Introduction
1Une présentation sur quelques pages d’un phénomène qui a fait l’objet de nombreux articles et monographies [1] sera forcément lacunaire, incomplète et par conséquent terriblement simplificatrice. On ne pourra pas ici reprendre la discussion en profondeur, ni celle de la définition de ce qu’on entend par concession, ni celle de tous les moyens possibles de l’exprimer (dont p.e. des phrases commentatives du type Das ist mir egal ou Da hast du Recht, aber…). Retenons seulement qu’il y a d’une part des structures explicitement [2] concessives et bien marquées comme telles par des subjonctions spécialisées (obwohl, obgleich, obschon), des structures coordonnées tendant vers la simple adversité, connectées par des éléments adverbiaux tels trotzdem [3] eux-mêmes explicitement concessifs et / ou adversatifs et, à coté de cela, des structures concessives marquées comme telles par un ou plusieurs éléments qui, pris isolément, ne véhiculent rien de concessif comme p.e. so et auch dans so laut du auch schreist… Ce sont ces dernières qui nous intéressent ici particulièrement [4], d’une part quant à leur structure interne, d’autre part quant à leur rapport syntaxique avec la non-concessive.
Définition
2Retenons comme définition de la concessive qu’elle expose un fait (réel ou imagé [5]) qui n’a pas suffisamment d’importance pour changer quoi que ce soit à ce qui est dit dans la non-concessive [6].
Problématique
3Dans la chaîne parlée, l’énonciative allemande présente un ordre qui est caractérisé par la place de la forme personnelle du verbe, qui se trouve en deuxième position, la première pouvant être occupée par n’importe quel groupe syntaxique, sujet ou non ; s’il y en a, la forme impersonnelle (participe II ou infinitif) se trouve à l’extrême droite. Ce qui se trouve à droite de cette « extrême droite » est considéré comme « hors construction » (= « ausgeklammert ») [7], et s’y trouve soit nécessairement [8] soit pour des raisons stylistiques ou pragmatiques. De manière comparable, le groupe verbal non autonome (« subordonné » ou Nebensatz) est également caractérisé par la place de la forme personnelle du verbe, qui est celle à l’extrême droite de la chaîne parlée :
Schéma 1 – Principe de la structure du groupe verbal non autonome (ou « subordonné » ou « dépendant »)
X, Y, Z…………………………forme personnelle du verbe |
Schéma 1 – Principe de la structure du groupe verbal non autonome (ou « subordonné » ou « dépendant »)
4Exemples : la première partie sous X des exemples (1’), (2’), (3’) et (4’) et la dernière partie des exemples (1), (2), (3) et (4).
Schéma 2 – Principe de la structure du groupe verbal autonome (ou « indépendant »)
X | forme personnelle du verbe | Y, Z etc. | [forme impersonnelle du verbe] [participe ou infinitif] |
I | II | ……….. | dernière position |
Schéma 2 – Principe de la structure du groupe verbal autonome (ou « indépendant »)
5Exemples [9] ( / marque l’extraposition d’un groupe) :
| un seul groupe syntaxique quelconque | forme personnelle du verbe | autre(s) groupe(s) syntaxique(s) |
(1) | Wir | gehen | ins Kino, / wenn er kommt. |
(1’) | Wenn er kommt, (conditionnel / temporel) | gehen | wir ins Kino. |
(1’’) | Morgen | gehen | wir ins Kino. |
(2) | Ich | habe | dir Brot mitgebracht, / damit du nicht verhungerst. |
(2’) | Damit du nicht verhungerst (final / causal) | habe | ich dir Brot mitgebracht. |
(3) | Herr Müller | konnte | sehr viel reisen, / da er keine Kinder hatte. |
(3’) | Da er keine Kinder hatte, (causal) | konnte | Herr Müller sehr viel reisen. |
(4) | Er | ging | spazieren, / obwohl es regnete. |
(4’) | Obwohl es regnete (concessif /oppositif) | ging | er spazieren. |
6Les exemples (4) et (4’) présentent une combinaison de concessive (C, soulignée) et de non-concessive (NonC, tout ce qui n’est pas souligné). Dans les deux cas, il s’agit d’une concessive subordonnée par une conjonction (obwohl) explicitement concessive ; cette subordonnée peut occuper la première place dans la non-concessive, ce qui entraîne le déplacement du sujet derrière la forme personnelle du verbe. La concessive – quoique séparée par une virgule – est donc parfaitement intégrée dans la non concessive dans un rapport hypotaxique.
7Mais à côté de cela, il existe des concessives non intégrées [10] :
Schéma 3
| concessive | non-concessive |
I | II | |
(5) | Wenn es auch regnete, | er | ging | spazieren. |
(6) | So kalt es auch sein mochte, | er | ging | spazieren. |
(7) | Mochte es noch so kalt sein, | er | ging | spazieren. |
8Les trois derniers exemples ont en commun le fait qu’aucun des constituants de la concessive n’a lui-même, pris isolément, une valeur concessive, ce qui constitue un problème de reconnaissance (décodage) pour tous ceux dont l’allemand n’est pas la langue maternelle ainsi qu’un problème de construction dans le cas d’un emploi actif de l’allemand.
9Les exemples (5) et (6) présentent une structure interne de groupe verbal non autonome (ou « subordonné » ou de Nebensatz), caractérisée par la position de la forme personnelle du verbe à l’extrême droite ; or, une telle structure va en général de pair avec une intégration de ce groupe verbal non autonome dans un groupe d’accueil, ce qui n’est pas le cas pour ces concessives. Le non-germanophone se heurte ici à un problème de construction de la non-concessive.
10Il y a donc, en principe, trois cas de figure pour le groupe verbal autonome (ou « indépendant ») énonciatif :
11X n’est pas, dans ce cas, groupe verbal subordonné.
12Si X = groupe dépendant (dont p.e. une concessive avec subjonction), alors
13Si concessive sans subjonction (à l’exception parfois de wenn), alors :
14Il y a donc, sur le plan purement syntaxique, deux sortes de rapports possibles entre concessive et non-concessive :
15
- intégration : la concessive est membre constitutif de la non-concessive
- juxtaposition : la concessive n’est pas membre constitutif de la non-concessive
16Cela vaut pour les concessives comportant un verbe et pour ce que j’appellerai les concessives « elliptiques ». À côté de cela il faudra mentionner des structures concessives à part (concessive « épithète » et concessive sous forme de groupe prépositionnel) [11].
17Cela soulève trois questions principales : celle de la structure des concessives, celle des marqueurs de concessives et celle du comportement des marqueurs de concessives.
3. Les marqueurs de concessives
33Aucun élément constitutif des concessives en question n’est, pris isolément, explicitement ou exclusivement concessif. Au contraire, on a affaire à une conjonction temporelle ou conditionnelle (WENN), à des adverbes de manière multifonctionnels (par exemple : SO peut être adverbe de manière, d’intensité, de « conclusion », de comparaison… ; MÖGEN est verbe de modalité polyfonctionnel ; NOCH avant tout adverbe temporel etc.). Il faut donc que certaines conditions soient remplies pour que de tels éléments, en coopération avec d’autres (moyens lexicaux ou syntaxiques) puissent fonctionner comme marqueurs de concessive. Les marqueurs les plus importants sont les suivants :
34À l’intérieur de la concessive :
35
- SO, WIE (non interrogatif)
- NOCH
- IMMER et AUCH
- MÖGEN (modalisateur)
- (Modes)
- Place du verbe (dans la concessive à structure de dépendante)
36À l’extérieur de la concessive :
37
- Place du verbe dans la non-concessive (cf. sous 4)
- Présence de négateurs, d’éléments lexicaux ayant une valeur de « contradiction » (cf. sous 4)
3.1 SO / WIE et NOCH
38Nous ne présentons que les traits généraux [22] :
391. SO est la marque par excellence de l’intensité ou de la fréquence, ce qui s’explique par son emploi fréquent comme particule d’intensité (= tellement) ; WIE [23] assez rare.
402. SO / WIE sont immédiatement suivis de d’un adjectif qualitatif, de SEHR ou VIEL ou d’un participe [24].
413. La présence de IMMER dans des concessives marquées par SO / WIE est plutôt rare.
424. Si SO se trouve en tête, la présence de NOCH est exclue.
435. Si SO se trouve en tête (structure de dépendante), alors le soutien de AUCH, plus loin, est possible ; SO peut alors être précédé de UND.
446. WIE exige la présence de AUCH [25], se trouve toujours en tête, exclut la présence de NOCH.
(38) | Und so sehr mich das auch reizt – ich muss hier bleiben. |
457. WIE (à l’opposé de SO) peut être précédé d’une préposition :
(39) | Für wie ärgerlich und unsinnig man ihr Tun (oder Unterlasen) auch halten mag – von « geplantem Rechtsbruch » zu reden, ist denn doch zu starker Tobak. (DZ 17b) |
468. NOCH est limité à la concessive exprimant une « intensité ou fréquence ».
479. NOCH ne peut apparaître qu’avec SO.
4810. Si SO se trouve au delà de la première place, la présence de NOCH est indispensable lorsqu’il s’agit d’une
49
- concessive à structure d’indépendante interrogative :
(40) | Und ist er noch so reich, ich heirate ihn nicht. |
50
- concessive à structure d’indépendante énonciative :
(41) | Er mag / kann noch so reich sein, ich heirate ihn nicht. |
51
(42) | Auch ein noch so kluger Kopf kann nicht für dich entscheiden. |
5211. SO est obligatoire dans la concessive « en deux parties » (soit dans la 1re, soit dans la 2e partie) sans W- ; la présence de NOCH est exclue :
(43) | Du kannst schreien so laut du willst, ich lass' dich nicht raus. |
|
(43') | Du kannst so laut schreien, wie du willst, ich lass' dich nicht raus. |
53[wie – ici : particule de comparaison – apparaît quand SO se trouve dans la partie qui ne comprend pas wollen.]
3.2 IMMER et AUCH [26]
541. IMMER est la marque par excellence de la généralisation (ce qui s’explique par son statut d’adverbe temporel signifiant « toujours »).
552. IMMER peut être concurrencé ou soutenu par AUCH [27].
563. La présence de IMMER est limitée aux
57
- concessives à structure de dépendante + W- :
(44) | Was immer Jacques macht, es ist genial. |
58
- concessives elliptiques + W- :
(45) | Journalisten sind abhängig – von wem auch immer. |
59[apparemment présence des deux (AUCH IMMER, dans cet ordre [28] ) obligatoire] donc : IMMER n’apparaît jamais sans élément en W-.
604. IMMER seul est toujours placé directement après W- (pour éviter la confusion avec l’adverbe temporel).
615. Pour la combinaison de IMMER et AUCH, il y a plusieurs possibilités de position [29] :
62W- + AUCH + IMMER +………….….….….….verbe
(46) | Wer auch immer das gesagt hat, (der) ist ein Idiot. |
63W- + pronom [± adverbe ou…] + AUCH IMMER +…….verbe
(47) | Und wer sich auch immer der Revolution in den Weg stellt, der muss vernichtet werden. (Sp1b) |
|
(48) | Wo man hier auch immer unterwegs sein mag : überall hat man eine phantastische Aussicht. (IWZ 1) |
64W- + IMMER + sujet + AUCH +………….….….….….verbe
(49) | Auf jeder Seite, wo immer Recht oder Unrecht auch sein mögen, steht nun ein Giselher. (DfH 209) |
|
(50) | …versprach er, « diesem Burschen » solle nichts geschehen, was immer er auch früher angestellt haben mochte. (MEPH 210) |
65W- + IMMER + AUCH +………….….….….….verbe
(51) | Nun – wie immer auch die Herren die frühen Morgenstunden zugebracht haben mögen, die Handlung des Nibelungenliedes setzt erst darnach wieder ein, […] (DfH 175) |
666. Après W-, AUCH seul ne peut précéder un pronom [30] (pour éviter la confusion avec l’élément de coordination auch) :
(52) | Was du auch machst, bleibe dir treu ! |
677. AUCH peut en outre figurer dans les concessives
68
- à structure d’indépendante interrogative :
(53) | Komm mich doch besuchen, und sei es auch nur für eine Viertelstunde. |
69
- à structure de dépendante introduite par wenn :
(54) | Und wenn du auch nur fünf Minuten bleiben kannst, ich freue mich immer. |
70
- exprimant l’intensité ou la fréquence (si SO en tête) :
(55) | So reich / schön / lieb er auch ist, ich heirate ihn nicht ! |
71Dans ces cas, la commutation avec IMMER est exclue.
3.3 MÖGEN (modalisateur verbal) [31]
721. MÖGEN peut apparaître dans tous les groupes sémantiques de concessives, avant tout dans celles à valeur généralisante. Il y est prédestiné par sa charge sémantique comme modalisateur (ou : verbe de modalité employé subjectivement ou epistemisch gebrauchtes Modal verb) qui est celle d’une « absence d’engagement du locuteur » (ça m’est égal / m’en fiche).
732. MÖGEN apparaît en principe à l’indicatif (ou subjonctif I du discours rapporté)
743. Puisque MÖGEN dans les concessives est modalisateur, il apparaît seulement à l’inaccompli (présent ou prétérit). Puisque MÖGEN est verbe, il est exclu des structures de concessive sans verbe.
754. Exclu (?) ou rare dans la concessive à structure de dépendante avec wenn
765. Il semble incompatible avec la structure W- + AUCH + IMMER, mais est souvent présent dans les autres cas de concessive à structure de dépendante introduite par W-.
3.4. Modes
771. Majoritairement indicatif (surtout : présent)
782. Subjontif (I) relativement rare.
79Exception : C’est le mode préféré de la concessive à structure d’indépendante interrogative si le verbe est sein :
(56) | …und sei es nur für fünf Minuten. |
80et l’unique mode possible dans la tournure figée :
81Il y a donc distribution complémentaire entre indicatif et subjonctif I :
82Si [+ mögen], alors indicatif :
(58) | Wie dem auch sein mag… / mochte ; |
83Si [– mögen], alors sein et subjonctif I.
3.5 Place du verbe dans les concessives à structure de dépendante sans subjonction
84On peut se demander pourquoi ces concessives, quoique dépourvues de subjonction, présentent un ordre de subordonnée avec la forme personnelle du verbe à la fin. Une raison possible est que cette position évite la confusion avec les interrogatives et énonciatives non concessives :
(60) | Wo er auch hingeht, er findet überall Freunde. = concessive |
|
(60') | Wo geht er auch hin ? = interrogative |
|
(60'') | Geht er auch (irgend) wo hin ? = interrogative |
|
(60''') | (Dort, wo er hingeht. = relative) |
|
(61) | So laut er auch schreit – keiner hört ihn. = concessive |
|
(61') | Schreit er auch so laut ? = interrogative |
|
(61'') | Er schreit auch so laut. = énonciative |
85Donc : La place du verbe dans la concessive semble dans une certaine mesure dictée par la nécessité d’éviter une confusion avec une interrogative ou une simple énonciative.
4. En guise de conclusion
86On s’attend, dans un ouvrage sur les Eléments de relation, tout d’abord à des articles sur des unités lexicales reconnues comme « relateurs », par exemples des prépositions, conjonctions, subjonctions ou connecteurs. Or, comme l’article a essayé de le démontrer, l’établissement de relations sémantiques peut être assuré par la coopération d’éléments variés qui, pris isolément, n’ont rien d’un élément de relation classique (à l’exception de auch éventuellement). C’est justement cette coopération de facteurs très divers dans la constitution du texte qui est ici mise en avant.
87Rappelons que nous avons traité ici exclusivement les concessives sans conjonction (exceptées celles introduites par WENN) présentant des difficultés d’analyse (de compréhension) et / ou de construction, d’une part en ce qui concerne leurs structure interne, d’autre part en ce qui concerne la structure du groupe auquel elles sont associées (appelé non-concessive). Pour ces concessives, on constate que celles se présentant sous forme de groupe verbal (qu’il ait une structure de groupe autonome ou non autonome) sont :
88
- syntaxiquement déconnectées de la non-concessive car non intégrées à cette dernière, c’est-à-dire elles ne sont pas élément constitutif de la non concessive [32]. Elles peuvent être antéposées, intercalées dans la non concessive (incise) ou postposée à cette dernière,
- phoniquement déconnectées de la non concessive par une pause (ou deux dans le cas de l’incise),
- en principe graphiquement déconnectées par toutes sortes de signes de ponctuation : virgule, point, deux points, tiret. Cette variété souligne en quelque sorte l’indépendance syntaxique de la non-concessive (et symbolise la pause faite par le locuteur).
89Mais elles sont :
90
- sémantiquement « connectées », car dans un contexte plus vaste, une concessive n’apparaît pas seule, la non-concessive lui est indispensable.
91Le lien entre les deux unités juxtaposées est assuré par
92
- le marquage de la concessive ; contribuent à ce marquage : structure syntaxique, présence de marqueurs invariables, choix du verbe et du mode – seul(e)(s) ou en coopération,
- par les contenus contradictoires / opposés de la concessive et de la non-concessive [33], fait qu’il ne faudrait pas sous-estimer,
- par la structure de la non concessive. Cela concerne avant tout les combinaisons « concessives introduites par WENN ou WER / WAS (précédé d’une préposition ou non) + non-concessive ». La non-intégration de la concessive confère définitivement à cette dernière sa valeur de concessive.
93Quant aux structures non verbales des concessives, elles sont soit juxtaposées (« concessive elliptique »), soit intégrées dans le groupe nominal (« concessive épithète ») ou encore intégrées dans le groupe verbal sous forme de groupe prépositionnel.
Traduction des exemples
94La traduction est dans ce contexte une entreprise particulièrement épineuse, justement à cause de l’emploi inattendu d’éléments invariables comme AUCH, SO, NOCH et IMMER : Soit on traduit par une tournure grammaticalement correcte et équivalente sur le plan du sens ce qui, par endroits, peut avoir la conséquence d’une complète non-équivalence sur le plan de la seule structure (place du verbe, du sujet etc.) et risque donc d’induire en erreur quant à la structure qu’elle est censée illustrer. Soit on donne une traduction mot par mot qui risque d’être, par endroits, agrammaticale voire totalement incompréhensible, mais qui reflète fidèlement les données syntaxiques de l’allemand. La seule solution praticable me semblait donc être la suivante : Là où une traduction reflétant la structure allemande est légèrement agrammaticale ou inélégante, mais compréhensible, elle est maintenue. Là où une traduction fidèle à la structure de départ est totalement incompréhensible, elle est suivie d’une version intelligible. Si la même séquence revient dans des exemples ultérieurs, il est renvoyé à l’endroit de la bonne traduction.
95Deux remarques :
96
- Il n’est pas possible ici de commenter les différences dans l’emploi du subjonctif (Konjunktiv) dans les deux langues, ni celles régissant le choix des temps verbaux ou tout autre particularité propre à l’une ou l’autre.
- On constate qu’une bonne traduction abandonne parfois le rapport de concession au profit d’un rapport de simple opposition ou au profit d’une simple généralisation.
(1) | Nous allons au cinéma, / s’il vient. |
(1') | S’il vient, allons nous au cinéma. |
| = S’il vient, nous irons au cinéma. |
(1'') | Demain allons nous au cinéma. |
| = Demain, nous irons au cinéma. |
(2) | J’ai à toi apporté du pain / pour que tu ne meures pas de faim. |
| = Je t’ai apporté du pain,… |
(2') | Pour que tu ne meures pas de faim, ai je à toi apporté du pain. (comme (2)) |
(3) | Monsieur Muller pouvait voyager beaucoup / puisqu’il n’avait pas d’enfants. |
(3') | Comme il n’avait pas d’enfants, pouvait Monsieur Müller voyager beaucoup. (comme 3) |
(4) | Il alla se promener, / bien qu’il plût. |
(4') | Bien qu’il plût, il alla se promener. |
(5) | Si il aussi [34] pleuvait, il allait se promener. |
| = Il avait beau pleuvoir, il allait se promener. |
(6) | Si froid il aussi être pouvait, il allait se promener. |
| = Même par le plus grand froid, il… |
(7) | Pouvait / voulait il encore si froid être, il allait se promener. (comme 6) |
(8) | Si beaucoup il aussi pleuvait, il allait se promener. |
| = Malgré la forte pluie, il alla se promener ou Même par temps de forte pluie, il allait se promener. |
(9) | En lui [service social remplaçant le service militaire pour les objecteurs de conscience] se retrouvent, aussi réglementé qu’il soit entre-temps, toujours les éléments d’un service de la paix au sens propre, qui ne se conçoit pas uniquement comme un substitut au service dans l’armée fédérale, mais qui a développé ses propres conceptions. |
| = Dans le service civique / social – aussi réglementé qu’il soit maintenant – on trouve toujours des ingrédients / éléments d’un « service de la paix », service qui ne se conçoit pas comme un simple / banal substitut du service militaire, mais qui a développé des conceptions qui lui sont propres. |
(10) | Aussi si cela t’énerve, je le dis quand-même ! |
| = Même si cela t’énerve… |
(11) | Si aussi le bien le plus cher pour l’individu et pour la polis est le même, il est pourtant la tâche plus importante et plus noble, de l’obtenir et de le conserver pour la polis. |
| = Certes, le bien le plus cher est le même pour l’individu et pour la polis ; il est néanmoins primordial de l’acquérir et de le conserver pour la polis. |
(12) | Aussi riche soit-il, je ne l’épouserai point. |
(13) | Où que tu ailles, je te suivrai. |
(16) | Comment à cela il soit, nous partirons demain. |
| = Quoi qu’il en soit,… |
(17) | Avec qui que tu parles, n’oublie pas… |
(18) | Régulièrement, peuvent / veulent les espaces aussi grands être, vient dans la vie des peuples ce temps. |
| = De telles périodes se trouvent / arrivent régulièrement dans la vie des peuples, quels que soient les laps de temps qui les séparent. |
(20) | Tu peux toujours si fort crier – je ne le fais pas ! |
| = Tu as beau crier, je ne le fais pas ! |
(21) | D’ailleurs aurait Nicoletta se comme actrice encore si maladroitement prendre pu, elle aurait en tout cas par les collègues et par la presse avec le plus choisi respect traitée été ; car… |
| = D’ailleurs, en tant qu’actrice, Nicoletta aurait pu s’y prendre avec la plus grande maladresse (« comme un pied »), les collègues et la presse l’auraient en tout cas traitée avec le plus grand respect ; car elle passait pour la maîtresse du directeur artistique. |
(22) | Cela peut tout logique et correct être – mais cela ne me plaît pas. |
| = Tout ça a beau être logique et juste – mais cela me déplaît. |
(23) | Tu as peut-être raison – mais je l’épouserai quand-même ! |
(24) | Mais ils peuvent encore si beaucoup telles trouvailles dans son travail entrer – personne ne le connaît [le lexicographe]. |
| = Aussi nombreuses que soient les trouvailles qu’il incorpore dans son œuvre, personne ne connaît le lexicographe. |
(25) | Etzel peut pas héros été avoir, […] mais le contraire non plus. |
| = Possible qu’Attila ne fût pas un héros, […] mais ce ne fut point non plus un lâche. |
(26) | Tu peux crier aussi fort tu veux, je ne te laisse pas sortir. |
| = Tu peux crier autant que tu voudras, je ne te laisse(erai) pas sortir. |
(27) | Tu peux aussi fort crier que tu veux, je… (comme (26)) |
(28) | Ce verdict peut pour exagéré tenir qui veut – le fait est, que… |
| = Quiconque / On peut considérer ce verdict comme exagéré – mais il est un fait / indéniable que… |
(29) | …individu, qui se à aucune contrainte, elle vienne d’où elle veut, plie […] |
| = …individu qui ne se plie à aucune contrainte, d’où qu’elle vienne [quelle qu’elle soit […] |
(30) | Eux [les journalistes] sont dépendants – de qui aussi toujours. |
| = Ils ne sont jamais totalement libres – ils dépendent toujours de quelqu’un. [sous-entendu : = même si on ne peut pas ici détailler / approfondir la question] |
(31) | Comment aussi toujours – d’une manière quelconque cela ira. |
| = Quelle qu’elle soit – on trouvera bien une solution ! (ou : Ça marchera – d’une manière ou d’une autre.) |
(32) | Et que se passe-t-il, si un jour on se rend compte, pour quelque raison que ce soit / à quelle occasion que ce soit, que le stockage des déchets nucléaires, tel qu’il est prévu, est irréalisable ? |
(33) | Même un encore si timide sourire fait parfois des miracles. |
| = Un sourire, aussi timide soit-il / même s’il est des plus timides, fait parfois des miracles. |
| ou : Même le sourire le plus timide fait parfois des miracles. |
(34) | Si le patron ou le propriétaire du logement en prennent connaissance [de l’infection par le virus HIV], il y a menace de mise à la porte (Rausschmiß), « comment aussi toujours justifiée » (= quelle que soit la raison avancée / = sous un prétexte quelconque). |
(35) | Là, aussi (= même) le meilleur des avocats ne peut aider. |
(36) | Avec toute compréhension pour enthousiasme débordant de la jeunesse – cela va trop loin. |
| = Même si on peut comprendre que l’enthousiasme de la jeunesse soit parfois démesuré, là, il dépasse les bornes. |
(37) | Avec la meilleure volonté (du monde), je ne peux pas (m') imaginer cela. |
(38) | Autant que cela me tente (ou : aussi tentant que ce soit)- il faut que je reste ici. |
(39) | Pour combien fâcheux et dépourvu de sens on leurs actes (ou absence d’acte) aussi tenir veut – de « préméditée infraction à la loi' parler est quand-même trop fort tabac. |
| = On a beau considérer leurs actes (ou absence d’actes) comme fâcheux ou imbéciles – parler d' « infraction à la loi avec préméditation » est exagéré. |
(40) | Aussi riche soit-il, je ne l’épouserai point. |
(41) | Aussi riche qu’il puisse être,… |
(42) | Même la tête la plus intelligente ne peut décider à ta place. |
(43) | et (43') comme (26) et (27) |
(44) | Quoi toujours Jacques fait, c’est génial. |
| = Quoi qu’il fasse, Jacques, c’est toujours génial. |
(46) | Quel que soit celui qui a dit cela, c’est un imbécile. |
(47) | Et quiconque s’oppose à la révolution doit être anéanti. |
(48) | Où qu’on se trouve par ici : on jouit partout d’une vue magnifique. |
(49) | De chaque côté, où toujours raison ou tort peuvent se trouver, se tient maintenant un Giselher. |
| = Quelle que soit la partie qui a raison et quelle que soit celle qui a tort : Des deux côtés se trouve maintenant un Giselher [35]. |
(50) | …il promit qu’il n’arriverait rien « à ce gars », quoi qu’il ait pu commettre dans le passé. |
(51) | Eh bien – quelle que soit la manière dont ces messieurs peuvent avoir passé ces heures matinales, l’action de la chanson des Nibelungen ne reprend qu’après. |
(52) | Quoi que tu fasses, reste fidèle à toi-même ! |
(53) | Mais viens me voir, ne serait-ce que pour un quart d’heure. |
(54) | Et même si tu ne peux rester que cinq minutes – je serai toujours content de te voir. |
(55) | Aussi riche / beau / gentil qu’il soit, je ne l’épouserai point ! |
(56) | …et ne serait-ce que pour cinq minutes. |
(57) | Comment à cela il soit… = Quoi qu’il en soit… |
(60) | Où qu’il aille, il se fait partout des amis. |
(60') | Où va-t-il aussi / encore ? |
(60'') | Il y va aussi ? / Il s’en va aussi ? |
(61) | Aussi fort qu’il crie – personne ne l’entend. |
(61') | Selon la place de l’accent, cela peut signifier : Lui aussi, il crie si fort ? ou Et quand il crie, c’est aussi fort ? |
(61'') | Selon la place de l’accent, cela peut signifier : Lui aussi il crie si fort ou Non seulement il est despotique (ou autrement désagréable), mais en plus, il gueule. |