Notes
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[2]
Dans les cas que nous étudions, il s’agit de cursus de niveau universitaire.
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[3]
Nous définissons le praticien-chercheur en tant que professionnel, ancré dans un champ de pratiques, et qui prend la décision d’entamer et de poursuivre une formation universitaire impliquant à son terme la réalisation d’un mémoire de recherche.
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[4]
Dans cette précédente étude sur les intentions, nous avions interrogé les étudiants qui suivaient les cours d’un Master en politique économique et sociale de l’Université de Louvain.
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[5]
In « La pratique réflexive et le praticien en éthique » Colloque de l’APEC Québec Juin 2008, Ciréa Université de Sherbrooke. www.usherbrooke.ca/cirea
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[6]
Les étudiants concernés par cette seconde partie ne sont donc pas, sensu stricto, les mêmes étudiants que ceux concernés par la première partie de l’article.
-
[7]
C’est-à-dire de 1995 à 2015.
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[8]
Il est fréquent que la question des incidences sur le terrain, qu’elle soit ou non abordée dans le mémoire écrit, soit abordée lors de la défense publique du mémoire.
-
[9]
Cette différence est due au fait qu’un même étudiant ait pu émettre dans la conclusion de son mémoire plusieurs propositions d’action. Dès lors, cinquante étudiants ont répondu et nous avons relevé dans ces réponses 75 propositions différentes.
-
[10]
Celle-ci étant définie en tant que mode positif et responsif de relation au monde alors que son strict opposé, l’aliénation, est une relation au monde dans laquelle le sujet et le monde sont indifférents ou hostiles (répulsifs) l’un à l’autre, déconnectés.
-
[11]
Certains praticiens-chercheurs concrétisent ce souhait en s’engageant dans une thèse de doctorat. Cela est particulièrement vrai en France et en Suisse, mais est malheureusement beaucoup plus rare en Belgique francophone où cette culture de la thèse en formation des adultes n’est à ce jour pas développée.
-
[12]
Bourdieu utilise cette notion de jeu dont les membres obéissent « à certaines régularités ». Le sens du jeu et l’apprentissage de ses régularités qui font toute la spécificité d’un champ, en l’occurrence le champ scientifique, ont été progressivement appris et assimilés par les praticiens-chercheurs, le mémoire ayant participé à cet intense et long cheminement.
Introduction
1La question qui se pose ici est de savoir si les adultes en reprise d’étude pensent que le mémoire qu’ils vont devoir réaliser au terme de leur cursus [2] représente un simple exercice de nature académique ou s’ils espèrent que les résultats de leur mémoire pourront influencer leur terrain et être utile à celui-ci.
2Dans une précédente recherche, nous avions analysé les intentions d’action des praticiens en formation au tout début de leur travail de recherche, lorsqu’ils entament leur mémoire. Nous avions étudié cet aspect intentionnel qui traduisait une réelle volonté de revenir ultérieurement, au terme de leur recherche, vers leur terrain, leur champ de pratiques (Albarello, 2012).
3Dans la première partie de la présente contribution, nous rappelons les intentions de ces praticiens-chercheurs [3] au début de leur processus de recherche. Elles nous servent de base pour évaluer les processus qui s’ensuivent.
4Dans la seconde partie en effet, nous nous intéressons à l’activité de recherche des praticiens-chercheurs, non plus au début de celle-ci, mais bien à son terme, c’est-à-dire lorsque le mémoire est terminé. Bien sûr, on reste toujours au niveau d’une intention d’action mais celle-ci est à présent ancrée dans le processus d’intelligibilité qui vient d’avoir lieu, et se trouve de la sorte davantage prospective.
5Il s’agit de voir comment les nouveaux savoirs acquis par des praticiens-chercheurs sont susceptibles de s’inscrire dans une action ultérieure de transformation du monde.
Première partie. Les intentions des praticiens-chercheurs lorsqu’ils entament leur recherche : une réelle volonté de transformation
6Dans notre précédente recherche, nous posions la question suivante aux adultes en formation [4] : « Les mémoires en formation d’adultes, au terme d’une approche rigoureuse de nature scientifique, peuvent déboucher sur des propositions d’action. Dans votre cas, idéalement, souhaitez-vous que votre mémoire aboutisse à des pistes d’action et à des recommandations concrètes ? »
7Le souhait exprimé par les praticiens-chercheurs d’articuler les résultats de leur recherche avec leur terrain était élevé et explicitement décrit : le travail de fin d’étude doit avoir une utilité sociale et il ne peut se réduire à la sphère académique. Selon les adultes entrant en formation, le mémoire n’est pas réalisé uniquement en vue d’obtenir un diplôme de master universitaire, mais il doit pouvoir bénéficier au champ de pratiques à partir duquel il a pu émerger. Nous relevions des verbatims tels que ceux-ci.
J’aimerais que ce mémoire, sur base d’une analyse rigoureuse et d’un appareillage théorique solide puisse déboucher sur des pistes concrètes d’action.
J’espère pouvoir répondre à un certain nombre de questions que se posent les acteurs de terrain et par là même pouvoir proposer des pistes d’action pouvant pallier les difficultés auxquelles ils peuvent être confrontés.
J’entrevois des pistes concrètes d’action qui me permettront le cas échant d’adapter mon travail professionnel vers telle ou telle tendance.
9Ce souhait d’optimisation se déclinait de diverses manières et un type de rapport au terrain s’imposait nettement, celui que nous dénommions l’exercice de citoyenneté : amélioration d’un dispositif spécifique, conscientisation des responsables politiques, soutien à des groupes sociaux en difficulté ou amélioration de la gouvernance. Il concernait des enjeux marquants à un moment de la trajectoire des apprenants, et la majorité des projets s’inscrivait dans cette démarche « d’intelligibilité du monde » telle que décrite par J-M. Barbier (2011 : 82) pour qui :
la production de savoirs d’intelligibilité n’est pas seulement le fait de chercheurs, elle peut être le fait de sujets engagés eux-mêmes dans les activités. Les « praticiens » ne produisent pas seulement des savoirs relatifs à la conduite de l’action, ils produisent fréquemment des représentations et des énoncés sur des liens entre des existants à partir de leur expérience. La validation est alors celle de l’expérience. Ces représentations ou énoncés peuvent constituer le point de départ ou d’appui d’action de recherche conduites par eux-mêmes et/ou par d’autres.
11Les propositions émises par les adultes s’inscrivaient le plus souvent dans une perspective d’articulation avec une activité professionnelle au sens strict, mais pouvaient aussi relever d’une préoccupation culturelle ou d’insertion sociale plus large.
12Bourgeois (1996) développait la même idée lorsqu’il soulignait que l’acte d’apprendre s’inscrit nécessairement dans un rapport particulier du sujet à l’objet et dans le rapport que le sujet entretien avec sa propre histoire. L’objet apparaît ainsi comme suffisamment problématique : les sujets s’impliquent dans une action ou une activité (de recherche) qui possède à leurs yeux une grande valeur.
13Nous avions également repéré lors de notre précédente enquête que les projets n’étaient pas à proprement parler des projets réflexifs dans le sens proposé par D. Schön, pour qui on analyse son action, on résout des problèmes complexes et on remet en cause ses propres stratégies. Pour A. Legault [5], le praticien réflexif est un professionnel qui utilise la réflexion sur et dans l’action en vue de résoudre les problèmes qui se posent dans l’exercice de son métier. Cela n’était guère le cas des étudiants interrogés lors de cette précédente observation.
14Enfin, dans ces premières intentions, l’hypothèse de l’approche homéostatique, c’est-à-dire de la recherche d’un nouvel équilibre personnel, favorable au sujet n’était guère, explicitement du moins, confirmée par le matériau que nous avions récolté. Nous verrons que cet aspect est davantage présent au terme de la nouvelle recherche.
15Voyons à présent dans quel sens ces intentions ont évolué lorsque le processus de recherche est arrivé à son terme.
Deuxième partie : incidences des résultats des recherches sur les champs de pratiques
Méthodologie
16Nous avons collationné les conclusions de quelque 100 mémoires de recherche que nous avons personnellement promotionnés dans le programme des Sciences de l’éducation [6] de notre Université (le programme FOPA - Sciences de l’éducation - à l’UCL). Les conclusions qui sont proposées par les étudiants adultes au terme de leur mémoire proposent une synthèse du contenu de la recherche (rappel du cadrage théorique, des hypothèses, de la méthode et des principales découvertes) mais également des propositions d’action ou des perspectives pour l’avenir.
17Nous posons l’hypothèse que peuvent émerger dans ce matériau des indications utiles sur les incidences de l’activité de recherche sur les champs de pratiques des praticiens-chercheurs.
18On tente d’observer dans ces documents recueillis tout au long d’une vingtaine d’années, comment les praticiens-chercheurs comptent, au terme de leur travail de recherche, articuler les résultats obtenus avec leur activité de praticien, c’est-à-dire de professionnel ancré dans un champ d’action et d’expériences sociales pour reprendre la belle expression de Hartmut Rosa (2018), en tentant de dégager les principaux modèles de cette nouvelle articulation entre activité de recherche et terrain.
Recherche de configurations
19Dans le programme que nous avons étudié, et sur la période prise en compte [7], il n’y a pas d’obligation académique, pour ces étudiants, de fournir de telles perspectives d’action. Ainsi, un mémoire peut très bien se clôturer par une synthèse du contenu sans nécessairement tenter de traduire ces conclusions en perspectives d’action, personnelles ou collectives [8].
20Ensuite, parmi la centaine de conclusions-perspectives dont nous disposions, nous en avons retenu cinquante. Ce nombre de 50 fut atteint après observation du phénomène de saturation, moment où la probabilité de découvrir un nouveau modèle est quasiment nulle. Après codage, nous avons identifié 75 unités de sens [9] relatives à notre problématique d’articulation des résultats des recherches avec le terrain.
Catégorisation en types d’incidence
21Notre travail a dès lors porté sur la catégorisation et l’analyse de ces 75 unités de sens que nous avons retenues. Ces catégories sont en quelque sorte des types d’incidence puisqu’ils concernent l’anticipation de ce que les recherches réalisées pourraient apporter aux champs de pratiques à partir desquels elles ont émergés.
22Ces types d’incidences sont les suivants : l’émergence d’une valeur éthique, des propositions concernant un groupe social spécifique, des perspectives relatives à l’organisation-même du métier, des propositions de dispositifs, des perspectives en termes d’évaluation, des suggestions en termes d’approfondissement de la recherche et, enfin une incidence en termes de positionnement personnel et identitaire. Il s’agit de configurations, chacun de ces types étant singulier et présentant une certaine régularité.
23Les cinq premières configurations sont présentées ci-dessous, allant de la plus générale (l’expression d’une valeur morale) à la plus spécifique (l’évaluation d’une activité concrète). Les deux dernières configurations ne concernent pas directement l’incidence de la recherche sur un champ de pratique mais plutôt l’incidence de la recherche sur le praticien lui-même.
Limites de notre approche
24Le mode de récolte de nos données, à savoir une simple collation a posteriori et sans conservation des données personnelles des auteurs, ne nous a pas permis de quantifier quoi que ce soit, ni mesurer des relations entre variables. Nous le regrettons car sans doute peut-on penser que différents critères influencent la nature des incidences.
25Par exemple, selon le secteur d’activité des praticiens-chercheurs. Tel type d’incidence est-il plus présent parmi les enseignants et tel autre l’est-il davantage chez les travailleurs sociaux ?
26Ou bien les incidences espérées varient-elles selon les caractéristiques personnelles des répondants : les femmes envisagent-elles une articulation plus fréquente avec leur terrain qui serait davantage évaluative (de projet, de dispositif, de politique) alors que les hommes prôneraient plus l’innovation (d’organisation, de structures) ? Ou bien observe-t-on différentes configurations selon l’ancienneté dans le métier ?
27Ou encore pourrait-on constater des évolutions diachroniques ? Durant les premières années de notre observation, par exemple de1995 à 2005, les praticiens-chercheurs auraient-ils prôné plus fréquemment des innovations organisationnelles, alors que des évaluations de projets auraient été davantage préconisées durant une période plus tardive, par exemple de 2010 à 2015 ?
1. Emergence d’une valeur éthique en lien avec l’activité
28Certaines recherches se terminent par l’énoncé de perspectives très générales, de nature éthique, morale. Citons quelques exemples de cette première configuration.
Réduire, ne serait-ce que modestement, le phénomène de reproduction sociale
Importance de la diversité des espaces de sensibilisation (formel, non formel, informel)
Renforcer les synergies entre les écoles et les EDD (Ecoles de devoir) dans le cadre de leur stage
Augmenter l’encadrement éducatif : plus de professeurs, d’éducateurs, de rattrapages, classes moins nombreuses en vue de densifier la relation professeur-élèves
30Dans ce sens, le travail de recherche effectué par le praticien-chercheur a renforcé ou souligné, voire il a fait émerger, une valeur qui devient lisible et importante comme par exemple réduire la reproduction sociale ou atteindre un niveau de scolarité commun à tous.
31On souligne, dans les dernières pages du mémoire, ce qui paraît socialement juste et nécessaire. Ces valeurs qui s’inscrivent dans un même champ disciplinaire, celui de l’éducation et de la formation, sont soulignées avec l’espoir que « la société » s’en préoccupe davantage.
32Ces valeurs sont toutefois en lien avec l’activité décrite dans la recherche. Comme l’écrit Barbier (2011, p.127), « Sans l’exercice d’une activité, il n’y a pas de substrat possible pour la valeur ; c’est en effet dans l’activité que les objets du monde - physiques, sociaux, symboliques - peuvent faire l’objet d’appréciations qualitatives, de la part de l’acteur lui-même ou d’un observateur. Ils deviennent « significatifs » et prennent qualité parce qu’impliqués dans l’exercice d’une activité. La valeur suppose l’engagement d’un sujet dans cette activité… »
33C’est exactement ce que nous disent les verbatims cités ci-dessus : les valeurs auxquelles on aspire sont bel et bien ancrées dans les activités menées par les étudiants en formation.
2. Propositions concernant un groupe social spécifique
34Lorsque la recherche a porté sur un groupe social bien spécifique, cette configuration mentale, prospective, concerne un groupe particulier même si les perspectives d’action sont encore assez générales et toujours marquées par l’expression de valeurs sociales comme l’intégration, l’autonomie, l’émancipation et l’harmonie. Quelques illustrations :
À nous d’être vigilants et de participer au quotidien à l’intégration des personnes handicapées (afin de conserver une conscience et une estime de soi)
Pour la réalisation d’une vieillesse harmonieuse. L’effort que notre société doit réaliser pour un savoir vivre intergénérationnel
Promouvoir, par l’école, la socialisation/l’émancipation/la réussite scolaire des enfants issus de familles maghrébines
La première piste concerne les informations en matière de sexualité et de contraception ; la deuxième s’oriente vers l’accompagnement éducatif des adolescentes
Accorder une place centrale aux politiques d’intégration des immigrés par le biais d’école et de zones d’habitat multiculturels
36Dans ces extraits ce sont les personnes souffrant d’un handicap, les enfants issus de l’immigration, les jeunes filles en situation de grossesse précoce qui ont fait l’objet de la recherche. Pour ces groupes, le praticien-chercheur a relevé et analysé en profondeur certains aspects spécifiques et, dans ses propositions finales, il appelle les acteurs du champ à prendre davantage en compte les situations problématiques qu’il a pu découvrir.
3. Perspectives concernant l’organisation du métier. Vers plus de résonance
37Dans cette configuration, les perspectives d’action sont plus précises : plusieurs concernent la formation des formateurs (formation initiale et continue), d’autres s’intéressent à l’organisation proprement dite du travail du formateur ; parfois, le métier est mis en question alors que d’autres pistes s’orientent vers l’activité en tant que telle.
Amélioration de la formation d’acteurs
- Formation initiale à destination des futurs enseignants
- Acquérir ces compétences pour lutter contre les inégalités scolaires et favoriser/gérer l’hétérogénéité
Suggestions organisationnelles
Réfléchir sur le métier en tant que tel
- S’interroger sur les compétences indispensables à acquérir par l’éducateur
- L’importance du savoir-faire métier (application d’un décret 1998)
- Construction de deux référentiels (poursuite du mémoire par la mise en place d’un processus interactif avec les professionnels de terrain.
- Pistes pour améliorer le travail du chef d’atelier : formation continuée, nouvelles postures et méthodes
Analyse de l’activité
- Accepter l’incertitude à laquelle les enseignants sont confrontés quotidiennement
- Utiliser des techniques comportementales diversifiées
- Développer la relation de qualité avec les apprenants (alternance)
- Mise en confiance dans les évaluations, négociation, abandon de certaines attentes.
42C’est donc d’amélioration du métier d’enseignant et de formateur qu’il s’agit, de rendre celui-ci plus efficace en termes de compétences de celles et ceux qui l’exercent ou en termes de contexte professionnel au sens large. Ces suggestions s’inscrivent dans le triangle bien connu de l’éducation : enseignant-élève-matière ou, plus largement, le triangle formateur-apprenant-contenu. Si on applique ici le modèle théorique proposé par H. Rosa (2018, p.276), il s’agit de transformer l’apprentissage en un « espace de résonance [10] » plutôt que de le transformer en une zone d’aliénation.
43De façon plus générale, ainsi que nous l’avions précédemment observé (Albarello, 2010), « avoir mené leur recherche influence aussi la façon dont les praticiens-chercheurs ont perçu leur organisation, leur milieu de travail, leur terrain. Ils ont pu, dans le cadre de leur étude, développer un regard critique sur leur milieu, sur les valeurs qui y sont dominantes, sur les pratiques en cours, sur les hiérarchies. Des dévoilements ont été produits et des réalités nouvelles sont apparues. »
44En d’autres mots, l’analyse de l’activité exerce bel et bien une influence sur l’activité elle-même. C’est encore le cas dans les propositions d’action exprimées ici et qui caractérisent cette configuration.
4. Propositions innovantes en termes de dispositif
45Les perspectives en termes de dispositif sont nombreuses, celui-ci pouvant être défini avec Barbier comme une organisation de moyens mise en place par des sujets, susceptibles de susciter l’engagement d’activités d’autres sujets en référence à des objectifs déclarés (2011, p.53). C’est vraiment de cela qu’il s’agit ici dans les actions de formation qui sont proposées ou de sensibilisation et, surtout, dans un souhait de transformation de l’organisation du travail.
Actions de formation
- Organisation d’un Séminaire de trois jours donné dans le cadre du régendat
- Concevoir une formation qui aborderait la prévention et la « postvention » en milieu scolaire sur le thème du suicide à l’adolescence
- Inviter les concepteurs de programmes à proposer des choix d’options (perspective d’un master professionnalisant, renforcement des compétences)
Action de sensibilisation
Les journées pédagogiques pourraient s’ouvrir sur des formations plus pointues en vue de faciliter la mise en place d’un travail en réseau
Action de transformation de l’organisation du travail
- Mise en place de structures de rencontres intergénérationnelles en vue de lutter contre les stéréotypes.
- Mise en place d’un programme intergénérationnel.
Savoir mettre en place des dispositifs spécifiques pour lutter contre certaines postures ; travailler en ce sens avec notre équipe (mise en place de dispositifs spécifiques avec les enseignants) - Mise en place d’un groupe d’opérateurs valorisant un fonctionnement original et une innovation méthodologique Création de plates-formes (politiques, société civile, experts) en vue de réfléchir à la problématique de l’échec scolaire dans les quartiers populaires)
- Mise en place de centres de formations et de ressources pour les conseillers pédagogiques :
Cellule de conseil et de soutien pédagogique (conseil de la direction, rapport d’inspection, rencontres)
Créer un espace relationnel respectueux non sanctionnant pour en parler (carrière alcoolique)
Des moments de réunion après les heures de travail pour qu’un maximum de parents puissent être présents ; rencontres spatio-temporellement accessibles aux parents
49Dans cette configuration, la réflexion en termes d’organisation de l’activité professionnelle est dominante. Les praticiens-chercheurs connaissent leur terrain et ils en ont, au terme de leur mémoire, une connaissance peaufinée, précisée et circonstanciée qui leur permet de faire preuve d’imagination en termes de création de structures nouvelles ou de modalités de travail : plateforme, centres de ressources, groupes de rencontres et autres dispositifs innovant.
50Cette configuration renvoie au cœur même de la problématique du praticien-chercheur avec tout ce qu’elle révèle de positif, de créatif et d’imaginatif : les étudiants adultes ont pu analyser des enjeux importants de leur champ de pratiques et ils proposent à présent des solutions organisationnelles innovantes.
5. Possibilité d’évaluer un projet ou une politique
51Dans ce type d’incidence que la recherche peut exercer sur l’activité, les praticiens-chercheurs s’intéressent précisément à un projet en cours dans leur champ de pratique, à une structure spécifique, à une expérience-pilote, une réforme, une commission existante. Et ils tentent d’en mesurer l’efficacité et l’efficience ou d’en tester le coût et l’impact.
- La structure organisationnelle ainsi développée (DASPA) crée les conditions favorables à l’autonomie et la prise de responsabilité des apprenants
- L’appel d’experts pour mettre en place une réforme (dans la manière d’implanter un décret)
- Le programme et la méthodologie interculturelle préconisée devraient être testés sur le terrain
- Projet pilote sera reconduit l’an prochain via la formation de nouveaux partenaire en santé (équipe pluridisciplinaire)
- Mesurer l’influence des réunions de concertation, de la Commission d’accrochage scolaire
53De nouveau, apparaît clairement dans cette configuration, la double finalité perçue également dans les incidences exposées précédemment, à savoir cette double finalité de production de connaissances et de transformation de l’activité (voir dans le présent numéro, l’article de Brigitte Albero et Stéphane Simonian).
6. Perspectives de nouvelles recherches possibles : la poursuite du métier
54Les praticiens se sont véritablement transformés en chercheurs. Ils imaginent au terme de leur recherche la possibilité de mener des observations empiriques complémentaires. Avoir testé en profondeur certaines hypothèses les conduit à en imaginer d’autres. Avoir utilisé certaines méthodes les amène à en envisager de nouvelles. Comme si la dynamique de recherche devait se poursuivre ultérieurement. Ils semblent penser davantage au processus de recherche qui vient de se terminer qu’à leur retour sur le terrain en tant que professionnel. Cette configuration se traduit notamment par la suggestion de nouvelles hypothèses qui pourraient être traitées ultérieurement par d’autres chercheurs ou dans le cadre de nouveaux mémoires. En voici quelques illustrations.
En termes d’hypothèses nouvelles
- L’influence de la société numérique sur le comportement quotidien des seniors
- Réflexions et investigations plus larges concernant le coût du dispositif formatif
- L’influence du management sur la représentation des enseignants lors d’une réforme ; pour les élèves à besoins spécifiques, l’intégration est-elle une solution
- D’autres facteurs explicatifs pourraient être traités (enseignants spécialisé de type 5)
- Mes constats ont fait émerger de nouvelles hypothèses (chez les ainés, chez les adolescents)
- Construire une nouvelle hypothèse de recherche à partir des postures des conseillers observées dans notre enquête (coach, tutorat)
- Nouvelle étude du lien entre monde politique et travailleurs sociaux ruraux et rôle de la formation initiale
- Analyser les chances subjectives (agent est agi de l’intérieur) au travers des motivations à entrer en formation (agent agit vers l’extérieur)
56Ces suggestions sont en lien direct et immédiat avec les conclusions auxquelles chacune des recherches aboutit. C’est une chaine tout à fait logique qui apparaît ici et qui s’inscrit dans la caractéristique de la continuité de l’expérience telle que la décrit Dewey pour qui « le principe de la continuité signifie que chaque expérience, d’une part, emprunte quelque chose aux expériences antérieures et, d’autre part, modifie de quelque manière la qualité des expériences ultérieures. » (2011 : 473). Dans le cas qui nous occupe, la continuité prend la forme d’une sorte de souhait et d’aspiration à poursuivre le travail de recherche vers des pistes que l’on vient d’imaginer. Dans cette configuration, il y a une sorte de fierté à produire de nouvelles hypothèses à tester et des perspectives de recherche scientifique [11].
En termes de méthodologie
57Les praticiens chercheurs perçoivent aussi les limites du travail qui vient de se terminer et, fréquemment, ils indiquent des propositions qui permettraient de conforter leurs conclusions et leurs analyses. Ils produisent de nombreuses suggestions en termes de méthode en vue d’approfondir la connaissance de leur champ de recherche. On pourrait tout d’abord, disent-ils, confirmer les résultats de nos analyses (par un volet quantitatif ou par un suivi de cohorte, par exemple) et l’on pourrait aussi élargir notre champ de recherche en employant des méthodes complémentaires, par exemple en étendant l’enquête à d’autres publics. Voici quelques illustrations.
Techniques confirmatoires
- Il serait intéressant d’effectuer une étude quantitative sur plusieurs centaines d’enseignant(e)s
- Nouvelle recherche afin de vérifier dans la pratique la fiabilité de ces solutions (visant à réduire l’épuisement professionnel dans le secteur de l’aide à la jeunesse)
- Prolonger cette étude exploratoire par une recherche quantitative (le nombre de sujets étant assez mince et ne permettant pas d’établir des certitudes, ni de généraliser)
- Étude longitudinale sur 6 ans qui suivrait l’ensemble de la formation et les 3 premières années de carrière d’une cohorte de jeunes enseignants
Techniques d’approfondissement / d’élargissement
- Obtenir des données complémentaires dans un autre réseau et/ou auprès d’autres groupes d’acteurs (directions et pouvoirs organisateurs)
- Poursuivre l’enquête dans les ateliers des écoles techniques de plein exercice
- Permettre une analyse croisée des discours des jeunes, de leurs entreprises, de leurs enseignants, de leurs accompagnateurs ; recommander l’évaluation du dispositif de l’alternance après trente ans d’existence
- Une recherche parallèle pourrait concerner les acteurs partenaires du SAJ, ceux du service mandaté, le bénéficiaire, les autres cosignataires
60Plus rarement, ils évoquent une orientation théorique ou disciplinaire comme, par exemple cette suggestion de « poursuivre la recherche en intégrant la psychanalyse ».
7. Un effet transformateur du mémoire par l’acquisition de nouvelles compétences et de nouveaux savoirs-être
61La réalisation du travail de recherche dans le cadre d’un mémoire universitaire a été considérée (Albarello, 2017) en tant qu’entrée dans un champ, celui de l’activité scientifique. Avec la réalisation de leur mémoire de fin de cursus, on enjoint en effet les praticiens-chercheurs à aborder un nouveau champ d’activité, à entrer en quelque sorte dans un nouveau « métier » et qui dit champ dit habitus tel que le définit Bourdieu dans sa leçon du 23 avril 2000… « C’est-à-dire le système de dispositions permanentes, le système de manières d’être, de faire, de penser, de percevoir, profondément incorporées que les agents sociaux doivent à la socialisation qu’ils ont subie… » (2013, p. 474)
62Les étudiants adultes les ont progressivement acquises, ces compétences et ces dispositions, ces manières d’être, de faire et de penser qui caractérisent l’activité de recherche. Le « métier est rentré petit à petit » comme on le dit couramment et bon nombre d’entre eux font à présent « partie du jeu [12] ».
La recherche m’a permis de construire mon identité. La modeler, la façonner selon ses désirs et ses besoins, ses droits, ses devoirs… marqué par les questions existentielles
Nous a permis de nous mettre dans la peau d’un chercheur et de mobiliser différentes compétences
Ce fut le théâtre d’encouragements, de découragements, de remises en question et de construction de nouvelles perspectives d’avenir.
Effet (de la recherche) sur le plan intellectuel (appropriation des concepts, évolutions de nos représentations), sur le plan méthodologique (sens critique, rigueur), réflexif (s’interroger sur sa professionnalité, sur ses motivations)
Opportunité de se tester et de se voir évoluer dans une expérience nouvelle qui a favorisé notre confiance en soi et un changement de nos représentations
Ce fut un défi combiné à une envie forte de mieux comprendre une profession connue et éprouvée ; lien avec notre parcours personnel
Avec le recul, les années, réflexion personnelle; réfléchir à notre propre parcours, celui-ci étant, de toutes façons, toujours en construction.
64Tant et si bien que de nombreuses perspectives d’action envisagées au terme des mémoires sont exprimées en termes d’action personnelle, de positionnement et d’attitude. Comme le souligne Thiévenaz (2019 : 159), le processus d’enquête (dans notre cas, la recherche réalisée par le praticien-chercheur) « n’est donc pas uniquement à considérer du point de vue de son résultat immédiat mais aussi comme un moyen d’élaborer de nouvelles potentialités de pensée et d’action pouvant être mobilisées pour faire face aux situations futures ». C’est bien ce qui constitue cette nouvelle configuration.
- Je vais pouvoir progresser comme enseignante de terrain et comme praticienne-chercheuse
- Je peux acquérir des compétences spécifiques et suis devenue davantage professionnelle
- Appréhender les concepts liés à l’engagement, la motivation des adultes en formation et en alphabétisation me permet de prendre du recul sur notre métier de formateur et sur notre approche envers ces adultes en formation
- J’ai pu approfondir certaines de mes connaissances et j’ai dû en remodeler d’autres tant du point de vue des différents types d’évaluation que des formes multiples du feed-back
66Ces verbatims montrent à quel point la réalisation du mémoire de recherche exerce sur ceux qui sont impliqués dans cette activité un réel effet transformateur. On peut d’ailleurs penser que cet effet transformateur existait déjà en germe bien avant qu’ait lieu l’action de recherche proprement dite, c’est-à-dire lorsque ces praticiens prirent la décision d’entrer en formation. Sans doute existait-il déjà au moment de cette décision, l’idée, même très vague et non encore formulée (Albarello, 2017), d’une réflexion nécessaire à mener sur le champ de pratique auquel ils appartenaient et un questionnement de cette nature était certainement déjà à l’œuvre lors de l’entrée en formation.
67Dans ce sens, on peut dire que la réalisation d’un mémoire de recherche constitue une prise de conscience sur l’ensemble d’un champ et sur soi-même et développe par conséquent de nouveaux pouvoirs d’agir de la part des praticiens-chercheurs (sur ces deux aspects, voir dans le présent numéro, l’article de Joris Thievenaz et Caroline Thélin Metello)
Conclusion et… perspectives !
Limite
68La plupart des ouvrages consacrés à la problématique du praticien-chercheur concernent le passage d’une posture de praticien (caractérisée par l’engagement dans l’action) vers une posture de chercheur (que caractérise et permet le processus de distanciation). Très peu d’entre eux, exception faite du courant de pensée s’inscrivant dans le paradigme de la réflexivité, se sont attachés à analyser le processus inverse, à savoir la transition qui va d’une de l’analyse d’un champ de recherche (posture de recherche) vers l’engagement dans un champ de pratiques (la posture du praticien).
69Pour mener plus loin notre réflexion sur l’articulation des résultats de la recherche avec le terrain, il aurait fallu réfléchir la question en termes de suivi d’une cohorte d’étudiants adultes ayant terminé leur mémoire de recherche, et repérer non plus les intentions de ces praticiens-chercheurs mais bien la réalité effective de leur parcours après la réalisation de leur mémoire de recherche. Cette approche ex-post n’a pu être menée et il nous reste à proposer avec prudence une piste concrète pour l’avenir ainsi qu’une réflexion sociologique plus générale.
Une piste d’action concrète
70Notre suggestion concrète concerne la nature des consignes que les promoteurs et directeurs de mémoires, et de thèses, en sciences de l’éducation et dans les autres masters universitaires traitant de la relation à autrui (gestion, santé, éducation, travail social), transmettent aux praticiens-chercheurs en cours de recherche.
71Ces recommandations sont généralement très vagues, le plus souvent même, inexistantes. Peut-être serait-il utile de travailler davantage ces consignes et d’être plus clair sur les attentes de l’institution par rapport aux éventuelles incidences de la recherche sur le champ de pratiques. En d’autres termes, de quelle manière le praticien-chercheur souhaite-t-il faire part au terrain des résultats de sa recherche ? Et selon lui, au terme de sa recherche, des suggestions d’actions futures pourront-elles être adressées, à qui, sous quelle forme et de quelle manière ?
72Pour ce faire, nous avons repéré plusieurs types d’incidences dans le champ spécifique des sciences de l’éducation et nous les avons présentées sous forme de configurations mentales : communication de valeurs, formation des acteurs concernés, analyse des compétences et organisation du métier, proposition de dispositif concret, évaluation d’une mesure spécifique et également en terme de positionnement personnel.
73Cette liste de configurations que nous avons présentée ne prétend évidemment pas à l’exhaustivité et il reviendrait à chaque institut ou département de la co-construire et en impliquant bien entendu formateurs, conseillers et étudiants. Il nous semble toutefois dès à présent possible de souligner la nécessité d’une réflexion accrue sur cette question de l’articulation des résultats d’une recherche avec le champ de pratiques dont elle est issue.
74Laisser aux seuls praticiens la réflexion à ce niveau (faites ce que vous voulez avec votre mémoire !) ne me semble plus éthiquement très responsable !
Réflexion sociologique
75Quant à notre réflexion plus générale, elle est de nature sociologique et dépasse l’activité individuelle de chaque sujet impliqué personnellement dans un champ de pratiques et menant un processus singulier de recherche. En effet, il m’apparaît que ce sont dans les différentes universités de notre communauté française de Belgique, et bien au-delà, c’est-à-dire dans tout l’espace universitaire francophone, des milliers de recherches, scientifiquement conduites, qui ont été produites sur l’activité éducative et formative.
76Ces milliers de mémoires ont, depuis plusieurs décennies, contribué à mieux connaître ce champ d’activité et d’expériences, ils ont fait apparaître des enjeux peu connus et ont analysé des pratiques. Sur cette base, les praticiens-chercheurs ont pu, au terme de leur recherche, formuler des suggestions et proposer d’innombrables pistes de transformation du travail et des activités.
77Il y a bien là un rôle social éminemment important que les nombreux praticiens-chercheurs ont rempli non seulement dans la connaissance théorique de leur champ de pratiques mais aussi, et surtout, dans la transformation progressive de celui-ci. Indéniablement, l’analyse des activités a eu et continuera d’exercer une incidence réelle sur l’activité elle-même et sur l’organisation des champs de pratiques.
Bibliographie
Bibliographie
- ◾ Albarello, L. (2010), « La place paradoxale du praticien-chercheur » in Développement des territoires et formation, Education permanente n°185 - 2010-4
- ◾ Albarello, L. (2012, a), « Pour une compréhension des investissements non scientifiques à la pratique de recherche » in « Entre actualité, commande et demande : quelles recherches en éducation en formation des adultes », TransFormations, Décembre 2012.
- ◾ Albarello, L. (2017), contribution au REF. « Analyse des transitions entre les deux registres de significations : le processus de distanciation réalisé par des étudiants adultes en formation. »
- ◾ Barbier, J-M. (2011), Vocabulaire d’analyse des activités. Paris. PUF.
- ◾ Bourdieu, P. (1987), Choses dites. Sens commun. Edition de Minuit.
- ◾ Bourdieu, P. (2013), Manet. Une révolution symbolique. Editions du Seuil.
- ◾ Bourgeois, E. (1996), L’adulte en formation. Regards pluriels, 1996, De Boeck Université.
- ◾ Dewey, J. (2011), Expérience et Education. Paris. Armand Colin.
- ◾ Rosa, H. (2017), Résonance. Une sociologie de la relation au monde. Paris. Éditions la découverte.
- ◾ Thiévenaz, J. (2019), Enquêter et apprendre au travail. Approcher l’expérience avec John Dewey. Dijon. Éditions Raison et Passions.
Mots-clés éditeurs : Formation d’adultes, mémoires de recherche, retour au terrain
Date de mise en ligne : 23/07/2021.
https://doi.org/10.3917/ta.021.0028Notes
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[2]
Dans les cas que nous étudions, il s’agit de cursus de niveau universitaire.
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[3]
Nous définissons le praticien-chercheur en tant que professionnel, ancré dans un champ de pratiques, et qui prend la décision d’entamer et de poursuivre une formation universitaire impliquant à son terme la réalisation d’un mémoire de recherche.
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[4]
Dans cette précédente étude sur les intentions, nous avions interrogé les étudiants qui suivaient les cours d’un Master en politique économique et sociale de l’Université de Louvain.
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[5]
In « La pratique réflexive et le praticien en éthique » Colloque de l’APEC Québec Juin 2008, Ciréa Université de Sherbrooke. www.usherbrooke.ca/cirea
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[6]
Les étudiants concernés par cette seconde partie ne sont donc pas, sensu stricto, les mêmes étudiants que ceux concernés par la première partie de l’article.
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[7]
C’est-à-dire de 1995 à 2015.
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[8]
Il est fréquent que la question des incidences sur le terrain, qu’elle soit ou non abordée dans le mémoire écrit, soit abordée lors de la défense publique du mémoire.
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[9]
Cette différence est due au fait qu’un même étudiant ait pu émettre dans la conclusion de son mémoire plusieurs propositions d’action. Dès lors, cinquante étudiants ont répondu et nous avons relevé dans ces réponses 75 propositions différentes.
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[10]
Celle-ci étant définie en tant que mode positif et responsif de relation au monde alors que son strict opposé, l’aliénation, est une relation au monde dans laquelle le sujet et le monde sont indifférents ou hostiles (répulsifs) l’un à l’autre, déconnectés.
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[11]
Certains praticiens-chercheurs concrétisent ce souhait en s’engageant dans une thèse de doctorat. Cela est particulièrement vrai en France et en Suisse, mais est malheureusement beaucoup plus rare en Belgique francophone où cette culture de la thèse en formation des adultes n’est à ce jour pas développée.
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[12]
Bourdieu utilise cette notion de jeu dont les membres obéissent « à certaines régularités ». Le sens du jeu et l’apprentissage de ses régularités qui font toute la spécificité d’un champ, en l’occurrence le champ scientifique, ont été progressivement appris et assimilés par les praticiens-chercheurs, le mémoire ayant participé à cet intense et long cheminement.