Staps 2014/2 n° 104

Couverture de STA_104

Article de revue

Vers une explication interactionniste du développement de l'excellence sportive

Pages 23 à 38

1 – Introduction

1L’atteinte de l’expertise a toujours été une quête hautement valorisée par la société. Afin de mieux comprendre ce phénomène dans le domaine sportif, plusieurs chercheurs se sont intéressés aux différents facteurs possiblement impliqués dans l’accomplissement de performances exceptionnelles (Starkes &Ericsson, 2003). Tous n’ayant pas emprunté le même chemin, l’exploration de l’excellence sportive a déclenché, au cours des dernières décennies, un débat important entre le rôle de l’environnement (Ericsson, 2006 ; Ericsson, Krampe, &Tesch-Roemer, 1993), de la génétique (Bouchard, Malina, &Perusse, 1997 ; Bray et al., 2009 ; Klissouras et al., 2001 ; Singer &Janelle, 1999) et des caractéristiques psychologiques (Durand-Bush &Salmela, 2002 ; Gould, Dieffenbach, &Moffatt, 2002 ; MacNamara, Button, &Collins, 2010 ; Orlick &Partington, 1988).

2Ces différentes visions prises individuellement ne parvenant pas à expliquer l’ensemble du phénomène, il est aujourd’hui nécessaire de faire le point sur la recherche portant sur l’expertise dans le domaine sportif. Afin de faire évoluer le débat, cet article vise donc à présenter, puis à mettre en relation les différents concepts liés au développement de l’excellence. Parallèlement, les forces et les limites méthodologiques seront décrites de façon à tracer le portrait le plus précis possible des avancées de la recherche. Pour conclure cet article, une approche interactionniste sera proposée et de nouvelles pistes de recherches seront suggérées.

2 – Approche environnementaliste

2.1 – Pratique délibérée

3Afin d’atteindre l’excellence dans un domaine, il est primordial de s’investir dans de nombreuses heures de pratique. Pour le chercheur Anders Ericsson et ses collègues (1993), la quantité et la qualité de cette pratique, qu’il nomme pratique délibérée, seraient les seuls facteurs capables de mener un individu vers l’excellence

4Suite à l’exploration exhaustive de l’expertise dans divers domaines, Ericsson est parvenu, au fil du temps, à élaborer une définition assez précise de son concept. Premièrement, l’engagement dans la pratique doit être motivé par un désir intense d’optimisation de la performance. Cette pratique requiert ensuite un très haut niveau d’effort et de concentration. Par conséquent, comme elle s’avère très exigeante, celle-ci n’est pas nécessairement très plaisante (Ericsson et al., 1993). Les tâches pratiquées par l’athlète doivent être définies par des objectifs clairs, l’athlète doit recevoir des rétroactions suffisantes et pertinentes et avoir l’opportunité de pratiquer amplement (Ericsson, 2003). De plus, de nos jours, le développement de l’expertise exige la présence d’entraîneurs compétents et d’un équipement adéquat (Ericsson, 2006). Enfin, l’individu désirant atteindre un niveau supérieur d’expertise doit, contrairement à la majorité des gens, focaliser sa pratique sur les éléments qui ne sont pas encore maîtrisés plutôt que sur ceux qu’il maîtrise facilement (Ericsson, Prietula, & Cokely, 2008).

5La quantité de pratique délibérée nécessaire à l’atteinte de l’expertise a d’abord été explorée auprès de musiciens de différents niveaux à l’aide d’une méthode d’entrevues rétrospectives (Ericsson et al., 1993). L’analyse des données montre que, tout au long de leur carrière, les musiciens experts ont accumulé presque deux fois plus d’heures de pratique individuelle que les musiciens amateurs, pour ainsi cumuler près de 10 000 heures de pratique délibérée. Ce résultat confirme donc la règle, préalablement établie par Simon et Chase (1973), selon laquelle mille heures de pratique délibérée par année seraient nécessaires, et ce sur une période de dix ans afin de devenir un expert dans n’importe quel domaine.

6De plus, lors de la mesure des habiletés, les musiciens experts ont démontré des performances supérieures uniquement dans les tâches étant en lien direct avec leur domaine d’expertise (musical performance task). En effet, aucune différence significative entre les deux groupes n’a été démontrée lors des tâches de transfert (complex movement coordination task). Ces résultats permettent aux chercheurs de conclure que le niveau d’habileté d’un individu est directement, voire exclusivement, lié à la quantité de pratique délibérée dans laquelle celui-ci s’est investi et que le talent inné, c’est-à-dire la prédisposition naturelle au succès dans un domaine spécifique, n’aurait que très peu d’influence (Ericsson, 2003, 2006 ; Ericsson et al., 1993 ; Ericsson, Roring, & Nandagopal, 2007).

2.1.1 – Méthode d’entrevue rétrospective adaptée au sport

7La théorie de la pratique délibérée a rapidement soulevé certains questionnements dans le domaine sportif. Afin de rendre la méthode d’entrevue rétrospective (Ericsson et al., 1993) pertinente au domaine sportif, celle-ci a été adaptée et transformée en différents questionnaires (Hodges & Starkes, 1996). Tout comme pour les musiciens, les athlètes devaient d’abord fournir des informations biographiques et répertorier le temps accordé aux activités d’entraînement en lien ou non avec leur sport pour une semaine régulière d’entraînement, et ce pour chaque étape de leur carrière (initiation, spécialisation et investissement). Ensuite, en collaboration avec les entraîneurs, une liste des activités d’entraînement a été élaborée puis évaluée par les athlètes en termes de pertinence pour l’amélioration de la performance, de niveau de concentration, d’effort physique et d’appréciation de l’activité (Starkes, 2000). Afin de s’assurer de la validité des données, certaines études ont utilisé le journal de bord dans le but de corréler le nombre d’heures estimées, de façon rétrospective, et le nombre d’heures réellement investies dans l’entraînement (Ericsson et al., 1993 ; Helsen, Starkes, & Hodges, 1998 ; Hodges & Starkes, 1996). D’autres études ont plutôt comparé les données rapportées par les athlètes avec celles rapportées par leurs entraîneurs (Hodge & Deakin, 1998).

2.1.2 – La quantité de pratique délibérée dans le sport

8Initialement, les résultats de la plupart des études ayant eu recours à cette méthodologie ont montré que les athlètes ayant atteint un niveau de performance supérieur ont également accumulé une quantité plus importante d’entraînement délibéré. Que ce soit dans des sports individuels tels la lutte (Hodges & Starkes, 1996), le karaté (Hodge & Deakin, 1998), le patinage artistique (Deakin & Cobley, 2003) ou encore, dans des sports d’équipe tels le football et le hockey sur gazon (Helsen et al., 1998), les résultats supportent tous le modèle unidimensionnel de la pratique délibérée d’Ericsson. En fait, Starkes (2000) constate que peu importe l’âge auquel les enfants sont initiés à l’activité dans laquelle ils s’engageront, le développement de l’expertise est semblable dans tous les domaines.

2.1.3 – Évolution de la méthode d’entrevue rétrospective

9Plus récemment, une nouvelle méthode d’entrevue rétrospective fut élaborée par Côté et ses collègues (2005) afin de décrire le développement de l’expertise en sport. Cette procédure permet de récolter des informations sur les accomplissements des athlètes ainsi que sur les facteurs pouvant influencer la performance comme l’implication dans d’autres sports, les blessures, la croissance et les ressources nécessaires à un entraînement de qualité. Selon ces chercheurs, en procédant par des entrevues à questions ouvertes, les participants peuvent répondre de façon plus précise et fiable que lorsqu’ils sont forcés à modifier leur réponse pour répondre à un questionnaire.

2.2 – D’autres aspects environnementaux et sociaux pertinents au débat

10Bien que plusieurs études ayant utilisé cette nouvelle méthode en sont arrivées aux mêmes conclusions qu’Ericsson et ses collègues (1993) concernant l’influence de la quantité de pratique délibérée sur le développement de l’expertise, plusieurs nouvelles informations pertinentes ont pu être récoltées, contribuant ainsi à l’approfondissement de nos connaissances sur le volet environnemental et social de ce phénomène (Berry, Abernethy, & Côté, 2008 ; Bruce, Farrow, & Raynor, 2013 ; Ford, Low, McRobert, & Williams, 2010 ; Law, Cote, & Ericsson, 2007 ; Ward, Hodges, Starkes, & Williams, 2007).

2.2.1 – L’impact des blessures sur le plaisir

11Par exemple, les résultats d’une étude menée auprès de gymnastes artistiques féminines ont montré que les gymnastes olympiques sont en moins bonne santé et plus souvent blessées que les gymnastes internationales, ce qui pourrait expliquer leur faible niveau de plaisir à pratiquer l’activité même si cela n’affecte pas leur performance finale (Law et al., 2007). En fait, les gymnastes olympiques seraient plus motivées par l’amélioration qu’entraîne l’engagement dans la pratique délibérée que par l’activité elle-même, ce qui concorde tout à fait avec les résultats obtenus par Ericsson et ses collègues (2003).

2.2.2 – Opportunité liée à la génération

12Les résultats d’une autre étude, cette fois-ci menée auprès de joueuses de netball, ont montré que les athlètes en développement avaient atteint certaines étapes importantes du développement sportif à un plus jeune âge que les athlètes ayant déjà atteint l’expertise sportive au moment de la collecte des données. Cela pourrait s’expliquer par la nature changeante de la participation sportive due à l’accroissement de la popularité de ce sport dans le pays visé par l’étude. Ainsi, la nouvelle génération, étant davantage exposée au netball que la génération précédente, a développé ses habiletés plus rapidement et, par le fait même, a franchi les étapes du développement sportif hâtivement (Bruce et al., 2013).

13Ce résultat sous-tend plusieurs aspects environnementaux et sociaux largement ignorés dans la théorie de la pratique délibérée. D’abord, tout comme le démontre l’étude de Bruce et ses collègues (2013), les opportunités liées à la génération d’un individu influenceraient, de façon importante, le développement de l’expertise dans un domaine visé. Gladwell (2008), dans un ouvrage portant sur les talents exceptionnels, fait la démonstration que plusieurs histoires à succès sont influencées par les tendances et les avancées de la génération dans laquelle un individu est né. Par exemple, il était plus probable que vous deveniez un magnat du logiciel si vous êtes né dans le milieu des années 1950, car un essor incroyable dans ce domaine a vu le jour à peine deux décennies après votre naissance, moment où vous deviez faire votre choix de carrière.

2.2.3 – L’effet de l’âge relatif et du lieu de naissance

14Dans le même ordre d’idées, l’âge relatif, c’est-à-dire l’âge d’un enfant relativement à la date de division des différentes catégories dans un sport donné, influencerait de façon importante le développement de l’expertise. En regroupant les enfants selon leur âge à une date fixe, un écart possible de 12 mois sépare les plus jeunes athlètes des plus vieux dans une même équipe. La variation en termes de développement physique et cognitif surtout au moment de la puberté devient alors un enjeu important (Cobley, Baker, Wattie, & McKenna, 2009). Les joueurs plus vieux étant davantage perçus comme des « talents potentiels » sont sélectionnés plus rapidement dans les équipes élites et ont, par le fait même, accès à des conditions d’entraînement plus favorables, ce qui augmente leur chance d’atteindre les niveaux supérieurs (Carling, Le Gall, Reilly, & Williams, 2009 ; Gladwell, 2008 ; Helsen, Van Winckel, & Williams, 2005). Les résultats d’une étude ont d’ailleurs montré que les joueurs américains et canadiens de la Ligue nationale de hockey (LNH) ainsi que les joueurs américains de la Ligue majeure de base-ball (MLB) nés dans le premier quart de l’année sportive sont surreprésentés comparativement aux joueurs nés dans le dernier quart (Côté, McDonald, Baker, & Abernethy, 2006).

15Toutefois, il est important de mentionner que cette même étude souligne que les facteurs environnementaux associés au lieu de naissance auraient une influence encore plus importante que l’effet de l’âge relatif sur l’accomplissement de performance sportive élite. Notamment, les résultats démontrent que les athlètes nés dans des villes de moins de 500 000 habitants seraient plus représentés dans la LNH, la MLB, mais également dans l’Association nationale de basket-ball (NBA) et l’Association professionnelle des golfeurs (PGA) que les joueurs nés dans des villes de plus de 500 000 habitants (Côté et al., 2006). Ce résultat peut s’expliquer par le fait que, dans de plus petites villes (entre 1 000 et 500 000 habitants), le sport est moins structuré, plus naturel, et peut se pratiquer dans un environnement plus spacieux et sécuritaire, ce qui facilite la pratique d’activités physiques variées, et ce durant de plus longues heures et à un plus jeune âge (Baker, Côté, & Abernethy, 2003 ; Soberlak & Côté, 2003).

2.2.4 – Le jeu délibéré

16En lien avec les conclusions de la précédente étude, Berry et ses collègues (2008), dans une étude visant à tracer l’historique du développement athlétique de joueurs de football experts (prise de décision efficace) et non experts (moins bonne prise de décision), ont conclu que bien que la quantité de pratique délibérée accumulée par les joueurs experts soit significativement plus élevée que celle des joueurs non experts, ce facteur ne serait peut-être pas le seul capable de distinguer les deux groupes d’athlètes. En effet, les résultats ont démontré que les joueurs capables de prendre de meilleures décisions dans l’action avaient, tout au long de leur développement, accumulé une quantité significativement plus importante de jeu délibéré. Selon Côté et ses collègues (2007), le jeu délibéré se définit comme une forme d’activité sportive qui implique des activités à la base du développement sportif qui sont intrinsèquement motivantes, procurent une rétroaction immédiate et sont conçues spécialement pour le plaisir. Plusieurs évidences suggèrent d’ailleurs que, tout comme la pratique délibérée, le jeu délibéré pourrait contribuer significativement au développement de l’expertise sportive surtout en ce qui concerne le développement de la perception et de la prise de décision (Baker et al., 2003 ; Memmert, Baker, & Bertsch, 2010 ; Soberlak & Côté, 2003).

2.3 – Critique de la théorie de la pratique délibérée

17Johnson et ses collègues (2006, 2008) remettent également en doute l’unique influence de la pratique délibérée en ce qui concerne le développement de l’excellence sportive. Dans une première étude conduite auprès de nageurs américains élites et sous-élites, la différence entre le nombre d’heures d’entraînement délibéré intragroupe s’est avérée plus importante que la différence intergroupe (Johnson et al., 2006). Ce résultat allant à l’encontre de la théorie de la pratique délibérée, une autre étude a été menée, auprès de la même population, dans le but d’expliquer ces résultats. Suite à l’analyse d’entrevues menées auprès des athlètes, mais également des entraîneurs et des parents, les chercheurs ont conclu que bien que les athlètes élites partagent certaines caractéristiques communes telles l’utilisation de stratégies de « coping » pertinentes, un niveau élevé d’auto-efficacité et un entourage positif, il n’en est pas moins que chaque individu est unique et que plusieurs options demeurent possibles pour atteindre l’excellence sportive (Johnson et al., 2008).

18Plusieurs autres études abondent dans le même sens en critiquant l’unidimensionnalité de la théorie de l’entraînement délibéré (Davids, 2000 ; Phillips, Davids, Renshaw, & Portus, 2010 ; Runco, 2007). C’est le cas de Davids (2000), qui critique sévèrement la méthode rétrospective employée dans les études sur le développement de l’expertise, stipulant que celle-ci ne permet pas de différencier de façon univoque des groupes de niveaux d’expertise variés. En fait, comme les participants de certaines études utilisant cette méthode (Ericsson et al., 1993 ; Hodges & Starkes, 1996) devaient tenir un journal de bord, le nombre d’heures estimées lors de l’entretien et le nombre d’heures inscrites dans ce journal ont pu être comparés. Les résultats ont démontré une différence significative allant jusqu’à 35,2 % entre les heures de pratique estimées et le temps réellement investi dans la pratique délibérée, ce qui équivaut à la différence intergroupe (Davids, 2000).

19D’autres soulignent certaines incongruités entre différents aspects de la définition de la pratique délibérée et le contexte sportif (Deakin & Cobley, 2003 ; Helsen et al., 1998 ; Phillips et al., 2010). Suite à une étude sur les microstructures d’entraînement, les résultats ont montré que les athlètes élites accordent plus de temps à la pratique des habiletés déjà acquises plutôt qu’aux habiletés en développement, dédient une partie importante de leur temps aux activités d’équipe et de groupe et semblent apprécier plusieurs facettes de l’entraînement, toutes des caractéristiques qui ne concordent pas avec la définition de la pratique délibérée (Deakin & Cobley, 2003). En fait, selon Weissensteiner et ses collègues (2008), l’étude du « type » d’entraînement favorable au développement de l’expertise dans chaque sport serait une avenue plus prometteuse que la comptabilisation du nombre d’heures d’entraînement, car celle-ci ne représente qu’un modeste pourcentage de la variation du niveau d’expertise.

20La théorie de la pratique délibérée, classifiée par Starkes (2000) comme étant « très environnementaliste », n’étant pas en mesure d’expliquer à elle seule le développement de l’excellence sportive, il est important de connaître les autres facteurs possiblement impliqués dans ce phénomène. En fait, Phillips et ses collègues (Phillips et al., 2010) déplorent la trop grande importance accordée au rôle de l’environnement dans l’acquisition de l’expertise en sport et suggèrent une exploration multidimensionnelle plus approfondie.

3 – La génétique

21Dans le sport, contrairement à d’autres champs d’expertise, la morphologie, la physiologie, le métabolisme et la biomécanique ont une influence importante sur le niveau d’habileté des athlètes (Bouchard et al., 1997). Bien que ces caractéristiques puissent être modifiées avec l’entraînement, selon Klissouras (2001), ce processus ne peut modifier le phénotype au-delà des limites établies par le génotype et n’effacera jamais les différences individuelles dues au talent inné. Ces propos concordent avec ceux de Singer et Janelle (1999) qui stipulent que la prédisposition au succès dans le sport débute d’abord par l’hérédité.

22Deux stratégies ont davantage été utilisées afin de mesurer l’impact de la génétique sur le phénotype. La première consiste en l’étude de jumeaux ou encore des membres d’une même famille tandis que la seconde stratégie mesure directement les variations génétiques au niveau de l’ADN (Klissouras, 2001).

23L’approche MISTRA (Minnesota Study of Twins Reared Apart), portant sur des jumeaux monozygotes et dizygotes séparés lors de l’enfance, a initialement été un choix de prédilection des recherches portant sur la génétique. Les résultats d’études ayant utilisé cette méthode ont montré que les facteurs génétiques exercent une influence majeure sur la variation du comportement, car bien que séparés à la naissance, les jumeaux présentaient des ressemblances marquantes au niveau de la personnalité, du tempérament, des intérêts et des aptitudes sociales (Bouchard et al., 1997).

24Les études s’appuyant sur le modèle HERITAGE ont également suscité beaucoup d’intérêt dans l’étude de la génétique en lien avec la pratique d’activité physique. Les résultats obtenus par ces études, qui consistent en la passation de différents tests de santé (questionnaires, mesures anthropométriques et test de sang) au sein de familles sédentaires, indiquent que plusieurs variables liées à la performance sont contraintes par la génétique. Par exemple, une étude ayant pour but l’investigation des ressemblances au niveau du VO2max suggère qu’une partie importante de cette similitude est attribuable aux facteurs génétiques (Bouchard et al., 1998).

25Puis, de façon plus spécifique, un rapport regroupant plusieurs études a montré une association significative entre le génotype ACTN3 et la performance athlétique (Yang et al., 2003). Selon ces auteurs, les sprinteurs élites auraient une fréquence significativement plus élevée de l’allèle 577R que les individus des groupes de contrôle. Ce résultat suggère que la présence d’alpha-actinin-3 a un effet bénéfique sur la fonction des muscles squelettiques dans la génération d’une force de contraction à haute vitesse, ce qui rend les coureurs plus rapides. Cette étude conclut qu’il y aurait des différences génétiques entre les individus qui peuvent être des prédicteurs importants de la performance athlétique au niveau élite.

26Plus récemment, une méta-analyse répertoriant plus de 356 études menées en 2006-2007 a révélé une influence positive de différents gènes sur une variété d’aspects directement liés à la performance physique tels l’endurance cardiorespiratoire, la force musculaire ainsi que la tolérance à l’exercice (Bray et al., 2009). Notamment, suivant l’hypothèse selon laquelle l’enzyme ACE I/D polymorphique représenterait un des facteurs génétiques associés à l’excellence sportive, Hruskovicova et ses collègues (2006) ont mené une étude dans le but de vérifier le lien entre cette enzyme et les performances d’endurance. Les résultats rapportent effectivement une différence significative entre le génotype et la distribution de l’allèle des marathoniens élites et celui d’un groupe de contrôle composé d’individus sédentaires.

3.1 – Limites des études portant sur la génétique

27Plusieurs faiblesses sont liées aux études qui examinent le lien entre la génétique et la performance. En premier lieu, plusieurs études ont utilisé des jumeaux comme sujets, ce qui rend, par la suite, les résultats difficilement généralisables à d’autres populations. Ensuite, les recherches ayant utilisé le modèle HERITAGE examinent plutôt des sujets issus de la population générale et transfèrent leurs conclusions à des groupes plus précis de la population. Cela représente une limite importante, car comme les athlètes s’entraînent sur de longues périodes de temps, leur corps doit constamment s’adapter aux changements physiologiques et cognitifs afin d’augmenter la performance. Cette capacité d’adaptation n’est pas encore bien comprise par les chercheurs et pourrait influencer de façon importante les liens entre la génétique et les performances sportives (Baker & Horton, 2004).

28Enfin, il est essentiel de noter que, sur l’ensemble des études ayant observé l’effet du gène ACE sur la performance sportive, toutes ne sont pas unanimes. Il est donc impossible de conclure avec certitude si ce dernier est vraiment impliqué dans les variations entourant les performances sportives. Cela s’explique principalement par la faible puissance statistique des études ayant obtenu des résultats positifs ainsi que par le fait que plusieurs études négatives demeurent non publiées (Bray et al., 2009).

29Finalement, une étude portant sur deux jumeaux identiques soulève un aspect intéressant du débat entourant l’excellence sportive. En effet, malgré la similitude de l’environnement entourant les deux individus ainsi qu’une génétique identique, un des jumeaux a réussi à décrocher trois médailles olympiques, dont une d’or, tandis que l’autre n’a obtenu qu’une onzième place. Suite à la passation de différents tests (physiques, physiologiques, psychologiques), les résultats ont montré des différences négligeables en ce qui a trait aux attributs physiologiques, mais une divergence importante au niveau des traits de personnalité. Le jumeau ayant connu le plus de succès a, en effet, obtenu un bien meilleur résultat lors du test psychométrique mesurant la gestion de la colère (State-trait anger expression inventory). Ces résultats suggèrent donc que, bien que les prédispositions génétiques et l’entraînement physique intensif soient des éléments essentiels au développement athlétique, le succès pourrait être largement influencé par les caractéristiques psychologiques (Klissouras et al., 2001).

4 – Caractéristiques psychologiques des athlètes élites

30« Le succès dépend de l’état psychologique de l’athlète, pas des installations l’entourant », stipule Stephen Francis fondateur du MVP Track and Field club situé à Kingston en Jamaïque et site d’entraînement de plusieurs champions mondiaux et olympiques en athlétisme (Ankerson, 2012). C’est avec cette idée en tête que plusieurs chercheurs ont mené des recherches dans le but de décrire les aspects psychologiques caractérisant les athlètes élites (d’Arripe-Longueville, Hars, Debois, & Calmels, 2009 ; Durand-Bush & Salmela, 2002 ; Gould et al., 2002 ; Greenleaf, Gould, & Dieffenbach, 2001 ; MacNamara, Button, & Collins, 2010 ; Orlick & Partington, 1988 ; Williams & Krane, 2001).

4.1 – Description de la méthodologie employée

31Afin d’être en mesure de décrire de façon exhaustive les caractéristiques psychologiques des athlètes, les chercheurs ont, pour la plupart, opté pour une méthodologie qualitative, parfois accompagnée d’une composante quantitative (méthode mixte). Le tableau 1 présente les études portant sur le développement des caractéristiques psychologiques, notamment en ce qui a trait aux participants, à la méthode et aux instruments utilisés. Il est ainsi possible de constater que les études présentent plusieurs similitudes. Premièrement, toutes les études ont utilisé des sujets d’une grande qualité, c’est-à-dire des athlètes ayant atteint un très haut niveau d’expertise. Ensuite, les chercheurs ont, pour la plupart, préféré interroger des athlètes pratiquant différents sports plutôt que de se concentrer sur une discipline unique. Enfin, les études ont toutes opté pour les entrevues comme principal instrument de mesure afin de collecter les données. Bien que l’approche de ces études soit similaire et que leurs conclusions concordent, des différences intéressantes ont été répertoriées dans chacune d’elles.

4.2 – Résumé des études portant sur le développement des caractéristiques psychologiques

32Orlick et Partington (1988) ont été parmi les premiers à explorer l’aspect psychologique des athlètes olympiques de façon qualitative. L’analyse des données découlant des entrevues a permis d’identifier ce qu’ils nomment les « éléments du succès ». Notamment, les athlètes ont mentionné avoir appris, tout au long de leur carrière, à s’entraîner de façon optimale, à se dévouer à leur sport, à simuler, à imaginer, à se fixer des objectifs quotidiens, à planifier la compétition, à focaliser leur attention et à éliminer les distractions. D’ailleurs, certains d’entre eux ont mentionné qu’ils auraient pu atteindre le sommet de leur performance bien avant s’ils avaient travaillé à améliorer leurs habiletés mentales plus tôt dans leur carrière.

Tableau 1

Méthodologie des études portant sur les caractéristiques psychologiques des athlètes élites

Tableau 1
Études Participants Pays représenté Niveaux Type de sport Type d’étude et instruments Orlick & Partington (1988) 75 athlètes (entrevues) 160 athlètes (questionnaires) Olympique (plusieurs médaillés) Entrevue : 17 sports olympiques d’été et d’hiver Questionnaire : 31 sports olympiques, dont 23 d’été Qualitative : entrevues Quantitative : questionnaires Canadiens Greenleaf et al. (2001) 15 athlètes Olympiques (plusieurs médaillés) 11 différents sports individuels et 3 sports d’équipe (été et hiver) Qualitative : entrevues Américains Gould et al. (2002) 10 athlètes 10 entraîneurs 10 parents ou proches Champions olympiques Différents sports olympiques (ski, lutte, natation, hockey sur glace, patinage de vitesse et athlétisme) Qualitative : entrevues Quantitative : 7 tests psychométriques Américains Durand-Bush & Salmela (2002) 10 athlètes Champions olympiques ou mondiaux à deux reprises 1 sport d’équipe (hockey) et 7 sports individuels (patinage de vitesse, lutte, course, ski, nage synchronisée, bobsleigh et natation) Qualitative : entrevues Non spécifié D’Arripe-Longueville et al. (2009) 14 athlètes International (équipe nationale) gymnastique Qualitative : entrevues Français MacNamara et al. (2010) 7 athlètes 7 parents International (plusieurs médaillés olympiques) Curling, hockey sur glace, javelot, judo et aviron Qualitative : entrevues

Méthodologie des études portant sur les caractéristiques psychologiques des athlètes élites

33De façon similaire, les résultats d’une autre étude suggèrent que l’entraînement des habiletés psychologiques avec l’aide d’un psychologue sportif, la confiance et la présence de routine d’entraînement et de préparation représentent des facteurs favorisant la performance (Greenleaf et al., 2001). À l’inverse, le fait de ne pas pouvoir mettre en place la routine habituelle a été l’élément identifié le plus souvent comme nuisible à la performance.

34Gould et ses collègues (2002), dans une étude utilisant une méthodologie mixte, ont, pour leur part, identifié 12 caractéristiques psychologiques principales chez les athlètes élites : (1) l’habileté à s’adapter et à contrôler l’anxiété, (2) la confiance, (3) la force mentale/résilience, (4) l’intelligence sportive, (5) l’habileté à se concentrer et à bloquer les distractions, (6) la compétitivité, (7) l’éthique de travail, (8) l’habileté à se fixer des objectifs et à les atteindre, (9) la capacité à se faire entraîner, (10) le niveau d’espoir, (11) l’optimisme, (12) le perfectionnisme adapté. Parmi ces caractéristiques, la concentration est l’habileté psychologique qui a été la plus citée par les athlètes et la confiance est celle qui a reçu le plus haut score lors de la passation des tests.

35Il est également important de comprendre que les caractéristiques psychologiques ne se développent pas simultanément et ne requièrent pas toutes la même importance dépendamment du stade de développement de l’athlète. À cet effet, Durand-Bush et Salmela (2002) ont identifié certaines caractéristiques communes aux athlètes lors des phases d’investissement et de maintenance, soit les deux dernières phases du développement athlétique. À ce stade, les athlètes ont confiance en leurs capacités de réussir et sont motivés à s’entraîner dans le but de devenir les meilleurs. L’utilisation du discours interne positif ainsi que la fixation d’objectifs deviennent alors des outils de préparation mentale privilégiés par les athlètes élites. Enfin, lors de la phase de maintenance, les athlètes ont identifié la créativité et l’innovation comme étant des construits essentiels au développement de nouvelles stratégies et habiletés afin de conserver une avance sur leurs adversaires.

36MacNamara, Button et Collins (2010) ont également abordé la question du rôle des caractéristiques psychologiques d’une façon évolutive. Selon ces chercheurs, ce serait d’abord la nature compétitive des individus accompagnée d’un entourage familial fortement impliqué dans le sport qui seraient à l’origine de l’investissement sportif. Par la suite, le désir de démontrer leurs habiletés, la capacité à travailler leurs faiblesses, la confiance, la détermination, l’utilisation d’imagerie mentale et le dévouement vers l’excellence seraient les caractéristiques permettant aux athlètes de progresser dans le sport. Enfin, des caractéristiques telles que la capacité à gérer la pression, la fixation d’objectifs réalistes et la capacité à sortir de la zone de confort permettent aux athlètes de conserver leur performance à un niveau optimal.

Tableau 2

Résumé des études portant sur les caractéristiques psychologiques des athlètes élites

Tableau 2
Études États psychologiques/émotionnels Stratégies cognitives et comportementales Disposition personnelle (Orlick & Partington, 1988) Dévouement au sport Focus Imagerie mentale Fixation d’objectifs Entraînement de qualité (Greenleaf et al., 2001) Confiance Focus Dévouement Routine Préparation mentale (Gould et al., 2002) Focus Confiance Force mentale Gestion de l’anxiété Fixation d’objectifs Intelligence sportive Perfectionnisme Capacité à se faire entraîner Optimisme (Durand-Bush & Salmela, 2002) Confiance Motivation Persévérance Qualité de l’entraînement Préparation mentale Discours interne positif Fixation d’objectifs Créativité et innovation (D’Arripe-Longueville, Hars, Debois, & Calmels, 2009) Dévouement Focus Persévérance Détermination Confiance Tolérance à la douleur Gestion de l’anxiété/pression Imagerie Fixation d’objectifs Discours interne Activation/relaxation Intelligence sportive (MacNamara et al., 2010) Dévouement (progression) Motivation (progression) Confiance (progression) Détermination Travailler sur les faiblesses Imagerie Gestion de la pression (performance) Compétitivité (initiation)

Résumé des études portant sur les caractéristiques psychologiques des athlètes élites

37Suite à l’analyse des données des entrevues effectuées auprès de gymnastes élites, d’Arripe-Longueville et ses collègues (d’Arripe-Longueville et al., 2009) ont conclu que l’ensemble des gymnastes développent trois types d’habiletés psychologiques lors de leur carrière : (1) les habiletés motivationnelles (dévouement, persistance, confiance, etc.), (2) les habiletés cognitives (focus, imagerie, fixation d’objectifs, etc.) et (3) les habiletés affectives et psychosomatiques (relaxation, tolérance à la douleur, activation, etc.). De façon similaire, une revue de la littérature portant sur la préparation psychologique préalable aux Jeux olympiques a élaboré une taxonomie classifiant les caractéristiques psychologiques en trois catégories soit l’état/attribut psychologique et émotionnel, les stratégies cognitives et comportementales et les dispositions personnelles (Gould & Maynard, 2009). Nous utiliserons cette taxonomie afin de résumer les résultats des différentes études sur les caractéristiques psychologiques des athlètes élites.

38En résumé, les athlètes élites semblent posséder des caractéristiques psychologiques particulières leur permettant d’accomplir ces exploits sportifs. Comme il est possible de le constater dans le tableau 2, la confiance, la concentration et le dévouement sont des caractéristiques psychologiques souvent identifiées comme favorables au développement athlétique dans les différentes études. De plus, la fixation d’objectifs et l’utilisation d’imagerie mentale semblent être deux stratégies cognitives couramment utilisées afin d’optimiser la performance. (Williams & Krane, 2001).

4.3 – Limites de la méthodologie qualitative utilisée

39Tout d’abord, excepté l’étude de Orlick et Partington (1988), les études présentées ci-dessus ont toutes utilisé de très petits échantillons (entre 10 et 15 athlètes), ce qui rend les résultats difficilement généralisables à l’ensemble des athlètes élites. Cependant, comme toutes les études répertoriées dans cet article semblent aller dans la même direction, il est possible de croire à l’existence d’un lien entre les caractéristiques psychologiques et l’atteinte d’une performance de haut niveau. Ensuite, l’absence de groupe de contrôle représente une limite méthodologique importante. En effet, comme les résultats n’ont pas été comparés avec des groupes d’athlètes de niveau inférieur, il est difficile de conclure avec certitude que les caractéristiques psychologiques recensées par les études sont uniques aux athlètes élites. Enfin, tout comme la méthodologie utilisée pour l’approche environnementaliste, l’approche rétrospective utilisée lors des entrevues peut présenter des biais liés à la mémoire des athlètes.

5 – L’approche interactionniste

40Le but du présent article était d’explorer le débat entourant le développement de l’excellence sportive. Nous avons donc passé en revue les différentes études et théories concernant les aspects environnementaux, génétiques et psychologiques. Force est de constater qu’aucune de ces théories, prises individuellement, ne semble être capable de fournir une solution satisfaisante au débat. Serait-il possible alors que le développement de l’excellence soit plutôt lié à une interaction entre tous ces facteurs ?

41Selon Baker et Horton (Baker & Horton, 2004), la performance serait effectivement influencée de façon directe par une interaction de variables primaires telles les facteurs liés à l’entraînement, les facteurs génétiques et les facteurs psychologiques. De façon similaire, Phillips et ses collègues (2010) stipulent que la théorie des systèmes dynamiques et des contraintes représente un modèle potentiellement valable afin d’expliquer le développement de l’expertise. Cette nouvelle perspective s’articule autour de l’effet complémentaire et évolutif des aspects génétiques et des différentes variables environnementales sur la performance (Collins & MacNamara, 2011 ; Davids & Baker, 2007). En fait, la dynamique intrinsèque de chaque individu est unique et faite de plusieurs variables incluant l’expérience, l’apprentissage, le développement, la morphologie et les gènes qui interagissent ensemble afin de définir la performance et l’acquisition d’expertise dans le sport (Davids, Button, & Bennett, 2008).

42Il serait donc primordial, d’un point de vue appliqué, de considérer le plus de facteurs possible lorsque vient le temps de développer le potentiel d’un athlète. Une approche interactionniste serait, par exemple, fortement à considérer dans l’identification de talent potentiel. Comme la dynamique intrinsèque d’un athlète en développement est continuellement modifiée par les contraintes de l’environnement, il est possible qu’un athlète, perçu comme moins favorisé génétiquement au départ, puisse tout de même accomplir des performances exceptionnelles si, évidemment, ce dernier bénéficie d’un environnement propice à son épanouissement (Baker & Horton, 2004). En plus de considérer les aspects génétiques, il serait donc bénéfique, pour une meilleure sélection, de tester des aspects psychologiques tels que la concentration et la confiance ainsi que la capacité de l’athlète à s’investir dans un processus d’entraînement intense.

43Comprendre la nature de la dynamique intrinsèque de chaque athlète devient alors un atout majeur pour tout intervenant dans le milieu sportif afin d’individualiser les interventions et d’ainsi espérer un développement optimal. De façon plus spécifique, la connaissance des dynamiques intrinsèques de chaque athlète pourrait permettre aux entraîneurs de forcer ceux-ci à utiliser certaines stratégies d’adaptation qui sous-tendent l’émergence de comportements plus créatifs qui peuvent être utiles à l’atteinte d’un niveau de performance supérieure. D’ailleurs, l’inclusion de tâches qui stimulent les comportements créatifs et d’adaptation chez les sportifs pourrait représenter une piste d’intervention prometteuse (Renshaw, Davids, Shuttleworth, & Jia Yi, 2009). Changer constamment le matériel, demander aux athlètes d’utiliser différentes parties de leur corps ou encore modifier l’environnement sont toutes des stratégies qui ont le potentiel de modifier la dynamique interne d’un athlète et par le fait même de permettre l’amélioration de la performance (Memmert & Roth, 2007).

6 – Conclusion

44Pour conclure, le présent article a fait la démonstration que l’entraînement est un aspect indéniable du développement de l’expertise sportive. Cependant, aucune évidence ne permet de conclure que ce serait l’unique facteur. Afin de supporter la quantité d’entraînement nécessaire, il est possible que certains facteurs génétiques et psychologiques interagissent avec l’entraînement. À cet effet, il serait intéressant d’explorer le processus psychologique présent lors de l’entraînement délibéré. Ces connaissances pourraient aider les intervenants à mieux comprendre cet aspect de la dynamique interne des athlètes et ainsi à mieux les outiller et les conseiller.

45Enfin, plusieurs chercheurs s’entendent pour dire qu’une multitude de chemins mènent vers l’excellence sportive (Baker & Horton, 2004 ; Gould et al., 2002 ; Phillips et al., 2010 ; Runco, 2007). D’ailleurs, Runco (2007) soulève l’absence de considération de la recherche pour un élément, à son avis, essentiel à l’atteinte de l’expertise : la créativité. Selon lui, certains atteignent l’excellence grâce à leur intelligence dite traditionnelle, d’autres grâce à leur personnalité, et certains grâce à leurs capacités créatives. Afin d’enrichir nos connaissances sur l’expertise dans le sport, l’étude de l’interaction entre le potentiel créatif des athlètes élites et les autres facteurs énumérés dans cet article (caractéristiques psychologiques et entraînement) devient un sujet de recherche incontournable.

Liste des tableaux

46Tableau 1. Méthodologie des études portant sur les caractéristiques psychologiques des athlètes élites 32

47Tableau 2. Résumé des études portant sur les caractéristiques psychologiques des athlètes élites 33

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Mots-clés éditeurs : excellence sportive, approche interactionniste, habiletés psychologiques, pratique délibérée, génétique

Date de mise en ligne : 11/09/2014

https://doi.org/10.3917/sta.104.0023

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