Staps 2008/1 n° 79

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Article de revue

Le concept de « flow » ou « état psychologique optimal » : état de la question appliquée au sport

Pages 9 à 21

Introduction

1En psychologie du sport, un grand nombre de recherches ont été consacrées à l’étude des états émotionnels (e.g., Hanin, 2000 ; Jackson, 2000). Les chercheurs se sont dans un premier temps intéressés aux émotions négatives telles que le stress (Madden et al., 1995) ou l’anxiété (Landers & Petruzzello, 1994). La psychologie positive se situe dans une orientation différente car elle a pour objet d’étudier les émotions positives comme la joie (Buss, 2000), l’excellence (Lubinski & Benbow, 2000) ou le flow (Csikszentmihalyi, 1990 ; Jackson & Csikszentmihalyi, 1999). Ce courant de recherche a émergé récemment en Amérique du Nord. Selon Clifton (2002), « la psychologie positive est une révolution de la pensée car elle nous fait passer d’un mode d’expression en termes de déficit vers un mode d’expression en termes positifs ». L’objectif principal de ce courant est d’évaluer la qualité de vie et de prévenir les pathologies résultant d’une vie inintéressante, improductive et dénuée de sens aux yeux du sujet. Seligman et Csikszentmihalyi (2000) définissent la psychologie positive comme « une science de l’humain » (p. 7) qui tente de comprendre comment enseigner aux jeunes générations ces variables (e.g., optimisme et persévérance). Ils avancent que pour être capable de prévenir les troubles psychiques, il ne faut pas uniquement travailler avec des personnes atteintes de pathologies. Au contraire, il est important que les recherches incluent des personnes ne souffrant d’aucune pathologie, que ces recherches soient exhaustives et diversifiées afin de recueillir une grande quantité de données dans différents domaines comme le milieu scolaire, familial, les communautés religieuses et la sphère sportive.

2Nous nous proposons dans cet article d’étudier le « flow » nommé également « état psychologique optimal ». Ce concept a émergé dans les années 1970 et a progressivement pris place aux côtés des autres concepts de la psychologie générale et de ceux de la psychologie du sport par la suite. Il est intéressant d’étudier le flow dans la mesure où il oriente l’attention des individus vers ce qu’il y a de positif dans chaque situation, il favorise le développement de ces éléments positifs, leur maîtrise et par conséquent leur utilisation à des moments clés de la vie des individus. Cette « centration positive » permet donc de ne pas rester focalisé sur des éléments négatifs, ce qui est un réel enjeu lors de la réalisation de performances sportives.

3En raison de l’absence de publications scientifiques francophones sur ce concept, nous proposons de réaliser une revue de littérature relative au flow. Cette synthèse sur les connaissances concernant le concept de flow va nous permettre d’une part d’examiner les dimensions du flow et d’autre part de questionner sa structure et de proposer des orientations de recherche.

4Pour tenter de cerner l’intérêt du flow pour les individus, et plus particulièrement pour les acteurs du champ sportif, nous exposerons dans une première partie les origines et l’évolution du concept de flow au regard de la littérature internationale (e.g., Csikszentmihalyi, 1975, 1996, 1999, 2000 ; Jackson, 1992). La seconde partie de cet article sera consacrée à l’étude des enjeux du flow dans le champ sportif. Dans une troisième partie, nous présenterons les différents outils permettant de mesurer le flow (e.g., Jackson & Marsh, 1996 ; Jackson & Eklund, 2002). Pour conclure, nous proposerons plusieurs perspectives de recherches concernant ce concept dans le domaine sportif.

1 – Historique du concept de flow

5Csikszentmihalyi est considéré comme le père fondateur de ce concept. Ses travaux de 1975 à 2000 ont été dirigés vers l’étude du contexte d’apparition et de la structure du plaisir en interrogeant des individus qui ressentent ce plaisir dans la seule pratique de leur activité où la récompense intrinsèque est essentielle. La recherche et la théorisation du flow trouvent donc leurs origines dans la volonté de décrire et de comprendre ce type d’expérience lors d’une activité intrinsèquement motivée et agréable, c’est-à-dire qui trouve sa récompense en elle-même (Nakamura & Csikszentmihalyi, 2002).

6En 1975, Csikszentmihalyi définit le flow comme un état d’activation optimale dans lequel le sujet est complètement immergé dans l’activité. L’expérience du flow est qualifiée d’« autotélique », c’est-à-dire qui trouve sa fin en elle-même. Csikszentmihalyi identifie plusieurs éléments qui sont les indicateurs de l’apparition et de l’intensité du flow. Ces indicateurs sont :

  1. une perception d’un équilibre entre ses compétences personnelles et le défi à relever ;
  2. une centration de l’attention sur l’action en cours ;
  3. des feedback clairs ;
  4. des sensations de contrôle sur les actions réalisées et sur l’environnement ;
  5. l’absence de stress, d’anxiété et d’ennui ainsi que la perception d’émotions positives (e.g., bien-être, plaisir).
Dans les années 1980, le travail sur le flow est d’abord assimilé par la psychologie à la tradition humaniste de Maslow et Rogers (McAdams, 1990) ou comme une composante de la littérature empirique sur l’autodétermination (e.g., Deci & Ryan, 1985). Pendant cette décennie et la suivante, le concept de flow (qualifié également d’« état de conscience modifiée » ; Nakamura & Csikszentmihalyi, 2002) est repris par des chercheurs qui étudient l’expérience optimale (loisir, jeux, sport, art) et par des praticiens qui travaillent dans des contextes où favoriser des expériences positives est essentiel. L’impact du flow grandit également en dehors du contexte scientifique : l’intérêt pour ce concept se développe dans les sphères de la culture populaire, du sport professionnel, du travail et de la politique (Nakamura & Csikszentmihalyi, 2002). L’intérêt principal du flow et de la psychologie positive en général est donc, pour les sportifs, de mettre l’accent sur les éléments qui permettraient de réussir une performance sportive (e.g., flow) et non de se centrer sur les éléments qui la perturberaient (e.g., l’anxiété).

7La diversité des domaines d’études concernant le flow et par conséquent le grand nombre de recherches effectuées depuis 1975 montrent que le concept est en constante évolution. Tout d’abord, Massimini et Carli (1988) ont élaboré un modèle du flow constitué de « canaux » qui distingue le flow d’autres expériences comme l’activation, l’anxiété, l’inquiétude, l’apathie, la relaxation, l’ennui et le contrôle, en se basant sur l’étude spécifique de la perception de l’équilibre et du déséquilibre entre les compétences de l’individu et le défi à relever.

8À la suite de cette recherche, Csikszentmihalyi (1988) fait évoluer sa définition du flow pour étudier la congruence des compétences d’un individu dans une activité donnée et la perception du défi à relever par cet individu dans cette activité en particulier. Il postule alors que les compétences et le défi doivent être perçus comme étant en équilibre mais également être simultanément élevés pour ressentir le flow. Une étude de Moneta et Csikszentmihalyi (1996) a confirmé l’importance de la perception de cet équilibre en montrant un lien positif avec la qualité des expériences subjectives de la vie quotidienne pour des étudiants en mathématiques, sciences, musique, sport et arts.

9Au-delà de la motivation intrinsèque et du plaisir qu’entraîne cette perception de compétences dans une situation de défi, plusieurs recherches ont montré que le flow a un impact sur l’amélioration des compétences réelles (e.g., Massimini, Csikszentmihalyi, & Delle Fave, 1988). De même, Csikszentmihalyi et LeFevre (1989) ont montré que lorsque le défi et les compétences sont perçus comme étant élevés, l’individu n’apprécie pas uniquement le moment mais améliore ses capacités sur le long terme car il est placé dans une situation qui lui permet d’acquérir de nouvelles compétences et d’augmenter son estime de soi. Ceci peut s’expliquer notamment par le fait que, lorsque l’individu est en flow, il éprouve une sensation de fluidité de mouvements sans réaliser un effort particulier et qu’il a la sensation de contrôler ses actions (Csikszentmihalyi, 1990).

10Jackson (1992) a approfondi l’étude du flow dans le domaine du sport car ce concept permettrait de favoriser la compréhension des expériences positives vécues par les athlètes. Cette chercheure a mis en évidence l’intérêt concret que constitue le flow pour les sportifs et les professionnels de cette sphère. Jackson (1992) reprend la définition du flow de Csikszentmihalyi (1990) qui le décrit comme « un état dans lequel les individus sont tellement immergés dans l’activité que rien d’autre ne semble avoir d’importance » (p. 4). Cette expérience est en soi si agréable que l’individu la ressentira comme une grande richesse et cherchera à retrouver cet état psychologique. L’ensemble des recherches de Jackson a fait évoluer la conceptualisation du flow. En effet, en se basant sur les travaux de Csikszentmihalyi, Jackson et Roberts (1992) ont mené des études qualitatives permettant de décrire le concept de flow dans le domaine sportif. À la suite de ces recherches, Jackson et Csikszentmihalyi (1999) ont précisé neuf dimensions constitutives du flow. La première est « la sensation d’un équilibre entre la demande de la tâche et les compétences personnelles » (challenge-skills balance). Si lors d’une compétition le défi dépasse les capacités des athlètes, ils ressentiront de l’anxiété. Inversement, un défi perçu comme plus faible que les ressources du sportif sera une source d’ennui. Cette notion d’équilibre apparaît comme centrale dans le concept de flow. La deuxième dimension est la « clarté des buts » (clear goals). En état de flow, l’athlète peut savoir précisément ce qu’il doit faire car ses buts sont définis et précis. Avoir des buts clairs et précis permet de diminuer l’incertitude qui engendre du stress. Ces buts permettent également de fixer son attention sur les éléments pertinents de la performance et d’éviter ainsi toutes distractions. La troisième dimension est « l’union de l’action et de la conscience » (action-awareness merging consciousness) ; l’unicité des mouvements ne requiert pas d’effort et permet ainsi une totale immersion dans l’activité. La « perception de la transformation du temps » (transformation of time) est la quatrième dimension énoncée par Jackson qui postule que cela modifierait la perception de l’action selon deux modalités. Premièrement, la situation est perçue comme se déroulant très lentement et donne le sentiment à l’athlète qu’il dispose de plus de temps qu’il n’en a en réalité (e.g., sprint) ; deuxièmement, le temps est perçu comme s’écoulant rapidement, ce qui permet à l’athlète de supporter, par exemple, les douleurs inhérentes à sa pratique (e.g., marathon). La cinquième dimension, la « perte de conscience de soi » (loss of self-consciousness), s’illustre par le fait que l’athlète est réceptif à tout ce qui l’entoure, mais les informations habituellement utilisées pour se représenter la performance et l’action ne sont pas mises en jeu. La sixième dimension, qui est celle de la perception de « feedback clairs et précis » (unambigous feedback), permet à l’athlète d’avoir des informations sur sa performance, ce qui favorise une continuité dans l’accomplissement de ses objectifs (Jackson & Csikszentmihalyi, 1999). Il semble difficile d’être performant en sport sans avoir, étape par étape, une connaissance précise du déroulement de la performance et du réajustement nécessaire à la réalisation de cette dernière. Selon ces auteurs, le feedback est décisif pour la réussite de la performance. La septième dimension est la « concentration sur la tâche » (concentration on the task at hand), l’athlète a besoin d’être entièrement concentré afin de pouvoir faire face aux événements. La concentration sur la tâche est totale en état de flow et aucune pensée extérieure ne vient la perturber. La huitième dimension énoncée est celle du « sens du contrôle » (sense of control). Cette dimension reflète la sensation de pouvoir réaliser n’importe quelle action et de la réussir quelle que soit la tournure que prend la compétition. La neuvième et dernière dimension est nommée « l’expérience autotélique » (autotelic experience), elle est décrite comme une expérience agréable et enrichissante qui survient lorsque l’organisme fonctionne au maximum de ses capacités.

11Jackson montre, dans l’ensemble de ses travaux, que le flow dans le domaine sportif possède des caractéristiques spécifiques, bien que certaines dimensions décrites précédemment aient été mises en évidence dans d’autres domaines. Par exemple, Trevino, Klebe et Webster (1992) ont montré dans le domaine de l’informatique que le flow se décline en quatre points : 1) le sens du contrôle que l’individu perçoit dans l’interaction avec son ordinateur, 2) la perception que son attention est dirigée sur cette interaction, 3) la curiosité accrue pendant cette interaction et 4) l’utilisateur trouve l’interaction intrinsèquement intéressante.

12Récemment, Csikszentmihalyi (2000) ainsi que Voelkl et Ellis (2002) ont présenté un nouveau modèle de compréhension du flow en identifiant plusieurs éléments associés qu’ils ont classé en deux catégories : les caractéristiques du flow et les conditions d’apparition de ce dernier. Les caractéristiques font référence à la nature empirique du phénomène lui-même (c’est-à-dire à ce que l’individu ressent lorsqu’il est en flow, e.g., concentration sur l’action en cours, sens du contrôle, perte de conscience de soi). Les conditions sont les circonstances et le milieu qui sont supposés conduire au flow (e.g., équilibre compétences/défi ; clarté des buts et feedback instantanés). Cette différenciation est particulièrement utile aux professionnels qui peuvent ainsi augmenter les chances de faire ressentir le flow aux participants (caractéristiques du flow) en dirigeant leur programme d’intervention vers des situations et des environnements susceptibles de favoriser l’apparition du flow (les conditions). Cette distinction est tout aussi importante pour la recherche car elle permet de différencier l’expérience subjective de flow et les antécédents psychosociaux pouvant faciliter son apparition chez les individus. En ce sens, plusieurs chercheurs ont étudié ces conditions et caractéristiques (e.g., Ellis, 2003). Ils ont montré que l’équilibre entre les compétences personnelles et le défi à relever est sans doute une condition moins importante pour atteindre le flow que ne le sont d’autres éléments (e.g., clarté des buts, feedback clairs). Ceci laisse supposer que la première définition du flow de Csikszentmihalyi (1975) aurait laissé une place trop importante à la présence de cet équilibre.

13Un ensemble d’études (e.g., Moneta, 2004 ; Gaggioli, 2004 ; Carli, Delle Fave, & Massimini, 1988 ; Csikszentmihalyi & Larson, 1984) utilisant l’ESM (Experience Sampling Method), décrite plus loin, apportent des résultats concourants et montrent l’importance d’autres concepts dans l’expérience du flow. Par exemple, Asakawa (2004) met en évidence des liens positifs entre l’estime de soi, la motivation, la satisfaction de la vie et le flow, ainsi que des liens négatifs entre le flow et l’anxiété ou le désengagement.

2 – Les enjeux du flow dans le domaine sportif

14Les travaux de Csikszentmihalyi (1975-2000) et des chercheurs que nous avons évoqués ont progressivement intéressé la psychologie du sport. La compétition sportive est en effet un moment où un grand nombre d’émotions sont ressenties et où le sportif a besoin d’être dans les meilleures conditions pour réussir sa performance.

15Plusieurs recherches ont étudié le flow dans le domaine sportif (e.g., Jackson, 1992 ; Jackson, Ford, Kimiecik, & Marsh, 1998 ; Jones, Hollenhorst, Perma, & Selin, 2000 ; Stein, Kimiecik, Daniels, & Jackson, 1995). Ces études ont notamment montré que le flow apparaissait lors de la pratique volontaire d’activités sportives.

16Selon Jackson (2000), le concept de flow est central dans la pratique sportive car il permet de comprendre les expériences positives vécues par les athlètes. Cette compréhension est indispensable pour les chercheurs et les praticiens afin d’aider les athlètes à s’approcher du flow de manière volontaire et à des moments précis. Les athlètes de haut niveau interrogés par Jackson et Roberts (1992) décrivent le flow comme un processus psychologique lié à de bons résultats. Les analyses qualitatives mettent en évidence le fait que les athlètes les plus performants ressentent un certain degré de concentration ainsi que d’autres caractéristiques du flow lorsqu’ils évoquent leur pratique. Les personnes interrogées ressentent le flow à des fréquences très variables et la qualité de cette sensation varie en fonction des personnes (Nakamura & Csikszentmihalyi, 2002). Dans le domaine sportif, le flow est ressenti lors de trois situations principales. Premièrement, cet état psychologique optimal survient lorsque l’athlète perçoit ses compétences personnelles comme égales au défi fixé, et simultanément élevées pour être motivantes (Jackson & Csikszentmihalyi, 1999). Cet équilibre peut par exemple être ressenti lors d’une compétition où les adversaires sont jugés comme étant de niveau égal ou légèrement supérieur, ou lorsqu’une compétition s’avère décisive pour une qualification. Le flow peut être ressenti quel que soit le niveau sportif et n’est pas réservé aux sportifs de haut niveau (Csikszentmihalyi, 1992 ; Stein, Kimiecik, Daniels & Jackson, 1995). Deuxièmement, le flow est ressenti lorsqu’un athlète est complètement immergé dans la réalisation de sa performance (Jackson & Roberts, 1992). Troisièmement, en compétition il semble plus probable de ressentir le flow lorsque les mouvements se déclenchent de manière automatique et à un niveau exceptionnel (en référence au niveau personnel de l’athlète) (Ericsson, 1996). Le sportif vit alors un état de fonctionnement optimal. Ce dernier est appelé le flow mais aussi « la zone », ou le pic de performance. Cet état de fonctionnement optimal survient immédiatement avant et pendant l’action (Singer, 2002). C’est donc un état vers lequel tendent les athlètes de haut niveau (Jackson, 1992). Il semble que la recherche de l’atteinte de l’état de flow de manière régulière soit un élément favorisant la maîtrise d’une action complexe (Jackson, 1992). En effet, en état de flow le sportif semble pouvoir réaliser sa performance dans des conditions extrêmement favorables regroupant par exemple la concentration, l’automatisation des gestes, le plaisir, la sensation d’équilibre entre le défi et ses habiletés. Jackson et Csikszentmihalyi (1999) montrent que l’expérience du flow est très enrichissante et que certains athlètes cherchent à la prolonger afin de rester à un niveau de performance très élevé. En résumé, le flow apparaît comme étant un état psychologique optimal recherché par les athlètes, vécu de manière ponctuelle et irrégulière, d’apparition brève et incontrôlable, provoquant un ensemble d’émotions positives favorisant la réalisation d’une haute performance.

17La particularité et la complexité de ce concept montrent l’importance d’avoir des outils de mesure fiables et adaptés au domaine dans lequel il est évalué. Nous nous proposons de les présenter dans la partie suivante.

3 – Outils de mesure du flow

18Plusieurs outils d’autodescription ont été créés afin d’étudier les éléments de nature instable et les phénomènes subjectifs tels que les entretiens qualitatifs, les questionnaires et la méthode d’échantillonnage des expériences (Experience Sampling Method) (Nakamura & Csikszentmihalyi, 2002 ; Scollon, Kim-Prieto, & Diener, 2003).

19Les différents outils de mesure du flow ont été élaborés sur la base de ces études qualitatives. Plusieurs questionnaires existent pour mesurer le flow. D’une part, l’échelle du flow de Mayers (1978), instrument de mesure autodescriptif, est une estimation de la fréquence avec laquelle une personne ressent chacune des neuf dimensions du flow. Cet outil est utilisé pour des mesures répétées (e.g., Delle Fave & Massimini, 1992) afin d’évaluer les différences de l’état de flow selon l’activité pratiquée et à divers moments de pratique de cette activité. D’autre part, plus récemment, une échelle de flow a été élaborée, fondée sur des questionnaires développés dans des contextes spécifiques tels que le sport (Jackson & Marsh, 1996 ; Jackson & Eklund, 2002) et la psychothérapie (Parks, 1996).

20Le flow a donc été analysé, au départ, par des études qualitatives portant sur la nature de l’expérience vécue lors d’une activité se déroulant de manière satisfaisante (e.g., Csikszentmihalyi,1975/2000). Les entretiens sont donc déterminants pour établir les dimensions et les dynamiques de l’expérience de flow. Selon Jackson (1995) et Perry (1999), la recherche qualitative est une méthode de choix pour les études s’orientant vers une description très complète de cette expérience.

21En raison du côté insaisissable de ces phénomènes, dont fait partie le flow, il semble difficile de les étudier. Un grand nombre de chercheurs ont utilisé l’ESM (Experience Sampling Method) afin d’étudier le flow. Cette méthode consiste à répondre à un court questionnaire lorsque la sonnerie d’un télé-avertisseur retentit. L’ESM est non seulement centrée sur l’échantillonnage de différentes activités (e.g., loisir, travail, art, sport), mais aussi sur les états cognitifs, émotionnels et motivationnels des sujets. L’ESM a été utilisée pour mesurer la qualité des expériences de la vie quotidienne (e.g., Voelkl et Ellis 1998), les relations familiales (e.g., Larson & Richards, 1994), les troubles psychiatriques (Massimini, Csikszentmihalyi, & Carli, 1987), les communautés de personnes en vieillissement (Mannell, Zuzanek, & Larson, 1988), et les résidents des maisons de retraite (Voelkl, 1990). De manière générale, ces études ont mis en évidence que l’équilibre entre les compétences et le défi à relever est hautement lié à l’affect, à la concentration et à l’activation. Lorsque tous ces éléments sont présents à des niveaux élevés, le flow est censé apparaître. Il est cependant difficile d’utiliser cette méthode dans un contexte de compétition sportive. En effet, si les athlètes participant à l’étude utilisant l’ESM sont en flow au moment où le télé-avertisseur se déclenche, ils sortiront du flow. Kimiecik et Stein (1992) ont présenté les modalités de l’évaluation du concept de flow dans le champ sportif. Ils évoquent également les difficultés d’ordre méthodologique présentes dans les recherches quantitatives et qualitatives sur le concept de flow. Ces deux chercheurs constatent qu’il existe peu d’études sur le flow dans le domaine du sport, ce qui peut s’expliquer par la particularité de ce dernier. Il était donc nécessaire de développer des outils afin d’intégrer le flow dans le champ de la psychologie du sport et de l’activité physique, au sein de concepts déjà existants tels que la motivation, la performance de pointe, l’expérience de pointe et le plaisir (Jackson & Marsh, 1996).

22Jackson et Roberts (1992), les chercheurs de référence du flow dans le domaine du sport, ont employé plusieurs instruments de recueils de données. Premièrement, ils se sont servis d’une échelle de buts d’orientation basée sur les travaux de Nicholls, Patashnick et Nolen (1985) et sur ceux de Gill et Deeter (1988). Deuxièmement, ils ont utilisé une échelle de flow fondée sur les travaux de Csikszentmihalyi et Csikszentmihalyi (1988) ainsi qu’une estimation de l’habileté perçue (selon la méthode de Nicholls et al., 1985). Troisièmement, Jackson et Roberts (1992) ont déterminé un indice du niveau des défis et des compétences en accord avec les travaux de Csikszentmihalyi (1975). Quatrièmement, ils ont employé des méthodes qualitatives en posant cinq questions ouvertes portant sur la meilleure et la plus mauvaise performance réalisée par les athlètes interrogés. Les descriptions des sportifs lors d’entretiens qualitatifs ont été particulièrement importantes car elles ont contribué à développer la connaissance théorique des construits du flow. Ces descriptions ont permis de mettre au point un questionnaire d’évaluation du flow : le Flow State Scale (FSS ; Jackson & Marsh, 1996). Ce questionnaire comprend 36 items répartis sur 9 dimensions. Une étude de Marsh et Jackson (1999) laisse penser que le FSS est valide, alors que Vlachopoulos, Karageorghis et Terry (2000) n’ont pas confirmé la validité de ce questionnaire. Jackson et Eklund (2002) ont donc réalisé une nouvelle version de ce questionnaire : le « Flow State Scale-2 » (FSS-2).

23À la suite des travaux de Jackson et Marsh (1996), une version française du FSS-2 a été validée, ce questionnaire est appelé FSS-2FR (Demontrond-Behr, Gaudreau, Visioli, & Fournier, 2003). Les propriétés psychométriques sont détaillées dans une autre publication (Fournier, Gaudreau, Demontrond-Behr, Visioli, Forest, & Jackson, 2006) ; dans un premier temps, nous avons pu identifier cinq énoncés qui ne mesurent pas adéquatement la dimension du flow qu’ils sont censés représenter. De plus, plusieurs énoncés français sont de moins bons indicateurs des dimensions du flow que leurs équivalents anglophones. Une seconde version de ce questionnaire a donc été réalisée afin d’améliorer la consistance interne du FSS-2FR ainsi que son équivalence interculturelle. Après modifications des items concernés, les analyses factorielles confirmatoires ont montré une bonne adéquation entre les résultats obtenus avec la seconde version et le modèle théorique. Cette version (International French Flow State Scale-2, IF-FSS2) a de plus été élaborée en français « international » compréhensible en Europe et en Amérique du Nord (Canada). Ceci nous a permis d’étendre l’utilisation de ce questionnaire à d’autres pays afin d’accroître la littérature quelque peu inconsistante et limitée sur l’organisation hiérarchique du construit de flow. Une analyse factorielle multi-groupe a également démontré que la structure factorielle de l’IF-FSS2 est équivalente à celle du FSS-2, l’instrument original de langue anglaise.

24Conjointement au FSS, un autre outil de mesure a été développé : le « Flow Trait Scale » (Jackson, Kimiecik, Ford & Marsh, 1998) car Csikszentmihalyi a suggéré qu’un certain type de personnes ressentiraient plus le flow que d’autres (e.g., personnalité autotélique). Ce questionnaire, appelé aussi « Dispositional Flow Scale » (DFS), a pour objectif de mesurer le niveau avec lequel les athlètes perçoivent habituellement le phénomène de flow lors de la pratique de leur sport favori (Kimiecik & Jackson, 2002). Les analyses factorielles réalisées par Jackson et Marsh (1996) ainsi que par Marsh et Jackson (1999) montrent que le questionnaire est valide, seuls les items « transformation du temps » et « perte de conscience de soi » montrent une adéquation plus faible avec le construit global du flow. Jackson et Eklund (2002) ont analysé une nouvelle version du DFS nommé le DFS-2 dont les caractéristiques psychométriques sont correctes. Une version française du DFS-2 est actuellement en cours de validation au Canada et en Europe.

Discussion et conclusion

25L’objectif de cet article était de synthétiser les connaissances portant sur le concept de flow. Dans la première partie, nous avons vu que le concept de flow a été initié par les recherches de Csikszentmihalyi (1975) qui le définit comme un état psychologique optimal pouvant être ressenti dans divers domaines tels l’art, l’enseignement et le sport et qui se manifeste pendant la perception d’un équilibre entre ses compétences personnelles et la demande de la tâche. Nous avons pu constater une évolution de cette définition dans les différentes recherches qui ont été menées par la suite. Dans une seconde partie, nous avons étudié les enjeux du flow dans le domaine sportif en mettant l’accent sur les travaux de Jackson, précurseur dans ce domaine. La troisième partie de cet article était consacrée à la description des outils de mesure du flow, plus particulièrement dans le domaine du sport et des activités physiques.

26Le premier élément important à retenir de cette revue de littérature est que l’intérêt du flow, et de la psychologie positive en général pour le champ sportif, est de mettre l’accent sur des éléments associés à une bonne performance sportive (e.g., l’optimisme) et non de se centrer sur les éléments négatifs associés à cette dernière (e.g., l’anxiété). Le second point à relever est qu’étant donné l’absence de littérature francophone sur le flow, nous ne disposions pas d’outils pour le mesurer. Il était donc nécessaire de créer un outil utilisable par des athlètes francophones ou d’en valider un déjà existant. Nous avons donc réalisé trois études afin d’obtenir un outil de mesure fiable. Premièrement, nous avons traduit et validé le Flow State Scale-2 (FSS-2 ; Jackson & Marsh, 1996) et deuxièmement nous avons amélioré les propriétés psychométriques du FSS-2FR et créé une version en français international (IF-FSS2). Le troisième élément qui nous semble important à retenir au regard de la littérature existante est le caractère évolutif du concept de flow. L’ensemble des informations accumulées dans les différents domaines de recherche qui s’y sont intéressés ont montré que le flow peut être composé de plusieurs dimensions et être ressenti dans des situations très variées. L’élément central qui permettrait de ressentir le flow a même été remis en question car plusieurs études ont montré que la seule perception d’un équilibre entre le défi et les habiletés de la personne n’était pas une condition suffisante à l’atteinte de l’état de flow. Il est donc important de tenter de déterminer quels sont les éléments les plus pertinents à développer pour parvenir au flow. En ce sens, plusieurs auteurs ont étudié les liens entre le flow et d’autres concepts de la psychologie du sport. Par exemple, Jackson, Thomas, Marsh et Smethurst (2001) mettent en évidence les liens existant entre le flow, l’habileté perçue (positive), l’anxiété (négative) et la motivation intrinsèque (positive). Catley et Duda (1997) montrent les relations présentes entre le flow et la confiance, la pensée positive, le niveau de relaxation, la concentration et le niveau de préparation physique. Jackson et Roberts (1992) étudient les rapports qu’entretiennent le flow et les pics de performance. Stein et al. (1995) suggèrent qu’il existe des relations entre le flow, les buts, la compétence et la confiance. Nakamura et Csikszentmihalyi (2002) établissent des liens entre le flow et le concept de soi et plus spécifiquement avec l’attention. Enfin, Kowall et Fortier (1999) ont étudié les liens entre la motivation intrinsèque et le flow.

27L’ensemble des études que nous venons d’évoquer laisse entrevoir un premier axe de recherche. Il serait, premièrement, intéressant d’étudier les relations entre le flow et le stress car les définitions reposent respectivement sur la perception d’un équilibre ou d’un déséquilibre d’éléments identiques (compétences et défi). Deuxièmement, en ce qui concerne les liens entre la motivation et le flow, on peut se demander si c’est le flow qui permet d’augmenter la motivation intrinsèque ou l’inverse. L’éventualité d’une telle relation circulaire est à considérer.

28Compte tenu de l’importance du flow dans la pratique sportive, nous avons mené une étude exploratoire dans le domaine sportif français afin de vérifier son existence et ses caractéristiques en dehors des cultures anglo-saxonnes et de pouvoir comparer les résultats avec ceux des études menées dans d’autres pays européens (e.g., Italie, Espagne) (Demontrond-Behr, Fournier et Vaivre-Douret, 2006). Selon des travaux menés par Nakamura et Csikszentmihalyi (2002), l’expérience du flow serait identique quelle que soit l’activité pratiquée, et quels que soient la culture, la classe, le genre et l’âge du sujet. Nous avons pu observer que des termes similaires au flow sont employés par des athlètes français (e.g., état de grâce), ce qui laisse penser que le phénomène y est observable. Les entretiens exploratoires que nous avons menés montrent l’influence des spécificités culturelles (e.g., évocation d’un « flow collectif »). Cependant, notre étude a été menée sur un petit groupe d’athlètes et n’est donc pas généralisable. Un second axe de recherche serait de réaliser cette étude avec un grand nombre de sportifs français de diverses disciplines afin de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse des déterminants culturels.

29La troisième piste de recherche que l’on peut proposer est basée sur des études récentes sur le flow qui ont mis l’accent sur les éléments constitutifs de ce concept ainsi que sur ceux favorisant son apparition. Ainsi, en se basant sur les travaux de Jackson, nous pourrions étudier l’importance relative des neuf dimensions pour déterminer si elles composent le concept de flow ou si elles en sont des précurseurs. Il est en effet nécessaire d’identifier la structure du concept de flow afin d’étudier quelle est la contribution des neuf dimensions sur le flow en général. Il est envisageable d’examiner les liens entre les neuf dimensions afin de déterminer si certaines d’entre elles pourraient précéder ou entraîner d’autres dimensions, et quelles en seraient les conséquences. Par exemple, Vallerand et Blanchard (1999) décrivent les émotions au sein d’une séquence intégrative structurée par 1) des antécédents (cognitions et motivation) qui entraînent 2) des affects (émotions, sentiments, humeurs) produisant eux-mêmes 3) des conséquences (intra-personnelles). Par analogie, nous pouvons supposer que la structure du flow soit plus complexe ou plus dynamique que sa simple conceptualisation en neuf dimensions.

30Enfin, le quatrième axe de recherche résulte de l’accumulation de connaissances sur le concept de flow lui-même ainsi que sur l’étude de ses liens, positifs et négatifs, avec d’autres concepts. Étant donné que les moyens d’atteindre et de contrôler l’état de flow ne sont pas clairement établis et que certains travaux de Jackson ont suggéré que la confiance dans la tâche serait un des pré-requis à l’atteinte de cet état (Jackson et al., 2001), nous formulons l’hypothèse que l’augmentation des attentes d’efficacité personnelle (donc de la confiance) permettrait de percevoir un équilibre entre les ressources individuelles et le défi à relever. Or, selon Singer (2002), un des moyens d’avoir confiance en soi serait d’appliquer des routines pré-compétitives. Il est donc important d’étudier les effets de programme spécifique de préparation psychologique axé vers l’augmentation de la confiance pour influencer la perception d’un équilibre entre les habiletés et le défi à relever.

31En résumé, l’étude du concept de flow dans un pays francophone nécessite, dans un premier temps, une phase de recherche exploratoire dont les résultats pourront être, dans un second temps, validées avec le FSS2-FR qui est un outil adapté et fiable. Sur la base de ces connaissances, un ensemble d’études peuvent être menées. Nous avons proposé quelques axes de recherche, non exhaustifs, qui doivent être variés afin d’augmenter les connaissances sur ce concept en dehors des seuls pays anglo-saxons et permettre ainsi sa mobilisation par les professionnels du sport et des activités physiques. Pour conclure, nous pouvons dire qu’il est intéressant de mener ces recherches car le concept de flow apparaît en constante évolution et présente ainsi beaucoup d’intérêt pour les chercheurs et praticiens du champ sportif.

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Mots-clés éditeurs : psychologie positive, état psychologique optimal, flow

Date de mise en ligne : 07/03/2008

https://doi.org/10.3917/sta.079.0009

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