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Article de revue

Concessives sans conjonction de subordination (à l’exception de wenn) : syntagmes intégrés, connectés ou simplement juxtaposés. Le cas de l’allemand

Pages 143 à 164

Notes

  • [1]
    Ne citons que Di Meola 1997, à notre connaissance la plus récente monographie consacrée aux concessives, avec une abondante bibliographie et Leuschner 2000 ainsi que les travaux de Métrich (cf. bibliographie).
  • [2]
    Cf. à ce sujet Di Meola 1997,162 sq.
  • [3]
    Ibid., 144 sq.
  • [4]
    Une vue d’ensemble des moyens langagiers pour exprimer la concession se trouve dans Di Meola 1997, 81sq.
  • [5]
    Di Meola 1997, 42 sq. arrive à une typologie de 9 valeurs de concession : les valeurs factuelle, commentative, évaluative, reconstructrice, limitative, corrective, conditio-nelle, scalaire et polyconditionnelle [= faktische, kommentarische, evaluative, rekonstruktive, limitative, korrektive, konditionale, skalare et polykonditionale Konzessivität].
  • [6]
    La grammaire du DUDEN (1998, 794) définit les propositions concessives comme suit : Zwischen beiden Teilsätzen besteht ein Verhältnis des unzureichenden Gegengrundes : In einem der beiden Teilsätze wird ein Sachverhalt formuliert, der zwar im Gegensatz zu dem im anderen Teilsatz formulierten Sachverhalt steht, aber nicht ausreicht, um dessen Geltung außer Kraft zu setzen. La définition peut suffire si l’on admet que les structures concessives ne représentent pas toujours une proposition.
  • [7]
    Duden 1998, 820.
  • [8]
    comme p.e. les propositions comparatives : Er ist schneller gelaufen als er das jemals erträumt hatte. (Littéralement : Il a couru plus vite qu’il ne l’avait jamais rêvé.)
  • [9]
    Les traductions des exemples se trouvent réunies à la fin de l’article.
  • [10]
    Wenn est subjonction : on le voit à la structure de la concessive où le verbe se trouve à la droite ; lorsque les subordonnées introduites par wenn ont une simple valeur temporelle et / ou conditionnelle, elles sont intégrées dans le groupe verbal autonome (ou « principal », ou « matrice », etc.) : Wenn es regnete, ging er nie spazieren. (Quand il pleuvait, il n’allait jamais se promener.) – Nous laissons de côté ici des phénomènes de la langue parlée du type obwohl – das würde mir schon Spaß machen (Quoique… cela me ferait pourtant plaisir.) ; cf. à ce sujet Di Meola (1997, 209 sq.).
  • [11]
    Nous laissons délibérément de côté les rapports de juxtaposition moyennant un connecteur explicitement concessif / adversatif du type : Er ist müde. Trotzdem arbeitet er weiter (Il est fatigué. Malgré cela, il continue à travailler.) ou Er arbeitet trotzdem weiter (Il continue quand-même à travailler). Ils ne présentent pas de difficultés de décodage ni de construction.
  • [12]
    Quant à l’analyse (classe de mot, sémantique) des éléments comme SO, WIE, WENN, AUCH et IMMER ainsi que de MÖGEN, cf. sous 3, Les marqueurs de concessives.
  • [13]
    Cf. à ce sujet et à celui de la place du verbe dans la non-concessive Di Meola (1997, 222 sq. et 207 sq.). Si l’on supprime so, on peut avoir soit […], es ist doch die wich-tigere […], c’est-à-dire non-intégration, soit […], ist es doch die wichtigere […], c’est-à-dire intégration dans la non-concessive. La non-intégration lève toute ambiguïté de WENN au profit d’une lecture concessive.
  • [14]
    Cf. quant aux positions possibles de AUCH et IMMER (en combinaison avec w-) l’étude de Leuschner (2000).
  • [15]
    Cf. listes dans Di Meola 1997, 115.
  • [16]
    Mögen est prétérito-présent et fonctionne entre autres comme auxiliaire de mode (expression du vouloir) et comme modalisateur (exprimant la possibilité logique). Dans cette dernière fonction, il signale le désengagement du locuteur, ce qui le pré-destine au rôle qu’il joue dans les concessives. Cf. Krause 1986.
  • [17]
    À propos des énonciatives, cf. schémas 1-3, supra.
  • [18]
    Können est prétérito-présent et fonctionne entre autres comme auxiliaire de mode (expression du pouvoir) et comme modalisateur (expression de la possibilité logique et, avec un élément de restriction et / ou de négation, la nécessité logique), cf. Krause 1986.
  • [19]
    Verbe isolé à morphologie particulière, pouvant fonctionner entre autres comme auxiliaire de mode (expression du vouloir, entre autres dans le contexte des concessives) et comme modalisateur (dans le contexte du discours rapporté).
  • [20]
    Cf. Di Meola (1997,151) et Krause (2002, 29).
  • [21]
    Le superlatif ou all- peut être remplacé par un déterminatif focalisé (donc : fortement accentué) : « Ist das nicht eine – hm, etwas hohe Summe, Herr Ott ? » – « Wieso bitte ? Bei °dem Börsenwert der Aktien ? » (KAV 18) = Bei °dem Börsenwert der Aktien ist das doch nicht zuviel ! [« N’est-ce pas une somme un peu – hum, un peu élevée, Monsieur Ott ? » – « Mais pourquoi ? Avec une °telle valeur des actions ? » = Vu la valeur actuelle des actions, cela n’est vraiment pas trop ! »]
  • [22]
    Quant aux emplois divers des éléments invariables cités, cf. Métrich / Faucher / Coudrier.
  • [23]
    WIE peut également fonctionner pour marquer une certaine intensité quand il introduit une exclamation : Wie °schön !
  • [24]
    Possibilité qui semble avoir échappé à Di Meola (1997,105) ; cf. :…wie reglementiert… (cf. sous 1.1).
  • [25]
    Cf. Di Meola (1997,145).
  • [26]
    Cf. l’étude de Leuschner (2000) consacrée à W- + IMMER / AUCH et quant à AUCH en général Eroms (1998).
  • [27]
    AUCH exprime, pris isolément, l’inclusion (= aussi)  : « Ich nehm’ ein Bier. » – « Ich auch. » (« Moi je prends une bière. » – « Moi aussi. »)
  • [28]
    Cf. Di Meola 1997, 117.
  • [29]
    Cf. Leuschner 2000.
  • [30]
    Ibid., 350.
  • [31]
    Cf. Krause 1986.
  • [32]
    La possibilité de l’intégration n’est pas totalement exclue pour celles introduites par WENN, WER ou WAS (cf. exemples (46) et (47) : Dans (47), la suppression du démonstratif der - et donc l’intégration - serait possible.
  • [33]
    Cf. Di Meola 1997, 84 et 119.
  • [34]
    Traduire auch ici (et par la suite) par aussi n’est pas heureux ; nous le faisons pour qu’il n’y ait pas de vide. Mais le propre de ce auch est justement de n’avoir pas de sens qu’on pourrait isoler, mais seulement une fonction de marqueur. La même observation vaut pour immer rendu à tort par toujours et noch rendu par encore ou aussi.
  • [35]
    Personnage représentant la pureté.

Introduction

1Une présentation sur quelques pages d’un phénomène qui a fait l’objet de nombreux articles et monographies [1] sera forcément lacunaire, incomplète et par conséquent terriblement simplificatrice. On ne pourra pas ici reprendre la discussion en profondeur, ni celle de la définition de ce qu’on entend par concession, ni celle de tous les moyens possibles de l’exprimer (dont p.e. des phrases commentatives du type Das ist mir egal ou Da hast du Recht, aber…). Retenons seulement qu’il y a d’une part des structures explicitement [2] concessives et bien marquées comme telles par des subjonctions spécialisées (obwohl, obgleich, obschon), des structures coordonnées tendant vers la simple adversité, connectées par des éléments adverbiaux tels trotzdem[3] eux-mêmes explicitement concessifs et / ou adversatifs et, à coté de cela, des structures concessives marquées comme telles par un ou plusieurs éléments qui, pris isolément, ne véhiculent rien de concessif comme p.e. so et auch dans so laut du auch schreist… Ce sont ces dernières qui nous intéressent ici particulièrement [4], d’une part quant à leur structure interne, d’autre part quant à leur rapport syntaxique avec la non-concessive.

Définition

2Retenons comme définition de la concessive qu’elle expose un fait (réel ou imagé [5]) qui n’a pas suffisamment d’importance pour changer quoi que ce soit à ce qui est dit dans la non-concessive [6].

Problématique

3Dans la chaîne parlée, l’énonciative allemande présente un ordre qui est caractérisé par la place de la forme personnelle du verbe, qui se trouve en deuxième position, la première pouvant être occupée par n’importe quel groupe syntaxique, sujet ou non ; s’il y en a, la forme impersonnelle (participe II ou infinitif) se trouve à l’extrême droite. Ce qui se trouve à droite de cette « extrême droite » est considéré comme « hors construction » (= « ausgeklammert ») [7], et s’y trouve soit nécessairement [8] soit pour des raisons stylistiques ou pragmatiques. De manière comparable, le groupe verbal non autonome (« subordonné » ou Nebensatz) est également caractérisé par la place de la forme personnelle du verbe, qui est celle à l’extrême droite de la chaîne parlée :

Schéma 1 – Principe de la structure du groupe verbal non autonome (ou « subordonné » ou « dépendant »)

X, Y, Z…………………………forme personnelle du verbe

Schéma 1 – Principe de la structure du groupe verbal non autonome (ou « subordonné » ou « dépendant »)

4Exemples : la première partie sous X des exemples (1’), (2’), (3’) et (4’) et la dernière partie des exemples (1), (2), (3) et (4).

Schéma 2 – Principe de la structure du groupe verbal autonome (ou « indépendant »)

Xforme personnelle du verbeY, Z etc.[forme impersonnelle du verbe]
[participe ou infinitif]
III………..dernière position

Schéma 2 – Principe de la structure du groupe verbal autonome (ou « indépendant »)

5Exemples [9] ( / marque l’extraposition d’un groupe) :

un seul groupe syntaxique quelconqueforme personnelle du verbeautre(s) groupe(s) syntaxique(s)
(1)Wirgehenins Kino,/ wenn er kommt.
(1’)Wenn er kommt, (conditionnel / temporel)gehenwir    ins Kino.
(1’’)Morgengehenwir    ins Kino.
(2)Ichhabedir Brot mitgebracht,/ damit du nicht verhungerst.
(2’)Damit du nicht verhungerst (final / causal)habeich  dir  Brot  mitgebracht.
(3)Herr Müllerkonntesehr viel reisen,/ da er keine Kinder hatte.
(3’)Da er keine Kinder hatte, (causal)konnteHerr Müller    sehr viel reisen.
(4)Ergingspazieren,/ obwohl es regnete.
(4’)Obwohl es regnete (concessif /oppositif)ginger spazieren.

6Les exemples (4) et (4’) présentent une combinaison de concessive (C, soulignée) et de non-concessive (NonC, tout ce qui n’est pas souligné). Dans les deux cas, il s’agit d’une concessive subordonnée par une conjonction (obwohl) explicitement concessive ; cette subordonnée peut occuper la première place dans la non-concessive, ce qui entraîne le déplacement du sujet derrière la forme personnelle du verbe. La concessive – quoique séparée par une virgule – est donc parfaitement intégrée dans la non concessive dans un rapport hypotaxique.

7Mais à côté de cela, il existe des concessives non intégrées [10] :

Schéma 3

concessivenon-concessive
III
(5)Wenn es auch regnete,ergingspazieren.
(6)So kalt es auch sein mochte,ergingspazieren.
(7)Mochte es noch so kalt sein,ergingspazieren.

Schéma 3

8Les trois derniers exemples ont en commun le fait qu’aucun des constituants de la concessive n’a lui-même, pris isolément, une valeur concessive, ce qui constitue un problème de reconnaissance (décodage) pour tous ceux dont l’allemand n’est pas la langue maternelle ainsi qu’un problème de construction dans le cas d’un emploi actif de l’allemand.

9Les exemples (5) et (6) présentent une structure interne de groupe verbal non autonome (ou « subordonné » ou de Nebensatz), caractérisée par la position de la forme personnelle du verbe à l’extrême droite ; or, une telle structure va en général de pair avec une intégration de ce groupe verbal non autonome dans un groupe d’accueil, ce qui n’est pas le cas pour ces concessives. Le non-germanophone se heurte ici à un problème de construction de la non-concessive.

10Il y a donc, en principe, trois cas de figure pour le groupe verbal autonome (ou « indépendant ») énonciatif :

11X n’est pas, dans ce cas, groupe verbal subordonné.

12Si X = groupe dépendant (dont p.e. une concessive avec subjonction), alors

13Si concessive sans subjonction (à l’exception parfois de wenn), alors :

14Il y a donc, sur le plan purement syntaxique, deux sortes de rapports possibles entre concessive et non-concessive :

15

  • intégration : la concessive est membre constitutif de la non-concessive
  • juxtaposition : la concessive n’est pas membre constitutif de la non-concessive

16Cela vaut pour les concessives comportant un verbe et pour ce que j’appellerai les concessives « elliptiques ». À côté de cela il faudra mentionner des structures concessives à part (concessive « épithète » et concessive sous forme de groupe prépositionnel) [11].

17Cela soulève trois questions principales : celle de la structure des concessives, celle des marqueurs de concessives et celle du comportement des marqueurs de concessives.

Structure des concessives

18Les concessives en question peuvent soit avoir

19

  • une structure de dépendante ou
  • une structure d’indépendante simple ou complexe (ce qui est le cas de la concessive « en deux parties ») ou
  • une structure elliptique

20soit être membre non verbal de la non-concessive (concessive « épi-thète » et « concessive prépositionnelle »).

1.1 Concessives à structure de dépendante [12]

(A)SOqualitatif
} + {sehrviel } + [± AUCH]……………………….verbe
WIEpart. I ou II
(8)So sehr es auch regnete, er ging spazieren
(9)In ihm [Zivildienst] finden sich, wie reglemtiert er inzwischen auch sein mag, immer noch die Elemente eines eigenständigen Friedensdienstes, der sich nicht nur als Ersatz für die Bundeswehr begreift, sondern ureigene Konzepte entwickelt hat. (DZ 8)
(B)AUCH WENN / WENN AUCH……………………………verbe [13]
(10)Auch wenn es dich ärgert, ich sag es doch !
(11)Wenn auch das höchste Gut für den einzelnen und für die Polis das gleiche ist, so ist es doch die wichtigere und höherstehende Aufgabe, es für die Polis zu erlangen und zu erhalten. (ST 3)
(12)[Und ist er auch noch so reich, ich heirate ihn nicht. Cf. II, I]
(C)AUCH
[± Präp.] W-} + {IMMER}………………….……verbe [14]
IMMER + AUCH

21W- représente une série d’invariables (exception : wer et welcher, qui possèdent une flexion pronominale) commençant tous par w- et fonctionnant en gros soit comme interrogatifs, soit comme relatifs (p. e. wer, was, welcher, wann, wo, wohin, woher, etc.) [15].

(13)Wo immer du hingehst, ich folge dir.
(14)Wo du auch hingehst, ich folge dir.
(15)Wo immer du auch hingehst, ich folge dir.
(16)Wie dem auch sei, wir fahren morgen.
(17)Mit wem du auch sprichst, vergiß nicht…

1.2 Concessives à structure d’indépendante

1.2.1 Concessives à structure d’interrogative globale

22L’interrogative globale se caractérise en allemand par la position de la forme verbale personnelle à gauche (position I, und n’est pas compté). Cette structure peut également véhiculer une valeur conditionnelle, ce qui explique son aptitude à fonctionner dans un contexte concessif :

verbe [subj. I ou indicatif du verbe mögen[16] ] [± AUCH]……
I
(18)Mit Regelmäßigkeit,mögen die Abstände noch so groß sein, kommt im Leben der Völker diese Zeit. (DfH 67)
(19)[(Und) Ist er auch noch so reich, ich heirate ihn nicht ! Cf. sous 1.1]

1.2.2 Concessives à structure d’énonciative [17]

23Cas de figure A :

X+verbe + (± …) NOCH SO……
III
(20)Du kannst noch so laut schreien – ich tu’s nicht !
(21)Übrigens hätte Nicoletta sich als Aktrice noch so ungeschickt anstellen können, sie wäre in jedem Fall von den Kollegen und von der Presse mit dem gewähltesten Respekt behandelt worden ; denn sie galt als die Freundin des Intendanten. (MEPH 302)

24Cas de figure B :

X+verbe MÖGEN…
III
(22)Das mag alles logisch und richtig sein – aber es gefällt mir nicht.
(23)Du magst ja recht haben – ich heirate ihn aber trotzdem !
(24)Aber es mögen noch so viele solche Trouvaillen in seine Arbeit eingehen – niemand kennt ihn [denLexikographen] (DZ 12)
(25)Etzel mag kein Held gewesen sein, […], doch das Gegenteil auch nicht. (DfH 186)

25Cas de figure C : « concessive en deux parties »

X+verbe 1 (souvent können[18] ou mögen), X +……verbe 2 (WOLLEN[19])
III, Iau delà de II
(26)Du kannst schreien, so laut du willst, ich lass dich nicht raus.
(27)Du kannst so laut schreien, wie du willst, ich lass dich nicht raus.
(28)Dieses Urteil mag für übertrieben halten, wer will – Tatsache ist, dass
(29)Individuum, das sich keinem Zwang, er komme, woher er wolle, beugt […] (DZ 14)

1.3 La concessive elliptique (ni verbe ni sujet)

26[± Präp.] W- + AUCH IMMER

(30)Sie [Journalisten] sind abhängig – von wem auch immer. (Feder 2)
(31)Wie auch immer – irgendwie wird’s schon gehen.
(32)Was passiert eigentlich, wenn eines Tages klar wird, warum auch immer, daß sich die Entsorgung [radioaktiven Mülls], so wie sie geplant ist, nicht verwirklichen läßt ? (DZ 18a)

1.4 La concessive épithète

27Cas de figure A :

ØWIE (AUCH) IMMER
[Dét.] + {} + épith. + N…
selbst / auchNOCH SO
(33)Selbst ein noch so schüchternes Lächeln bewirkt manchmal Wunder.
(34)Sollten Arbeitgeber und Vermieter etwas davon erfahren [von der Infektion mit dem Aids-Virus] droht der wie auch immer begründete Rausschmiß. (DZ 17c)

28Cas de figure B :

29AUCH + det. + Superlatif + N

(35)Hier kann dir auch der beste Anwalt nicht helfen.

1.5 La concessive sous forme de groupe prépositionnel [20]

30BEI + [superlatif ou all-] + N[21]

(36)Bei allem Verständnis für jugendlichen Überschwang – das geht zu weit.
(37)Das kann ich mir beim besten Willen nicht vorstellen.

2. Sémantique des concessives

31Il y a deux groupes :

32

  • I. Concessives qui posent tout simplement l’existence ou la non existence d’une condition ou circonstance qui n’influe pas sur le procès exprimé par la non-concessive :
    • concessives à structure de dépendante avec WENN et équivalentes
    • concessives à structure d’indépendante :
      • celles à structure d’interrogative
      • celles à structure d’indépendante énonciative avec modalisateur mögen (marque de concessive)
  • II. Concessives qui présupposent implicitement l’existence de ladite condition / circonstance :
    On distingue deux sous-groupes :
    1. Expression de la généralisation
      • concessives à structure de dépendante introduites par un élément en W-, avec présence indispensable de IMMER (et) / ou AUCH
      • concessives à structure d’indépendantes interrogatives, présence de NOCH SO exclue
      • concessives « en deux parties » introduites par un élément en W-, présence de SO exclue
      • concessives épithètes avec présence indispensable d’un élément en W- et AUCH ou IMMER
      • concessives elliptiques
      • concessive sous forme de groupe prépositionnel BEI + [superlatif ou all- + N]
    2. Expression de l’intensité ou de la fréquence (cas particulier du groupe A)
      • concessives à structure de dépendante avec présence obligatoire de SO ou WIE placés en tête. Présence de NOCH exclue
      • concessives à structure d’indépendante, dont
        • concessive à structure d’interrogative, avec présence indispensable de NOCH SO
        • concessive à structure d’énonciative avec présence indispensable de NOCH SO
        • concessive « en deux parties » avec WOLLEN dans la deuxième, avec présence indispensable de SO dans l’une des deux parties. La présence de NOCH semble exclue
        • les concessives épithètes avec présence indispensable de NOCH SO.

3. Les marqueurs de concessives

33Aucun élément constitutif des concessives en question n’est, pris isolément, explicitement ou exclusivement concessif. Au contraire, on a affaire à une conjonction temporelle ou conditionnelle (WENN), à des adverbes de manière multifonctionnels (par exemple : SO peut être adverbe de manière, d’intensité, de « conclusion », de comparaison… ; MÖGEN est verbe de modalité polyfonctionnel ; NOCH avant tout adverbe temporel etc.). Il faut donc que certaines conditions soient remplies pour que de tels éléments, en coopération avec d’autres (moyens lexicaux ou syntaxiques) puissent fonctionner comme marqueurs de concessive. Les marqueurs les plus importants sont les suivants :

34À l’intérieur de la concessive :

35

  • SO, WIE (non interrogatif)
  • NOCH
  • IMMER et AUCH
  • MÖGEN (modalisateur)
  • (Modes)
  • Place du verbe (dans la concessive à structure de dépendante)

36À l’extérieur de la concessive :

37

  • Place du verbe dans la non-concessive (cf. sous 4)
  • Présence de négateurs, d’éléments lexicaux ayant une valeur de « contradiction » (cf. sous 4)

3.1 SO / WIE et NOCH

38Nous ne présentons que les traits généraux [22] :

391. SO est la marque par excellence de l’intensité ou de la fréquence, ce qui s’explique par son emploi fréquent comme particule d’intensité (= tellement) ; WIE [23] assez rare.

402. SO / WIE sont immédiatement suivis de d’un adjectif qualitatif, de SEHR ou VIEL ou d’un participe [24].

413. La présence de IMMER dans des concessives marquées par SO / WIE est plutôt rare.

424. Si SO se trouve en tête, la présence de NOCH est exclue.

435. Si SO se trouve en tête (structure de dépendante), alors le soutien de AUCH, plus loin, est possible ; SO peut alors être précédé de UND.

446. WIE exige la présence de AUCH [25], se trouve toujours en tête, exclut la présence de NOCH.

(38)Und so sehr mich das auch reizt – ich muss hier bleiben.

457. WIE (à l’opposé de SO) peut être précédé d’une préposition :

(39)Für wie ärgerlich und unsinnig man ihr Tun (oder Unterlasen) auch halten mag – von « geplantem Rechtsbruch » zu reden, ist denn doch zu starker Tobak. (DZ 17b)

468. NOCH est limité à la concessive exprimant une « intensité ou fréquence ».

479. NOCH ne peut apparaître qu’avec SO.

4810. Si SO se trouve au delà de la première place, la présence de NOCH est indispensable lorsqu’il s’agit d’une

49

  • concessive à structure d’indépendante interrogative :

(40)Und ist er noch so reich, ich heirate ihn nicht.

50

  • concessive à structure d’indépendante énonciative :

(41)Er mag / kann noch so reich sein, ich heirate ihn nicht.

51

  • concessive épithète

(42)Auch ein noch so kluger Kopf kann nicht für dich entscheiden.

5211. SO est obligatoire dans la concessive « en deux parties » (soit dans la 1re, soit dans la 2e partie) sans W- ; la présence de NOCH est exclue :

(43)Du kannst schreien so laut du willst, ich lass' dich nicht raus.
(43')Du kannst so laut schreien, wie du willst, ich lass' dich nicht raus.

53[wie – ici : particule de comparaison – apparaît quand SO se trouve dans la partie qui ne comprend pas wollen.]

3.2 IMMER et AUCH[26]

541. IMMER est la marque par excellence de la généralisation (ce qui s’explique par son statut d’adverbe temporel signifiant « toujours »).

552. IMMER peut être concurrencé ou soutenu par AUCH [27].

563. La présence de IMMER est limitée aux

57

  • concessives à structure de dépendante + W- :

(44)Was immer Jacques macht, es ist genial.

58

  • concessives elliptiques + W- :

(45)Journalisten sind abhängig – von wem auch immer.

59[apparemment présence des deux (AUCH IMMER, dans cet ordre [28] ) obligatoire] donc : IMMER n’apparaît jamais sans élément en W-.

604. IMMER seul est toujours placé directement après W- (pour éviter la confusion avec l’adverbe temporel).

615. Pour la combinaison de IMMER et AUCH, il y a plusieurs possibilités de position [29] :

62W- + AUCH + IMMER +………….….….….….verbe

(46)Wer auch immer das gesagt hat, (der) ist ein Idiot.

63W- + pronom [± adverbe ou…] + AUCH IMMER +…….verbe

(47)Und wer sich auch immer der Revolution in den Weg stellt, der muss vernichtet werden. (Sp1b)
(48)Wo man hier auch immer unterwegs sein mag : überall hat man eine phantastische Aussicht. (IWZ 1)

64W- + IMMER + sujet + AUCH +………….….….….….verbe

(49)Auf jeder Seite, wo immer Recht oder Unrecht auch sein mögen, steht nun ein Giselher. (DfH 209)
(50)…versprach er, « diesem Burschen » solle nichts geschehen, was immer er auch früher angestellt haben mochte. (MEPH 210)

65W- + IMMER + AUCH +………….….….….….verbe

(51)Nun – wie immer auch die Herren die frühen Morgenstunden zugebracht haben mögen, die Handlung des Nibelungenliedes setzt erst darnach wieder ein, […] (DfH 175)

666. Après W-, AUCH seul ne peut précéder un pronom [30] (pour éviter la confusion avec l’élément de coordination auch) :

(52)Was du auch machst, bleibe dir treu !

677. AUCH peut en outre figurer dans les concessives

68

  • à structure d’indépendante interrogative :

(53)Komm mich doch besuchen, und sei es auch nur für eine Viertelstunde.

69

  • à structure de dépendante introduite par wenn :

(54)Und wenn du auch nur fünf Minuten bleiben kannst, ich freue mich immer.

70

  • exprimant l’intensité ou la fréquence (si SO en tête) :

(55)So reich / schön / lieb er auch ist, ich heirate ihn nicht !

71Dans ces cas, la commutation avec IMMER est exclue.

3.3 MÖGEN (modalisateur verbal) [31]

721. MÖGEN peut apparaître dans tous les groupes sémantiques de concessives, avant tout dans celles à valeur généralisante. Il y est prédestiné par sa charge sémantique comme modalisateur (ou : verbe de modalité employé subjectivement ou epistemisch gebrauchtes Modal verb) qui est celle d’une « absence d’engagement du locuteur » (ça m’est égal / m’en fiche).

732. MÖGEN apparaît en principe à l’indicatif (ou subjonctif I du discours rapporté)

743. Puisque MÖGEN dans les concessives est modalisateur, il apparaît seulement à l’inaccompli (présent ou prétérit). Puisque MÖGEN est verbe, il est exclu des structures de concessive sans verbe.

754. Exclu (?) ou rare dans la concessive à structure de dépendante avec wenn

765. Il semble incompatible avec la structure W- + AUCH + IMMER, mais est souvent présent dans les autres cas de concessive à structure de dépendante introduite par W-.

3.4. Modes

771. Majoritairement indicatif (surtout : présent)

782. Subjontif (I) relativement rare.

79Exception : C’est le mode préféré de la concessive à structure d’indépendante interrogative si le verbe est sein :

(56)und sei es nur für fünf Minuten.

80et l’unique mode possible dans la tournure figée :

(57)Wie dem auch sei,…

81Il y a donc distribution complémentaire entre indicatif et subjonctif  I :

82Si [+ mögen], alors indicatif :

(58)Wie dem auch sein mag… / mochte ;

83Si [– mögen], alors sein et subjonctif I.

(59)Wie dem auch sei

3.5 Place du verbe dans les concessives à structure de dépendante sans subjonction 

84On peut se demander pourquoi ces concessives, quoique dépourvues de subjonction, présentent un ordre de subordonnée avec la forme personnelle du verbe à la fin. Une raison possible est que cette position évite la confusion avec les interrogatives et énonciatives non concessives :

(60)Wo er auch hingeht, er findet überall Freunde. = concessive
(60')Wo geht er auch hin ? = interrogative
(60'')Geht er auch (irgend) wo hin ? = interrogative
(60''')(Dort, wo er hingeht. = relative)
(61)So laut er auch schreit – keiner hört ihn. = concessive
(61')Schreit er auch so laut ? = interrogative
(61'')Er schreit auch so laut. = énonciative

85Donc : La place du verbe dans la concessive semble dans une certaine mesure dictée par la nécessité d’éviter une confusion avec une interrogative ou une simple énonciative.

4. En guise de conclusion

86On s’attend, dans un ouvrage sur les Eléments de relation, tout d’abord à des articles sur des unités lexicales reconnues comme « relateurs », par exemples des prépositions, conjonctions, subjonctions ou connecteurs. Or, comme l’article a essayé de le démontrer, l’établissement de relations sémantiques peut être assuré par la coopération d’éléments variés qui, pris isolément, n’ont rien d’un élément de relation classique (à l’exception de auch éventuellement). C’est justement cette coopération de facteurs très divers dans la constitution du texte qui est ici mise en avant.

87Rappelons que nous avons traité ici exclusivement les concessives sans conjonction (exceptées celles introduites par WENN) présentant des difficultés d’analyse (de compréhension) et / ou de construction, d’une part en ce qui concerne leurs structure interne, d’autre part en ce qui concerne la structure du groupe auquel elles sont associées (appelé non-concessive). Pour ces concessives, on constate que celles se présentant sous forme de groupe verbal (qu’il ait une structure de groupe autonome ou non autonome) sont :

88

  • syntaxiquement déconnectées de la non-concessive car non intégrées à cette dernière, c’est-à-dire elles ne sont pas élément constitutif de la non concessive [32]. Elles peuvent être antéposées, intercalées dans la non concessive (incise) ou postposée à cette dernière,
  • phoniquement déconnectées de la non concessive par une pause (ou deux dans le cas de l’incise),
  • en principe graphiquement déconnectées par toutes sortes de signes de ponctuation : virgule, point, deux points, tiret. Cette variété souligne en quelque sorte l’indépendance syntaxique de la non-concessive (et symbolise la pause faite par le locuteur).

89Mais elles sont :

90

  • sémantiquement « connectées », car dans un contexte plus vaste, une concessive n’apparaît pas seule, la non-concessive lui est indispensable.

91Le lien entre les deux unités juxtaposées est assuré par

92

  • le marquage de la concessive ; contribuent à ce marquage : structure syntaxique, présence de marqueurs invariables, choix du verbe et du mode – seul(e)(s) ou en coopération,
  • par les contenus contradictoires / opposés de la concessive et de la non-concessive [33], fait qu’il ne faudrait pas sous-estimer,
  • par la structure de la non concessive. Cela concerne avant tout les combinaisons « concessives introduites par WENN ou WER / WAS (précédé d’une préposition ou non) + non-concessive ». La non-intégration de la concessive confère définitivement à cette dernière sa valeur de concessive.

93Quant aux structures non verbales des concessives, elles sont soit juxtaposées (« concessive elliptique »), soit intégrées dans le groupe nominal (« concessive épithète ») ou encore intégrées dans le groupe verbal sous forme de groupe prépositionnel.

Traduction des exemples

94La traduction est dans ce contexte une entreprise particulièrement épineuse, justement à cause de l’emploi inattendu d’éléments invariables comme AUCH, SO, NOCH et IMMER : Soit on traduit par une tournure grammaticalement correcte et équivalente sur le plan du sens ce qui, par endroits, peut avoir la conséquence d’une complète non-équivalence sur le plan de la seule structure (place du verbe, du sujet etc.) et risque donc d’induire en erreur quant à la structure qu’elle est censée illustrer. Soit on donne une traduction mot par mot qui risque d’être, par endroits, agrammaticale voire totalement incompréhensible, mais qui reflète fidèlement les données syntaxiques de l’allemand. La seule solution praticable me semblait donc être la suivante : Là où une traduction reflétant la structure allemande est légèrement agrammaticale ou inélégante, mais compréhensible, elle est maintenue. Là où une traduction fidèle à la structure de départ est totalement incompréhensible, elle est suivie d’une version intelligible. Si la même séquence revient dans des exemples ultérieurs, il est renvoyé à l’endroit de la bonne traduction.

95Deux remarques :

96

  • Il n’est pas possible ici de commenter les différences dans l’emploi du subjonctif (Konjunktiv) dans les deux langues, ni celles régissant le choix des temps verbaux ou tout autre particularité propre à l’une ou l’autre.
  • On constate qu’une bonne traduction abandonne parfois le rapport de concession au profit d’un rapport de simple opposition ou au profit d’une simple généralisation.

(1)Nous allons au cinéma, / s’il vient.
(1')S’il vient, allons nous au cinéma.
= S’il vient, nous irons au cinéma.
(1'')Demain allons nous au cinéma.
= Demain, nous irons au cinéma.
(2)J’ai à toi apporté du pain / pour que tu ne meures pas de faim.
= Je t’ai apporté du pain,…
(2')Pour que tu ne meures pas de faim, ai je à toi apporté du pain. (comme (2))
(3)Monsieur Muller pouvait voyager beaucoup / puisqu’il n’avait pas d’enfants.
(3')Comme il n’avait pas d’enfants, pouvait Monsieur Müller voyager beaucoup. (comme 3)
(4)Il alla se promener, / bien qu’il plût.
(4')Bien qu’il plût, il alla se promener.
(5)Si il aussi[34] pleuvait, il allait se promener.
= Il avait beau pleuvoir, il allait se promener.
(6)Si froid il aussi être pouvait, il allait se promener.
= Même par le plus grand froid, il…
(7)Pouvait / voulait il encore si froid être, il allait se promener. (comme 6)
(8)Si beaucoup il aussi pleuvait, il allait se promener.
= Malgré la forte pluie, il alla se promener ou Même par temps de forte pluie, il allait se promener.
(9)En lui [service social remplaçant le service militaire pour les objecteurs de conscience] se retrouvent, aussi réglementé qu’il soit entre-temps, toujours les éléments d’un service de la paix au sens propre, qui ne se conçoit pas uniquement comme un substitut au service dans l’armée fédérale, mais qui a développé ses propres conceptions.
= Dans le service civique / social – aussi réglementé qu’il soit maintenant – on trouve toujours des ingrédients / éléments d’un « service de la paix », service qui ne se conçoit pas comme un simple / banal substitut du service militaire, mais qui a développé des conceptions qui lui sont propres.
(10)Aussi si cela t’énerve, je le dis quand-même !
= Même si cela t’énerve…
(11)Si aussi le bien le plus cher pour l’individu et pour la polis est le même, il est pourtant la tâche plus importante et plus noble, de l’obtenir et de le conserver pour la polis.
= Certes, le bien le plus cher est le même pour l’individu et pour la polis ; il est néanmoins primordial de l’acquérir et de le conserver pour la polis.
(12)Aussi riche soit-il, je ne l’épouserai point.
(13)Où que tu ailles, je te suivrai.
(14)Comme (13)
(15)Comme (13)
(16)Comment à cela il soit, nous partirons demain.
= Quoi qu’il en soit,…
(17)Avec qui que tu parles, n’oublie pas…
(18)Régulièrement, peuvent / veulent les espaces aussi grands être, vient dans la vie des peuples ce temps.
= De telles périodes se trouvent / arrivent régulièrement dans la vie des peuples, quels que soient les laps de temps qui les séparent.
(19)comme (12)
(20)Tu peux toujours si fort crier – je ne le fais pas !
= Tu as beau crier, je ne le fais pas !
(21)D’ailleurs aurait Nicoletta se comme actrice encore si maladroitement prendre pu, elle aurait en tout cas par les collègues et par la presse avec le plus choisi respect traitée été ; car…
= D’ailleurs, en tant qu’actrice, Nicoletta aurait pu s’y prendre avec la plus grande maladresse (« comme un pied »), les collègues et la presse l’auraient en tout cas traitée avec le plus grand respect ; car elle passait pour la maîtresse du directeur artistique.
(22)Cela peut tout logique et correct être – mais cela ne me plaît pas.
= Tout ça a beau être logique et juste – mais cela me déplaît.
(23)Tu as peut-être raison – mais je l’épouserai quand-même !
(24)Mais ils peuvent encore si beaucoup telles trouvailles dans son travail entrer – personne ne le connaît [le lexicographe].
= Aussi nombreuses que soient les trouvailles qu’il incorpore dans son œuvre, personne ne connaît le lexicographe.
(25)Etzel peut pas héros été avoir, […] mais le contraire non plus.
= Possible qu’Attila ne fût pas un héros, […] mais ce ne fut point non plus un lâche.
(26)Tu peux crier aussi fort tu veux, je ne te laisse pas sortir.
= Tu peux crier autant que tu voudras, je ne te laisse(erai) pas sortir.
(27)Tu peux aussi fort crier que tu veux, je… (comme (26))
(28)Ce verdict peut pour exagéré tenir qui veut – le fait est, que…
= Quiconque / On peut considérer ce verdict comme exagéré – mais il est un fait / indéniable que…
(29)…individu, qui se à aucune contrainte, elle vienne d’où elle veut, plie […]
= …individu qui ne se plie à aucune contrainte, d’où qu’elle vienne [quelle qu’elle soit […]
(30)Eux [les journalistes] sont dépendants – de qui aussi toujours.
= Ils ne sont jamais totalement libres – ils dépendent toujours de quelqu’un. [sous-entendu : = même si on ne peut pas ici détailler / approfondir la question]
(31)Comment aussi toujours – d’une manière quelconque cela ira.
= Quelle qu’elle soit – on trouvera bien une solution ! (ou : Ça marchera – d’une manière ou d’une autre.)
(32)Et que se passe-t-il, si un jour on se rend compte, pour quelque raison que ce soit / à quelle occasion que ce soit, que le stockage des déchets nucléaires, tel qu’il est prévu, est irréalisable ?
(33)Même un encore si timide sourire fait parfois des miracles.
= Un sourire, aussi timide soit-il / même s’il est des plus timides, fait parfois des miracles.
ou : Même le sourire le plus timide fait parfois des miracles.
(34)Si le patron ou le propriétaire du logement en prennent connaissance [de l’infection par le virus HIV], il y a menace de mise à la porte (Rausschmiß), « comment aussi toujours justifiée » (= quelle que soit la raison avancée / = sous un prétexte quelconque).
(35)Là, aussi (= même) le meilleur des avocats ne peut aider.
(36)Avec toute compréhension pour enthousiasme débordant de la jeunesse – cela va trop loin.
= Même si on peut comprendre que l’enthousiasme de la jeunesse soit parfois démesuré, là, il dépasse les bornes.
(37)Avec la meilleure volonté (du monde), je ne peux pas (m') imaginer cela.
(38)Autant que cela me tente (ou : aussi tentant que ce soit)- il faut que je reste ici.
(39)Pour combien fâcheux et dépourvu de sens on leurs actes (ou absence d’acte) aussi tenir veutde « préméditée infraction à la loi' parler est quand-même trop fort tabac.
= On a beau considérer leurs actes (ou absence d’actes) comme fâcheux ou imbéciles – parler d' « infraction à la loi avec préméditation » est exagéré.
(40)Aussi riche soit-il, je ne l’épouserai point.
(41)Aussi riche qu’il puisse être,…
(42)Même la tête la plus intelligente ne peut décider à ta place.
(43)et (43') comme (26) et (27)
(44)Quoi toujours Jacques fait, c’est génial.
= Quoi qu’il fasse, Jacques, c’est toujours génial.
(45)comme (30)
(46)Quel que soit celui qui a dit cela, c’est un imbécile.
(47)Et quiconque s’oppose à la révolution doit être anéanti.
(48)Où qu’on se trouve par ici : on jouit partout d’une vue magnifique.
(49)De chaque côté, où toujours raison ou tort peuvent se trouver, se tient maintenant un Giselher.
= Quelle que soit la partie qui a raison et quelle que soit celle qui a tort : Des deux côtés se trouve maintenant un Giselher [35].
(50)il promit qu’il n’arriverait rien « à ce gars », quoi qu’il ait pu commettre dans le passé.
(51)Eh bien – quelle que soit la manière dont ces messieurs peuvent avoir passé ces heures matinales, l’action de la chanson des Nibelungen ne reprend qu’après.
(52)Quoi que tu fasses, reste fidèle à toi-même !
(53)Mais viens me voir, ne serait-ce que pour un quart d’heure.
(54)Et même si tu ne peux rester que cinq minutes – je serai toujours content de te voir.
(55)Aussi riche / beau / gentil qu’il soit, je ne l’épouserai point !
(56)et ne serait-ce que pour cinq minutes.
(57)Comment à cela il soit… = Quoi qu’il en soit…
(58)Comme (57)
(59)Cf. (57)
(60)Où qu’il aille, il se fait partout des amis.
(60')Où va-t-il aussi / encore ?
(60'')Il y va aussi ? / Il s’en va aussi ?
(60''')Là où il se rend.
(61)Aussi fort qu’il crie – personne ne l’entend.
(61')Selon la place de l’accent, cela peut signifier : Lui aussi, il crie si fort ? ou Et quand il crie, c’est aussi fort ?
(61'')Selon la place de l’accent, cela peut signifier : Lui aussi il crie si fort ou Non seulement il est despotique (ou autrement désagréable), mais en plus, il gueule.

Références bibliographiques

  • Sources des exemples

    • DfH = Fernau, Joachim : Disteln für Hagen, Munich – Berlin, Goldmann TB, 1986.
    • DZ = Die Zeit, Wochenzeitung, Hambourg (le chiffre indique le numéro, suivi de la date de parution : DZ 12: 16.5.86, p.46 ; DZ 14: 25.7.86, p. 34 ; DZ 17b : 22.5.87, p. 9 ; DZ 17c : 22.5.87, p. 9 ; DZ 18a : 29.5.87, p. 12).
    • F 2 = die feder, Zeitschrift der IG Druck und Papier für Journalisten und Schriftsteller, Filderstadt, Mai 1987, p. 14.
    • KAV = Simmel, Johannes Mario, Es muß nicht immer Kaviar sein, Munich, Knaur TB, Janvier 1971.
    • MEPH = Mann, Klaus, Mephisto – Roman einer Karriere, Reinbek bei Hambourg, Rowohlt (rororo TB), 1980.
    • ST = Schwäbisches Tagblatt, Tübingen (ST 3: 5.4.86 [Fetscher]).
  • Articles et monographies cités

    • Duden, (1998), Grammatik der deutschen Gegenwartssprache, sous la direction de la Dudenredaktion, revue par Peter Eisenberg et al., Mannheim etc., Dudenverlag (Der Duden, Bd. 4).
    • Di Meola Cl. (1997), Der Ausdruck der Konzessivität in der deutschen Gegenwartssprache : Theorie und Beschreibung anhand eines Vergleichs mit dem Italienischen, Tübingen, Niemeyer (Linguistische Arbeiten ; 372).
    • Eroms H. W. (1998), « Auch ich war in Arkadien. Der Konnektor auch in Textzusammenhängen », Sprachwissenschaft, 23, p. 185-216.
    • Krause M. (1986a), « Compatibilités et incompatibilités dans le système de la modalisation verbale », Nouveaux Cahiers d’Allemand, 1986 / 3, p. 247-262 [La suite de l’article sous le titre suivant].
    • Krause M. (1986b), « La sémantique des verbes modalisateurs », Nouveaux Cahiers d’Allemand, 1986 / 4, p. 435-455.
    • Krause M. (2002), BEI – préposition, élément constitutif de particules diverses et particule verbale, Caen, Cahier du CRISCO n˚ 10 / section III : bei, nov. 2002.
    • Leuschner T. (2000), « Wo immer es mir begegnet…, wo es auch sei. Zur Distribution von Irrelevanzpartikeln im Nebensatz mit wo auch / immer », Deutsche Sprache, 28 /4, p. 342-356.
    • Métrich R. (1981), « Les syntagmes dits concessifs introduits par un élément en w- », Verbum, 4, p. 191-256 et p. 363-379.
    • Métrich R. (1983), « La concession en allemand moderne », in L’Expression de la concession, Paul Valentin (éd.), Paris, Linguistica palatina (Colloquia ; 1).
    • Métrich R., Faucher, E. et Courdier, G. (1994 tome I / 1995 tome II / 1998 tome III / 2002 tome IV), Les Invariables difficiles. Dictionnaire allemand-français des particules, connecteurs, interjections et autres mots de la communication, Nancy, (Bibliothèque des Nouveaux Cahiers d’Allemand).
    • Schanen F. et Confais J.-P. (1986), Grammaire de l’allemand. Formes et fonctions, Paris, Nathan.

Date de mise en ligne : 01/10/2016

https://doi.org/10.3917/ss.008.0143

Notes

  • [1]
    Ne citons que Di Meola 1997, à notre connaissance la plus récente monographie consacrée aux concessives, avec une abondante bibliographie et Leuschner 2000 ainsi que les travaux de Métrich (cf. bibliographie).
  • [2]
    Cf. à ce sujet Di Meola 1997,162 sq.
  • [3]
    Ibid., 144 sq.
  • [4]
    Une vue d’ensemble des moyens langagiers pour exprimer la concession se trouve dans Di Meola 1997, 81sq.
  • [5]
    Di Meola 1997, 42 sq. arrive à une typologie de 9 valeurs de concession : les valeurs factuelle, commentative, évaluative, reconstructrice, limitative, corrective, conditio-nelle, scalaire et polyconditionnelle [= faktische, kommentarische, evaluative, rekonstruktive, limitative, korrektive, konditionale, skalare et polykonditionale Konzessivität].
  • [6]
    La grammaire du DUDEN (1998, 794) définit les propositions concessives comme suit : Zwischen beiden Teilsätzen besteht ein Verhältnis des unzureichenden Gegengrundes : In einem der beiden Teilsätze wird ein Sachverhalt formuliert, der zwar im Gegensatz zu dem im anderen Teilsatz formulierten Sachverhalt steht, aber nicht ausreicht, um dessen Geltung außer Kraft zu setzen. La définition peut suffire si l’on admet que les structures concessives ne représentent pas toujours une proposition.
  • [7]
    Duden 1998, 820.
  • [8]
    comme p.e. les propositions comparatives : Er ist schneller gelaufen als er das jemals erträumt hatte. (Littéralement : Il a couru plus vite qu’il ne l’avait jamais rêvé.)
  • [9]
    Les traductions des exemples se trouvent réunies à la fin de l’article.
  • [10]
    Wenn est subjonction : on le voit à la structure de la concessive où le verbe se trouve à la droite ; lorsque les subordonnées introduites par wenn ont une simple valeur temporelle et / ou conditionnelle, elles sont intégrées dans le groupe verbal autonome (ou « principal », ou « matrice », etc.) : Wenn es regnete, ging er nie spazieren. (Quand il pleuvait, il n’allait jamais se promener.) – Nous laissons de côté ici des phénomènes de la langue parlée du type obwohl – das würde mir schon Spaß machen (Quoique… cela me ferait pourtant plaisir.) ; cf. à ce sujet Di Meola (1997, 209 sq.).
  • [11]
    Nous laissons délibérément de côté les rapports de juxtaposition moyennant un connecteur explicitement concessif / adversatif du type : Er ist müde. Trotzdem arbeitet er weiter (Il est fatigué. Malgré cela, il continue à travailler.) ou Er arbeitet trotzdem weiter (Il continue quand-même à travailler). Ils ne présentent pas de difficultés de décodage ni de construction.
  • [12]
    Quant à l’analyse (classe de mot, sémantique) des éléments comme SO, WIE, WENN, AUCH et IMMER ainsi que de MÖGEN, cf. sous 3, Les marqueurs de concessives.
  • [13]
    Cf. à ce sujet et à celui de la place du verbe dans la non-concessive Di Meola (1997, 222 sq. et 207 sq.). Si l’on supprime so, on peut avoir soit […], es ist doch die wich-tigere […], c’est-à-dire non-intégration, soit […], ist es doch die wichtigere […], c’est-à-dire intégration dans la non-concessive. La non-intégration lève toute ambiguïté de WENN au profit d’une lecture concessive.
  • [14]
    Cf. quant aux positions possibles de AUCH et IMMER (en combinaison avec w-) l’étude de Leuschner (2000).
  • [15]
    Cf. listes dans Di Meola 1997, 115.
  • [16]
    Mögen est prétérito-présent et fonctionne entre autres comme auxiliaire de mode (expression du vouloir) et comme modalisateur (exprimant la possibilité logique). Dans cette dernière fonction, il signale le désengagement du locuteur, ce qui le pré-destine au rôle qu’il joue dans les concessives. Cf. Krause 1986.
  • [17]
    À propos des énonciatives, cf. schémas 1-3, supra.
  • [18]
    Können est prétérito-présent et fonctionne entre autres comme auxiliaire de mode (expression du pouvoir) et comme modalisateur (expression de la possibilité logique et, avec un élément de restriction et / ou de négation, la nécessité logique), cf. Krause 1986.
  • [19]
    Verbe isolé à morphologie particulière, pouvant fonctionner entre autres comme auxiliaire de mode (expression du vouloir, entre autres dans le contexte des concessives) et comme modalisateur (dans le contexte du discours rapporté).
  • [20]
    Cf. Di Meola (1997,151) et Krause (2002, 29).
  • [21]
    Le superlatif ou all- peut être remplacé par un déterminatif focalisé (donc : fortement accentué) : « Ist das nicht eine – hm, etwas hohe Summe, Herr Ott ? » – « Wieso bitte ? Bei °dem Börsenwert der Aktien ? » (KAV 18) = Bei °dem Börsenwert der Aktien ist das doch nicht zuviel ! [« N’est-ce pas une somme un peu – hum, un peu élevée, Monsieur Ott ? » – « Mais pourquoi ? Avec une °telle valeur des actions ? » = Vu la valeur actuelle des actions, cela n’est vraiment pas trop ! »]
  • [22]
    Quant aux emplois divers des éléments invariables cités, cf. Métrich / Faucher / Coudrier.
  • [23]
    WIE peut également fonctionner pour marquer une certaine intensité quand il introduit une exclamation : Wie °schön !
  • [24]
    Possibilité qui semble avoir échappé à Di Meola (1997,105) ; cf. :…wie reglementiert… (cf. sous 1.1).
  • [25]
    Cf. Di Meola (1997,145).
  • [26]
    Cf. l’étude de Leuschner (2000) consacrée à W- + IMMER / AUCH et quant à AUCH en général Eroms (1998).
  • [27]
    AUCH exprime, pris isolément, l’inclusion (= aussi)  : « Ich nehm’ ein Bier. » – « Ich auch. » (« Moi je prends une bière. » – « Moi aussi. »)
  • [28]
    Cf. Di Meola 1997, 117.
  • [29]
    Cf. Leuschner 2000.
  • [30]
    Ibid., 350.
  • [31]
    Cf. Krause 1986.
  • [32]
    La possibilité de l’intégration n’est pas totalement exclue pour celles introduites par WENN, WER ou WAS (cf. exemples (46) et (47) : Dans (47), la suppression du démonstratif der - et donc l’intégration - serait possible.
  • [33]
    Cf. Di Meola 1997, 84 et 119.
  • [34]
    Traduire auch ici (et par la suite) par aussi n’est pas heureux ; nous le faisons pour qu’il n’y ait pas de vide. Mais le propre de ce auch est justement de n’avoir pas de sens qu’on pourrait isoler, mais seulement une fonction de marqueur. La même observation vaut pour immer rendu à tort par toujours et noch rendu par encore ou aussi.
  • [35]
    Personnage représentant la pureté.

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