Couverture de SPI_058

Article de revue

Ouverture

Pages 11 à 15

1Dans la série La grande aventure de Monsieur Bébé, voici l’épisode « Bébé part en vacances ». Les vacances d’un bébé requièrent-elles, en effet, quelques aménagements particuliers ? Nous aimerions que les parents et les professionnels retrouvent et découvrent le sens, la valeur et la portée du mot vacance(s) dans la vie d’un bébé, dans la vie de leur bébé, dans leur vie avec un bébé. Plusieurs acceptions du mot vacance sont ainsi réunies et distinguées. Qu’est-ce qu’être en vacances, aux différents âges de la vie ? Peut-on vivre sans ?

2Les parents qui partent en vacances avec leur bébé ont à prévoir tout ce qu’il faut emporter. Tous les jeunes parents connaissent ce phénomène physique étrange : la taille de la valise est inversement proportionnelle à la taille de son titulaire ! Que mettre dans la valise de bébé ? Convient-il de partir avec mille et une choses ? Que dire aussi des vacances sans bébé, lui-même vivant les siennes ailleurs ? Certains parents vivent tendus à l’idée de partir en vacances, laissant leur bébé à leurs propres parents ou à des amis. D’autres n’osent pas partir ou se sentent coupables de le faire. Mais certains bébés aiment bien aller en vacances, même si, au début, ils sont un peu perdus. Ils cherchent leurs repères en un lieu nouveau. Ils sont dans l’attente plus ou moins anxieuse du retour de leurs parents. Les vacances de Monsieur Bébé requièrent la confiance des parents et du bébé à l’égard des personnes à qui il est confié. Des enfants, des parents et des grands-parents témoignent ici de leurs expériences vécues.

3Quels moyens de transport utiliser ? Séjour à la mer, à la montagne, à la campagne ou à la ville ? À quel âge, où et comment ? Des praticiens, pédiatres notamment, indiquent ce qu’il convient de faire d’un point de vue concret.

4Pour le bébé allant en vacances, qu’est-ce que le temps et l’espace ? Qu’est-ce que changer de rythme, d’environnement, là où se profilent une variété de lieux et une variation de liens ? Quels souvenirs de vacances pour un bébé ? Gardons-nous le souvenir de nos propres vacances de bébé, avec nos parents ou en dehors d’eux ? Quel imaginaire des vacances le tout-petit construit-il et construisons-nous pour lui ?

5Ceux qui accueillent bébé en vacances : grands-parents, grands frères ou grandes sœurs, autres parents, amis, lieux de vacances offrant des séjours à des tout-petits, camping ou résidence, hôtel, etc., et les personnes qui l’accompagnent sont aussi concernés. Des professionnels engagés dans l’accueil communiquent leurs réflexions.

6Comment ménager le temps des retrouvailles et la reprise du contact lors du retour ? Comment les parents retrouvent-ils leur petit après cette séparation ? Comment se vit et s’est vécue cette absence pour eux-mêmes et pour leur bébé ? Nous abordons les soucis et les joies liés à l’accueil d’un bébé en vacances.

7À l’approche des gens de métier se relient l’expérience vécue des parents et celle des accueillants sous forme de témoignages évoquant les lieux et les liens. Pour éviter l’inflation des bagages et le coffre qui déborde, Spirale vous offre cette série de petits textes, recherches, expériences, conseils pratiques, enfin, tout pour « optimiser » les vacances de Bébé… et celles de ses parents. Ce dossier se veut utile et ludique, grave et réfléchi, évocateur et suggestif.

8Dans ce numéro de Spirale, nous vous convions à une balade champêtre à travers un florilège de textes ; un séjour « montagneux » parfois à risque, à l’instar des aléas pouvant surgir dans les pérégrinations d’un bébé ; c’est un repos de bord de mer sur la plage d’expériences diversifiées et singulières…

9Sans prétendre être exhaustifs, nous espérons en dire suffisamment afin que chacun puisse inventer son style et promouvoir l’originalité de sa pratique des vacances avec son bébé.

10Il y a déjà tant de destinations où se rendre, tant de sites à découvrir avec lui ! Mais à quoi nous servirait de parcourir le monde si nous n’avions pas déjà rencontré notre bébé, si nous partions au loin, voire très loin, pour, en fait, nous éloigner les uns des autres ? La rencontre dans la coprésence est un si beau voyage qu’il n’est point nécessaire d’aller sur la lune pour exister sur le sol fertile de notre planète. Nous nous réjouissons de l’empreinte que laisse en nous le paysage d’un sourire, tout à la surprise de notre être-là avec lui, existant. Car, un bébé, comme tout sujet humain, n’a pas seulement à être, il a aussi à exister, c’est-à-dire à sortir hors soi pour se tenir au monde.
Justement, la plupart du temps, nous allons en vacances hors de chez nous, ailleurs. Nous disons « partir en vacances ». Et si notre narcissisme semble ressuscité dans la personne de notre bébé, sa présence nous enjoint de sortir de nous-mêmes. Elle nous porte vers l’autre qu’il est et les autres qui nous entourent de leur présence. Au fait, les vacances d’un bébé existent-elles vraiment ? Bien sûr, nous allons en vacances avec ou sans lui. Cependant, nous ne saurions prendre congé de sa présence, celle que ses sourires ou ses pleurs entretiennent en nous, celle de sa joie de battre des mains ou de jeter les objets par-dessus bord, ces gestes étant une forme de jeu. Souvent, nous faisons preuve de clémence au cours des vacances, car nous recherchons une paix qui nous donne l’espace vécu d’une trêve.
La culture des vacances ne saurait être une vacance de toute culture. Un bébé, en effet, doit naître à l’environnement dans lequel il naît : le bain du langage, les paroles des humains, l’expérience culturelle, toute forme de présence qui ne laisse pas prise à une vacance relationnelle et ne donne pas congé à la rencontre. Prendre congé de quelqu’un veut dire le quitter, lui dire au revoir. Un congé est, étymologiquement, une permission d’aller et de venir. Tout au contraire, la période temporaire des vacances de ceux qui entourent un bébé peut être l’occasion d’une relation renouvelée de tranquillité, régénérée par l’altérité d’autres sites, d’autres territoires et d’autres personnes. Nous disons au retour combien bébé a changé. Prévaut alors un autre sens du mot « congé », quand il désigne en architecture une moulure creuse servant d’adoucissement à la rencontre de deux surfaces. Nous pouvons nous confier à des vacances qui nous mettent en contact les uns avec les autres, à nouveau, autrement et de façon propre à entretenir notre vie de relation avec un bébé. Cela ne devrait connaître aucune vacance…

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