Notes
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[2]
Groupe de recherche et d’étude sur la naissance et le nouveau-né.
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[3]
Sans parler de Maurice Titran à Roubaix, d’Albert Grenier à Bayonne, de Berry Brazelton aux États-Unis, de Jean-Claude Risse et Jacqueline Ricardou à Sens, de la clinique des Lilas à Paris et de bien d’autres… On ne peut malheureusement pas tous les citer.
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[4]
Capacité d’empathie dont seul un faible nombre de psychopathes seraient totalement dépourvus, et qui se répartirait chez les autres humains selon les courbes de Gauss, d’ailleurs décalées selon le sexe, les femmes montrant statistiquement (et uniquement statistiquement) plus d’empathie que les hommes, différence qui d’ailleurs s’atténue avec l’âge (cf. F. de Waal, L’âge de l’empathie, Paris, éditions Les Liens qui Libèrent, 2010, p. 106-107, 306 et suiv.).
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[5]
Stanley Milgram a mené ses expériences sur la « soumission à l’autorité » au début des années 1960, à l’université Yale. Une méthodologie semblable a été reprise dans l’émission télévisée de France 2 « Le jeu de la mort » du 17 mars 2010.
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[6]
F. Leboyer, Pour une naissance sans violence, Paris, Le Seuil, 1974.
-
[7]
Il ne s’agit pas de discuter ici l’intérêt diagnostique, pédiatrique, de la recherche du réflexe de Moro (voir par exemple : http://www.youtube.com/watch?v=FAsauSoOkC4) mais de veiller à nos gestes lors de l’accouchement pour éviter de déclencher involontairement une réaction inutile et manifestement pénible.
-
[8]
Je n’insiste pas ici sur le bain pour lequel il faudrait si possible suivre réellement ce que nous montre Leboyer dans son film, notamment cette restriction initiale de l’espace laissé au bébé qui, sinon, panique. Cette restriction est ensuite peu à peu élargie en fonction de ses réactions, et on peut souvent assister alors à son épanouissement tranquille.
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[9]
Ce qui, sans porter de jugement, n’était probablement pas au premier rang des intentions de Leboyer.
-
[10]
Étant chef de service, j’ai pu impulser cet aménagement à la maternité de l’hôpital d’Auxerre entre 1979 et 1985, mais ce fut malheureusement impossible ultérieurement, dans un autre hôpital, où je n’avais pas la même position et où les résistances étaient fortes.
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[11]
Notamment les travaux de Gottlieb aux États-Unis et de Guyomarc’h à Rennes.
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[12]
E. Herbinet et J.-M. Vidal, « De l’animal à l’homme, naissance et adoption », dans A. Bouchard-Goudard et D. Rapoport (sous la direction de), Origines, « Les cahiers du nouveau-né », n° 7, Paris, Stock/Laurence Pernoud.
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[13]
Il semble que, jadis, l’enfant n’était pas porté sur les fonts baptismaux par ses parents mais par un tiers, souvent la sage-femme, une matrone, et qu’il n’était rendu à sa mère qu’après la cérémonie. Mais les parents supportaient probablement mal cette mainmise d’un tiers sur leur bébé. Alors, « par humanité », on leur a un jour accordé de pouvoir tenir leur enfant du début à la fin. Ainsi, il n’est pas exclu que des gestes symboliques importants puissent être vidés de leur substance « par gentillesse » (il faudra demander à des amis historiens de mieux préciser cette évolution). Des constatations comparables peuvent être faites autour des rites de deuil dont, pour ne pas les choquer, « par humanité », on a pu parfois récemment écarter les enfants.
1L’aube des sens, numéro 5 de la série « Les cahiers du nouveau-né », a été publié en 1981 aux éditions Stock, dans une collection dirigée par Laurence Pernoud. Le livre a connu de nombreuses rééditions dont une neuvième, très remaniée, en 1991. Près de 40 000 exemplaires ont été vendus au total. Stock a arrêté les réimpressions en 2006 mais, devant la demande des lecteurs, nous avons créé récemment un site Internet où L’aube des sens est intégralement disponible en téléchargement gratuit [1].
2Le comité de rédaction des « Cahiers du nouveau-né » était une équipe pluridisciplinaire issue du grenn [2], formée de psychanalystes ou psychologues : Anne Bouchart, Marianne Herbinet-Baudouin, Laurent Levaguerèse, Danielle Rapoport et Bernard This, d’accoucheurs : Bernard Fonty, Étienne Herbinet, Jean-François Husson, Michel Odent, d’un médecin généraliste et pédiatre : Catherine Dolto, de chercheurs en physiologie : Marie-Claire Busnel et Charles Cohen-Salmon, équipe à laquelle se joignaient ponctuellement d’autres spécialistes.
3Les années 1970 avaient été très actives en recherches et en débats dans tous les domaines : psycho-prophylaxie obstétricale ou accouchement sans douleur, obstétrique universitaire avec l’apparition de la péridurale, du monitoring, de l’échographie, de la biologie fœtale, des recherches sur la prévention de la prématurité et, dans une autre dimension, les recherches de Bernard This et de Frédérick Leboyer sur l’accueil du nouveau-né [3], avec les intenses controverses qui ont suivi. Nous y reviendrons…
4Notre équipe n’était évidemment pas opposée à l’intégration de vrais progrès médicaux dans la pratique obstétricale et néonatale, tout en étant très critique à l’égard d’une hypermédicalisation galopante qui était loin d’être toujours fondée sur des démarches rigoureuses, mais plutôt sur des approximations scientistes, des glissements, des extrapolations abusives sur le détail desquelles je ne peux m’étendre ici.
5En outre, il est clair que l’obstétrique universitaire ne tenait compte que des connaissances médicales, techniques, et ignorait complètement d’autres sources de connaissances, tout aussi sérieuses, comme celles que nous apportaient, du monde entier, des psychiatres ou psychanalystes spécialistes de la toute petite enfance, des éthologues étudiant l’espèce humaine, et divers spécialistes ayant, par exemple, travaillé sur l’allaitement, y compris dans le cadre de l’oms…
6Aux « Cahiers du nouveau-né », forts de nos convictions et de nos diverses pratiques cliniques, nous étudiions les travaux provenant de ce dernier courant, et nous nous efforcions de les faire connaître et de souligner leur importance pour réintroduire la dimension humaine, relationnelle dans l’obstétrique, pour tenter d’y trouver un équilibre entre sécurité et humanité.
7Mais on nous objectait régulièrement que cette modification de l’état d’esprit et des gestes que nous proposions autour de la naissance n’avait guère d’intérêt étant donné l’absence de sensibilité du nouveau-né et son incapacité relationnelle.
8C’est pourquoi, en 1979, alors que le premier numéro des Cahiers, Naître… et ensuite ?, était déjà paru, et lorsque Marie-Claire Busnel, chercheur en physiologie acoustique périnatale et membre très actif de notre équipe, a émis l’idée d’un numéro qui serait consacré aux capacités sensorielles néonatales et même fœtales, en demandant des contributions aux multiples physiologistes, psychologues expérimentaux, embryologistes qu’elle connaissait dans le monde entier, nous avons été immédiatement intéressés. Cela rencontrait bien notre démarche de recherche habituelle : réunir des connaissances pour d’abord nous informer nous-mêmes et mieux comprendre ; ensuite, si la moisson était intéressante, en faire part à un plus large public.
9Je m’y suis fortement impliqué en codirigeant, avec Marie-Claire, l’élaboration de ce numéro. Ce travail a été pour moi une source d’émerveillements lors de plusieurs interviews de chercheurs, lorsque je découvrai à la fois leurs résultats et l’ingéniosité qu’ils avaient dû mettre en œuvre pour recueillir des données fiables chez de si petits enfants (à peine nés ou même encore in utero) et aussi l’immense patience qu’ils avaient dû déployer.
Signalons aussi que, alors même que le tact est le premier sens à devenir fonctionnel pendant la vie prénatale, nous ne disposions pas de beaucoup d’informations scientifiques sur cette modalité sensorielle. Ce fut l’occasion de donner une place à l’haptonomie en tant que contact tactile et relationnel avec l’enfant avant sa naissance. Cela a été fait sous les plumes de Bernard This et de Catherine Dolto qui se sont ensuite pleinement investis dans cette discipline. C’était la première fois que le grand public entendait parler d’haptonomie.
Une fois tous les textes réunis et avec un peu de recul, j’ai été frappé par le nombre d’articles soulignant que des stimulations sensorielles périnatales étaient indispensables pour le développement correct des fonctions sensorielles correspondantes, et parfois même, des organes. D’autre part, dans ce cadre, certains textes attiraient l’attention sur la notion d’optimum de stimulations : ni trop peu (carence), ni trop (et ce versant est moins connu ou moins intégré). Certes, on peut parfois obtenir une amélioration de performances avec des hyperstimulations, mais cela risque fort d’être au détriment d’autres capacités.
Un moteur pour des progrès dans l’humanisation de certains soins ?
10On nous a dit plus tard que L’aube des sens avait contribué, parmi d’autres facteurs, à faire prendre conscience à certains pédiatres et néonatologistes de la sensibilité du nouveau-né et donc de sa capacité à ressentir la douleur, et donc de souffrir lors de soins invasifs. Cette prise de conscience aurait participé à une adaptation des soins de pédiatrie hospitalière afin qu’ils soient moins pénibles pour les enfants.
11À vrai dire, cela m’étonne qu’on puisse penser qu’un tel livre ait été nécessaire pour que des médecins ou des infirmières prennent conscience qu’un bébé est susceptible de ressentir la douleur. C’était forcément évident pour tout clinicien…
12Or, dans mon expérience hospitalière, j’ai été frappé par le fait que certains praticiens ou certaines infirmières étaient capables d’infliger des soins très douloureux à des patients, sans paraître en être eux-mêmes incommodés, sans modifier immédiatement leur façon de faire pour réduire cette souffrance, par une anesthésie ou une analgésie par exemple.
13À l’opposé, il est certain que certaines équipes faisaient tout leur possible pour éviter que les enfants n’aient trop peur avant d’être endormis pour une intervention et pour leur éviter des souffrances inutiles. Je pense, par exemple, au service de chirurgie infantile de Denys Pellerin aux Enfants-Malades où j’étais interne en 1971 et où je travaillais avec Claire Nihoul Fékété ; les chirurgiens, anesthésistes et infirmières s’efforçaient d’éviter au maximum la peur et la souffrance aux enfants. Ceci se passait donc dix ans avant L’aube des sens et ce service n’était certainement pas le seul à porter attention à la souffrance de ses petits patients.
14Qu’est-ce qui fait la différence entre ces soignants dans leur attitude envers la souffrance d’autrui ? Cette interrogation touche à la nature même de l’être humain et m’interpelle profondément. Frans de Waal donne quelques réponses autour de la capacité d’empathie, issues de ses travaux et de la littérature [4]. Les expériences de Milgram sur la soumission à l’autorité posent encore d’autres questions [5].
Cette diversité des comportements humains et ces incertitudes justifient en tout cas complètement, à mon sens, le programme ministériel de lutte contre la douleur dans les structures de soins, mis en place ces dernières années, programme qui est efficace. Certes, comme nous l’avons vu, certains soignants ne l’ont pas attendu pour respecter la sensibilité de leurs patients, mais ces directives imposent à d’autres, qui y seraient moins attentifs ou bien qui auraient trop fermé la porte à leur empathie, un cadre précis et contraignant où il est obligatoire d’évaluer la douleur du patient selon une échelle subjective, de noter le résultat sur l’observation et d’en déduire si besoin une prescription qui sera, elle aussi, notée. Nous ne sommes plus ici au niveau de l’information, comme ce que proposait L’aube des sens, mais d’un encadrement incontournable qui permet, à mon avis, un progrès de civilisation.
La naissance sans violence
15Dans les années 1960, lorsque l’enfant naissait, nous n’étions pas choqués que la sage-femme ou l’auxiliaire de puériculture le saisisse par une cheville (on le tient bien, ça ne glisse pas), tête en bas (c’était peut-être dans l’idée de favoriser le premier cri et la respiration), qu’on coupe le cordon qui se tendait entre lui et sa mère, qu’on l’emmène immédiatement, hurlant, vers une pièce voisine pour le désobstruer, le tester, le mesurer, le peser, l’emmailloter – toujours hurlant –, pour le mettre au chaud dans un berceau chauffant. On ne le ramenait à sa mère que quelques heures plus tard. Et les séparations continuaient en suites de couches, la mère n’ayant pas le droit de prendre elle-même son bébé dans son berceau, derrière la vitre qui l’en séparait, même si elle l’allaitait et qu’il hurlait. C’était l’habitude. C’est comme ça qu’on avait coutume de faire.
16Frédérick Leboyer [6] a attiré notre attention sur cette violence. Il nous a montré qu’il était possible d’accueillir le nouveau-né de manière plus humaine, avec davantage de respect. Parmi bien d’autres accoucheurs, j’ai eu la curiosité de voir de quoi il s’agissait, d’essayer… Et ma pratique a définitivement changé…
17Il ne s’agit pas d’une « méthode », comme on l’a tant entendu dire, mais d’une attention clinique attentive et empathique portée sur l’enfant et ce qu’il exprime. Lorsqu’il naît, on découvre ses crispations sous la lumière aveuglante du scialytique et on détourne alors cette lumière. On découvre sa panique devant un « mouvement d’ascenseur » brusque (équivalent du réflexe de Moro [7]) et on veille à bannir désormais ce genre de mouvements. On le dépose doucement sur le ventre de sa mère, on le couvre, on s’assure qu’il n’a pas froid, qu’il est bien coloré. On écoute attentivement sa respiration. S’il crie néanmoins, on cherche à savoir pourquoi [8]. On découvre aussi du même coup, lors de cette attention silencieuse, les réactions et les émotions de sa mère (et du père s’il est présent), et cela prend alors autant d’importance que ce qui se passe chez le bébé. C’est dire qu’on apprend en même temps à respecter le nouveau-né lui-même et aussi l’espace où prennent place les interactions mère-enfant, parents-enfant [9]. Cet apprentissage clinique du praticien pris dans cette nouvelle ambiance se poursuit en suites de couches que l’on est inévitablement conduit à réorganiser radicalement [10] en tenant compte de ce qu’on apprend ainsi sur le terrain, et en s’informant de ce que nous apprennent les chercheurs d’autres disciplines : les pédopsychiatres, psychologues et autres éthologues.
18Il n’est plus nécessaire actuellement d’insister sur le fait que ces modalités d’accueil du nouveau-né ne posent aucun problème sur le plan de la sécurité, pour peu qu’elles soient supervisées par des équipes sérieuses, étant entendu qu’un nouveau-né qui en aurait besoin serait immédiatement pris en charge selon les techniques les plus modernes. En fait, au contraire, certains gestes qui étaient auparavant pratiqués immédiatement, en routine, comme l’aspiration naso-pharyngée systématique ou le passage d’une sonde pour vérifier la perméabilité de l’œsophage, étaient facteurs de déséquilibre, alors que ces mêmes gestes, pratiqués si besoin plus tard, avec douceur, sont bien mieux supportés par l’enfant.
19Pourquoi insister sur la naissance sans violence alors qu’on nous a demandé ici d’évoquer L’aube des sens ?
20Parce que – comme je l’ai dit – nous avions décidé d’élaborer ce livre, notamment pour réfuter les objections insistantes de ceux qui s’appuyaient sur l’insensibilité supposée du nouveau-né pour minimiser l’intérêt des démarches visant à mieux l’accueillir.
21Parce qu’actuellement beaucoup de parents ne savent toujours pas ce qu’est la naissance sans violence et qu’en reparler un peu trente ans plus tard ne nous semble pas inutile.
22Parce que lorsqu’on nous montre fièrement à la télévision une naissance dans une « maternité de pointe », on est souvent étonné par la brutalité des gestes de l’accoucheur ou de la sage-femme et par les cris du nouveau-né. L’idée d’accueillir le nouveau-né en respectant sa sensibilité n’a pas réellement marqué notre époque. L’information ne suffit pas ! L’aube des sens n’a pas suffi !
Parce que montrer les compétences du bébé autour de sa naissance, comme nous avons pu contribuer à le faire dans notre livre, c’est aussi mettre en évidence les capacités qui lui permettent non seulement de percevoir le monde mais aussi d’interagir avec d’autres êtres humains. Il est clair que pendant la grossesse l’enfant commence à apprendre sa mère (et un peu son père) et sa mère commence à apprendre son bébé, comme on le savait depuis longtemps chez les oiseaux [11]. Ces apprentissages prénatals préparent « l’adoption séduction » néonatale, fondée sur des échanges sensoriels, sensuels bien plus qu’intellectuels [12]. Comme le disait Bernard This, « il ne s’agit pas de faire chauffer la colle de la relation mère-enfant », mais, pour les soignants en maternité, de s’efforcer de respecter l’espace et le temps où surviennent spontanément les multiples interactions parents-enfants permettant l’attachement. Or, selon moi, ce respect des interactions spontanées est indissociable de l’humanisation de l’accueil du nouveau-né, de la naissance sans violence. C’est un tout.
Dans ce cadre, et il faut s’en réjouir, le message est mieux passé… On sépare assurément beaucoup moins le nouveau-né de sa mère, en suites de couches, qu’il y a trente ans.
Les contrepoints
23Dans le livre, à côté des articles scientifiques, nous avions décidé d’insérer « en contrepoint » des connaissances d’une autre nature, des savoirs populaires, des récits de coutumes, de mythes, de rites d’ici ou d’ailleurs…
24Certes, c’était pour alléger la lecture d’un ensemble d’articles parfois un peu arides. Mais il me semble avec le recul que ces contrepoints introduisent une autre dimension… L’abord uniquement affectif, empathique des connaissances autour du nouveau-né, autour des relations parents-enfant, ou encore par exemple de l’allaitement, n’empêche pas – voire favorise peut-être – certains glissements. Et l’on rencontre parfois des « enfants-rois » élevés sans cadrage sécurisant, des « enfants-choses », ou encore des mères occidentales militantes et fières qui allaitent encore leur bébé de 5 ans.
Certains rites autour de la naissance ont (ou avaient) peut-être pour fonction de rappeler clairement aux parents que l’enfant n’est pas leur propriété exclusive mais appartient aussi, pleinement et d’emblée, au groupe, à la société, différenciant ainsi clairement l’attachement d’une fusion possiblement mortifère, d’un enfermement. Cette annonce rituelle pouvait être très mal vécue par les parents, mais elle était finalement rassurante pour la mère à qui on avait signifié une limite [13]. De la même manière, certains adages à propos de l’allaitement mettaient en place des garde-fous pour le temps du sevrage. Bien entendu, ces récits, mythes et rites n’ont pas valeur de vérités absolues mais s’accordent aux traditions de différents groupes humains. Il était peut-être opportun d’en rapporter quelques-uns à côté des données scientifiques, pour introduire timidement une dimension plus symbolique et, si l’on peut oser ce mot, plus sacrée.
Notes
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[2]
Groupe de recherche et d’étude sur la naissance et le nouveau-né.
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Sans parler de Maurice Titran à Roubaix, d’Albert Grenier à Bayonne, de Berry Brazelton aux États-Unis, de Jean-Claude Risse et Jacqueline Ricardou à Sens, de la clinique des Lilas à Paris et de bien d’autres… On ne peut malheureusement pas tous les citer.
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[4]
Capacité d’empathie dont seul un faible nombre de psychopathes seraient totalement dépourvus, et qui se répartirait chez les autres humains selon les courbes de Gauss, d’ailleurs décalées selon le sexe, les femmes montrant statistiquement (et uniquement statistiquement) plus d’empathie que les hommes, différence qui d’ailleurs s’atténue avec l’âge (cf. F. de Waal, L’âge de l’empathie, Paris, éditions Les Liens qui Libèrent, 2010, p. 106-107, 306 et suiv.).
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Stanley Milgram a mené ses expériences sur la « soumission à l’autorité » au début des années 1960, à l’université Yale. Une méthodologie semblable a été reprise dans l’émission télévisée de France 2 « Le jeu de la mort » du 17 mars 2010.
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F. Leboyer, Pour une naissance sans violence, Paris, Le Seuil, 1974.
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Il ne s’agit pas de discuter ici l’intérêt diagnostique, pédiatrique, de la recherche du réflexe de Moro (voir par exemple : http://www.youtube.com/watch?v=FAsauSoOkC4) mais de veiller à nos gestes lors de l’accouchement pour éviter de déclencher involontairement une réaction inutile et manifestement pénible.
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[8]
Je n’insiste pas ici sur le bain pour lequel il faudrait si possible suivre réellement ce que nous montre Leboyer dans son film, notamment cette restriction initiale de l’espace laissé au bébé qui, sinon, panique. Cette restriction est ensuite peu à peu élargie en fonction de ses réactions, et on peut souvent assister alors à son épanouissement tranquille.
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[9]
Ce qui, sans porter de jugement, n’était probablement pas au premier rang des intentions de Leboyer.
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[10]
Étant chef de service, j’ai pu impulser cet aménagement à la maternité de l’hôpital d’Auxerre entre 1979 et 1985, mais ce fut malheureusement impossible ultérieurement, dans un autre hôpital, où je n’avais pas la même position et où les résistances étaient fortes.
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[11]
Notamment les travaux de Gottlieb aux États-Unis et de Guyomarc’h à Rennes.
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[12]
E. Herbinet et J.-M. Vidal, « De l’animal à l’homme, naissance et adoption », dans A. Bouchard-Goudard et D. Rapoport (sous la direction de), Origines, « Les cahiers du nouveau-né », n° 7, Paris, Stock/Laurence Pernoud.
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[13]
Il semble que, jadis, l’enfant n’était pas porté sur les fonts baptismaux par ses parents mais par un tiers, souvent la sage-femme, une matrone, et qu’il n’était rendu à sa mère qu’après la cérémonie. Mais les parents supportaient probablement mal cette mainmise d’un tiers sur leur bébé. Alors, « par humanité », on leur a un jour accordé de pouvoir tenir leur enfant du début à la fin. Ainsi, il n’est pas exclu que des gestes symboliques importants puissent être vidés de leur substance « par gentillesse » (il faudra demander à des amis historiens de mieux préciser cette évolution). Des constatations comparables peuvent être faites autour des rites de deuil dont, pour ne pas les choquer, « par humanité », on a pu parfois récemment écarter les enfants.