméon, spécialiste du psycho-juridique, qui m’a appris à prendre ces précautions…

46 Je tiens à insister sur le fait que ce cadre est posé progressivement de manière précise mais non rigide, dans la phase préliminaire et au moment où ils décident de s’engager.

47 Je ne le leur « assène » pas cela d’une traite. De plus, à côté du cadre, il y a la relation thérapeutique que je veux chaleureuse, empathique, bienveillante et ouverte aux particularités de mes patients. Je soigne beaucoup l’accueil dans mon travail.

48 Un contrat de travail peut alors être défini ensemble et le travail thérapeutique proprement dit commence.

Statut du changement en thérapie de couple

49 La demande de changement des couples est généralement, je l’ai signalé plus haut, beaucoup plus paradoxale qu’en thérapie familiale. Les partenaires apparaissant souvent « tenir » à leur mode de fonctionnement même s’ils s’en plaignent et en souffrent.

50 La résistance au changement des couples en thérapie m’a donné à penser. Le couple n’est-il pas, comme le dit Eric Emmanuel Schmitt, dans Petits crimes conjugaux, une œuvre d’art ? La création du couple. Narcissiquement, le projet de changement, s’il vient trop tôt, et surtout s’il est porté plus par le thérapeute que par les partenaires, annule cette création. Par ailleurs, de quel changement s’agit-il ? Du couple, de l’autre, de soi ? Changer l’autre me semble, je l’ai dit, contre-productif et inacceptable narcissiquement pour le partenaire.

51 Par ailleurs, mon expérience de systémicienne confirme chaque jour que le mode de fonctionnement d’un système et ses productions – dont le symptôme d’un de ses membres ou un fonctionnement relationnel symptomatique – est la moins mauvaise solution que le système a trouvé pour continuer à exister, malgré la souffrance éventuelle.

52 Pour ces deux raisons, avec les couples, je commence toujours (sauf exceptions quand il y a personne en danger : violence, maltraitance, fonctionnement destructeur qui menace gravement l’intégrité d’un membre du système) par une prescription de non-changement. Il ne s’agit nullement d’une intervention paradoxale, visant à pousser au changement. Pour pouvoir explorer le couple et le comprendre il ne faut pas qu’il change (trop). Cette prescription de non-changement est étonnamment bien acceptée par les couples. Je leur dis : « Vous venez pour votre couple, parce qu’il fait mal, parce qu’il est devenu insatisfaisant, mais je suis convaincue que votre façon d’être ensemble, votre dynamique de couple, est, malgré tout, la moins mauvaise façon d’être ensemble que vous avez trouvée. Elle n’est ni absurde, ni irrationnelle. Il ya de bonnes raisons qui vous ont amenés à fonctionner de la sorte et nous allons ensemble essayer de les comprendre. » Les amener à changer avant de comprendre les raisons d’être de leur modèle de couple, c’est négliger à la fois leur création et le sens de cette création.

53 Concevant le fonctionnement du couple comme une « solution » pour les partenaires, nous explorons ce qui, dans les différentes scènes du passé, a influencé le couple actuel : l’enfance des partenaires, leur adolescence, les générations précédentes, le couple de leurs parents, le passé du couple et les éventuels couples précédents. En quoi les difficultés du couple actuel peuvent-elles s’originer dans ces autres scènes. C’est un long travail de mise en lien.

54 Comme le dit P. Caillé, il faut valider leur « Absolu », leur « modèle organisant » (c’est-à-dire leur manière d’être ensemble et de se représenter le couple et le monde), avant de changer. Je pense que cette phase exploratoire est plus longue et nécessite un travail plus intensif qu’accompagner les changements. Il s’agit bien sûr des changements que le couple décide pour lui-même (éthique de choix), et là, à mon sens, c’est le choix du couple, pas celui du thérapeute.

55 Cette approche n’est en rien normative. Il ne s’agit pas de réparer le couple, de l’amener à un fonctionnement plus « sain », ou à une bonne manière de communiquer. Elle tente plutôt de rencontrer et de mettre du sens sur la singularité du couple et des partenaires, sur la manière dont ils ont essayé de composer avec leurs difficultés d’être, mais aussi de mettre en évidence leur créativité.

56 En ce qui concerne le changement, avec les couples, je suis de plus en plus prudente et depuis un certain temps, je préfère le terme d’évolution à celui de changement. Il me semble plus respectueux. Je pense par ailleurs qu’avec les couples, il faut aussi travailler du côté de l’acceptation, de soi, de l’autre et du couple. A propos du couple, le philosophe André Comte-Sponville (1996, p. 70) écrit : « Aimer : accepter. Supporter, quand il faut ; se réjouir, quand on peut. Sagesse tragique, et c’est la seule qui ne mente pas. (…) Plutôt la vérité amère que le sirop de l’illusion. » Le modèle de double contrainte réciproque de Mony Elkaïm (1989) est très utile. Le travail d’accompagnement de personnes en séparation a été pour moi riche d’enseignements à ce niveau. J’ai entendu beaucoup de partenaires prendre conscience que les sources du mal-être, jusqu’alors attribuées à l’autre, persistaient après la séparation et que dès lors il fallait admettre que le manque à être était aussi en eux, pas seulement dans l’autre.

57 Lorsqu’un partenaire se plaint de l’autre, ne peut-on pas voir avec lui en quoi il participe à cette dynamique (et éventuellement renforce malgré lui ce qui le blesse), quelle partie de lui il est occupé à projeter sur l’autre et voir en quoi cette corde sensible est liée à son histoire personnelle, avant le début du couple ? Les aider à se réapproprier leurs manques à être plutôt que de les projeter sur l’autre…

58 Le bien-être conjugal ne réside-t-il pas dans la capacité tant à assumer le manque (la partie vide de la coupe) qu’à profiter et se réjouir de ce qui va bien (la partie pleine de la coupe) ?

59 Viser trop vite le changement me semble donc généralement contre-productif avec les couples. C’est une étape subséquente du travail du couple. Intégrer la voiede l’acceptation, de la tolérance, et de l’autoresponsabilisation du destin de l’individu, est par ailleurs une voie souvent intéressante et facilitante pour les couples. Ceci est bien sûr à mettre en lien avec les croyances du thérapeute sur le couple et ses limites.

60 Jusqu’où accompagner les couples dans leur recherche de mieux-être relationnel et personnel ? C’est une question qui est en chantier chez moi. Certains, dont Philippe Caillé, limitent la thérapie à la phase d’exploration, et laissent les couples seuls, face à leur évolution, puisque ce choix leur revient. Il leur donne rendez-vous un an plus tard, pour une séance en général unique de follow-up, afin de savoir ce que le couple est devenu. C’est aussi un pari sur les compétences du système, sur ses capacités d’évolution. Certains thérapeutes accompagnent les couples jusqu’au moment où ils sont satisfaits de leur « nouveau couple ». C’est peut-être un peu trop maternant à mon goût. P. Caillé propose que la séparation thérapeute-couple ait lieu quand le couple a retrouvé son autonomie fonctionnelle. En d’autres mots, lorsque les partenaires se sentent capables de voler de leurs propres ailes. La santé mentale, ce n’est pas ne pas avoir de problème, mais bien de pouvoir y faire face.

61 Je pense qu’à partir d’un certain moment, lorsqu’ils se sentent capables de s’occuper de leur évolution sans notre aide, les gens ont mieux à faire que venir en thérapie, mais ce n’est qu’une croyance… Concernant l’arrêt de la thérapie, nous co-créons toujours la manière de terminer notre travail, certains couples préfèrent fixer un rendez-vous de follow-up, d’autres peuvent se séparer de nous facilement, d’autres encore préfèrent espacer les rencontres. Pour moi, a priori tout est bien…

Se centrer d’abord sur le couple pour sortir le plus vite possible de la plainte et d’une logique d’affrontement

62 Comme je l’ai dit au point précédent, l’objet de travail est d’abord le couple. Ce couple que les partenaires ont créé ensemble, qu’ils ont fait évoluer et dont ils sont chacun 100% responsable. Ce primat pour la dimension couple permet d’éviter de tomber dans les récriminations réciproques et de les amener sur une autre scène que celle de l’ « autre » ou « le problème, c’est l’autre ». Cela permet également de modifier le jeu de forces en présence. La configuration cesse d’être « un partenaire contre l’autre » (pattern de forces antagonistes) et devient progressivement « les deux partenaires côte à côte face à leur couple » (pattern de forces convergentes). Chacun devient explorateur, anthropologue de son couple, du modèle du couple. Le thérapeute propose un cadre pour l’aider à se révéler. Le système thérapeutique se compose alors d’un couple qui s’explore dans l’espace intermédiaire qui se déploie entre lui et le thérapeute.

63 Philippe Caillé (2004) dit : 1 + 1 font trois car dans un couple, il y a deux individus et un « nous ». C’est cette troisième dimension que nous essayons d’abord d’appréhender dans les séances. Ce n’est pas facile car c’est une abstraction, un « méta-niveau », une « propriété émergente ». Afin de permettre au couple de percevoir l’autonomie relative de cette troisième dimension sur les partenaires, je leur donne souvent l’exemple suivant. On peut avoir deux personnes qui, individuellement, vont mal psychologiquement, et un couple qui va bien. L’inverse est théoriquementpossible aussi… Le couple est « ce quelque chose qui tourne en dehors des deux individus qui le composent et auquel ils peuvent se référer ».

64 Comment faire apparaître cette troisième dimension qu’est le couple, le « nous » ?

65 D’abord, le thérapeute doit être vigilant à ne pas l’oublier, à ne pas le passer à la trappe, comme le font spontanément les partenaires dans leur discours. Pour ce faire, on peut spatialiser le couple dans la pièce par une chaise vide. Petit à petit, elle se meuble de représentations, de souvenirs, de tonalités nuancées, et conjoints et thérapeute commencent à le palper davantage. La manière dont le thérapeute aborde la troisième dimension dans ses formulations verbales est également déterminante. Plutôt que de commencer la séance par « Comment allez-vous ? », il gagnera, pour rencontrer le couple, à demander « Comment va votre couple ? ». D’autres questions font avancer la rencontre de ce tiers. En voici quelques exemples :

66

  • Quel genre de couple êtes-vous ? En terme d’ambiance, de climat ? De type d’interactions ? De vision du monde ?
  • En quoi votre couple est-il différent de tous les autres ? Quelles sont ses particularités ?
  • En quoi êtes-vous encore fiers de cette création qu’est votre couple ?
  • Quelles sont ses forces et ses faiblesses ?
  • Que chérissez-vous le plus dans votre couple ?
  • Quels risques votre couple encourt-il avec une thérapie ?
  • Quels ont été les temps forts de votre couple ? Les tournants ?
  • Parlez-moi du couple que vous étiez à ses débuts ? En quoi est-il différent du couple actuel et du couple de demain ?
  • Au début de votre couple, que pensiez-vous que ce couple allait vous apporter de particulier ? En quoi a-t-il rempli ces attentes ? En quoi a-t-il échoué ?
  • Selon vous, quelles idées vos amis ont-ils de votre couple ? Que lui envient-ils ? Quel genre de difficultés présument-ils ?
  • Qu’est-ce qui ne va pas avec votre couple ?
  • Comment voudriez-vous voir ce couple évoluer/grandir ? Quelles seraient les répercussions, tant positives que négatives de cette évolution ? Quels pourraient être les risques de changer ?
  • Pourquoi tenez-vous à ce couple, alors qu’il fait si mal ?
  • Quand ce couple a-t-il cessé d’être une enveloppe nourrissante/valorisante/confortable ? Quelles hypothèses avez-vous sur les raisons de ce tournant ?
  • Quand a-t-il commencé à faire mal / à être décevant / à être destructeur ?
  • Quels genres d’obstacles votre couple a-t-il réussi à surmonter par le passé ? Selon vous, dans quelles ressources a-t-il puisé pour résoudre ces problèmes ?
  • Jusqu’où êtes-vous prêts à vous battre pour votre couple ?
  • Quelles sont les valeurs de votre couple ?
  • En quoi votre couple ressemble-t-il à celui de vos parents ? En quoi s’en différencie-t-il ?

67 Mais, comme le disent de concert R. Neuburger et P. Caillé, souvent, les couples qui consultent ont déjà beaucoup parlé de leur couple, ils se sont déjà analysés, racontés, sans arriver à le faire évoluer favorablement pour autant. Les mots sont usés… Comment éviter que notre dispositif thérapeutique ne contribue pas à faire toujours plus de la même chose ? Il est parfois plus judicieux d’emmener les partenaires sur une autre scène que celle des mots et de leur proposer un autre langage, un autre support pour se raconter. L’invitation à quitter partiellement le langage « digital » pour les emmener sur le terrain analogique est souvent d’un précieux recours. Pensons aux objets flottants : le jeu de l’oie, le blason du couple, les sculpting, la chaise vide du plus-un, les métaphores… Les objets flottants sont des médiats de rencontre et de découverte avec les couples et ils guident l’exploration. Cette approche constitue un nouveau paradigme, car ici, l’information nouvelle n’émerge pas de la rencontre entre le système consultant et le thérapeute, mais bien du travail créatif que couple et thérapeute co-construisent au départ du média. Ici, c’est donc l’objet flottant qui révèle du sens. Pour plus de détails sur ce type d’approche, le lecteur pourra consulter l’article de l’auteur (2006).

68 Il est passionnant de voir alors les partenaires, côte à côte, revisiter leur couple, parfois re-créer leur couple. On les voit souvent se surprendre… Sous nos yeux, nous assistons souvent au réveil de la créativité du couple, créativité que les partenaires souvent croyaient perdue.

69 Si le couple qui consulte souffre du doute d’exister, cette exploration du couple, puis des histoires passées de chacun de ses membres (ou plutôt des aspects pouvant éclairer la dimension conjugale), permettent aux partenaires de reprendre contact avec l’enveloppe couple (l’ « Absolu » du couple), tant dans ses aspects positifs que négatifs, actuels et passés.

70 Ils reprennent peu à peu contact avec le sens, au moins passé, de leur couple, ses raisons d’être historiques et transgénérationnelles. Mais aussi avec le sens des difficultés et des forces actuelles du couple. Ils comprennent mieux ce qu’ils ont tenté de guérir de leurs blessures personnelles passées par le couple et l’impact de leurs problématiques personnelles passées sur les problèmes du couple. Ils perçoivent mieux comment ils ont, inconsciemment, poussé l’autre à une telle danse conjugale, aussi douloureuse soit-elle… Ils réalisent aussi que ces souffrances personnelles préexistaient au couple et que l’autre n’est sans doute pas l’ennemi intime responsable de tous leurs maux dont ils nous parlaient au début du travail. Peut-être même commencent-ils à l’entrevoir comme une sorte d’allié qui a introjecté des parties de soi ? Chacun petit à petit reprend sa part personnelle dans les difficultés conjugales dont il se plaignait au départ. Est alors mise en discussion la question des attentes que l’on a sur le couple. Peut-on se guérir soi par le couple ? Et nous revenons là au point discuté au début de l’article, nos représentations sur le couple. Le thérapeute pourra amener une réflexion sur ce sujet et s’utiliser, notamment en proposant ses visions du monde comme des représentations parmi d’autres.

71 Grâce au détour par l’exploration du couple, on a quitté le terrain de l’affrontement et de la plainte au sujet de l’autre. C’est davantage un chemin de compréhension et d’acceptation qui s’ouvre. Chacun va jauger le couple actuel, voir ce qui, aujourd’hui, garde du sens. A ce stade, nous n’avons pas encore parlé de changementavec eux, mais il est bien sûr déjà à l’œuvre, notamment par la nouvelle posture des conjoints l’un vis-à-vis de l’autre et chacun vis-à-vis du couple. La question de savoir comment faire évoluer le couple reste le choix et la responsabilité du couple. Si l’exploration du couple ne révèle pas un « tiers » suffisamment dense, consistant à ce jour, les partenaires vont probablement décider de terminer le couple… mais avec moins de rancœur l’un envers l’autre. Mais si le tiers est rendu palpable et jugé encore suffisamment consistant, le couple s’engagera dans la poursuite, sous de nouvelles bases qu’il doit redéfinir. Il peut aussi choisir d’assumer son fonctionnement, mais ce sera alors probablement avec un vécu moins douloureux. Je crois intimement que si la conscience du sens et de l’existence de l’ « enveloppe couple » est suffisante, alors, les désagréments du quotidien, et notamment les difficultés relationnelles dont les partenaires se plaignaient au début, passent au second plan.

72 Comme le dit Philippe Caillé, ce type de parcours thérapeutique permet à chaque partenaire de retrouver le sentiment de contenir ce tiers qu’est le couple. C’est un facteur essentiel de survie du couple. Ce tiers rendu perceptible, chaque partenaire ressent envers l’autre une sorte de reconnaissance, de gratitude, pour ce qu’il a reçu du couple. Cela relance le cycle du don dans le couple. Nous sommes alors bien loin du cycle de vengeance et de la « logique de la calculette » dans lesquels le couple était emprisonné au début des rencontres thérapeutiques.

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Mots-clés éditeurs : 1 + 1 = 3, Statut du changement en thérapie de couple, Méthodologie, Accent sur la dimension couple, Définition de la relation, Représentations du thérapeute, Cadre, Thérapie de couple

Mise en ligne 01/01/2010

https://doi.org/10.3917/tf.094.0445

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