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Article de revue

L'implantation du réalisme socialiste en Roumanie

Pages 307 à 324

Notes

  • [1]
    Michel Aucouturier, Le réalisme socialiste, Paris, PUF, 1998, pp. 100-101. Selon Aucouturier, la diffusion du réalisme socialiste est due soit au fait qu’une émigration politique formée des intellectuels de gauche de Pologne, Hongrie ou Bulgarie s’installe à Moscou dans l’entre-deux-guerres et que certains d’entre eux participent à la vie littéraire de l’URSS avant de retourner dans leur pays, soit aux adeptes de la doctrine dans des pays où l’influence culturelle de l’URSS est forte, comme la Bulgarie, ou dans ceux où les communistes ont beaucoup d’audience chez les intellectuels, comme la Tchécoslovaquie.
  • [2]
    Sauf l’analyse de Magda Carneci, Discours du pouvoir – Discours de l’image : l’art roumain pendant le régime communiste, Paris, EHESS, 1997 (thèse de doctorat) qui concerne les arts plastiques, il n’y a pas encore d’études systématiques centrées sur le réalisme socialiste en Roumanie, mais le sujet est abordé à l’occasion d’une approche plus large du rapport littérature-politique sous le communisme. À ce propos, nous rappelons les analyses de Sorin Alexandrescu, « Une culture de l’interstice. La littérature roumaine d’après-guerre », Les Temps modernes, janv. 1990, pp.136-158 ; Dennis Deletant, Maurice Pearton, Romania Observed, Bucharest, Encyclopaedic Publishing House, 1998, 351 p. ; Catherine Durandin, L’engagement des intellectuels à l’Est. Mémoires et analyses de Roumanie et de Hongrie, Paris, L’Harmattan, 1994, 245 p. ; Anneli Ute Gabanyi, Literatura si politica in Romania dupa 1945 (La littérature et la politique en Roumanie après 1945), Bucuresti, Editura Fundatiei Culturale Romane, 2001, 230 p. ; Nicolae Manolescu, Literatura romana postbelica. Lista lui Manolescu (La littérature roumaine après la deuxième guerre mondiale. La liste de Manolescu), Aula, 2001, 3 vol., 1225 p. ; Eugen Negrici, Poezia unei religii politice. Patru decenii de agitatie si propaganda (La poésie d’une religion politique. Quatre décennies d’agitation et de propagande), Editura Pro, 368 p. ; Alvaro Rocchetti, Dragomir Costineanu, Alain Vuillemin (textes réunis par), La littérature contre la dictature en et hors de Roumanie (1947-1989), Hestia, Certel, Cirer, 233 p. ; Marin Nitescu, Sub zodia proletcultismului. Dialectica puterii (Sous le signe du proletkult. La dialectique du pouvoir), Bucuresti, Humanitas, 1995, 399 p.
  • [3]
    Beaucoup de travaux ont été consacrés au réalisme socialiste. Notre analyse s’appuie, notamment pour observer le modèle importé, sur les études de Régine Robin, Le Réalisme socialiste. Une esthétique impossible, Paris, Payot, 1986, 347 p. ; Boris Groys, Staline. Œuvre d’art total, Nîmes, Jacqueline Chambon, 1990, 230 p. et Antoine Baudin, Le réalisme socialiste soviétique de la période jdanovienne (1947-1953). Les arts plastiques et leurs institutions, vol. I, Peter Lang SA, 1997, 347 p. Pour une comparaison avec d’autres pays socialistes qui ont adopté le modèle du réalisme socialiste nous nous sommes appuyée sur les analyses de Michel Aucouturier, Le réalisme socialiste, op. cit., 127 p. ; Miklos Haraszti, L’Artiste d’État. De la censure en pays socialiste, Paris, Fayard, 1983, 248 p. ; Marci Shore, « Engineering in the Age of Innocence : A Genealogy of Discourse Inside the Czechoslovak Writers’Union, 1949-67 », East European Politics and Society, vol. 12, n° 3, 1998, pp. 397-441.
  • [4]
    Comme Gisèle Sapiro l’affirme, les « principes d’hétéronomie se révèlent pleinement sous un régime autoritaire, quand la question de la survie institutionnelle entre plus ou moins en contradiction avec celle du maintien de l’autonomie littéraire ». Voir Gisèle Sapiro, La Guerre des écrivains 1940-1953, Paris, Fayard, 1999, p. 16.
  • [5]
    La loi 596, Colectia de legi si regulamente (La collection de lois et règlements), t. XXIV, 1946, in Marin Nitescu, Sub zodia proletcultismului…, op. cit., p. 41.
  • [6]
    « Dare de seama asupra activitatii Directiei Literare » (« Compte rendu sur l’activité de la Direction Littéraire »), in Marin Radu Mocanu, Cazarma scriitorilor (La caserne des écrivains) (documents), Bucuresti, Libra, 1998, p. 23.
  • [7]
    Sasa Pana, Réponse à l’enquête « Unde merge literatura romana ? Mare ancheta privind personalitatile noastre literare » (« Où va la littérature roumaine ? Grande enquête concernant nos personnalités littéraires »), Tribuna Poporului, n° 112, 17 janv. 1944, in Ana Selejan, Romania in timpul primului razboi cultural (1944-1948). Tradarea intelectualilor (La Roumanie pendant la première guerre culturelle. La trahison des intellectuels), vol. I, Sibiu, Transpres, 1992, 217 p. Les informations sur les polémiques présentes dans la presse entre 1944-1948 sont tirées essentiellement de l’ouvrage d’Ana Selejan.
  • [8]
    Tudor Arghezi, Adevarul, 15 déc. 1946. Voir aussi les articles de Ion Caraion, « Criza culturii romane » (« La crise de la culture roumaine ») et « Criza omului » (« La crise de l’homme »), Jurnalul de dimineata, 17 oct. 1946 et 19 déc. 1946.
  • [9]
    Voir Ana Selejan, Romania…, op. cit.
  • [10]
    « La crise de la culture » a déclenché une vraie polémique entre 1946-1947. Celle-ci opposait ceux qui affirmaient une crise de la liberté de l’acte artistique, par l’immixtion de l’idéologie dans la culture, et ceux qui la niaient, imposant à leurs adversaires l’étiquette de « crisistes ». Pour plus de détails voir Ana Selejan, Romania…, op. cit., pp.153-207.
  • [11]
    Oscar Lemnaru, « Perna cu ace » (« Le coussin aux aiguilles »), Dreptatea, an I, n° 7, sept. 1944, in Ana Selejan, Romania…, op. cit., p. 21.
  • [12]
    Nestor Ignat, « Cazul Blaga » (« Le cas Blaga »), Viata Romaneasca, n° 1, janv. 1946, pp.49-60.
  • [13]
    Sorin Toma, « Poezia putrefactiei sau putrefactia poeziei » (« Poésie de la putréfaction ou putréfaction de la poésie »), Scinteia, 5, 7, 9, 10 janv. 1948.
  • [14]
    Arhivele Nationale, Fond Ministerul Artelor si Informatiilor, Directia Teatrelor, Dosar 98/1948 (Archives Nationales, Fonds ministère de l’Art et des Informations, Direction des Théâtres, Dossier 98/1948).
  • [15]
    Les formules se retrouvent dans plusieurs articles dont la liste est trop longue pour les citer ici.
  • [16]
    Voir, parmi d’autres, Ion Vitner, « Pauna-Mica si problema oglindirii artistice a realitatii » (« Pauna-Mica et le problème du reflet artistique de la réalité »), Contemporanul, n° 93, 9 juil. 1948, p. 10 ; Ovidiu S. Crohmalniceanu, « Ocolirea luptei de clasa in romanul d-lui Cezar Petrescu » (« Le contournement de la lutte de classe dans le roman de Monsieur Cezar Petrescu »), Contemporanul, n° 96, 30 juil. 1948, p. 5.
  • [17]
    Nina Cassian, Cearta cu haosul. Versuri si proza (La lutte avec le chaos. Vers et prose) (1945-1991), Bucuresti, Minerva, 1993, Cuvint inainte (Préface) : pp. V-XI ; son « volume de début » est La scara 1/1 (À l’échelle 1/1), Forum, 1947.
  • [18]
    Le roman Descult (Nu-pieds) de Zaharia Stancu, les nouvelles Pauna-Mica de Mihai Sadoveanu ou Dusmanie (La Haine) de Petru Dumitriu traitent de la « lutte de classe dans le village roumain ». Voir Ion Vitner, « Pauna-Mica si problema oglindirii artistice a realitatii », art. cit., Silvian Iosifescu, « Eroi si teme » (« Héros et thèmes »), Contemporanul, n° 121, 28 janv. 1949, p. 4, Ovidiu S. Crohmalniceanu, « Descult (roman) de Zaharia Stancu (Editura de Stat) I, II, III », Contemporanul, n° 116, 117, 118, 17 déc. 1948, p. 5, 24 déc. 1948, p. 5 et 7 janv. 1949, p. 5.
  • [19]
    Pour une description de l’Union des écrivains de l’URSS, modèle institutionnel suivi par toutes les unions des écrivains des ex-pays communistes de l’Est de l’Europe voir John and Carol Garrard, Inside the Soviet Writers’ Union, New York, The Free Press, A Division of Macmillan, Inc., London, Collier Macmillan Publishers, 303 p. et aussi Mihai Dinu Gheorghiu, « Le champ littéraire et ses institutions internationales », Liber, n° 28, sept 1996, pp 9-12.
  • [20]
    Les mots de salut à la Conférence des écrivains sont prononcés par Gheorghe Gheorghiu-Dej, le secrétaire du parti à ce moment-là, cité par Marin Nitescu, Sub zodia…, op. cit., p. 98.
  • [21]
    Parmi les ouvrages récompensés, on compte : Mihail Sadoveanu, Mitrea Cocor (roman), Dan Desliu, Lazar de la Rusca (poème), Camil Petrescu, Balcescu (théâtre). Voir « Hotarirea Consiliului de ministri al Republicii Populare Romane privind acordarea Premiului de Stat al RPR si titlul de « Laureat al Premiului de Stat » pentru lucrarile efectuate in anul 1949 » (« L’Arrêt du Conseil de ministres de la République Populaire Roumaine sur la manière d’accorder le Prix d’État de RPR et le titre de « Lauréat du Prix d’État » pour les ouvrages de 1949 »), Contemporanul, n° 232, 16 mars 1951, p. 1.
  • [22]
    Ovidiu S. Crohmalniceanu, « Pentru calitate in nuvelistica noastra » (« Pour la qualité dans nos nouvelles »), Contemporanul, n° 140 et 141, 10 et 17 juin 1949. Le critique se dresse contre la parution d’un grand nombre d’œuvres suivant le même schéma et la même thématique, ce qui fait que la qualité de la littérature roumaine risque d’être emportée par la quantité. La réplique ne tardera pas à apparaître. Elle viendra de la part d’un idéologue de parti qui qualifie l’article d’« étude ennemie de l’idéologie de la classe ouvrière » et accuse son auteur de « graves confusions idéologiques » : Ion Vitner, « Sarcinile criticii literare – sarcinile revistei noastre » (« Les tâches de notre critique littéraire – les tâches de notre revue »), Contemporanul, n° 148, 5 août 1949.
  • [23]
    Aurel Mihale, « Conferinta tinerilor scriitori » (« La Conférence des jeunes écrivains »), Viata Romneasca, n° 10, oct. 1950.
  • [24]
    Stefan Druia, « Realizarile si lipsurile Scolii de literatura si critica literara Mihail Eminescu » (« Les réussites et les points faibles de l’École de littérature et critique littéraire Mihail Eminescu »), Contemporanul, n° 220, 22 déc. 1950.
  • [25]
    « Sfirsit de an la Scoala de literatura si critica literara Mihail Eminescu » (« Fin d’année à l’École de littérature et critique littéraire Mihail Eminescu »), Contemporanul, n° 248 (27), 6 juil. 1951.
  • [26]
    Mihai Beniuc, Sub patru dictaturi. Memorii (Sous quatre dictatures. Mémoires) 1940-1975, Bucuresti, « Ion Cristoiu » S.A., 1999, p. 203.
  • [27]
    Comptes rendus du secteur de littérature du Ministère des Arts et d’Information sur l’École de la littérature, in Marin Radu Mocanu, Cazarma scriitorilor, op. cit., pp. 189-210.
  • [28]
    Mihai Beniuc, Sub patru…, op. cit., pp. 205-206.
  • [29]
    Cf. note n° 18.
  • [30]
    Une partie considérable de ces informations m’a été fournie par l’écrivain Paul Goma qui était parmi les candidats sélectionnés à l’École de littérature en 1954 ; entretiens le 18 février et le 25 mars 2000, Paris.
  • [31]
    Paul Goma, entretien, le 25 mars 2000, Paris.
  • [32]
    Cf. le schéma d’organisation de l’École de littérature pour l’année scolaire 1952/1953, in Marin Radu Mocanu, Cazarma…, op. cit., p. 194.
  • [33]
    Paul Goma, entretien, le 18 février 2000, Paris.
  • [34]
    « Compte rendu sur la production littéraire des jeunes écrivains et ses faiblesses par l’isolement de la réalité quotidienne qui les propulsent dans la zone du schématisme… », in Marin Radu Mocanu, Cazarma…, op. cit., p. 201.
  • [35]
    Mihai Beniuc, Sub patru…, op. cit., pp. 205-206, p 210.
  • [36]
    La plupart des informations sur les idéologues culturels ont été tirées principalement des écrits de Vladimir Tismaneanu, Arheologia terorii (L’Archéologie de la terreur), Bucuresti, Allfa, 1998, 288 p. et Fantoma lui Gheorghe Gheorghiu-Dej (Le fantôme de Gheorghe Gheorghiu-Dej), Bucuresti, Univers, 1995, 248 p. et de Marin Nitesscu, Sub zodia…, op. cit.
  • [37]
    De son vrai nom Lev Olgenstein, né en 1910 en Bessarabie ; il quitte la Roumanie en 1940 (suite à l’occupation soviétique de la Bessarabie) pour aller en URSS où il devient chef de la rédaction roumaine de Radio Moscou et obtient la citoyenneté soviétique. Revenu en Roumanie après la guerre, il change de nom en 1945.
  • [38]
    Il faut préciser que le Parti communiste roumain a été créé en 1921, mais qu’il est déclaré hors-la-loi en 1924, date à partir de laquelle ses membres militent dans la clandestinité. Durant la période de clandestinité, le parti a des liaisons étroites avec Moscou et suit strictement ses directives. Voir Vladimir Tismaneanu, Arheologia…, op. cit.
  • [39]
    Iosif Chisinevschi et Leonte Rautu sont respectivement directeur et directeur-adjoint de ce département, Ion Vitner est le secrétaire de l’Association roumaine pour les liaisons avec l’URSS (ARLUS), Nicolae Moraru est le chef adjoint de la Section de propagande du Comité central du Parti communiste et secrétaire général du ministère des Arts.
  • [40]
    Ion Vitner a fait des études de médecine, Nicolae Moraru n’a pas poursuivi d’études supérieures, Iosif Chisinevschi a suivi les cours de l’École Léniniste à Moscou, Leonte Rautu s’est inscrit à la Faculté de mathématiques mais il n’a pas achevé son cursus universitaire.
  • [41]
    Citons seulement quelques-unes de leurs contributions à l’imposition du réalisme socialiste : Leonte Rautu, « Discutii asupra artei in Uniunea Sovietica » (« Des discussions sur l’art en Union Soviétique »), Contemporanul, n° 5, 25 oct. 1946 (l’article se réfère au Rapport d’Andreï Jdanov sur les revues Zvezda et Leningrad du 14 août 1946) et « Despre realismul socialist » (« Sur le réalisme socialiste »), Revista Literara, n° 32, 21 sept. 1947 ; Nicolae Moraru, « Sensul principiului : spirit de partid in literatura » (« Le sens du principe : l’esprit de parti en littérature »), Viata Romaneasca, n° 2, 1948 ; Mihai Novicov, « Spre noi succese in literatura noastra » (« Vers de nouveaux succès dans notre littérature »), Contemporanul, n° 255 (34), 24 août 1951 ; Ion Vitner, « Problema taraneasca in literatura. Insemnari pe marginea operei lui Mihail Solohov » (« Le problème de la paysannerie dans la littérature. Notes sur l’œuvre de Mihail Solohov »), Contemporanul, n° 108, 22 oct. 1948, p. 4.
  • [42]
    George Pruteanu, Pactul cu diavolul. Sase zile cu Petru Dumitriu (Le pacte avec le diable. Six jours avec Petru Dumitriu), Albatros, Universal Dalsi, 1995, p 50.
  • [43]
    Lucrarile Primului Congres al Scriitorilor din Republica Populara Romana (Les Travaux du Premier Congrès des Écrivains de la République Populaire Roumaine), 18-23 juin 1956, Bucuresti, ESPLA.
  • [44]
    Ibid., voir l’intervention du poète Dan Desliu.
  • [45]
    Ibid., voir l’intervention du dramaturge Mihail Davidoglu.
  • [46]
    Ibid., voir l’intervention du critique Paul Georgescu.
  • [47]
    Ibid., voir l’intervention du poète Mihai Beniuc.
  • [48]
    Petru Dumitriu jouissait d’appréciations élogieuses pour ses nouvelles et romans réalistes socialistes. Il faisait également partie du corps enseignant de l’École de Littérature. Son roman le plus célèbre à l’époque, Drum fara pulbere (Chemin sans poussière) traite de la « grande réalisation » de l’époque socialiste, le Canal Danube-Mer Noire, occultant habilement l’emploi des détenus politiques pour sa construction.
  • [49]
    Michel Aucouturier, Le réalisme socialiste, op. cit., pp. 105-111.
  • [50]
    Il s’agit surtout des Unions des écrivains de Pologne, Hongrie et Yougoslavie, cf. Michel Aucouturier, Le réalisme…, op. cit., pp 105-111.
  • [51]
    Jusque-là Alexandru Jar était un écrivain très apprécié pour ses romans et nouvelles réalistes socialistes, d’autant plus qu’il était un « produit spécifique des transformations révolutionnaires de chez nous, l’un des premiers écrivains dressés du milieu des masses ouvrières, un pionnier ». (Ovidiu S. Crohmalniceanu, « Evadare (roman) de Al Jar » (« Évasion (roman) de Al. Jar »), Contemporanul, n° 125, 25 fév. 1949). Par ailleurs, il a reçu le Prix d’État pour un de ses romans, Sfirsitul Jalbelor (La fin des plaintes).
  • [52]
    Réponse à l’enquête « In intimpinarea Congresului », (« En attendant le Congrès ») Gazeta Literara, n° 15, avril 1956, in Ana Selejan, Literatura in totalitarism (La littérature en totalitarisme), 1955-1956, Bucuresti, Cartea Romaneasca, 1998, p. 23.
  • [53]
    L’organisation de base de l’Union des écrivains comprenait les écrivains membres de parti ; elle fonctionnait dans le cadre de l’Union des écrivains, comme toute organisation syndicale de chaque entreprise.
  • [54]
    Les mots appartiennent au dramaturge Aurel Baranga, cité par Ana Selejan, Literatura…, 1955-1956, op. cit., p. 31.
  • [55]
    Mircea Mancas, « Primejdia revisionismului » (« Le péril du révisionnisme »), Gazeta Literara, n° 38 (236), 18 sept. 1958, in Ana Selejan, Literatura in totalitarism, op. cit., p. 461.
  • [56]
    Silvian Iosifescu, « Intre traditie si inovatie » (« Entre tradition et innovation »), Viata Romaneasca, n° 6, juin 1964, p. 100.
  • [57]
    Ibid., p. 101.
  • [58]
    Ibid., pp.102-103. Des idées similaires se retrouvent chez Alex Ivasiuc, « Realism si expresie » (« Réalisme et expression »), Viata Romaneasca, n° 1, 1965.
  • [59]
    Nichita Stanescu, Sensul iubirii (Le sens de l’amour), Bucuresti, ESPLA, 1960.
  • [60]
    Voir Ioana Popa, « L’intelligence de l’anticommunisme » entre littérature et politique : une instance de consécration. Le cas d’une émission de critique littéraire à la Radio Free Europe, DEA sous la dir. de Frédérique Matonti, EHESS-ENS, 1998.
  • [61]
    C’est le cas du prosateur Petru Dumitriu ou des poètes Dan Desliu et Nina Cassian. Petru Dumitriu, qui quitte la Roumanie à la fin des années Cinquante, après avoir pleinement payé son « tribut » au réalisme socialiste, confesse, en parlant de son roman, Drum fara pulbere (Chemin sans poussière), qui exaltait le canal Danube-Mer Noire : « C’est le péché de ma vie.[…] Eh, bien : je l’ai fait. Je l’ai fait, mais j’ai payé. Je l’ai payé avec 33 années d’exil, je l’ai payé avec du malheur, de la honte, je l’ai payé avec la haine, la réprobation et le désaccord des victimes. », in Eugen Simion, Convorbiri cu Petru Dumitriu (Entretiens avec Petru Dumitriu), Iasi, Moldova, 1994, pp. 28-29. À son tour, Dan Desliu affirme : « Du point de vue esthétique moi-même je suis très critique envers eux [envers ses poèmes des années Cinquante]. Mais je comprends bien pourquoi ils sont nés : à cause de certaines circonstances – premièrement subjectives, mais aussi objectives. », « Ce mai faceti, poete Dan Desliu ? » (« Comment allez-vous, poète Dan Desliu ? ») entretien avec Dan Desliu réalisé par Adrian Paunescu, Romania literara, An II, n° 4 (16), 23 janv. 1969, pp. 6-7.

1Par rapport à d’autres pays socialistes [1], en Roumanie, le réalisme socialiste ne trouve pas d’adeptes avant 1944. L’implantation du réalisme socialiste est passée par la réorganisation de l’espace littéraire roumain après la Deuxième Guerre mondiale. C’est à travers la création d’institutions littéraires nouvelles, plus ou moins directement subordonnées au Parti communiste, que la promotion, l’assimilation et le fonctionnement du réalisme socialiste ont été assurés pour une vingtaine d’années. L’importation du modèle étranger a entraîné non seulement la restructuration de l’espace littéraire roumain, mais aussi la perte relative de son autonomie, par la subordination aux directives politiques [2].

2Retracer l’implantation du réalisme socialiste en Roumanie c’est étudier, de ce fait, les transformations culturelles et politiques qui ont permis l’accueil du modèle importé après la Deuxième Guerre mondiale, observer les canaux institutionnels de sa diffusion et ses concrétisations dans le contexte roumain [3]. Qu’il s’agisse de la nouvelle institution littéraire (l’Union des écrivains) fondée en 1949, de la presse, des cercles littéraires ou même d’une école où on apprenait à écrire « pour les masses », toutes ces instances de l’espace littéraire ont été autant des moyens de diffuser le réalisme socialiste. Elles ont été, non seulement des instruments de la propagande communiste, mais aussi dans ces années des instances de légitimation littéraire. Aussi notre analyse insistera-t-elle notamment sur l’étude des institutions littéraires qui, sous un régime autoritaire, se sont constituées comme cadres de promotion et d’assimilation d’un modèle de création importé et imposé par le pouvoir en place [4].

3Une fois la guerre finie, on aurait pu supposer que les débats et les controverses artistiques menés jusqu’en 1944 entre « les traditionalistes » et « les modernistes » allaient continuer d’animer l’espace intellectuel. En réalité, le contexte politique de l’après-guerre n’est plus favorable en Roumanie aux débats et aux polémiques culturelles. Occupé par l’Armée Rouge, le pays s’est vu imposer un régime communiste qui apportera des changements culturels et politiques défavorables au développement libre des expressions artistiques. Sur la voie de son installation définitive au pouvoir, le Parti communiste commence à créer après 1945 le cadre législatif et institutionnel qui lui permet d’avoir un contrôle total sur la vie sociale. Il essaie également de neutraliser toute force d’opposition, y compris dans l’espace littéraire. Ainsi, en 1946, est établi le droit de contrôle de l’État sur l’activité éditoriale, par l’intermédiaire du ministère des Arts et de la Société des écrivains qui doit viser tout livre avant parution [5]. Par la nationalisation des entreprises (en 1948), les imprimeries, les fabriques de papier et les banques passent sous le contrôle direct de l’État. En juillet 1947, la loi 265 établit que la direction et le contrôle des institutions culturelles reviennent au ministère des Arts, par l’intermédiaire de différentes « Directions », dont la Direction littéraire. Celle-ci a comme tâche le contrôle de la création littéraire et des maisons d’édition, de la circulation des livres et de la critique littéraire et « l’élimination du marché littéraire de tous les restes fascistes et réactionnaires » par la mise en place de listes « noires » [6]. À cela s’ajoutent les efforts de restructuration de la corporation des écrivains. Réorganisée plusieurs fois entre 1945-1949, la Société des écrivains adhère au Projet de réforme du Front National Démocratique lancé par le Parti communiste, ce qui signifie qu’elle réoriente ses buts vers la création d’une littérature pour le peuple.

Où va la littérature roumaine ?

4C’est sous ce titre qu’une enquête littéraire initiée à la fin de l’année 1944 se propose de connaître les opinions des écrivains sur la marche future de la littérature et la position de l’écrivain « envers les transformations » de l’après-guerre. À ce moment, un écrivain appartenant à l’ancien groupe surréaliste emploie, pour la première fois en Roumanie semble-t-il, le terme de réalisme socialiste, tout en incitant les artistes à en adopter le modèle :

5

Le chemin de ceux-ci [des artistes combattants, comme l’auteur les appelle, en se référant notamment aux collaborateurs des revues d’avant-garde], allant d’une littérature et d’un art au début formels, vers une littérature de fond – le réalisme socialiste –, est aussi celui d’Aragon, Paul Éluard, Picasso, Salvador Dali [7].

6La lecture des réponses à cette enquête indique les axes des débats qui vont dominer l’espace culturel : l’adaptation thématique de la littérature au nouvel ordre, le rôle social de l’écrivain, la littérature soviétique comme modèle à suivre, l’importance de la littérature pour les masses. Le modèle culturel officiel adopté en Roumanie dans les années Cinquante sera soviétique et les réponses dans la plupart des cas à cette enquête s’empressent déjà de le confirmer. Néanmoins, comme on peut l’observer dans la citation de Sasa Pana, dans un premier temps il y a une inertie de la référence à la littérature et à l’art occidentaux, notamment français, qui ont toujours constitué dans l’espace culturel roumain, le principal modèle à suivre.

7Il semble que les discussions qui animaient le monde littéraire dans l’entre-deux-guerres aient donc été oubliées. Les anciennes polémiques sur la spécificité nationale ou la synchronisation avec la littérature pratiquée en Occident sont « enterrées » au profit des nouveaux débats. Néanmoins, dans l’espace littéraire existent encore des forces qui s’opposent à la nouvelle ligne. Des voix dénoncent une crise de la littérature et se dressent contre le manque de liberté d’expression, contre la soumission de l’écrivain à l’idéologie, à la censure [8]. Ces derniers résistants opposent des forces inégales aux écrivains prêts à dédier leur plume à « l’édification de la société socialiste ». La prétendue presse démocratique mène entre 1944 et 1948 plusieurs types de campagnes [9] : pour l’imposition de « la culture des masses » et contre « l’art pour l’art », contre « les crisistes » [10], contre la littérature décadente ou les écrivains « ennemis du peuple », accusés d’avoir écrit une littérature pour les bourgeois ou d’avoir collaboré avec les fascistes. Ces campagnes prennent la plupart du temps la forme des vrais procès littéraires. Ainsi, on pouvait lire dans le journal Dreptatea : « Devant ce réflecteur passeront, comme à la police, les malfaiteurs, tous ceux qui, s’appuyant sur la confusion de jadis, ont répandu par le fleuve noir de l’encre, la haine, le mensonge, l’imposture » [11]. Les menaces ne tardent pas à prendre corps. Le poète philosophe Lucian Blaga est accusé de fascisme, qualifié de « penseur dilettante pour les dilettantes » avec un « succès particulier dans les cercles snobs, pour lesquels la philosophie est une mode » [12]. Quant à Tudor Arghezi, le titre d’une série d’articles dirigés contre lui, « La poésie de la putréfaction ou la putréfaction de la poésie » [13], est assez éclairant. Le poète y est accusé « d’avoir écrit pour la bourgeoisie », de mépris envers les lecteurs, d’égoïsme antisocial, de favoriser des sentiments d’angoisse, de peur sans raison, « sentiment si dangereux et étranger pour les millions de gens sains qui luttent ensemble pour édifier un monde nouveau ».

8Parallèlement aux attaques, les campagnes de presse ont aussi pour rôle de mettre en place la « littérature nouvelle », sociale, « progressiste ». L’écrivain nouveau est supposé devenir, en tant que « combattant social », l’agent qui doit élever le niveau culturel des masses. Sa création artistique doit parvenir au peuple par différentes voies. C’est pourquoi on organise des lectures et des conférences publiques de popularisation de la nouvelle culture, des rencontres entre les écrivains et les masses, on crée des bibliothèques et des clubs pour les ouvriers, des cercles et cénacles littéraires auprès des entreprises.

La promotion du réalisme socialiste

9Le réalisme socialiste gagne assez rapidement le combat et persistera dans l’espace littéraire roumain une vingtaine d’années. Une première étape, plutôt théorique, impose le modèle par l’énonciation des principes du réalisme socialiste tels qu’ils ont été exprimés en URSS, accompagnée des commentaires autochtones : des articles et des écrits soviétiques sur le sujet sont repris plusieurs fois en roumain. Dans l’optique de faire connaître les « grandes réalisations » de l’Union Soviétique dans ce domaine, le travail est doublé par la publication de la littérature russe et soviétique, tâche accomplie principalement par la maison d’édition « Le Livre Russe », nouvellement créée.

10Une fois le modèle mis en place, les écrivains roumains sont incités à le suivre. Les comités de lecture organisés auprès du ministère de l’Art et de l’Information [14] jouent un rôle important. Formés d’écrivains qui ont déjà donné leur adhésion au pouvoir communiste, ces comités ont pour fonction de guider les nouveaux entrants dans l’espace littéraire, ainsi que les écrivains susceptibles de s’adapter au nouvel ordre politique, dans leurs tentatives pour s’inscrire dans la voie du réalisme socialiste. Leur activité consiste à rencontrer les écrivains ou à analyser les œuvres littéraires avant qu’elles ne soient publiées. Ils fonctionnent comme une précensure : on refuse telle œuvre pour des « confusions idéologiques », on suggère aux écrivains la thématique (restrictive) à aborder, on invite à s’inspirer des documents du Parti communiste roumain ou soviétique, on passe des commandes littéraires.

11La presse littéraire et politique accomplit également une activité extrêmement efficace dans l’imposition du réalisme socialiste. On y fait connaître les tentatives « littéraires » encore timides, en les appréciant ou en critiquant leurs points faibles. On signale des réussites notamment au niveau de la thématique abordée. En général le qualificatif de « réalisme progressiste » marque un pas en avant, comme « étape nécessaire dans le passage au réalisme socialiste » [15]. Certains ouvrages sont même récompensés par le Prix d’État, mais l’idéal n’est pas encore atteint : il y a encore des efforts à faire surtout pour ce qui est du conflit de classe, pour la construction réussie du héros positif ou pour la représentation « exacte des caractères typiques dans des circonstances typiques » [16]. L’intimisme ou le formalisme dans la poésie, le naturalisme dans la prose sont combattus avec virulence. Nina Cassian, dont le premier volume de poésies fait l’objet d’un procès littéraire initié par la revue du Parti communiste, Scânteia, confesse :

12

Le “contenu” devait être remanié et accordé à quelques thèmes dominants (l’amour et le paysage devaient être éliminés comme des évasions du politique, les sujets étaient exclusivement la lutte pour la paix, la lutte de classe, la lutte anti-impérialiste, les concours dans les entreprises, la gloire du Parti et de ses dirigeants, “ayant Staline à leur tête” etc.). Mais ce qui faisait l’objet principal de la chicane des soi-disant « dirigeants », les censeurs […], étaient exactement la “forme”, “le style”, le vocabulaire. Ainsi, progressivement on condamnait et on a chassé de la poésie les néologismes, les métaphores (même les adjectifs étaient épurés s’ils s’échappaient à la sphère du banal). De ce fait, mon volume de début était “hérétique” à tous égards. J’ai été accusée de formalisme, de décadentisme, de mépris envers le peuple, […] le volume a été qualifie “d’ennemi” [17].

L’installation définitive du modèle

13Le passage de la phase de promotion à celle de création de la littérature réaliste socialiste autochtone est marqué par la parution de premiers succès. En 1948, le roman Descult (Nu-pieds) et les nouvelles de Mihail Sadoveanu ou Petru Dumitriu [18] font l’objet de chroniques élogieuses dans toute la presse, et ce d’autant plus que ces premières productions réussies sont le fait d’écrivains déjà consacrés. Pourtant la voie vers le réalisme socialiste n’est pas assurée. Une nouvelle génération doit être préparée. Cette phase commence par l’organisation, toujours suivant le modèle soviétique [19], des écrivains. Malgré toutes les restructurations au sein de la Société des écrivains entre 1945-1949, celle-ci est déclarée désuète dans le nouveau contexte. Aussi, à partir du 25 mars 1949, date à laquelle est organisée la Conférence nationale des écrivains, le monde littéraire sera dirigé par une Union des écrivains, développant son activité sous la direction du Parti communiste qui n’hésite pas à annoncer les tâches de la nouvelle institution littéraire :

L’Union des écrivains de la République Populaire Roumaine devra être un centre de la lutte contre la servilité cosmopolite envers la culture capitaliste pourrie, contre l’imitation servile de divers courants de la littérature bourgeoise qui ont pour but l’isolement des écrivains et le creusement de l’abîme entre le créateur et le peuple. Vous avez l’exemple de la littérature soviétique, de la littérature du réalisme socialiste [20].
Fortement hiérarchisée, la nouvelle Union des écrivains dispose d’un appareil de contrôle très solide : sous sa direction fonctionnent des revues littéraires, des maisons d’éditions, des cénacles littéraires et bientôt une école de littérature destinée à former une nouvelle génération d’écrivains. Le modèle soviétique, érigé en référence absolue, peut ainsi être appliqué et les résultats ne tardent pas à apparaître : à la fin de l’année 1949 on peut compter un grand nombre d’ouvrages réalistes socialistes autochtones reçus favorablement par toute la presse communiste. Une dizaine de ces œuvres sont récompensées par le Prix d’État [21] et restent pendant plusieurs années des références littéraires majeures.

La formation de « l’écrivain nouveau »

14Par l’intermédiaire de la Commission de direction des jeunes talents, l’Union des écrivains organise à cette époque de nombreux cénacles auprès des revues, institutions culturelles, fabriques et usines dans les grandes villes et dans les villages. L’initiative appartient au Parti communiste qui espère renforcer le front littéraire réaliste socialiste par la formation d’« écrivains cadres » qui répondent à ses commandements. En dépit de l’absence d’originalité des productions, aspect signalé par certains écrivains et critiques littéraires [22], les dirigeants du parti continuent à miser sur le succès de cette activité. En 1950, il y a en Roumanie quarante-quatre cénacles littéraires rassemblant 1500 mem­bres. Ils constituent le thème principal de la Conférence des jeunes écrivains organisée par l’Union des écrivains du 3 au 6 août 1950. Les rapports des représentants de l’Union, auxquels s’ajoutent les débats avec les 200 participants, représentants des cénacles et des filiales de l’Union, mettent en évidence le rôle de « cellule de la vie nouvelle » accordé à ces cénacles « issus du milieu de cette vie, parce qu’ils reflètent sa vérité, parce qu’ils luttent pour sa victoire » [23]. Les rapports critiquent à la fois la faible direction idéologique que les membres des cénacles ont reçue, l’optimisme facile, la présentation idyllique de la vie reflétée dans les œuvres de jeunes écrivains.

15L’ouverture, en 1950, de l’École de littérature et critique littéraire « Mihail Eminescu » représente « le passage à une activité organisationnelle et systématique dans le but de former des écrivains nouveaux, d’après l’exemple de l’enseignement littéraire de l’URSS » [24]. Fonctionnant sous la direction de l’Union des écrivains, l’école a pour objectif « la formation et l’éducation des jeunes cadres écrivains » dans le but de « renforcer le front culturel, de donner au peuple travailleur des œuvres riches en idées, d’un haut niveau qualitatif, que celui-ci attend d’eux » [25]. L’un de ses organisateurs, le poète Mihai Beniuc, se souvient qu’au sein de l’Union des écrivains il y avait des discussions sur la création d’une littérature nouvelle :

16

Alors on a soulevé à l’Union le problème de la création d’une école de littérature, qui préparât des cadres nouveaux. C’était aussi une mesure prise sous l’influence qu’exerçait sur nous l’Institut de littérature “Maxime Gorki”, qui existait à Moscou pour les écrivains soviétiques [26].

17L’école fonctionne quatre ans seulement. À partir de 1954 elle est rattachée à la section de littérature de l’Université de Bucarest. Le recrutement des élèves, typique de l’époque, est le résultat d’une mesure de contrôle de l’accès à la profession d’écrivain. On sélectionne les élèves d’après leur origine sociale : selon les origines déclarées, la plupart sont des fils d’ouvriers et de paysans. Si pour l’année universitaire 1950-1951, ils représentent 35 % du total des élèves, entre 1952 et 1954 ils sont devenus majoritaires [27]. Les informations fournies par les mémoires de Mihai Beniuc sont convergentes :

18

On disait que nous devions trouver parmi les ouvriers et les paysans des écrivains non-formés, mais que nous pourrions éduquer comme tels […] Les secrétaires de l’Union se déplaçaient ainsi dans le pays. Ils entendaient dire que quelqu’un était talentueux ou paraissait l’être, mais c’était le contraire [28].

19Les premières années, les élèves sont acceptés sans examen, ce qui fait que le niveau de l’école est très faible. À la fin de l’année scolaire 1952-1953, le pourcentage de ceux qui obtiennent le qualificatif « insuffisant » est de 30 %. Pour les 51 élèves qui se sont présentés aux examens (sur un total de 53), les résultats sont loin d’être encourageants : une assez grande partie ne réussit pas à obtenir un bon niveau dans la préparation idéologique : 26 élèves sur 51 obtiennent les mentions « insuffisant » et « assez bien » en marxisme-léninisme. En même temps, 14 élèves sur 51 n’atteignent pas un bon niveau en langue roumaine, ce qui pose aussi des problèmes dans le recrutement des futurs écrivains [29]. C’est probablement la raison pour laquelle à partir de 1953, le ministère des Arts et l’Union des écrivains appliquent une autre stratégie : le recrutement s’opère désormais sur la base de propositions faites par des cénacles littéraires, les candidats étant obligés de passer en même temps un examen d’admission.

20En 1954, lorsque l’École se transforme en Institut, la sélection est plus rigoureuse. Cette promotion est la première pour laquelle on ne tient plus seulement compte que du dossier politique des candidats. L’examen suppose la présentation des dossiers de création (qui contiennent soit des ouvrages déjà publiés, soit des manuscrits), suivie par un examen en fonction de la section choisie par le candidat : prose ou poésie. Bien évidemment l’orientation de l’école reste la même : l’épreuve pour la section de prose en 1954 consiste en la rédaction d’un essai commençant par : « C’était en août 1944… ». Une fois étudiants à cette école, les jeunes doivent apprendre les techniques de création (i.e. la méthode du réalisme socialiste) et obtenir un bon niveau politique. Le modèle de création est principalement Mihai Sadoveanu avec Mitrea Cocor et Dumitru Mircea avec Piine alba (Pain Blanc)[30]. Les matières enseignées sont le marxisme-léninisme, la théorie de la littérature, l’histoire de la littérature roumaine, l’histoire de la littérature russe, la langue russe, la langue roumaine et la maîtrise artistique. Les cours sont assurés par des professeurs permanents et par des maîtres de conférences invités. À quelques modifications mineures près (l’introduction de la littérature universelle, cours tenu par le critique Tudor Vianu, « le seul professeur éclairé », selon l’écrivain Paul Goma [31]), le programme reste le même pendant toute la durée où fonctionne l’école. Les cours de maîtrise artistique et les séminaires de création sont assurés pour l’essentiel par des écrivains ayant fait la preuve de leur maîtrise de la technique du réalisme socialiste [32]. Les conditions matérielles excellentes – cours et foyer gratuits, « cantine très bonne dans une période de famine générale » [33] – sont doublées d’un contrôle rigoureux de la discipline, des lectures et de l’appropriation des principes communistes, ce qui ne va pas toujours de soi. Souvent, dans les comptes rendus de la section de littérature du ministère des Arts on attire l’attention sur les lectures « dangereuses » des étudiants, sur le formalisme, l’intimisme, l’idyllique ou les restes de la littérature décadente qui réussissent à pénétrer dans les créations des jeunes écrivains [34]. Les productions des étudiants sont publiées dans les revues littéraires ou dans le journal interne de l’école, Anii de ucenicie (Les années d’apprentissage). À la fin de leurs études, les étudiants doivent être repartis « sur le front littéraire ». C’est à l’Union des écrivains que revient la tâche de leur trouver des lieux de travail. Mais la production régulière et quantitativement importante d’écrivains « diplômés » entraîne à la fois des concurrences littéraires et un déséquilibre entre générations :

21

On ne pouvait pas trouver chaque année de places pour eux, sauf si on les mettait à la place d’autres plus compétents, qui étaient là depuis plus longtemps et qui n’avaient pas de diplôme d’écrivain […] L’idée n’était pas la nôtre, mais on nous avait donné cette tâche : que l’on fasse sortir 25 écrivains par an. Au bout de quatre ans on aurait eu 100 écrivains, en huit ans 200 écrivains [35].

22On ne peut pas dire avec précision si la cessation de l’école a été la conséquence de ces problèmes. Ce qui ressort avec évidence des documents, c’est qu’elle n’a pas donné les résultats espérés. À quelques rares exceptions près, les noms de ceux qui ont suivi ses cours ne disent plus rien aujourd’hui, même pour la littérature réaliste socialiste.

Les idéologues culturels, intermédiaires entre le politique et la littérature

23Des positions importantes dans la direction de cette École de littérature et parmi ses enseignants étaient occupées par les « idéologues culturels » [36]. Ceux-ci représentent une catégorie tout à fait nouvelle et propre aux années Cinquante. Il s’agit d’un groupe de quelques personnes aux nombreux points communs et que l’on retrouve dans des postes clés pour l’imposition de la ligne de parti dans la culture. Occupant des fonctions importantes dans l’espace politique, ils s’érigent en critiques dans l’espace littéraire. Ce sont eux qui assurent la promotion du réalisme socialiste en Roumanie. Qu’il s’agisse de Leonte Rautu [37], Iosif-Chisinevschi-Roitman, Nicolae Moraru, Ion Vitner ou Mihail Novicov, ils ont presque tous été des militants du Parti communiste clandestin dès leur prime jeunesse. Dans l’entre-deux-guerres une partie d’eux se retrouve à Moscou, obligés, comme beaucoup de militants communistes, d’y émigrer pour des raisons politiques, au moment où d’autres sont emprisonnés en Roumanie pour leurs activités politiques communistes [38]. Après 1944, ils occupent des fonctions importantes dans l’appareil du parti, principalement dans le Département de l’agit-prop du Comité central du parti communiste roumain [39]. Sans qu’ils aient fait des études de lettres [40], leurs noms vont dominer l’espace littéraire dans les années Cinquante : ils font partie des comités directeurs des principales revues de l’Union des écrivains ou de ses organismes de direction. Figures épisodiques dans l’espace littéraire qui ne les retient que pour leur rôle dans la promotion du réalisme socialiste, ces idéologues n’ont pas d’œuvre personnelle. Leur contribution à l’espace littéraire consiste en des articles et des recueils qui sont pour l’essentiel des reprises des principes du réalisme socialiste énoncés dans les écrits soviétiques. À cela s’ajoutent les chroniques, favorables ou critiques, sur la littérature réaliste socialiste roumaine [41].

Le Congrès de l’Union des Écrivains de 1956 – un bilan de la littérature réaliste socialiste roumaine

24Détenant donc des positions importantes à la fois dans l’espace littéraire et politique, ces personnes vont contribuer à la forte idéologisation de la littérature roumaine pendant cette période. La littérature réaliste socialiste connaît ainsi en Roumanie principalement trois grands thèmes : la lutte du Parti communiste clandestin contre la dictature fasciste et l’importance du rôle des communistes dans la libération du pays le 23 août 1944, les grandes réalisations du régime communiste et la lutte des masses dirigées par le parti contre l’exploitation des bourgeois et des grands propriétaires terriens.

25Répondent à l’appel du modèle soviétique à la fois des écrivains déjà consacrés, venus de la gauche de l’entre-deux-guerres, et de nouveaux entrants ambitieux. Les uns et les autres ont compris que la seule possibilité pour exister dans l’espace littéraire en ces années-là était la création d’une littérature conforme aux normes établis par le parti. La confession de Petru Dumitriu, jeune écrivain à l’époque, est révélatrice : « Moi je me demandais une seule chose : qu’est-ce que je dois écrire pour que ça soit publié ? » [42].

26Le premier Congrès de la nouvelle Union des écrivains organisé en 1956 [43] présente un bilan des réalisations de la littérature réaliste socialiste roumaine. Les intervenants – écrivains qui ont donné leur contribution au réalisme socialiste et occupent des places importantes à la direction de l’Union – mettent en évidence les qualités de la littérature roumaine d’après 1945, de même que ses faiblesses. Qu’il s’agisse de poésie, de prose ou de dramaturgie, les maux qui guettent le réalisme socialiste sont les mêmes : l’idyllique, c’est-à-dire « le maquillage de la réalité », le négativisme, l’évasion de la réalité, considérée comme « isolement de la vie », la « coquetterie avec la poésie décadente, apolitique et apatride » [44], le naturalisme ou « l’art pour l’art ». Dans le domaine de la dramaturgie, on se prononce fermement contre le théâtre de boulevard, caractérisé par « la vulgarité, la pornographie et l’absence totale d’idées » [45]. Tout ce qui est « esthétique bourgeoise, réactionnaire, idéaliste » doit être combattu par une critique « en premier lieu scientifique, fondée sur l’esprit du parti », et chargée de promouvoir une littérature « socialiste de contenu et nationale de forme » [46].

27Le problème du héros positif qui domine les débats de l’époque est repris à ce congrès. Les intervenants déplorent que les écrivains aient moins réussi dans la réalisation du portrait de celui-ci :

28

La plupart des communistes, vieux ou nouveaux, sont dépourvus dans nos livres, dans nos pièces ou sur nos écrans de cette spécificité qui définit l’homme de type nouveau, de ces épreuves du feu auxquelles l’être et la conscience du communiste sont soumis, plusieurs fois dans une vie [47].

29La conviction du prosateur Petru Dumitriu est ainsi que la littérature doit créer des héros positifs, qui « passant dans la conscience des lecteurs, passeront ensuite dans leurs actes, dans les relations avec les autres, en contribuant ainsi à la construction d’une société nouvelle dans ce pays » [48].

Vers la fin d’une doctrine

30Vers la fin de l’année 1956 la littérature roumaine aurait pu rompre avec le réalisme socialiste, mais le contexte politique roumain ne l’a pas permis. Il s’agit du phénomène du « dégel », que la plupart des pays socialistes ont connu [49], provoqué surtout par le Rapport Khrouchtchev au XXe Congrès du PCUS. Dans presque tous les pays socialistes les Unions des écrivains [50] se mobilisent pour regagner leur droit à la liberté de création. En Roumanie, ce n’est pas le cas. Les débats sur le révisionnisme montrent qu’à très peu d’exceptions près les gens de lettres roumains s’accordent dans leur combat contre cette tendance. Les quelques « révisionnistes » roumains ont été vite marginalisés. C’est le cas de l’écrivain Alexandru Jar [51] qui se dresse contre le culte de la personnalité, cause, selon lui, de toutes les exagérations et dénaturations des œuvres littéraires, mais aussi des relations de subordination entre les écrivains et surtout entre les écrivains et les critiques littéraires ou les idéologues du parti [52]. Jar critique l’absence d’une confrontation libre des opinions, d’une critique littéraire réelle, et de promotion de la diversité des courants et des styles artistiques. Il n’hésite pas à mettre au jour la peur des écrivains exposés à la répression, peur qui les a fait se limiter dans leurs créations « à l’imitation des modèles pénibles produits dans l’atelier des héros idéaux ». La conséquence de cette attitude est son exclusion du parti, dans le cadre d’une séance de l’organisation de base [53] de l’Union des écrivains. La corporation des écrivains se désolidarise de la prise de position de Jar, en l’accusant de calomnie à l’adresse « des réalisations de nos écrivains » et du principe de la « direction de la littérature par le parti » [54].

31De cette manière, toute tendance au « révisionnisme » en Roumanie est alors annihilée, le front littéraire roumain se proposant de renforcer ses rangs afin de donner « une riposte énergique au révisionnisme politique, camouflé derrière la formule de la liberté et de la spontanéité de création » [55].

32La littérature roumaine a donc raté l’occasion de sortir d’un dogme qui imposait une méthode unique de création. Elle devra attendre encore une dizaine d’années un contexte favorable pour revenir progressivement à l’esthétique. La période 1960-1965 connaît des débats littéraires qui se remarquent en premier lieu par le fait que les adeptes d’un réalisme socialiste « à la lettre » sont de plus en plus rares. Il n’y a pas encore de renoncement complet à cette doctrine, le concept continue à circuler dans l’espace littéraire, mais se développe la tendance à élargir la plate-forme du réalisme socialiste par d’autres orientations esthétiques. Les discussions portent autour de ce qui est et de ce qui n’est pas compatible avec le réalisme socialiste. On assiste à des ouvertures timides et précautionneuses vers des orientations plus esthétiques ou à un retour vers d’autres courants littéraires du siècle passé (surtout vers le romantisme, dont on apprécie le « pathos révolutionnaire »), doublées de replis brusques vers le dogmatisme de la méthode unique par des arguments comme « cela n’est pas compatible avec l’idéologie marxiste-léniniste ». Ainsi, on ouvre la voie à l’analyse psychologique, aux conflits intérieurs des personnages, on accepte qu’ils aient une vie intérieure propre qui mérite d’être exploitée dans une œuvre littéraire, mais sans pour autant négliger le rapport avec la réalité extérieure. Pour le rafraîchissement de la littérature on recommande, toujours avec prudence, l’innovation en matière de techniques littéraires, une plus grande souplesse de l’expression artistique. On conseille l’usage littéraire du symbole, de la suggestion, de la parabole, mais dans la mesure où tous ces procédés « ne provoquent pas un art trop cérébral, ne tendent pas réduire à néant l’aspect concret et sensoriel de l’image » [56]. En 1964 encore, les critiques littéraires proclament la nécessité de certaines formes adaptées à certains contenus, n’acceptant la variété de styles et de formules littéraires que si cela est nécessaire à l’expression d’un certain contenu, d’une certaine idée : « La nécessité artistique se subordonne au système fondamental de l’appréciation qui, pour l’esthétique marxiste-léniniste est le rapport du contenu idéologique à la réalité » [57]. L’écrivain est censé avoir « le sentiment de la communication avec le public, la conscience que ses écrits s’adressent à un public large ». Au nom de ce principe de l’accessibilité, on refuse tout hermétisme, toute métaphore compliquée, toute expression elliptique qui cache intentionnellement le sens, car « pour un créateur d’art réaliste socialiste, le sentiment de l’inaccessibilité serait paralysant » [58]. On parle de plus en plus de la spécificité nationale, de la possibilité de trouver une voie propre de développement de la littérature dans chaque pays, en dépit du principe de l’internationalisme révolutionnaire, qui définissait le réalisme socialiste.

33Il est à remarquer entre 1960-1965 un décalage entre les débats théoriques littéraires, qui s’acharnent à préserver le concept du réalisme socialiste, et la pratique littéraire qui l’accepte de moins en moins. Au niveau de la création littéraire, l’année 1960 marque la rupture d’avec le réalisme socialiste. C’est le moment de la parution d’un volume de poésies qui s’éloigne visiblement des consignes doctrinales du modèle importé. Ce recueil est le premier livre d’un jeune poète, Nichita Stanescu [59], appartenant à une génération qui réussira à s’imposer dans l’espace littéraire. Cette avant-garde, formée de jeunes écrivains qui n’avaient pas pratiqué le réalisme socialiste et qui le refusent, provoque une restructuration de l’espace littéraire au début des années Soixante. Ils parviendront à occuper peu à peu les positions dominantes après 1965, en renouvelant la littérature roumaine, en inventant de nouvelles formules et stratégies littéraires dans leur rapport avec le pouvoir communiste. D’autres facteurs contribuent à la fin de la doctrine. Ces nouveaux entrants dans l’espace littéraire trouvent un terrain propice au sens où la littérature réaliste socialiste étant arrivée à la saturation et à la routinisation, les romans et les poésies ne pouvaient plus sortir du schématisme et de la monotonie du ressassement des mêmes thèmes et de la même formule littéraire. À partir des années Soixante enfin, des instances de consécration concurrentes, initiées par des écrivains et des critiques en exil, se mettent en place à l’étranger [60].

34Pour ce qui est de la réception de ces œuvres nées de la doctrine réaliste socialiste, la plupart ont eu un succès passager, lié au contexte politique des années Cinquante. Non seulement les lecteurs ou la critique littéraire les refusent dans les années suivantes, mais parfois leurs auteurs eux-mêmes les renient [61]. Les quelques romans qui ont réussi à survivre à leur époque et à rester dans la mémoire collective suivent, en réalité, très peu le dogmatisme du modèle imposé. Ils en respectent la thématique mais s’en détachent avec évidence pour ce qui est de l’idéologie ou de la réalisation artistique. ?


Mise en ligne 01/04/2010

https://doi.org/10.3917/sr.015.0307

Notes

  • [1]
    Michel Aucouturier, Le réalisme socialiste, Paris, PUF, 1998, pp. 100-101. Selon Aucouturier, la diffusion du réalisme socialiste est due soit au fait qu’une émigration politique formée des intellectuels de gauche de Pologne, Hongrie ou Bulgarie s’installe à Moscou dans l’entre-deux-guerres et que certains d’entre eux participent à la vie littéraire de l’URSS avant de retourner dans leur pays, soit aux adeptes de la doctrine dans des pays où l’influence culturelle de l’URSS est forte, comme la Bulgarie, ou dans ceux où les communistes ont beaucoup d’audience chez les intellectuels, comme la Tchécoslovaquie.
  • [2]
    Sauf l’analyse de Magda Carneci, Discours du pouvoir – Discours de l’image : l’art roumain pendant le régime communiste, Paris, EHESS, 1997 (thèse de doctorat) qui concerne les arts plastiques, il n’y a pas encore d’études systématiques centrées sur le réalisme socialiste en Roumanie, mais le sujet est abordé à l’occasion d’une approche plus large du rapport littérature-politique sous le communisme. À ce propos, nous rappelons les analyses de Sorin Alexandrescu, « Une culture de l’interstice. La littérature roumaine d’après-guerre », Les Temps modernes, janv. 1990, pp.136-158 ; Dennis Deletant, Maurice Pearton, Romania Observed, Bucharest, Encyclopaedic Publishing House, 1998, 351 p. ; Catherine Durandin, L’engagement des intellectuels à l’Est. Mémoires et analyses de Roumanie et de Hongrie, Paris, L’Harmattan, 1994, 245 p. ; Anneli Ute Gabanyi, Literatura si politica in Romania dupa 1945 (La littérature et la politique en Roumanie après 1945), Bucuresti, Editura Fundatiei Culturale Romane, 2001, 230 p. ; Nicolae Manolescu, Literatura romana postbelica. Lista lui Manolescu (La littérature roumaine après la deuxième guerre mondiale. La liste de Manolescu), Aula, 2001, 3 vol., 1225 p. ; Eugen Negrici, Poezia unei religii politice. Patru decenii de agitatie si propaganda (La poésie d’une religion politique. Quatre décennies d’agitation et de propagande), Editura Pro, 368 p. ; Alvaro Rocchetti, Dragomir Costineanu, Alain Vuillemin (textes réunis par), La littérature contre la dictature en et hors de Roumanie (1947-1989), Hestia, Certel, Cirer, 233 p. ; Marin Nitescu, Sub zodia proletcultismului. Dialectica puterii (Sous le signe du proletkult. La dialectique du pouvoir), Bucuresti, Humanitas, 1995, 399 p.
  • [3]
    Beaucoup de travaux ont été consacrés au réalisme socialiste. Notre analyse s’appuie, notamment pour observer le modèle importé, sur les études de Régine Robin, Le Réalisme socialiste. Une esthétique impossible, Paris, Payot, 1986, 347 p. ; Boris Groys, Staline. Œuvre d’art total, Nîmes, Jacqueline Chambon, 1990, 230 p. et Antoine Baudin, Le réalisme socialiste soviétique de la période jdanovienne (1947-1953). Les arts plastiques et leurs institutions, vol. I, Peter Lang SA, 1997, 347 p. Pour une comparaison avec d’autres pays socialistes qui ont adopté le modèle du réalisme socialiste nous nous sommes appuyée sur les analyses de Michel Aucouturier, Le réalisme socialiste, op. cit., 127 p. ; Miklos Haraszti, L’Artiste d’État. De la censure en pays socialiste, Paris, Fayard, 1983, 248 p. ; Marci Shore, « Engineering in the Age of Innocence : A Genealogy of Discourse Inside the Czechoslovak Writers’Union, 1949-67 », East European Politics and Society, vol. 12, n° 3, 1998, pp. 397-441.
  • [4]
    Comme Gisèle Sapiro l’affirme, les « principes d’hétéronomie se révèlent pleinement sous un régime autoritaire, quand la question de la survie institutionnelle entre plus ou moins en contradiction avec celle du maintien de l’autonomie littéraire ». Voir Gisèle Sapiro, La Guerre des écrivains 1940-1953, Paris, Fayard, 1999, p. 16.
  • [5]
    La loi 596, Colectia de legi si regulamente (La collection de lois et règlements), t. XXIV, 1946, in Marin Nitescu, Sub zodia proletcultismului…, op. cit., p. 41.
  • [6]
    « Dare de seama asupra activitatii Directiei Literare » (« Compte rendu sur l’activité de la Direction Littéraire »), in Marin Radu Mocanu, Cazarma scriitorilor (La caserne des écrivains) (documents), Bucuresti, Libra, 1998, p. 23.
  • [7]
    Sasa Pana, Réponse à l’enquête « Unde merge literatura romana ? Mare ancheta privind personalitatile noastre literare » (« Où va la littérature roumaine ? Grande enquête concernant nos personnalités littéraires »), Tribuna Poporului, n° 112, 17 janv. 1944, in Ana Selejan, Romania in timpul primului razboi cultural (1944-1948). Tradarea intelectualilor (La Roumanie pendant la première guerre culturelle. La trahison des intellectuels), vol. I, Sibiu, Transpres, 1992, 217 p. Les informations sur les polémiques présentes dans la presse entre 1944-1948 sont tirées essentiellement de l’ouvrage d’Ana Selejan.
  • [8]
    Tudor Arghezi, Adevarul, 15 déc. 1946. Voir aussi les articles de Ion Caraion, « Criza culturii romane » (« La crise de la culture roumaine ») et « Criza omului » (« La crise de l’homme »), Jurnalul de dimineata, 17 oct. 1946 et 19 déc. 1946.
  • [9]
    Voir Ana Selejan, Romania…, op. cit.
  • [10]
    « La crise de la culture » a déclenché une vraie polémique entre 1946-1947. Celle-ci opposait ceux qui affirmaient une crise de la liberté de l’acte artistique, par l’immixtion de l’idéologie dans la culture, et ceux qui la niaient, imposant à leurs adversaires l’étiquette de « crisistes ». Pour plus de détails voir Ana Selejan, Romania…, op. cit., pp.153-207.
  • [11]
    Oscar Lemnaru, « Perna cu ace » (« Le coussin aux aiguilles »), Dreptatea, an I, n° 7, sept. 1944, in Ana Selejan, Romania…, op. cit., p. 21.
  • [12]
    Nestor Ignat, « Cazul Blaga » (« Le cas Blaga »), Viata Romaneasca, n° 1, janv. 1946, pp.49-60.
  • [13]
    Sorin Toma, « Poezia putrefactiei sau putrefactia poeziei » (« Poésie de la putréfaction ou putréfaction de la poésie »), Scinteia, 5, 7, 9, 10 janv. 1948.
  • [14]
    Arhivele Nationale, Fond Ministerul Artelor si Informatiilor, Directia Teatrelor, Dosar 98/1948 (Archives Nationales, Fonds ministère de l’Art et des Informations, Direction des Théâtres, Dossier 98/1948).
  • [15]
    Les formules se retrouvent dans plusieurs articles dont la liste est trop longue pour les citer ici.
  • [16]
    Voir, parmi d’autres, Ion Vitner, « Pauna-Mica si problema oglindirii artistice a realitatii » (« Pauna-Mica et le problème du reflet artistique de la réalité »), Contemporanul, n° 93, 9 juil. 1948, p. 10 ; Ovidiu S. Crohmalniceanu, « Ocolirea luptei de clasa in romanul d-lui Cezar Petrescu » (« Le contournement de la lutte de classe dans le roman de Monsieur Cezar Petrescu »), Contemporanul, n° 96, 30 juil. 1948, p. 5.
  • [17]
    Nina Cassian, Cearta cu haosul. Versuri si proza (La lutte avec le chaos. Vers et prose) (1945-1991), Bucuresti, Minerva, 1993, Cuvint inainte (Préface) : pp. V-XI ; son « volume de début » est La scara 1/1 (À l’échelle 1/1), Forum, 1947.
  • [18]
    Le roman Descult (Nu-pieds) de Zaharia Stancu, les nouvelles Pauna-Mica de Mihai Sadoveanu ou Dusmanie (La Haine) de Petru Dumitriu traitent de la « lutte de classe dans le village roumain ». Voir Ion Vitner, « Pauna-Mica si problema oglindirii artistice a realitatii », art. cit., Silvian Iosifescu, « Eroi si teme » (« Héros et thèmes »), Contemporanul, n° 121, 28 janv. 1949, p. 4, Ovidiu S. Crohmalniceanu, « Descult (roman) de Zaharia Stancu (Editura de Stat) I, II, III », Contemporanul, n° 116, 117, 118, 17 déc. 1948, p. 5, 24 déc. 1948, p. 5 et 7 janv. 1949, p. 5.
  • [19]
    Pour une description de l’Union des écrivains de l’URSS, modèle institutionnel suivi par toutes les unions des écrivains des ex-pays communistes de l’Est de l’Europe voir John and Carol Garrard, Inside the Soviet Writers’ Union, New York, The Free Press, A Division of Macmillan, Inc., London, Collier Macmillan Publishers, 303 p. et aussi Mihai Dinu Gheorghiu, « Le champ littéraire et ses institutions internationales », Liber, n° 28, sept 1996, pp 9-12.
  • [20]
    Les mots de salut à la Conférence des écrivains sont prononcés par Gheorghe Gheorghiu-Dej, le secrétaire du parti à ce moment-là, cité par Marin Nitescu, Sub zodia…, op. cit., p. 98.
  • [21]
    Parmi les ouvrages récompensés, on compte : Mihail Sadoveanu, Mitrea Cocor (roman), Dan Desliu, Lazar de la Rusca (poème), Camil Petrescu, Balcescu (théâtre). Voir « Hotarirea Consiliului de ministri al Republicii Populare Romane privind acordarea Premiului de Stat al RPR si titlul de « Laureat al Premiului de Stat » pentru lucrarile efectuate in anul 1949 » (« L’Arrêt du Conseil de ministres de la République Populaire Roumaine sur la manière d’accorder le Prix d’État de RPR et le titre de « Lauréat du Prix d’État » pour les ouvrages de 1949 »), Contemporanul, n° 232, 16 mars 1951, p. 1.
  • [22]
    Ovidiu S. Crohmalniceanu, « Pentru calitate in nuvelistica noastra » (« Pour la qualité dans nos nouvelles »), Contemporanul, n° 140 et 141, 10 et 17 juin 1949. Le critique se dresse contre la parution d’un grand nombre d’œuvres suivant le même schéma et la même thématique, ce qui fait que la qualité de la littérature roumaine risque d’être emportée par la quantité. La réplique ne tardera pas à apparaître. Elle viendra de la part d’un idéologue de parti qui qualifie l’article d’« étude ennemie de l’idéologie de la classe ouvrière » et accuse son auteur de « graves confusions idéologiques » : Ion Vitner, « Sarcinile criticii literare – sarcinile revistei noastre » (« Les tâches de notre critique littéraire – les tâches de notre revue »), Contemporanul, n° 148, 5 août 1949.
  • [23]
    Aurel Mihale, « Conferinta tinerilor scriitori » (« La Conférence des jeunes écrivains »), Viata Romneasca, n° 10, oct. 1950.
  • [24]
    Stefan Druia, « Realizarile si lipsurile Scolii de literatura si critica literara Mihail Eminescu » (« Les réussites et les points faibles de l’École de littérature et critique littéraire Mihail Eminescu »), Contemporanul, n° 220, 22 déc. 1950.
  • [25]
    « Sfirsit de an la Scoala de literatura si critica literara Mihail Eminescu » (« Fin d’année à l’École de littérature et critique littéraire Mihail Eminescu »), Contemporanul, n° 248 (27), 6 juil. 1951.
  • [26]
    Mihai Beniuc, Sub patru dictaturi. Memorii (Sous quatre dictatures. Mémoires) 1940-1975, Bucuresti, « Ion Cristoiu » S.A., 1999, p. 203.
  • [27]
    Comptes rendus du secteur de littérature du Ministère des Arts et d’Information sur l’École de la littérature, in Marin Radu Mocanu, Cazarma scriitorilor, op. cit., pp. 189-210.
  • [28]
    Mihai Beniuc, Sub patru…, op. cit., pp. 205-206.
  • [29]
    Cf. note n° 18.
  • [30]
    Une partie considérable de ces informations m’a été fournie par l’écrivain Paul Goma qui était parmi les candidats sélectionnés à l’École de littérature en 1954 ; entretiens le 18 février et le 25 mars 2000, Paris.
  • [31]
    Paul Goma, entretien, le 25 mars 2000, Paris.
  • [32]
    Cf. le schéma d’organisation de l’École de littérature pour l’année scolaire 1952/1953, in Marin Radu Mocanu, Cazarma…, op. cit., p. 194.
  • [33]
    Paul Goma, entretien, le 18 février 2000, Paris.
  • [34]
    « Compte rendu sur la production littéraire des jeunes écrivains et ses faiblesses par l’isolement de la réalité quotidienne qui les propulsent dans la zone du schématisme… », in Marin Radu Mocanu, Cazarma…, op. cit., p. 201.
  • [35]
    Mihai Beniuc, Sub patru…, op. cit., pp. 205-206, p 210.
  • [36]
    La plupart des informations sur les idéologues culturels ont été tirées principalement des écrits de Vladimir Tismaneanu, Arheologia terorii (L’Archéologie de la terreur), Bucuresti, Allfa, 1998, 288 p. et Fantoma lui Gheorghe Gheorghiu-Dej (Le fantôme de Gheorghe Gheorghiu-Dej), Bucuresti, Univers, 1995, 248 p. et de Marin Nitesscu, Sub zodia…, op. cit.
  • [37]
    De son vrai nom Lev Olgenstein, né en 1910 en Bessarabie ; il quitte la Roumanie en 1940 (suite à l’occupation soviétique de la Bessarabie) pour aller en URSS où il devient chef de la rédaction roumaine de Radio Moscou et obtient la citoyenneté soviétique. Revenu en Roumanie après la guerre, il change de nom en 1945.
  • [38]
    Il faut préciser que le Parti communiste roumain a été créé en 1921, mais qu’il est déclaré hors-la-loi en 1924, date à partir de laquelle ses membres militent dans la clandestinité. Durant la période de clandestinité, le parti a des liaisons étroites avec Moscou et suit strictement ses directives. Voir Vladimir Tismaneanu, Arheologia…, op. cit.
  • [39]
    Iosif Chisinevschi et Leonte Rautu sont respectivement directeur et directeur-adjoint de ce département, Ion Vitner est le secrétaire de l’Association roumaine pour les liaisons avec l’URSS (ARLUS), Nicolae Moraru est le chef adjoint de la Section de propagande du Comité central du Parti communiste et secrétaire général du ministère des Arts.
  • [40]
    Ion Vitner a fait des études de médecine, Nicolae Moraru n’a pas poursuivi d’études supérieures, Iosif Chisinevschi a suivi les cours de l’École Léniniste à Moscou, Leonte Rautu s’est inscrit à la Faculté de mathématiques mais il n’a pas achevé son cursus universitaire.
  • [41]
    Citons seulement quelques-unes de leurs contributions à l’imposition du réalisme socialiste : Leonte Rautu, « Discutii asupra artei in Uniunea Sovietica » (« Des discussions sur l’art en Union Soviétique »), Contemporanul, n° 5, 25 oct. 1946 (l’article se réfère au Rapport d’Andreï Jdanov sur les revues Zvezda et Leningrad du 14 août 1946) et « Despre realismul socialist » (« Sur le réalisme socialiste »), Revista Literara, n° 32, 21 sept. 1947 ; Nicolae Moraru, « Sensul principiului : spirit de partid in literatura » (« Le sens du principe : l’esprit de parti en littérature »), Viata Romaneasca, n° 2, 1948 ; Mihai Novicov, « Spre noi succese in literatura noastra » (« Vers de nouveaux succès dans notre littérature »), Contemporanul, n° 255 (34), 24 août 1951 ; Ion Vitner, « Problema taraneasca in literatura. Insemnari pe marginea operei lui Mihail Solohov » (« Le problème de la paysannerie dans la littérature. Notes sur l’œuvre de Mihail Solohov »), Contemporanul, n° 108, 22 oct. 1948, p. 4.
  • [42]
    George Pruteanu, Pactul cu diavolul. Sase zile cu Petru Dumitriu (Le pacte avec le diable. Six jours avec Petru Dumitriu), Albatros, Universal Dalsi, 1995, p 50.
  • [43]
    Lucrarile Primului Congres al Scriitorilor din Republica Populara Romana (Les Travaux du Premier Congrès des Écrivains de la République Populaire Roumaine), 18-23 juin 1956, Bucuresti, ESPLA.
  • [44]
    Ibid., voir l’intervention du poète Dan Desliu.
  • [45]
    Ibid., voir l’intervention du dramaturge Mihail Davidoglu.
  • [46]
    Ibid., voir l’intervention du critique Paul Georgescu.
  • [47]
    Ibid., voir l’intervention du poète Mihai Beniuc.
  • [48]
    Petru Dumitriu jouissait d’appréciations élogieuses pour ses nouvelles et romans réalistes socialistes. Il faisait également partie du corps enseignant de l’École de Littérature. Son roman le plus célèbre à l’époque, Drum fara pulbere (Chemin sans poussière) traite de la « grande réalisation » de l’époque socialiste, le Canal Danube-Mer Noire, occultant habilement l’emploi des détenus politiques pour sa construction.
  • [49]
    Michel Aucouturier, Le réalisme socialiste, op. cit., pp. 105-111.
  • [50]
    Il s’agit surtout des Unions des écrivains de Pologne, Hongrie et Yougoslavie, cf. Michel Aucouturier, Le réalisme…, op. cit., pp 105-111.
  • [51]
    Jusque-là Alexandru Jar était un écrivain très apprécié pour ses romans et nouvelles réalistes socialistes, d’autant plus qu’il était un « produit spécifique des transformations révolutionnaires de chez nous, l’un des premiers écrivains dressés du milieu des masses ouvrières, un pionnier ». (Ovidiu S. Crohmalniceanu, « Evadare (roman) de Al Jar » (« Évasion (roman) de Al. Jar »), Contemporanul, n° 125, 25 fév. 1949). Par ailleurs, il a reçu le Prix d’État pour un de ses romans, Sfirsitul Jalbelor (La fin des plaintes).
  • [52]
    Réponse à l’enquête « In intimpinarea Congresului », (« En attendant le Congrès ») Gazeta Literara, n° 15, avril 1956, in Ana Selejan, Literatura in totalitarism (La littérature en totalitarisme), 1955-1956, Bucuresti, Cartea Romaneasca, 1998, p. 23.
  • [53]
    L’organisation de base de l’Union des écrivains comprenait les écrivains membres de parti ; elle fonctionnait dans le cadre de l’Union des écrivains, comme toute organisation syndicale de chaque entreprise.
  • [54]
    Les mots appartiennent au dramaturge Aurel Baranga, cité par Ana Selejan, Literatura…, 1955-1956, op. cit., p. 31.
  • [55]
    Mircea Mancas, « Primejdia revisionismului » (« Le péril du révisionnisme »), Gazeta Literara, n° 38 (236), 18 sept. 1958, in Ana Selejan, Literatura in totalitarism, op. cit., p. 461.
  • [56]
    Silvian Iosifescu, « Intre traditie si inovatie » (« Entre tradition et innovation »), Viata Romaneasca, n° 6, juin 1964, p. 100.
  • [57]
    Ibid., p. 101.
  • [58]
    Ibid., pp.102-103. Des idées similaires se retrouvent chez Alex Ivasiuc, « Realism si expresie » (« Réalisme et expression »), Viata Romaneasca, n° 1, 1965.
  • [59]
    Nichita Stanescu, Sensul iubirii (Le sens de l’amour), Bucuresti, ESPLA, 1960.
  • [60]
    Voir Ioana Popa, « L’intelligence de l’anticommunisme » entre littérature et politique : une instance de consécration. Le cas d’une émission de critique littéraire à la Radio Free Europe, DEA sous la dir. de Frédérique Matonti, EHESS-ENS, 1998.
  • [61]
    C’est le cas du prosateur Petru Dumitriu ou des poètes Dan Desliu et Nina Cassian. Petru Dumitriu, qui quitte la Roumanie à la fin des années Cinquante, après avoir pleinement payé son « tribut » au réalisme socialiste, confesse, en parlant de son roman, Drum fara pulbere (Chemin sans poussière), qui exaltait le canal Danube-Mer Noire : « C’est le péché de ma vie.[…] Eh, bien : je l’ai fait. Je l’ai fait, mais j’ai payé. Je l’ai payé avec 33 années d’exil, je l’ai payé avec du malheur, de la honte, je l’ai payé avec la haine, la réprobation et le désaccord des victimes. », in Eugen Simion, Convorbiri cu Petru Dumitriu (Entretiens avec Petru Dumitriu), Iasi, Moldova, 1994, pp. 28-29. À son tour, Dan Desliu affirme : « Du point de vue esthétique moi-même je suis très critique envers eux [envers ses poèmes des années Cinquante]. Mais je comprends bien pourquoi ils sont nés : à cause de certaines circonstances – premièrement subjectives, mais aussi objectives. », « Ce mai faceti, poete Dan Desliu ? » (« Comment allez-vous, poète Dan Desliu ? ») entretien avec Dan Desliu réalisé par Adrian Paunescu, Romania literara, An II, n° 4 (16), 23 janv. 1969, pp. 6-7.
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