Couverture de TF_032

Article de revue

Le numéro

Pages 115 à 117

English version

Introduction

1La parentalité : un terme plus précis de la fonction parentale que ceux jadis employés, tels la maternité, la paternité ou le parentage. C’est bien ce sujet qui nous semblait toucher de près ceux d’entre nous préoccupés par l’étude de la famille en ce tout début de siècle. La parentalité définit l’interdépendance entre la structure fami~liale, les ressources de la famille, et l’évolution de la famille. Ces trois facettes de la question nous ont permis d’élaborer une base cohérente et la plus complète possible, sur laquelle nous avons pu construire une trame de congrès pouvant intéresser un nombre important de collègues. Mais les formes et les fonctions familiales changent, même de manière dramatique, ce qui produit de nouvelles configurations qui ont pour effet de nous offrir, à la fois, un élargissement et un enrichissement tout en pou~vant mieux appréhender l’état de la famille et la place de la parentalité. De ce fait nous ne pouvons pas nous laisser languir dans les arcanes des concepts dépassés et de surcroît restrictifs. Après tout, nous sommes, cliniciens et chercheurs, emmenés dans de nouveaux champs que nous avons cherchés à explorer dans l’organisation des 2es Journées Suisses de Thérapies Familiales et d’Interventions Systémiques, les 26 et 27 avril 2002 à Genève.

2Ces journées de travail avaient de multiples objectifs : réunir les collègues tra~vaillant souvent dans des milieux disparates, rapprocher les cliniciens des théori~ciens, sensibiliser les uns et les autres aux parentalités souvent ignorées ou oubliées et parvenir à des conclusions qui puissent êtres stimulantes et des moteurs pour un travail d’avenir. A ces fins nous avons demandé aux auteurs représentant non seule~ment la Suisse mais l’Europe et les Etats-unis de partager avec nous, d’abord en congrès et maintenant dans un recueil d’articles, l’essentiel de nos réflexions à pro~pos des « Parentalités d’Aujourd’hui ».

3Ian D. Frank
Psychologue-psychothérapeute
ASP/FSP
Association Suisse des Psychothérapeutes
Fédération Suisse des Psychologues
Président du Comité d’organisation

Les articles

4Dans ce numéro se trouve la première partie des articles qui ont été écrits à la suite des Journées Suisses consacrées à la parentalité.

5Partant du constat de l’érosion de la famille traditionnelle et de l’émergence de nouvelles formes de parentalité, Kenneth Gergen suggère au lecteur de ne pas s’arc~bouter sur les « valeurs de la famille », attitude qui ne permettrait pas une rencontre thérapeutique avec les familles qui fonctionnent sur un nouveau modèle. Au contraire, dit-il, le thérapeute familial doit (sans pour autant renier les valeurs traditionnelles) faire émerger les nouvelles potentialités qui sont – naturellement – liées à ces modèles innovants. Il propose la théorie du constructionisme social comme fondement pos~sible à la créativité… du thérapeute autant que de la famille qu’il rencontre.

6Les changements sociétaux ont profondément modifié la famille et Philippe Caillé nous livre ici sa réflexion sur les différences (structurales, mythologiques…) entre «la famille néotraditionnelle » et ce qu’il appelle « la constellation affective », terme qui lui semble le plus adapté car il prend acte de la nature fondamentalement différente de ce qui, parfois, est plus un assemblage familial qu’une famille à pro~prement parler et dont il nous donne un exemple.

7Mais, in fine, il affirme que la famille quelle que soit sa configuration, doit être une structure devant créer du sens pour les personnes qui l’ont conçue et, bien entendu, aussi pour celles qui y viennent au monde.

8La problématique de l’éducation et de la guidance parentale est au premier plan dans les consultations des familles qui ont un enfant en âge scolaire. A partir de son expérience, Raymond Traube expose au lecteur les repères qui le guident en consultation. Il dégage ainsi trois axes : l’interaction thérapeute-enfant; les jeux de rôles et les sculptures familiales qui permettent d’aborder les relations et les émo~tions dans la famille; et enfin une guidance pragmatique de la fonction parentale qui inclut les différences intergénérationnelles et les résonances entre les générations. Au fil de son propos, il apporte deux illustrations cliniques.

9L’enfant adopté adopte tout autant ses parents adoptants que ceux-ci l’adoptent. Tel est le postulat de base de Salomon Uzan. Au moment de l’adolescence, l’enfant adopté, comme tous les adolescents, remet en question ses parents dont il est encore dépendant mais dont il voudrait bien pouvoir se passer. Alors le risque est grand que le parent en difficulté avec son enfant adopté, ne vive celui-ci comme un « mauvais objet », et que ce faisant, il ne le replonge dans les affres de l’abandon qui vient comme un rappel de l’origine de son histoire. Ainsi l’histoire de Fabien qui n’était pas l’enfant de la photo qu’avait de lui ses parents adoptifs.

10Dans le cadre de leur consultation familiale Claire-Lise Cuendet et Annie Gri~maud de Vincenzi ont pu repérer le lien qui peut exister entre des pathologies graves comme l’anorexie et la psychose et certains deuils non résolus. La famille peut en effet être victime d’un blocage évolutif, et l’enfant peut alors prendre le rôle de « portefaix » du deuil. En tant que thérapeutes, elles viennent ici exposer ce qui leur semble devoir être les conditions de faisabilité d’un deuil. A travers plusieurs vignettes cliniques elles montrent comment les différents rituels de deuil prennent toute leur valeur pour aider les familles à dépasser ces deuils non élaborés.

11Robert Neuburger se penche dans son article sur les différences entre relations interpersonnelles et relations d’appartenance. Les relations interpersonnelles dans la famille, dit-il, sont : la relation parentale ou nourricière, la relation fraternelle et la relation amoureuse ou conjugale; elles se distinguent des relations d’appartenance qui contiennent le sujet qui en fait partie et qui répondent à des mythes communs. Et il propose le relatiogramme et l’appartenançogramme comme outils d’étude pour différencier les pathologies de relation et d’appartenance : reprenant sa thèse de l’étude de la demande, il indique que les premières sont du registre de l’analyse alors que les autres sont du registre systémique.

12Alors que d’autres sociétés sont préoccupées par la fertilité et la procréation des jeunes filles, mêmes très jeunes, notre société se préoccupe de contraception et d’avortement chez elles. Après ce constat, Lorenza Bettoli se penche sur les gros~sesses adolescentes qui sont un problème de santé publique en ce sens qu’elles court-circuitent le passage de la puberté (de plus en plus précoce) à l’âge adulte, alors que la maturité psychoaffective et sociale est de plus en plus tardive. Elle sou~lève quelques questions qui se posent : l’interdit de la procréation remplacerait-il l’interdit de la sexualité précoce ? quel est le sens de la grossesse pour l’adolescente et pour l’adolescent …? Elle raconte aussi l’histoire de Marie, mère à 14 ans..

13Régine Delacoux s’est risquée à un exercice de style difficile : mettre des mots, avec et pour celles qui ne savent pas bien le faire : les mères toxicomanes. Toxico~manes en effet, ces mères ou futures mères connaissent le primat des sensations sur les émotions, du perceptif sur le représentatif, l’irreprésentabilité des liens…

14Elle parle de l’histoire qu’elle pourrait écrire avec ces mères, au cours des groupes de rencontre qu’elle anime, et raconte au lecteur une partie de ce que cette histoire pourrait dire.

15En tant que sexo-pédagogues et formatrices, Catherine Agthe Diserens et Fran~çoise Vatré, ont été confrontées au désir d’enfant de personnes handicapées men~tales. Dans le respect des Droits Humains Fondamentaux, elles abordent donc le questionnement éthique qui met en regard les besoins et les droits de l’enfant à naître et ceux de la personne inadaptée – dont elles soulignent que le pourcentage augmente avec l’importance de la technologie au quotidien –. Ce questionnement se situe au cœur d’un paradoxe qui se joue en termes de pouvoir (être - faire) et de devoir (assu~mer) et qui concernerait le dernier bastion de la normalité : faire un bébé.

16Dans le prochain numéro paraîtra la seconde partie des articles consacrés aux « Parentalités d’Aujourd’hui ».

17B.W.

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