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Article de revue

L'imagerie pour enfants au xixe siècle : un média à explorer

Pages 10 à 23

Notes

  • [*]
    Chercheur au Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines, UVSQ.
  • [1]
    Les travaux sur Epinal ont été renouvelés par la publication de L’imagerie populaire française, catalogue collectif de Nicole Garnier-Pelle et Maxime Préaud, Paris, 1996, 470p., catalogue portant sur les bois gravés.
  • [2]
    Dominique Lerch, Almanachs, bibliothèque bleue, imagerie. Une famille d’éditeurs de la France de l’Est, les frères Deckherr de Montbéliard, tiré à part du Bulletin de la Société d’Emulation de Montbéliard, 1990, 103p.
  • [3]
    André Desfeuilles, « Du classement des images populaires. Les images de la fabrique de Desfeuilles de Nancy conservées au Cabinet des Estampes à Paris », Le Vieux Papier, 1958, p. 64-79 ; Nicole Garnier, « Les bois d’imagerie populaire » de François Desfeuilles de Nancy (1800-1837), Revue du Louvre, 1987, p. 389-396.
  • [4]
    René Faille, « L’imagerie populaire cambrésienne », Le Vieux Papier, 1964, p. 109-191.
  • [5]
    Retenons le catalogue de l’exposition d’images conservées aux Archives départementales de la Moselle, L’imagerie messine 1838 – 1871, Metz, 1987, 264 p. et de Christiane Pignon-Feller, La Petite illusion. Les petits théâtres en images de Metz (1835 – 1875), Mémoire de DEA Nancy II, 1993, non paginé.
  • [6]
    Archives départementales du Bas-Rhin, D 414, 2411.
  • [7]
    Dominique Lerch, Imagerie et société. L’imagerie Wentzel de Wissembourg au xixe siècle, Strasbourg, 1982, 334 p. ; Imagerie populaire en Alsace et dans l’Est de la France, Presses Universitaires de Nancy, 1992, 328 p.
  • [8]
    Un bilan avec « Naissance, évolution et fin d’une coutume religieuse : les lettres de baptême en milieu protestant de langue allemande (1750 – 1850) », Religions en transition dans la seconde moitié du xviiie siècle, textes présentés par Louis Châtellier, Studies on Voltaire, 2000, p. 123-136.
  • [9]
    Une référence incontournable : Dieter Nievergelt, Architecture de papier. Demeures, églises, monuments : un monde en miniature, Musée historique de Lausanne, 2000, 144p.
  • [10]
    Sigrid Mekten, « Hampelmänner aus Papier », Hampelmänner in Bilderbogen, catalogue de l’exposition du Hessisches Puppenmuseum 1989 – 1990, p. 14-21.
  • [11]
    Jean Egen, Les Tilleuls de Lautenbach, p. 74-75.
  • [12]
    Une bibliographie récente à jour : Alberto Milano, Giochi dal salotto. Giochi da osteria nella vita milanese del cinquecento all’ ottocento, Milan, 2013, 126 p. Le musée du jeu de l’oie à Rambouillet comme celui du jouet à Poissy constituent des références incontournables.
  • [13]
    R. Witzmann, « Wiener Bilderbogen im Biedermeier. Theatralisches Spiel mit Raum und Bewegung », Österreichische Zeitschrift für Volkskunst, 1977, p. 328-336.
  • [14]
    Klaus Lankheit, Die Bilderbogen für das Papiertheater aus Wissembourg (Elsass), Anzeiger des germanischen Nationalsmuseums, p. 148-168.
  • [15]
    Sur Schreiber (1809 – 1867), quasi contemporain de Frédéric Wentzel, cf. Kirsten Fast Margret Burscheid, « Jakob Ferdinand Schreiber und sein Verlag », Bild, Druck, Papier, 2002, p. 9-50, et ibid, 1999, p. 73-76.
  • [16]
    Voir le numéro spécial de La Licorne, « L’image pour enfants : pratiques, normes, discours (France et pays francophones, xvie-xxe siècles) », études réunis par Annie Renonciat, 2003, n° 65. En 1869, Jacques-Marin Garnier, dans L’Imagerie populaire, réédition par Nicole Garnier, Nanga 1991, salue cette nouveauté des Tableaux d’enseignement par l’aspect, qu’il relève dans les propos du ministre Duruy en 1867 (p. 193).
  • [17]
    Si L’Atlas s’adresse au marché français, d’autres ouvrages ont une vocation plus « cantonale » : Principes de calligraphie, ouvrage adopté par le Comité supérieur d’instruction publique primaire de l’arrondissement de Wissembourg par Schiffelholtz (Collection A. Schaal).
  • [18]
    Jean-Claude Chamboredon et Jean-Louis Fabiani, « Les albums pour enfants », Actes de la recherche en sciences sociales, fév. 1977, p. 60-79, p. 55-75.
  • [19]
    Bibliothèque Municipale de Colmar, document signalé par son conservateur F. Gueth que je remercie.
  • [20]
    Il s’agit d’un domaine bien exploré entre P. Josserand, P. Lambert, K. Gumuchian, Les livres de l’enfance du xve au xixe siècles, Londres, 1930, reprint 1979, 2 vol. ; L’édition pour la jeunesse entre héritage et culture. Actes du colloque de Paris, 25-27 novembre 2004, Paris, 2005, et particulièrement les contributions de Michel Manson, Jean Perrot et Annie Renonciat ; J. Perrot (dir), Tricentenaire Charles Perrault. Les Grands contes du xviie siècle et leur fortune littéraire, Paris, 1938. Jean-Marie Embs, Philippe Mellot, Le Siècle d’or du livre d’enfants et de jeunesse, 1840 - 1980, Paris, Editions de l’Amateur, 2000, 288p. D’une manière générale, l’étude des imagiers produisant des livres pour enfants reste à explorer, que ce soit pour Wentzel après 1870, Haguenthal dès les années 1850, ou Pellerin.
  • [21]
    Collection Lutz (+), Strasbourg, 12 pages, 6 illustrations avec légende en français, allemand et anglais, 166/211.
  • [22]
    R. Saulnier, « De l’imagerie populaire à l’imagerie enfantine », Art populaire en France, 1930.

1Imprimée sur bois ou sur pierre lithographique, l’imagerie offre des images avec un texte, un titre, parfois une chanson. Entre des thèmes anciens, « La dispute de la culotte », « l’Arbre d’amour », des éléments religieux, militaires, dont l’épopée napoléonienne pour Pellerin d’Epinal, à visée commerciale, les imageries se sont saisies d’un public jeune et ont pratiqué une politique éditoriale prudente, sous l’œil de la censure et du Dépôt légal, à des prix modiques, et en quantité. Sur un domaine somme toute encore peu exploré, notre démarche porte sur l’étude de la production d’imagiers de la France de l’Est (Montbéliard, Metz, Wissembourg, Pont-à-Mousson), l’étude du Dépôt légal ayant été publiée dans nos monographies pour ces centres [1]. Avant d’envisager les caractéristiques de ces supports adressés aux enfants, en insistant sur leur fonction religieuse, ludique et pédagogique, il convient de présenter les principaux centres d’impression et la part adressée au public enfantin dans cette production.

2À Montbéliard, ce furent les frères Deckherr qui s’associèrent en 1812, se séparèrent en 1832, et constituèrent, dans l’intervalle, une maison d’édition complexe, importante au niveau national et international, fondée sur l’almanach, le livre de dévotion, la Bibliothèque Bleue, et bien sûr l’imagerie [2]. Leurs locaux ayant brûlé avec tous les bois gravés, les collections, privées ou publiques permettent d’établir un catalogue, complétant le Dépôt légal qui, de 1820 à 1843, est sommaire. Une période courte, vingt ans, différence capitale avec Épinal, mais qui présente un peu moins de 400 images, production comparable à celle de Desfeuilles à Nancy [3], nettement supérieure à celle de Cambrai [4] (1803 – 1832). Les tirages sont généralement de 500 à 1.000 exemplaires et donnent lieu à des retirages. L’enfant n’est guère présent comme cible commerciale : dominent les images religieuses, celles des souverains, de l’armée ; les images profanes (43 sur 391 images datées) s’ouvrent aux contes de fées (1834), aux jeux (loto, jeu de l’oie, jeu polonais, jeu de société), à la vie religieuse, aux découpages (Hussards français, planche à découper, 1822), à l’alphabet (Oiseaux divers, par lettre alphabétique, 1829). Peu de choses au total, même si, de fait, chaque segment (vie religieuse, jeu, alphabétisation et lecture) est exploité, à quelques exemplaires, avec peut-être, du fait de la possibilité d’utiliser des planches militaires à des fins de jeu de construction, un avantage pour cette catégorie.

3Metz connaît, avec Dembour, un inventeur de qualité qui rachète une partie du matériel de l’imprimeur nancéen Lacour et fait vivre 100 ouvriers en 1837. Dembour s’associe à Gangel de 1840 à 1851, puis se fixe à Paris où il est employé par la maison Hachette. Gangel continue alors, puis se retire en 1858, laissant l’entreprise à ses fils. L’un de ses deux fils, Charles, s’associe à Didion jusqu’en 1868 ; ce dernier restant aux commandes jusqu’en 1879. Comme pour Wissembourg, l’annexion de Metz à l’Empire allemand dans le cadre du Reichsland change profondément la donne : deux concurrents majeurs d’Épinal s’éloignent du marché français. Entre 1835 et 1871, on peut estimer que cette entreprise messine a produit 3.600 images différentes, dont partie pour les enfants [5] : contes, fables, historiettes, entre Florian, Perrault et La Fontaine, ombres chinoises et théâtre.

4À Wissembourg, en parallèle à Dembour, Wentzel obtient son brevet de lithographe en 1835, il décède en 1869, laissant à ses fils puis à la veuve de l’un d’entre eux et au prote Burckardt, une entreprise qui se maintient et se réoriente vers le marché allemand. L’un des repreneurs, Émile Schenck, s’est d’ailleurs formé à Neuruppin de 1886 à 1889 [6]. Jusque dans les années 1940 – le registre des expéditions commencé en 1869 s’arrête en 1941 – on a là une édition imagière complexe ; la comparaison entre Metz et Wissembourg, qui reste à mener, permettrait d’en juger [7]. À Pont-à-Mousson, Elie Haguenthal dépose sa première image en 1841 et décède en 1881 après avoir passé la main à Vogué dès 1879 ; l’imagerie se continue à Jarville jusqu’après 1920. Comme à Wissembourg ou Montbéliard, nous sommes dans une petite sous-préfecture, où un catalogue de 860 images est progressivement élaboré avec, dans ce cas, une production tournée pour le tiers vers l’image pour enfants [8].

5Le tableau montre l’importance, vers 1850, de ce marché à destination des enfants pour trois de ces imagiers.

tableau im1
Dembour et Gangel Wentzel Haguenthal Metz, Wissembourg, Pont-à-Mousson, vers 1850 1853-1854 1879 Nombre % Nombre % % d’images production d’images production production Jeu 302 images 35 % 2 images 0,3 % Contes, chansons 24 images 2 % 8 images 1 % Enseignement - - 135 images 21 % Morale - - 5 images 1 %

6Manifestement, Dembour et Gangel s’appuient sur le marché de l’enfant, et avant tout du jeu : plus du tiers du catalogue des années 1850 y est consacré, témoignant d’une politique de l’offre d’images. Wentzel consacre quant à lui une part essentielle de son catalogue à l’enseignement. Il n’était guère possible de trouver meilleur exemple pour discerner l’originalité profonde d’imageries apparemment fondues dans le même moule. Quant à Haguenthal, les planches lithographiques destinées au livre pour enfants fournissent 160 rubriques sur 860 planches déposées. Les images à destination de la jeunesse tiennent ainsi une place importante dans la production de ces trois entreprises éditoriales et témoignent d’une spécialisation de chacune d’entre elles dans des types particuliers ici identifiés par leur fonction : religieuse, ludique et pédagogique.

L’image comme souvenir religieux

7La structuration de la vie religieuse pour l’enfant se situe chez les protestants au moment du baptême et de la confirmation. C’est la raison pour laquelle, dans les pays de langue germanique (États allemands, Suisse, Alsace), la coutume de la lettre de baptême (Göttelbrief) est répandue chez les luthériens essentiellement mais aussi chez les calvinistes, comme à Mulhouse. Du début du xvie siècle jusqu’aux années qui suivent la Première Guerre mondiale, au moment du baptême, le parrain ou la marraine offre une pièce de monnaie accompagnée d’un texte, manuscrit à l’origine, trouvé parfois à copier chez le notaire [8] : les imagiers se sont emparés de ce marché et ont donc salué le baptême. Ainsi les frères Deckherr, mais aussi Pellerin et Dembour ou Gangel, ont édité, en 1831, trois souhaits de baptême que nous citons par leur première phrase :

8

- Höchster Gott ! Ach lass doch kommen deinen Segen auf dies Kind
- Gott sey der Beschützer deiner Kindheit
- Werthes Kind, leb so auf Erden

9Attachons-nous au premier de ces textes. Il est constitué d’un poème de huit vers encadrés, avec un formulaire pour laisser au parrain ou à la marraine la possibilité d’indiquer les éléments personnels (en particulier les dates de naissance et de baptême) liés au filleul ou à la filleule. Enfin, aux quatre coins du rectangle, se trouvent des « conseils », des versets tirés de l’Évangile. Pellerin et Deckherr ont utilisé cette même structure, alors que Gangel de Metz ne reprend que le poème :

10

Höchster Gott !
Envoie ta bénédiction
Ach lass doch kommen
Dieu très haut sur cet enfant
Deinen Segen auf dies Kind
Compte-le
Schreib es in die Zahl der Frommen
parmi les hommes pieux,
die im Buch des Lebens sind.
Inscrits dans le livre de la vie.
Wasch es ab mit deinem Blut
Lave-le avec ton sang,
Von allen Sünden rein,
de tout péché
Damit es möge Gott und Menschen
afin qu’il puisse être agréable
Wohlgefällig sein !
à Dieu et aux hommes !

11Ce texte mêle plusieurs thèmes que l’on retrouve dans d’autres souhaits de baptême : l’inscription dans le livre de la vie, la purification par le sang du Christ, thème paulinien, l’appel à la grâce. La production de Wissembourg compte quant à elle huit textes et présentations différents, ce qui est certes davantage que Montbéliard, mais nettement moins que certaines maisons d’édition allemandes qui proposent un choix d’une centaine de lettres distinctes. Voici l’un de ces textes qui propose une théologie proche d’un sentiment lié à la nature et à son rythme, mêlant tendresse, affection, nature, ce qui touche, avec une note d’enracinement. Dans l’exemple retenu, la mort est à peine évoquée, ailleurs le caractère transitoire de l’existence, les soucis à venir assombrissent l’accueil du baptisé :

12

Wenn er Frühling alles weckt,
Quand le printemps éveille tout
Was dem Herzen Freude macht
Ce qui comble de joie notre cœur,
Wenn er Feld und Auen decket
quand il recouvre champs et prairies
Mit der Schönen Blumen-Pracht,
D’un chatoiement de belles fleurs,
dann ist der Mensch so selig
À ce moment l’homme est tellement heureux
Und bewundert die Natur,
Et admire la nature,
Selbst die Vögel singen fröhlich
Même les oiseaux chantent gaiement
In dem Wald und auf der Flur :
En forêt et dans les champs :
So ist’s auch im Mutterherzen
Il en est de même dans le cœur d’une mère,
Voll Liebe und voll Wonne,
Gonflé d’amour et de ravissement
Sie vergisst die Erdenschmerzen
Elle oublie les peines terrestres,
Ihr Kind ist ihre Sonne.
Son enfant est son soleil.
Ihre Bitten steigen heiter
Ses prières pieuses et pures
Dort zum Vater fromm und rein
S’élèvent sereinement
Sei dem Kinde der Begleiter
Vers le Père.
Dass er einst wird selig sein.
Sois le compagnon de cet enfant
Afin que plus tard il soit sauvé.

13Un décor, surtout floral, encadre un ensemble disposé typographiquement en trois parties : quelques images représentent les gerbes moissonnées, les scènes de baptême, avec parfois une circulation entre le titre, le cadre de part et d’autre du texte avec les statues de Jésus et de Jean-Baptiste, et la scène du baptême du bas, elle-même appuyée sur des citations concernant le baptême. Il en est de même, mais avec une offre moins variée, pour les souvenirs de confirmation. Un exemplaire utilisé à Goersdorf en 1856 encadre ainsi la cène luthérienne d’un décor gothique. Mais ces filleul(e)s ont arrêté la transmission et l’on ne trouve plus de lettres de baptême de Wentzel utilisées au-delà de 1884 : pour Wentzel, la fin de la lettre de baptême est plus précoce que la fin propre à cette coutume.

figure im2

14Pour le milieu catholique, l’événement religieux attesté dans l’imagerie porte sur la communion, la première communion. Les éditeurs ont le choix entre l’image que l’on va encadrer, au format de 450/300 mm et au formulaire pré rempli. Ainsi, Boumard et fils éditent-ils un souvenir de l’ancienne maison Letaille que Jeanne Schildknecht baptisée en 1898 encadre après sa 1ère communion à Delle en 1909 et sa confirmation catholique, la maison Lanquetin de Besançon ayant vendu cette image. On a là un souvenir de la cérémonie, encadré, et donc chez soi. Wentzel a fait un autre choix : rachetant des planches d’image de dévotion, au format nettement inférieur (75/105) de l’entreprise Dopter de Paris, il diffuse des souvenirs de la cérémonie au format de l’image de dévotion, avec les indications au verso : il rencontre là un échec commercial, le format n’étant pas adapté au goût du public, alors que ce format était tout indiqué pour les images de souvenirs distribués aux connaissances et qui trouvent leur place dans les missels.

Quels jeux avec du papier ? Découper, assembler, coller, manœuvrer…

15Ces planches de papier sont d’un coût modique. Elles vont donc, aisément, à la conquête de publics vastes. Ceux-ci, ceux du moins qui sont solvables ou qui le sont à l’une ou l’autre occasion de la vie, peuvent avoir en gros trois conduites vis-à-vis du papier.

16La première consiste à y imprimer sa marque par le coloriage, le pliage, le découpage et le collage sur plot. La planche vendue est donc transformée par l’activité de l’enfant, selon un guidage précis : les contours sont fixes, les couleurs sont indiquées, il n’y a pas à faire preuve de créativité. Toutefois, le soin à apporter, la structuration offerte sont loin d’être des éléments pédagogiques négligeables. Toute une gamme de jeux se prête à ce genre d’exercices, que ce soit les jeux militaires, les théâtres de papier [9], les carrousels d’images, les ombres chinoises, les constructions qui fleurissent à cette époque, ou encore les polichinelles, adaptables à toutes les époques [10].

17La seconde manière d’utiliser ces planches imite le monde des adultes et se livre à une contemplation active, transformatrice parfois, l’enfant s’identifiant au héros de la planche. Jean Egen, né en 1920, décrit en 1980 son identification d’enfant à Jeanne d’Arc [11]. L’enfant joue son rêve, dans le cadre offert par la structuration du récit en image :

18

Son ardeur patriotique s’abreuve à toutes les sources. Dans les cabinets, au fond du jardin, des images d’Epinal retracent la vie de Jeanne d’Arc. Le Prussien qui visiterait ces lieux penserait qu’on a voulu y railler la Pucelle. Il se tromperait grossièrement. C’est pour élever les âmes qu’on a tapissé de la sorte une retraite propice à la méditation. Lorsque, par le petit cœur découpé de la porte, le soleil illumine le refuge, Joseph vient s’absorber dans la contemplation des images. Assis sur l’humble trône, il revit l’histoire de l’héroïne. Le calme et le mystère l’exaltant, il lui arrive de se substituer à la bergère de Domrémy. Il revêt l’uniforme de Papa Jean-Baptiste, s’empare d’un cheval de la gendarmerie, prend le drapeau tricolore que son père a caché dans le grenier, marche sur Paris, entre à l’Elysée, reconnaît le président Sadi Carnot entre plusieurs douzaines de barbus, lui parle de la grande pitié des provinces perdues, lui demande des soldats pour bouter les Prussiens hors d’Alsace, obtient le commandement de l’armée française, délivre Strasbourg, Colmar et Mulhouse, marche à nouveau sur Berlin, capture encore une fois Bismarck, le ramène à Guebwiller, le fait juger par le curé Guerber, le regarde brûler vif sur la place du marché et s’écroule de bonheur au fond des cabinets.

19La troisième façon d’utiliser ces planches, c’est quand elles constituent elles-mêmes un jeu, le jeu de l’oie notamment : tout est prêt, il n’y a qu’à lancer les dés ! Voici deux jeux de l’oie édités à Wissembourg à une trentaine d’années de distance. Charles Wentzel, en 1869, campe à gauche de l’image un repas familial : six convives sont assis autour d’une table, dressée près de la cheminée où flambe un feu. Une servante apporte l’oie, sur un dressoir se trouvent des fruits. La première case représente un jardin, avec une vasque d’eau, la deuxième case un patineur… les cases 5, 9, 14, 18 campent une oie en pleine nature et l’on aboutit au n° 63 à un magnifique parc, dans un bassin où trône une oie. Les péripéties (pont, auberge, buisson, labyrinthe…) sont au nombre de six dont la mort représentée en faucheuse. Trente ans plus tard, chez Junck et Schenck, la table est dressée pour quatre personnes au salon, la blouse paysanne est remplacée par le costume, une tenture orne la fenêtre, mais il n’y a plus de feu. L’oie est par ailleurs présente aux quatre coins de la planche : apportée par la servante ici, sur la rive d’un cours d’eau en face, gavée et découpée au couteau en haut de la planche. À chaque fois, sauf quand l’oie est seule, est représentée une femme qui gave, coupe, apporte. Toujours au nombre de six, les péripéties n’ont pas évolué mais, les images, elles, ont changé. Ainsi débute-t-on par l’image d’un convive, puis d’un buveur de vin, enfin de deux femmes, l’une jeune et assise, l’autre vieille et les mains jointes. À ce type de jeux peut être rattaché le Jeu de piste et de voyage, où il y a une caisse constituée par l’achat de jetons : chaque joueur paie douze jetons à la caisse. Les dessins sont de qualité : diligence, attelages, paysans, châteaux romantiques, tout est soigneusement dessiné. Parfois, le jeu de dés se politise, et au Loto de la loterie de la guerre d’Italie, c’est l’Empereur qui gagne [12].

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20Trait lié à l’imagerie wissembourgeoise, caractéristique du Second Empire, l’enfant joue beaucoup avec des soldats, des armées. Dès la fin du xviiie siècle, en Alsace, des graveurs et des imprimeurs éditent des planches de soldats. Munis de ciseaux, de pinceaux ou de crayons, enfants et adultes ont constitué là des armées entières qui fascinent encore dans les vitrines du Musée historique de la ville de Strasbourg, ou au musée de Pfaffenhoffen. L’imagerie de Wissembourg, sur un siècle pratiquement, a pu produire entre mille et deux mille planches de petits soldats à découper, dont sept cents exemplaires connus d’un grand collectionneur, François Lotz. Les feuilles éditées par Wentzel concernent des troupes essentiellement européennes : françaises, italiennes, espagnoles, des États germaniques (Prusse, Wurtemberg, Bavière) ou de l’Autriche-Hongrie. Après 1870, les troupes figurent le monde en guerre, avec la Corée, la Russie, la Turquie… Après la Première Guerre mondiale, R. Ackermann constitue une Imagerie alsacienne où l’Armée française-aviation permet de découper et de mettre en face cinq avions, deux hydravions et un ballon d’observation. Parfois à colorier, la planche met en scène de l’infanterie, de la cavalerie (spahis ?), de la musique et l’état-major. Sur une planche divisée en deux, le modèle en couleurs à gauche, l’épreuve noir et blanc à colorier à droite, deux fois vingt militaires sont prêts à manœuvrer au gré de l’imagination du maître du jeu. Telle planche d’Artillerie à pied de 1872 permet de tirer trois rangées de sept soldats au garde-à-vous.

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21Que ce soit pour dresser Une partie à la campagne, pour établir des décors de théâtre, ou construire une ville, un château, le découpage et le collage sont aussi présents au « civil ». Les décors de théâtre méritent un examen. Déjà apparus à la fin du xviiie siècle à Vienne avec les cartes mécaniques de vœux, le théâtre en papier naît à Londres et à Vienne en 1825, avec peut-être un rôle décisif de la firme Trentsensky [13]. Chez Wentzel de Wissembourg, Klaus Lankheit relève soixante-treize planches de décors de théâtre, dont la première est publiée en 1862 dans la série « Le petit architecte » : Théâtre / Theater. En 1863, la série « Le petit architecte » poursuit son essor tandis que les décors de théâtre forment une série autonome. Une série de douze planches a été imaginée, onze furent publiées, le n° B 3 ayant été omis. Les planches alternent deux à deux les décors : Pavillon de chasse (Fond), Coulisses d’un pavillon de chasse ; Village (Fond), Coulisses d’un village… Cette série de planches est complétée en 1878 par trente et une autres, fein gemalt und vergoldet, série peinte avec soin et dorée, pour attirer le public. Le prix de ces planches est indiqué par série de 500 (Ries) : en noir 6 marks, coloriées 8 marks, alors que lorsqu’elles sont peintes avec soin et dorées, 108/100 pièces coûtent 8,80 marks. En 1888, trois puis dix planches s’ajoutent à ce fonds, dont le Port de mer, la Prison. En 1894, la firme Junck et Schenck de Wissembourg constitue une série avec dix planches anciennes et douze nouvelles. Bientôt la veine se tarit et la clientèle se détourne de ce type de produits, quelques ventes ponctuent des initiatives sans suite, et laissent sous les toits de Wissembourg des quantités de planches en désuétude [14].

22Travail de copie de dessinateurs, ces planches attestent la circulation de l’image venue des États germaniques, que ce soit Scholz à Mayence ou Schreiber à Esslingen [15]. Elles dressent l’inventaire des scènes d’opéra connues du xixe siècle : Guillaume Tell ou la Pucelle d’Orléans de Schiller, le Freischutz de Weber, la Dame blanche de Boieldieu, les Huguenots ou Robert le Diable de Meyerbeers. Dans les années 1880, Hamlet, la Fille du régiment ou Lumpatius Vagabundus. Les Brigands de Weber, sans compter, originalité wissembourgeoise, les Trompettes de Säkkingen de Scheffel. Témoin de l’art wilhelminien, du pseudo-gothique, ces planches mettent également en scène la ville de Wissembourg ou des intérieurs. Murs un peu délabrés, poêle dans un angle avec le système de séchage et un rangement de pots, meubles alsaciens, images encadrées au mur, tout appelle une présence : la chambre est prête à accueillir les hôtes de la scène, d’une scène bourgeoise.

Instruire, faire lire

23Si l’on trouve des Abécédaires chez tous les imagiers, le choix des mots justifierait à lui seul un examen. Par exemple, pour l’alphabet religieux de Haguenthal, la lettre T renvoie à un Trappiste. Mais le choix d’édition s’est élargi ; retenons trois exemples wissembourgeois.

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24Les Tableaux d’après nature pour l’instruction de la jeunesse, en français et en allemand, composés d’une trentaine de planches, constitue un matériau pédagogique pour décrire des objets plus ou moins connus et établir un rapport entre l’objet observé et le mot. On est là aux racines des tableaux muraux que Sudel, Rossignol ou la Maison des Instituteurs vont reprendre : certes l’on retrouve (encore) quelques-unes de ces planches (300/210) dans quelques écoles, mais comme pour le souvenir de communion, le choix du format n’a pas rencontré l’usage pédagogique pour la classe entière, ce que le tableau mural permet [16].

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25En mai 1869, Frédéric Wentzel lance L’Atlas de l’école, des écoles primaires, des écoles normales, des collèges et des lycées, avec 24 cartes en chromolithographie [17]. Il s’explique sur cette orientation, en phase avec le ministère Duruy, et démontre ainsi qu’il n’attend pas la défaite de 1870 pour permettre l’étude de la géographie :

26

La loi du 10 avril 1867 a ajouté aux matières obligatoires de l’enseignement primaire « les éléments de l’histoire et de la géographie de la France ». Des notions d’histoire et de géographie font partie du programme facultatif depuis la loi du 15 mars 1850, et sont enseignées dans un assez grand nombre d’écoles.
Dans les collèges d’enseignement spécial et d’enseignement classique, dans les lycées, l’histoire générale et la géographie de toutes les parties du monde sont comprises parmi les matières d’enseignement de toutes les classes.
L’accessoire obligé, indispensable, du livre ou de la leçon orale du maître, c’est l’ATLAS. Si l’enseignement géographique n’a pas produit jusqu’ici les résultats qu’on peut et qu’on doit en attendre, si cette science n’est pas assez universellement répandue, c’est que, dans nos écoles primaires surtout, chaque élève n’a pas son Atlas entre les mains, et cela n’a pas été possible parce que jusqu’ici les prix des Atlas étaient tels que les instituteurs ne pouvaient en imposer l’acquisition à leurs écoliers.
Nous avons voulu combler cette lacune, et, encouragé par S. Exc. le Ministre de l’Instruction publique, nous avons édité cet Atlas, assez complet pour pouvoir servir dans tous les établissements d’instruction, et d’un prix tellement modique qu’il est à la portée de toutes les écoles.

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27Nos voisins sont depuis longtemps entrés dans cette voie, et si la géographie est mieux étudiée et mieux sue au-delà qu’en deçà du Rhin, c’est sans doute au bon marché des Atlas allemands qu’il faut en attribuer la cause.

28Le fondateur, Frédéric Wentzel, lance, bien après Haguenthal, des ouvrages de lecture, puisant au départ dans les contes avec la parution en 1869 de Pierre l’ébouriffé et le bon Paul, histoire morale en 12 images destinée à la récréation et à l’instruction de l’enfance [18]. Il s’agit là d’opposer le bien et le mal, en moralisant le Struwelpeter du Dr Heinrich Hoffmann qui offre, en 1844, cette histoire à son fils Charles, âgé de 13 ans. On a là l’esquisse d’une circulation de thèmes. Voici Cendrillon[19], édité en 1869 puis réédité en 1874 par le fils Wentzel, Frédéric-Charles, entre Wissembourg en Alsace annexée et sa succursale parisienne, 65 rue Saint-Jacques. En 1869, également Le Petit Fritz, récits de ma tante Placide où la volonté d’inculquer les bonnes manières est présente dès le départ : « Je sais deux belles histoire de perroquet… mais je ne vous les raconterai que si vos devoirs sont bien soignés et si vous écrivez votre page sans vous noircir les doigts », Riquet à la houppe la même année, Le Petit Poucet en 1871 [20]… L’analyse des textes reste à faire ; arrêtons-nous à la Belle au bois dormant édité par Frédéric-Charles Wentzel. Cf. tableau ci-dessous.

29Il y a là deux approches : chez Wentzel, les adjectifs utilisés (longues années, parfait/bonheur/contentement) montrent un état, avec deux enfants, le choix du roi disait on, un enfant de chaque sexe. Chez Perrault, seule la beauté de la femme est mise en avant, les titres nobiliaires sont oubliés et il n’y a pas de précision quant aux nombre d’enfants, l’imagerie, en général, diffusant un modèle familial à deux enfants.

30Les plaisirs du château présente une évolution qui reste à bien comprendre : des planches sont assemblées elles deviennent livre d’images. Dans ce cas, il s’agit un nouveau jeu pour un frère et une sœur qui du coup apprennent à lire et transmettent leur savoir : « Eugène rassemblait quelquefois chez lui les enfants du voisinage pour leur montrer les images et leur lire les historiettes. Plus tard, il fut aussi tenu école et tous écoutaient attentivement Eugène » [21].

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Wentzel  Perrault  Le prince et la princesse vécurent … il s’en consola bientôt encore de longues années avec sa belle femme dans un parfait contentement et ses enfants et un parfait bonheur (l’image montre un garçon et une fille
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31Le flot d’images dans lequel vivent nos contemporains a été précédé par d’autres flots de papier. L’imagerie a tenté de s’emparer de chacune des possibilités du marché. À côté d’un fonds populaire (Crédit est mort, Les âges de la vie…), d’une diffusion d’images religieuses ou militaires, ou de portraits, elle a su s’emparer du marché de l’enfance [22], aussi bien pour suivre les étapes de sa vie religieuse – chez les protestants, le baptême ; chez les catholiques, la communion – que pour le faire jouer ou l’instruire. Si le coût d’un théâtre en papier ou d’une construction, limite la clientèle, les découpages militaires sont envahissants. D’ailleurs, la baisse de qualité du papier montre le souci des imagiers de gagner des publics moins favorisés. Toutefois, d’autres éditeurs ayant prise sur le marché national vont s’emparer du marché du livre scolaire, des tableaux muraux, des livres d’histoire ou des contes. Naissent alors les grandes maisons parisiennes ou les maisons provinciales spécialisées, tandis qu’Épinal tente des reconversions, notamment publicitaires, après avoir perdu la concurrence de Metz ou de Wissembourg suite à leur annexion au Reichsland. Le temps de l’imagerie est alors révolu…

Une évolution vers le livre d’images avec Frédéric Wentzel (+1877)

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Une évolution vers le livre d’images avec Frédéric Wentzel (+1877)


Date de mise en ligne : 06/01/2014

https://doi.org/10.3917/tdm.021.0010

Notes

  • [*]
    Chercheur au Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines, UVSQ.
  • [1]
    Les travaux sur Epinal ont été renouvelés par la publication de L’imagerie populaire française, catalogue collectif de Nicole Garnier-Pelle et Maxime Préaud, Paris, 1996, 470p., catalogue portant sur les bois gravés.
  • [2]
    Dominique Lerch, Almanachs, bibliothèque bleue, imagerie. Une famille d’éditeurs de la France de l’Est, les frères Deckherr de Montbéliard, tiré à part du Bulletin de la Société d’Emulation de Montbéliard, 1990, 103p.
  • [3]
    André Desfeuilles, « Du classement des images populaires. Les images de la fabrique de Desfeuilles de Nancy conservées au Cabinet des Estampes à Paris », Le Vieux Papier, 1958, p. 64-79 ; Nicole Garnier, « Les bois d’imagerie populaire » de François Desfeuilles de Nancy (1800-1837), Revue du Louvre, 1987, p. 389-396.
  • [4]
    René Faille, « L’imagerie populaire cambrésienne », Le Vieux Papier, 1964, p. 109-191.
  • [5]
    Retenons le catalogue de l’exposition d’images conservées aux Archives départementales de la Moselle, L’imagerie messine 1838 – 1871, Metz, 1987, 264 p. et de Christiane Pignon-Feller, La Petite illusion. Les petits théâtres en images de Metz (1835 – 1875), Mémoire de DEA Nancy II, 1993, non paginé.
  • [6]
    Archives départementales du Bas-Rhin, D 414, 2411.
  • [7]
    Dominique Lerch, Imagerie et société. L’imagerie Wentzel de Wissembourg au xixe siècle, Strasbourg, 1982, 334 p. ; Imagerie populaire en Alsace et dans l’Est de la France, Presses Universitaires de Nancy, 1992, 328 p.
  • [8]
    Un bilan avec « Naissance, évolution et fin d’une coutume religieuse : les lettres de baptême en milieu protestant de langue allemande (1750 – 1850) », Religions en transition dans la seconde moitié du xviiie siècle, textes présentés par Louis Châtellier, Studies on Voltaire, 2000, p. 123-136.
  • [9]
    Une référence incontournable : Dieter Nievergelt, Architecture de papier. Demeures, églises, monuments : un monde en miniature, Musée historique de Lausanne, 2000, 144p.
  • [10]
    Sigrid Mekten, « Hampelmänner aus Papier », Hampelmänner in Bilderbogen, catalogue de l’exposition du Hessisches Puppenmuseum 1989 – 1990, p. 14-21.
  • [11]
    Jean Egen, Les Tilleuls de Lautenbach, p. 74-75.
  • [12]
    Une bibliographie récente à jour : Alberto Milano, Giochi dal salotto. Giochi da osteria nella vita milanese del cinquecento all’ ottocento, Milan, 2013, 126 p. Le musée du jeu de l’oie à Rambouillet comme celui du jouet à Poissy constituent des références incontournables.
  • [13]
    R. Witzmann, « Wiener Bilderbogen im Biedermeier. Theatralisches Spiel mit Raum und Bewegung », Österreichische Zeitschrift für Volkskunst, 1977, p. 328-336.
  • [14]
    Klaus Lankheit, Die Bilderbogen für das Papiertheater aus Wissembourg (Elsass), Anzeiger des germanischen Nationalsmuseums, p. 148-168.
  • [15]
    Sur Schreiber (1809 – 1867), quasi contemporain de Frédéric Wentzel, cf. Kirsten Fast Margret Burscheid, « Jakob Ferdinand Schreiber und sein Verlag », Bild, Druck, Papier, 2002, p. 9-50, et ibid, 1999, p. 73-76.
  • [16]
    Voir le numéro spécial de La Licorne, « L’image pour enfants : pratiques, normes, discours (France et pays francophones, xvie-xxe siècles) », études réunis par Annie Renonciat, 2003, n° 65. En 1869, Jacques-Marin Garnier, dans L’Imagerie populaire, réédition par Nicole Garnier, Nanga 1991, salue cette nouveauté des Tableaux d’enseignement par l’aspect, qu’il relève dans les propos du ministre Duruy en 1867 (p. 193).
  • [17]
    Si L’Atlas s’adresse au marché français, d’autres ouvrages ont une vocation plus « cantonale » : Principes de calligraphie, ouvrage adopté par le Comité supérieur d’instruction publique primaire de l’arrondissement de Wissembourg par Schiffelholtz (Collection A. Schaal).
  • [18]
    Jean-Claude Chamboredon et Jean-Louis Fabiani, « Les albums pour enfants », Actes de la recherche en sciences sociales, fév. 1977, p. 60-79, p. 55-75.
  • [19]
    Bibliothèque Municipale de Colmar, document signalé par son conservateur F. Gueth que je remercie.
  • [20]
    Il s’agit d’un domaine bien exploré entre P. Josserand, P. Lambert, K. Gumuchian, Les livres de l’enfance du xve au xixe siècles, Londres, 1930, reprint 1979, 2 vol. ; L’édition pour la jeunesse entre héritage et culture. Actes du colloque de Paris, 25-27 novembre 2004, Paris, 2005, et particulièrement les contributions de Michel Manson, Jean Perrot et Annie Renonciat ; J. Perrot (dir), Tricentenaire Charles Perrault. Les Grands contes du xviie siècle et leur fortune littéraire, Paris, 1938. Jean-Marie Embs, Philippe Mellot, Le Siècle d’or du livre d’enfants et de jeunesse, 1840 - 1980, Paris, Editions de l’Amateur, 2000, 288p. D’une manière générale, l’étude des imagiers produisant des livres pour enfants reste à explorer, que ce soit pour Wentzel après 1870, Haguenthal dès les années 1850, ou Pellerin.
  • [21]
    Collection Lutz (+), Strasbourg, 12 pages, 6 illustrations avec légende en français, allemand et anglais, 166/211.
  • [22]
    R. Saulnier, « De l’imagerie populaire à l’imagerie enfantine », Art populaire en France, 1930.

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