Staps 2002/3 no 59

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Article de revue

Recensions d'ouvrages

Pages 105 à 116

Arnaud (Pierre), Terret (Thierry), Saint-Martin (Jean-Philippe) Gros Pierre (textes réunis par), Le Sport et les Français sous l'Occupation. 1940-1944. 2 tomes, Paris L'Harmattan, Espaces et Temps du sport, 2002.

1 Cette publication, qui ne peut qu'être présentée comme une « somme », est essentiellement constituée par les actes du IXe carrefour d'Histoire du sport qui avait réuni plus de 120 participants, sur deux jours, à Lyon en Novembre 2000. Les noms de presque tous les historiens du sport ayant plus ou moins travaillé sur ce sujet y figurent à côté de trop rares spécialistes de l'Histoire de la deuxième guerre mondiale. La préface réalisée par Robert O. Paxon témoigne au côté du préambule de Pierre Arnaud témoigne assez bien de cet amalgame réussi.

2 Le tome I est constitué de quatre parties représentant au total 26 articles (chapitres). La première est titrée « Politiques sportives » : la Métropole et l'Empire, elle touche bien sûr au problème des relations entre les anciennes colonies ou les colonies et le gouvernement de Vichy ou d'occupation au travers de la pratique des activités physiques et du sport. Nous sommes ici entraînés vers la Réunion, La Guadeloupe, Madagascar mais aussi ailleurs qu'en France, notamment en Belgique. Se dessinent là les relations complexes entre le centre et la périphérie dans une dynamique assez bien exprimée par Roland Renson avec l'idée d'un grand écart entre « collaboration et résistance ». Si le centre collabore notamment à l'exclusion des Juifs sportifs et à l'application de la politique pétainiste en matière de Sports et d'E.G.S., la périphérie de l'Empire, tels La Réunion ou Madagascar, ne sont pratiquement pas touchées par ce grand mouvement notamment du fait de leur libération par les FFL dès 1942. Le temps de latence fait en outre que la politique de Vichy, n'a pratiquement pas le temps d'être appliquée. Il n'en va pas tout à fait de même en Guadeloupe ou les dirigeants sportifs souvent légalistes, jusqu'en 1942 du moins ont tendance à appliquer la politique et à valoriser l'image du vainqueur de Verdun.

3 La deuxième partie « Asssociations et fédérations pendant l'Occupation », montre encore le rôle trouble que le monde sportif a joué durant cette période entre résistance et collaboration active au régime de Vichy. L'étude de quelques associations en est l'illustration. Ont voit aussi dans ce chapitre comment les camps de prisonniers de guerre ont rendu possible la pratique d'activités sportives notamment sous l'impulsions de certains professeurs d'EPS particulièrement dynamiques tels Roger Marchand.

4 La troisième partie est consacrée à « La vie sportive pendant l'Occupation ». Elle montre les réussites et les échecs relatifs de la politique sportive de Vichy.

5 La quatrième partie est consacrée à l'expansion des sports de plein air au cours de la période. L'illustration la plus évidente en étant la politique de la jeunesse du Club Alpin Français.

6 Le tome II est lui aussi composé de quatre parties.

7 La première se tourne vers le singulier en réalisant les « biographies » de personnages particulièrement en vue au cours de la période. Mais, les différents chapitre qui la compose n'ont rien d'une hagiographie puisque Le Colonel Jep Pascot, (personnalité ambiguë) Jean Borotra (maréchaliste de la première heure), Marie Thérèse Eyquiem (proche de Borotra mais difficile à cerner), le docteur Paul Voivenel (pétainiste de la première heure) ou Jean Dauger (adepte de l'inertie) y sont remis à leur juste place en ne passant pas notamment sous silence certaines hésitations ou implication troubles. On peut toutefois être surpris de ne trouver qu'une seule biographie de « sportif de haut niveau résistant assassiné par les Allemands », celle de Tola Vologe. Est-ce à dire qu'à l'instar des élèves de l'ENSEP défilant, en 1942, devant le maréchal Pétain et l'occupant, en faisant un salut de l'athlète qui s'apparente énormément au salut Nazie, le monde du sport fut plus proche de Pétain que de Jean Moulin ou De Gaulle au cours de cette période trouble ? Cette partie aide sans doute à se faire une opinion assez juste.

8 La deuxième partie touche à un thème clairement en adéquation avec la période « les chantiers de jeunesse » et la méthode naturelle. On voit là comment une méthode, a priori, politiquement neutre peut être récupérée par des institutions ou une idéologie particulière.

9 La troisième partie lève comme la première un certain nombre d'idées reçues en montrant comment les mouvements affinitaires, y compris catholique, à cette époque là, généralement plus proches du pouvoir, ont pu être traversés par des mouvements de résistance ou du moins donner un espace d'expression à des résistants notoires. Mais, on voit aussi comment pour entrer chez les Eclaireurs de France « à Jeunesse et Montagne, il convient de ne pas appartenir à la race juive » ou comment les « choix éducatifs véhiculés par l'UGSEL rejoignent les ambitions de reprise en main morale, intellectuelle et physique de la société française affirmées par Vichy ».

10 La dernière partie clôt cet impressionnant tour d'horizon en analysant « les représentations du sport français sous Vichy ». Ce sont la littérature sportive ou l'art prenant pour objet le sport qui font l'objet de la plupart des six derniers chapitres de l'ouvrage. Là encore comme dans les parties précédentes se dessine une image ambiguë ou ambivalente pour ne pas dire trouble du monde sportif au sens le plus extensif, au cours de la période. Pour ce qui concerne l'Art comme le Sport, si l'on ne peut pas parler au sens strict de la création d'une idéologie officielle, on doit noter certaines convergences qui demeurent pour le moins suspectes. Sans doute trahira-t-on la pensée des auteurs de la plupart de ces remarquables chapitres, mais doit-on s'étonner, au regard de ses origines politiques, des rapprochements qui peuvent s'opérer au cours de cette période entre milieu sportif et idéologie nationale ? Nombreuses sont, lors de la création en 1888 du Comité Jules Simon, les personnalités réactionnaires (dont le président lui-même), proches de groupes ultra nationalistes, valorisant la pratique sportive face à la gymnastique et aux jeux traditionnels.

11 La brève mais pertinente conclusion de l'ouvrage réalisée par Jean Durry et Jean-Louis Gay-Lescot conduit tout de même à relativiser les choses et à souhaiter de plus amples recherches et développements. En effet, « indiscutablement le nombre des pratiquants a considérablement augmenté, mais il serait excessif de voir dans cette progression que les seuls effets mécaniques de la très active propagande de Vichy et l'utilisation fait du sport par le régime. Il arrive en effet, que la pratique sociale et la politique menée ne se rejoignent pas. Ainsi, pour nombre de pratiquants, l'activité sportive représente à l'évidence une sorte de refuge, une forme de refus des champs trop parfaitement banalisés du quotidien. […] Cependant il faut éviter de trop simplifier, de schématiser à l'excès […] aussi convient-il de différencier sport de Vichy et sport sous Vichy ».

12 L'ouvrage au bout du compte, véritable habit d'Arlequin, présente les multiples facettes d'un moment du passé que l'Histoire au sens politique du mot a condamné. Mais, il montre qu'en tant qu'objet d'étude historique ce moment est particulièrement riche et peut contribuer à mieux discerner, de manière raisonnée, les facettes obscures et les facettes claires de l'inépuisable objet Sport. De nombreux articles ayant été écrits par des thésards en cours de recherche, on peut espérer que le futur nous apportera encore de nombreux développements publiés dans la collection Espace et Temps du Sport.

13 Il reste à féliciter les directeurs de l'ouvrage pour ce magnifique travail de recueil.

14 Jacques Gleyse

15 Castries, 5 septembre 2002.

Vigarello (Georges), Du jeu ancien au show sportif. La naissance d'un mythe, Seuil, Coll. La couleur des idées, 2002, 233 p.

16 Eminent spécialiste de l'histoire des jeux et des sports, Georges Vigarello vient opportunément de réunir en un ouvrage unique une série d'articles et de contributions publiées depuis une vingtaine d'années. « Du jeu ancien au show sportif » se propose, autour de quatre parties thématiques, de retracer les grandes lignes de l'histoire d'un objet complexe, que la communauté des historiens regarde encore avec méfiance, voire une certaine forme de commisération. Cet ouvrage vient donc heureusement s'inscrire dans le prolongement des travaux et publications menés par Alain Corbin, Ronald Hubscher, Dominique Lejeune, Jean-Pierre Rioux ou Alfred Wahl. Preuve s'il en est de la légitimité de l'objet sport.

17 Il s'agit dans une première partie d'observer les conditions historiques qui auront permis au sport moderne de se distinguer des jeux d'Ancien Régime, en identifiant ses caractères singuliers dont l'apparition tient essentiellement aux mutations induites par la Révolution Industrielle. Si le sport se distingue des jeux traditionnels, qu'ils soient de prix ou de paris, c'est parce qu'il s'inscrit dans une temporalité précise, parce qu'il se fonde sur le respect de règles précises et bientôt universelles, parce que sa logique compétitive est au départ compatible avec la promotion de valeurs morales et d'une éthique de comportement dont l'Olympisme sera une illustration contestable parce que pseudo-égalitaire. Rompant avec les formes classiques de sociabilité ludique ou festive, le sport moderne et les nouvelles formes de pratiques qu'il propose en les démocratisant imposent un nouveau rapport au temps et à l'espace pour ceux qui s'y adonnent. Une deuxième partie est précisément consacrée à l'inscription du fait sportif dans les pratiques culturelles de masse, à partir des premiers spectacles sportifs proposés. Le fiasco des Jeux Olympiques de Paris en 1900, tient moins au caractère inorganisé des épreuves qu'à une identité sportive mal définie. Pratiqué alors par les élites bourgeoises et aristocratiques, le sport peut-il être regardé par les masses ? Pouvait-on, à l'occasion d'une même manifestation, présenter ensemble pratiques sportives et exercices gymnastiques, alors que leurs finalités et leurs fondements historiques s'opposent ? Dans l'entre-deux-guerres, ce genre de question ne se pose plus : la démocratisation des pratiques sportives en consacre la dimension populaire. Le Tour de France doit plutôt être considéré comme le Tour de la France, et devient un puissant moyen de promotion de l'identité nationale, en même temps qu'il donne naissance aux forçats de la route, véritables héros sportifs qui autorise exégèses de comptoir et identification. La première Coupe du Monde de football de football en Uruguay en 1930 est symptomatique d'un nouveau palier franchi par le sport moderne : Internationalisation d'une compétition dont le succès ne va cesser de croître, affirmation et exaltation du sentiment national. Aux faux naïfs qui s'efforcent encore de conjuguer apolitisme et sport, les années trente offrent le démenti cinglant de compétitions sportives dont la dimension internationale et le succès populaire en font, selon la formule connue, un appareil idéologique d'Etat performant. Une dernière partie, plus ancrée dans le temps présent s'efforce d'interroger les paradoxes du fait sportif, et ses contradictions. Le spectacle sportif ne doit en effet pas être confondu avec le sport-spectacle, que Georges Vigarello désigne sous le terme de show sportif. Les impératifs de la logique compétitive sont effectivement à l'origine, moins de dérives que d'éléments désormais constitutifs du show sportif : récupération idéologique (à l'Est comme à l'Ouest), pratique systématique du dopage dans certaines disciplines (athlétisme, cyclisme), violences dans les tribunes et autour des stades, contraintes imposées par la médiatisation des compétitions (qui donne à voir autre chose que ce qu'il y a à voir), transformation du corps du sportif en corps cybernétique, technologie des objets… Autant de thèmes déclinés dans une série de courtes contributions qui mettent finalement en évidence la dimension spéculaire du sport et sa réelle plasticité. C'est bien parce qu'il constitue, selon le mot de Bernard Jeu, une contre-société exemplaire que le sport ne peut laisser indifférent. C'est sans aucun doute ce qui explique la force du mythe sportif et en garantit sa pérennité, au-delà de ses perversions. La réunion sous un même ouvrage d'articles rédigés sur un temps relativement important n'est pas toujours du meilleur effet. Cet écueil est ici évité. Le tour de force de l'auteur, au-delà de la cohérence interne et de la clarté de chacune de ses contributions, est de nous proposer un texte construit et rigoureux, qui constitue désormais une synthèse de référence.

18 Olivier Chovaux

19 Atelier SHERPAS, LAMAPS, UFRSTAPS, Université d'Artois

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Gounot (André) Dir., Le sport en France de 1870 à 1940. Intentions et interventions, in. Stadion, International Journal of the History of Sport, Académia Verlag, Sankt Augustin, Allemagne, 2001, 265 p.

22 La publication dans la revue européenne Stadion d'une vingtaine d'articles consacrés à l'histoire des pratiques gymniques et sportives en France de 1870 à 1940, vient, de manière très opportune, affiner le paysage des pratiques corporelles sous la Troisième République. Coordonné par André Gounot, ce numéro thématique dresse au préalable un « état des lieux » de ce champ scientifique désormais autonome que constitue l'histoire du sport, ou plutôt l'histoire des sports. Les deux premiers articles, résolument historiographiques, montrent à quel point cette légitimité et cette reconnaissance demeurent insécables des destinées ayant présidé à l'institutionnalisation des STAPS. Ils soulignent la vitalité des équipes de recherches (en particulier de « l'Ecole Lyonnaise », fédérée par Pierre Arnaud), ainsi que le glissement opéré, depuis 1960, d'une histoire des gymnastiques et de l'éducation physique, vers une histoire des sports, désormais pensée dans un cadre européen. La mobilisation de chercheurs anglais et allemands et la production de communications dans ces deux langues consacre d'ailleurs cette volonté d'élargissement du prisme hexagonal.

23 Une première partie, consacré à l'émergence des politiques sportives en France met en lumière le passage d'une action conjoncturelle à un dispositif que l'on peut qualifier de structurel au seuil des années vingt : La multiplication des sociétés conscriptives et l'intérêt que leur porte les gouvernements républicains autorise, la mise en mouvements d'un corps patriotique justifié par un patriotisme revanchard et expansionniste. Les évolutions des politiques d'agrément des associations sportives, de 1908 à 1940, traduisent la lente altération des impératifs de « Défense Nationale », au profit d'une politique sportive en gestation, dont l'hygiénisme et l'éducation morale de la jeunesse constituent les premiers fondements. La contribution de Jean Paul Callède décrit par le menu ce processus d'institutionnalisation des politiques sportives en France, qui s'appuie d'abord sur les réalisations des municipalités (construction d'équipements) et sur une administration bicéphale (où éducation physique et sports s'opposent parfois), avant qu'un élan décisif ne soit porté dans les années trente, à partir notamment de la philosophie des loisirs mise en œuvre par le gouvernement du Front Populaire.

24 Cette politisation des structures sportives amène tout naturellement à s'interroger sur les liens organiques qui unissent un mouvement sportif en voie de structuration avant 1914 et les déclinaisons idéologiques qu'il permet : sport catholique, conçu par l'Eglise comme le symbole et l'instrument d'un progressisme qu'elle revendique de manière tout à fait pragmatique ; regard paradoxalement plus distancié (au moins avant 1914) de la SFIO à l'égard des fédérations ou associations sportives socialistes ; situation singulière des associations sportives strasbourgeoises lors de l'Annexion allemande : Avant 1914, elles incarnent l'esprit fondeur et protestataire de la bourgeoisie locale, mais témoignent également d'un souci de distinction, visible par exemple dans les sociétés de canotage. En contrepoint, signalons la contribution consacrée à l'analyse des discours portant sur les pédagogies des exercices corporels de 1888 à 1936, qui aboutit à la présentation d'un cadre théorique assez séduisant. Une véritable « ligne de partage » sépare ainsi une « mystique de droite » d'une « mystique de gauche », et consacre finalement deux visions antagonistes des pratiques physiques : Instrument de promotion individuelle et de distinction méritocratique pour les uns, moyen de réalisation personnelle dans une perspective plus égalitaire pour les autres.

25 On ne saurait cependant réduire la notion d'idéologie sportive à sa seule acception politique. Trois contributions mettent en évidence la réelle plasticité des pratiques sportives, à partir des représentations qu'elles suggèrent : A la fin du XIXe, les différents usages de la vélocipédie sont ainsi soumis au « diktat » des médecins : La dénonciation des risques (sur les plans moraux et physiologiques) accompagne un véritable discours de prévention, prélude à une lecture hygiénique des pratiques sportives. En s'intéressant à la conception française de l'himalayisme, Michel Raspaud s'attache à démontrer la superposition des enjeux liés à la conquête des sommets : Les choix techniques qui président à l'organisation des compétitions se doublent de rivalités politiques : Anglais, Allemands, Italiens puis Français voient dans ces conquêtes symboliques le moyen d'affirmer, en particulier dans les années trente, la supériorité d'un modèle, sinon d'une méthode d'ascension.

26 Une large place est ensuite accordée aux acteurs et promoteurs des pédagogies sportives qui vont accompagner l'émergence et la structuration des pratiques, depuis la fin du XIXe siècle. Trois figures emblématiques, à l'origine de conceptions éducatives et/ou philosophiques plutôt contrastées sont évoquées : Vision élitiste pour Pierre de Coubertin, lecture plus progressiste chez Henri Desgrange (qu'il s'efforcera de promouvoir dans l'organisation du Tour de France), conception plus éclectique et utilitaire de Georges Hébert, mise en œuvre par la Méthode Naturelle. Ces conceptions strictement hexagonales ne doivent cependant pas occulter le dynamisme et l'importance des influences étrangères : La méthode suédoise a ainsi véritablement irrigué les pratiques gymniques en France, avant 1914, parce qu'elles semblaient conjuguer de manière harmonieuse rationalité scientifique, régénération physique et éducation morale. Quant au modèle anglais, chacun sait à quel point il aura lui aussi nourri les fondements éducatifs des ligues, fédérations, associations et clubs sportifs français à partir des années 1880.

27 Il faut espérer que des prolongements thématiques et/ou chronologiques puissent venir compléter cette publication, à partir du parti-pris méthodologique ici adopté : L'étude des structures et des institutions, la place accordée aux acteurs, le regard porté sur telle ou telle pratique sportive permettent finalement de donner à l'histoire des sports une tonalité impressionniste et nuancée. Ce genre de travaux nous éloigne des discours convenus et désespérément naïfs des hagiographes du sport. Il nous préserve de lectures critiques radicales dont la rigueur méthodologique échappe parfois à l'historien.

28 Olivier Chovaux

29 Atelier SHERPAS, LAMAPS, UFRSTAPS, Université d'Artois

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Le Breton (David), Signes d'identité. Tatouages, piercings et autres marques corporelles, Paris, Métailié, 2002, 227 pages. ISBN 2-86424-426-8. Prix : 18 euros.

32 L'objet du dernier ouvrage de David Le Breton – lequel poursuit depuis près de vingt ans maintenant son exploration du rapport au corps dans la société contemporaine – consiste en l'analyse de la place d'une nouvelle pratique sociale, très en vogue dans la jeunesse actuelle, qu'il dénomme « modifications corporelles ». On pense bien sûr au tatouage et au piercing, mais d'autres formes de modifications, moins courantes, existent et sont abordées au passage. Il s'agit, pour l'auteur, d'expliciter le sens de ces pratiques qui se développent fortement et sont quasi majoritaires, dorénavant, dans cette tranche d'âge (globalement, les 15-30 ans), quels que soient le milieu social et le sexe. Avec l'idée que ces pratiques sont historiquement et spatialement situées, et ne renvoient aucunement aux anciennes pratiques de tatouage par exemple

33 La méthode utilisée par l'auteur est double dans la mesure où il s'appuie d'une part sur une abondante littérature, de caractère international (anglo-saxonne, italienne, française, et particulièrement la littérature ethnographique), qui traite le sujet, et ce dès le XIXe siècle ; d'autre part, sur une enquête par entretiens (n = 400) auprès de tatoués et piercés, mais aussi de tatoueurs et pierceurs.

34 Les analyses de David Le Breton, lequel travaille dans le cadre d'une sociologie éminemment interprétative, mettent en évidence le changement de sens récent que subissent les modifications corporelles, globalement à partir de la décennie 1970, et surtout au cours des dix ou quinze dernières années. Ce changement de sens accompagne un changement de pratique. Actuellement, lorsque l'on regarde avec attention la pratique du tatouage, par exemple, nombre de références en ce qui concerne les dessins sur la peau et leur symbolique affirmée par leurs auteurs ou leurs porteurs, renvoie à des sociétés non occidentales (le Japon, bien sûr, société réputée en ce qui concerne le tatouage à travers des productions culturelles qui l'ont popularisé, tel le célèbre film La femme tatouée) ou exotiques (« primitives »), ce dernières disparues ou en voie de l'être : la référence est alors le « tribal », tribalisme plus imaginaire et fantasmé que connu dans sa réalité et ses normes contraignantes. C'est en particulier ce qui est analysé dans le chapitre qui clôt l'ouvrage : Les marques corporelles et le nouveau débat du « primitivisme » (pp. 197-214).

35 Autrefois, le tatouage était un signe d'appartenance à un groupe, souvent marginal (marins, soldats, pègre et prostituées…), ou encore un stigmate imposé par le pouvoir, comme signe marqué sur les hors-la-loi et autres criminels. Plus positivement, il a été aussi un signe statutaire d'appartenance à des corporations professionnelles, spécialement dans le milieu des artisans. Dans tous les cas, il est à la fois distinction/reconnaissance, signe indélébile sur la peau qui permet de ranger/classer l'individu dans une catégorie, qui permet à l'individu en se marquant de se démarquer et de s'identifier, et à « la société » de l'identifier. Ainsi, le long usage, par la police, du tatouage porté par les individus pour les identifier sans ambiguïté en tant que criminels ou personnes délictueuses. Au point que le tatouage a été socialement construit par la tatoués eux-mêmes (à leur insu) mais aussi par les criminologues du XIXe - début du XXe siècle, comme élément témoignant de la criminalité potentielle de l'individu porteur.

36 La pratique du tatouage, autrefois, et sa mise en exergue par celui qui le portait, signifiaient la marginalité et/ou l'appartenance à un groupe, mais aussi la révolte et le vécu d'un moment collectif difficile et/ou fort (la guerre – les soldats américains au Vietnam, par exemple –, l'appartenance à une bande d'adolescents, les « Apaches » du début du XXe siècle, etc.). Aujourd'hui, le tatouage et le piercing s'inscrivent dans la démarche d'un très grand nombre d'individus appartenant aux jeunes générations (moins de trente ans). Ils doivent être compris comme la marque d'une modification corporelle qui s'inscrit dans une démarche personnelle ritualisée d'appropriation de son propre corps par une marque volontairement décidée. C'est à la fois une singularisation corporelle, une appropriation du corps par la soustraction au pouvoir des parents, géniteurs/producteurs (ils sont généralement réticents et ne comprennent pas la démarche), la production d'un corps nouveau qui amène – du point de vue expérientiel – à la production d'un être nouveau. Il s'agit aussi d'une esthétisation/érotisation du corps qui devient un objet de sculpture par d'autres méthodes que celles jusqu'ici plus socialement admises que peuvent être le culturisme et le bodybuilding, le sport en général, la chirurgie esthétique…

37 David Le Breton met en évidence – à juste titre à notre avis –, la notion de « rite personnel de passage » pour donner sens à cette démarche, rite qui renvoie à une mythologie personnelle (et non à une cosmologie liée aux représentations du monde de la société globale en ce qui concerne la modernité, ou de la « tribu » en ce qui concerne les sociétés exotiques ou « primitives ») relative à l'histoire propre de l'individu et à sa reconstruction mythique inconsciente, et qui est constitué des moments et éléments suivants :

  • le choix du tatouage et/ou du piercing,
  • la discussion avec les pairs en ce qui concerne leur propre expérience : conseils, discussion sur la douleur, choix du tatoueur/pierceur,
  • la discussion/opposition avec le milieu familial (parents, grands-parents) aujourd'hui encore peu enclin à accepter cette modification corporelle, et à qui l'on cache parfois l'opération et son résultat,
  • le rapport « intime » (abandon du corps) à l'opérateur dans le temps même de l'opération (moment de confiance et de confidence vécu avec intensité),
  • le rôle important de la douleur pour faire advenir le corps et, à travers lui, l'individu nouveau,
  • le vécu post-opératoire du corps comme transformé, ayant des conséquences (positives) sur l'identité individuelle et sociale du tatoué/piercé,
  • les conséquences sociales de l'acte : nécessaire intelligence de la présentation de soi et de l'interaction sociale pour faire de cette marque un élément totalement positif.
Ce dernier point renvoie à la conséquence que la modification corporelle aura forcément sur les rapports sociaux entretenus par son porteur. Il s'agit alors, pour certains, de choisir une marque discrète, mettant en évidence la capacité de la camoufler (tatouage) ou de l'ôter (piercing) suivant les circonstances sociales (milieu professionnel ou familial), mais aussi de la montrer pour se valoriser et/ou séduire (érotisme).

38 Aujourd'hui, les tatoueurs et pierceurs commencent à exister en tant que corporation par la volonté d'établir des règles professionnelles – particulièrement en matière d'hygiène – en coopération avec le corps médical, par des voyages de formation auprès de confrères réputés, etc. Il y a aussi constitution d'une culture, avec ses revues propres et ses ouvrages spécialisés, ses figures (parfois médiatisées), ses conventions, mais aussi dorénavant ses modes… On voit alors apparaître des tensions entre les groupes de la première heure, lesquels ont inscrit cette pratique ou ce « métier » dans une démarche de vie, et l'arrivée de nouvelles générations adeptes d'une simple mode aux effets purement esthétisants en ce qui concerne leur apparence corporelle.

39 L'ouvrage de David Le Breton est d'une grande richesse d'analyse, et seuls ici les éléments principaux ont été restitués. L'auteur montre avec évidence l'inscription de cette pratique sociale dans la difficile logique de construction identitaire des membres des jeunes générations au sein d'une société individualiste et démocratique où sont valorisées la concurrence et la compétition, dans le cadre d'une mondialisation qui efface progressivement les repères sociaux collectifs anciens.

40 Michel Raspaud

41 Laboratoire EROS

42 Université Joseph Fourier

43 Grenoble 1

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Piard (Claude), Education physique et sports. Petit manuel d'histoire élémentaire, L'Harmattan, coll. Espaces et temps du sport, 2001, 123 pages.

46 Il est heureux que l'auteur de l'ouvrage « Education physique et Sport » ait précisé par un sous-titre (« Petit manuel d'histoire élémentaire ») et un avertissement au lecteur les objectifs et ambitions qui auront présidé à sa rédaction. On trouvera ici, en 123 pages, un condensé (du moins faut-il l'espérer) de cours magistraux dispensés à des étudiants inscrits en UFR STAPS, et qui ne peuvent ignorer les fondements de l'histoire des exercices physiques, de l'Antiquité à nos jours. Des exercices de rédaction, à partir de thèmes transversaux, leur sont d'ailleurs proposés en fin de chapitre.

47 L'auteur nous convie donc, sous la forme de quatre chapitres visiblement gouvernés par l'éclectisme, à un « survol » (dixit) de l'histoire de l'éducation physique et des pratiques sportives, à partir des courants, conceptions et méthodes ayant autorisé leur inscription dans le champ scolaire. Un premier chapitre (« Histoire générale de l'éducation ») retrace d'ailleurs, sous l'angle des principaux courants pédagogiques, les grandes étapes de l'organisation des systèmes d'enseignement en Europe. Les deux chapitres qui suivent évoquent, hélas, de manière souvent confuse, les grands courants de l'éducation physique, à partir de leurs principaux acteurs, et d'une présentation synthétique de leurs travaux et de leur influence sur une « éducation physique française », qui constitue l'avant-dernière partie de l'ouvrage. Celle-ci présente, à partir d'une contextualisation « à l'emporte-pièce », les conceptions et auteurs qui, du XIXe siècle à nos jours, ont permis à l'éducation physique et aux pratiques sportives de devenir, via l'EPS, une véritable matière d'enseignement. Une dernière partie, résolument thématique, aborde plus spécifiquement l'histoire des gymnastiques et des sports athlétiques.

48 Il serait trop long d'énumérer sur le fond, les approximations ou erreurs flagrantes contenues dans cet ouvrage. Qu'il soit en priorité destiné à des étudiants, fussent-ils en STAPS, ne dispense aucunement d'appliquer un certain nombre de règles élémentaires. Une meilleure prise en compte du contexte historique et une connaissance de travaux récents auraient ainsi permis d'éviter la multiplication de poncifs. Quelques exemples pour s'en convaincre : il est dommage que la vitalité des mouvements nationaux n'ait guère été mobilisée pour expliquer l'élan des mouvements gymniques en Europe au XIXe siècle (Anne-Marie Thiesse). De même, la notion de corps patriotique (Annie Crépin) aurait pu être évoquée afin de mieux saisir les finalités des exercices physiques en France, pratiqués au sein d'unions ou de fédérations constituées. La connaissance des travaux de Jean-Jacques Becker ou de Stéphane Audoin Rouzeau aurait également permis d'éviter l'explication surannée de la « Revanche », pour la période de Vichy, alors qu'un récent colloque (« Le sport et les Français sous l'Occupation », Lyon, 2000) permet justement de nuancer là encore quelques idées reçues (la méthode naturelle de Georges Hébert promue « méthode nationale », pour ne citer qu'un seul exemple). Mieux vaut ne pas s'étendre sur une IVe République parée de tous les maux et décidément bien impuissante, alors que l'on connaît sa volonté réformatrice en matière d'éducation (Antoine Prost) ou dans l'institution d'une véritable politique sportive (Jean-Paul Callède). Que dire enfin, des origines des sports athlétiques et de leur greffe en France à la fin du XIXe siècle tant paraissent ignorés les ouvrages de référence de Ronald Hubscher, d'Alain Corbin, ou de Georges Vigarello ?

49 On l'aura compris, le métier d'historien suppose des exigences et le respect d'un certain nombre de principes, y compris au plan méthodologique. Cette restitution très endogène et partisane de l'histoire de l'éducation physique et du sport peut sans doute constituer un « manuel élémentaire », au sens strict. En l'état, il demeure délicat d'en faire un ouvrage historique de référence.

50 Olivier Chovaux

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Gaugain (Jean-Claude), Jeux, gymnastiques et sports dans le Var (1860-1940), L'Harmattan, coll. espaces et temps du sport, 2000, 404 pages.

53 En se proposant d'analyser les conditions d'émergence et de développement des pratiques physiques dans le département du Var du milieu du XIXe siècle à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Jean-Claude Gaugain apporte une contribution précieuse à l'histoire des sports en France. Ses recherches s'inscrivent dans la perspective des études déjà entreprises pour la région lyonnaise (Pierre Arnaud), la Franche-Comté (Christian Vivier), le Sud-Ouest (Jean-Paul Callède), ou encore l'Alsace (André Rauch, Alfred Wahl). On sait désormais, depuis les travaux pré-cités et l'ouvrage de synthèse dirigé par Ronald Hubscher, que l'apparition du sport moderne dans la seconde moitié du XIXe siècle n'aboutit, ni à la disparition pure et simple des jeux traditionnels issus de l'Ancien Régime, ni même à l'altération de pratiques gymniques aux multiples finalités (hygiénique, préparationniste, orthopédique, etc.).

54 Le département du Var n'échappe pas à la règle. A partir du recensement systématique des formes de pratiques, de leur spatialisation et de l'étude de leur mode de diffusion, l'auteur permet de mettre en évidence une double logique : celle de la conformité tout d'abord, dans la mesure où l'on observe au cours de la période un processus de stratification complexe des pratiques : malgré l'antériorité de leur ancrage cultuel, les jeux traditionnels (targue, jeu de boules, lutte, jeux de ballon) se voient rapidement concurrencés par des gymnastiques aux finalités conscriptives et patriotiques. Inégalement implantées dans le département vers 1890, les sociétés gymniques résisteront mal à l'essor inéluctable des sports modernes : la vélocipédie, le football-rugby puis le football-association s'implantent dans les principales villes du département (Toulon, Draguignan, Brignoles, La Seyne). C'est dans l'entre-deux-guerres que l'enracinement des pratiques, leur diversification (l'effondrement du « bloc conscriptif » correspond l'émergence du basket-ball, du ping-pong ou de l'aviation, alors que les sociétés nautiques peinent à se développer) et leur structuration (sous l'impulsion des municipalités et de la départementalisation des instances sportives) consacrent le véritable « take-off » du sport et sa démocratisation relative, au moins dans les villes.

55 Mais c'est surtout par la mise en évidence de singularités que l'ouvrage présente un intérêt majeur. Il montre par exemple comment le processus de sportivisation des jeux traditionnels (codification, organisation de compétitions, contrôle par des instances fédérales) aura permis aux jeux de boules de demeurer largement présents en Provence. La prise en compte de la géographie du département permet également de mieux saisir le rôle majeur des villes de garnison (en particulier Toulon, fief du Rugby Club Toulonnais, créé en 1908) dans le développement de pratiques physiques qui intéressent la Marine. Pour autant, bénéficiant de l'extension du réseau ferré, les villages urbanisés et l'arrière-pays agricole et viticole finissent par être gagnés par le fait sportif. La « dilution de l'espace sportif varois » peut être observée à partir des années vingt. Enfin, il convient de mentionner l'intérêt de l'approche sociale des pratiques et des clubs recensés. Dans un département votant traditionnellement à gauche, les notables et édiles locaux perçoivent très tôt l'intérêt politique d'une mise en spectacle du fait sportif : manifestations patriotiques et commémoratives avant 1914, présence des élus au sein des comités des clubs et des fédérations, politiques municipales d'aménagement d'installations au lendemain de la Première Guerre mondiale. Pour terminer, signalons également la pertinence de l'analyse concernant l'intégration des minorités (italienne, arménienne) et des « originaires » (corses, bretons, basques) du département au sein des clubs sportifs. La constitution d'une « sociabilité étrangère spécifique » semble l'emporter sur une logique d'intégration systématique, généralement mythifiée.

56 On l'aura compris, il s'agit là d'un ouvrage de référence, tant par la densité des informations fournies que par l'intérêt des hypothèses formulées. Jean-Claude Gaugain complète ainsi cette nécessaire approche régionale de l'histoire des jeux, des gymnastiques et des sports en France, tant il est aujourd'hui admis que les particularismes locaux ont souvent constitué des éléments déterminants dans la greffe de ces nouvelles pratiques culturelles à la fin du XIXe siècle.

57 Olivier Chovaux

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Raymond Thomas, Psychologie du Sport, Que sais-je ? Presses Universitaires de France, Paris, 2002,

60 Il devient banal de souligner la place considérable prise par le sport dans nos sociétés modernes. Les retransmissions télévisées des grandes compétitions internationales leur confèrent désormais une dimension planétaire, qui reflète l'étonnante dimension sociale de l'événement sportif. Le stade constitue peut-être aujourd'hui le seul centre de gravité de l'humanité. Pourtant, face à cette exaltation du public, la recherche scientifique semble fort en retard. C'est ainsi que la psychologie du sport n'a acquis que récemment son statut de science appliquée à part entière.

61 Quelle est l'histoire de la psychologie du sport ? Que nous apprend-elle sur la personnalité du sportif ? Quels sont ses buts, son rôle et ses résultats ?

62 Après la disparition prématurée de Raymond Thomas, cet ouvrage devient une sorte d'hommage posthume.

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Harichaux (Pierre) & Jean Medelli (Jean), Tests d'aptitude et tests d'effort, L'évaluation scientifique de l'aptitude sportive, Chiron, Paris, 2002.

65 L'évaluation de l'aptitude physique est une nécessité première pour les sportifs de haut niveau. Cette évaluation requiert évidemment la mise en œuvre de techniques précises et fiables qui puissent donner des résultats utiles et quantifiables. Elle fait partie intégrante d'un « suivi » du sportif, dans son entraînement comme dans la compétition, loin de tout esprit de « contrôle ».

66 Mais, dans une moindre mesure, cette évaluation concerne aussi le sportif occasionnel, hors de toute logique compétitive : une préparation insuffisante, on le sait, peut être chez un amateur insouciant la cause d'un accident grave (comme en témoignent les risques de « fractures du premier jour » en ski ou les accidents cardiaques lors d'un match de tennis en simple chez un joueur âgé non entraîné).

67 Pour déterminer cette aptitude générale à la pratique du sport, « l'œil du maquignon » est utile mais insuffisant. Les formules empiriques permettant d'apprécier la robustesse et l'endurance, jadis très utilisées, sont incomplètes. La rigueur d'une mesure scientifique est indispensable à l'heure où l'entraînement se rationalise, mais elle ne doit pas correspondre à une technologie ésotérique, dont la connaissance serait réservée à quelques initiés.

68 C'est dans ce double souci de rigueur et d'ouverture que cet ouvrage a été réalisé afin :

  • d'une part de donner à chaque sportif de haut niveau et à son entraîneur la connaissance des diverses méthodes d'évaluation de l'aptitude physiologique,
  • d'autre part de permettre à qui veut s'adonner aux diverses formes du « sport-plaisir » de savoir jusqu'où aller, sans risque d'outrepasser ses possibilités pour se réaliser pleinement dans la pratique du sport.
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69 * *

Martin (Jean-Luc), Histoire de l'éducation physique sous la Ve République. La conquête de l'Éducation nationale. 1969-1981, Vuibert, Paris, 2002

70 Dans l'histoire de l'éducation physique, les années soixante-dix sont une période charnières : en 1981 elle aboutit à transférer l'EPS du ministère de la Jeunesse et des Sports au ministère de l'Éducation nationale. Lourdes de conséquences, la genèse et la mise en œuvre de ce choix politique sont exposées ici avec précision.

71 Croisant des documents d'archives souvent inédits et les témoignages des principaux acteurs, Jean-Luc Martin relate et analyse tous les événements de cette période : qu'il s'agisse de la disparition des ENSEPS, de la création des CAS puis des SAS, des menaces pesant sur le sport scolaire, de la loi Mazeaud, du plan Soisson, de la stratégie politique du syndicat des professeurs, de l'engagement communiste de la plupart de ses dirigeants, du rôle joué par la commission des sports du Parti socialiste ou des coulisses de la décision de 1981, le récit s'attache à cerner les réalités et tire les leçons de ce passé volontiers conflictuel, si proche et pourtant si mal connu.

72 « Jean-Luc Martin nous met en présence d'une discipline d'enseignement à laquelle l'air du temps et l'évolution de la société confèrent une importance singulière. Qu'il émane du gouvernement de la majorité, de l'opposition, de l'administration, des enseignants ou de l'opinion, le discours favorable à l'éducation physique est unanime. Si débat il y a, c'est celui qui porte sur les reproches adressées au pouvoir de ne pas donner assez de moyens à l'éducation physique.

73 Or ce que nous démontre avec fermeté et rigueur Jean-Luc Martin, c'est que l'éducation physique – qui devrait être l'objet de tous les soins – est le domaine d'un mécontentement permanent, d'affrontements sévères et d'une crise perpétuelle. »

74 Serge Berstein (extraits de la préface)

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Corneloup (Jean), Les théories sociologiques de la pratique sportive, Pratiques corporelles, Presse Universitaires de France, 2002, Paris

77 Les pratiques sportives constituent un objet d'étude remarquable. Depuis de nombreuses années, elles sont analysées par les sociologues du sport qui apportent des éclairages diversifiés pour comprendre et expliquer ces activités sociales. Des écoles de pensée se sont constituées. Elles cherchent à valoriser un point de vue et un cadre théorique particuliers de l'approche des faits sportifs. Leur réflexion autour des pratiques compétitives, des jeux corporels de la rue, des loisirs sportifs de nature ou encore de la sportivité des Français est issue d'une construction sociologique qui induit un filtrage dans la manière de décrypter les phénomènes observés. Comment peut-on alors se repérer parmi les divers écrits qui abordent l'action sportive ? Quelle pertinence faut-il accorder aux différentes études portant sur la culture sportive ?

78 Cet ouvrage invite le lecteur à se familiariser avec les paradigmes théoriques du champ de la sociologie du sport. Le propos consiste à présenter les contenus et la richesse des avancées que chaque paradigme propose tout en dévoilant ses limites. Plus globalement, l'auteur tente de montrer le nécessaire détour par la sociologie générale pour comprendre les principes qui organisent la production de connaissances dans ce champ. Les étudiants et les chercheurs intéressés par cette discipline pourront ainsi mieux saisir les jeux de position et les mécanismes à partir desquels cette activité scientifique s'est construite et se développe.

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Fleuriel (Sébastien), 100 Paris-Roubaix Patrimoine d'un siècle, Sociologie, Septentrion, Presses Universitaires, Lille, 2002.

81 L'année 2002 célèbre la 100e édition de la course cycliste Paris-Roubaix. Une équipe de chercheurs en sciences sociales s'est saisie de l'occasion pour explorer les multiples facettes d'un événement populaire parfois malmené. Autrefois conspuée en raison des pavés peu favorables aux exploitants agricoles, parfois discréditée pour l'image négative d'« enfer du Nord » qu'elle véhicule, l'épreuve fait aujourd'hui l'objet d'une attention particulière de la part des collectivités publiques comme des organisateurs de courses. Les auteurs se sont ainsi efforcés de restituer « La reine des classiques » dans toutes ses dimensions tant historiques que sociales ou encore économiques, et de rendre compte des multiples manières d'appréhender l'événement selon que l'on soit organisateur, sponsor, coureur, représentant politique, journaliste ou enfin spectateur. Regroupés en trois parties, Histoire et patrimoine, Valeurs et représentations, Promotions et communications, les articles des auteurs viennent ainsi rythmer la longue histoire d'une course cycliste qui parvient à s'élever au rang de véritable patrimoine régional.

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Sports et violences, Paris, Chiron, 2001.

84 Avec les contributions de Dominique Bodin, Geneviève Coulomb-Cabagno, Eric Débarbieux, Pascal Duret, Stéphane Héas, El Houlali Houssaïne, David Le Breton, Bruno Papin, Olivier Rascle, Luc Robène, Anne Saouter, Dominique Trouilhet.

85 Le sport a pris aujourd'hui une place considérable dans nos sociétés modernes. Mais le sport entretien l'ambiguïté. Il est tout à la fois un « espace toléré de débordement des émotions », un lieu d'apprentissage de l'autocontrôle des comportement et des pulsions, un moyen privilégié par les politiques pour l'insertion et la socialisation des jeunes des banlieues, un espace d'apprentissage de la citoyenneté, du fair-play, mais aussi un lieu de violence physique qui se donne à voir sur les terrains de sport ou abords du stade, un système social où se reproduisent des inégalités.

86 Les connexions entre sports et violences sont nombreuses. Ce sont ces relations étroites et diverses que les ports entretiennent avec les violences physiques, morales, symboliques que des chercheurs et des praticiens de renom (Dominique Bodin, Geneviève Coulomb-Cabagno, Éric Debardieux, Pascal Duret, Stéphane Héas, El Houlali Houssaïne, David Le Breton, Bruno Papin, Olivier Rascle, Luc Robène, Anne Saouter, Dominique Trouilhet) ont exploré à travers des objets divers (la place de la femme dans le sport, le sport dans la cité, le hooliganisme, le risque…) dans une perspective pluridisciplinaire (histoire, ethnologie, sciences de l'éducation, sociologie, sciences juridique, psychologie…) sous la direction de Dominique Bodin.

87 Cet ouvrage intéressera tous ceux qui – souhaitant préparer des examens et des concours dans la filière sportive – ne peuvent ignorer les relations entre sports et violences ; il s'adresse également aux historiens, sociologues, policiers, psychologues, enseignants, responsables locaux qui s'intéressent à la question des violences sportives.

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Carlier (Ghislain), Gérard (Philippe), Obsomer (Raphaël), Renard (Jean-Pierre), Education Physique & sportive. Innovations pédagogiques en formation continue, Sciences et pratiques du sport, Pratique & Technologie, Editions De Boeck Université, Bruxelles, 2002

90 L'objet du présent ouvrage est de faire connaître des production significatives de formateurs qui ont contribué à influencer les pratiques d'éducation physique au secondaire durant les vingt dernières années. La plupart des textes ont une valeur et une dimension historiques réelles dans la mesure où, au moment de leur conception, ils représentaient une innovation pédagogique importante, soit par les pistes d'actions proposées, soit par la méthodologie mise en œuvre. Ce volume entend rassembler l'essentiel de pratiques représentatives d'une éducation physique ouverte, diversifiée et centrée sur le développement des conduites motrices.

91 Il est complété par les résultats d'une enquête sur la formation continue réalisée auprès des participants.

92 Les enseignants et futurs enseignants en éducation physique ainsi que leurs formateurs trouveront dans cet ouvrage une mine de tâches stimulantes susceptibles d'inspirer et de stimuler leurs pratiques.

93 Depuis 20 ans, le centre Universitaire pour la Formation Continue en Éducation Physique (CUFOCEP) organise un stage annuel rassemblant plus de mille participant(e)s à Louvain-la-Neuve (Belgique). Son dispositif est résolument axé sur l'expérimentation de contenus diversifiés conçus pour être enseignés au secondaire dans le cadre d'une pédagogie des motivations plaçant l'élève au centre du processus d'enseignement-apprentissage.

94 La direction de la revue


Date de mise en ligne : 01/10/2005

https://doi.org/10.3917/sta.059.0105

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