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Article de revue

Réaliser des transferts depuis l’Afrique du Sud : un chemin semé d’embûches

Pages 55 à 68

Notes

  • [1]
    En 2012, le PIB sud-africain a atteint 384,3 milliards de dollars courants, soit 19% du PIB de l’Afrique et 30,2% du PIB de l’Afrique subsaharienne. Le revenu par tête sud-africain est, quant à lui, estimé à près de 7507 dollars courants en 2012 (11 375 dollars PPA).
  • [2]
    De 1948 à 1991, l’Afrique du Sud a été soumise au régime de l’apartheid, régime de ségrégation raciale qui visait à développer le pays de manière séparée en affectant les populations dans des zones géographiques déterminées sur la base de critères raciaux ou ethniques. Les populations noires, métisses, indiennes et blanches ne jouissaient pas des mêmes droits. Le régime de l’apartheid s’apparentait à un arsenal juridique garantissant la pérennité du peuple afrikaner (i.e. les sud-africains d’origine néerlandaise, française, allemande ou scandinave parlant l’afrikaans) dans tous les domaines de la vie quotidienne. Pour plus d’informations, voir Coquerel (2004).
  • [3]
    Le South African Post Office interdit toutefois les transferts par ordres monétaires vers le Zimbabwe, le Mozambique et le Malawi (Langhan et Kilfoil, 2011).
  • [4]
    La CMA comprend l’Afrique du Sud, le Lesotho, le Swaziland et la Namibie.
  • [5]
    Les pays membres de la SADC sont l’Afrique du Sud, l’Angola, le Botswana, le Lesotho, Madagascar, le Malawi, l’île Maurice, le Mozambique, la Namibie, la République Démocratique du Congo, le Swaziland, les Seychelles, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe.

Introduction

1La migration est un phénomène ancien et répandu sur le continent africain. En augmentation continue, le nombre d’émigrants africains est passé d’un peu plus de huit millions de personnes en 1960 à 30,6 millions de personnes en 2010, soit respectivement 3,5% et 3% de la population africaine (Ratha et al., 2011). Ce nombre est certainement plus élevé encore, la porosité des frontières et l’ampleur des migrations informelles au sein du continent rendant difficile la comptabilisation exacte du nombre de migrants.

2La hausse des taux migratoires s’est accompagnée d’une hausse des flux de transferts de fonds reçus par l’Afrique. Ces derniers se sont élevés à 60 milliards de dollars en 2012, soit six fois et demie plus qu’en 1990. Représentant 3% du Produit Intérieur Brut de l’Afrique en 2012, ces transferts de fonds constituent la deuxième source de financement extérieur du continent après les investissements directs étrangers. Ils sont ainsi à l’origine d’enjeux importants pour les pays bénéficiaires. Dans certains cas, ils permettent de réduire la pauvreté et favorisent le développement socio-économique des pays qui les reçoivent (Acosta et al., 2008 ; Gupta et al., 2007 ; Combes et al., 2011). Dans d’autres cas, ils peuvent aussi avoir des effets pervers en favorisant une baisse de l’offre de travail des bénéficiaires (aléa moral), un accroissement (temporaire) des inégalités, une hausse de la consommation de biens importés ou encore une appréciation du taux de change néfaste à la production nationale et aux exportations (Koechlin et Léon, 2006 ; Chami et al., 2003 ; Azam et Gubert, 2005 ; Bourdet et Falck, 2006). Compte tenu de ces différents effets, les transferts de fonds des migrants ne cessent d’attirer l’attention des chercheurs académiques, des organisations internationales et des décideurs politiques. De nombreux travaux se sont ainsi intéressés et s’intéressent encore aujourd’hui aux transferts de fonds des migrants. À l’inverse, ce n’est que récemment que les institutions et les gouvernements africains ont pris pleinement conscience de la contribution et des bénéfices potentiels que les migrants installés à l’étranger peuvent apporter au développement de leur pays.

3Au sein du continent, l’Afrique du Sud joue un rôle particulier. En tant qu’économie africaine la plus développée [1], et en raison d’une loi relativement accueillante envers les réfugiés, elle attire depuis des décennies de nombreux migrants en quête d’opportunités économiques mais aussi de sécurité politique (Maharaj, 2004). L’Afrique du Sud joue ainsi un rôle central dans les migrations africaines transfrontalières et interrégionales. Une partie des migrants installés sur son territoire envoient de l’argent et/ou des biens à leur famille restée dans leur pays d’origine. Ainsi, en 2012, l’Afrique du Sud est le premier pays source de transferts de fonds en Afrique subsaharienne avec 47% des transferts émanant de cette région, et en Afrique avec 41,4% des transferts du continent (Banque mondiale, 2013). Selon la Banque mondiale, 1,32 milliard de dollars a été transféré depuis ce pays en 2012, soit 0,34% du PIB du pays. Cependant, ces chiffres sous-estiment très certainement la réalité du phénomène puisqu’ils ne prennent pas en compte les transferts de fonds informels. Or, selon Bester et al. (2010), ces derniers représenteraient plus de la moitié des transferts de fonds sortants du pays.

4L’objet de cet article est de présenter les migrations en Afrique du Sud et le comportement des migrants en matière de transferts. Plus précisément, il présente dans un premier temps l’évolution du stock de migrants en Afrique du Sud et des transferts de fonds réalisés depuis ce pays. Il expose ensuite les difficultés auxquelles les migrants sont confrontés pour réaliser des transferts par l’intermédiaire de canaux formels. Enfin, avant de conclure, il étudie plus particulièrement le comportement de transfert des migrants.

Migration en Afrique du Sud et transferts de fonds

5Après la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud est le deuxième pays de destination des migrants africains sur le continent. La présence de ces migrants a cependant posé et pose encore de nombreux problèmes à la société sud-africaine. Héritiers d’un passé pour le moins douloureux [2], bercés par de nombreux mythes et croyances, et confrontés à des disparités économiques importantes et croissantes, les Sud-africains ont une vision négative de l’étranger, et en particulier de l’étranger illégal. Cette vision négative constitue un élément important de la réflexion du gouvernement sur la question migratoire et complexifie l’élaboration d’une politique adaptée aux besoins du pays. Ainsi, l’attitude des autorités sud-africaines vis-à-vis des migrations n’a jamais été constante, ces dernières alternant entre indifférence, positions en faveur de l’immigration et positions beaucoup plus restrictives. Aujourd’hui, la politique migratoire sud-africaine est fortement déterminée par une vision économique. Elle se veut restrictive et qualitative, et vise à répondre aux besoins en main d’œuvre qualifiée du pays.

6Les flux migratoires en direction de l’Afrique du Sud et, par conséquent, les stocks de migrants, ont ainsi fluctué selon l’évolution politique et économique du pays et selon celle des pays voisins. Après avoir fortement augmenté au milieu des années 1980, en raison notamment de l’afflux massif de réfugiés mozambicains, le stock de migrants internationaux a fortement diminué de 1985 jusqu’au début des années 2000 (Graphique 1). Cette baisse s’explique en partie par le rapatriement de nombreux migrants, en particulier mozambicains et zimbabwéens, à la fin des années 1980 et dans les années 1990. Cette diminution résulte également du durcissement de la politique migratoire intervenue dans les années 1990 (renforcement des contrôles et baisse du nombre de permis de travail délivrés), et de l’augmentation de l’émigration.

Graphique 1

Evolution du stock de migrants internationaux (réfugiés compris) en Afrique du Sud entre 1960 et 2010 (millions, milieu d’année)

Graphique 1

Evolution du stock de migrants internationaux (réfugiés compris) en Afrique du Sud entre 1960 et 2010 (millions, milieu d’année)

Source : ONU (2009).

7Depuis le début des années 2000, la tendance s’est inversée : le stock de migrants internationaux en Afrique du Sud tend à augmenter. L’Organisation des Nations Unies (ONU) estime à près de 1,86 million le nombre de migrants internationaux présents en Afrique du Sud à la moitié de l’année 2010, soit 3,8% de la population sud-africaine (derniers chiffres disponibles) (ONU, 2009). Selon le dernier recensement réalisé par l’agence nationale de la statistique (la Statistic South Africa), près de 1,99 million de migrants résidaient en Afrique du Sud en 2011, principalement dans la province du Gauteng (51,6% des migrants recensés vivaient dans cette province) et du Western Cape (11,9%). Cette hausse du nombre de migrants semble pouvoir s’expliquer par le changement de politique migratoire entrepris depuis 1996 avec le Livre Vert sur la Migration Internationale. Elle s’explique également, bien que dans une moindre mesure, par la hausse du nombre de réfugiés présents dans le pays. Selon l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), ces derniers sont passés de 15 063 à la fin de l’année 2000, à 29 714 fin 2005 et à 57 899 fin 2010 (UNHCR, 2010).

8La grande majorité des migrants internationaux (hors réfugiés et demandeurs d’asile) sont originaires de pays voisins. En 2010, 24,4% d’entre eux provenaient du Mozambique, 46,2% du Zimbabwe, 18,9% du Lesotho et 7,3% du Swaziland. En revanche, et à l’exception des Zimbabwéens, les réfugiés et demandeurs d’asile proviennent de pays un peu plus éloignés. En 2010, 26,8% des réfugiés provenaient de la Somalie, 22,9% de la République Démocratique du Congo (RDC), 10,2% de l’Angola et 4,3% du Burundi. Les migrants ayant déposé une demande d’asile au cours de l’année 2010 provenaient, quant à eux, essentiellement du Zimbabwe (81,1%), et dans une moindre mesure de la Somalie (3,3%), de la RDC (2,5%) et de l’Ethiopie (1,4%) (UNHCR, 2010).

9À l’instar des flux migratoires, les flux de transferts de fonds réalisés depuis le territoire sud-africain ont fluctué. Comme en témoigne le graphique 2, ils n’ont pas cessé d’augmenter de 1970 à 1983 pour atteindre un peu plus d’un milliard de dollars. Cette hausse peut s’expliquer par l’accroissement du stock de migrants présents sur le territoire. Les années 1984 et 1985 marquent une rupture, les flux de transferts de fonds sortants diminuant de manière significative. Cette diminution s’explique principalement par les difficultés économiques rencontrées par l’économie sud-africaine au cours de la décennie (baisse de la croissance, isolement et sanctions internationales contre le régime de l’apartheid, etc.) (Cling, 2000). Cette baisse a cependant été de courte durée puisque les flux de transferts de fonds sortants sont repartis à la hausse dès 1986, et ceci jusqu’au début des années 1990. Ils ont ensuite fortement rediminué pour atteindre 541 millions de dollars en 2002, soit le plus bas niveau jamais enregistré depuis 1974. Cette nouvelle baisse trouve son origine dans la diminution du stock de migrants internationaux présents en Afrique du Sud consécutive à la réduction des flux d’immigration et à la baisse du nombre de réfugiés sur le territoire. Cette baisse a par la suite été enrayée par la mise en place d’une politique migratoire davantage favorable à l’immigration au début des années 2000. Les transferts de fonds sortants ont alors repris leur tendance ascendante à partir de l’année 2003, et ont atteint 1,44 milliard en 2011, soit le niveau le plus élevé depuis 1970. Ils ont en revanche légèrement diminué en 2012 pour atteindre 1,32 milliard de dollars.

Graphique 2

Evolution des transferts de fonds sortants d’Afrique du Sud entre 1970 et 2012 en dollars courants (milliards)

Graphique 2

Evolution des transferts de fonds sortants d’Afrique du Sud entre 1970 et 2012 en dollars courants (milliards)

Source : Banque mondiale, 2013.

10L’augmentation des transferts de fonds observée sur le graphique 2 est toutefois à relativiser. En effet, l’étude de l’évolution des transferts de fonds des migrants en dollars constants de 1980 met en évidence une baisse des transferts de fonds entre 1980 et 2012 (Graphique 3). D’un peu plus d’un milliard de dollars en 1980, ils sont passés à 757,7 millions de dollars en 2012, soit une baisse de 25,5% sur la période.

Graphique 3

Evolution des transferts de fonds sortants d’Afrique du Sud entre 1980 et 2012 en dollars constants de 1980 (millions)

Graphique 3

Evolution des transferts de fonds sortants d’Afrique du Sud entre 1980 et 2012 en dollars constants de 1980 (millions)

Source : Banque mondiale (2013), FMI (2014) et calcul de l’auteur.

11Malgré ces différences, les transferts de fonds réalisés par les migrants installés en Afrique du Sud restent relativement conséquents, et ceci d’autant plus qu’ils sont très probablement sous-estimés. Les difficultés d’accès aux services financiers formels et les coûts élevés qui y sont associés contraignent en effet de nombreux migrants à recourir aux canaux informels de transferts.

Infrastructures financières de transferts en Afrique du Sud

12En Afrique du Sud, les transferts monétaires internationaux relèvent principalement des banques. Parmi les banques présentes sur le sol sud-africain habilitées à réaliser de tels transferts figurent la First National Bank of South Africa, la Bank of Athens, l’ABSA, la Standard Bank ou encore la Bank of Baroda. Des organismes de transferts tels que Money Gram sont également présents. Toutefois, ils ne peuvent opérer sur le sol sud-africain qu’en partenariat avec les banques. Ainsi par exemple, Money Gram intervient via la Standard Bank. Les banques offrent donc deux types de service pour transférer de l’argent : les transferts de compte à compte entre banques résidant dans des pays différents et les transferts monétaires réalisés via les organismes de transferts. Dans ce dernier cas, l’argent doit être échangé contre des dollars avant tout envoi. Une fois convertie en dollars, la somme peut être transférée puis échangée contre la monnaie du pays destinataire (Bester et al., 2010).

13Avant de réaliser un transfert, les banques sont tenues de vérifier que le transféreur dispose des documents officiels appropriés concernant son identité (carte d’identité, passeport), son adresse, sa résidence et son statut légal l’autorisant à travailler et à gagner un revenu en Afrique du Sud (contrat de travail) (Genesis, 2003 ; Bester et al., 2004). Le problème est que de nombreux migrants vivent dans des habitations sans adresse formelle ou ne disposent pas des documents nécessaires pour confirmer leur adresse. Ces derniers sont par conséquent exclus des canaux formels. La légalité de la présence sur le sol sud-africain n’est cependant pas un gage d’accès aux services bancaires. Même les migrants répondant aux critères des banques peuvent se voir refuser l’accès à des comptes bancaires (Hughes et al., 2007). Truen et al. (2005) trouvent ainsi que le canal le plus utilisé pour réaliser de manière formelle des transferts de fonds depuis l’Afrique du Sud est celui des bureaux de poste.

14Les bureaux de poste constituent un autre canal formel à la disposition des migrants. Ils disposent d’une place particulière sur le marché formel des transferts. Ils sont autorisés à transférer de l’argent hors du territoire sud-africain et échappent aux lois relatives au contrôle des changes, les services qu’ils offrent ayant été créés avant que ces lois n’entrent en vigueur. Ils proposent deux types de service : les ordres monétaires [3] et les ordres postaux. Les ordres monétaires sont des transferts électroniques nécessitant la même preuve de résidence que les transferts bancaires. Les ordres postaux sont, quant à eux, réalisés sous forme de chèque. Ils peuvent atteindre une valeur maximale de 2000 rands (environ 300 dollars) et ne nécessitent pas de papier d’identité. Cependant, ils présentent un risque plus élevé d’être perdus. L’envoi d’argent via des canaux informels est ainsi préconisé par les employés (Bester et al., 2010). Le recours à ces canaux est également favorisé par les nombreuses réglementations (contrôle de changes, lois contre le blanchiment d’argent, lois migratoires, etc.) qui entravent l’accès des migrants aux systèmes formels de transferts et par les coûts élevés qui y sont associés.

Contrôle des changes

15Le contrôle des changes est l’une des nombreuses mesures limitant les possibilités pour les migrants de transférer de l’argent. La situation diffère cependant selon les pays auxquels les transferts de fonds sont destinés. Les transferts entre l’Afrique du Sud et les pays de la Commun Monetary Area[4] (CMA) ne sont soumis ni au contrôle des changes ni à des restrictions de paiement. À l’inverse, ceux réalisés en faveur de pays extérieurs à la CMA sont extrêmement encadrés (Bester et al., 2004). Les résidents permanents ou temporaires issus d’un pays n’appartenant pas à la CMA et autorisés à réaliser des envois ne peuvent pas transférer plus de 30 000 rands par an (3390 dollars environ). Des exceptions sont toutefois autorisées sous certaines conditions.

16Les lois sur le contrôle des changes (Excon) font également la distinction entre les résidents permanents, les résidents temporaires, les non résidents et les émigrants. Les résidents sont les personnes de nationalité sud-africaine ou non qui sont domiciliées ou enregistrées en Afrique du Sud. Les citoyens sud-africains et les résidents étrangers permanents auxquels ont été remis des documents d’identité sud-africains entrent dans cette catégorie. Ces derniers peuvent donc transférer jusqu’à 30 000 rands par an via les canaux formels. Les résidents temporaires sont les personnes originaires d’un autre pays que ceux de la CMA disposant d’un permis de résidence temporaire, à l’exception des personnes simplement en visite (les touristes par exemple). Les migrants travaillant sous contrat entrent dans cette catégorie. L’Excon considère les personnes d’origine étrangère résidant temporairement en Afrique du Sud de la même manière que les résidents permanents. Ils sont donc soumis aux mêmes conditions que ces derniers pour réaliser des transferts, à l’exception près qu’ils doivent fournir un permis de travail original et valable délivré par le ministère des Affaires intérieures. Enfin, les non résidents désignent les personnes dont le lieu normal de résidence ou d’enregistrement se situe en dehors de la CMA, et qui ne sont pas autorisées à travailler en Afrique du Sud. Les migrants illégaux qui travaillent en Afrique du Sud entrent dans cette catégorie.

Lois contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme et lois migratoires

17À la suite des attentats du 11 septembre 2001, l’Afrique du Sud a mis en place les recommandations de la Financial Action Task Force. Elle a introduit des législations contre le blanchiment d’argent en 2002 et contre le financement du terrorisme en 2004. En renforçant l’obligation pour les banques de vérifier l’identité et l’adresse des clients, ces lois accentuent les difficultés d’accès des migrants aux canaux formels de transferts.

18Les lois migratoires en vigueur dans le pays constituent un autre obstacle dans l’accès des migrants aux services formels de transferts. La légalité de la présence des migrants sur le sol sud-africain est en effet un pré-requis indispensable pour accéder aux services financiers formels (Truen et al., 2005). Les migrants illégaux ne sont cependant pas les seuls à pâtir de ces lois. Les migrants légaux peu qualifiés et à bas revenus peuvent eux aussi être exclus des canaux formels dans la mesure où il est de plus en plus difficile pour ces personnes d’entrer et de travailler légalement dans le pays (Bester et al., 2004). En effet, avant de recruter un travailleur étranger, l’employeur doit s’assurer que l’emploi ne peut pas être occupé par un travailleur sud-africain. Or, l’Afrique du Sud souffre surtout d’un manque de main d’œuvre qualifiée et non d’un manque de main d’œuvre non qualifiée. Ainsi, la résidence permanente est accordée en priorité aux étrangers qualifiés, et par conséquent, de nombreux étrangers entrent, restent et travaillent illégalement dans le pays. Leur seul moyen pour transférer de l’argent est alors de se tourner vers les canaux informels.

Le cas particulier des migrants du secteur minier

19Un système d’accès privilégié aux systèmes formels de transferts de fonds pour les migrants travaillant dans les mines sud-africaines est également en vigueur dans le pays. Ces migrants ont accès à des services bancaires et de transferts d’argent moins chers fournis par la banque TEBA (rebaptisée Ubank), institution financière sud-africaine offrant depuis plus de trois décennies des services financiers de base aux migrants appartenant au secteur minier et à leur famille. Les migrants originaires du Mozambique et du Lesotho sous contrat dans le secteur minier font l’objet d’un système obligatoire de report de salaire. Les migrants mozambicains doivent transférer 60% de leur revenu vers la banque centrale de leur pays pendant la moitié de l’année pour un contrat de douze mois, et pendant douze mois pour un contrat de dix-huit mois. Cet argent ne peut être collecté qu’au Mozambique et est directement versé par l’Ubank à la Banque centrale du Mozambique. Les migrants originaires du Lesotho doivent, quant à eux, transférer 30% de leur revenu durant dix mois de l’année. Une fois leur contrat de travail terminé, un certificat de paiement différé leur est remis. Il peut ensuite être converti en argent auprès d’une filiale de l’Ubank installée au Lesotho.

20En résumé, à l’exception des travailleurs miniers, les différentes réglementations en place en Afrique du Sud excluent de nombreux migrants des canaux officiels de transferts. Les coûts relativement élevés associés à la réalisation de transferts de fonds formels découragent également de nombreux migrants à utiliser ces canaux officiels.

Coût et délais des transferts de fonds formels

21Les coûts facturés par les différents organismes de transferts restreignent les possibilités d’accès des migrants aux canaux formels. Ces derniers sont en effet relativement élevés et varient selon les pays destinataires et selon les montants envoyés. À partir des données de la Banque mondiale, Truen et Chisadza (2012) ont établi que l’Afrique du Sud faisait partie du top 10 des pays les plus chers pour réaliser des transferts de fonds via des canaux formels (banques, organismes de transferts et bureaux de poste). Ainsi par exemple, il est beaucoup plus onéreux d’envoyer de l’argent depuis l’Afrique du Sud vers d’autres pays africains que depuis le Royaume-Uni vers l’Afrique du Sud.

22Le tableau 1 présente les coûts associés à la réalisation d’un transfert de 200 dollars depuis l’Afrique du Sud vers différents pays du continent. Au troisième trimestre 2013, un transfert de 200 dollars vers le Mozambique réalisé par l’intermédiaire d’une banque sud-africaine était associé à un coût moyen de 49,06 dollars, soit 24,5% du montant envoyé. Ce coût moyen s’élevait à 32,46 dollars dans les organismes de transfert type Money Gram, et à 5,98 dollars dans les bureaux de poste, soit respectivement 16,2% et 3% des montants transférés.

Tableau 1

Coût moyen d’un transfert de 200 dollars depuis l’Afrique du Sud vers différents pays africains, troisième trimestre 2013. En dollars US

Tableau 1
Pays de destination Banques OTM Bureaux de poste Angola 41,26 32,46 - Botswana 44,92 31,09 5,98 Lesotho 38,65 29,23 5,98 Malawi 43,2 34,85 5,98 Mozambique 49,06 32,46 5,98 Swaziland 38,65 29,23 5,98 Zambie 42,3 31,83 - Zimbabwe 41,26 29,77 5,98

Coût moyen d’un transfert de 200 dollars depuis l’Afrique du Sud vers différents pays africains, troisième trimestre 2013. En dollars US

Note : OTM = Organisme de transferts monétaires type Money Gram.
Source : Banque mondiale (2014).

23À l’instar des coûts, les délais entre la réalisation et la réception des transferts dans les pays destinataires sont variables et plus ou moins longs. De moins d’une heure pour les organismes de transferts, ils peuvent atteindre jusqu’à six jours dans les banques.

24Compte tenu des difficultés d’accès aux canaux formels de transferts et des coûts élevés qui y sont associés, une part très minoritaire des migrants transfèrent via ces canaux. Une enquête réalisée en 2006 par l’African Centre for Migration & Society de l’université du Witwatersrand en collaboration avec l’Institut d’Afrique du Sud et l’université Tufts de Boston auprès de migrants congolais, mozambicains et somaliens résidant à Johannesburg, montre ainsi que seulement 11,8% des migrants qui transfèrent envoient de l’argent via des organismes de transferts et 1,4% via des banques commerciales. De même, une enquête réalisée en 2011 auprès de 114 migrants africains résidant en Afrique du Sud indique que seulement 28% des migrants ayant répondu à la question réalisent des transferts via des banques, des organismes de transferts ou des bureaux de poste (Truen et Chisadza, 2012). Nombre de migrants ont ainsi recours aux canaux informels.

Canaux informels de transferts

25Les moyens informels les plus utilisés par les migrants pour transférer de l’argent et/ou des biens dans leur pays d’origine sont les conducteurs de taxi, bus ou camion (taxi drivers) ainsi que la famille et les amis. Les données récoltées par Truen et Chisadza (2012) montrent que 24% des migrants de leur échantillon ayant répondu à la question envoient de l’argent dans leur pays d’origine via des amis ou des membres de leur famille, et 42% via des conducteurs de taxi, de bus ou de camion. Une enquête réalisée en 2010 auprès de migrants congolais résidant à Johannesburg révèle elle aussi l’importance de l’usage des canaux informels : 95,7% des 139 migrants réalisant des transferts le font via des agences congolaises de transferts informelles (Kuhn-Le Braz, 2013). Les résultats de l’enquête menée par l’African Centre for Migration & Society de l’université du Witwatersrand confirment ce résultat : 43,9% des migrants qui transfèrent envoient de l’argent via des organisations communautaires de transferts, 29% par l’intermédiaire d’amis et 10,4% via des membres de leur famille.

26Ces différents canaux ont pour avantages d’être moins onéreux que les canaux formels de transferts et de ne pas nécessiter de papiers d’identité ou de justificatifs de travail. Toutefois, ils ne sont pas non plus dépourvus d’inconvénients. Le recours à des conducteurs de taxi, bus ou camion reste assez onéreux. Il s’établirait entre 10 et 30% du montant transféré (Genesis, 2003 ; Truen et Chisadza, 2012). Par ailleurs, les risques de perte ou de vol se révèlent relativement élevés, et le migrant n’a aucune garantie en ce qui concerne le délai entre le dépôt de la somme au conducteur et sa remise aux bénéficiaires. Le recours à des amis ou à de la famille est également sujet à des fraudes ou des vols, et ceci d’autant plus que le montant confié est élevé. De plus, même si la personne à qui le migrant confie l’argent est une personne connue et de confiance, ce type de transfert n’est pas gratuit. Le recours à des amis coûterait en moyenne entre 10 et 15% du montant transféré (Genesis, 2003).

Comportement des migrants en matière de transferts

27Malgré des conditions de vie généralement difficiles en Afrique du Sud, de nombreux migrants envoient de l’argent à leur famille restée au pays. Truen et Chisadza (2012) estiment qu’entre 45 et 55% des migrants originaires de pays de la Southern African Development Community[5] vivant en Afrique du Sud envoient de l’argent dans leur pays d’origine. L’enquête réalisée en 2006 par l’African Centre for Migration & Society de l’université du Witwatersrand met en évidence un résultat similaire : 45,7% des migrants internationaux interrogés déclarent avoir envoyé de l’argent et/ou des biens au cours de l’année précédant l’enquête. Kuhn-Le Braz (2013) confirme ces résultats : 49,7% des migrants interrogés déclarent avoir envoyé de l’argent dans leur pays au cours des douze mois précédant l’interview. Toutefois, comme le suggère le tableau 2, le pourcentage de migrants qui transfèrent varie selon les pays d’origine des migrants (de 35% pour les migrants tanzaniens ou zambiens à 75% pour les migrants zimbabwéens).

Tableau 2

Part des migrants qui transfèrent et montant annuel moyen des transferts

Tableau 2
Sources Pays d’origine des migrants Part des migrants qui transfèrent (%) Montant moyen transféré (rand) Truen et Chisadza (2012)* Angola 40 4952 – 7143 Botswana 55 5174 – 7474 RDC 35 3532 – 5098 Lesotho 55 6406 – 8440 Malawi 35 4051 – 5850 Mozambique 55 2863 – 3685 Namibie 40 5051 – 7286 Swaziland 55 4951 – 7149 Tanzanie 35 4519 – 6494 Zambie 35 4602 – 6651 Zimbabwe 75 3803 – 5494 Enquête MNAC (2006) Mozambique 51,5 1617 RDC 33,6 1105 Somalie 55,7 1835 Kuhn-Le Braz (2013) RDC 49,4 2599

Part des migrants qui transfèrent et montant annuel moyen des transferts

Notes :
- * Montants moyens calculés par l’auteur à partir des informations fournies par Truen et Chisadza (2012)
- RDC = République Démocratique du Congo

28Compte tenu des conditions précaires dans lesquelles vivent la plupart des migrants, ces envois d’argent sont souvent réalisés à leur détriment. Les motifs invoqués pour expliquer ces transferts sont variés : ils vont de l’altruisme (prendre soin de la famille laissée au pays) à des motifs d’investissement ou de coassurance (le migrant envoie de l’argent dans son pays lorsqu’il le peut et il en reçoit à son tour en cas de coup dur en Afrique du Sud). Les transferts envoyés servent ainsi à subvenir aux besoins de base de la famille restée au pays, à investir dans l’éducation des enfants ou encore à financer un logement dans le pays d’origine. Les montants envoyés varient selon la nationalité des migrants et tendent à être relativement élevés. Ils vont d’un peu plus de 1000 rands à près de 8500 rands par an en moyenne (tableau 2).

29Principalement destinés aux proches des migrants, la fréquence de ces transferts dépend fortement des capacités et donc des conditions de travail des migrants (travail formel ou informel). Différentes enquêtes suggèrent que lorsqu’ils le peuvent, les migrants essaient d’envoyer assez régulièrement de l’argent à leur famille restée au pays (tous les mois ou plusieurs fois dans l’année). S’ils ne sont pas dans la capacité de transférer régulièrement de l’argent, ils tentent de compenser les périodes de faibles transferts par des transferts plus élevés lorsque les conditions sont davantage favorables pour eux en Afrique du Sud.

30Parallèlement à ces transferts monétaires, certains migrants envoient des biens dans leur pays d’origine (vêtements/chaussures, produits de beauté, produits électroniques tels que téléphone, ordinateur portable, télévision, etc.). En effet, l’arbitrage entre les prix des biens en Afrique du Sud et dans le pays d’origine conduit quelques migrants à privilégier les transferts en nature. L’étude de 2010 sur les migrants congolais montre que 22,6% des migrants qui transfèrent préfèrent envoyer des biens plutôt que de l’argent en RDC (Kuhn-Le Braz, 2013). Cette préférence s’explique principalement par les raisons suivantes : facilité de revente des biens envoyés et prix des biens plus faibles en Afrique du Sud qu’en RDC. Truen et Chisadza (2012) trouvent des résultats similaires et expliquent que les différences de prix des biens de consommation durable entre l’Afrique du Sud et les autres pays de la région créent une réelle opportunité pour les migrants : ils peuvent envoyer un bien dont la valeur de revente sera supérieure à la somme équivalente qu’ils auraient envoyée sous forme monétaire.

31En résumé, de nombreux migrants résidant en Afrique du Sud envoient de l’argent et/ou des biens dans leur pays d’origine pour des raisons variées. Nombre d’entre eux sont toutefois contraints de recourir aux canaux informels, et des différences importantes apparaissent selon les nationalités.

Conclusion

32L’objectif de cet article était de présenter les migrations en Afrique du Sud ainsi que le comportement de transfert des migrants résidant dans ce pays. L’Afrique du Sud joue en effet un rôle particulier sur le continent, tant d’un point de vue économique que migratoire. Sa richesse attire depuis des décennies de nombreux migrants à la recherche de meilleures conditions de vie et/ou de sécurité politique. Une fois en Afrique du Sud, une partie de ces migrants envoient de l’argent et/ ou des biens à leur famille restée dans leur pays d’origine pour différents motifs (altruisme, coassurance, investissement, etc.). Les montants qu’ils transfèrent sont relativement élevés mais varient fortement selon leur nationalité. Afin de réaliser ces transferts, la plupart de ces migrants sont contraints d’utiliser des canaux informels (conducteur de taxi/bus/camion, famille, amis). En effet, les coûts relativement élevés associés aux canaux formels de transferts et les nombreuses réglementations en vigueur en Afrique du Sud empêchent de nombreux migrants d’accéder aux banques, aux organismes de transferts tels Money Gram et, dans une moindre mesure, aux bureaux de poste. Des sommes considérables échappent ainsi au contrôle de l’Etat sud-africain et des Etats bénéficiaires.

33Il apparaît donc urgent et indispensable de réfléchir à des mesures facilitant l’accès des migrants aux canaux formels de transferts. En augmentant la part des transferts réalisés via ces canaux, cette mesure serait bénéfique non seulement pour les migrants et leurs familles, mais aussi pour la société sud-africaine et africaine dans son ensemble. Dans cette perspective, le développement des services de transferts monétaires à l’aide des réseaux de téléphonie mobile semble être une piste à ne pas négliger, nombre de migrants africains disposant d’un téléphone portable.

Références

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  • Base de données


Mots-clés éditeurs : migration, transferts de fonds, Afrique du Sud

Date de mise en ligne : 29/04/2016

https://doi.org/10.3917/tfd.114.0055

Notes

  • [1]
    En 2012, le PIB sud-africain a atteint 384,3 milliards de dollars courants, soit 19% du PIB de l’Afrique et 30,2% du PIB de l’Afrique subsaharienne. Le revenu par tête sud-africain est, quant à lui, estimé à près de 7507 dollars courants en 2012 (11 375 dollars PPA).
  • [2]
    De 1948 à 1991, l’Afrique du Sud a été soumise au régime de l’apartheid, régime de ségrégation raciale qui visait à développer le pays de manière séparée en affectant les populations dans des zones géographiques déterminées sur la base de critères raciaux ou ethniques. Les populations noires, métisses, indiennes et blanches ne jouissaient pas des mêmes droits. Le régime de l’apartheid s’apparentait à un arsenal juridique garantissant la pérennité du peuple afrikaner (i.e. les sud-africains d’origine néerlandaise, française, allemande ou scandinave parlant l’afrikaans) dans tous les domaines de la vie quotidienne. Pour plus d’informations, voir Coquerel (2004).
  • [3]
    Le South African Post Office interdit toutefois les transferts par ordres monétaires vers le Zimbabwe, le Mozambique et le Malawi (Langhan et Kilfoil, 2011).
  • [4]
    La CMA comprend l’Afrique du Sud, le Lesotho, le Swaziland et la Namibie.
  • [5]
    Les pays membres de la SADC sont l’Afrique du Sud, l’Angola, le Botswana, le Lesotho, Madagascar, le Malawi, l’île Maurice, le Mozambique, la Namibie, la République Démocratique du Congo, le Swaziland, les Seychelles, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe.

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