Notes
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[1]
Nous renvoyons le lecteur aux travaux princeps de Marie Rose Moro (1998 ; 2002) et aux écrits conjoints Moro, Mestre (2009).
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[2]
Jacqueline Rabain, Suzanne Lallemand, Doris Donnet, pour ne citer que les anthropologues les plus connues en France, ont rassemblé un énorme corpus dans ce domaine. En 1991, un ouvrage collectif (Lallemand, Journet, Ewombé-Moundo et coll.) rassembla des articles sur la grossesse et la petite enfance en Afrique noire et à Madagascar, visant à rendre compte de la complexité et de la cohérence des comportements autour de la grossesse et de l’enfant, et à dégager un domaine susceptible d’intéresser des spécialistes des sciences médicales, psychologiques, anthropologiques, etc.
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[3]
Des auteurs comme Blandine Bril et Hélène Stork, venant de la psychologie, ont fait des études transculturelles sur le portage, décrivant divers styles de portage (proximal et distal) et mettant l’accent sur la corrélation entre les comportements de maternage et les représentations qui leur sont sous-jacentes.
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[4]
Des anthropologues se sont penchés de façon générale sur ce que j’ai appelé la mémoire du corps (Mestre, 2000), le corps étant le support de la transmission intergénérationnelle de pratiques culturelles. En effet, comme le fait remarquer le philosophe Michel Serres, le corps exécute des tâches plus ou moins compliquées… sans y penser et encore moins en lui donnant des ordres. « L’apprentissage enfonce les gestes dans le noir du corps » (1999, p. 58). Par quel canal le corps fait-il l’apprentissage de pratiques qu’il utilise sans effort ? Comment le corps engramme-t-il des systèmes complexes qui sont transmis de génération en génération ? Dans la définition de Bourdieu de « l’habitus », le corps a aussi une place centrale, au sein duquel sont déposés des schèmes de pensées, de perception d’appréciation et d’action. Quelle que soit la théorie, il semble bien que la culture précède donc le corps, elle l’utiliserait pour se transmettre à son insu.
Claire Mestre
Claire Mestre
1Nous avons développé au chu de Bordeaux un dispositif transculturel pour l’accueil et le soin des femmes migrantes et exilées en souffrance. Ce dispositif se décline en trois lieux distincts. Le premier est une consultation à la maternité (qu’une des auteures, Estelle Gioan, a en charge) où les professionnels orientent des femmes enceintes en grande difficulté : une équipe pluridisciplinaire (psychologue, anthropologue, stagiaires et interprètes si nécessaire) les accueillent ; les premiers soins psychologiques et une médiation avec les institutions sont alors prodigués. Le deuxième est la consultation mère-bébé : des psychothérapeutes (dont Claire Mestre) avec une équipe pluridisciplinaire prennent le relais de ce premier soin en cas de difficultés mère-enfant avérées. Enfin, le troisième lieu, appelé « Accueil du nouveau-né », est un atelier rassemblant également une équipe pluridisciplinaire (Estelle Gioan, une anthropologue, une psychomotricienne et des interprètes) afin de « stimuler » les interactions mère-bébé à l’aide d’objets culturels tels que les berceuses, massages et autres objets issus des pratiques de maternage.
2Cet article a pour but de mettre l’accent sur la façon dont nous sollicitons la culture pour soutenir les premières interactions mère-bébé auprès des femmes migrantes que nous soignons. La culture dont il s’agit concerne les pratiques de maternage et les objets culturels de la prime enfance. Nous n’aborderons pas l’importance de la langue maternelle et des représentations culturelles [1].
Comment la culture vient aux mères et à leur bébé ?
3Les femmes migrantes que nous rencontrons sont en grande difficulté pour des raisons complexes, en rapport avec un contexte social, économique, administratif…, qui les fragilise ; elles sont dans une relation avec leur bébé où manquent les conditions requises pour s’occuper de lui de façon satisfaisante. Le contexte délétère rogne leurs capacités propres, et aggrave les empêchements dus aux carences personnelles ou de maladie psychique invalidante. Cette observation pose des questions diverses : que faut-il au minimum pour qu’une mère prenne soin le mieux possible de son enfant ? Quelle est la place de la culture dans ce processus ? Comment la culture vient-elle aux femmes ?
4Notre méthode complémentariste (Devereux, 1972) où coexistent les références psychanalytiques et anthropologiques nous oblige à prendre en compte de façon non simultanée deux aspects de la relation mère-enfant précoce.
5La littérature psychanalytique nous apprend avec Winnicott que la mère traverse un état psychique de grande disponibilité, « préoccupation maternelle primaire » qui lui permet d’identifier les besoins de son nouveau-né, tout en s’identifiant au bébé qu’elle a été. Dans cette relation, elle lui transmet le monde « à petites doses » (Winnicott, 1957), grâce à un espace « intermédiaire » entre elle et lui.
6Les études anthropologiques sur les pratiques de maternage et les techniques du corps [2] nous apprennent que chaque culture définit un style de maternage [3], et, grâce à ces pratiques, elle transmet au bébé tout en s’occupant de lui une culture, c’est-à-dire une façon d’être au monde.
7La transmission culturelle et l’affiliation maternelle à son groupe sont possibles grâce à un apprentissage de la mère, qui s’effectue tout au long de sa vie et particulièrement lors de l’avènement de son premier enfant, où la présence des autres femmes va s’avérer déterminante.
8« Un bébé, ça n’existe pas » disait Winnicott, et en cela cette affirmation rejoint les observations anthropologiques : un bébé est porté par la mère qui est elle-même portée par son groupe.
9Dans certaines migrations, des femmes se trouvent dans des situations, bien qu’étant le propre de notre modernité faite de solitude et d’individualisme, qui les accablent. Elles peuvent être aussi dans l’hésitation à transmettre leur culture et leur propre façon de faire à leur enfant dès la naissance, car elle le considère comme appartenant déjà à la société française. Des situations sont encore plus inédites pour nombre d’entre elles, difficiles et vulnérabilisantes, du fait de facteurs conjugués que sont les carences psychologiques et culturelles. À l’extrême, elles peuvent connaître un contexte de grande pauvreté où la brutalité de la réalité du quotidien (où dormir ? où manger ?) est une préoccupation majeure pour ces femmes enceintes ; la précarité des solutions d’hébergement (hôtel social, hébergement chez des compatriotes) une fois le bébé arrivé est une entrave grave à l’accès aux soins. Dans tous les cas, en l’absence du groupe, en particulier la mère, la grand-mère, bref, les femmes de la famille (celles que Marie Rose Moro nomme les commères) vont devoir trouver de façon périlleuse des alternatives, et particulièrement ne compter que sur leurs propres ressources internes (Mestre, 2004 ; 2006).
10Nos observations montrent que les mères migrantes vont, dans le meilleur des cas, composer, en respectant les normes qu’exige leur culture et en tenant compte également des prescriptions de la puériculture occidentale, aux prix parfois de conflits ; ceux-ci peuvent s’énoncer autour de questions quelquefois lancinantes : faut-il laisser l’enfant seul ? Comment le porter ? On sait que ces questions peuvent recevoir, en fonction du contexte et des normes culturelles, plusieurs types de réponses. Les situations les plus problématiques sont celles où les mères ne savent pas du tout, elles mettent en danger leurs relations premières avec leur bébé, si précieuses pour le développement de celui-ci.
11Ainsi, les situations les plus vulnérabilisantes, voire les plus dramatiques, sont celles où la mère migrante est face à un bébé alors qu’elle est seule, qu’elle est marquée par le traumatisme, parfois extrême (viol pendant la grossesse, mort d’un proche ou témoin de guerre et de violence politique, séparation d’avec ses autres enfants), ou bien qu’elle n’a pour expériences infantiles que le contexte appauvri d’une institution, un orphelinat par exemple, ou bien d’une famille déchirée et maltraitante (Gioan, Mestre, 2011).
Les capacités culturelles des mères
12Les observations qui suivent ont pour but d’éclairer les processus à l’œuvre dans nos consultations, lorsque nous faisons appel à un savoir culturel au service des facultés de portage du bébé par la mère. Cette mise en exergue ne doit pas oblitérer le travail psychique entrepris comme dans toute psychothérapie.
Première observation
13Lucia est une jeune femme brésilienne, noire de peau, ses cheveux lissés, ramassés en une queue de cheval. Ce qui frappe chez elle, c’est son visage triste, ses traits immobiles, sauf quand la douleur lui fait plisser ses yeux embués de larmes. À notre première rencontre, elle a sur les genoux une minuscule petite fille, profondément endormie, le visage tranquille, un sourire aux anges de temps en temps. Elle est blottie contre le corps statufié de sa mère, sur une jolie couverture blanche et brodée. Lucia pleure beaucoup, mais elle ne sait pas vraiment pourquoi, elle n’arrive pas à circonscrire de mots sa tristesse océanique. Elle a tant de raisons pour être triste, triste d’un passé d’orpheline dont les seuls souvenirs d’enfance sont ceux d’un orphelinat où elle n’a jamais joué ; triste d’un futur bouché, abandonnée par un homme qui l’a laissée sans logement et sans papiers. Triste de tant d’autres choses violentes et injustes… Pendant la consultation, nous nous attardons à lui demander les soins que l’on prodigue aux bébés au Brésil ; elle les connaît et nous les énumère : garder le cordon ombilical séché que l’on colle dans l’album de photo ; donner le bain et masser le corps ; bercer et chanter. Lucia fait tout cela pour sa fille avec toute sa tristesse. À la fin de la consultation, comme pour répondre concrètement à nos questions, elle demande à son amie d’entrer dans la pièce, amie qu’elle connaît depuis l’enfance et chez laquelle elle a trouvé refuge. L’amie, une jeune femme brésilienne, le teint clair, parle longuement du bébé : « C’est un cadeau », dit-elle. Et de nous raconter comment elle essaie de rassurer Lucia, elle l’aide à s’occuper de la minuscule petite fille. Les deux femmes nous invitent à un rituel : elles nous demandent d’inscrire une phrase sur un petit livre rose où ont écrit tous ceux et celles qui ont été importants au moment de la naissance de l’enfant. Puis elles insistent pour prendre une photo ! La consultation se finit dans les rires et la joie, Lucia a enfin souri.
Seconde observation
14Catherine, Albanaise du Kosovo, vient à la consultation avec sa petite fille nouveau-née. Elle a un visage déformé de douleur et de tristesse. La possibilité d’utiliser sa langue lui permet de nous expliquer avec peine sa destinée brisée par une mafia qui a saccagé sa vie : refusant une alliance avec un de ses hommes, elle a exposé sa vie et son entourage à des représailles d’une grande violence qui lui coûta une partie de son intégrité. Fuyant avec son mari, elle se retrouva en exil. Catherine est grande et belle. Malgré un visage ravagé par la douleur, on devine une jeune femme éduquée et volontaire. Elle affirme avoir passé sa grossesse à pleurer.
15Ce jour de consultation, elle est devant nous, le bébé dans la poussette. La petite fille se met à pleurer, de longs pleurs que la mère n’arrive pas à arrêter. Elle berce nerveusement l’enfant dans ces bras ; ce bercement perd à notre sens toute dimension calmante. La mère semble débordée. Tout en parlant, l’une d’entre nous prend l’enfant dans les bras et, debout, reprend le bercement. Nous proposons à la mère de chanter. Surprise, elle dit ne pas savoir. Nous demandons alors à l’interprète qui, d’abord un peu gênée puis encouragée par nous, entonne et fredonne une berceuse que reconnaît la patiente. Le bébé se calme. L’atmosphère tourne à la gaieté, la conversation semble tourner au piaillement et, à notre tour, nous fredonnons une berceuse en français pour le bébé apaisé. Catherine est étonnée de voir son bébé se calmer « en chanson ».
Mémoire corporelle mémoire culturelle
16Dans chacune des consultations, nous pouvons ainsi faire appel à la mémoire corporelle de la mère, déposée en elle depuis l’aube de sa vie, et transmise en génération en génération.
17Les techniques de la naissance et de l’enfance font partie des techniques du corps décrites par Mauss (1950) : ce sont des techniques traditionnelles transmises par l’éducation, qui utilisent le corps comme instrument. Depuis, l’anthropologie de l’enfance s’est préoccupée de la grossesse et des pratiques de maternage. Comment les pratiques de soin et de maternage sont-elles transmises [4] ? Hélène Stork (1999), plus pragmatiquement, a essayé de décrire différents stades d’apprentissage maternel : le premier s’effectue quand la mère est encore un bébé ; « l’apprentissage kinesthésique primaire » est une « incorporation » des gestes et postures prodigués par la mère à son enfant. Il se transmet par la voie des sensibilités kinesthésique et cénesthésique. Le deuxième stade est celui de l’apprentissage par l’observation ou l’injonction au sein de la famille élargie, la future mère, encore enfant, ayant l’occasion de s’occuper de plus petits ou bien de jouer à la poupée. Le troisième stade intervient après l’accouchement quand la mère reçoit une aide et des conseils venant soit des professionnelles en Occident, soit des autres femmes (mère, belle-mère, matrone) dans d’autres sociétés. Les compétences maternelles ne sont ainsi pas seulement psychologiques mais également corporelles : elle utilise la culture pour porter son bébé et elle est aussi le vecteur de cette culture.
18D’un point de vue psychologique, la nouvelle mère, à la naissance de son enfant, se trouve dans un état mental inédit de remémoration de ses premières expériences de maternage, où vivent les deux faces de l’interaction qu’elle a connues avec sa mère : d’un côté elle « revit » son expérience en tant que bébé, et de l’autre elle, « revit » empathiquement celle de sa mère.
19D’un point de vue anthropologique, on peut dire que la mère rejoue ce qu’elle a déjà perçu avant, et en rejouant, elle mime et elle invente.
20Notre expérience nous permet de faire l’hypothèse suivante : la mise en route de ce « re-jeu » ou de cette remémoration se fait pour le meilleur en présence d’un autrui bienveillant. La solitude et la douleur freinent ou empêchent cette possibilité.
L’atelier « Accueil du nouveau-né »
21Pour les mères très souffrantes et isolées, nous avons ainsi imaginé un atelier où un thérapeute rassemble, dans un dispositif polyglotte, des femmes de trajets migratoires différents, avec pour but de leur proposer des façons de faire, des pratiques de maternage comme les berceuses, les contes et les comptines, leur fournissant des moyens pour s’occuper de leur enfant. En effet, les berceuses, les contes et les comptines, font partie des objets culturels que chaque puériculture propose, dans des expressions diverses. De même la façon de nommer, laver, porter, nourrir…, un enfant recevra des réponses différentes selon les cultures.
22L’hypothèse est que les objets culturels proposés, les berceuses, jeux d’enfant et comptines, les massages…, permettent des expériences sensorielles, affectives et corporelles qui réactivent la mémoire implicite et permettent aux mères de puiser dans leur propre histoire les ressources nécessaires pour le soin de leur bébé. Le mimétisme présent dans le groupe amplifie ce mouvement personnel. Ainsi, par l’emprunt de pratiques proposées et élaborées par le groupe, dans un bain linguistique familier, comportant la langue maternelle, et par l’utilisation de ses ressources mémorisées, les femmes s’approprient des techniques, des façons de faire, des gestes, composant les prémisses d’une culture métissée. Sur ces interactions corporelles et culturelles, vont se déployer toutes les autres interactions affectives et psychiques dont le bébé a besoin pour grandir.
23Ce dispositif vient en complémentarité des consultations mère-bébé. L’atelier est préconisé lorsque nous craignons ou observons un dysfonctionnement de la relation et que la mentalisation maternelle et les interactions sont pauvres. Surtout, leur environnement n’encourage pas l’harmonie mère-enfant : la mère est alors en proie à des problèmes matériels qui gênent la relation avec le bébé.
24L’atelier s’adresse aux parents, mais dans l’expérience, seules les mères sont présentes. Les parcours migratoires sont variés, les problématiques personnelles également. Le but de l’atelier (outre l’hypothèse formulée plus haut) sera de parler à l’enfant et de l’enfant, de permettre l’enculturation de pratiques de maternage associées avec d’autres, celles de la culture d’accueil, de mettre la mère en contact avec le réseau d’entraide, et de faire des liens avec la consultation transculturelle. Une première expérience a fait l’objet d’un premier travail de recherche (Pehau-Guira, 2011), avec des résultats qui nous encouragent à poursuivre cet atelier et à approfondir les recherches.
En conclusion : de quelques hypothèses sur la toute petite culture
25Notre expérience de soin auprès des femmes migrantes permet de reconstruire ce qui existe chez toute femme lors de la naissance d’un enfant, quand elle mobilise sa mémoire corporelle en s’appuyant sur ses dispositions psychiques et groupales. Si le contexte est vulnérabilisant, les difficultés apparaissent d’autant plus qu’elles se conjuguent avec une souffrance psychique, comme nous l’observons chez les femmes que nous soignons.
26Nous ferons pour finir quelques hypothèses qui sont le fruit de notre réflexion, forcément inachevée, mais qui se prolonge vers des recherches en cours sur l’importance de cette culture des « petits riens ».
27Ainsi, l’objet culturel utilisé lors des ateliers permet une mobilisation de la chaîne associative de représentations de plus en plus complexes, corporelles, affectives et symboliques. La mémoire corporelle permet un re-jeu qui répète et crée du nouveau. Le chant par les berceuses amène une régression maternelle qui restaure les enveloppes sonores et culturelles susceptibles d’avoir été mises à mal dans la migration.
28La relation de la mère migrante et de son bébé va ainsi se construire dans un métissage des pratiques, des images et des objets. Cette expérience soignante, loin de reléguer l’autre dans une différence excluante, voire stigmatisante, ou une solitude appauvrissante et délétère, nous enrichit et nous permet de cocréer, pour vivre dans un monde riche et métissé, où chacun pourra interpréter et réinterpréter le monde selon son imaginaire.
Bibliographie
Bibliographie
- Devereux, G. 1972. Ethnopsychanalyse complémentariste, Paris, Flammarion, 1985.
- Gioan, E. ; Mestre, C. 2011. « Maternité et migration, un travail en réseau, un exemple à la maternité de Bordeaux », dans Parents et bébés du monde, Rituels et premiers liens, Toulouse, érès, coll. « Les dossiers de Spirale ».
- Lallemand, S. 1991. Grossesse et petite enfance en Afrique noire et à Madagascar, Paris, L’Harmattan.
- Mauss, M. 1950. Sociologie et anthropologie, Paris, Puf.
- Mestre, C. 2000. « Mémoire du corps », L’Autre, Cliniques, cultures et sociétés, n° 1, p. 109-119.
- Mestre, C. 2004. « Mettre au monde loin de sa mère », L’Autre, Cliniques, cultures et sociétés, vol.5, n° 3, p. 451-454.
- Mestre, C. 2006. « Grossesse et naissance en migration, la solitude des femmes », Champs, Constantine, Algérie, vol. 2, p. 21-29.
- Moro, M.R. 1998. Psychothérapie transculturelle de l’enfant et de l’adolescent, Paris, Dunod.
- Moro, M.R. 2002. Parents en exil. Psychopathologie et migrations, Paris, Puf.
- Moro, M.R. ; Mestre C., Real, I. 2008. « Approche transculturelle de la périnatalité », dans M. R. Moro, D. Neuman, I. Real, Maternités en exil, Mettre des bébés au monde et les faire grandir en situation transculturelle, Paris, La pensée sauvage, p. 15-38.
- Pehau-Guira, M. 2011. Relations précoces parent-enfant vulnérables dans un contexte migratoire, exemple d’un groupe thérapeutique transculturel avec objets culturels, thèse psychiatrie, Université Bordeaux-2.
- Serres, M. 1999. Variations sur le corps, Paris, Le Pommier.
- Stork, H. E. 1999. Introduction à la psychologie anthropologique, Paris, Armand Colin.
- Winnicott, D.W. 1957. « Le monde à petites doses », dans L’enfant et sa famille, Paris, Payot, 1979.
- Winnicott, D.W. 1992. De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris, Payot.
Notes
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[1]
Nous renvoyons le lecteur aux travaux princeps de Marie Rose Moro (1998 ; 2002) et aux écrits conjoints Moro, Mestre (2009).
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[2]
Jacqueline Rabain, Suzanne Lallemand, Doris Donnet, pour ne citer que les anthropologues les plus connues en France, ont rassemblé un énorme corpus dans ce domaine. En 1991, un ouvrage collectif (Lallemand, Journet, Ewombé-Moundo et coll.) rassembla des articles sur la grossesse et la petite enfance en Afrique noire et à Madagascar, visant à rendre compte de la complexité et de la cohérence des comportements autour de la grossesse et de l’enfant, et à dégager un domaine susceptible d’intéresser des spécialistes des sciences médicales, psychologiques, anthropologiques, etc.
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[3]
Des auteurs comme Blandine Bril et Hélène Stork, venant de la psychologie, ont fait des études transculturelles sur le portage, décrivant divers styles de portage (proximal et distal) et mettant l’accent sur la corrélation entre les comportements de maternage et les représentations qui leur sont sous-jacentes.
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[4]
Des anthropologues se sont penchés de façon générale sur ce que j’ai appelé la mémoire du corps (Mestre, 2000), le corps étant le support de la transmission intergénérationnelle de pratiques culturelles. En effet, comme le fait remarquer le philosophe Michel Serres, le corps exécute des tâches plus ou moins compliquées… sans y penser et encore moins en lui donnant des ordres. « L’apprentissage enfonce les gestes dans le noir du corps » (1999, p. 58). Par quel canal le corps fait-il l’apprentissage de pratiques qu’il utilise sans effort ? Comment le corps engramme-t-il des systèmes complexes qui sont transmis de génération en génération ? Dans la définition de Bourdieu de « l’habitus », le corps a aussi une place centrale, au sein duquel sont déposés des schèmes de pensées, de perception d’appréciation et d’action. Quelle que soit la théorie, il semble bien que la culture précède donc le corps, elle l’utiliserait pour se transmettre à son insu.