Introduction
1 Dans le domaine de la jeunesse et des sports, les adultes et les parents en particulier, jouent un rôle clef ; en effet ils constituent pour leurs enfants la source d’un soutien social mais aussi un moyen de s’évaluer. Le fait de pratiquer un sport aboutit à des structures familiales tout entières tournées vers cette activité ; au sein de ces structures, l’engagement parental consiste en l’application et l’organisation de programmes sportifs pour jeunes auxquels ils doivent participer assidûment et qu’ils doivent bien entendu soutenir (Bloom, 1985 ; Cote, 1999 ; Scanlan & Leuthwaite, 1984 ; Weiss & Hayashi, 1995). Le constat d’un engagement accru des parents dans l’activité sportive de leur enfant a conduit chercheurs et praticiens du sport à porter une attention particulière à l’influence exercée par ces mêmes parents, de par leurs attentes et leurs comportements, sur les jeunes athlètes (Anderssen & Wold, 1992 ; Brustad, 1992, 1993 ; Hellstedt, 1990). Cependant, peu d’études ont porté sur les questions ayant trait à l’engagement des parents dans l’univers de la pratique sportive de leur enfant.
2 Si l’on veut mener à bien des programmes sportifs pour jeunes, on se doit de tenir compte de la façon dont les parents s’engagent dans la pratique sportive de ces derniers, c’est un élément primordial. En effet, la plupart des entraîneurs sportifs exerçant auprès des plus jeunes sont des parents bénévoles. En outre, au fur et à mesure que les jeunes deviennent plus doués, le rôle des parents évolue : il passe de celui d’entraîneur à celui de manager, d’agent de voyage ou de « supporter ». Un tel engagement est susceptible de constituer un poids supplémentaire pour les parents dont plusieurs enfants pratiquent une activité requerrant leur soutien.
3 Bloom (1985) a mis en lumière l’influence extraordinaire qu’exercent les adultes, tels que parents et entraîneurs, sur le développement d’un enfant. Il a ainsi interrogé des nageurs et des joueurs de tennis, de même que leurs deux parents respectifs, afin de connaître leur point de vue concernant le développement des enfants et l’influence de l’engagement parental durant la pratique d’un sport. Un cadre d’analyse concernant ce développement a pu être établi ; ce cadre décompose le processus de maturation en trois étapes : les premières années, les années intermédiaires et les dernières années.
4 Les nageurs comme les joueurs de tennis suivent la même progression au cours des trois phases du développement de leur expertise. Durant les premières années, qui vont généralement jusqu’aux premières années de scolarisation, la natation et le tennis sont perçus comme des activités familiales et l’accent est mis lors de cette phase sur le plaisir procuré par la pratique d’un sport au sein d’un groupe. Les parents s’inspirent souvent de leurs propres centres d’intérêt sportifs (tennis, natation, etc.) afin d’orienter le type de participation sportive que va choisir leur enfant. Durant les premières années, le sportif commence par suivre des cours à des fins ludiques, simplement pour avoir une activité physique. Ainsi, la mère d’un des nageurs fait les remarques suivantes concernant ces premières années :
5 Il était très important d’avoir une activité physique quelle qu’elle soit. Si vous avez un enfant plutôt sportif, ayant de l’énergie à revendre, vous finissez toujours par chercher une activité sportive. Ça les aide à rester en forme… et ça leur permet de se construire aussi bien psychologiquement que physiquement (Bloom, 1985, p.145).
6 Les tournois, les compétitions, et les séjours en camps jouent un rôle dans le développement du talent de ces jeunes athlètes. Au fur et à mesure que l’on avance dans cette phase, le temps et l’énergie que les jeunes sportifs et leurs parents consacrent à cette activité ne cesse de croître ; le sport d’élection devient la source principale de loisir et d’acquisition des habiletés de l’enfant. On met un terme à la plupart des autres activités sportives afin qu’il se consacre entièrement à cette spécialisation. Durant cette phase, les parents considèrent que la spécialisation sportive est un moyen de procurer au futur athlète l’occasion de participer à des compétitions sportives.
7 Pour les jeunes sportifs, les années intermédiaires impliquent un degré d’engagement accru de même que des progrès sur un plan technique. Cette phase commence généralement lorsque les enfants entrent à l’école primaire ou y sont déjà depuis deux ou trois ans. Le recours à un soutien familial notamment en termes de temps, d’argent et d’engagement augmente durant cette phase intermédiaire du développement du talent. Les décisions de la famille sont prises en fonction de la communauté sportive et du jeune sportif. A ce propos, une mère fait la remarque suivante : « Tout le monde [dans la famille] était d’accord sur ce point - il fallait déménager en Californie parce que nulle part ailleurs elle aurait trouvé l’entraîneur, les compétitions dont elle avait besoin… c’était de là que venaient tous les meilleurs nageurs » (Bloom, 1985, p.181). Lorsque l’on atteint les années intermédiaires, l’attention de toute la famille se porte sur le jeune sportif et la communauté sportive.
8 Durant la dernière phase de l’engagement sportif, qui survient à la fin de l’adolescence, les parents sont passés d’un rôle de soutien de premier ordre à une position plus en retrait en tant que simple spectateur ; ils interviennent moins directement sur la carrière sportive de leur enfant. Cependant, à ce stade, les parents continuent de prendre leur responsabilités parentales très à cœur, ils se concentrent encore beaucoup sur leur enfant pour lequel ils sont prêts à donner de leur temps, de leur argent et de leur énergie. Une mère de nageur constate :
9 … tout d’un coup ça a pris des proportions pas possibles. Il était trop tard pour reculer. J’imagine que si on s’était lancé là dedans en le sachant, on aurait fait la même chose. Mais à l’époque, je n’avais aucune idée de ce dans quoi on se lançait - aucune (Bloom, 1985, p.475).
10 Des études du même ordre (Cote, 1999 ; Weiss & Hayashi, 1995) ont étudié les répercussions que l’engagement sportif des jeunes peut avoir sur ces familles tout entières tournées vers leur activité. Weiss et Hayashi (1995) rapportent que les parents de jeunes gymnastes entretiennent une relation privilégiée avec leur enfant ; l’évolution de l’engagement sportif va de paire avec celle de l’engagement parental en termes de soutien affectif et financier. Côté (1999) a montré que le soutien parental suivait les schémas mentionnés plus haut, c’est-à-dire une implication directe en tant qu’entraîneur les premières années, puis un rôle de soutien plus indirect les dernières années. Il a été démontré que les parents n’exerçaient de pression sur aucun de leurs enfants (dans le domaine du sport ou ailleurs) ; toutefois, les ressources familiales se concentraient sur l’enfant sportif de la famille, ce qui peut être perçu comme une forme de pression par ce dernier.
11 Alors que l’exemple de ces familles tout entières tournées vers l’activité sportive de leur enfant est une illustration du dévouement extrême parfois accordé à la carrière d’un jeune sportif, le degré d’engagement des parents eux-mêmes peut varier. Hellstedt (1987) analyse toute la gamme des niveaux d’engagement parental observé dans l’activité sportive des enfants ; une gamme allant d’un engagement insuffisant à un engagement excessif en passant par un engagement modéré. Le parent qui s’engage insuffisamment ne manifeste aucun soutien à la carrière sportive du jeune. Ces parents ne prennent part à aucune des activités de leur enfant. Le parent modérément engagé est actif dans le programme sportif pour jeunes, mais laisse tout loisir à l’enfant et aux membres du programme d’encadrement de mener cette expérience à leur guise. Ces parents prodiguent surtout un soutien financier et affectif. Les parents à l’engagement excessif s’investissent à un degré extrême. Ces derniers se remarquent à leur comportement excessif durant les compétitions et les séances d’entraînement. Les parents relevant de cette catégorie aspirent à un succès personnel au travers de la réussite sportive de leur enfant, souvent ils placent toutes leurs espérances (comme la perspective d’obtenir une bourse, le gain d’une somme d’argent grâce à un prix, l’espoir de devenir célèbre) dans la performance de leur enfant. Dans le monde du tennis, beaucoup sont conscients de l’engagement excessif de certains parents tels que Jim Pierce. Comme cela a été relaté dans Sports Illustrated, la famille Pierce a consacré toute son énergie à promouvoir la carrière de leur jeune fille (Schiebner, 1990). Au-delà, M. Pierce est décrit comme un élément perturbateur sur les courts :
12 Il reconnaît avoir reçu un coup de poing à la mâchoire donné par le père d’une des adversaires de Mary durant les matchs de compétition juniors, au cours d’une dispute concernant la qualité de l’arbitrage… il admet également avoir reçu un verre de soda au visage lancé par la mère d’une autre des adversaires de Mary, après qu’il eut déclaré à sa fille : « Tu aurais dû battre cette salope ! » ; il admet enfin avoir hurlé lors des championnats juniors de l’Orange Bowl 1987, « Ecrase-là cette salope ! », à la suite de quoi Mary avait jeté sa raquette en sa direction (p.52).
13 Les parents en poussant leur enfant à se forger une identité propre tout en créant des attentes et en leur inculquant des valeurs, jouent un rôle clef dans leur socialisation (Hellstedt, 1990 ; Libman, 1998 ; Sage, 1990 ; Woolger & Power, 1993). Ce processus de socialisation est régi par le système de croyances auxquels adhèrent les parents, notamment par la façon dont ils perçoivent le talent de leur enfant et les espoirs qu’ils placent en lui. Ces croyances influent sur la relation qu’ils ont avec leur enfant de même que sur leur propre comportement à son égard (Sigel, 1986). A ce jour, les recherches portant sur l’influence des parents sur la carrière sportive de leur enfant, se sont concentrées sur les répercussions que leurs attentes et leur comportement pouvaient avoir en termes de degré de stress ou de plaisir rencontré par l’enfant dans sa pratique sportive. Les études menées sur les sources de stress chez l’enfant dans la pratique individuelle d’un sport, ont montré qu’une majorité de sportifs (77 % à 90 %) considéraient les attentes et les comportements parentaux comme des sources de stress potentielles (Cohn, 1990 ; Scanlan, Stein & Ravizza, 1991). Dans l’ensemble, les origines du stress suscité par les parents proviennent de ce que ces derniers pensent ou disent concernant la performance de leur enfant sportif ; elles relèvent également du sentiment qu’a l’athlète de devoir répondre aux attentes parentales (Cohn, 1990 ; Gould, Horn & Spreeman, 1983 ; Gould, Jackson, & Finch, 1993 ; Scanlan, Stein & Ravizza, 1991).
14 Afin d’examiner la manière dont les parents et les enfants perçoivent le stress et la pression exercée, Averill et Power (1995) ont étudié la façon dont les parents concevaient leur soutien, les directives qu’ils donnaient à leur enfant, et les buts qu’ils fixaient ; le tout a été comparé au degré de plaisir que l’enfant dit effectivement éprouver dans sa pratique du football par rapport à celui que parents et entraîneurs pensent que l’enfant éprouve. Les résultats ont montré que selon les parents, le degré de soutien apporté était en rapport direct avec le degré de plaisir que le jeune sportif éprouvait ; cependant, le point de vue des jeunes athlètes ne révèle pas que ce taux de soutien soit directement lié au taux de plaisir qu’ils tirent de leur activité sportive. Ces résultats sont d’autant plus curieux qu’ils révèlent un décalage marqué entre la façon dont les parents conçoivent le soutien apporté et le degré de plaisir que les enfants estiment tirer de leur activité sportive. Le fait qu’il ne semble pas exister de lien direct entre soutien parental et degré de plaisir, laisse apparaître que les parents ne semblent pas saisir jusqu’à quel point la pression qu’ils exercent par le biais de tels comportements (de soutien) peut influer sur leur enfant.
15 Afin de comprendre comment les comportements parentaux peuvent influer sur les sportifs, Scanlan et Lewthwaite (1984) ont révélé que la forte pression parentale qui s’exprime par une volonté chez l’enfant de répondre aux attentes de leurs parents et par une inquiétude face au jugement social des adultes, était directement liée aux phénomènes d’angoisse constatés avant les matchs. Hellstedt (1990) a également évalué le degré de pression parentale exercée sur les skieurs et il a étudié la façon dont ces derniers y répondaient d’un point de vue affectif. Une majorité de skieurs (73 %) a indiqué avoir ressenti une pression modérée ou au contraire forte de la part de leurs parents ; environ la moitié des athlètes ont le sentiment que leurs parents étaient au moins quelque peu déçus lorsque leur performance était piètre. Au-delà, la plupart des athlètes (87 %) avaient le sentiment que leurs parents seraient contrariés s’ils décidaient de cesser de skier. Malgré ces exigences quant à leurs performances athlétiques, une grande partie des sportifs considèrent que leurs parents exercent une action bénéfique sur eux, une action de soutien plutôt qu’une pression néfaste.
16 Leff et Hoyle (1995) ont découvert qu’un sentiment de satisfaction de la part des parents, sentiment qui se traduit par le soutien affectif qu’ils prodiguent à leurs enfants, influe directement sur le plaisir que les joueurs de tennis juniors tirent de leur activité ; de même ce sentiment de satisfaction influe sur l’image que les jeunes sportifs peuvent avoir d’eux-mêmes. Ces mêmes chercheurs se sont également penchés sur l’impact de la pression parentale et ils ont observé qu’il différait selon les sexes. Les jeunes sportives semblent moins prendre plaisir au tennis que les garçons, et avoir moins confiance en elles en particulier concernant leurs compétences propres dans ce sport ; les garçons en revanche ont moins tendance à faire passer le tennis avant tout.
17 Pour ce qui est du domaine de la compétition sportive, Scanlan et ses collègues (1984, 1991) ont dégagé plusieurs manifestations de pression parentale : jugements et réactions affectives négatives après une piètre performance, attentes disproportionnées concernant les performances, désapprobation ou manque de soutien, importance exagérée accordée aux bonnes performances, sentiment que les parents sont responsables des angoisses des athlètes, enfin pression parentale générale. Dans une étude comparable concernant les sportifs de patinage artistique, Gould et ses collègues établissent également plusieurs catégories de stress : celui lié au fait que les parents insistent sur les exigences financières qu’implique la pratique du sport, le stress qui s’exerce sur la famille, le stress exercé par la famille, et celui provenant d’attentes parentales et de niveau d’exigences perçus comme très élevés par les jeunes sportifs (Gould, Jackson & Finch, 1993).
18 Alors que de nombreuses recherches ont examiné la façon dont les enfants percevaient le stress dû aux comportements parentaux, on sait peu de choses concernant la façon dont les parents perçoivent leur propre comportement. Peu de recherches ont été menées quant à leurs opinions, leurs valeurs, leurs comportements et leurs attentes par rapport à l’activité sportive de leur enfant (Brustad, 1992). En outre, peu d’études ont analysé ces éléments du point de vue des parents. Il s’avère dès lors essentiel de comprendre la façon dont les parents perçoivent leur propre engagement dans l’activité sportive de leur enfant et leurs propres attentes concernant ces derniers. L’objet de cette étude est de saisir la façon dont les parents perçoivent leur propre comportement, ce qui les préoccupe quant à cet engagement, ce qu’ils attendent de leur enfant, et les répercussions que le fait d’avoir des enfants sportifs a sur leur vie.
Méthode
Participants
19 Huit parents, 3 pères et 5 mères, ont participé aux entretiens. L’âge des parents n’est pas connu mais tous avaient des enfants (2 fils et 6 filles) entre l’âge de 12 et de 14 ans (M age = 13.13, ET = 60) au moment de l’expérience. Ces parents ont été à l’université et vivent dans l’une des banlieues aisées d’une ville de taille moyenne du Midwest. A l’exception d’une mère qui n’avait jamais joué au tennis ou pratiqué un autre sport, tous les parents jouaient à ce moment-là régulièrement au tennis dans un club privé. Tous les participants étaient mariés et à une exception près, avaient plusieurs enfants qui pratiquaient le tennis et/ou un autre sport au collège ou au lycée.
20 Comme les fils et filles des participants avaient auparavant participé à une enquête de plus grande ampleur concernant les jeunes joueurs de tennis, les informations ayant permis de sélectionner les participants à cette étude, reposent sur celles fournies précédemment par les jeunes. Pour le premier critère de sélection, il fallait que le parent amène son fils ou sa fille aux cours de tennis ou aux tournois. Pour le second critère, il fallait que le parent choisi encourage plus l’enfant que son conjoint ou exerce une pression plus forte sur lui. Pour le troisième critère, il fallait que tous les parents participant à l’étude soient clairement identifiés par leur fille ou leur fils comme exerçant une pression sur eux par rapport au tennis. Enfin, il a été demandé aux parents d’évaluer leur degré d’engagement dans la carrière de tennis de leur enfant sur une échelle allant de 1 à 10, 1 correspondant à un engagement « nul » et 10 correspondant à un engagement « excessif » (avec comme élément de comparaison les parents de Mary Pierce et de Chris Everett considérés comme engagés « excessivement »). Chaque parent avait un enfant figurant au tableau du classement régional de tennis de l’Ouest au moment de l’entretien. Chaque enfant sportif des parents sélectionnés devait avoir attribué à son père ou à sa mère un degré d’influence sur l’Echelle de Graduation des Facteurs d’Influence Parentale conçue par Scanlan et Lewthwaite (1984) dans une autre étude menée par Wiesner (1995). Les parents auxquels été attribué un score de 3,5 ou plus sur une échelle de 5 par leur enfant étaient invités à participer à l’entretien. Un score de 3,5 représentait les parents dont la pression exercée sur leur enfant se situait au-delà de la moyenne de l’échelle. Les huit parents dont le score se situait au-delà de 3,5 sur l’échelle ont tous accepté de participer à l’entretien. Les parents n’étaient pas au courant des scores qu’ils avaient obtenus lors de l’étude précédente.
Recueil des Données
21 Chacun des huit parents a été convié à l’entretien dans les locaux de leur club de tennis. Le protocole d’entretien semi-guidé consistait en une série de questions concernant leur propre engagement sportif quand ils étaient jeunes, leurs perceptions concernant la pression parentale exercée sur les enfants, leur opinion concernant l’engagement sportif et la réussite, leurs préoccupations par rapport aux coûts financiers engendrés par la pratique du tennis, et les répercussions que cette pratique par l’un de leurs enfants avait sur les autres enfants de la famille.
22 Chaque entretien s’est déroulé en privé et a duré de 45 minutes à une heure. Les entretiens ont été enregistrés puis retranscrits verbatim. Les transcriptions ont été analysées selon une méthode inductive élaborée par Scanlan, Ravizza, et Stein (1989). Trois chercheurs ont lu les transcriptions et dégagé des thèmes étayés par les opinions des parents. Ces évaluateurs ont ensuite comparé leurs analyses et sont arrivés à un consensus concernant l’identification de thèmes généraux.
Résultats et Commentaires
23 Les résultats de l’approche reposant sur une méthode inductive d’analyse des données ont permis de dégager six thèmes principaux. Le tableau 1 contient les thèmes principaux et les catégories sous-jacentes. Les thèmes principaux comprennent les rôles des parents, les répercussions sur les familles, les contraintes d’emploi du temps, les préoccupations financières, la pression parentale, et les dilemmes auxquels sont confrontés les parents. Chaque thème principal est ensuite analysé, de même que les catégories et les citations venant les corroborer.
Rôles parentaux
24 Nombre des parents ayant participé à cette étude ont assidûment pratiqué le tennis ou un autre sport ; il était dès lors important que leur enfant en pratique également un. Quatre catégories concernant le rôle des parents ont émergées. Plus précisément, les catégories comprenaient l’acquisition des habiletés, le soutien des activités sportives de l’athlète, l’apprentissage de la gestion de ses émotions, et l’attention portée au comportement des entraîneurs.
Acquisition des habiletés
25 Les parents souhaitent s’impliquer dans le développement de leur enfant et ont trouvé des moyens de faire participer celui-ci, dès son plus jeune âge, à leurs activités, y compris le tennis. Comme l’indique une des mères interrogées : « Lorsqu’elle est née, mon mari et moi l’emmenions faire de la balançoire. A trois mois, elle restait assise sur le court de tennis. » A mesure que les enfants grandissent, tous les parents interrogés évoquent leur implication dans l’acquisition de compétences sportives : ils leur apprennent à jouer au tennis dans l’allée de la maison, ils disputent des matchs ou font régulièrement quelques échanges de balles avec eux. Peu de parents ont eu l’impression de jouer un rôle d’entraîneur pour leurs enfants. Comme l’explique une des mères interrogées : « Quand elle était plus petite, on jouait au tennis dans l’allée de la maison. Je lui lançais des balles et elle les renvoyait. » Un père interrogé déclare : « On nous a dit très tôt que la meilleure chose à faire pour les enfants, c’était d’aller dehors et de jouer avec eux. J’ai donc suivi ce conseil. » La mère d’un adolescent indique que : « Hier, son père a joué avec elle pendant une heure. »
Soutien des activités sportives de l’athlète
26 La catégorie évoque l’engagement des parents liée à l’observation des entraînements et des matchs de leur enfant. Les parents étaient soucieux du développement des habiletés de leur enfant. Néanmoins, la plupart des parents jugeaient inutiles d’assister aux entraînements, mais estimaient qu’il était nécessaire d’assister aux compétitions. Un des pères interrogés déclare : « A mon avis, les parents devraient, autant que faire se peut, assister à tous les matchs… Je n’estime pas nécessaire d’assister aux entraînements, et cela nous arrive rarement. » Un autre estime qu’au cours de l’entraînement : « Les enfants doivent pouvoir essayer des choses et échouer, sans éprouver la pression liée au fait que les parents assistent à l’entraînement. »
Apprentissage de la gestion des émotions
27 Les parents interrogés soulignent la nécessité de veiller au bon comportement de leur enfant et de leur apprendre des façons raisonnables de réagir à la déception et à la frustration. Ils prennent au sérieux la responsabilité qui leur incombe de veiller au bon comportement de leur enfant et ils sont attentifs au manque de sportivité au cours des entraînements et des matchs. En outre, ils apprennent à leurs enfants à contrôler leurs émotions et les encouragent à être attentifs pendant les cours. Une des mère interrogées déclare : « S’il fait le con, je le retire tout de suite du tournoi. Quand on ne se comporte pas convenablement, on ne joue pas au tennis. » Une autre explique : « Parfois j’assiste aux cours de mon fils, parce qu’il a vraiment mauvais caractère. »
Attention portée au comportement des entraîneurs
28 Les parents interrogés signalent l’importance d’observer la manière dont l’entraîneur de leur fils ou de leur fille traitait les enfants. Certains reconnaissent que leur présence pendant les entraînements était susceptible de représenter une pression pour l’entraîneur. Comme l’indique un des parents interrogés : « Les parents s’intéressent vraiment à la manière dont leurs enfants jouent. » Cependant, les parents interrogés se sont également montrés préoccupés par l’attitude de certains entraîneurs, qui exercent une pression inutile sur les jeunes sportifs. Comme l’explique un des parents : « Nous avons noté qu’en général, dans tous les programmes d’entraînement, les entraîneurs essaient de pousser les enfants à avoir le sentiment qu’ils doivent en faire toujours plus par rapport à ce qui leur est demandé. »
29 L’engagement dans un sport était une chose qui comptait beaucoup pour les deux parents ; et ils espéraient transmettre cet amour du sport à leurs enfants. Leur souci premier n’était pas de faire de leurs enfants de futurs champions de tennis. Ainsi, lorsqu’on a interrogé un des pères au sujet de son engagement, et de celui de sa femme, dans l’acquisition des habiletés sportives de leurs enfants, il nous a répondu ainsi : « Avant tout, nous essayons de les encourager et de créer une atmosphère propice à la pratique du tennis, mais je ne les pousse pas… Nous leur offrons la possibilité de pratiquer ce sport, et s’ils veulent en profiter, tant mieux. »
30 Parmi les rôles parentaux, nous pouvons distinguer : l’implication dans le cadre de l’expérience sportive de l’enfant, en faisant en sorte de développer les compétences sportives de celui-ci, le soutien apporté aux enfants au niveau de leur performance sportive, la supervision des entraîneurs, et un rôle d’éducateur, dans le cadre de l’apprentissage de la gestion des émotions au cours des entraînements et des compétitions. Les parents interrogés essaient de trouver des moyens d’encourager la pratique sportive de leur enfant et de devenir des référents dans l’apprentissage des valeurs comme la sportivité et le fair-play. Les parents accordent une importance moindre à ce type d’engagement. Cependant, il est l’occasion d’une évaluation sociale, permettant aux parents de prodiguer des encouragements ou d’exercer une pression supplémentaire.
Répercussions sur la famille
31 Il était important pour les parents de faire en sorte que chaque enfant ait une place à part entière au sein de la cellule familiale. Si on consacre plus de temps et d’argent à un seul des enfants de la famille, cela a sans nul doute des répercussions négatives sur les activités de ses frères et sœurs et cela semble pour le moins injuste. Les parents ont évoqué trois catégories venant étayer le thème principal, à savoir : trouver un équilibre au sein des activités familiales, faire que chaque enfant trouve sa place, organiser des activités pour toute la famille.
Trouver un équilibre au sein des activités familiales
32 • La plupart des parents nous ont fait part de leur difficulté à traiter de façon équitable tous les enfants de la famille. Comme l’indique un des pères interrogés :
33 Notre priorité, c’est avant tout la famille, et on a quatre enfants… on n’est pas du genre à sacrifier tout le reste de la famille si un des enfants s’avère avoir l’étoffe d’un champion de tennis… chacun des enfants doit trouver sa place au sein de la cellule familiale.
34 • Un autre père interrogé partage la même préoccupation :
35 • Ma femme et moi essayons d’assister à tous leurs matchs. Nous avons quatre enfants, et deux d’entre eux, les deux aînés, participent à des compétitions de tennis. Et ça, ça suppose pas mal de déplacements et ça prend pas mal de temps : au moins un de nous deux essaye de trouver le temps d’assister à chacun de leurs matchs. Souvent, on embarque toute la famille pour le week-end et on va là où se déroule le tournoi ; nous sommes vraiment très impliqués dans ce qu’on pourrait appeler l’aspect humain de la pratique sportive.
36 Plus loin, il ajoute :
37 Ce qui nous importe véritablement, c’est de trouver une activité stimulante pour chacun de nos enfants, c’est-à-dire une activité qui les intéresse et à laquelle chacun puisse participer. Mais quand chacun des enfants participe à une activité sportive, ce n’est pas possible de consacrer trop de temps à un seul d’entre eux. Donc parfois on est tout simplement obligés de dire non. En ce qui concerne les tournois de tennis, nous avons décidé qu’étant donnés notre emploi du temps serré et les diverses contraintes qui pèsent sur notre famille, un nombre raisonnable de tournois par an s’élèverait à 6, voire 8…
38 La plupart des enfants évoqués dans cette étude ne se consacraient pas exclusivement au tennis. Ainsi, être un joueur de tennis classé représentait une source de contraintes encore plus importante pour leur famille. Une des mères interrogées déclare encourager ses enfants à essayer toutes sortes d’activités. Mais s’ils s’avèrent ne pas les pratiquer sérieusement, elle estime devoir en parler. Elle déclare : «… on essaye vraiment de les en dissuader. Si ça nuit vraiment à l’équilibre de la famille et si nous savons qu’ils font ça simplement par caprice, alors, là, on les [décourage]. » Une autre explique :
39 Pendant trois semaines, nous ne faisons rien, nous n’allons nulle part, on reste avec elle en attendant qu’elle ait fini ses cours de natation et de tennis. Alors, oui, c’est vrai, on peut dire qu’on fait beaucoup de sacrifices pour elle. Elle se plaint parce qu’elle ne peut pas jouer avec les enfants de son âge… alors on a tout simplement décidé qu’elle n’irait pas au « Western Open ».
Faire que chaque enfant trouve sa place
40 Etablir un emploi du temps en tenant compte des activités de chacun est un problème auquel les parents interrogés sont confrontés. Lorsqu’un des enfants pratique le tennis à un certain niveau, cela contraint souvent les autres à renoncer à leurs activités du week-end pour se rendre dans des tournois et soutenir le frère ou la sœur qui joue. Les parents interrogés essayent de prévoir des activités spécifiques pour les enfants qui ne jouent pas. Comme le dit une des mères interrogées :
41 Quand on va quelque part, on en profite pour aller rendre visite à un cousin, ou on va dans un magasin qui leur plaît. On essaye donc de faire en sorte que tout le monde s’amuse.
42 Une autre mère interrogée a évoqué le problème de son fils qui n’est pas très sportif : « Nous avons des difficultés à jongler avec l’emploi du temps de notre fille [qui joue au tennis] pour faire en sorte que notre fils ne se sente pas exclu. »
43 Les parents de famille où il y a plusieurs enfants ont indiqué à quel point il était important pour eux de faire le bonheur de chacun de leurs enfants et de leur donner le sentiment qu’ils avaient une place importante dans leur famille. Pour ce faire, ils donnent l’occasion à tous les enfants de prendre une part active à la mise en place d’un emploi du temps familial, en particulier concernant les activités sportives.
Des activités pour toute la famille
44 Trouver un équilibre dans la gestion du budget familial s’est avéré être un sujet de préoccupation pour les parents. Ceux-ci tentent en effet de minimiser l’impact du coût individuel des déplacements, des cours et de l’équipement requis par la pratique du tennis sur la répartition du budget de la famille. Les parents tiennent à faire quelque chose pour chacun des enfants en leur proposant des activités équivalentes. Un des pères interrogés indique ainsi :
45 On se demande souvent si notre gestion du budget est vraiment la bonne. On a dépensé beaucoup d’argent pour le tennis ; et surtout, si on fait ça pour deux ou trois enfants et pas pour les autres, ça crée un déséquilibre.
Gestion du temps
46 La nécessité de trouver un équilibre entre les emplois du temps de tous les enfants de la famille et celui des parents révèle toute la complexité de la gestion des activités familiales. Les entretiens menés auprès des parents ont permis de dégager trois catégories concernant ce point en particulier : la mise en place d’un emploi du temps, les répercussions sur les activités parentales et les conflits générés entre les différentes activités des enfants.
Mise en place d’un emploi du temps
47 L’une des difficultés rencontrée par les parents était la manière de trouver un équilibre entre le temps consacré à un membre de la famille impliqué dans un sport, et les activités diverses et variées des autres enfants de la famille. Une mère de trois enfants évoque le plan suivi afin de toujours avoir à l’esprit qui fait quoi dans la famille. « Le grand secret, c’est d’avoir un grand calendrier avec de grandes cases dans lesquelles chacun doit inscrire les activités prévues… j’ai imposé une limite au nombre d’activités qu’ils peuvent pratiquer. »
48 Une autre mère interrogée a évoqué la difficulté de trouver un équilibre entre tennis et activités quotidiennes :
49 Pendant toute l’année scolaire, j’enseigne, et je me demande comment je trouve le temps d’exercer ma profession, parce que l’été… Bon, par exemple, ce matin j’ai aidé mon fils à ranger sa chambre parce qu’il avait perdu quelque chose, ensuite j’ai accompagné ma fille au centre commercial, je l’y ai déposée, ensuite nous sommes rentrées, ensuite j’ai dû accompagner mon fils quelque part, et ensuite ma fille. C’est vraiment dur de trouver un équilibre.
50 Les parents étaient tout à fait disposés à laisser leurs enfants essayer diverses activités, mais quand celles-ci requéraient trop de temps, ils demandaient aux enfants de faire un choix. Comme l’explique une mère : « Au début, il voulait faire du hockey, puis du tennis. Je l’ai inscrit… Mais il devait choisir, parce qu’on ne peut pas tout faire. Donc c’est lui qui a choisi le tennis plutôt que le hockey. »
Répercussions sur les activités parentales
51 Beaucoup de parents ont décrit l’impact de la pratique du tennis par un de leurs enfants sur leurs propres activités. Un des pères interrogés a décrit ainsi cet impact : « Je considère que je suis très impliqué dans la pratique du tennis de ma fille, au point de réaménager mon emploi du temps (réunions et autres obligations professionnelles), si cela m’est possible, pour pouvoir assister à un match. J’aime être présent lorsque mes enfants participent à une compétition. »
52 Une autre mère interrogée souligne que les activités de ses enfants venaient rogner le temps consacré à ses activités personnelles. Elle déclare :
53 Je dis aux gens que je ne peux rester que jusqu’à une certaine heure, parce que je dois accompagner ma fille ou mon fils quelque part. On essaye de trouver un équilibre, mais en fait, ce qui se passe, c’est qu’on a systématiquement dix minutes de retard, où qu’on aille.
Conflits générés entre les activités des enfants
54 Un autre sujet de préoccupation des parents concernait la manière dont leurs enfants utilisaient et organisaient leur temps. On a posé à une mère la question suivante : comment réagirait-elle si sa fille déclarait vouloir aller au cinéma avec un ami et non au cours de tennis prévu ? Voici la réponse qu’elle nous a faite :
55 S’il s’agit simplement d’un entraînement, ou de quelques échanges de balles avec son père ou un ami, ce n’est pas grave. Si c’est un cours de tennis, et qu’on trouve une tranche horaire durant laquelle on puisse le rattraper, je l’autoriserais aussi à aller au cinéma. Une des raisons pour lesquelles notre fille a arrêté la gymnastique, c’est parce que ça lui prenait beaucoup de temps et, du coup, elle ne pouvait plus voir ses amis… Si à cause du tennis elle ne peut plus faire des choses avec ses amis, elle va finir par détester ce sport et abandonner…
56 La pratique sportive des enfants nécessite un important investissement en temps de la part des parents, entre les déplacements pour se rendre aux cours de tennis et les matchs auxquels ils assistent. Les parents doivent donc adapter leur emploi du temps en fonction des besoins de leurs enfants. Certains parents indiquent que leurs enfants ont eu à choisir entre plusieurs activités et décider combien de temps ils devaient consacrer au tennis. Cette implication en termes de temps peut être une source de stress pour l’enfant. Les parents sont susceptibles d’avoir certaines attentes en ce qui concerne les performances de leurs enfants, ce qui requiert de la part de ces derniers de consacrer un certain temps à l’entraînement. Si l’enfant ne souhaite pas consacrer ce temps au tennis, cela peut créer des tensions avec les parents. L’enfant peut également avoir le sentiment de ne pas pouvoir faire de choix autonomes en ce qui concerne sa carrière sportive ou sa vie privée, même si les parents pensent ne mettre en place qu’un cadre au sein duquel les enfants peuvent faire des choix.
Préoccupations d’ordre financier
57 En plus des contraintes en matière de temps que rencontrent les parents d’enfants de jeunes gens qui s’impliquent activement dans le tennis, cette implication sportive suscite aussi des préoccupations d’ordre financier. La plupart des parents ont certes reconnu que le coût des leçons, de l’équipement et des frais de déplacement n’étaient pas prohibitifs. Cependant, ils souhaitaient que le jeu en vaille la chandelle, que l’investissement financier consenti ne soit pas vain. Nous avons pu dégager trois catégories concernant ce point en particulier : le sentiment d’avoir à protéger l’investissement consenti, la gestion responsable du budget, le fait d’offrir des expériences uniques.
Sentiment d’avoir à protéger l’investissement consenti
58 Les parents interrogés étaient tout à fait conscients de l’argent qu’ils dépensaient dans le cadre de la pratique du tennis de leurs enfants. Comme le dit une des mères interrogées : « Je lui ai dit… ça coûte beaucoup d’argent… et si tu ne fais pas de ton mieux, c’est vraiment pas la peine. » Une autre déclare : « l’aspect financier est loin d’être négligeable… on veut bien consentir à ces dépenses, mais seulement si elle s’implique totalement. » Une autre encore, qui entraîne des équipes de volley-ball et des joueurs de tennis, explique : « Ce n’est pas facile comme boulot d’être entraîneur de tennis, parce que tous ces parents dépensent d’importantes sommes d’argent, et du coup ils ont le sentiment d’avoir à protéger leur investissement. »
59 La question de savoir s’il est souhaitable ou non que les parents assistent aux matchs de leurs enfants soulève un autre aspect de cette question. Comme l’explique une des mères interrogées :
60 Je crois qu’ils aiment aller voir les matchs. Je crois que les enfants doivent le comprendre. A moins que les parents ne veuillent à tout prix voir leur enfant gagner, et exercent donc trop de pression sur lui. Mais je crois que les parents dépensent de telles sommes qu’ils ont tout de même le droit d’assister aux matchs. Du moins, c’est mon sentiment.
Gestion responsable du budget familial
61 Le tennis est un sport qui coûte cher, et les parents interrogés ont donc exprimé leurs préoccupations au sujet des habitudes d’entraînement de leurs enfants, pesant le coût par rapport au produit et au résultat. La nécessité de prendre des cours particuliers afin de développer les compétences de leurs enfants représente une part non négligeable de l’investissement financier des parents et peut grever de façon significative le budget familial. Une mère interrogée déclare :
62 Je me fais également du souci au sujet de l’argent. Les cours particuliers coûtent trente dollars la séance. J’ai dit, bon, d’accord, mais quand tu sors du court, ce que j’aimerais que tu fasses, c’est que tu prennes un stylo et que tu notes dans un cahier ce qu’il t’a dit, comme ça, tu peux t’entraîner et pratiquer toute seule ce qu’il t’a expliqué.
63 Plus tard, elle ajoute : « Elle en est au stade où certains de ses camarades prennent deux ou trois cours particuliers par semaine. Et nous, nous ne pouvons pas suivre financièrement. » Une autre déclare : « Je lui ai dit… ça coûte beaucoup d’argent… et si tu ne fais pas de ton mieux, c’est vraiment pas la peine. » Plus loin, la même ajoute à cette préoccupation :
64 Les jeunes athlètes peuvent gaspiller leur temps, faire les imbéciles et ne pas être concentré quand il le faudrait. Je sais bien que c’est une gamine… Mais, bon, quand on voit tout cet argent partir en fumée… Moi j’apprenais au centre aéré, ça ne coûtait rien.
Offrir des expériences uniques
65 Les parents interrogés étaient conscients du fait qu’une partie du développement d’un jeune consiste dans l’acquisition d’un sentiment de liberté quant à la capacité de prendre des décisions responsables. Le fait d’appartenir à un club sportif peut y contribuer. Un des parents interrogés a souligné l’importance d’offrir à son enfant des occasions d’être indépendant et de prendre ses propres décisions au sujet d’activités sportives qu’il ou elle souhaite pratiquer. Une des mères interrogées, parlant de l’importance qu’elle attachait au fait que sa fille ait une activité sportive explique :
66 On a pris une licence dans un club. Elle n’y fait pas seulement du tennis, elle peut prendre part à toutes les activités proposées : cours d’aérobic, natation. Ce qu’elle peut aimer ça, la natation ! Elle en fait tout le temps. C’est exactement ce que nous voulons pour elle : elle peut venir et prendre un cours toute seule.
67 Les parents ont cité également des obligations d’ordre financier, mais celles-ci ne semblaient pas peser de façon excessive pour la plupart des familles. Les parents qui trouvaient excessives les dépenses consenties ont demandé à l’enfant soit de limiter le nombre d’activités pratiquées, soit de trouver un autre moyen d’obtenir cet argent. Les parents étaient disposés à dépenser de l’argent pour la pratique du tennis dans la mesure où le coût ne paraissait pas mettre en danger l’équilibre et les finances de la famille. Il était demandé au jeune athlète d’assister à toutes les séances d’entraînement, de se concentrer sur l’apprentissage de nouvelles habiletés et d’être pleinement impliqué dans la pratique sportive.
68 Le thème des obligations financières montre qu’il est possible que les parents ressentent une pression liée à l’implication sportive de leur enfant, dans la mesure où ils tentent d’équilibrer les ressources dont dispose la famille et les contraintes financières pesant sur elle. De telles préoccupations soulignent la dimension réciproque de l’apprentissage social sur les interactions entre parents et enfants, ce qui indique que l’expérience sportive d’un enfant influence également la cognition, les affects et les comportements des parents (Weiss et Hayashi, 1995). Néanmoins, le degré de pression que ressentent les parents est également susceptible d’influencer le degré de pression que ces derniers exercent sur les jeunes sportifs. Dans leur difficile tentative de trouver un équilibre pour la famille, pour eux-mêmes et pour l’enfant pratiquant une activité sportive, les parents doivent faire face à des choix pour leur enfant qui limitent le degré de contrôle dont ce dernier pourrait bénéficier.
Pression parentale
69 La plupart des parents interrogés reconnaissent exercer une pression sur le jeune sportif en termes de résultats à atteindre, et d’efforts à fournir lors des matchs ou des entraînements. Cinq catégories ont émergées des discussions : la pression exercée sur les enfants pour préparer les compétitions, l’importance de la valeur de l’effort, le fait de jouer contre leurs parents, l’entraînement assuré par les parents, et le soutien apporté.
Pression exercée sur les enfants pour préparer les compétitions
70 Les parents dont les enfants sont très impliqués dans la pratique du tennis souhaitent que ceux-ci fassent des progrès et qu’ils donnent davantage d’eux-mêmes. La mère d’un jeune athlète souhaite que son fils progresse par le biais du travail et de l’entraînement. Elle est déçue s’il ne fournit pas suffisamment d’efforts dans une compétition, et si par conséquent il perd. « Quand il perd, il m’en veut toujours de lui faire des reproches… Mais moi je pense qu’il doit se pousser à gagner, je lui en veux parce qu’il ne se prépare pas avant d’aller à une compétition. » D’autres expriment leur désapprobation quant aux choix faits par leurs enfants au niveau de la gestion de leur temps. Par exemple, deux des parents interrogés se sont dits frustrés que leurs enfants choisissent de passer de temps avec leurs amis plutôt que de s’entraîner. Un de ces derniers explique :
71 On n’était pas très chauds pour qu’elle aille passer le week-end dans la maison de campagne d’un ami… On lui a dit qu’elle pourrait aller jouer au tennis vendredi, samedi et dimanche pour se préparer pour lundi, mais elle, elle préférait aller avec ses amis et ne rien faire. C’est ce qu’elle a fait, mais ce qu’il y avait de mieux à faire avant ce tournoi.
Importance de la valeur de l’effort
72 Les parents étaient davantage susceptibles d’exercer une pression sur leurs enfants en attendant d’eux qu’ils s’engagent totalement et qu’ils fournissent des efforts importants. Un des pères a évoqué cette dimension :
73 On veut qu’ils réussissent, et on leur dit que leurs résultats ne nous importent pas tant que ça… Ce qui est important, c’est qu’ils fassent de leur mieux, et faire de son mieux, c’est se battre contre son adversaire. Quand on a la capacité de battre quelqu’un, alors, si on fait de son mieux, alors c’est possible ; il ne s’agit pas de battre son adversaire pour le simple plaisir de le battre, c’est juste que lorsqu’on a les compétences requises pour gagner un match, on devrait le gagner. Donc, ce n’est pas qu’on veuille qu’ils gagnent à tout prix, mais on souhaite qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes lorsqu’ils font des compétitions.
74 Au cours de l’entretien, une des mères a évoqué ses attentes et expliqué : « Non, non, je ne pense pas qu’elle ressente beaucoup [de pression], puisque c’est seulement elle qui le souhaite… elle veut gagner. Oui, peut-être ressent-elle un peu de pression, mais pas la pression de participer à des compétitions, mais la pression de la victoire plutôt. » Cette citation révèle toutes les contradictions dans l’attitude de cette mère et dans ce qu’elle attend de sa fille. Elle croit soutenir sa fille et le désir de victoire de cette dernière, mais elle ne pense pas pousser sa fille à participer à des compétitions. Cependant, quand on participe à des compétitions, le but ultime est la victoire.
Jouer contre les parents
75 De nombreux parents jouent au tennis avec leurs enfants, ce qui représente une sorte d’entraînement et favorise l’acquisition de compétences sportives. Cette forme de compétition peut cependant s’avérer parfois être une source de pression de la part des parents. Une mère évoque la pression qui s’exerce sur les jeunes joueurs de tennis lorsqu’ils jouent contre leur père ou leur mère. Elle déclare : « Elle commençait à avoir un niveau suffisant pour que nous jouions ensemble. Je ne voulais pas jouer trop souvent contre elle, car je sais qu’à ce stade, je peux encore la battre. Je ne voudrais pas trop la décourager. » Une autre explique, à propos des matchs contre sa fille :
76 Nous jouons ensemble… elle ne joue pas encore assez bien pour me battre. Ce qui s’explique en partie par le fait que je sois sa mère. Elle a un meilleur coup droit et un meilleur service que moi, mais elle manque encore d’endurance… elle ne m’a pas encore battu. Et si elle pensait pouvoir me battre… elle en pleurerait.
77 Entraînement assuré par les parents. Certains des parents interrogés estiment avoir le droit de soutenir leurs enfants en leur servant d’entraîneur et en leur prodiguant des conseils. Une des mères interrogées, professeur d’éducation physique, essayait d’assister à tous les entraînements de sa fille et elle notait tout ce que disait l’entraîneur afin de pouvoir travailler avec sa fille après les cours. Cette mère, qui restait toujours en marge du terrain, explique :
78 Et lorsqu’elle prenait des cours particuliers avec cet entraîneur, j’y assistais toujours et je m’asseyais en marge du court. Cela ne dérangeait pas l’entraîneur. J’essayais de prendre des notes pendant le cours, et, après le cours, on prenait le temps de noter ce qu’il lui avait dit, pour qu’elle puisse s’entraîner. Il est impossible de se souvenir de tout ce que quelqu’un a dit deux semaines après.
79 D’autres parents ne se sentaient pas très à l’aise pour enseigner les aspects techniques du tennis mais ils estimaient important de motiver leur enfant et de le pousser à accroître ses efforts. Une mère interrogée déclare :
80 Il m’est arrivé de lui faire la leçon dans la voiture lorsque je la ramenais à la maison après son cours de tennis si je pensais qu’elle n’avait pas fourni suffisamment d’efforts, qu’elle avait passer son temps à bavarder. Elle n’aime pas particulièrement que j’assiste à ses cours.
Apporter un soutien
81 Apporter un soutien au jeune athlète est un des rôles significatifs que jouent les parents interrogés dans le cadre de cette étude. Néanmoins, plusieurs d’entre eux reconnaissent que ce soutien peut être perçu comme une forme de pression. Une mère, qui se disait très impliquée dans la carrière sportive de sa fille, déclare :
82 Elle n’irait pas dans des tournois si je ne la poussais pas à le faire… Je dois tout organiser pour elle. Mais je ne vais pas la taper ou lui hurler dessus si elle perd ou si elle joue mal, on a dépassé ce stade. Je ne m’implique plus émotionnellement, je ne lui dit plus, non, tu ne peux pas faire de pause, il faut que tu continues à t’entraîner, toujours et encore, maintenant c’est à elle de prendre des décisions et de faire des choix.
83 L’implication des parents se place sur un continuum allant de l’encouragement à la pression. Les parents interrogés expliquent ici comment leurs comportements peuvent inciter ou pousser l’enfant à atteindre un certain niveau de performance et comment la piètre performance de ce dernier peut influencer le comportement qu’ils adoptent à son égard. Les parents interrogés estiment parfois nécessaire de pousser leur enfant à exceller dans une discipline sportive. Sans cette pression, les parents avaient le sentiment que l’enfant ne réussirait pas dans le tennis. Hellstedt (1990) suggère néanmoins que bien que les enfants aient besoin d’encouragement et d’incitation, une pression excessive en vue d’atteindre des attentes complètement irréalistes peut nuire à la performance et à la motivation du jeune sportif. Ces parents veulent que leur enfant réussisse en s’efforçant de faire de son mieux ; cependant, les choses deviennent plus complexes lorsqu’il s’agit de trouver un équilibre entre le fait de témoigner son soutien à l’enfant et celui d’exercer une pression excessive sur ce dernier. Une telle tension est à l’origine des dilemmes rencontrés par nombre de parents alors qu’ils connaissent des difficultés à concilier un comportement parental responsable et le fait d’exercer une pression excessive.
Dilemmes rencontrés par les parents
84 Les parents abordent plusieurs dilemmes auxquels ils ont été confrontés tout au long de la carrière sportive de leur enfant. Quatre catégories ont émergées à la suite des entretiens parentaux : le tennis comme activité physique par opposition au tennis comme carrière future, la promotion d’une hygiène de vie, le contrôle de la communication non verbale, la gestion de ses émotions lors des compétitions.
Le tennis comme activité physique par opposition au tennis comme carrière future
85 Les parents ont traité du problème posé par la difficulté à identifier le moment où le tennis prenait dans la vie de leur enfant une place plus importante que celle qu’occupe simplement la pratique d’une activité physique saine. Comme l’évoque une des mères : « Je ne pense pas que je veuille qu’elle soit impliquée dans le tennis au point de vouloir y consacrer toute sa vie… parce que seule une personne sur un million est capable de faire ça. »
Promotion d’une hygiène de vie
86 Les parents considèrent qu’il est important que leur enfant soit dynamique et la plupart ont estimé que le tennis était l’activité idéale pour y arriver. Lorsqu’on lui demande comment elle réagirait si sa fille décidait d’abandonner le tennis pour pratiquer un autre sport, voici ce que répond une des mères :
87 Si ma fille décidait d’abandonner le tennis, j’aurais vraiment du mal à l’accepter… je veux dire que si elle décidait de se consacrer entièrement au volley, um, je crois que je préfèrerais qu’elle fasse les deux. Parce qu’en tant que professionnelle du sport moi-même, je pense vraiment que tout ce que l’on fait dans un autre sport ne sert à rien si ce n’est à s’améliorer en tennis.
88 D’autres parents ont l’impression qu’avoir une activité sportive procure à leur enfant un sens du travail bien fait ainsi qu’un sens du défi. A ce propos, un parent a exprimé son découragement quant au fait que sa fille ne voulait pas s’entraîner. La mère savait que si sa fille ne s’entraînait pas, elle ne pourrait pas rester au niveau de ses pairs. Voici en quels termes elle exprime son inquiétude :
89 J’ai l’impression que lorsqu’elle va aux entraînements elle ne s’entraîne pas. Elle y va pour s’amuser… Je me dis que tant qu’elle y prend plaisir, pourquoi insister pour qu’elle s’entraîne ? J’ai pas envie qu’elle perde le peu d’intérêt qu’elle a pour le tennis.
Contrôle de la communication non verbale
90 Un parent a évoqué les messages contradictoires qui peuvent être envoyés à l’enfant par le biais de la communication non verbale. Comme le souligne un père :
91 Les enfants peuvent lire sur le visage de leurs parents… lorsque je crois ne rien dire et ne rien faire, ils peuvent quand même lire des choses sur mon visage, du coup j’ai conscience de faire un effort lorsqu’ils me regardent… s’ils froncent les sourcils [les parents], s’ils prennent un air écœuré, ça se voit, c’est un signe de désapprobation lancé au joueur et ils peuvent mal le prendre.
Gestion de ses émotions
92 Les parents disent avoir parfois éprouvé des difficultés à contrôler leurs propres émotions lorsqu’ils regardaient leur enfant jouer. Souvent, ils s’investissent affectivement dans le jeu de leur enfant, en particulier en ce qui concerne l’issue de la partie, comme le montre ce commentaire d’une mère :
93 Je crois que je pourrais devenir vraiment exécrable. Je pourrais devenir un de ces parents que l’on rencontre sur les courts, de la pire espèce, parce que ça me fait mal, ça m’a fait mal quand je l’ai vue s’effondrer parce que cette fille [l’adversaire] trichait.
94 Une des mères évoque la réaction physique qu’elle a lorsqu’elle regarde sa fille jouer :
95 Ça me donne mal au ventre… quand je vois que je pourrais facilement m’emporter. Je pourrais dire des choses que je regretterais ensuite vis-à-vis des gens assis derrière moi ou autour de moi que je connais, ou vis-à-vis d’autres de mes amis voyageant aussi avec l’équipe et qui ont aussi des enfants qui jouent au tennis. Certaines personnes se comportent vraiment mal.
96 Parmi les dilemmes rencontrés, une autre mère exprime ses inquiétudes quant à la difficulté de se déplacer systématiquement à tous les matches. Voici les propos qu’elle tient : « Je veux assister à toutes [les compétitions] mais je reste très nerveuse, vous savez, et je deviens hyper tendue mais je sais qu’il est préférable que j’y aille pour les enfants. »
97 La plupart des parents sont bien intentionnés et conscients de leur comportement dans leur volonté d’aider leur enfant, ils cherchent à soutenir leur enfant en modérant un comportement susceptible d’entraîner une pression excessive sur ce dernier. Plusieurs d’entre eux sont conscients de leur niveau d’exigences et d’engagement élevés ; cependant ils ne savent pas toujours comment gérer cela de manière efficace. La gestion des aspirations personnelles qu’ils entretiennent quant au succès de leur enfant a été mise en exergue lorsqu’il s’est agi d’évoquer les dilemmes rencontrés par rapport aux performances de leur enfant. Dans l’ensemble, de tels dilemmes ont mené les parents à s’interroger sur la forme de soutien qu’ils devraient adopter, selon un continuum allant du simple encouragement à de réelles exigences.
Conclusions
98 Cette étude porte sur la perspective des parents quant à leur engagement dans l’expérience sportive de leur enfant. Les résultats ont montré que les parents exerçaient une influence importante, bénéfique et multidimensionnelle sur la vie de leur enfant sportif. Au sein du rôle qui leur incombe, les parents ont du mal à trouver un équilibre entre soutien et pression. La nécessité d’identifier la façon la plus appropriée de gérer temps et énergie constitue également une question épineuse dans les familles orientées vers le sport. Selon les parents, les questions de soutien et de pression deviennent d’autant plus complexes que le parent tente de rendre agréable l’expérience sportive de l’enfant. Il semble évident que le problème majeur que rencontrent les parents réside dans le fait de parvenir à faire coexister leur désir d’offrir à leur enfant une expérience sportive agréable et leurs propres attentes quant aux performances sportives du jeune athlète. Si les attentes des parents concernant la progression des enfants sont réalistes et si les parents soutiennent la maîtrise du jeu de leur enfant, les compétences peuvent être améliorées. Dans ce cas, une satisfaction générale vis-à-vis de l’activité sportive est plus susceptible de se produire (Harter, 1978 ; Leff & Hoyle, 1995). Cependant, si la compétence est uniquement définie en termes de victoire, le niveau d’habileté de l’enfant risque de ne pas correspondre aux aspirations parentales. Les réactions parentales fondées sur cette nécessité de gagner peut les pousser à devenir plus autoritaires, exerçant un contrôle et une pression sur leur enfant qui conduiront ce dernier à un sentiment de stress et d’incompétence. Ainsi, la façon dont les parents dosent le soutien qu’ils prodiguent et la pression qu’ils exercent peut être liée à un niveau d’exigences spécifique. Comprendre la façon dont ces facteurs interviennent dans la participation sportive de l’enfant et saisir les répercussions que ces mêmes facteurs ont sur l’engagement sportif général d’une famille orientée vers le sport, constituent deux éléments nécessaires à l’émergence d’une expérience sportive agréable à la fois pour les enfants et pour les parents.
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Mots-clés éditeurs : perception de l'engagement parental, jeunes enfants
Mise en ligne 01/03/2006
https://doi.org/10.3917/sta.064.0053