Notes
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Il s’agit d’un aspect échographique anormal du flux artériel utérin, traduisant une résistance élevée de l’artère qui va perturber les échanges materno-fœtaux (NDLR).
1Au fil des mois, le verdict est tombé, implacable : retard de croissance du fœtus ou hypotrophie fœtale. La raison ? Elle reste difficile à déterminer mais peut être liée à plusieurs facteurs. Dans mon cas, ce retard de croissance était lié, d’une part, à un nutch [1], et d’autre part, au fait que peut-être je ne mangeais pas en quantités suffisantes. Prescription : manger au moins un féculent par jour pour essayer de faire grossir le fœtus. D’un autre côté, ni mon mari ni moi n’étions de gros gabarits à la naissance (3,1 kg).
2Peu inquiétés par cette annonce au départ, nous avons été alarmés par le gynécologue au fur et à mesure que le temps passait. J’ai fini par culpabiliser. Puis j’ai relativisé quand, autour de moi, beaucoup d’amies avaient accouché de touts petits gabarits sans jamais avoir été alertées par un quelconque problème de retard de croissance.
3Suite à ce constat, ma grossesse a été suivie de très près afin de contrôler régulièrement la prise de poids du bébé et sa croissance. L’échographie du troisième trimestre a montré un fœtus à 2,2 kg : il lui manquait facilement 300 à 500 g.
4Pendant les deux derniers mois, j’ai dû contrôler la croissance du fœtus tous les quinze jours et réaliser des monitorings tous les deux jours. Mis à part le faible poids du bébé, tout était absolument normal. Ce qui était rassurant.
5Comme le fœtus ne grossissait pas suffisamment proportionnellement à ce qui était attendu (il était dans le 5e percentile : 95 % des fœtus étaient donc plus gros que le mien à période comparable), la décision de faire sortir le bébé le plus tôt possible, afin de le faire grossir à l’extérieur, est devenue évidente, voire une priorité, puis une urgence selon mon gynécologue.
6À la 39e semaine de grossesse, la détermination de mon médecin à programmer une césarienne d’urgence est tombée comme un couperet et nous a surpris (ceci sans attendre les résultats de la dernière échographie) : décision que mon mari et moi avons immédiatement remise en question. Pourquoi faire une césarienne dans l’urgence alors que personne ne semblait inquiet quant à ma situation et que tous les signaux étaient au vert ?
7À ce moment-là, je n’étais malheureusement pas « déclenchable » : mon col était fermé. La seule solution pour sortir le bébé était donc par césarienne. Mais pourquoi le faire aussi précipitamment ? Confiants, nous étions étrangement très calmes et sûrs que cette décision n’était pas la bonne. Intuition féminine ?
8Nous avons donc voulu comprendre où placer le curseur entre l’urgence et le risque réel de la situation versus un arrangement pour le gynécologue (maîtrise de son emploi du temps et honoraires supplémentaires ?).
9Une césarienne n’est pas un acte anodin contrairement à ce qu’il semblait nous faire comprendre, et je souhaitais accoucher par voie basse si la situation le permettait. Le médecin n’a pas compris que nous ne suivions pas sa recommandation et que nous remettions en cause son avis d’expert. Nous lui avons tenu tête : il n’avait jamais vu ça auparavant. Surtout que beaucoup de femmes ont tendance aujourd’hui à réclamer une césarienne pour diverses raisons de confort.
10Mon gynécologue ne voulait pas attendre plus longtemps et nous a signifié qu’il ne prendrait pas le risque de m’accoucher si nous prenions la décision d’attendre que mon col s’ouvre pour vivre un accouchement naturel. Nous n’avons pas apprécié cette remarque (chantage ? pression ?).
11Le dossier en poche, nous sommes donc allés consulter d’autres experts et avons demandé ainsi d’autres avis : pas question de suivre la décision de mon gynécologue les yeux fermés sans comprendre si cette césarienne était vraiment nécessaire. D’autant plus que la clinique où j’ai accouché est connue pour recommander et favoriser les césariennes… Toutes ces informations mises bout à bout nous ont alertés.
12En consultant un premier expert, il s’est avéré que mon col était devenu perméable : je devenais donc « déclenchable » pour un accouchement par voie basse ! La césarienne n’était plus du tout justifiée. Seul risque : que le bébé soit trop faible pour supporter les contractions et qu’une césarienne devienne donc nécessaire, en urgence.
13Aucune précipitation ni inquiétude n’a été exprimée avec autant de fermeté par les autres experts consultés, ce qui nous a confortés dans notre motivation de ne pas nous précipiter pour programmer cette césarienne. Ils étaient toutefois d’accord pour dire que ça ne servait à rien de laisser le bébé à l’intérieur puisqu’il ne grossissait pas.
14Nous n’avions fondamentalement aucun problème pour faire sortir le bébé avant le terme prévu, mais nous ne voulions pas le faire par césarienne sans comprendre les tenants et les aboutissants de ce choix.
15Mon col s’étant ouvert, nous avons donc négocié mon accouchement avec mon gynécologue : nous étions d’accord pour faire sortir le bébé rapidement mais sans césarienne et tenter ainsi un accouchement par voie basse. Il a programmé le déclenchement deux jours plus tard (restant persuadé qu’une césarienne serait tout de même nécessaire au cours de l’accouchement).
16Résultat : tout s’est merveilleusement bien passé, rapidement et par voie basse. La crevette est née (2,4 kg) avec douze jours d’avance sur la date prévue d’accouchement, extrêmement vive et en excellente forme. Mon gynécologue était réellement inquiet quant au risque de la situation et préférait prévenir que guérir…
Notes
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[1]
Il s’agit d’un aspect échographique anormal du flux artériel utérin, traduisant une résistance élevée de l’artère qui va perturber les échanges materno-fœtaux (NDLR).