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Article de revue

Placement familial et hospitalisation : une question de setting

Pages 33 à 46

Notes

  • [1]
    Médecin assistant candidat spécialiste en pédopsychiatrie.
  • [2]
    Pédopsychiatre, thérapeute systémique, directrice médicale à « Feux-Follets », formatrice à l’approche systémique et à la thérapie familiale au CEFORES (Bruxelles).
  • [3]
    « Feux-Follets » est un hôpital pédopsychiatrique conventionné INAMI, et situé sur deux sites, l’un à Wavre et l’autre à Huppaye, tous deux dans le Brabant Wallon en Belgique.
« … L’insécurité quant au lendemain rend impossible un développement harmonieux et est une source constante d’angoisse, de désespoir, de rage, d’impuissance.
Les enfants élevés en famille d’accueil ou dans des institutions peuvent s’y épanouir s’ils savent qu’ils y resteront.
L’angoisse de la rupture de lien avant qu’un lien stable ne se soit jamais établi, fragilise ces enfants pour leur vie entière. »
Caroline Eliacheff

1Ce texte a pour but de se questionner sur la prise en charge d’enfants hospitalisés dans un hôpital pédopsychiatrique et qui sont par ailleurs placés en famille d’accueil.

Présentation de l’hôpital[3]

2L’institution accueille une vingtaine d’enfants et d’adolescents pour une durée moyenne de séjour de 2,5 ans. L’outil théorique utilisé est la thérapie institutionnelle multidisciplinaire. Le travail est donc assuré par divers intervenants. Les éducateurs sont les personnes qui travaillent au quotidien avec les enfants au travers d’ateliers programmés. L’équipe pluridisciplinaire comprend entre autres des pédopsychiatres, des infirmiers, des psychologues, un kinésithérapeute, un logopède, des assistants sociaux, un psychothérapeute, et un directeur qui est psychologue. Par ailleurs, il existe également une équipe administrative.

3Le travail comprend des entretiens de famille à raison, en principe, d’une fois par mois. Les entretiens sont souvent suivis d’un retour de l’enfant en famille pour le week-end. C’est dans ce cadre que nous nous sommes posé la question du setting des entretiens de famille et du sens de celui-ci dans les situations d’enfants placés en famille d’accueil ou adoptés.

4Pour étayer notre questionnement, nous nous sommes notamment inspirées des apports théoriques de Maurice Berger, de Guy Ausloos et d’Ivan Borzormenyi-Nagy. Nous allons tout d’abord les parcourir avant d’élargir notre réflexion.

Maurice Berger et le traumatisme de l’abandon

5La séparation est un traumatisme important difficilement intégrable pour le psychisme de l’enfant. Ce traumatisme fait irruption brutalement dans un processus d’évolution. Et même si les spécialistes préconisent que des paroles soient mises autour de ce moment, les explications « rationnelles » ne sont que d’une aide limitée. Il est essentiel de pouvoir parler en termes d’émotions et de ressentis pour rencontrer le vécu de l’enfant, même si cela ne résout pas tout. Ces mots soulagent une partie de la souffrance mais le psychisme n’en sort pas tout à fait intact. La blessure est bien là, impansable et impensable.

6De plus, contrairement au mécanisme de deuil qui est définitif et irréversible, la séparation entretient l’espoir de retrouvailles. La survie quelque part du parent biologique donne l’illusion que tout est possible et rend le désinvestissement difficile.

7Face au traumatisme de la séparation, l’enfant développe des mécanismes de défense. Le premier est le déni. Dans ce mécanisme, l’enfant rejette toutes les explications qui lui sont apportées même s’il les entend, les comprend, les mémorise. Le second mécanisme de défense est le clivage. Le clivage consiste à scinder ses pensées en deux positions diamétralement opposées où il existe alors un « bon » et un « mauvais » sans possibilité d’entre deux. Le destin de chaque position est relativement indépendant. Ces deux attitudes persistent côte à côte sans s’influencer réciproquement. Le problème est qu’il n’existe pas de place pour l’ambivalence pourtant nécessaire dans les rapports aux autres. Une partie du psychisme idéalise le parent absent, et une autre partie le déteste et le craint.

8La rencontre avec les parents d’accueil est, également, un instant anxiogène pour les enfants qui se retrouvent face à un élan de tendresse de la part de personnes étrangères. Les adultes, quant à eux, ont déjà tout un cheminement derrière eux. Le désir d’enfant s’est développé, puis il s’est confirmé au travers des démarches, puis s’est de plus en plus concrétisé au fil du temps. Mais, ce moment de rencontre représente une situation de passivité pour l’enfant qui n’a pas fait le même cheminement et qui a l’impression de subir une force extérieure sur laquelle il n’a pas d’emprise. L‘enfant peut alors croire que l’environnement a un effet sur lui mais que le contraire n’est pas vrai. Il ne peut pas influencer son environnement mais seulement le subir.

9Ce sentiment de passivité peut aussi conditionner un futur mode de fonctionnement. D’une part, l’individu peut développer un comportement de soumission le rendant incapable d’émettre la moindre opinion ou de faire le moindre choix. Les parents ont donc tout le temps l’impression d’imposer leur idée et de ne jamais vraiment satisfaire les désirs de leur enfant. D’autre part, l’enfant peut mettre en place, à l’opposé un modèle de la relation à autrui, ne supportant rien de ce qui vient de l’autre, ni le bon ni le moins bon. Cette attitude est très difficile à vivre pour l’entourage. En effet, toutes les marques d’attention sont rejetées sans détours.

10

Les difficultés au sein de la famille d’accueil de Dominique sont tellement importantes que ce dernier sera orienté vers un hôpital pédopsychiatrique au début de l’adolescence. Si Dominique montre des troubles du comportement dans sa famille d’accueil, il a, par contre, une image de petit enfant modèle partout ailleurs. Même durant son hospitalisation, Dominique restera toujours hyperadapté à ce qu’on attend de lui. Il se montre incapable de faire le moindre choix ou de dire s’il aime ou non quelque chose.
Il s’enferme alors dans un mutisme et sourit. Les membres de l’équipe remarquent par ailleurs, que Dominique peut donner des informations différentes voire contradictoires à des personnes différentes. Pourtant les adultes sont tous persuadés d’avoir entendu des paroles qui correspondent aux émotions de l’enfant.

Guy Ausloos et le « double lien scindé thérapeutique »

11Pour trouver des pistes de réflexion, nous nous sommes également référés à Guy Ausloos qui s’est interrogé sur l’utilisation de la thérapie familiale en institution.

12D’une part, l’hospitalisation en elle-même peut sembler s’opposer à l’idée du « patient désigné » défendue par les systémiciens.

13D’autre part, lorsqu’un jeune est hospitalisé, il dépend et est inclus dans deux systèmes : le système familial et le système institutionnel. Cette situation amène des mécanismes de loyauté qui peuvent piéger le patient, sa famille et l’institution, et qui peuvent entraîner des escalades symétriques, des disqualifications réciproques, etc.

14Pour ne pas être piégé par ses différents systèmes d’appartenance, Guy Ausloos propose d’utiliser deux thérapeutes ayant des rôles définis et bien différenciés. Le premier thérapeute (T1) est le thérapeute spécifique de famille et des relations entre le patient désigné et celle-ci, tandis que le second thérapeute (T2) représente le sous-système du patient au sein de l’institution et les aspects relationnels patient/institution lors des entretiens familiaux. Il est essentiel que les rôles des deux intervenants soient précisés au préalable et acceptés réciproquement. Grâce à la présence de ces deux thérapeutes et à l’application de la théorie du double lien scindé thérapeutique imposant le dialogue entre les thérapeutes, les oppositions entre le système familial et le système institution peuvent devenir complémentaires. Chaque thérapeute doit exprimer sa compréhension du symptôme au regard de la fonction qu’il occupe. La contradiction apparente reçoit alors l’approbation des deux thérapeutes qui ne sont pas en désaccord.

Ivan Boszormenyi-Nagy et le concept de loyauté

15Les concepts de loyauté et de balance de justice, concepts centraux de la thérapie familiale contextuelle intergénérationnelle développée par Ivan Boszormenyi-Nagy, doivent se comprendre dans un contexte de groupe, de système. Chaque système a son « éthique de groupe » envers laquelle chaque individu doit être loyal. Les loyautés sont indispensables pour l’appartenance au groupe.

16Au sein du groupe, chaque membre a besoin des autres pour s’individualiser. Les relations entre les membres sont faites de mouvements de « donner » et de « recevoir », et tendent vers un équilibre, la balance de justice. Ces échanges supposent une certaine confiance qui sera renforcée par ceux-ci. L’individualisation s’ancre dans cette « éthique relationnelle ». Un enfant baigné dans une injustice relationnelle aura des difficultés à évaluer correctement l’équité de ses relations futures.

17Les manquements aux devoirs de loyauté provoquent des sentiments de culpabilité existentielle. Ces loyautés ne sont pas toujours visibles et peuvent exister même vis-à-vis de personnes lointaines ou disparues. Si une personne ne peut pas exprimer son devoir de manière claire et ouverte, elle le fera de façon cachée et indirecte sous forme de symptômes et de difficultés de comportement.

18Comme Ivan Boszormenyi-Nagy l’a évoqué, il existe tout d’abord la loyauté « biologique ». Chaque enfant se sent redevable à ses parents géniteurs, par le simple fait qu’ils lui ont donné la vie. L’enfant éprouve un devoir éthique envers ses parents biologiques dont il veut à tout prix s’acquitter. L’enfant « doit » la vie à ses parents. Cette loyauté existe même chez les enfants placés.

19Au-delà de cette première loyauté, il y a la loyauté « filiale ». Chaque individu reçoit un patrimoine qui lui vient des générations antérieures et qu’il s’approprie. Donc, une personne est toujours loyale envers ses origines. Si des injustices sont accumulées au travers des générations, l’enfant sera chargé d’un legs écrasant.

20Un autre lien source de loyauté est le lien affectif : tout sentiment d’amour ou d’affection engendre une loyauté. Chaque don engendre une dette dont l’autre tente de s’acquitter.

21Tout individu est soumis à des conflits de loyauté au cours de sa vie. A chaque moment important du cycle vital, de nouvelles loyautés se définissent et doivent trouver un équilibre avec les loyautés préexistantes.

22Dans les conflits de loyauté, l’individu est soumis à deux sources de loyauté compétitives mais non exclusives.

23Dans les loyautés clivées, des demandes contradictoires émanant de deux personnes différentes sont faites à une troisième personne. Etre loyal envers l’une suppose d’être déloyal envers l’autre. Plus le système de loyauté est rigide, plus le conflit sera pesant pour l’individu.

24Un autre concept essentiel de la thérapie contextuelle est la notion de légitimité. La légitimité naît de la reconnaissance des mérites accumulés par une personne. Cette légitimité est constructive quand elle est gagnée par quelqu’un dont on a pris en considération les besoins et qui peut prendre ensuite en considération les besoins de l’autre. La légitimité constructive peut donc engendrer une spirale positive où chacun accorde du mérite à l’autre. Par contre, la légitimité destructrice résulte de la non-reconnaissance des mérites de quelqu’un qui ensuite cherche à réparer cette injustice soit auprès de la personne qui ne l’a pas reconnu soit auprès d’un tiers. Ce tiers, s’il n’est pas reconnu à son tour pour cette réparation, peut développer aussi un désir de vengeance. Ce phénomène se répétant, une spirale de légitimité destructrice se met en place. La légitimité destructrice conduit donc à une spirale négative où personne ne reconnaît les besoins réels des autres. Les conséquences de la légitimité destructrice peuvent se retrouver alors sur plusieurs générations.

25Quand une personne se sent lésée et insuffisamment considérée pour ce qu’elle a donné, et qu’elle fait payer cette dette à une victime innocente, c’est le principe de l’ardoise pivotante. Dans les situations de placement, l’enfant peut, par exemple, se venger sur ses parents d’accueil du manque d’attention qu’il a reçu de ses parents biologiques.

26Le principe de l’exonération permet de sortir de cette recherche épuisante et de se faire rembourser en essayant de comprendre comment chacun s’est retrouvé coincé dans cette spirale négative. Les mérites de chacun sont de nouveau reconnus.

Quelques questions particulières aux situations de placement

27La question du placement renvoie aux notions de séparation et d’abandon.

28La séparation peut être vécue comme un abandon qui pose la question du « pourquoi ». Que l’on ait peu d’éléments sur les évènements qui ont conduit à la séparation ou que l’on ait des éléments concrets à donner à l’enfant, cette question reste en suspend, insatiable. « Pourquoi mes parents m’ont-ils quitté ?». Cette phrase reste posée et conditionne toutes les tentatives de création de liens au cours de la vie de l’individu, et bien sûr, en premier chef les relations avec les familles d’accueil. L’enfant attaque incessamment le lien tout en ayant une peur panique de perdre ce lien.

29Le temps de la grossesse permet aux parents d’évoluer dans un mouvement naturel d’attachement et de détachement, tandis que lors de l’accueil il faut qu’un lien se crée rapidement. Le placement en famille d’accueil nécessite un mouvement affectif suffisant tout en laissant planer une certaine incertitude. Les liens sont parasités par le doute permanent que l’enfant reparte dans sa famille d’origine.

30Par ailleurs, les parents d’accueil doivent « justifier » leur désir d’enfant. L’enfant reproche souvent : « Pourquoi avez-vous voulu m’accueillir ? Pourquoi avez-vous besoin de m’aimer ? Je ne vous ai rien demandé !». Parfois, la famille élargie renforce cette idée de devoir se justifier par des paroles comme : « Qu’est-ce qui vous a pris de vouloir accueillir un enfant qui n’est pas le vôtre ?». Ces questions de l’enfant interrogent le « Pourquoi ai-je été accueillable ?», et la place qu’il vient « remplir » dans cette nouvelle famille.

31Dans le décours de leur évolution, les enfants se racontent un « roman familial » dans lequel ils s’inventent une histoire sur leur famille. Dans ce « roman familial », les enfants imaginent qu’ils sont nés non de leurs parents réels mais de parents imaginaires et prestigieux. Ils peuvent alors construire des fantasmes sur leurs origines. Ce mécanisme normal permet aux enfants de « rabaisser » leurs parents. Mais, pour les enfants placés, ces parents ne sont pas seulement imaginaires puisqu’ils trouvent consistance dans la réalité. La séparation rend la personne perdue encore plus présente par le simple fait de son absence, et fait de cette absence une véritable emprise douloureuse. Elle suscite des questions sur la place qu’on occupe désormais dans les pensées de l’autre. « Est-ce que je lui manque comme il me manque ?». Les enfants ont alors tendance à construire un mythe selon lequel les parents biologiques ont été forcés à les abandonner. Si la faute est à incomber à quelqu’un, c’est sur les enfants qu’elle pèse. Il est alors très difficile d’accepter la réalité des défauts et des obligations envers les parents d’accueil, face à l’imaginaire de parents naturels idéalisés. L’idéalisation des parents imaginaires se renforce quand l’intégration dans la famille d’accueil est faible.

32La famille d’accueil se construit, quant à elle, un enfant imaginaire. L’enfant peut se sentir incapable de correspondre à cette image idéale. La crainte d’un nouvel échec peut induire des conduites de l’enfant visant à provoquer le rejet tant redouté. Il vaut mieux saboter d’emblée plutôt que d’échouer. En plus, l’enfant croit souvent qu’il n’a déjà pas pu remplir les attentes de ses parents biologiques et que c’est la raison de son abandon.

33Comme le décrit Stefano Cirillo (6), des jeux familiaux divers peuvent sous-ten-dre des placements en famille d’accueil. Ces enjeux sont par exemple le désir de retenir un membre de la famille qui s’éloigne ou au contraire d’en exclure un autre. Par ailleurs, il existe aussi une loyauté transgénérationnelle au sein même des familles d’accueil. Lorsqu’un enfant arrive dans une nouvelle famille, la place qu’il vient occuper est déjà chargée d’enjeux familiaux. Par exemple, le fait d’accueillir un enfant d’une culture, d’une race ou d’un milieu social différents peut traduire une certaine compétition des parents d’accueil par rapport à leurs propres parents. Choisir d’éduquer un enfant venu d’ailleurs quand le couple n’est pas stérile, est une manière de se montrer meilleurs parents que ses propres parents.

34De plus, l’hospitalisation d’un enfant quel qu’il soit, induit des bouleversements au sein de toute la famille. La redistribution des places de chacun peut amener des alliances, des coalitions voire des conflits. Les enjeux relationnels peuvent être multiples, et peuvent relancer, contrecarrer ou accentuer les jeux relationnels présents lors du placement familial.

35L’enfant accueilli prend une place au sein de la fratrie de sa famille d’accueil. Cette place est déterminée en fonction de son âge par rapport à l’âge des autres enfants, du moment de son arrivée (un enfant plus âgé qui arrive après un enfant biologique plus jeune), et des événements concomitants à l’accueil. De tous ces éléments découlent, bien entendus, des enjeux relationnels à prendre en considération car des loyautés cachées peuvent ponctuer le type de communication du système. Il est donc parfois utile de pouvoir inviter la fratrie au sein des entretiens de famille pour aborder ces thèmes.

36

Sam est un petit garçon placé pour la première fois dans une famille à l’âge de deux mois et après un long séjour à l’hôpital. Ce placement par les services judiciaires est motivé par l’absence de la mère biologique durant l’hospitalisation de Sam. Les mois passant, Sam évolue dans sa famille d’accueil. Il voit épisodiquement sa mère biologique qui est peu régulière aux visites encadrées proposées par les services de placement.
Au bout d’une année, la mère d’origine demande à récupérer son fils chez elle. Les autorités judiciaires acceptent le retour de Sam dans sa famille biologique. Sam s’en va donc vivre chez cette mère qu’il connaît peu. Après une période d’essai de deux ans, l’enfant est de nouveau confié à sa famille d’accueil en urgence. Sam est alors dénutri, souffre d’une pellagre importante et de problèmes dermatologiques. Le jour de son retour dans sa famille d’accueil correspond au retour de sa mère d’accueil de la maternité. Celle-ci a, en effet, accouché quelques jours plus tôt d’un petit garçon prénommé Xavier. A partir de ce moment, Sam ne verra plus sa mère d’origine.
Plusieurs années plus tard, les disputes sont fréquentes dans la famille. Les conflits débutent presque toujours entre Sam et son frère d’accueil Xavier puis s’étendent aux parents qui tentent de les séparer. Enfin, les disputes finissent par opposer le père et la mère à Sam et Xavier qui reprochent à leurs parents d’être intervenus. Les autres frères et sœurs sont parfois mêlés aux conflits. Les bagarres entre Sam et son frère Xavier ne mettent pourtant jamais leur relation en péril.

37A partir du moment où l’enfant porte le nom d’une famille, il s’inscrit dans une filiation et une généalogie. Cette reconnaissance symbolique est une source de loyauté. Ce lien différencie les situations d’adoption des situations de placement en famille d’accueil.

38Bien souvent, les parents d’accueil nous affirment ne pas faire de différences entre leurs enfants biologiques et l’enfant recueilli, comme si soutenir cette différence était insensé. Pour les enfants biologiques, cette affirmation leur renvoie qu’aucun lien particulier ne les lie à leurs parents puisque tout autre enfant peut prendre cette place. Le message envoyé à l’enfant accueilli est, par conséquent, qu’aucun lien particulier ne le lie à ses parents biologiques. Parfois même, les parents n’osent pas se positionner fermement vis-à-vis de l’enfant de peur de lui faire revivre un nouvel abandon. Pourtant, dire « non », c’est exprimer à l’enfant que c’est parce qu’on tient à lui qu’on n’accepte pas ses comportements destructeurs.

La question du setting

39Dans ces situations particulières d’enfants placés en famille d’accueil et par ailleurs hospitalisés, nous nous sommes demandés s’il n’existait pas un intérêt à effectuer des entretiens de famille en deux temps où, dans le premier temps la famille est scindée (les parents étant vus par un thérapeute et l’enfant par un autre thérapeute), et dans le second temps tout le monde, parents, enfant et thérapeutes se rejoignent.

40Il nous semble que la question se pose de façon particulière avec les enfants placés en famille d’accueil et leur famille, et ce, pour différentes raisons.

41D’une part, l’hospitalisation en elle-même suppose qu’il est difficile de continuer à vivre ensemble malgré les idéaux des parents d’offrir un nouveau lieu de vie uni à ces enfants souvent meurtris. L’abandon peut donner l’impression que l’enfant est à protéger et l’utopie de croire que les parents accueillants doivent le réparer de toutes ses souffrances. Paradoxalement, il est demandé à la famille d’accueil d’effacer les souffrances de l’enfant alors qu’il n’y a souvent pas eu de temps pour reconnaître préalablement cette souffrance. Les parents d’accueil risquent de chercher à correspondre à une image de parents « parfaits » que le moindre échec démolit. Cette utopie peut être renforcée par l’entourage et la société qui voit la démarche d’accueillir un enfant abandonné comme un acte « héroïque », et qui souligne les moindres défaillances de la famille. Lorsque l’enfant arrive dans un hôpital pédopsychiatrique, le même discours est souvent tenu vis-à-vis de l’institution. Il faut rester attentif à ne pas rentrer dans le piège de croire qu’on va « réparer » l’enfant pour le rendre à sa famille.

42L’hospitalisation renvoie aux parents d’accueil qu’ils n’ont pas réussi à s’occuper de cet enfant, pas plus que les parents d’origine. Il est alors indispensable pour cette famille d’accueil de se justifier par rapport à leur échec. Mais, cette justification passe souvent par un dénigrement de la famille d’origine, voire de l’enfant. Si cette reconstruction narcissique des parents d’accueil est nécessaire, elle n’en est pas moins destructrice pour l’enfant. Le premier temps de l’entretien, permet aux parents de dénoncer avec force leur déception, leur rancœur et leur agressivité, et permet au thérapeute de soutenir ces paroles sans se sentir piégé par la violence de ses mots sur l’enfant. Les parents ont eux aussi besoin d’élaborer leur agressivité envers cet enfant qui vient ébranler un mythe familial. Penser et accepter leurs sentiments de rejet envers cet enfant, vient faire violence au mythe d’une famille unie et réparatrice. Ce travail du deuil de l’enfant idéal et de la famille idéale renvoie donc aux histoires transgénérationnelles des parents et aux fondements de leur couple.

43Le fait de ne pas vouloir à tout prix maintenir cette image de famille réunie lors des entretiens familiaux, ouvre à l’idée qu’il vaut parfois mieux prendre de la distance pour préserver le lien et tenter d’éviter les ruptures même si on sait que ce n’est pas toujours possible. Sinon, les enfants risquent de l’imposer en refusant un retour en famille, ce qui est plus violent tant pour l’enfant que pour la famille et même pour l’institution. Suggérer une possibilité de distance tout en travaillant le lien montre également que celle-ci n’est pas forcément dangereuse pour ces familles dont la création se base sur une séparation traumatique. Les enfants accueillis sont avant cela des enfants séparés de leur famille d’origine avec laquelle un lien positif n’a pas toujours pu être maintenu.

44Nous observons également que, quand la vie en commun est difficile, la mise à distance apparaît comme inévitable et salvatrice. Mais, dès que les conflits s’apaisent, bien souvent les attentes de la famille redeviennent importantes et l’escalade symétrique redémarre. Le maintien du cadre d’entretiens scindés suggère qu’il ne faut pas s’illusionner et que la vie est peut-être rendue possible par la distance et par des attentes moins oppressantes.

45D’autre part, rencontrer l’enfant individuellement puis avec sa famille d’accueil renforce l’idée que l’enfant se construit au sein de sa famille mais aussi dans son histoire personnelle globale, qu’il a ses désirs et ses besoins. Les enfants, lors du placement familial, sont catapultés dans leur nouvelle famille sans qu’ils n’aient rien à dire et bien souvent sans que les enjeux intrapsychiques ne soient travaillés avec eux. Le premier temps de l’entretien permet de questionner et de mettre en mots les ambivalences dans lesquelles l’enfant se trouve dès son placement en famille d’accueil. Pour l’enfant, il n’est pas toujours possible d’énoncer cette ambivalence directement à cette famille à qui il doit « d’avoir été sauvé ». Les enfants placés en famille d’accueil ont souvent des histoires de vie lourdes même si elles sont courtes. Ces enfants peuvent avoir l’impression d’avoir beaucoup reçu sans rien demander et de n’être pas capable de donner en retour. Ils sont d’emblée nourris d’une grande dette vis-à-vis de la famille qui les a sauvés. De plus, comme le décrit Robert Neuburger, l’appartenance à un groupe est aliénante puisqu’elle demande l’acceptation des convictions, des croyances du groupe. L’enfant, est alors mis dans la difficulté de croire que les liens sont fondamentaux et qu’il faut toujours être uni tout en acceptant être issu de parents qui l’ont abandonné.

46La séparation puis les retrouvailles mises en scène dans les entretiens permettent d’aborder la question de la présence et de l’absence, qui sont des notions importantes et souvent problématiques dans l’histoire de ces familles. C’est un moment essentiel où chacun peut retrouver et exprimer ses émotions par rapport à la séparation et aux retrouvailles. Ces émotions sont celles ressenties par la famille face à un enfant qui ne réagit pas comme il l’avait imaginé et qui refuse parfois l’amour qu’on lui apporte. Puis ce sont toutes ces émotions que l’enfant a dû vivre lors de son arrivée dans sa famille, et qu’il revit parfois lors des retours en week-end. Mais ces émotions sont parfois étouffées par l’amour débordant qu’on lui a donné ou qu’on a voulu lui donner et que l’enfant n’a pas pu recevoir, ou par les mouvements de haine qui lui sont adressés quand il déçoit trop.

47L’alternance de la présence et de l’absence est un mécanisme essentiel pour la mentalisation et la représentation de l’absent. Cette idée d’entretien scindé vise à relancer la capacité de penser de l’enfant. Ce temps individuel est également un temps où est rediscutée la concomitance entre l’arrivée dans la famille d’accueil et le deuil de la famille biologique. Bien souvent, on a demandé à ses enfants d’être contents et d’accepter l’amour qu’on leur donne, en oubliant leur tristesse et leur colère d’abandonner leur passé. Ces enfants ont dû recevoir et renoncer en même temps.

48Quand l’enfant hospitalisé est un enfant placé en famille d’accueil, les loyautés envers la famille d’origine, envers la famille d’accueil et envers l’institution se superposent et s’entremêlent. Lorsque des conflits de loyauté se jouent entre la famille d’accueil et l’institution, cela permet peut-être d’aborder, de réévoquer, voire de rejouer les conflits de loyauté, ouverts mais aussi cachés, entre la famille d’origine et la famille accueillante. Comme nous l’avons vu plus haut, l’enfant cherche toujours à payer sa dette d’être en vie à ses parents biologiques. Quand cet enfant est placé, il ne peut pas payer sa dette. Il se sent, par conséquent, parfois obligé de malmener ses parents d’accueil par loyauté envers sa famille d’origine.

49Dans un article où ils réfléchissent sur l’éclosion des phénomènes psychotiques, Bernard Greppo et Yves Colas (9) parlent d’une « présence/absence » hallucinée. Ils pensent que la personne disparue est rendue présente par le patient désigné par ses comportements, en l’occurrence dans cet article par des hallucinations. Le symptôme permet alors le retour non menaçant pour la famille du disparu.

50

Rohan est un garçon d’origine brésilienne. Lors de son hospitalisation, il montre des comportements que l’équipe évite de qualifier de vols pour ne pas attirer la fascination des autres enfants. Après un nouvel épisode où Rohan a dérobé une montre chez un bijoutier sous les yeux de ce dernier et de l’éducatrice, la pédopsychiatre a pensé aux enfants des rues qui apprennent à voler pour survivre. Rohan a alors été invité à une réunion d’équipe. La directrice médicale s’est alors adressée à Rohan. Tout en lui demandant de réparer les actes dont il était responsable, elle lui a expliqué qu’il devait prendre les adultes pour des fous car ils le punissaient pour des actes (les vols) qui lui avaient peut-être permis de survivre étant petit. Cette intervention permettait de recadrer la sanction dans son contexte (ici, tu n’es pas obligé de voler pour survivre et le vol est punissable) tout en reconnaissant la loyauté à ses origines. Par la suite, ce symptôme s’est estompé.

51Les deux temps de l’entretien accentuent l’importance de ces loyautés et renvoient à la famille qu’il est essentiel de reconnaître ces deux mouvements de l’enfant et les loyautés qui en découlent.

52Dans cette optique, l’utilisation de deux thérapeutes permet de prendre en considération les loyautés enchevêtrées. Le thérapeute T1 soutient la famille d’accueil et les relations entre l’enfant et cette famille, tandis que le thérapeute T2 peut représenter le patient désigné tant par rapport au contexte institutionnel que dans son rapport à sa famille d’origine. T2 peut être porteur de l’ambivalence de l’enfant par rapport à sa famille d’accueil et soutenir la partie de l’enfant qui se sent loyale envers ses origines ou l’institution.

53Frédéric Bridgman (5) proposait de considérer des situations de placement familial comme un système triadique comprenant deux familles et un enfant. Ce système est alors comparable à une famille où les deux parents proposent des valeurs suffisamment compatibles à leur enfant tout en se différenciant, en loyauté avec leurs familles d’origine respectives. Frédéric Bridgman définit la relation de ce type de famille comme « d’accord d’être en désaccord ». Le second temps de nos entretiens est le temps où les thérapeutes expriment leur point de vue en fonction du système d’appartenance de l’enfant qu’il représente, et montrent qu’ils peuvent se comprendre même s’ils ne sont pas d’accord.

54Enfin, ce premier temps des entretiens permet aux thérapeutes de parler séparément aux parents et à l’enfant de leur enthousiasme mais aussi de leurs craintes par rapport au retour en week-end qui fait suite à l’entretien. L’enfant peut être soutenu dans ce qu’il pense être bon pour lui. Sinon, l’enfant peut se vivre comme un paquet au centre des conflits et marquer son opposition dans les actes en refusant de rentrer en week-end ou en sabotant ce dernier.

55Ce temps permet encore à chacun d’imaginer ce que l’autre pense et ce qu’il va dire par rapport au retour en week-end mais aussi par rapport à des questions précises et ponctuelles ou qui peuvent cheminer au cours du temps. L’enfant peut alors progressivement se rendre compte qu’il continue à occuper les pensées de ses parents d’accueil malgré son absence. Il peut enfin peut-être désirer cette place qu’il n’avait jusque-là pas demandé d’avoir. Il peut dans un second temps s’imaginer occuper encore l’esprit de ses parents biologiques. Un nouveau champ de travail est alors possible.

Elargissement du concept, introduction d’un thérapeute 3 (T3)

56A « Feux-Follets », l’assistant social peut, après une concertation de l’équipe, proposer à l’enfant une recherche sur son passé (Hublet et Meynckens, 12). Il l’accompagnera concrètement et en suivant son rythme dans la redécouverte de son histoire. Ce « parcours-souvenir » demande un engagement relationnel réciproque entre l’enfant et l’assistant social. Bien entendu, l’enfant et sa famille doivent consentir à ce travail qui va susciter chez tous des craintes. L’objectif de ce « par-cours-souvenir » est de permettre à l’enfant d’être confronté à des éléments réels de son histoire pour retrouver des souvenirs, se réapproprier son histoire, reconnaître les loyautés relationnelles successives. Ce travail peut prendre forme dans une visite à une institution qui a accueilli l’enfant petit, dans la lecture d’une ordonnance de placement, etc.

57Lorsqu’il y a un troisième thérapeute (nous appellerons l’assistant social T3), ce dernier peut soutenir la partie de l’enfant loyale à ses origines et l’accompagner dans ses recherches de souvenirs et de repères du passé par le biais du « parcours souvenir ». Le fait que T1, T2 et T3 se parlent, échangent des informations, se concertent, expriment leurs divergences d’opinions sans être opposés permet à l’enfant de rassembler ses différentes parties de lui-même qui s’opposent dans les enjeux de loyauté et le fait quitter son fonctionnement par clivage pour l’autoriser à accéder enfin à l’ambivalence. Toute l’équipe éducative et pluridisciplinaire est par ailleurs informée de ce travail pour mieux repérer ce que l’enfant peut en dire.

58L’investigation des origines de l’enfant doit tenir compte de sa double appartenance à sa famille d’origine et à sa famille accueillante. Respecter les craintes, le rythme et l’attente de chacun permet de ne pas coincer une nouvelle fois l’enfant et sa famille dans une logique de bras de fer et d’exclusion.

59Il est important de tenir compte de la manière dont chaque intervenant vit le cheminement de l’enfant et de sa famille en fonction de la place qu’occupe cet intervenant dans la prise en charge. En effet, les professionnels peuvent être pris dans le fonctionnement de la famille et donc vivre les événements en résonance avec par exemple les parents ou l’enfant. Il est essentiel que les intervenants communiquent entre eux pour éviter les coalitions et alliances néfastes et montrer à chacun qu’on peut avoir des ressentis différents sans être dans le conflit. Sans y prendre garde, nous aurions tendance à nous inscrire dans une logique d’exclusion alors que chaque avis est nécessaire même si des avis peuvent sembler contradictoires. L’équipe ne peut alors que reproduire le clivage. (Meynckens, 13).

60La communication entre l’institution et la famille est nécessaire pour que cette dernière ne se sente pas mise à mal par le parcours effectué avec l’enfant. Des conflits peuvent apparaître à différents niveaux si la communication n’est pas possible. Ces conflits peuvent se retrouver entre l’institution et la famille, entre différents membres de l’institution, entre les membres de la famille ou encore à un niveau intrapsychique.

61Bernard Greppo et Yves Colas (9), en travaillant sur l’idée du bienfait de la réapparition de parents disparus dans la prise en charge de patients psychotiques, nous donnent quelques repères pour un bon déroulement du « parcours-souvenir », quand nous envisageons de reprendre un contact avec un parent biologique.

62Selon eux, il faut :

  1. Savoir si l’environnement accorde ou non quelques crédits à la recherche du parent disparu.
  2. Savoir si des démarches ont déjà été effectuées […].
  3. Evaluer le pronostic de réussite accordé par la famille à cette démarche.
  4. Connaître les craintes éventuelles que cela suscite […].
  5. Savoir qui est ou a été, le plus opposé à cette démarche.
  6. Savoir si d’autres enfants que le patient ont la même demande ?
  7. Tenir compte de leurs craintes et de leurs réactions à l’évolution de leur frère ou demi-frère. […].
  8. Savoir si la famille accepte un entretien où le parent disparu sera présent […].
  9. Les raisons officielles de la disparition devront être explicitées autant que celles imaginées par le patient ou les autres membres de la famille, ce qui conduit à une évaluation des possibilités de pardon et à la conjuration par anticipation d’une rencontre avec le personnage du revenant, pouvant passer pour un « Diable » ou pour le « Père Noël ». Lorsque le disparu est l’objet d’une telle idéalisation, il faut prendre soin de ne pas disqualifier le parent qui a dû assumer seul les charges éducatives. […]
  10. Avec le revenant : savoir si celui-ci accepte l’entretien […].

Conclusion

63Comme nous l’avons vu, le placement d’un enfant en famille d’accueil s’inscrit dans une dynamique relationnelle complexe tenant compte des loyautés, de l’impact sur la famille élargie, des enjeux transgénérationnels, et de l’inscription dans le mythe familial. Lors du séjour de l’enfant en hôpital pédopsychiatrique, il est indispensable de tenir compte de tous ces éléments pour mieux comprendre l’enchevêtrement dans lequel le patient désigné, en l’occurrence l’enfant, se retrouve. Le « détricotage » des enjeux relationnels présents lors de l’arrivée de l’enfant dans la famille puis remaniés lors de l’hospitalisation est un travail important lors des entretiens de famille.

64Un travail sur le traumatisme de l’abandon et sur l’élaboration du deuil est par ailleurs utile. Bien souvent ce travail n’a pas pu être fait lors de l’accueil. Réinvestir l’entrée de l’enfant dans sa famille et la greffe mythique nécessaire au sentiment d’appartenance nous semble dérisoire si un temps n’est pas accordé à la reconnaissance de la souffrance de l’enfant. Ce temps qui souvent jusque-là a été manquant nous proposons de l’instituer sous la forme d’entretiens scindés. Ce travail, nous le trouvons d’autant plus important au regard de la théorie sur la méconnaissance de la réalité de Matteo Selvini, qui considère la dénégation partagée d’une souffrance psychique importante comme un facteur de risque potentiel de développement d’un trouble psychiatrique grave.

65Le placement familial est teinté de l’idéologie du lien qui répare. Nous devons peut-être accepter de ne pas rester nous-mêmes, les professionnels, dans cette idéologie du lien, mais reconnaître que la question de la séparation est en jeu dès l’arrivée de l’enfant à l’hôpital. Notre rôle est alors d’éviter le plus possible de destruction de chacun et aider les parents et l’enfant à se construire séparément. Il est essentiel de reconnaître que tout le monde a été blessé et que les blessures encourues rendent parfois injuste.

66Notre travail n’est pas à voir comme une tentative de désappartenance, mais plutôt comme une reconnaissance d’une appartenance multiple (à une famille d’origine, à une famille d’accueil, à une institution) pour permettre à l’enfant de s’appuyer sur plusieurs repères afin de grandir, peut-être loin tant de sa famille biologique que de sa famille d’accueil et de l’institution.

67De plus, il serait intéressant d’étendre cette réflexion aux situations d’hospitalisation pédopsychiatrique d’enfants par ailleurs adoptés. Quelles seraient alors les similitudes et les différences avec les enfants placés en famille d’accueil et leur famille ? Nous avons déjà évoqué plus haut, l’inscription dans une généalogie par le simple fait de porter le même nom de famille comme une piste de réflexion. Mais cette seule piste ne suffit probablement pas. L’instabilité et la réversibilité permanentes des placements en famille d’accueil créent une dynamique relationnelle propre à ces situations.

BIBLIOGRAPHIE

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Mots-clés éditeurs : Setting, Séparation, Abandon, Loyauté, Hospitalisation, Famille d'accueil, Famille d'origine

Date de mise en ligne : 01/12/2006

https://doi.org/10.3917/tf.061.0033

Notes

  • [1]
    Médecin assistant candidat spécialiste en pédopsychiatrie.
  • [2]
    Pédopsychiatre, thérapeute systémique, directrice médicale à « Feux-Follets », formatrice à l’approche systémique et à la thérapie familiale au CEFORES (Bruxelles).
  • [3]
    « Feux-Follets » est un hôpital pédopsychiatrique conventionné INAMI, et situé sur deux sites, l’un à Wavre et l’autre à Huppaye, tous deux dans le Brabant Wallon en Belgique.

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