Notes
-
[*]
9, rue de l’Université, 59790, Ronchin.
-
[1]
La bioénergétique est la partie de la physiologie qui étudie les transformations d’énergie nécessaires au sein de l’organisme (de l’énergie chimique des aliments à l’énergie mécanique des muscles).
-
[2]
La consommation maximale d’oxygène est la puissance maximale des voies métaboliques dites « aérobies » c’est-à-dire qui utilisent l’oxygène pour « brûler » les carburants (lipides, glucides) nécessaires à la recharge énergétique des muscles. Cette consommation d’oxygène dépend du débit sanguin (litre/min) qui peut transporter l’oxygène chaque minute vers les muscles actifs (facteur central de la consommation d’oxygène), mais également de la capacité du muscle à utiliser l’oxygène qui lui est apporté (facteur périphérique). La limitation principale est centrale et peut être pulmonaire pour les athlètes de haut niveau et les chevaux de course (il s’agit d’une hypoxémie induite par l’exercice identifiée par une baisse de plus de 15 % de la saturation de l’hémoglobine en oxygène).
-
[3]
Pour les exercices d’une durée inférieure à 3 minutes, l’organisme utilise des processus de transformation de ses stocks d’énergie chimique en énergie mécanique non aérobie à partir des stocks de phosphates organiques ou de la fermentation du glucose en acide lactique. Un déficit d’oxygène apparaît lorsque les besoins en énergie sont supérieurs à la consommation d’oxygène. L’homme a un déficit d’oxygène maximal (obtenu lors de 1 à 2 minutes de course à vitesse maximale) d’environ 1 ml/kg de poids de corps.
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[*]
Le facteur 60 homogénéise les unités entre les vitesses en kilomètres/heure et les consommations d’oxygène par minute.
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[4]
Le glycogène est une forme de stockage des glucides sous forme complexe dont 100g sont stockés dans le foie et 300 à 400 g dans les muscles). Au bout de 1h45min, les réserves commencent à être épuisées et l’utilisation des lipides de plus en plus importante entraîne une baisse de la vitesse car les lipides demandent une consommation d’oxygène plus importante pour obtenir la même quantité d’énergie : 1 litre d’oxygène consommé par minute donne seulement 19.6 kJ d’énergie contre 21 kJ pour les glucides soit 7 % de moins. A ce moins bon rendement énergétique du substrat va en plus s’ajouter une augmentation du coût énergétique de la foulée à partir du trentième kilomètre (di Prampero et al., 1986).
Introduction : les enjeux de l'approche scientifique de l'entraînement
1 L’avenir du sport de haut niveau se joue dans les dix prochaines années. En effet, la crédibilité des performances passées et présentes est altérée par le grand déballage du dopage. Cet article ne discutera pas des causes de cette soudaine chasse au dopage (voir « le système des sports » de Paul Yonnet). Cependant après la question « mais que fait la police ? », il est temps de s’interroger sur l’apport de la science dans le domaine de l’entraînement sportif.
2 A titre d’exemple sensible de l’apport des sciences de la vie et de la santé en général, et de la physiologie en particulier on peut examiner l’évolution des performances et des méthodes d’entraînement des courses de fond (10.000 m au Marathon). En effet, les facteurs limitatifs de ces épreuves sont principalement d’ordre physiologique et en particulier bioénergétique [1]. En examinant la progression (régulière) des meilleures performances mondiales sur le Marathon depuis la fin du XIXe siècle, il est impossible de détecter une avancée extraordinaire à mettre sur le compte de telle ou telle découverte scientifique. On peut cependant constater que bien souvent les entraîneurs et les sportifs faisaient de la prose sans le savoir en mettant au point des procédés d’entraînement que les scientifiques décryptent et valident bien des années plus tard.
3 Nous allons donc parcourir ce siècle d’avancée des techniques d’entraînement et des concepts physiologiques appliqués aux effets de l’exercice sur le corps humain. Les énormes progrès déjà réalisés dans ce domaine pourraient nous permettre d’envisager l’avenir de l’entraînement sans dopage à condition de se donner les moyens de former les cadres techniques.
4 Pour illustrer notre démonstration nous avons choisi la course de fond (du 3000 m au Marathon) qui est actuellement pratiquée par 4 millions de sportifs en France. Le Marathon ne fait plus peur et chacun veut progresser selon ses capacités physiques et le temps dont il dispose. Pour cela, un entraînement « sur mesure » est possible par une meilleure adéquation entre le profil énergétique du coureur (dont nous allons préciser les déterminants) et la spécificité physiologique et biomécanique de la course de fond. En effet, un entraînement scientifique requiert l’étalonnage des réponses physiologiques (fréquence cardiaque, consommation d’oxygène, lactatémie, débit ventilatoire) sur un éventail de vitesses proches de la vitesse de compétition.
5 Progresser en courant « à la sensation » est possible mais seulement après l’apprentissage de la mise en correspondance de la perception de l’intensité de l’exercice avec les réponses physiologiques. Cet apprentissage est possible dès le plus jeune âge (en classe de 6e à 11 ans) par les échelles de perception de la difficulté de l’exercice soit en fonction de leur intensité (vitesse), soit en fonction de la durée (Garçin et al., 1998).
1 – Le début de siècle et le début de l'analyse mathématique et physiologique des records de l'espèce humaine à la course
6 En 1906, paraît le premier article sur une étude prospective des records à la course. Son auteur, Kennelly (ingénieur électricien à Havard), aborde pour la première fois la forme de relation qui lie la vitesse en fonction du temps (courbe de performance). Par la suite, le physiologiste et prix Nobel, Archibald Vivian Hill (1927) qui fut un pionnier de la bioénergétique de l’exercice musculaire, contribua à ce type d’approche. Nous lui devons l’introduction de nombreux concepts (consommation maximale d’oxygène [2], dette d’oxygène [3]) qu’il utilisa pour expliquer la forme de la relation vitesse - temps en course à pied (figure 1), élaborée à partir des records du monde du 100m au marathon (tableau 1).
7 En effet on peut alors envisager des tranches de durées d’exercice pour lesquelles la perte de vitesse est peu sensible. En effet pour une durée de course qui double de 10 à 20 secondes, la vitesse est maintenue à 36 km/h et pour celle qui passe de 1 heure à 2 heures, on ne perd que 1 km.h-1. Au contraire dans certaines portions de la courbe liant la vitesse au temps de course, il existe des cassures montrant d’énormes pertes de vitesse pour des temps assez proches à l’instar de la première à la deuxième minute de course, où la vitesse chute de 33 à 28 km.h-1.
8 L’étude de cette courbe a permis aux physiologistes du début de siècle de supposer et déceler des similitudes quant aux facteurs limitatifs et aux qualités énergétiques requises pour ces différents couples de vitesse - durée qui vont déterminer la performance : temps mis sur une distance donnée fixée par le règlement fédéral sportif.
9 Il est remarquable de constater que cette relation entre la vitesse et la durée de maintien n’a pas changé au travers du siècle si l’on compare les pentes. Cela signifie que l’évolution des records du monde sur courtes et longues distances s’est réalisée de façon égale tout au long du siècle et que l’on peut courir plus longtemps à 36 km/h mais également à 20 km/h (rappelons que ce ne sont pas les mêmes coureurs qui sont performants sur les courtes et les longues distance). A la lecture du tableau 1 on peut constater que les femmes courent 2 km/h moins vite sur toutes les distances par rapport aux hommes. Cela signifie que leurs performances sur longues distances ont du retard par rapport aux courtes distances, cela étant probablement le fait d’une réglementation qui n’inscrivit le marathon féminin aux Jeux Olympiques qu’en, 1984 à Los Angeles.
Vitesses records de l’espèce humaine (sexe masculin) en fonction de la distance et de la durée en course à pied (au 1er mars 1999).
Distances (m et km) | Records masculins (h,min,s) | vitesses (km.h-1) | Records féminins (h,min,s) | Vitesses (km.h-1) |
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100m | 9,84s | 36,50 | 10,49s | 34,32 |
200m | 19,32s | 37,27 | 21,34s | 33,73 |
400m | 43,29s | 33,26 | 47,60s | 30,25 |
800m | 1min41,11s | 28,48 | 1min53,28s | 25,42 |
1000m | 2min12,18s | 27,24 | 2min28,98s | 24,16 |
1500m | 3min26,00s | 26,21 | 3min50,46s | 23,43 |
1609m (Mile) | 3min44,39s | 25,82 | 4min12,56s | 22,93 |
2000m* | 4min47,88s | 25,01 | 5min25,36s | 22,12 |
3000m* | 7min20,67s | 24,51 | 8min06,11s | 22,21 |
5000m | 12min39,36s | 23,70 | 14min28,09s | 20,74 |
10 000m | 26min22,75s | 22,75 | 29min31,78s | 20,32 |
20 km | 54min55,06s | 21,85 | 1h06min48,8s | 17,96 |
21,100 route | 59min17s | 21,36 | 1h06min43s | 18,97 |
21,101 piste | 1h00min00s (record de l’heure) | 21,10 | 18,34 km (record de l’heure) | 18,34 |
25 km route | 1h13min55,8s | 20,29 | – | – |
30 km | 1h29min18,1s | 20,15 | – | – |
42,195 km | 2h06min05s | 20,08 | 2h20min47,0s | 17,98 |
100 km | 6h10min20s | 16,38 | ||
200 km | 16h32min20s | 12,09 | ||
452,27 km | 48h | 9,42 | ||
1023,2 km | 144h (6 jours) | 7,11 |
Vitesses records de l’espèce humaine (sexe masculin) en fonction de la distance et de la durée en course à pied (au 1er mars 1999).
[*Ces vitesses sont proches de la vitesse minimale sollicitant VO2 max : la vitesse maximale aérobie (VMA)].2 – De la performance aux caractéristiques physiologiques du coureur
10 Quels sont les paramètres énergétiques qui nous permettent de prévoir les performances d’un coureur sur longue distance ? Depuis quant connaît-on ces facteurs ? Quelles sont les nouvelles pistes pour approfondir notre connaissance de l’énergétique humaine ?
11
Les paramètres qui permettent de prédire les performances d’un coureur sont les suivants :
- la puissance métabolique que le coureur peut fournir sur une durée donnée (la puissance énergétique du coureur) qui dépend de la capacité du coureur à transformer l’énergie chimique qu’il a stockée sous forme de glucides, lipides, protides et de créatine phosphate, en énergie mécanique (raccourcissement des muscles qui vont actionner les levier osseux). Pour les exercices d’une durée supérieure à 3 minutes (à partir du 1500m), cette transformation s’opère par l’intermédiaire de l’oxygène (un litre d’oxygène consommé correspondant à une production d’énergie de 21 kJ à partir des glucides).
- le coût énergétique de sa course selon l’équation de Pietro di Prampero. Ce chercheur a beaucoup contribué dans la tradition de l’école italienne, (depuis Rodolfo Margaria, dans les années 30, puis Paolo Cerretelli, depuis les années 70) à la connaissance des aspects énergétiques de la locomotion humaine, et a formulé l’équation suivante qui indique que la puissance métabolique (Er : « energy rate ») dépend de la vitesse de course et du coût énergétique (Cr) selon l’équation (di Prampero, 1986) :
Er = Cr x V (1)
où V est la vitesse en mètres par seconde, Cr est exprimé en joules ou en millilitres d’oxygène par mètre et par kilogramme de poids de corps et Er est en watts ou en millilitres d’oxygène consommé par seconde et par kilogramme de poids de corps (consommation maximale d’oxygène). Cette équation à été appliquée à toutes les locomotions humaines (natation, cyclisme…) dont le déplacement en gondole (di Prampero officie à l’Université d’Udine à une centaine de kilomètres de Venise).
12 Nous avons montré (Billat et al., 1994) que le temps de maintien (temps limite) de cette consommation maximale d’oxygène est un paramètre qui peut varier de 25 % dans un groupe de coureurs de même niveau de performance (record sur semi-marathon) pour lesquels la consommation d’oxygène est homogène (5 % de variation). Cette démonstration, qui répondait à une question légitime de connaître non seulement les caractéristiques de puissance aérobie (consommation maximale d’oxygène) mais également d’endurance (temps de limite) à cette puissance maximale avait été éludée.
13 L’endurance peut être mesurée par le facteur F (« F » comme fraction de VO2max utilisée sur une durée d’effort donnée). La détermination de ce facteur « endurance » mis en évidence par François Péronnet (Professeur à l’Université de Montréal) nécessite une série d’épreuves épuisantes avec la mesure des échanges gazeux respiratoires. Pour simplifier, on peut utiliser la relation liant le pourcentage de la vitesse associée à VO2 max (ou vitesse maximale aérobie) et le temps record sur les distances de compétition. Il est également d’usage plus courant de rechercher la vitesse (cf. encart 1 et encart 2, figures 2a et 2b concernant la lactatémie et la cinétique de la consommation d’oxygène en fonction de la vitesse) et la fraction d’utilisation de la consommation maximale d’oxygène à laquelle la glycolyse est trop rapide pour la resynthèse de l’équivalent réducteur NADH en NAD (nicotine adénine dinucléotide) dans la chaîne respiratoire. Cette vitesse, appelée vitesse « au seuil lactique » ou plus abusivement « seuil anaérobie » depuis les années 60 apparaît entre 60 et 90 % de la vitesse à laquelle on atteint la consommation maximale d’oxygène. Cette appellation de « seuil anaérobie » est abusive puisque l’accumulation lactique consécutive à la réduction de l’acide pyruvique en acide lactique (qui va se dissocier en ion lactate et proton hydronium (H+) entraînant la baisse du pH musculaire et sanguin) est surtout due au recrutement de fibres rapides qui ont beaucoup d’isoenzyme LDH de forme M (transformant l’acide pyruvique en acide lactique) et non de forme H (favorisant, comme dans le cœur, la transformation de l’acide lactique en acide pyruvique). L’intensité de la contraction musculaire qui dépend de la force imposée (accélération d’une masse), conditionnant un travail (force appliquée sur une distance) puis une puissance (travail produit par unité de temps) détermine un flux de calcium qui lui-même stimule (par le messager AMP cyclique) la transformation de l’enzyme phosphorylase inactif en actif. Cet enzyme est responsable de la glycogénolyse lactique (cassure du glycogène, forme de stockage animal de molécules de glucose) qui va aboutir à une activation de la LDH-M et donc une accumulation d’acide lactique. L’appellation « seuil lactique » est peut- être moins équivoque puisqu’elle ne fait que constater, sans sous-entendre une quelconque anaérobiose, l’accumulation lactique. Si l’athlète est capable, après une période d’entraînement, de courir plus vite avant d’atteindre le seuil d’accumulation lactique, c’est qu’il aura moins sollicité ses fibres de type rapide et qu’il aura augmenté ses enzymes oxydatives. En moyenne, un coureur est capable de courir un marathon à une vitesse égale à 90-95 % de la vitesse au seuil lactique, soit au maximum à 80-85 % de sa consommation maximale d’oxygène.
Encart 1 : Les zones de vitesses remarquables d’une course d’intensité croissante et leurs utilisations à l’entraînement
? Zone 1 Vitesses pour lesquelles il n’y a pas de production d’acide lactique
Ces vitesses sollicitant une consommation d’oxygène inférieure à 60 % deVO2 max. Les vitesses de cette zone de vitesse peuvent être maintenue plusieurs heures, voir même plusieurs jours. Il s’agit d’une allure de trot, peu ou pas de lactate est formé, celui-ci étant aussitôt oxydé dans les fibres lentes de type I et le myocarde. La lactatémie est baisse parce que « Ra », le débit d’apparition du lactate, est faible (Ra pour « rate of appearance », Brooks 1985).
A cette faible intensité il y a une utilisation préférentielle des lipides par rapport aux glucides et d’une sollicitation du seul métabolisme aérobie. Cette utilisation importante des acides gras libres a également un effet inhibiteur sur la glycolyse. Le résultat de cette inhibition glycolytique par le métabolisme des acides gras libres est une production moindre de lactate et une augmentation de son oxydation en pyruvate. La consommation d’oxygène reste stable avec au bout d’une heure une légère augmentation due à l’utilisation des lipides qui nécessitent plus d’oxygène pour resynthétiser la même quantité d’adénosine triphosphate (l’ATP qui est le composé énergétique directement utilisable par les muscles pour leur contraction). Les facteurs limitant d’une course à vitesse très lente seront d’ordre musculaire, traumatique en raison de la répétition des chocs (3 fois le poids de corps à chaque pose de pied au sol).
? Zone 2 Vitesses pour lesquelles il n’y a pas d’accumulation d’acide lactique et la consommation d’oxygène est encore stabilisée.
Ce sont des vitesses de course nécessitant des consommations d’oxygène de 60 à 80 % de VO2 max selon les coureurs. Ces vitesses sont utilisées lors du 100 km ou des « trails » (courses de longue durée en nature qui ont émergées dans les années 90 en France) ou encore le marathon pour les coureurs moins entraînés. L’utilisation plus importante d’ATP nécessite la mise en œuvre des fibres de type fibres rapides qui résistent à des tensions musculaires plus fortes. Ces fibres ont un métabolisme anaérobie ce qui conduit à une production accrue d’acide lactate et à une augmentation du débit ventilatoire (VE), pour compenser l’acidose métabolique. L’accumulation du lactate lors de cette phase est de 2 à 4 mmol.l-1. L’acide lactique (C3H6O3) étant entièrement dissocié dans le corps humain en ions lactate et hydrogène (C3H5O3- H+) selon la réaction : HCO3- + H+ ? H2O + CO2
Il en résulte ainsi un excès de CO2 que la ventilation « élimine » en augmentant VE et doncVCO2. L’augmentation de VE et de VCO2 est plus importante que celle deVO2, provoquant celle disproportionnée de l’équivalent ventilatoire pour l’oxygène : VE /VO2 et du quotient respiratoire, R (VCO2 /VO2). De même, l’organisme ne consommant pas davantage d’oxygène qu’en nécessite la phosphorylation oxydative (pour remplacer l’ATP utilisé), l’augmentation de VE provoque une moindre extraction d’oxygène par volume d’air ventilé ; c’est pourquoi FEO2 augmente. Le début de cette seconde phase est donc caractérisé par l’augmentation de FEO2, sans la diminution correspondante de FECO2. Ceci correspond au seuil anaérobie ventilatoire défini par Wasserman et al. 1973.
? Zone 3 Vitesses pour lesquelles y a accumulation d’acide lactique mais encore compatible avec un état stable de la consommation d’oxygène inférieur à son maximum.
Ce sont des vitesses de course nécessitant des consommations d’oxygène égales à 80-90 % de VO2 max selon les coureurs. Ces vitesses sont utilisées lors du marathon et du semi-marathon ou encore sur 10 km pour les coureurs moins entraînés. Outre l’accumulation du lactate par rupture de l’équilibre entre son débit d’apparition et de disparition, on observe également une augmentation accélérée de la ventilation et une hausse continue de VCO2. A ce stade, cependant, l’hyperventilation ne peut plus compenser l’augmentation du lactate sanguin. Par ailleurs, davantage d’oxygène est utilisé par les muscles respiratoires qui assurent l’hyperventilation. Ainsi une partie de VO2 est non disponible pour les muscles squelettiques directement sollicités dans la foulée.
? Zone 4 Vitesses pour lesquelles la consommation d’oxygène augmente jusqu’à sa consommation maximale d’oxygène
Ce sont des vitesses de course qui sollicitent 90 à 95 % de VO2 max dans les 3 premières minutes pour atteindre la valeur maximale en fin d’exercice dont la durée limite est d’environ 10 à 12 minute. En compétition, ces vitesses sont celles du 10 km, voire 3 km pour les coureurs moins entraînés.
14
Le troisième facteur discriminant de la performance sur longue distance est le coût énergétique du déplacement du coureur. En effet, à débit d’énergie égal, le coureur qui ira le plus vite est celui qui aura la foulée la plus économique. Le coût énergétique (Cr pour l’anglais « cost of running ») est une quantification de l’économie de la course par unité de distance parcourue et de poids de corps transporté. Ainsi il a été montré que l’espèce humaine a un coût énergétique moyen de 4 kJ par kilomètre couru et par kilogramme de poids de corps. Cette valeur est proche de celle du cheval qui a toutefois un débit d’énergie deux fois supérieur (pour un même niveau d’entraînement), ce qui explique des vitesses maximales aérobies deux fois supérieures à celles des meilleurs demi-fondeurs humains (50 contre 25 km.h-1). Sachant que 1 litre d’oxygène consommé permet de fournir 21 kJ d’énergie, il est possible de traduire le coût énergétique de 4 joules par mètre, en millilitres d’oxygène consommé par unité de distance et de poids du corps. Quatre joules représentent un coût en oxygène de 4/21 = 0,190 ml.min-1. km-1. Il faut souligner que le coût énergétique est une quantité d’oxygène (et donc de joules par équivalence) dépensée par unité de distance et de poids du corps et qu’il est relativement indépendant de la vitesse entre 10 et 20 km.h-1. En deçà, la course devient moins économique car le coureur est obligé de raccourcir ses pas (augmentation du travail interne ou de gesticulation par augmentation de la fréquence des gestes, Cavagna et al., 1991) et, au-delà, la composante aérodynamique du coût énergétique devient non négligeable (Pugh, 1970). En effet, au-dessus de 20 km.h-1, la consommation d’oxygène (donc le surcroît de dépense énergétique ?VO2) augmente de façon exponentielle avec la vitesse selon l’équation :
Augmentation de la lactatémie en fonction du temps à différentes vitesses de course (en % de la vitesse maximale aérobie : VMA).
Augmentation de la lactatémie en fonction du temps à différentes vitesses de course (en % de la vitesse maximale aérobie : VMA).
Augmentation de la consommation d’oxygène en fonction du temps à différentes vitesses de course (en % de la vitesse maximale aérobie : VMA).
Augmentation de la consommation d’oxygène en fonction du temps à différentes vitesses de course (en % de la vitesse maximale aérobie : VMA).
Encart 2 : La composante lente d’ajustement de la consommation d’oxygène
Lorsque la puissance de l’exercice est sous maximale (i.e. inférieure à la puissance associée à VO2max déterminée lors d’un protocole triangulaire) le sujet atteint VO2 max (Poole et al., 1988 ; Roston et al., 1987). Bien que les raisons de cette augmentation de la consommation d’oxygène avec le temps pour ces exercices supérieurs au seuil lactique soient encore peu claires, nous avons récemment mis en évidence que cette composante lente d’ajustement de la consommation d’oxygène jusqu’à VO2 max apparaissait lors de courses exhaustives de 18 minutes à 90 % de vVO2 max mais n’était pas suffisamment importante pour que les coureurs atteignent leur VO2 max (Billat et al., 1996c). Cette notion de composante lente d’ajustement de la consommation d’oxygène remettait donc en question la notion de vitesse associée à VO2 max évaluée selon le seul protocole triangulaire. En effet, il faudrait également prendre en compte la vitesse minimale associée à VO2 maxmesurée lors d’un palier d’exercice au dessus du seuil anaérobie (environ 85 % de vVO2 max) qui rendrait possible l’atteinte de VO2 max au bout d’un certain temps. Cela signifierait qu’il n’existe pas un VO2 max mais des VO2 max selon le protocole utilisé et en outre non pas un temps limite à VO2 max mais des temps limites à VO2 max selon la vitesse imposée. Partant de cette idée que j’ai soufflée lors d’un congrès de l’American College of Sport Medicine à Mineapolis en 1995, Hill et al. (soumis pour publication en 1997 au Journal of Applied Physiology) ont calculé une puissance critique en utilisant le modèle de Scherrer que nous avons précédemment exposé, mais en utilisant non pas le temps limite à une puissance donnée mais le temps nécessaire à l’atteinte de la consommation d’oxygène. Ils définissent alors la notion de puissance critique, puissance maximale pour laquelle il est encore possible d’obtenir un état stable de la consommation d’oxygène à une valeur significativement inférieure à VO2 max. Ils montrent que cette puissance correspond à la puissance critique classique.
Le défaut de cette approche est de considérer que le délai d’épuisement est déterminé par le délai d’atteinte de la consommation maximale d’oxygène alors que nous avons démontré que pour le même délai d’épuisement (en pédalage et en course) à 90 % de v ou pVO2 max, les triathlètes atteignaient ou non leur consommation maximale d’oxygène (Billat et al., Journal of Applied Physiology en 1998). L’absence de composante lente significative de VO2 à une intensité supérieure au seuil lactique n’empêche pas l’arrêt de l’exercice sans que le sportif soit en acidose ou en déplétion de phosphocréatine. De même, au seuil de début d’accumulation lactique, les réserves de glycogène intracellulaire pour les fibres II sont épuisées.
15
Ainsi, à 24 km.h-1 (6,66 m.s-1) comme par exemple sur un 3000 m couru en 7 min30s, la composante aérodynamique peut être calculée comme suit :
16 Ainsi sur les 84 ml.min-1.kg-1 d’économie de course (VO2 à une vitesse donnée) la composante aérodynamique représente 5,9 ml.kg-1.min-1 soit 7 % à 24 km.h-1.
17 De plus, on distingue le coût énergétique brut (dans lequel la consommation d’oxygène de repos est incluse) du coût énergétique net (dans lequel la consommation d’oxygène de repos est retranchée ; elle est de 3,5 ml.min-1.kg-1).
18 Si l’on applique l’équation de di Prampero (1986) à la course, il est alors possible de calculer les caractéristiques énergétiques nécessaires aux coureurs pour battre la meilleure performance mondiale sur marathon (dans le contexte d’une course à température de 18°C avec ravitaillement en eau et en glucose, le coureur s’étant chargé en glucide les jours précédents).
3 – Applications des facteurs discriminants de la performance aux records du monde féminin et masculin sur marathon
19
L’analyse des exigences bioénergétiques du record du monde de marathon féminin contribue à mieux cerner les caractéristiques physiologiques des femmes. En se référant aux équations (2) et (3) de di Prampero (1986) :
Coût énergétique (ml.m-1.kg-1)
20 où V est la vitesse sur le marathon, où F est la fraction d’utilisation de la consommation maximale d’oxygène sur le marathon que l’on peut approcher par le seuil lactique ; il est possible de cerner les exigences bioénergétiques de cette nouvelle meilleure performance du marathon féminin. Le coût énergétique représente la consommation d’oxygène brute (incluant les 3,5 ml.min-1.kg-1de repos) par unité de distance parcourue et par kilogramme de poids de corps. Le tableau 2 donne les valeurs de référence de ces facteurs bioénergétiques compatibles avec les caractéristiques de la femme et de l’homme, qui permettent de réaliser une performance donnée sur marathon. En effet, à niveau égal de performance (en référence aux points donnés par la table de cotation de la fédération d’athlétisme internationale, IAAF), la femme a une consommation maximale d’oxygène de 10 ml.min-1.kg-1 inférieure à celle de l’homme.
21 C’est pourquoi, afin d’examiner les exigences bioénergétiques de ce nouveau record du monde féminin de marathon, nous avons choisi la gamme de valeurs de VO2 max allant de 68 à 78 ml d’O2.min1.kg-1 (Péronnet, 1992) ; cette valeur correspond aux consommations d’oxygène des coureuses de fond de haut niveau. Le nouveau record féminin du marathon établi en 2000 par la jeune Kenyane Loroupe (alors que celui-ci n’avait pas progressé depuis 1985), correspond à une vitesse de 17,98 km.h-1. Pour courir à cette vitesse pendant 2h20 il faut (en prenant l’hypothèse d’une course moyennement économique avec un coût énergétique brut de 200 ml.kj-1.km-1) une consommation d’oxygène de 60 ml.min-1.kg-1 : 18 km-1.h-1 = 60 ml d’O2.min-1.kg-1 x 60 minutes [*] / 200 ml.kg-1.km-1
22
Etant donné que le marathon se court en moyenne à 90 % de la vitesse au seuil lactique (données non publiées enregistrées sur 73 marathoniens de 2h07min à 3h30min, thèse de Mario Paiva, Université de Porto) et que la vitesse au seuil lactique représente 90 % de la consommation maximale d’oxygène, la consommation d’oxygène de 60 ml d’O2.min-1.kg-1 nécessaire sur le marathon pour courir à 18 km/h (avec un coût énergétique brut de la course égal à 200 ml.kg-1.km-1) implique que la coureuse devra avoir une consommation maximale d’oxygène de :
23 Cette jeune Kenyane a fait mieux que Mimoun qui couvrait la distance en 2h25min pour l’or olympique à Melbourne en 1956 et que Zatopek en 2h23min3s à Helsinki 4 ans plus tôt. Cette amélioration régulière des performances au cours de ce siècle (Bocquet et al., 1999) est due à une augmentation de la quantité et de la qualité de l’entraînement, les marathoniens actuels allant jusqu’à couvrir un marathon par jour en période de stage (à l’instar des meilleurs coureurs Portugais) sans négliger toute l’année les séances d’entraînement courues entre 90 et 100 % de vVO2 max (2 séances hebdomadaire toute l’année).
24 De plus, la banalisation d’une épreuve autrefois mythique et aujourd’hui courue par des millions d’amateurs permet de convaincre certains jeunes coureurs de demi-fond long de se lancer plus jeunes sur le marathon. De même, toutes les nations courent le marathon qui est réellement une discipline universelle. Si les africains excellent sur les courses de fond depuis Abebe Bikila à la fin des années 70, les africaines apparaissent sur le plan international depuis 5 ans.
Années | Temps sur le marathon min, sec) | Vitesse (km.h-1) |
---|---|---|
1926 | 3h40min22s | 11,49 |
1963 | 3h37min07s | 11,66 |
1964 | 3h19min33s | 12,69 |
1967 | 3h07min26s | 13,51 |
1970 | 3h02min53s | 13,84 |
1971 | 2h49min40s | 14,92 |
1973 | 2h46min36s | 15,20 |
1974 | 2h43min54s | 15,45 |
1975 | 2h38min19s | 15,99 |
1977 | 2h34min47s | 16,36 |
1978 | 2h32min30s | 16,60 |
1979 | 2h27min33s | 17,16 |
1980 | 2h25min40s | 17,38 |
1983 | 2h22min43s | 17,74 |
1985 | 2h21min06s | 17,94 |
1998 | 2h20min47s | 17,98 |
25 Le tableau 3 montre l’évolution du record du monde féminin du marathon. Le premier record a été maintenu 40 années, et l’avant dernier (1985) quelque 13 années, d’où la forme sigmoïde de la courbe visualisant l’évolution du record du monde du marathon féminin.
26 La marge de progression calculée pour l’an 2000 (faite en extrapolant à partir de la relation établie entre les années et la vitesse - record sur marathon) aboutit à un temps de 2h00 ! Il n’est toutefois pas possible d’envisager que les femmes dépassent les hommes sur les courses de longues distances, ainsi que Whipp et Ward (1992), l’ont spéculé dans cet article de la revue Nature. Pour ce qui concerne les hommes, les 20 km/h ont été franchis soit 2 km/h plus vite que les femmes (+10 %). En appliquant les caractéristiques bioénergétiques des meilleurs coureurs de fond qui accompliraient la course idéale (avec au départ un stock de glycogène [4] à son maximum).
27 Des études basées sur les prédictions mathématiques (Liu, 1998) et non pas sur les caractéristiques énergétiques de l’homme, ont prévu que le marathon serait couru en 1h59 min en 2030. En effectuant la même démarche mais avec la mise à jour du record, nous prévoyons de franchir les deux heures en 2010 (Bocquet et al., 1999).
28 Il convient d’attendre les cinq prochaines années pour examiner l’évolution de ces records au cours du prochain millénaire. Pour les femmes étant donné qu’elles n’ont commencé à courir le marathon que très tardivement de façon officielle (premier marathon olympique à Los Angeles en 1984), il est difficile d’appliquer une prédiction mathématique de qualité puisque le nombre de performances réalisées n’est pas suffisant. Cependant en spéculant sur des données bioénergétiques compatibles avec les données actuelles, une coureuse qui aurait une consommation maximale d’oxygène (VO2 max) de 75 ml.min-1.kg1 accompagnée d’un seuil lactique de 89 % de VO2 max et d’un coût énergétique brut de 210 ml.min-1.km1, pourrait couvrir le marathon en moins de 2h20 (+ de 18 km.h-1 ) et plus exactement en 2h19min02s. Une marathonienne idéale qui aurait à la fois un coût énergétique brut très bas (180ml.min1.km-1), une consommation maximale d’oxygène élevée (78 ml.min-1.kg-1) et un seuil d’accumulation lactique au plus haut (90 % de VO2 max) serait alors capable de couvrir les 42,195 km à 21,06 km. h-1 : c’est-à-dire en 2h00min12secondes.
29 Cependant, aussi bien pour les hommes que les femmes, nous n’avons jamais pu observer chez la même personne à la fois un haut débit d’énergie et une très basse valeur de coût énergétique. Il est vrai que la base de données est relativement restreinte si l’on s’en tient à la littérature scientifique, tous les meilleurs coureurs ne fréquentant pas les laboratoires. Cela devrait changer avec une approche sur le terrain pas des appareils portables comme le K4 qui permet la mesure des échanges gazeux sur la route.
30 Le dopage permet d’améliorer la consommation maximale d’oxygène, l’endurance et le seuil lactique. Dès lors la question de savoir s’il est possible, par le seul entraînement, d’améliorer les trois facteurs de la performance en course de fond ? La réponse est oui mais avant de montrer par quels procédés d’entraînement, il convient de considérer l’évolution historique des méthodes d’entraînement et des connaissances de ces facteurs physiologiques de la performance en course de fond. Ce bref retour en arrière nous permet de mieux appréhender l’interaction nécessaire entre le savoir scientifique et le savoir-faire des entraîneurs et des athlètes pour les années futures.
4 – Évolution des facteurs physiologiques de la performance et des méthodes d'entraînement en course de fond au cours du siècle
31 On peut distinguer les grandes périodes que sont le début de siècle, les années 20-30, les années 50, 60-70 et 80-90.
32 – Les années « art nouveau » (1900) ou l’essor de l’entraînement fractionné et de la mesure de la consommation d’oxygène sur tapis roulant (pour la marche).
33 La consommation d’oxygène (VO2 ) à l’exercice était parfaitement mesurée pour des exercices de marche sur tapis roulant depuis 1910. L’utilisation de la consommation d’oxygène, dans une perspective d’analyse de la tâche ou d’évaluation de pré-requis pour la performance, était nulle. Sur le plan empirique, déjà à cette époque (1912) le Finlandais, champion olympique du 10.000 m, Hannes Kolehmainen, pressentait la nécessité de rendre spécifique à la compétition les vitesses d’entraînement. Afin, cependant, de ne pas réaliser une compétition chaque jour d’entraînement qui était déjà quotidien à cette époque, il introduisait l’entraînement « fractionné » qui consistait précisément, à fractionner la distance de compétition en 5 à 10 répétitions. Ces fractions étaient donc courues à la vitesse de compétition ce qui donnait pour le 10.000 m par exemple des séries de 10 répétitions de 1000 m réalisées à l’allure de compétition du 10.000 m (3 min 05 au 1000 m) soit 19 km/h pour ce champion (le 10.000m est actuellement couru à 22,7 km/h par le recordman du monde).
34 – Les années « Art Déco » : le prix Nobel Archibald Vivian Hill invente le concept de «Consommation maximale d’oxygène»
35
En 1927, A.V Hill développe le concept de consommation maximale d’oxygène (VO2max) dans son ouvrage « Muscular movement in man ». Il remarquait que la valeur de la consommation d’oxygène n’atteignait plus de véritable état stable lors d’un exercice de 4 minutes à 16 km.h-1 pour lui-même (âgé de 35 ans il pratiquait encore la course à pied). Hill considérait que cette vitesse était la limite au-delà de laquelle la consommation d’oxygène plafonnait. Cette vitesse (qualifiée 60 ans plus tard de « vitesse maximale aérobie ») était pour Hill « une vitesse limite raisonnable » au delà de laquelle (je cite l’énumération) :
- un déficit d’oxygène apparaît au fil du temps,
- le lactate sanguin s’accumule,
- la fréquence cardiaque et la température corporelle augmentent,
- les réserves de glycogène s’épuisent, la glycémie s’effondre,
- des douleurs et raideurs musculaires apparaissent.
36 A cette époque, en 1920, le Finlandais Pavoo Nurmi (qui courait le 5000m en 14min 36s (20,55 km/h) introduisait l’entraînement par intervalles courus à une vitesse supérieure à la vitesse de compétition, sur de courtes distances (200-400m : 6 x 400m en 60 secondes, par exemple) à l’intérieur d’une course lente et longue de 10 à 20 km dans les bois. Le reste du kilométrage était couru à très faible allure, Nurmi avait déjà intégré les principes d’alternance et de récupération dont nous savons aujourd’hui qu’ils sont tout aussi importants que le travail intense lui-même.
37 – Les années « Formica » (années 50) ou celles du formidable coureur tchèque : le fabuleux coureur Emil Zatopek invente « l’interval training »
38 A la fin des années 50, le coureur Emil Zatopek, recordman du monde du 5.000 m s’étant inspiré du médecin allemand, le docteur Van Aacken, créait l’entraînement par « intervalle » (encart 3). Cet entraînement par intervalle était en fait réalisé à la vitesse au seuil anaérobie celui-ci étant estimé à partir des temps donnés dans sa biographie et de ses performances sur 5.000 m (le 5.000 m permettant d’extrapoler la vitesse maximale aérobie). Ce concept de seuil anaérobie était inventé bien plus tard dans les années 70 par le cardiologue américain Karl Wasserman (pour le seuil ventilatoire) et par l’école Allemande, en particulier par Mader, Keul, Kindermann (pour le seuil lactique).
Encart 3 L’interval-training
39 En effet, Zatopek effectuait jusqu’à 100 x 400m en 1min 30 (15 km/h) avec 200 m de trot entre deux 400 m. Il parcourait jusqu’à 50 km par jour en scindant sa séance d’interval training en une série de 50 répétitions le matin et une autre le soir.
40 – Les années « hippies » ou l’émergence des études scientifiques sur l’interval training.
41 En 1960 le physiologiste suédois Per Olof Astrand développe la méthode des intervalles longs de 3 minutes à 90 % de la consommation maximale d’oxygène. Il considère que c’est une méthode fiable pour améliorer la consommation maximale d’oxygène sans pour autant avoir validé cette proposition par une étude systématique de la réponse physiologique aigüe et chronique à ce type d’entraînement fractionné.
42 A cette même époque (1960) le coureur et entraîneur néo-zélandais, Lydiart développe la méthode des intervalles très courts : 10 à 15 secondes de course à 100 % de vVO2 max et 10 à 15 secondes de trot à 30-40 % de VO2 max. Le physiologiste suédois Christensen qui travailla sur des protocoles d’exercices intermittents courts (15 à 30 secondes), corrobora cette méthode d’entraînement (avait-il eu seulement l’écho de la pratique de Lydiart ?) en montrant que ces quelques secondes d’effort et de récupération permettent de ne pas accumuler d’acide lactique. Cela ne signifie pas que le muscle ne produit pas d’acide lactique (il en produit même au repos) mais que le débit d’apparition étant en équilibre avec le débit de disparition dans le sang et que le potentiel REDOX reste stable (rapport NADH/NAD). Ainsi le pH sanguin et musculaire ne chute pas et la vitesse de course n’est pas diminuée.
43 En 1964, le physiologiste et cardiologue californien Karl Wasserman, invente le concept de « seuil anaérobie ventilatoire » comme étant l’intensité d’exercice (ou vitesse pour la course ou la marche pour les patients de Wasserman) entraînant une augmentation abrupte du débit ventilatoire. Cette augmentation du débit d’air ventilé par minute n’est pas due à un manque d’oxygène des muscles mais à la stimulation de récepteurs (carotidiens, et aortiques) sensibles au pH sanguin qui baisse en raison de l’accélération de la glycolyse à partir d’une certaine vitesse de course (vitesse au seuil lactique) à laquelle les fibres de type II (riches en isoenzyme lactico dehydrogénase -M) sont recrutées. De plus, le liquide céphalo-rachidien est sensible à la pression partielle de dioxyde de carbone (CO2) qui augmente avec les ions H+ par l’accélération de la glycolyse et la réduction de l’acide pyruvique en acide lactique (qui se dissocie en anion lactate et proton hydronium (H+).
44 Ainsi la baisse de pH du liquide céphalorachidien stimule les centres respiratoires dans le cerveau, le débit ventilatoire augmentant. De même les récepteurs articulaires sensibles au mouvement envoient des signaux au cerveaux. Ainsi seuil anaérobie (seuil ventilatoire) et seuil de début d’accumulation lactique sont liés aux mêmes causes : le recrutement de fibres glycolytiques, mais n’ont pas de lien de causalité. De plus, le protocole de détermination du seuil ventilatoire procède par incréments de vitesse très faibles (moins de 0,5 km.h-1) et par des paliers courts (1 minute) alors que la vitesse de début d’accumulation lactique est déterminée par des paliers d’au moins 5 minutes.
45 En effet, la vitesse au seuil anaérobie est comprise entre 60 et 90 % de la consommation maximale d’oxygène pour les sujets peu à très entraînés en endurance. Cette puissance au seuil anaérobie par la méthode ventilatoire est déterminée lors d’un protocole d’exercice constitué d’enchaînement de paliers courts (1 min) à des puissances croissantes (0,5 km/h d’augmentation de la vitesse toutes les minutes).
46 – Les années « Pop » et « arts Disco » (70-80) apparition du concept de seuil lactique et vulgarisation des tests à l’effort
47 Les années 70 sont celles de la mesure de la consommation maximale d’oxygène chez le sportif. Par ailleurs, le concept de seuil lactique apparaît grâce à l’école allemande composée de physiologistes comme Mader qui travaillent de concert avec les entraîneurs (Mader et Heck., 1986). Ils distinguent un premier seuil (le seuil « aérobie ») pour lequel la concentration d’acide lactique s’élève au-dessus de la valeur de repos (qui est de 1 mmol.l-1) ; ce premier seuil correspond à la première zone de vitesse décrite dans l’encart 1 entraînant une concentration sanguine d’acide lactique égale à 2 mmol.l-1 et identifiée par Keul comme étant le « seuil aérobie » (Keul et Kindermann, 1978). Ils distinguent également un second seuil (le seuil dit « anaérobie », correspondant à la seconde zone de vitesse décrite dans l’encart 1). Ce seuil dit « anaérobie » correspond à une vitesse induisant une lactatémie de 4 mmol.l1. Ces valeurs de références sont encore très largement utilisées en Allemagne, en Italie et au Portugal, nombre de chercheurs étant allés passer leurs thèses à Cologne à l’Institut National du Sport allemand. Cependant ces valeurs sont conventionnelles puisque la lactatémie maximale d’état stable est comprise entre 2,3 et 6,8 mM selon les sportifs, même s’il est vrai que la moyenne se situe à 4 mM (Billat, 1996). Cependant on ne peut se contenter de moyenne pour le suivi de l’entraînement des sportifs.
48 A l’heure actuelle, ces seuils sont toujours utilisés même si l’on préfère à des valeurs absolues de référence, considérer la cinétique de la lactatémie (Brooks, 1985, 1986). Puis 1985 voit l’apparition de la notion de vitesse d’état stable maximum de la lactatémie (« maximal lactate steady-state ») inventée par Georges Brooks, Professeur à l’Université de Berkeley, auteur d’un remarquable ouvrage qui fait référence dans le domaine de la physiologie de l’exercice (Brooks et al., 1996). Cette vitesse est la vitesse maximale à laquelle la lactatémie se stabilise en fonction du temps, l’apparition du lactate dans le sang étant en équilibre avec sa disparition (Brooks, 1985).
49
En 1980, parallèlement à l’approfondissement du concept de seuil, apparaît celui de vitesse associée à la consommation maximale d’oxygène (« Vitesse maximale aérobie » : VMA qui correspond à vVO2 max) par l’école québécoise avec Luc Léger (1983) très prolixe dans le domaine de la physiologie appliquée au sport et à l’exercice, qui valide une méthode indirecte sur piste d’évaluation de la consommation maximale d’oxygène par l’équation :
(5)
(6)
(7)
Encart 4 Les tests de terrain d’intensité progressive pour déterminer VMA : L’épreuve de Léger- Boucher (1980)
Chaque accélération correspond à une augmentation du coût énergétique de 3,5 ml/kg/min (soit d’un MET, unité métabolique). De ce fait, chaque palier correspond à un coût énergétique donné, VO2 max est alors estimé à partir du coût énergétique (standard) du dernier palier parcouru. Lorsque le coureur « décroche », n’étant pas capable de suivre le rythme imposé, l’épreuve est interrompue. Au numéro du palier, la vitesse atteinte correspond à une consommation maximale d’oxygène. La critique principale que l’on peut émettre est que le dernier palier de vitesse est souvent réalisé alors que VO2 max est déjà atteint à l’avant-dernier palier. Ceci peut donc, à l’instar de toutes les estimations faites à partir d’épreuves de terrain progressives, conduire à la surévaluation de VO2max et VMA pour le calcul des vitesses d’entraînement. Il est donc indispensable de vérifier cette vitesse maximale aérobie, au cours d’une épreuve rectangulaire, où l’on demande au coureur (qui s’est préalablement échauffé 20 min à 30 min) de courir à la vitesse déterminée à l’issue du test progressif. Dans l’éventualité où le coureur ne pourrait soutenir plus de 2 à 3 minutes cette vitesse présumée maximale aérobie, cela démontre qu’elle a été surestimée. Dans ce cas, choisissez comme repère de vos vitesses d’entraînement (exprimée en pourcentage de VMA), la vitesse de l’avant-dernier palier. Une lactémie finale supérieure à 15 mmol/l peut suggérer que l’athlète a réalisé son dernier palier grâce à l’apport énergétique de la glycolyse anaérobie (VO2 plafonnant ou diminuant). Concernant l’épreuve de Léger et Boucher (1980), VO2 max qui augmente de 3,5 ml/kg/min à chaque palier est calculé par l’équation : VO2 = 14,49 + 2,143 V + 0,0324 V2
où VO2 est exprimé en ml/kg/min et V en km/h et V2 en km/h.
Dans des études ultérieures, Léger et Mercier (1983, 1986) recalculèrent une nouvelle régression pour des vitesses de course comprises entre 8 et 25 km/h : VO2 = 1,353 + 3,163V + 0,0122586 V2
où VO2 est exprimé en ml/kg/min et V en km/h et V2 en km/h.
Pour plus de facilité d’utilisation, vous pouvez vous référer à l’équation simplifiée : VO2 = 3,5 V
où VO2 est exprimé en ml/kg/min et V en km/h
5 – Le passé et l'avenir de l'entraînement
50 Les coureurs de fond qui marquèrent l’histoire en faisant progresser les records du monde ont parfois fait varier l’entraînement, en jouant, sans le formaliser comme tel, sur les 3 registres de vitesses : en dessous de la vitesse au seuil lactique, à la vitesse au seuil lactique et à la vitesse associée à la consommation maximale d’oxygène.
51
Le tableau 4 décrit l’entraînement de quelques grands champions de course de fond qui ont marqué l’histoire de la course à pied et le tableau 5 l’équivalence des nomenclatures de l’entraînement depuis les années 50. Cet entraînement est décrit selon les trois registres d’intensité qui ont une signification physiologique :
- 1) vitesse inférieure au seuil lactique,
- 2) vitesse égale et légèrement supérieure au seuil lactique
- 3) la vitesse associée à la consommation maximale d’oxygène.
52 L’intérêt d’une approche scientifique de l’entraînement est de pouvoir analyser les raisons d’une progression (ou d’une régression) par la mise en corrélation de ces variations de performance avec celles des facteurs énergétiques de la performance. Il n’est cependant pas question de réduire la performance à une simple dimension énergétique, mais cette dernière reste incontournable.
53 Si les vitesses ont été calibrées et différenciées, l’entraînement a trop souvent négligé le calibrage des répétitions de course par rapport au temps limite que pouvait soutenir le coureur à cette vitesse. Le temps a été oublié dans la physiologie du XXe siècle qui a modélisé les réponses physiologiques uniquement en fonction de l’intensité de l’exercice en négligeant les durées constantes longues de 1 à 5 minutes selon les protocoles.
54 Ainsi, la vitesse qui entraîne la consommation maximale d’oxygène n’est pas unique. Si l’on demande à un coureur de courir à la vitesse maximale qu’il peut soutenir pendant une durée limite comprise entre 2 et 8 minutes (à des vitesses variant de plusieurs km/h), il atteindra sa consommation maximale d’oxygène. Par contre il existe sans doute une seule vitesse qui permettra de soutenir le plus longtemps sa consommation maximale d’oxygène (Billat et al., 1999). Pour autant ce n’est pas cette seule vitesse qui peut être la clef de l’amélioration rapide de la consommation maximale d’oxygène, puisqu’une longue durée de stimulation du débit cardiaque (à son niveau maximal) peut être obtenue par l’entraînement fractionné courue à des vitesses supérieures (Billat et al., 2000).
55 A présent, il est possible d’accéder en direct aux réponses physiologiques pendant la séance d’entraînement, voire même la compétition, grâce à des appareils de mesures télémétriques (mesure de la consommation d’oxygène, de la fréquence cardiaque). Il sera surprenant de constater l’évolution des échanges gazeux lors d’épreuves de demi-fond long (5.000, 10.000 m) pour lesquelles la vitesse n’est pas constante (figure 3). La question posée est de savoir dans quelle mesure le coureur régule sa vitesse sur les constantes physiologiques. Ces nouveaux outils ne seront cependant utiles que si les entraîneurs et les scientifiques s’allient pour proposer une alternative au dopage : le progrès par l’individualisation de l’entraînement à partir des caractéristiques bioénergétiques du sportif mises en rapport avec une analyse des contraintes relevées en compétition.
56 Tous les moyens de la lutte contre le dopage ne doivent pas se résumer aux contrôles ou aux campagnes de sensibilisation. Il faut être efficace et être en mesure de proposer à chacun, un entraînement pour progresser que ce soit pour le sportif qui pratique pour la production d’un spectacle sportif (premier système de la performance) ou pour celui qui pratique d’abord pour se confronter à lui-même (second système de la performance selon Paul Yonnet, 1998).
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Notes
-
[*]
9, rue de l’Université, 59790, Ronchin.
-
[1]
La bioénergétique est la partie de la physiologie qui étudie les transformations d’énergie nécessaires au sein de l’organisme (de l’énergie chimique des aliments à l’énergie mécanique des muscles).
-
[2]
La consommation maximale d’oxygène est la puissance maximale des voies métaboliques dites « aérobies » c’est-à-dire qui utilisent l’oxygène pour « brûler » les carburants (lipides, glucides) nécessaires à la recharge énergétique des muscles. Cette consommation d’oxygène dépend du débit sanguin (litre/min) qui peut transporter l’oxygène chaque minute vers les muscles actifs (facteur central de la consommation d’oxygène), mais également de la capacité du muscle à utiliser l’oxygène qui lui est apporté (facteur périphérique). La limitation principale est centrale et peut être pulmonaire pour les athlètes de haut niveau et les chevaux de course (il s’agit d’une hypoxémie induite par l’exercice identifiée par une baisse de plus de 15 % de la saturation de l’hémoglobine en oxygène).
-
[3]
Pour les exercices d’une durée inférieure à 3 minutes, l’organisme utilise des processus de transformation de ses stocks d’énergie chimique en énergie mécanique non aérobie à partir des stocks de phosphates organiques ou de la fermentation du glucose en acide lactique. Un déficit d’oxygène apparaît lorsque les besoins en énergie sont supérieurs à la consommation d’oxygène. L’homme a un déficit d’oxygène maximal (obtenu lors de 1 à 2 minutes de course à vitesse maximale) d’environ 1 ml/kg de poids de corps.
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Le facteur 60 homogénéise les unités entre les vitesses en kilomètres/heure et les consommations d’oxygène par minute.
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Le glycogène est une forme de stockage des glucides sous forme complexe dont 100g sont stockés dans le foie et 300 à 400 g dans les muscles). Au bout de 1h45min, les réserves commencent à être épuisées et l’utilisation des lipides de plus en plus importante entraîne une baisse de la vitesse car les lipides demandent une consommation d’oxygène plus importante pour obtenir la même quantité d’énergie : 1 litre d’oxygène consommé par minute donne seulement 19.6 kJ d’énergie contre 21 kJ pour les glucides soit 7 % de moins. A ce moins bon rendement énergétique du substrat va en plus s’ajouter une augmentation du coût énergétique de la foulée à partir du trentième kilomètre (di Prampero et al., 1986).