Staps 2015/1 n° 107

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Article de revue

Les re-créations de gestes martiaux : évolution et transformations des Arts martiaux historiques européens (AMHE)

Pages 33 à 44

1Les Arts martiaux historiques européens (aussi nommés Arts du combat historique), appelés couramment AMHE par les usagers, sont une forme d’histoire vivante, visant à re-créer des gestes et des techniques martiales ayant pu exister dans l’aire européenne et se basant sur des sources primaires (essentiellement des manuscrits). La pratique actuelle existe depuis une quinzaine d’années et ne cesse de croître et de se développer. D’une activité soutenue et portée par quelques passionnées, ces arts martiaux deviennent peu à peu une pratique autour de laquelle se forme une communauté (Piette, 1996 ; Tönnies, 1887), unie par le désir de se réapproprier des gestes passés et de les ancrer dans une société du loisir contemporaine. Les événements, tels que les stages ou les rencontres internationales (en particulier à Dijon), favorisent un phénomène d’interconnaissance (Agelopoulos, 2005). Les instructeurs principaux, souvent les pionniers, sont connus et reconnus par les quelques centaines de pratiquants français. Cette communauté, qui se retrouve aussi par le biais des nouvelles technologies (forums spécialisés, réseaux sociaux, etc.), fonctionne selon des normes qui lui sont propres et en fonction de valeurs reconnues et acceptées par tous. D’abord, ces arts du combat sont perçus par les pratiquants, depuis leur création, comme une activité à la fois physique et culturelle. La « démarche » (Jaquet, 2015) des AMHE renvoie à un processus qui part de l’appropriation des sources primaires (transcription, traduction, lecture de manuscrits, par exemple), pour arriver à une application à vitesse réelle de la technique étudiée, en passant par un processus de déconstruction-reconstruction du geste (en lien avec ce qui est décrit dans les sources). Cette facette des AMHE, qui oscille entre deux activités souvent opposées (sport/culture), forme l’un des piliers sur lesquels repose la pratique. Le second est le partage des connaissances et compétences. La mise à disposition de tous du travail portant sur les manuscrits (par des jeunes chercheurs en histoire, en archéologie, etc., investis dans la pratique) est l’une des valeurs centrales de l’activité. La transmission à la communauté est perçue comme l’unique moyen de faire progresser la pratique, qui repose sur le bénévolat des participants. Pour autant, suite à la création de la Fédération française des AMHE (FFAMHE) en 2012, l’activité connaît des transformations, tant dans sa forme que dans les valeurs qu’elle véhicule, et l’unité de la communauté tend à se morceler. L’enjeu est ainsi de comprendre comment l’institutionnalisation de la pratique modifie le système des AMHE. Ce processus est, en effet, porteur de nouvelles valeurs, mais induit aussi une certaine normalisation de l’activité.

2Afin de comprendre ces changements à l’œuvre depuis quelques années, une méthodologie d’analyse plurielle a été mise en place. Treize observations participantes ont été réalisées (entre 2009 et 2014), afin de saisir les évolutions de la pratique. Les terrains étaient constitués de stages à dimension internationale et nationale, mais aussi de festivals historiques auxquels prenaient part les AMHeurs (comme ils se définissent eux-mêmes). L’objectif était de saisir les discours (langage, vocabulaire, etc.), les comportements (présentations et ateliers, communication, etc.), les attitudes (vêtements comme signe de reconnaissance inter-groupes, etc.). Ces observations ont également permis de noter les évolutions de la pratique en cinq ans. Parallèlement, une quinzaine d’entretiens semi-directifs (menés avec des participants aux différents stages, mais aussi avec des responsables de clubs et des chercheurs travaillant sur les AMHE), ont permis, depuis 2012, de compléter le travail de terrain ethnographique. Enfin, des analyses de contenu des documents produits par les pratiquants (album photo commémoratif, publications électroniques formelles ou informelles, etc.) et par les instances fédératives (règlements, productions des différentes commissions, etc.) complètent le matériau sur lequel repose cette recherche.

1 – La re-création d’une pratique historiquement située

3Les AMHE ont pour délimitation officielle, c’est-à-dire énoncée par la Fédération française, les arts du combat historique prenant place entre l’Antiquité et la Première Guerre mondiale. Le terme même d’AMHE permet de distinguer l’activité des arts de guerre et des sports de combat (Jaquet, 2015), tout en incluant une dimension inter-individuelle, historique et patrimoniale. La FFAMHE présente ceux-ci comme « l’étude et la mise en pratique de traditions martiales européennes éteintes dont il subsiste des traces lorsque les maîtres de ces traditions ont pris soin de coucher leur art par écrit ». Ces frontières temporelles ont été dressées de manière à circonscrire la pratique et parce qu’elles faisaient consensus au sein de la communauté au moment de la création de la fédération. Elles ne reposent sur aucune norme et sont donc susceptibles d’évoluer en fonction des besoins exprimés des pratiquants ou de nouvelles découvertes historiques. Néanmoins, à l’heure actuelle, ces bornes facilitent une définition des AMHE et permettent de situer précisément leur champ d’action. Pour autant, des tensions sous-jacentes existent quant à ces délimitations et sont souvent le fruit de discussions entre les pratiquants. Ainsi, le combat viking, par exemple, a un statut ambigu. En plein essor, il est présenté lors de stages nationaux ou internationaux. Pour autant, ces techniques d’affrontement sont critiquées par certains participants, car elles ne reposent pas sur des sources primaires directes. Cette activité est intégrée aux AMHE, même si elle est parfois remise en question par quelques membres de la fédération. Globalement, le silence est de rigueur. Un statu quo est mis en place afin de ne pas provoquer de scissions irréversibles entre les pratiquants. La fédération ne prend actuellement aucune position officielle quant à ces re-créations de gestes et choisit de rester dans le flou d’une définition large des AMHE.

1.1 – Rupture temporelle et création contemporaine

4L’attrait pour l’Histoire et la dimension culturelle inhérente aux arts du combat historique forment la base à partir de laquelle se définissent, au départ, les AMHE. En effet, à la fin des années 1990 et au début des années 2000, lorsqu’apparaissent les premières associations, l’enjeu est clairement de proposer une autre vision des combats historiques, loin des clichés véhiculés par le cinéma. Les AMHE sont alors principalement « médiévaux ». Ils se caractérisent par une rupture dans la transmission, qui est écrite et non orale. Une « redécouverte » s’instaure donc, qui a pour finalité le passage de l’écrit au gestuel. Le terme de « culture » doit être entendu, dans un sens dispositionnaliste, comme un ensemble de savoirs et de valeurs associés à un système, induisant une dimension symbolique. Il fait écho à l’éclectisme des pratiques culturelles (Lahire, 2006 ; Donnat, 2004 ; Détrez, 2014). Plus précisément, concernant les AMHE, la culture est aussi un « marché » et les techniques de re-création de gestes deviennent, à ce titre, des biens culturels, inscrits dans un système économique (Cuche, 2001). Cette conception est d’autant plus présente actuellement car l’offre, comme la demande, sont en pleine expansion, notamment suite au désir latent de professionnalisation et au développement des outils (simulateurs et protections) dédiés à l’activité.

5Afin de comprendre l’évolution de la pratique, le terme de « valeurs » doit ici être entendu au sens que lui confèrent Raymond Boudon et François Bourricaud ; elles sont des « préférences collectives qui apparaissent dans un contexte institutionnel, et qui par la manière dont elles se forment, contribuent à la régulation de ce contexte » (Boudon & Bourricaud, 2012, p. 664). Elles sont également caractérisées par des évaluations personnelles de la situation, non sujettes à prescription (Demeulenaere, 2003). Le groupe peut agir comme un modèle pour les nouveaux pratiquants. Les critères définissant l’activité sont reconnus par ceux qui veulent appartenir à la communauté, mais aucune règle n’édicte clairement ces valeurs à accepter pour en faire partie. Il s’agit bien de comprendre quelles sont les « préférences » que les acteurs choisissent de valoriser et de rendre perceptibles au groupe afin de saisir les modifications inhérentes à l’institutionnalisation.

6Cette pratique des AMHE s’est largement développée : implantée dans la société des loisirs contemporaine (Dumazedier, 1972), elle existe sous la forme d’associations loi 1901, fonctionnant à la manière d’un club sportif, pour les entraînements et les rencontres hebdomadaires. Le matériel utilisé devient de plus en plus spécifique avec l’apparition, depuis quelques années, de vendeurs spécialisés, notamment en ce qui concerne les protections corporelles et les simulateurs d’armes. Les AMHE deviennent, par ailleurs, davantage visibles sur la scène académique (Jaquet, 2013) comme dans l’espace public, avec la création régulière de nouvelles associations. Le contenu des manuscrits à partir desquels se développe l’activité, comme le contexte dans lequel ils ont été écrits, posent la question des limites de l’expérimentation, d’une part, et du rapport à la violence, de l’autre. En effet, si certains traités ont clairement un contenu ludique (l’affrontement est alors un jeu dans le contexte historique), d’autres renvoient à des techniques létales. Les enquêtés rencontrés insistent sur la nécessité de replacer la re-création dans son contexte : la représentation de la violence est laissée de côté au profit d’une conception martiale et corporelle des techniques. Ainsi, l’approche cognitive du geste évacue l’image de la mort (mais sans la nier), au profit du mouvement à reproduire, conçu comme le socle des arts du combat. En outre, les pratiquants insistent sur l’impossibilité de retrouver un « état d’esprit » passé. Cette problématique de la violence et des enjeux historiques des affrontements se cristallise aussi dans le refus de la quasi-totalité des associations d’accepter les jeunes de moins de 16 ans. Il est cependant paradoxal de constater que les démonstrations d’AMHE effectuées par les associations lors de différents événements (fêtes du sport, animations scolaires, etc.) peuvent s’adresser aux plus jeunes. Une scission quant à ces représentations existe donc, entre le fait de montrer une technique (y compris létale) et celui de la réaliser soi-même. Dans le premier cas, la dimension du « spectacle » semble apparaître comme une médiation qui évacue une partie de la violence en jeu.

7Entre rupture et re-création contemporaine, les AMHE se singularisent par l’expérimentation, processus qui permet la reconnaissance d’un socle commun. Celle-ci permet de reconstituer des techniques, somme d’enchaînements de mouvements qui exposent un geste martial visant à immobiliser, d’une manière ou d’une autre, son adversaire. Les techniques peuvent être définies, en suivant les analyses menées par Georges Guille-Escuret, comme « des actes groupés en vue d’un produit » (Guille-Escuret, 2004, en ligne). Les dimensions traditionnelle et matérielle sont laissées de côté, car elles n’agissent que comme variables. Le produit, ici, est la reconstitution la plus fidèle possible des gestes décrits dans les traités (ou reproduits d’après d’autres références). Le principe de chaîne opératoire (Leroi-Gourhan, 1964) prend tout son sens. Retrouver l’ensemble des techniques (et leur enchaînement) qui permettent la création du geste, c’est inscrire l’expérimentation dans le champ de l’apprentissage, cœur des AMHE.

8Au-delà de l’expérimentation comme « démarche » commune, les valeurs défendues par les premiers pratiquants, dont beaucoup sont aujourd’hui « instructeurs » et/ou membres du conseil d’administration de la fédération, ont trait à un fort ancrage historique de l’activité. La dimension patrimoniale, par la sauvegarde de manuscrits et leur étude (dans un cadre tant historique que dans celui d’une application corporelle), fait partie de la démarche des AMHE (qui va de la lecture, au minimum, d’un texte traduit, à la re-création technique et corporelle). L’enjeu est de proposer une vision cohérente de la pratique qui soit socialement valorisante, dans un but de reconnaissance (pour les décisionnaires politiques, pour le grand public, etc.). Le maintien de la cohésion est ainsi le fruit d’une forte socialisation des nouveaux membres, sous l’angle d’une logique communautaire. Les liens qui unissent les pratiquants d’AMHE entre eux fournissent des supports identitaires qui permettent l’intégration dans le groupe. Ainsi, la convivialité est un terme fréquemment employé par les AMHeurs pour définir leur pratique (Tuaillon Demésy, 2013). Cependant, l’augmentation du nombre de pratiquants tend à diluer le fonctionnement communautaire.

1.2 – Un changement perceptible en dix ans

9Au-delà des valeurs pionnières d’une pratique naissante (attachement aux dimensions historiques et patrimoniales comme fondamentaux, expérimentation, etc.), les AMHE connaissent de profondes mutations depuis quelques années, qui induisent de nouvelles conceptions de la démarche, auparavant inexistantes.

10D’abord, les stages, et notamment les Rencontres internationales de Dijon (premier rassemblement en France par ancienneté et par nombre de participants), voient peu à peu leur objectif de transmission de connaissances et de compétences remplacé par un désir de rencontres. Les observations participantes réalisées chaque année depuis 2009 ont permis de saisir une nouvelle dynamique : les participants à ces manifestations viennent désormais davantage pour revoir des amis, rappeler leur appartenance à une communauté par leur présence que pour pratiquer. Nombreux sont ceux qui ne participent pas aux ateliers, ou de manière limitée ; de même, ces sessions sont moins nombreuses : davantage de plages horaires sont laissées aux temps et échanges informels.

11Ensuite, l’institutionnalisation à l’œuvre depuis trois ans souligne l’apparition de la dimension sportive dans la pratique. En effet, les compétitions se multiplient, les règles d’affrontement se formalisent, les demandes d’agréments au ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports sont à l’ordre du jour des dirigeants de la fédération. Alors qu’auparavant les discours des pratiquants se reconnaissant dans la communauté laissaient volontairement de côté l’aspect « sportif » au profit d’une dimension « physique », les préférences aujourd’hui se tournent vers une part au moins égale, sinon supérieure, du sport par rapport à la culture dans la pratique. Une distinction a ainsi tendance à s’opérer entre les tenants d’une identité historique et culturelle des arts du combat historique et ceux d’une activité en cours de sportivisation. Ces deux grands pôles sont incarnés par des « personnalités », autrement dit des acteurs reconnus par tous (instructeurs, premiers pratiquants, etc.), mais la plupart des AMHeurs ne prennent pas part au débat et se satisfont d’une position intermédiaire. Se situe ici clairement le cœur des tensions inhérentes aux AMHE et cristallisées lors des débats fédéraux. La revendication clairement affichée sur le site Internet de la fédération d’inscrire les arts du combat dans le sillon de l’histoire vivante fait état d’une volonté de lier ceux-ci à une sauvegarde patrimoniale. L’objectif est une affiliation à un courant déjà reconnu par les institutions (culturelles, mémorielles, etc.), afin d’accélérer le processus d’officialisation, notamment par les ministères. Cette dichotomie entre une revendication sportive et une inscription dans le champ culturel est aussi révélatrice des enjeux liés à une sportivisation des arts du combat. En effet, la dimension sportive oscille entre une continuité historique liée à une permanence (les enquêtés qui défendent la sportivisation de l’activité insistent sur l’affrontement qui existait déjà sous forme de « jeu » à l’époque, qui sortait donc du cadre du duel judiciaire), et une rupture dans le contexte culturel qui ne permet pas de transposer la pratique telle quelle aujourd’hui. Les AMHeurs rencontrés qui rejettent la compétition notent que celle-ci risque de « pervertir » les gestes re-créés. La sportivisation est ainsi le fruit de toutes les tensions au sein des instances fédératives, car elle cristallise deux conceptions distinctes du sport dans les AMHE : l’une serait la continuité d’une pratique historiquement située, le sport étant une certaine forme du jeu (Caillois, 1958), l’autre concevant les arts du combat dans un système contemporain et refusant la superposition de la compétition à l’expérimentation (Guttmann, 2006 ; Elias & Dunning, 1994). Ces dimensions et les tensions qui en résultent interrogent l’identité même des AMHE, entre une permanence historique et une refonte dans un système sportif contemporain.

12À côté du système de valeurs propre à la dynamique du groupe, surgissent aussi des intérêts et des préférences individuels. Par exemple, la sportivisation de la pratique fait écho à un désir de la part de certains pratiquants de se professionnaliser dans cette activité, en particulier en obtenant des BPJEPS. Ces diplômes étant, par ailleurs, largement circonscrits et identifiables, davantage que ceux délivrés dans le domaine de la culture, pour la dimension historique et patrimoniale des AMHE.

13Parallèlement à l’institutionnalisation, s’opère une diversification des activités. La prise en compte de « nouvelles » sources primaires (par exemple, l’inclusion dans le cadre des AMHE d’autres arts, telle la baïonnette) et la redécouverte de manuscrits favorisent l’apparition et la multiplication de pratiques jamais étudiées. Cette ouverture est perceptible dans le cadre des stages qui proposent, depuis quelques années, l’expérimentation de disciplines inédites ou auparavant peu valorisées. Il existe donc une propagation des disciplines martiales historiques, qui se diversifient. Par extension, de « nouveaux » instructeurs apparaissent lors des stages, issus du public récemment arrivé aux AMHE. Des thématiques nouvelles sont choisies par ces pratiquants qui cherchent une forme de légitimité pour devenir « enseignants » (parce que personne ne travaille sur ces sources, sur ces types d’armes, etc.) et une place dans le cercle restreint des instructeurs reconnus par le groupe comme des « experts ». Des tensions (boycott des ateliers, critiques émises via les forums, etc.) apparaissent : certains « anciens » ne reconnaissant pas de légitimité à cette nouvelle génération d’instructeurs autoproclamés. La fédération tente de pallier ces ruptures en travaillant sur la formation de ces publics.

14Ce phénomène est aussi lié à une intensification de la pratique relatives aux publics (Donnat & Octobre, 2001). Suite à l’institutionnalisation, des avantages sont perceptibles, en termes de lieux de pratique, d’heures et de séances (les associations peuvent avoir jusqu’à trois plages horaires dans la semaine, qu’elles consacrent à des activités différentes). Mais les AMHE connaissent aussi une augmentation du nombre de pratiquants. À l’heure actuelle, la fédération dénombre environ 1 000 personnes affiliées pour une cinquantaine d’associations. La pratique s’élargit. Le bouche-à-oreille est l’un des facteurs qui permettent l’adhésion de nouveaux pratiquants : il fonctionne au niveau inter-individuel, mais également au niveau associatif. De nouvelles structures se créent grâce à l’appui technique ou au soutien « moral » d’associations déjà existantes et reconnues dans le milieu des AMHE. Cela a été le cas, par exemple, pour un groupe constitué à Chalon, qui a bénéficié de l’aide de l’association De Taille et d’Estoc (DTE) de Dijon (plus grande association française en nombres d’adhérents). Ce soutien s’est manifesté par la présence de membres de DTE à la première session ainsi que par une promotion réalisée sur les réseaux sociaux.

15Les valeurs en tant que « préférences » du groupe sont ainsi supports d’échanges permanents et de transformation, faisant l’objet de « combinaisons » complexes (Boudon & Bourricaud, 2012, p. 665). À côté d’une démarche mettant en exergue le rapport aux sources historiques, apparaît peu à peu, depuis une dizaine d’années, une dimension sportive de la pratique. Ce phénomène est amplifié par l’institutionnalisation qui induit, à son tour, une massification de la pratique, mais aussi une diversification des approches. Apparaît, pour les instances fédératives, la nécessité d’étendre la pratique pour assurer son renouvellement. Cette diversification révèle bien un changement qui inclut de plus en plus une forte dimension physique, mais aussi un désir de découverte de nouvelles activités. Ces modifications conduisent à redéfinir la pratique.

2 – Une redéfinition de la pratique ?

2.1 – Une stratégie de communication

16Les transformations, induites par l’institutionnalisation et les préférences des nouveaux pratiquants, nécessitent une redéfinition de la pratique. Celle-ci passe d’abord par la communication faite par la fédération. Les instances dirigeantes (Conseil d’administration et Bureau) cherchent à montrer clairement le passage d’une activité communautaire, intime, à une pratique instituée et massifiée, afin d’obtenir une reconnaissance sociale, à la fois du grand public et des ministères. Pour ce faire, une commission « communication » a été créée au sein de la FFAMHE. La diffusion s’adresse autant aux AMHeurs qu’à l’extérieur du groupe. L’objectif est d’abord de faire adhérer les pratiquants à la fédération, d’un point de vue formel, mais aussi d’obtenir leur approbation quant aux actions menées par les dirigeants. Si ceux-ci ne se présentent pas, dans les discours, de cette manière, il n’en reste pas moins qu’il s’agit bien là du rôle qu’ils endossent. Ainsi, la newsletter de la FFAMHE, envoyée à tous les pratiquants inscrits, une fois par mois, vise à présenter le calendrier des stages, mais aussi à exposer des débats de fond, par les interviews retranscrites dans le bulletin ou les « éditos » proposés. Ont par exemple été abordées les thématiques de la compétition, de la pratique féminine, etc. Dans un deuxième temps, la commission vise à instaurer une communication à destination des politiques publiques, pour leur présenter une image cohérente de la pratique. Les AMHE doivent, pour ce faire, être clairement identifiés comme une activité prenant place dans le temps du loisir. La dimension sportive est un facilitateur pour faire reconnaître les arts du combat historique. Cette dynamique n’est pas propre aux AMHE et se retrouve dans d’autres pratiques sportives qui cherchent une légitimité (c’est, par exemple, le cas des Mixed martial Arts, tels que présentés par Delalandre & Collinet, 2013). La fédération insiste, par ailleurs, sur la « masse » des pratiquants en constante augmentation, notamment en présentant une carte de France des associations, régulièrement actualisée. La dimension sportive joue un rôle de régulation, afin de faciliter la compréhension de l’activité.

17Dans le même ordre d’idées, l’image de la pratique fait état d’une simplification. Ainsi, le symbole représentant les AMHE est l’épée longue. Elle peut faire l’objet d’un prix remis à la fin d’un tournoi (comme c’est, par exemple, le cas lors des Rencontres internationales de Dijon : le gagnant la conserve une année, avant de la remettre au suivant), mais elle est aussi, depuis la création de la fédération, le logo officiel des AMHE. Ce choix doit être compris comme un désir de rassembler l’activité derrière ce qui a toujours constitué la masse des pratiquants. L’épée longue est l’image renvoyée des AMHE à l’extérieur du groupe, mais aussi celle qui fait consensus pour les adhérents eux-mêmes. Pour autant, l’emploi de ce symbole masque la réalité plurielle de la pratique qui comprend non seulement d’autres disciplines, mais aussi d’autres outils (telles les sources primaires).

18La communication, en tant que moyen de faire (re)connaître les AMHE, est relativement récente, en particulier dans un cadre national. Chaque association est libre de mettre en place ses propres affiches, flyers, etc., afin de présenter l’activité et de faciliter l’adhésion ; au niveau fédéral, le souhait énoncé par les dirigeants est de présenter une image unifiée de la pratique, afin de permettre son identification par le grand public. Il n’en reste pas moins que les disciplines dépendant des AMHE forment une pluralité de pratiques, non évoquées dans les symboles utilisés.

2.2 – Des pratiques plurielles : des lutteurs aux rapiéristes

19La particularité des AMHE tient, en partie, à la diversité des disciplines englobées. En effet, les sources historiques, d’après lesquelles les pratiquants travaillent, traitent aussi bien de l’épée longue que de la lutte ou de la rapière. Chaque époque est certes bien distincte (les traités d’épée longue n’existent plus au XIXe siècle, par exemple), mais le point commun reste la distinction avec les sports dits « modernes ». L’IFHEMA (Fédération internationale d’AMHE) précise, à ce propos, que la caractéristique des arts du combat historique est de se détacher des pratiques sportives instituées et régulées dès le XIXe siècle.

20Pourtant, selon la technique choisie parmi la palette proposée des activités entrant dans le cadre des AMHE (lutte, dague, bâton, rapière, etc.), les logiques internes peuvent être divergentes. L’épée longue n’est ainsi plus la seule orientation possible et les pratiques de lutte (antique, médiévale ou du XIXe siècle) deviennent quantitativement importantes. Il est possible de mener une comparaison entre ces deux disciplines. Alors que l’épée longue cristallise l’ensemble des représentations associées aux AMHE, la lutte peut quelquefois être considérée, par certains pratiquants, comme étant une discipline « à part », en ce que l’affrontement n’est pas médiatisé par un outil. Par ailleurs, les rassemblements comprennent systématiquement un tournoi d’épée : les lutteurs peuvent aussi s’affronter, mais la régulation n’est pas de mise. Ainsi, les représentations de la pratique divergent selon la discipline, en particulier en ce qui concerne la place et le poids accordés aux assauts libres et aux compétitions. Il est fréquent que les AMHeurs prennent part à différentes activités, mais celles pratiquées avec assiduité restent proches dans leur forme. Les pratiquants d’épée longue trouvent ainsi une continuité logique à s’essayer à la rapière. De même, les règles fixées pour les assauts diffèrent, selon les sources étudiées, mais aussi au regard des attentes des pratiquants. De manière générale, en fonction des disciplines, c’est bien l’ensemble du rapport au corps qui est source de représentations plurielles. Les rapiéristes sont, par exemple, cibles de moqueries amicales concernant la manière de manier leur arme. Il est possible de faire l’hypothèse que chaque pratique renvoie à des représentations différentes du corps en jeu, induisant des valeurs divergentes dans le cadre de ces arts du combat. Pour autant, il n’existe pas de lien entre la place occupée par le corps (Clément, 1984) dans la pratique (corps-outil ou corps-esthétique), la place prise par les sources et la dimension historique. Autrement dit, le poids de l’étude des traités dans l’activité ne dépend pas de la discipline, mais davantage de l’orientation choisie : les AMHE comme pratique culturelle et physique ou impliquant une forte dimension d’affrontement et de compétition. Dans ce second cas, un point de désaccord existe au sein de la fédération et, plus largement, des pratiquants : ceux désignés comme des « compétiteurs » étant stigmatisés comme « sportifs » et non plus comme porteurs des valeurs premières des arts du combat historique. Pour autant, chaque rassemblement propose des compétitions (formelles, mais ponctuelles, sans classement national), auxquelles une grande part des pratiquants s’adonne. D’autres réflexions organisent également le champ d’application des AMHE, notamment la place de la pratique féminine, mais aussi le type de simulateurs utilisés lors des affrontements (lame en métal, en nylon, etc.).

21Ces représentations plurielles de la pratique agissent comme des valeurs nouvelles, parce qu’elles permettent une identification qui n’est plus unique, mais qui se décline selon des combinaisons variées. Ces « nouvelles » valeurs viennent se greffer aux anciennes. Un processus complexe de consensus au sein de la communauté émerge pour certaines d’entre elles (la finalité des stages, etc.) tandis que d’autres sont le fruit de tensions. L’enjeu est l’adhésion de l’ensemble des pratiquants à la nouvelle image véhiculée. En tant que « visions du monde » (Durkheim, 1992 ; Weber, 1992), les valeurs ne sont pas une somme de décisions individuelles, mais bien le fruit de « discussions, conflits, ou de compromis entre une pluralité d’acteurs […]. [Elles] “engagent” solidairement ceux qui y adhèrent » (Boudon & Bourricaud, 2012, p. 665). Le changement majeur a eu lieu dans les cinq dernières années, notamment avec la mise en place de la fédération. Il était toutefois perceptible auparavant, puisque des essais de création de fédération avaient déjà été proposés à la communauté quelques années plus tôt.

22Les interactions entre les individus et les préférences collectives permettent la transformation de ces valeurs et la création d’une nouvelle conception de la pratique. Le système des valeurs n’est pas figé, mais permet, au contraire, des transformations dans le champ social ; ces changements exogènes dépendent aussi de l’environnement dans lequel se place le système. En l’occurrence, la sportivisation des AMHE comme valeur « nouvelle » s’explique autant par un désir individuel de se professionnaliser ou de prendre part à des compétitions que par le contexte de la société des loisirs qui prône la dimension sportive comme part d’accomplissement de l’individu dans son temps libre.

2.3 – Les AMHE à l’aube de la normalisation ?

23Le changement qui s’opère dans les arts du combat historique induit non seulement l’apparition de nouvelles valeurs, en fonction des attentes des pratiquants, mais il cristallise aussi la transformation de certaines de ces valeurs en des normes. Autrement dit, un processus de normalisation de l’activité se met en place, relayé et encouragé par l’institutionnalisation. Il marque le passage d’un idéal à des manières de faire socialement instituées (Boudon & Bourricaud, 2012). En effet, en tant que « codes moraux inhérents à des pratiques particulières » qui « obligent » l’individu (Valade, 2012, p. 163), les normes deviennent des impératifs, imposés par l’entité fédérative, à laquelle adhèrent les pratiquants. Ces transformations ne se font pas sans heurts et il existe des résistances locales qui se manifestent soit par un refus d’adhésion à la FFAMHE, soit par un détachement et un repli sur la discipline choisie par l’association (lutte, bâton, etc.). Il faut relever l’importance du sens des actions (Boudon, 1999) des pratiquants : le repli sur une discipline spécifique qui fonctionne avec d’autres valeurs, mais aussi, à l’inverse, l’implication massive dans les travaux fédéraux, font état de stratégies de régulations du processus de normalisation. La distinction entre « sport » et « culture » cristallise l’ensemble des tensions et la dynamique normative se heurte à la définition même de la pratique qui n’est toujours pas, finalement, clairement établie. Malgré un consensus au sein de la communauté – qui a permis le dépôt officiel d’une délimitation de l’activité – le lien entre la pratique physique et culturelle reste sujet à tension. La définition des AMHE, volontairement large, ayant permis l’adhésion du plus grand nombre, est aujourd’hui ce qui pose problème à la fédération. À l’heure actuelle, malgré une institutionnalisation devenue incontournable, la pratique reste faiblement normée : toute volonté d’établir des règles se heurte à des dissensions et à un risque d’implosion de la dimension institutionnelle.

24La normalisation de la démarche est également rejetée car le « règlement », en tant que symbole d’encadrement d’une pratique physique, est associé, par les enquêtés, à une fixation de l’activité. Imposer un règlement unique pour les compétitions, c’est prendre le « risque » de détourner la dimension martiale au profit d’une sportivisation du geste. Ainsi, les pratiquants insistent sur la nécessité de ne pas laisser de côté certaines techniques qui fonctionneraient moins bien lors des assauts, mais qui sont pourtant présentes dans les traités historiques. C’est l’écart entre le jugement de fait et le jugement de valeur qui est ici en jeu, le second répondant aux attentes actuelles de la communauté-institution, tandis que le premier apparaît comme une dimension moderne, dépendante d’une pratique sportive, qui pose question dans le cadre des AMHE actuels (pensés comme une démarche de re-création de gestes passés).

25Le sens donné par les acteurs quant à leur refus d’une normalisation de la pratique ne pourrait-il s’expliquer dans le cadre d’une pratique post-moderne (Tapia, 2012) ? Les critiques émises touchent principalement aux aspects de la modernité qui imposeraient un sens unique aux AMHE (celui d’une pratique physique ou culturelle) : la recherche d’agrément dans les ministères du Sport et de la Culture aurait ainsi tendance à renforcer cette scission, dans laquelle ne se retrouvent pas les pratiquants. L’institutionnalisation qui a lieu depuis trois années n’a pas encore permis une normalisation de l’activité. Pour autant, un certain nombre de valeurs ont été mises par écrit, dans des documents officiels (charte « Compétition », charte « Patrimoine », guide des tests de coupe, recommandations de sécurité). Il n’en reste pas moins que les « nouvelles » valeurs, induites par l’institutionnalisation et l’intensification de la pratique ne font pas consensus. Par ailleurs, le support écrit ne suffit pas pour contraindre ou réguler.

26En conclusion, l’institutionnalisation des AMHE met en exergue des valeurs clés de la pratique qui sont au fondement du premier fonctionnement communautaire ; elle en fait également apparaître de nouvelles, induisant, par là même, des représentations plurielles. Il convient donc d’expliquer causalement l’apparition des normes et valeurs en fonction des contextes et des facteurs. Dans le cas précis des arts martiaux historiques, il est possible de relever des valeurs dominantes (régulant le statut du groupe, telles la nécessité du rapport au patrimoine historique et la mise en vie corporelle) et des valeurs « variantes », qui sont des perceptions de valeurs différentes de celles en vigueur, mais qui témoignent de la liberté des individus, de la marge de manœuvre et de l’indétermination du système (Boudon & Bourricaud, 2012, p. 668). Dans le cas des arts du combat historique, ces valeurs variantes sont celles en vigueur concernant les résistances locales, par exemple. Elles témoignent d’une appropriation par les individus du désir de normalisation de la fédération et de la flexibilité du système institutionnel, qui fonctionne encore sur le modèle communautaire ayant permis le développement des AMHE. Les préférences des acteurs sont ainsi toujours au centre de leur pratique : elles se manifestent autant au niveau individuel que fédéral et orientent les changements à venir.

27Finalement, les actions menées sur la scène internationale par l’IFHEMA pourraient conduire à normaliser la pratique. En effet, les dirigeants de cette entité, qui sont des membres éminemment (re)connus dans la communauté internationale, ont pour objectif de rassembler les différentes fédérations nationales et de proposer une forme d’harmonisation de l’activité. Pour ce faire, le discours tenu est celui d’une pratique autonome (comme valeur centrale), relevant autant d’une dimension martiale (qui engloberait la valeur « culturelle ») que sportive. L’enjeu, pour l’IFHEMA, est donc une communication massive afin d’occuper une place à l’international dans la constitution d’une pratique unifiée.

28Ainsi, la réflexion portant sur les valeurs et les innovations ne se limite pas au cadre des AMHE français, mais peut permettre d’illustrer les processus d’institutionnalisation des pratiques traditionnelles (par exemple, la soule : Fournier, 2009 ; ou les joutes languedociennes : Pruneau, 2003 ; etc.), ceux des « nouvelles » activités, portées par la vague du free et du fun (freerun, freeride, etc.) et, enfin, ceux à l’œuvre dans les disciplines martiales moins médiatisées (MMA, AMHE à l’international, etc.). En effet, les changements perceptibles en quelques années concernant les valeurs véhiculées par l’activité « AMHE » facilitent sa redéfinition actuelle. Ce cheminement n’est pas exclusif et les préférences des acteurs peuvent être prises en considération afin d’éclairer les transformations structurelles des activités physiques qui connaissent un phénomène de sportivisation.

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Mots-clés éditeurs : AMHE, normalisation, institutionnalisation, re-création, communauté

Date de mise en ligne : 16/10/2015

https://doi.org/10.3917/sta.107.0033

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