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Article de revue

Une histoire de la semaine sportive en Europe occidentale

Pages 153 à 171

Notes

  • [1]
    Dominique Kalifa, La culture de masse en France. 1. 1860-1930, Paris, La Découverte, 2001, p. 50. L’auteur de cet article veut rappeler sa gratitude envers Dominique Kalifa pour l’avoir invité à contribuer aux travaux de l’ANR Numapresse et la stupeur et la tristesse qu’il a ressenties à l’annonce de sa disparition. Il veut aussi remercier son collègue et ami Philippe Tétart pour sa relecture attentive et ses précieux conseils.
  • [2]
    Allen Guttmann, From Ritual to Record, New York, Columbia University Press, 1978.
  • [3]
    Alain Corbin, « L’avènement des loisirs », dans Alain Corbin (dir.), L’avènement des loisirs 1850-1960, Paris, Aubier, 1995, p. 213.
  • [4]
    Witold Rybczynski, Histoire du week-end, Paris, Liana Levi, 1992, p. 105.
  • [5]
    Wray Vamplew, Pay up and play the game. Professional Sport in Britain, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 35.
  • [6]
    Voir Horst Bredekamp, Le football florentin. Les jeux et le pouvoir à la Renaissance, Paris, Diderot éditeur, 1995, p. 44-47.
  • [7]
    Nicole de Blomac, La gloire et le jeu. Des hommes et des chevaux 1766-1866, Paris, Fayard, 1991, p. 117.
  • [8]
    Eugen Weber, La fin des terroirs. La modernisation de la France rurale 1870-1914, Paris, Fayard, 1983, p. 550.
  • [9]
    Richard Holt, Sport and the British. A Modern History, Oxford, Clarendon Press, 1992 [1989], p. 38.
  • [10]
    Laurent Turcot, Sports et loisirs. Une histoire des origines à nos jours, Paris, Gallimard, 2016, p. 437.
  • [11]
    Richard Holt, Sport and the British, op. cit., p. 37.
  • [12]
    Wray Vamplew, Pay up and play the game, op. cit., p. 39.
  • [13]
    Denis Woronoff, Histoire de l’industrie en France du xvie siècle à nos jours, Paris, Seuil, 1994, p. 295.
  • [14]
    Cité par Alain Corbin, « La fatigue, le repos et la conquête du temps », dans Alain Corbin (dir.), L’avènement des loisirs 1850-1960, op. cit., p. 292.
  • [15]
    Robert Beck, « Esprit et genèse de la loi du 13 juillet 1906 sur le repos hebdomadaire », Histoire, économie et société, vol. 28, no 3, 2009, p. 14.
  • [16]
    Jean-François Loudcher, Histoire de la savate, du chausson, et de la boxe française, 1797-1978 : d’une pratique populaire à un sport de compétition, Paris, L’Harmattan, 2000.
  • [17]
    Journal des haras, des chasses et des courses de chevaux, janvier 1856.
  • [18]
    Wray Vamplew, Pay up and play the game, op. cit., p. 51.
  • [19]
    À l’exception de la paume pratiquée dans les tripots jusqu’au milieu du xviie siècle.
  • [20]
    Alex Poyer, Les premiers temps des véloce-clubs. Apparition et diffusion du cyclisme associatif français entre 1867 et 1914, Paris, L’Harmattan, 2003, p. 173.
  • [21]
    Pryor Dodge, La grande histoire du vélo, Paris, Flammarion, 2000, p. 136.
  • [22]
    Christopher S. Thompson, The Tour de France. A Cultural History, Oakland, University of California Press, 2008, p. 141.
  • [23]
    Coupe d’Angleterre de football.
  • [24]
    Wray Vamplew, Pay up and play the game, op. cit., p. 63.
  • [25]
    Matthew Taylor, The Leaguers. The Making of Professional Football in England, 1900-1939, Liverpool, Liverpool University Press, 2005, p. 5.
  • [26]
    Tony Mason, Association Football and English Society 1863-1915, Brighton, Harvester Press, 1980, p. 153.
  • [27]
    Ibid., p. 41.
  • [28]
    Paul Dietschy, « Football during the Belle Epoque: The First “Europe of Football” (1903-1914) », dans Philippe Vonnard et al. (dir.), Building Europe with the Ball. Turning Points in the Europeanization of Football, Oxford, Peter Lang, 2016, p. 21-51.
  • [29]
    Sylvain Ville, « Donner la boxe en spectacle. Une histoire sociale des débuts de la boxe professionnelle à Paris, à la Belle Époque », Actes de la recherche en sciences sociales, no 209, 2015, p. 12.
  • [30]
    André Rauch, « Mise en scène du corps à la Belle Époque », Vingtième siècle, no 40, 1993, p. 33-44.
  • [31]
    Stéphane Hadjéras, « Les hommes des lettres, spectateurs et acteurs de la boxe à la Belle Époque », Revue d’histoire littéraire de la France, no 2, 2018, p. 367-388.
  • [32]
    Tony Mason, Association Football and English Society, op. cit., p. 187.
  • [33]
    Ibid.
  • [34]
    Ibid., p. 191.
  • [35]
    Philippe Tétart, « Tableau de la presse sportive en province (1845-1914) », dans Philippe Tétart, Sylvain Villaret (dir.), Les voix du sport. La presse sportive régionale à la Belle Époque, Biarritz, Atlantica, 2010, p. 30-31.
  • [36]
    « À nos lecteurs », Football, 9 avril 1910.
  • [37]
    Voir Sandrine Jamain-Samson, Thierry Terret, « Fabricants, détaillants et vendeurs : l’économie du costume de sport à la Belle Époque », Staps, no 83, 2009, p. 55-67.
  • [38]
    Wray Vamplew, Pay up and play the game, op. cit., p. 52.
  • [39]
    Paul Dietschy, Le sport et la Grande Guerre, Paris, Chistera, 2018, p. 20.
  • [40]
    Ronald Hubscher et al. (dir.), L’histoire en mouvements. Le sport dans la société française (xixe-xxe siècles), Paris, Armand Colin, 1992, p. 39.
  • [41]
    « Le Sport pour tous : l’Inter-magasins », La Vie au grand air, 15 septembre 1898.
  • [42]
    Michael B. Miller, The Bon Marché. Bourgeois Culture and the Department Store, 1869-1920, Princeton, Princeton University Press, 1881, p. 93.
  • [43]
    « La Course du “Petit Matelot” », La Vie au grand air, 3 novembre 1904.
  • [44]
    Xavier Breuil, Le Club athlétique de la Société générale. Histoire d’une succursale de champions, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, 2008, p. 21.
  • [45]
    Pierre et Jean Garcet de Vauresmont, Les sports athlétiques, Paris, Larousse, 1912, p. 38.
  • [46]
    Gabriel Hanot, Le football. L’association, Paris, Éditions Nilsson, 1921, p. 51.
  • [47]
    Hurrà, octobre-novembre 1921.
  • [48]
    « Académie de médecine, séance du 9 août 1887 », Bulletin de l’Académie de médecine, no 32, 1887, p. 240.
  • [49]
    « Situation morale par le Secrétaire Général », Tous les sports, 27 juin 1913.
  • [50]
    Robert Beck, Histoire du dimanche de 1700 à nos jours, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 1997, p. 289.
  • [51]
    Voir Stefano Pivato, « Socialisme et antisportisme. Le cas “italien” (1900-1925) », dans Pierre Arnaud (dir.), Les origines du sport ouvrier en Europe, Paris, L’Harmattan, 1994, p. 129-139.
  • [52]
    Christiane Eisenberg, « English Sports » und Deutsche Bürger. Eine Gesellschaftsgeschichte 1800-1939, Paderborn, Schöningh, 1999, p. 129.
  • [53]
    Voir John G. Fuller, Troop Morale and Popular Culture in the British and Dominion Armies 1914-1918, Oxford, Clarendon Press, 1990 et Tony Mason et Eliza Riedi, Sport and the Military. The British Armed Forces 1880-1960, Cambridge, Cambridge University Press, 2010, p. 80-111.
  • [54]
    Voir Paul Dietschy, Le sport et la Grande Guerre, op. cit., p. 261-264.
  • [55]
    Mario Isnenghi, Giornali di trincea (1915-1918), Turin, Einaudi, 1977, p. 12-13.
  • [56]
    Patrick Fridenson, « Les ouvriers de l’automobile et le sport », Actes de la Recherche en sciences sociales, no 79, 1989, p. 54-55.
  • [57]
    « L’U.S.U.A.C. », La Vie au grand air, 1er décembre 1918.
  • [58]
    « Utilisation des loisirs des ouvriers. Première question à l’ordre du jour », Conférence internationale du travail. Sixième session, juin 1924, Genève, Bureau international du travail, 1924, p. 21.
  • [59]
    Patrizia Dogliani, « “Forti e liberi” a Torino. Un’inchiesta del 1923 sull’associazionismo operaio », Italia contemporanea, no 190, 1993, p. 119.
  • [60]
    Voir Victoria De Grazia, The Culture of Consent. Mass Organization of Leisure in Fascist Italy, Cambridge, Cambridge University Press, 1981.
  • [61]
    Ibid., p. 169.
  • [62]
    Ibid., p. 57-58.
  • [63]
    Nuto Revelli, Le due guerre. Guerra fascista e guerra partigiana, Turin, Einaudi, 2003, p. 14-15.
  • [64]
    Michel Damay, Les loisirs de l’enfant et de l’adolescent. Rôle de l’État et des initiatives privées, Paris, Librairie sociale et économique, 1939, p. 83.
  • [65]
    Pierre Giolitto, « L’Éducation générale et sportive (EGS) », dans Jean-Pierre Azéma (dir.), La politique du sport et de l’éducation physique en France pendant l’Occupation, Paris, INSEP-Éditions, 2018, p. 71.
  • [66]
    Witold Rybczynski, Histoire du week-end, op. cit., p. 138.
  • [67]
    Édouard Seidler, Le sport et la presse, Paris, Armand Colin, 1964, p. 102.
  • [68]
    Gilles Montérémal, « L’Équipe : médiateur et producteur de spectacle sportif (1946-1967) », Le temps des Médias, no 9, 2007-2008, p. 116.
  • [69]
    Simon Inglis, The Football Grounds of Great Britain, Londres, Willows Books, 1987, p. 45.
  • [70]
    Paul Dietschy et Patrick Clastres, Sport, société et culture en France du xixe siècle à nos jours, Paris, Hachette, 2006, p. 174.
  • [71]
    Julien Pierre, Le sport en entreprise, Paris, Economica, 2015.
  • [72]
    Voir Jeanne-Maud Jarthon, Christophe Durand, « Faire du fitness pour ne pas vieillir ou pour bien vieillir et rester femmes », Staps, no 107, 2015, p. 45-61.
  • [73]
    Patrick Mignon, « Point de repère. La pratique sportive des Français : évolutions, structuration et nouvelles tendances », Informations sociales, no 187, 2015, p. 10.
  • [74]
    « La pratica sportiva in Italia », Statistiche Report Istat, 19 octobre 2017, p. 2.
  • [75]
    Paul Dietschy et Stefano Pivato, Storia dello sport in Italia, Bologne, Il Mulino, 2019, p. 180.
  • [76]
    Eric Dunning et al., The Roots of Football Hooliganism: an Historical and Sociological Study, Londres, Rootledge, 1988, p. 101.
  • [77]
    André Rauch, Le souci du corps, Paris, PUF, 1987.
  • [78]
    Gilles Lipovetsky, L’ère du vide. Essais sur l’individualisme contemporain, Paris, Gallimard, 1983, p. 24.

1Six jours cyclistes de Paris ou de New York, Semaine européenne du sport instituée par la Commission de Bruxelles, les mots utilisés pour appeler une compétition, insister sur sa durée ou tout simplement organiser une manifestation promouvant l’activité physique renvoient souvent au temps social hebdomadaire. Aujourd’hui, le sport scande le déroulement de la semaine à l’école, dans les loisirs ou même au travail. Il s’agit là de l’aboutissement d’un long processus qui accompagne autant la transformation et la sécularisation du temps hebdomadaire que la naissance et le développement du sport moderne. L’activité gymnastique et sportive qu’elle soit pratiquée dans les lieux de sociabilité que sont les clubs sportifs ou transformée en spectacle à l’égal du théâtre, du music-hall ou des grandes cérémonies publiques, constitue en effet autant un marqueur de l’évolution de la semaine qu’un moyen de l’utiliser et de la transformer. Avec l’Amérique du Nord, l’Europe occidentale, d’abord la Grande-Bretagne puis le continent, a été le lieu de l’invention et des transformations majeures de la séquence de sept jours dédiés à l’effort musculaire. Cette histoire commençant avec le processus d’industrialisation et d’urbanisation des sociétés européennes n’est pas seulement sportive. Elle met en jeu les grandes questions sociales relatives au travail et au loisir, regarde au premier chef la naissance de la société civile, ses liens avec les Églises et les partis politiques puis sa mise au pas dans les États totalitaires et autoritaires. De même, dans cette nouvelle semaine, « le sport moderne apparaît comme l’un des aspects principaux de la culture de masse [1] », avant que dans les décennies suivant la Seconde Guerre mondiale, la densification et la dilatation de la semaine sportive constituent un autre indice de l’entrée dans l’ère de la consommation de masse et du triomphe du culte de l’individu.

Du temps poreux des artisans au temps plein de l’industrie et du magasin ou la mise en place du cadre temporel du sport

2Les sports modernes sont nés de la codification des jeux traditionnels entreprise à partir du milieu du xixe siècle. Si le contrôle de la violence, l’universalité des règles et la quantification des performances [2] comptent parmi les spécificités du sport moderne, sa temporalité signale aussi une différence notoire avec les jeux pratiqués sous l’Ancien Régime, tributaires du rythme de travail de la société préindustrielle et du calendrier religieux. En effet, « au début du xixe siècle le temps de travail demeure discontinu [3] » et la journée de labeur consiste souvent en une alternance d’activité et de détente. « Pour l’artisan du xviiie siècle, la démarcation entre travail et jeu était floue ; il se mettait au travail dans un état d’esprit plutôt ludique et se livrait au jeu sans se départir d’attention et de sérieux [4]. » Certes, le dimanche est également consacré aux jeux notamment en Angleterre où les combats d’animaux et le cricket sont des divertissements populaires [5]. Mais on arrête aussi le labeur hebdomadaire pour faire tomber les quilles dans une rue ou lutter dans les champs. Les jeux réclamant la participation de dizaines voire de centaines de personnes s’inscrivent encore dans le calendrier religieux et pour partie païen. La soule de l’ouest armoricain ou les parties de folk football de Derby ou de Kingston-on-Thames sont disputées lors du Mardi gras. Dans l’Italie du xvie siècle, les parties de calcio fiorentino sont jouées sur la place Santa Croce à Florence ou sur la Gran Piazza de Livourne lors des mariages princiers ou à la veille du carême [6]. La Révolution française prolonge cette temporalité en lui donnant une sacralité laïque. Les gouvernements du Directoire inscrivent au programme des fêtes nationales (loi du 3 brumaire an IV – 25 octobre 1795) les courses hippiques afin de « mettre en valeur les vertus martiales des jeunes républicains, au même titre que les courses à pied, celles des chars à l’antique, celles des bagues ou les concours de tir à blanc [7] ». Rien de tel pour le calcio, la soule, le folk football dont les désordres et violences inquiètent les pouvoirs publics. Les agissements des spectateurs du menu peuple contribuent à la disparition du calcio au xviie siècle. Les préfets prohibent les dernières grandes soules dont celle de Bellou-en-Houlme (Orne) qui attire plus de 6 000 spectateurs pour le Mardi gras en 1851 [8]. Les autorités municipales anglaises alliées aux commerçants font interdire le folk football à Derby et à Kingston-on-Thames entre 1846 et 1849 [9].

3Le temps de l’artisanat est alors en passe d’être supplanté par celui de l’industrie. En instaurant une comptabilité précise du temps travaillé, l’horloge de l’usine établit une nette démarcation entre temps des jeux et du travail. Au fil du xixe siècle, la « tradition du loisir » imbriquée dans le rythme du travail disparaît « au profit de l’efficacité de l’industrie [10] ». Les « horloges et sirènes des usines » peu respectueuses « des anciens amusements [11] » imposent une semaine pleine de journées éreintantes d’au moins dix heures de labeur. Le nombre de jours chômés décroît de manière drastique et le dimanche, comme en France sous la monarchie de Juillet, devient un jour travaillé dans une partie de l’industrie et du commerce. En 1842, les mineurs de Cornouailles n’ont plus que deux jours fériés : Vendredi saint et jour de Noël [12]. L’une des réponses de la classe ouvrière consiste en la pratique du Saint Lundi : s’enivrer le dimanche soir au point d’être incapable de reprendre le travail et de faire du Monday un jour chômé. Pour lutter contre une pratique difficile à combattre [13], on introduit quelques aménagements au temps plein du travail. Au Royaume-Uni, l’action des sociétés philanthropiques débouche sur l’invention du week-end « anglais », c’est-à-dire la semaine de travail cessant à 13 heures le samedi. À partir des années 1870-1880, les ouvriers commencent à en bénéficier.

4Le temps du travail industriel pose la question d’un repos compensateur favorisant la restauration de la force physique et intellectuelle. Des physiologistes comme l’Italien Angelo Mosso, des ingénieurs comme l’Américain Frederick W. Taylor déterminent les seuils de fatigue et, en contrepoint, la période de repos nécessaire. Selon le médecin bâlois Haegler, « l’homme a besoin de deux types de repos. Le premier, de courte durée, est procuré par le temps libre du soir, par le sommeil nocturne et par les pauses qui scandent le labeur [14] ». Le second est celui du dimanche et de sa pleine réparation du corps et de l’esprit. La France républicaine tarde à inscrire dans la loi l’obligation de ce repos compensateur. Comme en Angleterre, le secteur des services est à la pointe du combat. Employés du commerce, de l’hôtellerie et de la restauration, coiffeurs ne disposent pratiquement pas de jour de repos. Ils font campagne dans les années 1890 mais c’est « sous l’influence des syndicats des travailleurs et des socialistes que le mécontentement des employés [15] » débouche en France sur la loi de 1906 sur le repos hebdomadaire inventant un dimanche sécularisé.

L’avant-garde de la semaine sportive : le week-end du muscle

5Jusque dans ls années 1890, les possibilités, voire l’envie de pratiquer un exercice physique, d’assister au spectacle du sport sont encore réduites par des journées de travail épuisantes de plus de dix heures. Ce privilège reste celui de la « classe de loisir » décrite par Thorstein Veblen en 1899. Certes, la pratique de la savate chère au Prince Rodolphe des Mystères de Paris d’Eugène Sue connaît la faveur d’une partie des artisans et ouvriers parisiens sous la monarchie de Juillet [16], mais les jours de semaine consacrés aux premières formes de sport restent l’apanage des classes supérieures. Alors que l’hippisme et le cricket posent les premiers jalons de la codification du sport, un premier agenda sportif hebdomadaire voit le jour. Le dimanche en reste le jour pivot notamment dans certains pays catholiques d’Europe continentale comme la France et l’Italie. Le Grand Prix Royal de galop couru au Champ-de-Mars de 1835 à 1847 est disputé essentiellement le « jour du Seigneur ». Le développement de la saison d’hippisme d’été, stimulé par l’extension du réseau de chemin de fer favorisant la villégiature estivale des familles bourgeoises et nobles, installe les courses de chevaux en pleine semaine. En 1856, les courses de Caen, disputées du dimanche 29 juillet au mardi 31 juillet, sont suivies du prix de Boulogne-sur-Mer couru du mercredi 1er au vendredi 3 août [17].

6C’est surtout à partir des années 1880-1890 qu’apparaît sinon la semaine, du moins le week-end sportif. Plusieurs facteurs y concourent. La sécularisation de la semaine en a donc été le premier. La relative hausse du niveau de vie d’une population en voie d’urbanisation en constitue un second, comme en Grande-Bretagne, où le salaire ouvrier augmente « de 60 % entre 1870 et les années 1890 [18] » encourageant une sortie progressive de la consommation contrainte (logement, habillement, alimentation). Se développe alors un secteur nouveau de l’industrie du divertissement : le spectacle sportif dont l’attractivité repose sur les compétitions, les paris et les plaisirs annexes (libations, repas). Contrairement aux jeux d’Ancien Régime disputés dans tout l’espace urbain ou rural [19], des lieux plus pérennes sont aménagés en milieu urbain et périurbain pour la pratique et le spectacle des sports. Hippodromes, vélodromes et stades sortent de terre, et la révolution ferroviaire leur permet de conquérir les périphéries urbaines, puis de se déployer dans l’Hexagone via la création de championnats régionaux et nationaux. Ces équipements nécessitent amortissement et rentabilisation. Leur utilisation devient bientôt quasi-quotidienne. Les vélodromes municipaux ou privées se multiplient. On en compte quatre en France en 1885, 62 en 1895, plus de 300 au tournant du siècle [20]. Autour de leurs pistes aux virages relevés, les tribunes et services de restauration deviennent des lieux de spectacle hebdomadaire. Le vélodrome Buffalo construit en 1892 à Montrouge par la Société des Sports Français est l’un de ceux où s’invente la semaine sportive. Chaque jour, le curieux y suit l’entraînement des champions puis leurs joutes le jeudi à 21 h et le dimanche à 14 h 30. Le divertissement n’est pas que sportif. On va à la buvette. L’orchestre scande les courses et les tentatives de record du monde. Très vite, cocottes et figures du Paris nocturne tel le peintre Toulouse-Lautrec se retrouvent dans la sociabilité du vélodrome vantée par le Paris-noceur de Levic-Torca. La construction de grandes salles de spectacle ou de vélodrome d’hiver joue pareillement un rôle clé dans l’importation des épreuves des Six jours qui avaient vu le jour aux États-Unis et en Grande-Bretagne. De 1875 à 1899, elles y étaient disputées du lundi au samedi par des concurrents parcourant jusqu’à 3200 kilomètres [21]. Dans l’avant-guerre, les Six jours de Paris constituent l’une des attractions phares du « Vél’ d’Hiv’ » édifié en 1909 pour accueillir 17 000 spectateurs. Du lundi au dimanche à partir de 18 heures, on y suit la compétition courue par des équipes de deux coureurs, on y chante et danse au rythme d’un orchestre qui joue les airs à la mode et donne la cadence aux « ouvriers de la pédale [22] » dans un spectacle total dont les protagonistes sont autant sur la piste que sur les gradins.

7D’autres équipements sportifs consacrent la naissance d’un temps du sport concentré sur certains après-midis. Dans l’Angleterre des années 1870, le succès de la Football Association Challenge Cup [23] commence à installer le samedi après-midi comme le temps du football de septembre à avril. En 1888, la création de la English Football League institue un calendrier régulier de matchs entre adversaires de valeur comparable. Le football professionnel devient un spectacle de masse. Lors de la première saison de la Football League (1888-1889), 602 000 personnes assistent aux matchs du samedi. Le succès aidant, le nombre d’équipes de première division passe de 12 à 16, attirant plus près de 2 millions de spectateurs en 1895-1896, puis à 20 avec 5 millions de personnes en 1905-1906 et 8,8 millions en 1913-1914 (23 100 en moyenne) [24]. Les recettes augmentent en conséquence : celles des Blackburn Rovers passent de 1424 livres en 1887-1888 à 5190 en 1900-1901. Les dirigeants agrandissent les stades [25] que l’on rejoint en hâte à 14 ou 15 heures afin de profiter de la clarté du jour [26]. En 1895, le chef de la police de Liverpool relève que des ouvriers de plus en plus nombreux courent chez eux faire une toilette sommaire, confient leur salaire à leurs femmes pour gagner au plus vite le stade [27]. Sur le continent, aucune ligue professionnelle de football n’est créée avant 1924. Toutefois, certains week-ends ou jours fériés occupent une place particulière dans le calendrier, notamment ceux de l’Ascension, de la Pentecôte et de la Toussaint. Ces jours chômés permettent aux joueurs amateurs de voyager et de disputer des rencontres internationales opposant clubs, sélections de grandes villes et équipes nationales [28].

8La boxe qui connaît un grand essor à la Belle Époque complète l’offre sportive hebdomadaire. En 1912, l’hebdomadaire La Boxe et les boxeurs annonce les matchs ayant lieu le mardi aux Arènes de la Boxe, place d’Italie, le vendredi au Premierland à l’Élysée Montmartre et le samedi au Wonderland, avenue de Suffren. Mais on boxe aussi dans des salles de spectacle comme « la Salle Wagram, le Casino de Paris, le Cirque de Paris, le Bowling Palace, l’Eden Palace et les Folies Bergère [29] ». La multiplication de cette « mise en scène du corps [30] » combattant attire un public mêlant classes populaires, élites sociales et intellectuelles fascinées par la violence du ring comme en témoigne la faveur accordée par de nombreux écrivains et journalistes au « noble art [31] ».

9La genèse de la semaine sportive passe aussi par la périodicité de la presse. En Grande-Bretagne, Bell’s Life in London and Sporting Chronicle, dédié à la chasse, à la pêche et au tir, est vendu dès 1822 [32]. Dans les années 1860-1870, les titres se multiplient pour suivre la semaine hippique avec Sporting Life, bihebdomadaire londonien (100 000 exemplaires en 1881) [33]. Athletic News, créé à Manchester en 1875, couvre principalement le football. D’abord publié le samedi, puis le mercredi, enfin le lundi à partir de septembre 1888 pour rendre compte du championnat de la première division, il entretient la passion du football pendant la semaine en tirant à plus de 180 000 exemplaires en 1896 [34]. Parallèlement, la presse quotidienne anglaise inaugure des rubriques sportives suivant au jour le jour l’actualité avec pour temps fort le lundi. En France, les quotidiens populaires tiennent la rubrique à partir des années 1890 et organisent de nombreuses épreuves à l’instar de Paris-Brest-Paris créé par le Petit journal en 1891. Dans le même temps, une presse hebdomadaire pléthorique voit le jour. Entre 1880 et 1914 naissent plus de « 1000 titres à vocation sportive auxquels s’ajoutent, quantité non négligeable, les revues “hybrides” (environ 500 pour la France entière, Paris compris) [35] ». Ceux qui survivent sont souvent des hebdomadaires créés dans le sillage de La Vie au grand air (1898) qui paraît le samedi après avoir recherché le meilleur jour de la semaine entre mercredi et dimanche. Créé en 1910 et d’abord spécialisé dans la boxe, Sporting sort le mercredi. Fondé en 1909, Football, consacré aux deux ballons rond et ovale, est disponible dans les kiosques le samedi et devient bihebdomadaire en 1910 afin d’intensifier et de maintenir en tension le contenu de l’information sportive jusqu’aux « matchs du dimanche [36] ».

Pratiquer le sport dans un temps contraint

10Si, à la Belle Époque, le sport est devenu un spectacle de masse s’insérant dans la semaine du divertissement, à quelle échelle les Français le pratiquent-ils ? Question épineuse, tant il est difficile d’évaluer la pratique informelle développée hors des clubs et des fédérations. Des peintres comme Frédéric Bazille dans Scène d’été, une œuvre de 1869 représentant une baignade dans la Lèze, Gustave Caillebotte et ses Canotiers ramant sur l’Yerres (1877), le tableau de Georges Seurat, Un dimanche à la Grande Jatte (1884), ou des nouvelles de Guy de Maupassant comme La femme de Paul (1881), en donnent toutefois des aperçus précoces. La diffusion de la bicyclette, la multiplication du nombre de magasins vendant des articles de sport ou le développement des rayons spécialisés des grands magasins [37] en fournissent de précieux indices. Le nombre de licenciés sportifs n’en est pas moins modeste, même en Angleterre, où le people’s game, le football devenu sport emblématique du prolétariat, compte entre 300 000 et 500 000 vers 1910, soit seulement 6,8 % des hommes âgés de 15 à 39 ans [38]. En France, à la veille de la Grande Guerre, l’Union vélocipédique de France (UVF) recense 150 000 membres, l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA) – 200 000. Si on additionne les effectifs des fédérations, on arrive à une fourchette de 700 000 à 900 000 licenciés de sport stricto sensu[39].

11Au demeurant, tous les titulaires d’une licence ne sont pas pratiquants. Et dans les campagnes, l’effort gratuit du sport n’est pas encore bien reçu par le monde paysan [40]. En ville, la préservation de l’énergie corporelle constitue aussi un obstacle. Quand, en 1893, des employés du Printemps, du Bon Marché et du Louvre participent au premier meeting cycliste intermagasins, leurs patrons redoutent qu’ils reviennent « vannés au magasin après avoir poursuivi d’insaisissables records sur le ciment du vélodrome [41] ». Alors que le temps de travail atteint douze heures dans les grands magasins [42], le sport peut être considéré comme une perte d’énergie préjudiciable. À l’inverse, la sédentarité des métiers de bureau plaide en faveur du sport d’autant que la participation aux compétitions fait une bonne publicité pour l’entreprise. Au début du xxe siècle, le monde des services se prend de passion pour la marche. « Je marche, tu marches, ils marchent ! écrit alors Paul Champ. C’est fantastique ce que le verbe marcher a été conjugué en 1903. Marche des Chemins de fer, marche des Scolaires, marche des Assureurs, des Épiciers, marche des Bouchers, j’en passe et des meilleures [43] ! » Emblématique est celle des Banquiers à l’origine de la création du Club athlétique de la Société Générale qui compte 4432 adhérents en 1908 [44].

12Reste que le temps manque pour s’entraîner. En 1912, deux pionniers du rugby français, Pierre et Jean Garcet de Vauresmont, le regrettent :

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Une des premières causes de la supériorité que l’on reconnaît aux Anglais, c’est précisément la liberté plus grande dont jouissent les jeunes gens. Ils s’entraînent ou jouent deux fois par semaine, alors que les nôtres, retenus six jours sur sept par leur maison de commerce, leur administration ou leurs études, n’ont en tout et pour tout que le dimanche, c’est-à-dire moitié moins [45].

14En 1921, Gabriel Hanot établit encore le même constat. Il déplore que « l’entraînement au football est peu pratiqué en France parce que ce sport démocratique y est pratiqué par des amateurs, qui ont des occupations ou un métier, et qui profitent de leur repos hebdomadaire du dimanche pour s’adonner à ce jeu athlétique de plein air [46] ». La semaine du football reste concentrée sur le dimanche, les autres jours étant au mieux consacrés à une forme d’entretien physique comme le recommande alors Hurrà, l’organe de la Juventus Turin : « Lundi : respiration profonde ; mardi : jeu de tête, respiration profonde ; mercredi : dix minutes de course ponctuées par 3 ou 4 accélérations, final en sprint ; jeudi : saut à la corde, respiration profonde ; vendredi : course comme mercredi ; samedi : légers exercices d’haltères [47]. »

15Savoir proportionner l’effort physique pendant la semaine relève aussi des missions du sport scolaire. Écoliers et lycéens disposent du jeudi comme autre jour de congé. Ils peuvent s’y adonner à la gymnastique devenue discipline scolaire par la loi De Sanctis en Italie (1878) et enseignement obligatoire en France par la loi Georges (1880). Faute d’équipements et de professeurs, sa pratique reste inégale mais bénéficie des débats sur le surmenage scolaire qui agitent l’Académie de médecine. À l’été 1897, ses membres défendent la nécessité « de soumettre tous les élèves à des exercices quotidiens proportionnés à leur âge [48] ». La fin des années 1880 et le début des années 1890 voient la multiplication des initiatives pour favoriser les jeux et sports scolaires en semaine. Toutefois, le faible nombre de lycéens limite de facto les exercices physiques du jeudi qui rentrent aussi en concurrence avec ceux du dimanche. En 1913, le journaliste et dirigeant Frantz-Reichel s’interroge :

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Vous vous rendez compte évidemment que le lycéen qui a joué dans un club trouve à sa participation trop d’agréments pour après s’intéresser à son association scolaire. C’est aussi lui imposer un effort physique excessif que de lui demander de jouer le jeudi pour son association, et le dimanche pour son club : s’il a la liberté de choisir, il n’hésite pas : il va au club, où sa vanité toute naturelle trouve tant de satisfaction [49].

Encadrer et contrôler le sport hebdomadaire

17La question du temps du sport devient aussi un enjeu politique et religieux. La multiplication des sociétés vélocipédiques est accusée par le clergé d’« empêcher la sanctification du dimanche [50] ». À partir de 1903, la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France (FGSPF) croise le fer avec les laïques Union des sociétés de gymnastique de France (USGF) et Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA) pour le contrôle de ses jeunes ouailles. En somme, le sport et la gymnastique constituent un moyen de fonder un dimanche chômé, sécularisé pour les uns, chrétien pour les autres et même de classe pour les socialistes. En Italie, syndicats et partis ouvriers voient d’abord dans le sport un divertissement bourgeois, un artifice patronal détournant les ouvriers de la lutte révolutionnaire [51]. Le mouvement sportif ouvrier se développe avec une certaine vigueur en Allemagne où l’Arbeiter-Turnerbund (ATB), la fédération de gymnastique proche du Parti social-démocrate compte 150 000 membres en 1913 [52].

18Ces initiatives pour tenter de contrôler la semaine sportive sont poursuivies pendant la Grande Guerre. Dans l’arrière-front du Nord de la France, le commandement britannique reconstitue les divertissements hebdomadaires du sport anglais [53]. Dans les cantonnements français, de manière plus informelle, des officiers parfois passés par la FGSPF, organisent le dimanche des fêtes sportives [54]. Chez les Italiens, après la défaite de Caporetto, les case del soldato de Don Giovanni Minozzi accueillent les soldats au repos pour les distraire sainement par le sport et raffermir leur patriotisme [55]. À l’arrière, le sport est aussi utilisé pour occuper les rares temps de repos concédés aux ouvriers [56] et aux munitionnettes. En 1917, André Citroën encourage la fréquentation dominicale du stade qu’il a ouvert à Chaville. Ses « ouvrières les plus assidues » sont gratifiées de primes et d’équipements sportifs [57]. En lisière des bois, la main d’œuvre doit se délasser pour s’adapter aux rudes cadences du taylorisme. Après-guerre, comme le constate le Bureau international du travail, « la journée de huit heures a » partout « pour effet d’augmenter l’activité sportive des ouvriers » qui « se propage de plus en plus [58] ». Même si les travailleurs ont commencé à développer leurs propres organisations, gouvernement et patronat se saisissent aussi de la question. Compte tenu du contexte de lutte sociale et de péril bolchevique, les grandes entreprises amplifient l’action engagée pendant la guerre. En Italie, après les occupations d’usine du biennio rosso (1919-1920), des gruppi sportivi sont créés chez Fiat, Michelin, Itala, Lancia, Ansaldo ou Venchi-Unica. Le sport, vu comme un « antidote contre les tensions politiques de l’époque », invite l’encadrement à assouplir la discipline de l’entreprise le temps d’un match de football et à développer dans « les championnats, un esprit d’entreprise anticipant, dans une certaine mesure, le corporatisme syndical [59] ». Les groupes sportifs d’entreprise sont ensuite intégrés dans l’Œuvre nationale du temps libre (Opera Nazionale Dopolavoro – OND) instituée par le régime fasciste le 1er mai 1925. Reprenant l’idée de l’ingénieur de Westinghouse Mario Giani, l’OND doit promouvoir les loisirs – notamment sportifs – afin de contribuer à la construction d’un « capitalisme social fasciste [60] » et d’une nation sportive. Le sport-roi du Dopolavoro fut toutefois les bocce, équivalent transalpin de la boule lyonnaise pratiqué le dimanche et à l’issue de la journée de travail. Après les premiers championnats italiens disputés en 1936, le jeu est défini comme « un sport vraiment national [61] » et apprécié de toutes les classes sociales. Le Dopolavoro joue aussi un rôle dans l’organisation du sport spectacle en proposant à ses membres des places à prix réduit pour les compétitions comme le championnat de série A, première ligue professionnelle de football lancée en 1929-1930. Là encore se met en place une standardisation du temps libre avec le rendez-vous, le dimanche à 15 heures, pour le coup d’envoi des rencontres qui remplissent les grands stades de Bologne, Naples, Rome et Turin construits entre 1926 et 1933. La semaine du joueur professionnel suivie quotidiennement par la presse (entraînements en semaine, déplacements puis matches le week-end) introduit l’idée d’une temporalité hebdomadaire fixée par le sport et plus ou moins parallèle au temps politique. Le 20 juin 1935 est institué le sabato fascista modelé sur le samedi anglais puisque le travail s’arrête également à 13 heures. Cependant, on ne libère pas les employés et les ouvriers pour aller suivre des compétitions sportives mais pour participer à des activités d’instruction militaire consistant surtout dans de grands défilés de chemises noires dans les rues et les places des villes italiennes [62]. En tout cas, l’OND, comme son homologue allemande La Force par la joie (Kraft durch Freude – KdF), participe du projet totalitaire des fascismes en organisant et contrôlant le temps hebdomadaire consacré au sport. La militarisation et la sportivisation de la jeunesse entrent en effet dans la dynamique totalitaire du régime. Les membres de l’Opera Nazionale Balilla (ONB), organisation de jeunesse, défilent aussi pendant le samedi fasciste vêtus de la chemise noire et équipés d’un faux fusil en bois. De même, les gruppi universitari fascisti sont aussi sportivi, et la formation hebdomadaire des jeunes gens et des jeunes filles passe par des heures d’éducation physique à tel point que Nuto Revelli, le futur chef des groupes partisans Giustizia e Libertà des Alpes italiennes, a pu écrire qu’adolescent, il considérait que « le fascisme et le sport était la même chose [63] ». Le régime nazi amplifie cette propagande en introduisant dans la pédagogie « le principe du jeu et spécialement le sport [64] ». Selon leurs dispositions physiques et leur appétence pour le mouvement, les jeunes allemands peuvent être soumis à des exercices physiques de deux à dix heures par semaine, qui s’ajoutent aux randonnées et exercices des camps des mouvements Deutsche Jungvolk (10-14 ans) ou Hitler Jugend (14-18 ans). Muscler la semaine éducative à des fins pédagogiques et idéologiques constitue aussi un dessein du régime de Vichy. La politique de l’État français lancée par l’ex-champion de tennis Jean Borotra accouche d’une nouvelle discipline dans le primaire et le secondaire : l’éducation générale et sportive. Elle est dotée initialement de neuf heures de cours hebdomadaires en novembre 1940, sans compter la demi-journée de plein-air [65]. Le contexte, notamment le rationnement alimentaire croissant, et les protestations de parents et de médecins, réduisent son application à cinq heures d’activités gymniques et sportives qui scandent tout de même la semaine de l’école selon Vichy.

Vers une semaine entièrement sportive

19Jusqu’à la fin des années 1940, des obstacles structurels cantonnent la semaine sportive au dimanche ou au samedi. Semaines de 40 heures souvent éreintantes, déficit d’infrastructures, lenteur des transports ferroviaires et coût de la pratique sportive constituent autant de freins à l’expansion du temps du sport. À partir des années 1950, ces barrières sont peu à peu levées. Le temps de travail baisse, le week-end devient chômé, comme en France à partir de 1965 dans de nombreux secteurs de l’industrie et des services publics [66]. La naissance de l’État providence, le volontarisme de la politique sportive gaullienne en matière d’investissement matériel et humain, l’essor de la mobilité motorisée qui rend entraînements et compétitions plus accessibles, contribuent à la dilatation de la semaine sportive, tout comme la croissance économique renforce la part du sport parmi les consommations non contraintes. En témoigne l’essor des équipementiers sportifs Adidas et Puma en Allemagne, Le Coq Sportif et Hungaria en France ou Italo Sport en Italie. Quant à la montée en puissance de la télévision sportive, elle promeut le goût collectif pour le spectacle et la pratique du sport. Tous ces facteurs concourent à faire sortir le temps du sport du seul week-end pour venir occuper aussi certains jours ou moments de la semaine.

20Cette évolution se joue en deux temps : les années 1950-1960, puis les décennies 1980-1990. Les fifties et sixties de la semaine sportive connaissent une révolution de l’agenda du sportif. Certains sports comme la boxe, le cyclisme, l’hippisme avaient déjà conquis d’autres jours que le samedi ou le dimanche. Dans l’entre-deux-guerres, la Coupe du monde de football et le Tour de France font sauter pour quelques semaines le verrou du week-end au point de permettre à certains titres sportifs de changer leur périodicité. Pour bénéficier de la manne de la Grande Boucle, l’hebdomadaire Le Miroir des sports devient temporairement bihebdomadaire pour le mois de juillet 1924, puis trihebdomadaire dix ans plus tard. Mais la force du champ magnétique du week-end ne s’estompe certes pas. Le Miroir des sports sort initialement le jeudi, puis le mercredi à partir de 1924 pour finalement paraître le mardi deux ans plus tard car sa direction veut privilégier l’actualité récente du week-end. En 1947, « la société éditrice de L’Équipe[67] » fait le même choix lors de la création de France Football. Toutefois, le quotidien de la maison mère qui domine la presse sportive française est aussi confronté à l’épineux problème du milieu de semaine, moment creux de l’actualité sportive faisant tomber tirage et diffusion. En 1955, la création de la Coupe des clubs champions européens (actuelle Ligue des Champions de l’UEFA) imaginée par Gabriel Hanot offre la solution. Les matchs sont disputés le mercredi par formule aller-retour, même au mois de décembre, période creuse de l’actualité sportive. Les prouesses du Stade de Reims lors de la première édition (1955-1956) contribuent au succès éditorial de la compétition puisque les ventes de L’Équipe « augmentent de 7,5 % [68] » par rapport à 1954. La Coupe des clubs champions européens n’est pas la seule compétition continentale. Naissent la même année la Coupe des villes de foires (la Coupe de l’UEFA à partir de 1971, actuelle Ligue Europa de l’UEFA) et, en 1960, la Coupe des vainqueurs de coupe, fondue avec la Coupe de l’UEFA dans la Ligue Europa de l’UEFA. Autant d’épreuves dont les matchs de milieu de semaine nourrissent l’actualité et les colonnes de L’Équipe. Le pouvoir prescripteur du football entraîne alors d’autres sports collectifs à adopter la même formule, à l’image du handball (1956).

21Outre l’activisme des journalistes français, les progrès technologiques favorisent cette évolution. L’essor de l’aviation civile consécutif à la Seconde Guerre mondiale permet de transporter des équipes dans toute l’Europe entre les matchs de championnat disputés le week-end. L’éclairage nocturne apparu dans l’entre-deux-guerres joue aussi un rôle clé. Autorisée après bien des résistances par la Football Association, la lumière des projecteurs éclaire un premier match du championnat anglais en 1956. Dès lors, elle contribue aussi à la création de nouvelles épreuves de milieu de semaine telle la Football League Floodlight Cup, finalement appelée Football League Cup [69]. La mobilisation des spectateurs le mercredi accroît le rendement du spectacle sportif. L’éclairage est également installé dans les nombreux stades petits et grands construits par les municipalités et contribue à la massification de la pratique sportive du lundi au vendredi. En France, le nombre de licenciés, hommes et femmes confondus, passe d’environ 2 millions en 1951 à 4 millions en 1966 [70]. Chez les jeunes, le sport scolaire, en plein essor, sert souvent d’antichambre à la pratique fédérale car les professeurs d’éducation physique et sportive font souvent office d’entraîneurs dans le club local. Il n’est plus question de privilégier l’un au détriment de l’autre. On participe aux activités de l’association du sport scolaire et universitaire le jeudi puis le mercredi, tout en s’entraînant en club d’autres jours et en s’alignant en compétition le week-end. De même, la création des comités centraux d’entreprise permet une autonomisation des associations sportives de salariés qui se réunissent en 1952 dans le cadre de l’Amicale des clubs corporatifs, aujourd’hui Fédération française des sports d’entreprise. Disputées tous les soirs de la semaine, les compétitions « corpo » contribuent à développer la pratique sportive des jours ouvrés.

22La cristallisation de la semaine sportive continue dans les années 1980-1990 tout en connaissant une métamorphose d’inspiration nord-américaine. De nouvelles formes d’exercice sont importées d’Amérique à l’image du jogging que l’on peut pratiquer à toute heure de la journée et notamment lors de la pause méridienne, ou encore de nouvelles déclinaisons du patin à roulette qui prennent la forme du skateboard. Même si des skateparks sont construits à partir des années 1980, rollers et planches à roulettes investissent l’espace urbain. Des groupes de pairs pratiquant leur sport sans contrainte institutionnelle voient le jour hors des heures de cours ou de travail. Le même constat vaut pour la vague de l’aérobic portée notamment par l’actrice Jane Fonda et signalée en France par le succès de la chaîne Gymnase Club (1979). Ces lieux de la commercialisation de la culture physique plébiscités par les femmes actives révèlent une volonté de cultiver son corps dans un temps pour soi. S’y conjuguent aussi l’impératif de la forme physique, condition de la performance au travail et du respect des canons de fermeté et de sveltesse corporelles. Les années 1980 voient en effet un retour du sport imposé par le patronat comme pédagogie de la performance et levier d’émulation entre les cadres, via des stages de sport extrême ou des raids organisés pendant les heures de séminaire [71]. L’aérobic des années 1980 perdure aujourd’hui sous la forme des clubs de fitness, dont la variante low cost a proliféré dans les années 2010. Leur fréquentation par les seniors, souvent retraités, est révélatrice de sociétés occidentales marquées par le vieillissement de leur population et le diktat de la jeunesse éternelle [72].

23Certes, les heures de la semaine sportive ne sont pas universellement occupées et la société n’est pas tout entière mobilisée. En 2010, une enquête annonçait que « 47 millions de Français âgés de 15 à 75 ans déclarent avoir pratiqué une activité physique ou sportive (APS) au moins une fois au cours des douze derniers mois, soit 89 % de la population interrogée [73] », ce qui en dit long sur leur éventail de formes et d’intensité. 25 millions de Français « se répartissent entre ceux qui déclarent pratiquer une fois par semaine, uniquement pendant les vacances ou moins d’une fois par semaine », ou beaucoup plus comme ces 600 000 joggeurs (sur la dizaine de millions qui déclarent l’être) courant plus de trois fois par semaine. Mêmes écarts en Italie où en 2015, selon une enquête ISTAT, 34,3 % de la population italienne âgée de plus de 3 ans, soit plus de 20 millions de personnes, pratiquent un ou plusieurs sports. 26,5 % (15,5 millions de personnes) ont une activité physique (promenade, bicyclette) et 39,1 % des Italiens peuvent être considérés comme sédentaires (plus de 23 millions) [74].

24La question de la semaine sportive ne tient pas aux seules pratiques. Bien des sédentaires suivent passionnément l’actualité sportive chaque jour de la semaine. Le sport a commencé à envahir les écrans de télévision à partir des années 1980. Jusque-là, les dirigeants sportifs se montrent méfiants, craignant – à tort – que la diffusion des compétitions désertifie les stades. En fait, la densification croissante des programmes sportifs (en France moins de 1000 heures/an sur les chaînes publiques en 1982 pour plus de 9000 en 2017 et, en englobant toutes les chaînes accessibles dans l’Hexagone plus de 110 000 heures) produit un continuum informatif. La télévision se transforme en un autre « Bar Sport [75] », où se prolonge, comme en Italie, le week-end sportif au gré de débats byzantins et décousus des émissions comme Il Processo del Lunedi (1982) sur Rai 3, complété en 1990 par l’Appello del Martedi (Italia 1). En France, Tout le sport (TLS), un journal quotidien diffusé sur France 3 en prime time du lundi au dimanche à partir de 1993 fournit un autre indice de cette sportivisation médiatique de la semaine en un temps où les chaînes privées dédiées au sport font leur apparition dans le sillage de BSkyB et d’Eurosport. La montée en puissance de l’enjeu télévisuel joue donc un rôle clé dans la densification et la diversification des formes de la semaine sportive, d’autant plus que la course aux droits de retransmission, qui s’accélère avec les années 1980-1990 (en France significativement avec le lancement de Canal+ en 1984), sonne comme un prélude à la dilatation du temps du sport. En effet, pour mieux valoriser les matchs et les droits télévisés acquis dans le monde en entier et jusqu’en Chine, le programme footballistique du samedi ou du dimanche s’étale désormais du vendredi au lundi de midi à 23 heures. En Angleterre, alors que le prix des places dans des stades reconstruits à neuf s’envole, les descendants des ouvriers qui couraient au sortir de l’usine le samedi à 15 heures se contentent de suivre les tribulations de leurs équipes sur les écrans de télévision des pubs, y compris le dimanche dans un pays protestant longtemps adepte du sabbatism. La révolution d’internet, la multiplication des chaînes sportives et les réseaux sociaux complètent cette semaine sportive désormais globale pendant laquelle les compétitions ne s’arrêtent jamais urbi et orbi.

Conclusions

25Il convient de souligner que la semaine sportive a été longtemps genrée et réservée aux hommes. Jusqu’à la Grande Guerre, les femmes sont cantonnées au rôle de spectatrices des exploits des jockeys, cyclistes et autres boxeurs. Seule la pratique gymnastique est accessible aux jeunes filles des classes populaires et des couches moyennes, les femmes des classes supérieures pouvant déjà pratiquer équitation, tennis et sports d’hiver. Les choses commencent à changer entre-deux-guerres, sous l’impulsion de l’école, des entreprises et des régimes totalitaires et démocratiques. C’est alors que le samedi très masculin des matchs de la première division anglaise commence à être agrémenté de la présence des femmes, ce qui a pour conséquence de réduire la violence des spectateurs [76]. Avec les années 1960, via le volontarisme des municipalités, le sport scolaire, la conquête de l’égalité avec les hommes progresse. Enfin, le développement des pratiques de fitness dans les années 1980 montre que la semaine sportive se conjugue désormais véritablement au féminin.

26En ce sens, la participation des femmes signale aussi le processus qui est à l’œuvre dans les moments hebdomadaires du sport. Sa pratique et son spectacle contribuent à la standardisation de ce temps social par la diffusion d’une mode anglaise, par la transformation de jeux régionaux en sports aux lois universelles, par l’invention du loisir du muscle au sein du temps plein de l’industrie et des services ou encore par l’imposition d’un calendrier autant sécularisé que mythifié, celui de la « légende » du sport. La presse sportive hebdomadaire et quotidienne joue évidemment un rôle majeur dans ces processus.

27La semaine sportive a également à voir avec l’émergence de l’individu et du « souci de soi » qui est aussi un souci du corps qu’il soit esthétique ou hygiéniste [77]. Toutefois, la semaine sportive mêle l’individualisation des pratiques via le goût pour telle ou telle discipline à l’intégration dans des communautés réelles et imaginées, celle du club, de la nation, des supporters jusque dans les sociétés dites postmodernes de « l’ère du vide » où « le sport s’est recyclé en psychologisant le corps, en prenant en compte la conscience totale de soi, en donnant libre cours à la passion des rythmes individuels [78] ».

28Aujourd’hui, pratique ou spectacle, le sport déborde largement du week-end et remplit la semaine jusqu’à son milieu. Il marque aussi la résurgence d’un temps de travail poreux via l’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux par des salariés rivés sur leur ordinateur ou leur téléphone portable pour parier ou jouer au jeu vidéo de football FIFA 21. Les nouveaux espaces de travail favorisent aussi ce retour en intégrant baby-foot, tables de ping-pong et même terrains de pétanque et de volley-ball. Avec l’émergence de nouveaux sports ultraviolents comme les arts martiaux mixtes (MMA), ne pourrait-on pas voir dans cet ultime avatar de la semaine sportive une résurgence contemporaine de la temporalité de l’Ancien Régime, mêlant travail et divertissement ?

Notes

  • [1]
    Dominique Kalifa, La culture de masse en France. 1. 1860-1930, Paris, La Découverte, 2001, p. 50. L’auteur de cet article veut rappeler sa gratitude envers Dominique Kalifa pour l’avoir invité à contribuer aux travaux de l’ANR Numapresse et la stupeur et la tristesse qu’il a ressenties à l’annonce de sa disparition. Il veut aussi remercier son collègue et ami Philippe Tétart pour sa relecture attentive et ses précieux conseils.
  • [2]
    Allen Guttmann, From Ritual to Record, New York, Columbia University Press, 1978.
  • [3]
    Alain Corbin, « L’avènement des loisirs », dans Alain Corbin (dir.), L’avènement des loisirs 1850-1960, Paris, Aubier, 1995, p. 213.
  • [4]
    Witold Rybczynski, Histoire du week-end, Paris, Liana Levi, 1992, p. 105.
  • [5]
    Wray Vamplew, Pay up and play the game. Professional Sport in Britain, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 35.
  • [6]
    Voir Horst Bredekamp, Le football florentin. Les jeux et le pouvoir à la Renaissance, Paris, Diderot éditeur, 1995, p. 44-47.
  • [7]
    Nicole de Blomac, La gloire et le jeu. Des hommes et des chevaux 1766-1866, Paris, Fayard, 1991, p. 117.
  • [8]
    Eugen Weber, La fin des terroirs. La modernisation de la France rurale 1870-1914, Paris, Fayard, 1983, p. 550.
  • [9]
    Richard Holt, Sport and the British. A Modern History, Oxford, Clarendon Press, 1992 [1989], p. 38.
  • [10]
    Laurent Turcot, Sports et loisirs. Une histoire des origines à nos jours, Paris, Gallimard, 2016, p. 437.
  • [11]
    Richard Holt, Sport and the British, op. cit., p. 37.
  • [12]
    Wray Vamplew, Pay up and play the game, op. cit., p. 39.
  • [13]
    Denis Woronoff, Histoire de l’industrie en France du xvie siècle à nos jours, Paris, Seuil, 1994, p. 295.
  • [14]
    Cité par Alain Corbin, « La fatigue, le repos et la conquête du temps », dans Alain Corbin (dir.), L’avènement des loisirs 1850-1960, op. cit., p. 292.
  • [15]
    Robert Beck, « Esprit et genèse de la loi du 13 juillet 1906 sur le repos hebdomadaire », Histoire, économie et société, vol. 28, no 3, 2009, p. 14.
  • [16]
    Jean-François Loudcher, Histoire de la savate, du chausson, et de la boxe française, 1797-1978 : d’une pratique populaire à un sport de compétition, Paris, L’Harmattan, 2000.
  • [17]
    Journal des haras, des chasses et des courses de chevaux, janvier 1856.
  • [18]
    Wray Vamplew, Pay up and play the game, op. cit., p. 51.
  • [19]
    À l’exception de la paume pratiquée dans les tripots jusqu’au milieu du xviie siècle.
  • [20]
    Alex Poyer, Les premiers temps des véloce-clubs. Apparition et diffusion du cyclisme associatif français entre 1867 et 1914, Paris, L’Harmattan, 2003, p. 173.
  • [21]
    Pryor Dodge, La grande histoire du vélo, Paris, Flammarion, 2000, p. 136.
  • [22]
    Christopher S. Thompson, The Tour de France. A Cultural History, Oakland, University of California Press, 2008, p. 141.
  • [23]
    Coupe d’Angleterre de football.
  • [24]
    Wray Vamplew, Pay up and play the game, op. cit., p. 63.
  • [25]
    Matthew Taylor, The Leaguers. The Making of Professional Football in England, 1900-1939, Liverpool, Liverpool University Press, 2005, p. 5.
  • [26]
    Tony Mason, Association Football and English Society 1863-1915, Brighton, Harvester Press, 1980, p. 153.
  • [27]
    Ibid., p. 41.
  • [28]
    Paul Dietschy, « Football during the Belle Epoque: The First “Europe of Football” (1903-1914) », dans Philippe Vonnard et al. (dir.), Building Europe with the Ball. Turning Points in the Europeanization of Football, Oxford, Peter Lang, 2016, p. 21-51.
  • [29]
    Sylvain Ville, « Donner la boxe en spectacle. Une histoire sociale des débuts de la boxe professionnelle à Paris, à la Belle Époque », Actes de la recherche en sciences sociales, no 209, 2015, p. 12.
  • [30]
    André Rauch, « Mise en scène du corps à la Belle Époque », Vingtième siècle, no 40, 1993, p. 33-44.
  • [31]
    Stéphane Hadjéras, « Les hommes des lettres, spectateurs et acteurs de la boxe à la Belle Époque », Revue d’histoire littéraire de la France, no 2, 2018, p. 367-388.
  • [32]
    Tony Mason, Association Football and English Society, op. cit., p. 187.
  • [33]
    Ibid.
  • [34]
    Ibid., p. 191.
  • [35]
    Philippe Tétart, « Tableau de la presse sportive en province (1845-1914) », dans Philippe Tétart, Sylvain Villaret (dir.), Les voix du sport. La presse sportive régionale à la Belle Époque, Biarritz, Atlantica, 2010, p. 30-31.
  • [36]
    « À nos lecteurs », Football, 9 avril 1910.
  • [37]
    Voir Sandrine Jamain-Samson, Thierry Terret, « Fabricants, détaillants et vendeurs : l’économie du costume de sport à la Belle Époque », Staps, no 83, 2009, p. 55-67.
  • [38]
    Wray Vamplew, Pay up and play the game, op. cit., p. 52.
  • [39]
    Paul Dietschy, Le sport et la Grande Guerre, Paris, Chistera, 2018, p. 20.
  • [40]
    Ronald Hubscher et al. (dir.), L’histoire en mouvements. Le sport dans la société française (xixe-xxe siècles), Paris, Armand Colin, 1992, p. 39.
  • [41]
    « Le Sport pour tous : l’Inter-magasins », La Vie au grand air, 15 septembre 1898.
  • [42]
    Michael B. Miller, The Bon Marché. Bourgeois Culture and the Department Store, 1869-1920, Princeton, Princeton University Press, 1881, p. 93.
  • [43]
    « La Course du “Petit Matelot” », La Vie au grand air, 3 novembre 1904.
  • [44]
    Xavier Breuil, Le Club athlétique de la Société générale. Histoire d’une succursale de champions, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, 2008, p. 21.
  • [45]
    Pierre et Jean Garcet de Vauresmont, Les sports athlétiques, Paris, Larousse, 1912, p. 38.
  • [46]
    Gabriel Hanot, Le football. L’association, Paris, Éditions Nilsson, 1921, p. 51.
  • [47]
    Hurrà, octobre-novembre 1921.
  • [48]
    « Académie de médecine, séance du 9 août 1887 », Bulletin de l’Académie de médecine, no 32, 1887, p. 240.
  • [49]
    « Situation morale par le Secrétaire Général », Tous les sports, 27 juin 1913.
  • [50]
    Robert Beck, Histoire du dimanche de 1700 à nos jours, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 1997, p. 289.
  • [51]
    Voir Stefano Pivato, « Socialisme et antisportisme. Le cas “italien” (1900-1925) », dans Pierre Arnaud (dir.), Les origines du sport ouvrier en Europe, Paris, L’Harmattan, 1994, p. 129-139.
  • [52]
    Christiane Eisenberg, « English Sports » und Deutsche Bürger. Eine Gesellschaftsgeschichte 1800-1939, Paderborn, Schöningh, 1999, p. 129.
  • [53]
    Voir John G. Fuller, Troop Morale and Popular Culture in the British and Dominion Armies 1914-1918, Oxford, Clarendon Press, 1990 et Tony Mason et Eliza Riedi, Sport and the Military. The British Armed Forces 1880-1960, Cambridge, Cambridge University Press, 2010, p. 80-111.
  • [54]
    Voir Paul Dietschy, Le sport et la Grande Guerre, op. cit., p. 261-264.
  • [55]
    Mario Isnenghi, Giornali di trincea (1915-1918), Turin, Einaudi, 1977, p. 12-13.
  • [56]
    Patrick Fridenson, « Les ouvriers de l’automobile et le sport », Actes de la Recherche en sciences sociales, no 79, 1989, p. 54-55.
  • [57]
    « L’U.S.U.A.C. », La Vie au grand air, 1er décembre 1918.
  • [58]
    « Utilisation des loisirs des ouvriers. Première question à l’ordre du jour », Conférence internationale du travail. Sixième session, juin 1924, Genève, Bureau international du travail, 1924, p. 21.
  • [59]
    Patrizia Dogliani, « “Forti e liberi” a Torino. Un’inchiesta del 1923 sull’associazionismo operaio », Italia contemporanea, no 190, 1993, p. 119.
  • [60]
    Voir Victoria De Grazia, The Culture of Consent. Mass Organization of Leisure in Fascist Italy, Cambridge, Cambridge University Press, 1981.
  • [61]
    Ibid., p. 169.
  • [62]
    Ibid., p. 57-58.
  • [63]
    Nuto Revelli, Le due guerre. Guerra fascista e guerra partigiana, Turin, Einaudi, 2003, p. 14-15.
  • [64]
    Michel Damay, Les loisirs de l’enfant et de l’adolescent. Rôle de l’État et des initiatives privées, Paris, Librairie sociale et économique, 1939, p. 83.
  • [65]
    Pierre Giolitto, « L’Éducation générale et sportive (EGS) », dans Jean-Pierre Azéma (dir.), La politique du sport et de l’éducation physique en France pendant l’Occupation, Paris, INSEP-Éditions, 2018, p. 71.
  • [66]
    Witold Rybczynski, Histoire du week-end, op. cit., p. 138.
  • [67]
    Édouard Seidler, Le sport et la presse, Paris, Armand Colin, 1964, p. 102.
  • [68]
    Gilles Montérémal, « L’Équipe : médiateur et producteur de spectacle sportif (1946-1967) », Le temps des Médias, no 9, 2007-2008, p. 116.
  • [69]
    Simon Inglis, The Football Grounds of Great Britain, Londres, Willows Books, 1987, p. 45.
  • [70]
    Paul Dietschy et Patrick Clastres, Sport, société et culture en France du xixe siècle à nos jours, Paris, Hachette, 2006, p. 174.
  • [71]
    Julien Pierre, Le sport en entreprise, Paris, Economica, 2015.
  • [72]
    Voir Jeanne-Maud Jarthon, Christophe Durand, « Faire du fitness pour ne pas vieillir ou pour bien vieillir et rester femmes », Staps, no 107, 2015, p. 45-61.
  • [73]
    Patrick Mignon, « Point de repère. La pratique sportive des Français : évolutions, structuration et nouvelles tendances », Informations sociales, no 187, 2015, p. 10.
  • [74]
    « La pratica sportiva in Italia », Statistiche Report Istat, 19 octobre 2017, p. 2.
  • [75]
    Paul Dietschy et Stefano Pivato, Storia dello sport in Italia, Bologne, Il Mulino, 2019, p. 180.
  • [76]
    Eric Dunning et al., The Roots of Football Hooliganism: an Historical and Sociological Study, Londres, Rootledge, 1988, p. 101.
  • [77]
    André Rauch, Le souci du corps, Paris, PUF, 1987.
  • [78]
    Gilles Lipovetsky, L’ère du vide. Essais sur l’individualisme contemporain, Paris, Gallimard, 1983, p. 24.
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