« L’esprit d’équipe évolue avec les techniques »
La spéléologie est à la fois une technique et un état d’esprit. L’esprit d’équipe est central. L’effort commence seulement quand on arrive en bas, parce que c’est plus éprouvant de remonter que de descendre. En alpinisme, si on est fatigué avant d’être au sommet, on redescend à son rythme. Mais quand on est au fond de la grotte, il faut gérer la fatigue de la remontée en tenant compte de la forme des copains parce qu’on remonte tous ensemble. Du temps d’Édouard-Alfred Martel [1859-1938] et jusque dans les années 1950, on utilisait des échelles souples, d’abord en corde de chanvre puis en acier et aluminium. Au-dessus de chaque puits, quelqu’un assurait et contrôlait la descente des coéquipiers. S’il y avait 5 coéquipiers, il assurait les 5 personnes et il restait au sommet du puits, ainsi de suite pour chaque puits. Si bien qu’il y avait une limite. À 10, on allait plus loin qu’à 5. Après on a commencé à descendre en « rappel en S », une descente contrôlée par le frottement de la corde autour du buste, puis au descendeur. On remontait à l’échelle, mais cette fois on était auto-assuré grâce à un bloqueur, arrivé vers 1968. Attaché au baudrier, il coulissait le long de la corde. Si l’échelle cassait, on restait suspendu à la corde.
L’évolution du matériel a eu un impact immense à la fois sur l’esprit d’équipe et sur les possibilités d’exploration. La limite de l’exploration dépendait du nombre de participants mais aussi du poids et du volume du matériel de progression à transporter…