Notes
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[*]
Professeur à la Sorbonne. michel@maffesoli.org / www.michelmaffesoli.org
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[1]
H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, Presses universitaires de France, Paris, 1934, p. 267.
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[2]
Cf. M. Foucault, Les Mots et les choses, Gallimard, Paris, 1966, p. 19.
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[3]
Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, 1951, t. II, p. 342.
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[4]
Cf. G. Durand, Introduction à la mythodologie, Albin Michel, Paris, 1996 ; cf. également son livre majeur, Les Structures anthropologiques de l’imaginaire (1960), Bordas, Paris, 1969.
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[5]
Cf. M.-L. von Franz, L’Interprétation des contes de fées, La Fontaine de Pierre, Paris, 1980, pp. 15-16, 33, 81.
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[6]
Cf. la description d’un tel phénomène par Stéphane Hugon, Circumnavigation. L’imaginaire du voyage dans Internet, CNRS Éditions, Paris, 2011, et Fabio La Rocca, La ville dans tous ses états, CNRS Éditions, Paris, 2013.
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[7]
Cf. H. Arendt, Vies politiques, Gallimard, Paris, 1974, p. 320. Je renvoie à mon livre, M. Maffesoli, La Conquête du présent (1979), réed. in Après la Modernité ?, CNRS Éditions, Paris, 2008, p. 673 sq.
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[8]
Cf. M. Heidegger, Acheminement vers la parole, Gallimard, Paris, 1976, p. 95, et Grammaire et étymologie du mot être, Seuil, Paris, 2005, p. 10.
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[9]
Cf. P. Sorokim, Social and cultural dynamics, Porter Sargent Publisher, Boston, 1937.
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[10]
Cf. l’analyse de G. Durand, Science de l’homme et tradition, Sirac, Paris, 1975, p. 182 et La Similitude hermétique et science de l’homme, Eranos 1973, Leiden, G. Briel, 1975, p. 510.
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[11]
Cf. H. Corbin, En Islam iranien, Gallimard, T1, Paris, 1971, pp. 145-146.
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[12]
Cf. M. Maffesoli, Matrimonium. Petit traité d’écosophie, CNRS Éditions, Paris, 2009.
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[13]
Cf. G. Durand, Science de l’homme et tradition, Tête de feuilles, Paris, 1975, p. 219 et p. 189.
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[14]
Cf. H. Marcuse, L’homme unidimensionnel (1964), Éditions de Minuit, Paris,1968.
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[15]
Cf. mon livre Au creux des apparences, pour une éthique de l’esthétique (1990), rééd. La Table Ronde, Paris, 2007.
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[16]
M. Weber, Le savant et le politique, Plon, Paris, 1959.
1Le rythme de la vie ne se comprend qu’à partir d’un point fixe, d’une source origine de tout écoulement. Banalité qu’il est important de rappeler et qui constitue une de ces rares lois irréfragables constitutives de toutes les sociétés humaines. Mais, comme toute banalité, on ne peut les apercevoir que lorsqu’on aura désobstrué ce qui a été, progressivement, déposé par le conformisme ambiant, celui de l’opinion théorique. La déconstruction phénoménologique – « revenir aux choses mêmes » – est à ce prix : il faut ôter le galandage disgracieux, celui des idées surajoutées, masquant la beauté de l’architectonique sociétale, « squelette absolu » à partir duquel s’est élaborée la vie commune.
2Pour ce qui nous concerne ici, l’élément rajouté à l’ordre des choses est la prétention, d’obédience occidentalo-moderne, à l’hégémonie de la conscience individuelle. Le « je pense » cartésien en étant la formule catéchétique la plus connue. L’individualisme épistémologique le nec plus ultra théorique. Et le subjectivisme ce à partir de quoi on va comprendre le monde et organiser la société. Là est le problème essentiel du changement de paradigme en cours : on se situe différemment par rapport au monde, par rapport aux autres. Mais, pour emprunter une métaphore à la physique, il y a, actuellement, une « hystérésis », un retard dans l’évolution du savoir par rapport au Réel dont il dépend. Le savoir, celui de la bienpensance régnante, continue à croire (et à faire croire) que l’idée crée et domine le monde. Il est constructiviste par essence. Paranoïa habituelle pensant que l’on construit toutes choses, et que l’on peut dominer l’environnement naturel et social.
3Le Réel, quant à lui, rappelle que l’ordre des choses précède le savoir. Qu’il y a un « donné » que l’on ne peut pas dominer en totalité. Ce qui conduit à abandonner le primat de la conscience. Voire le primat de l’homme. Ce qui conduit à rappeler la sagesse « écosophique » de l’interaction, de la complémentarité, de la correspondance entre tous les éléments du « donné » mondain. C’est pour cela qu’il convient de creuser, profond, des galeries afin de repérer les archétypes latents servant de fondements, de racines, à tout être-ensemble. Repérer ces archétypes et trouver un point d’Archimède en permettant l’interprétation. C’est à la jonction de ces deux préoccupations que la pensée radicale pourra saisir ce qu’il en est de l’expérience, personnelle et collective, s’affirmant, avec une force indéniable, dans de multiples phénomènes contemporains.
4L’archétype, animant l’inconscient collectif, que l’on peut voir à l’œuvre dans la publicité, dans les clips, les jeux vidéo, mais aussi dans les forums de discussion, les listes de diffusion, en un mot dans le « nouveau monde » d’Internet, n’est en rien réductible à des contenus intellectuels. Il met en scène des émotions de tous ordres. Il actionne des virtualités et des dynamismes n’étant rien moins qu’individuels. L’archétype est l’expression d’un imaginaire collectif, c’est-à-dire d’un climat rendant le soi personnel tributaire d’un Soi général, où l’interaction dont il a été question est l’élément majeur du vivre-ensemble.
5S’il y a du retard (« hystérésis ») dans la connaissance, c’est bien là qu’il repose. À l’encontre de ce sur quoi s’est fondée la modernité, les symboles collectifs sont premiers. Et l’on ne peut comprendre les « hystéries » de tous ordres traversant le corps social, que si l’on a cela à l’esprit. Hystéries sportives, rassemblements musicaux, fanatismes religieux, soulèvements politiques imprévus, mimétismes tribaux de tous ordres, ne sont compréhensibles que si l’on sait déconstruire la bienpensance habituelle et repérer le retour d’un ordre des choses « archaïque ». Peut-être ce par quoi Baudelaire définissait le génie : « l’enfance nettement formulée » ! Il s’agit là du cœur battant de la ville contemporaine.
6En effet, voilà qui éclaire bien, tout à la fois, une constante de l’esprit humain et de nombreux phénomènes contemporains qui ne manquent pas de l’illustrer. La constante, c’est le mythe du Puer aeternus qui, à certaines époques, souligne la reviviscence, la juvénilité de l’ordre des choses. Et il est aisé de voir en quoi et comment ce mythe trouve, de nos jours, une vigueur nouvelle. Par là se dit et se redit l’éternelle enfance du monde. L’importance des mythes, la fascination pour la mythologie, la célébration des dieux et des déesses (du stade, de la musique, de la télévision, etc.) en témoignent. On ne peut plus réduire le Réel à une réalité rationnelle. L’irréel refait une entrée en force dans l’organisation du vivre-ensemble.
7C’est bien cela que ne peuvent pas saisir les esprits pressés, aux pensées courtes, désirant avant tout aller droit au but. En ces moments où les mythes retrouvent une force attractive, il faut prendre le temps de la réflexion ; savoir baguenauder autour d’une pensée centrale. C’est ainsi que l’on aborde, au mieux, la complexité et l’entièreté des choses. C’est ainsi que l’on peut comprendre la gravité qui est à l’œuvre dans les contes et légendes dont on ne peut plus nier l’insolence et la juvénile vitalité. Certes, on peut considérer cela comme de la sous-culture sans consistance, il n’en reste pas moins que le succès d’Harry Potter, celui du Seigneur des anneaux et autres Star Wars ou quêtes du Graal postmodernes, sont là comme les indices les plus nets de la saturation de l’obsession d’une Histoire finalisée et sûre d’elle-même. D’une Histoire qui, telle la marche royale d’un Progrès inéluctable, est partie du point obscur de la barbarie pour arriver à la lumineuse clarté d’un avenir radieux.
8Ce que souligne le retour du mythe, celui toujours et à nouveau présent de l’enfance de l’humanité, c’est l’étonnante rémanence des archaïsmes fondamentaux de la condition humaine. Le champ magnétique de la mythologie continue à aimanter nombre de rêves, de désirs et fantasmagories diverses. En bref, dans la spirale des histoires humaines la tradition et l’actuel se conjuguent harmonieusement. Et l’image des chevaliers du Moyen Âge maniant, avec dextérité, le rayon laser est bien le signe de la progressivité postmoderne. Les discussions sur réseaux d’internet, les rassemblements urbains suscités par les divers « flashmobs », les manifestations spontanées sont comme autant d’expression du « net-activisme » contemporain dont on n’a pas fini d’explorer les conséquences.
9C’est en ce sens qu’il faut savoir mettre en œuvre la recherche des choses primitives et des sentiments éternels ; ce qui est exactement au cœur même des thématiques du quotidien et de l’imaginaire social. Car, ainsi que le montre Bergson, à côté de la connaissance qui nous est familière, celle mettant en œuvre la raison, il y a ce qu’il nomme une « auréole d’intuition » [1], permettant, justement, d’appréhender cet « irréel » dont est gros le Réel.
10Appréhender, sans violenter, la vie en son moment naissant ; le sol de l’expérience originaire. Toutes choses constitutives de ce flux phénoménal manifeste dans la production musicale, dans la chorégraphie ou la danse contemporaine, dans les « feast hell » du « black metal » et autres rassemblements saisonniers où, au-delà des divers prétextes culturels, l’essentiel est bien de « s’éclater » ensemble ! C’est cela qu’il faut, d’une manière opiniâtre et coriace, dire et redire, car les vérités archétypales ont du mal à briser les préjugés rationalistes ayant constitué l’idéologie moderne, et il faut savoir les enfoncer, avec constance, dans les cervelles pétrifiées de nos contemporains.
11Car n’est-ce point le fait de rassembler, de recueillir, de préserver, qui constitue, aussi, l’essence du « legein » ? Ce « logos » : rationalité propre à la constitution du social et « verbe » grâce auquel se dit notre être au monde ? Un rationaliste étroit a oublié l’importance du recueil de ce qui avait été vécu dans la suite des générations. D’où la dévalorisation des traditions ancestrales. De même, il a oublié que ce n’était pas simplement à partir d’une conscience individuelle, le « je pense » moderne, que l’on peut comprendre l’acte de conservation, voire de préservation, c’est-à-dire de mise à l’abri, qu’est, en son sens strict, toute culture. Pour cela, il faut élargir la conscience, lui donner une dimension collective. Dimension collective (ce que j’appelle « socialité postmoderne ») trouvant l’aide du développement technologique. En ce sens, l’espace urbain est, on ne peut plus, tributaire de la « contamination » cybernétique. Dès lors, on ne peut faire pronostic qu’en fonction d’un diagnostic : prévoir à partir d’une connaissance enracinée ; qu’en référence à ce qui est ancré profondément dans les esprits, et qui survit dans les us et coutumes, ce que saint Thomas d’Aquin nomma « habitus » (S. Thomas, Ia-IIae, q. 49s), servant de ciment à tout être ensemble. Il s’agit là d’un socle archaïque permettant de comprendre qu’il y a dans le Réel, non pas un progressisme indéfini, mais une continuité progressive ; ce qui est tout à fait différent. En ce sens, la mythologie est bien l’expression d’un enracinement dynamique !
12Dans l’analyse qu’il fait du tableau de Vélasquez, Las Meninas, Michel Foucault montre bien le jeu paradoxal de l’identité dans l’épistémè prémoderne [2]. En poursuivant son analyse, je dirais qu’il y a jeu paradoxal en ce que l’on n’est pas maître de nos idées. Elles nous tourmentent. Et pourtant il faut les dire même si elles contreviennent à nos propres valeurs. Il n’est donc pas question d’être ou non d’accord (avec soi, avec les autres), il suffit de reconnaître ce qui est. Il s’agit, contre l’opinion, et même contre « l’opinion savante », de parler hors de soi-même. En quelque sorte être le haut-parleur de la mémoire collective qui, elle-même, est une voix n’appartenant à personne en particulier. Mémoire issue de la sédimentation des siècles. Mémoire appartenant au peuple en son entier, voix immémoriale qui, si on sait l’entendre et l’écouter, constitue la seule voie possible pour une sereine harmonie sociétale. Diagnostic-pronostic : connaissance au travers du temps (« dia ») assurant une connaissance de ce qui est à venir (« pro »). Pour utiliser une métaphore proposée par notre cher ami, le regretté Jean Baudrillard, il y a de la « viralité » dans la communication interactive propre aux médias postmodernes.
13Les historiens de l’Antiquité prémoderne ont pu montrer que la relation aux mythes était ce qui caractérisait le vivre-ensemble grec ; c’est à partir de telle ou telle interprétation de la mythologie que l’on a telle organisation spécifique de la cité : par exemple, celle de Sparte ou celle, toute différente, d’Athènes. Dans le même ordre d’idée, l’archéo-sociologie, celle d’une connaissance radicale, ne peut que constater comment les mythes retrouvent une indéniable vigueur dans la vie quotidienne. Les jeunes générations, en particulier, sont saisies par le (re)nouveau mythique. On peut même parler, dans les diverses effervescences sociales, ponctuant la vie courante, d’une véritable expérience mythique à forte charge religieuse et exprimant une sorte de connaissance innée de la vie dans ce « monde-ci ». Une telle restauration ne manque pas de poser question. Peut-être même est-ce la question primordiale qui doit préoccuper l’observateur social. Donc restauration du mythe qui, paradoxalement, trouve l’aide de la techno-culture. En rappelant son efficacité sociétale dont rien ni personne n’est indemne. Le chef d’entreprise le sait bien qui a du mal à mobiliser les énergies de ses cadres. Il en est de même du politique n’arrivant plus à faire rêver ses militants ou sympathisants à partir d’un simple programme rationnel. Et que dire de l’éducateur voyant tourner en dérision une culture et un mode d’apprendre singulièrement datés ? Sans oublier les parents dont le désarroi face aux mutations des valeurs affectives est tout à fait touchant ! En tout cela, et en bien d’autres domaines encore, il faut reconnaître que les mœurs évoluent. Encore faut-il accepter de reconnaître que le « sens des mots y participe » (Guy Debord), mais plus encore la technologie !
14C’est ainsi qu’à la différence de la domination du concept, ce « conceptualisme intellectuel » dont parlait Heidegger, la connaissance mythique est plus complète. Elle n’entend pas maîtriser, mais accompagner, laisser être, laisser aller ce qui est en train de se passer. L’air du temps n’est plus à la maîtrise totale par un concept dominateur éclairant une action politique non moins dominatrice. Et l’on passe à côté du changement de paradigme en cours si on se plaît à y voir la résultante de l’action concertée et préméditée de quelques minorités ou majorités actives.
15Écoutons ici Chateaubriand qui sut observer avec lucidité et décrire avec pertinence les révolutions qui frappèrent son temps : « On prend pour des conspirations ce qui n’est que le malaise de tous, le produit du siècle, la lutte de l’ancienne société avec la nouvelle, le combat de la décrépitude des vieilles institutions, contre l’énergie des jeunes générations ; enfin la comparaison que chacun fait de ce qui est à ce qui pourrait être [3]. » En ajoutant que ces « révolutions » sont accélérées par la réversibilité propre à la technologie spécifique de l’espace urbain.
16Il est certain qu’au travers de sa musique, dans sa désinvolture politique, dans sa liberté de mœurs, sa culture complexe et riche à la fois, dans son matérialisme affiché et son souci des choses de l’esprit, les jeunes générations postmodernes intègrent, développement technologique aidant, les antiques leçons des archétypes primordiaux. Ces derniers, en particulier, se retrouvent dans l’exacerbation des passions, dans l’ambiance émotionnelle perceptible dans le retour en force du désir marquant tous les domaines de l’existence sociale.
17Désir dans l’érotique diffus dont la publicité, la consommation, la production cinématographique, les jeux vidéo, se font les vecteurs. Il y a de la pornographie dans l’air. Et ce en son sens strict : on se plaît à écrire, avec complaisance, les sujets obscènes de notre condition humaine. Comme ce fut le cas en d’autres périodes historiques, on les met sur le devant de la scène. Il en est de même du pouvoir dont la charge érotique est on ne peut plus évidente. Il faudrait voir si les turbulences financières, celles induites par la passion des « traders » ne comportent pas, elles aussi, quelque chose qui a à voir avec l’objet du désir.
18L’arrière-plan archétypique est aussi à l’œuvre dans les moments où l’on voit revenir, sous toutes ses formes, le syncrétisme. D’une manière approfondie, Gilbert Durand a mis en place une « mythodologie » montrant, justement, tout ce que l’imaginaire devait à la comparaison culturelle, au choc des mythes entre eux et à leur fécondation réciproque [4]. C’est bien quelque chose de cet ordre qui s’exprime dans les « produits du siècle ». Livres, Wikipédia, Facebook, Twitter, etc., mettent en jeu un continuel syncrétisme dont il est aisé de repérer les archétypes essentiels : ceux des contes de fées ; mythes d’amour et de désamour, d’attractions et de répulsions, constituant, sur la longue durée, le fond commun des fantasmagories de toutes les cultures humaines.
19Il suffit de faire une anatomie comparée de tous ces « produits » pour repérer des thèmes identiques. Certains analystes jungiens de la psychologie des profondeurs, ainsi Marie-Louise von Franz, montrent ce qu’il y a de similaire dans les retranscriptions des contes populaires que l’on peut retrouver chez Görres, Max Müller ou les frères Grimm. Comment, de plus, ces mythes permettent de réapprendre collectivement les raisons de vivre [5]. Voilà qui devrait intéresser les décideurs de tous poils, qu’ils soient politiques, éducateurs ou entrepreneurs. Ils pourraient, ainsi, voir en quoi la compréhension des archétypes ancestraux, le retour chez les jeunes générations de mythes fort anciens, pourraient les aider à dynamiser leur action dans la sphère publique ou dans celle de l’économie !
20Et ce tant il est vrai que de tout temps les héros des légendes sont, tout à fait, ancrés dans la vie ordinaire. Ils en partagent les heurs divers : bonheurs et malheurs. Cela ensuite se condense, se cristallise pour devenir archétypes. Ceux-ci ne sont, en fin de compte, que les caricatures de la vie de tous les jours. Ils se contentent d’en charger les traits et d’en accentuer les caractéristiques. Ainsi, en étant attentif aux mythes, paroxystiques, des scènes musicales, sportives, cybernétiques, on peut lire le corps social en sa totalité. C’est cela les leçons de l’anatomie comparée dont j’ai parlé. Ces « leçons » permettent de comprendre comment la ville postmoderne est incompréhensible si l’on ne saisit pas que les stéréotypes de la vie quotidienne s’enracinent profondément dans les archétypes anthropologiques. Et ce cyberculture aidant !
21Pour bien saisir la leçon des mythes et le retour des archétypes dans la vie quotidienne, il faut, au-delà de la paranoïa conceptuelle, accepter de reconnaître que toute image visible d’une culture donnée s’enracine profondément dans un substrat invisible. Et doit, périodiquement, aller s’y ressourcer. C’est bien un tel ressourcement qui est en jeu de nos jours. Rappelant ainsi que les thèmes mythologiques archétypaux constituent ces « pensées élémentaires » de l’humanité dont il faut reconnaître la richesse et qui faisait dire à Claude Lévi-Strauss que les hommes avaient « toujours aussi bien pensé ».
22D’où la nécessité de savoir repérer, dans les divers phénomènes contemporains, ces images élémentaires, ces émotions de base, ces fantasmes immémoriaux, constituant le socle granitique sur lequel s’élabore le vivre-ensemble. Parfois, on oublie ces structures anthropologiques. Il est des moments où elles renaissent, retrouvent force et vigueur et, dès lors, renforcent la dynamique sociétale, cause et effet de l’énergie populaire.
23Il peut paraître paradoxal de parler de ressourcement aux mythes fondateurs, ou d’enfouissement dans les tréfonds des archétypes primordiaux, en un moment où une culture technologique tend à contaminer l’ensemble de la vie quotidienne. Mais de bons esprits n’ont pas manqué de remarquer que chaque fois qu’un nouveau cycle commence les phénomènes paradoxaux tendent à prévaloir. La postmodernité n’est pas exempte d’une telle tendance qui voit, d’une manière paroxystique, la coincidentia oppositorum, la concordance des opposés, que sont le développement technologique et la référence nostalgique aux mythes ancestraux. Peut-être même est-ce la figure rhétorique de l’oxymore (ceci et son contraire) qui permet de comprendre nombre de phénomènes contemporains.
24Souvenir du bon vieux temps, valorisation du patrimoine, artistique, culturel, architectural, célébration des arts premiers, retour de la mode ethnique, accélération du commerce éthique allant de pair avec une sensibilité écologique : le naturel, l’originel est à l’ordre du jour. Il s’agit en tous ces domaines de célébrer l’organique. C’est-à-dire l’organicité liant tout un chacun à la tribu qui est la sienne et au territoire lui servant de support. Voilà bien, à la différence de la ville moderne, ce qu’est la mégapole postmoderne !
25Les réseaux sociaux, les sites communautaires favorisant cette interaction et suscitant une contamination dont on commence, à peine, à mesurer les effets [6]. Là est, en effet, le paradoxe actuel qui voit les valeurs de la tradition se démultiplier grâce à la vitesse de la culture cybernétique. C’est bien un nouvel imaginaire qu’est en train de (re)créer le développement technologique. En la matière, le ressourcement du vivre-ensemble à ses mythes anciens. Pour rester dans la figure de l’oxymore, il s’agit bien là d’un véritable enracinement dynamique. Et c’est bien parce qu’il y a un tel enracinement qu’il est nécessaire d’ajuster la réflexion à ce qui est. Qu’à l’image de ce qui est en jeu dans la vie sociale, véritable enjeu sociétal, la pensée retrouve elle aussi une réelle « organicité ». C’est en ce sens, d’ailleurs, que dépassant l’habituelle attitude critique, qui fut la marque de la modernité, elle (re)devient radicale : elle sait retrouver et dire les racines de l’être-ensemble.
26C’est, en effet, un enjeu d’importance lui permettant d’échapper d’une part au négativisme de « l’esprit qui toujours nie », et d’autre part à la stigmatisation de ce qui est au nom de ce qui devrait être, au nom de ce que l’on aimerait qui soit. Se complaire dans la critique de la « misère du temps » est la forme moderne du taedium vitae d’origine chrétienne trouvant son aboutissement dans les théories de l’émancipation dont le XIXe siècle se fit le promoteur. Certes, il faut partir des circonstances, mais ne pas sombrer dans une sociologie de circonstance !
27Pour éviter cet écueil, la référence à la mythologie est une parade de choix. Très précisément en ce qu’elle rappelle qu’il n’y a de croissance qu’à partir et grâce aux racines, éléments primordiaux du donné mondain. On peut éclairer cela par la remarque de Hannah Arendt rappelant que la tempête soulevée par la pensée radicale – elle prend l’exemple de Platon ou de Heidegger –, vient de ce qu’elle n’a pas son origine dans le siècle, mais qu’elle vient de l’immémoriel. Une telle pensée permet un accomplissement parce que, justement, elle fait retour à l’immémorial [7]. On ne saurait mieux dire ce qui, à certains moments, va éclairer le présent en fonction du passé. Éclaircie qui est gage d’avenir. C’est cela ce que l’on peut appeler la « conquête du présent » faisant de la vie quotidienne l’élément essentiel de la culture ; ce à partir de quoi l’on peut comprendre la perdurance du vivre-ensemble. Un tel « présentéisme » enraciné : vie courante, importance de la banalité, de la proxémie, est ainsi le terreau, la bonne terre permettant qu’il y ait croissance sociétale. Mais, comme je viens de le montrer, le paradoxe n’est qu’apparent, car pour croître il faut des racines, et c’est cela même que l’on est en train de (re)découvrir. C’est même le cœur battant de la socialité postmoderne, dont on voit les multiples exemples dans les sites communautaires, propres à Internet, et qui, stricto sensu « actualisent » ce qui est essentiel : ce qui rend actuel des anciens archétypes !
28« Provenance est toujours avenir ». Un tel avertissement, revenant d’une manière récurrente dans l’œuvre de Martin Heidegger, est particulièrement instructif si l’on veut s’accorder aux caractéristiques essentielles de la cyberculture postmoderne. Certes, ce n’est pas chose aisée après plusieurs siècles de paranoïa « intellectualiste », croyant que c’est l’esprit qui crée le monde naturel et social. Mais radicaliser la pensée consiste bien à reconnaître qu’elle n’est que l’écho de cette lente et continue sédimentation que l’on nomme culture [8]. Être un écho est, ainsi, une manière de s’enraciner dans l’ordre des choses. Cela permet d’éviter la prétention subjectiviste faisant de l’homme, avatar de Dieu, démiurge tout-puissant, le créateur du monde ; le maître et possesseur de la nature !
29À l’encontre d’un anthropocentrisme dont on commence à mesurer les effets, dévastateurs, la pensée organique est cela même qui, parce qu’enracinée, permet de comprendre la correspondance fondamentale entre les divers éléments du tout sociétal. La radicalité d’une telle sensibilité théorique nous arrache à la routine philosophique. Et ainsi penser, c’est s’accorder à ce qui reste de non pollué dans la socialité contemporaine. Se ressourcer à ces espaces de liberté, ces utopies interstitielles, où se niche, de plus en plus, le vivre-ensemble et qui constituent ce que j’ai nommé « terreau », lieu où les racines se confortent. Le « net-activisme », les mouvements des « indignados », les rébellions diverses s’inscrivent bien et sont tout à fait confortés par les « contaminations » électroniques participant d’un réel « réenchantement du monde » !
30C’est bien la vie effective, celle de tous les jours, qui nous incite à prendre acte d’un point de saturation auquel est arrivée la civilisation moderne. Saturation entraînant le choc en retour dont il vient d’être question. D’où le processus de récurrence s’exprimant bien sûr, d’un point de vue théorique, mais également dans les pratiques quotidiennes de l’homme sans qualité. Une véritable palingénésie est en cours.
31Genèse nouvelle en ce qu’elle invalide ce qui fut le dogme moderne par excellence : le monde se résume en sa matérialité. « Palingénésie » insistant sur le fait d’une part que la connaissance du social (en ce qu’il a de simplement rationnel), n’est possible que sur la base d’une prise en compte du sociétal (avec la charge émotionnelle que l’on sait). « Palingénésie » rappelant d’autre part que cet élargissement du social en un sociétal plus complexe ne permet plus de considérer l’économie comme étant l’ultima ratio de toute vie en société. Ce fut, en effet, la marque spécifique des Temps modernes que de déifier la matérialité économique. Et, tout comme Dieu était, dans les religions monothéistes, causa sui, cause de lui-même, et donc, de tout ce qui était subséquent, de même, pour les économistes dévots du « chiffre », tout prend sa source et trouve sa fin dans le bien-être matériel. De ce point de vue, on pourrait parler d’une « astro-économie » n’ayant rien à envier à l’astrologie stricto sensu, en ce que l’une et l’autre prédisent ce qu’il est bon de faire pour accéder au bonheur.
32Certes, cela se pare de légitimations et de rationalisations, apparemment plus sophistiquées, mais si l’on sait décrypter les habituels boniments des prestidigitateurs économistes, et de leurs affidés politiques, il est aisé de repérer le simplisme de la vulgate « bourgeoisiste » : la vie de l’esprit, la conscience sociale, l’inconscient collectif, tout cela n’est que le « reflet » de la matérialité des choses, nouveau dieu dont l’économie est l’évangile, et ceux qui en sont les défenseurs, les prophètes attitrés.
33C’est bien cela qui, de multiples manières, et un peu partout, semble être mis en cause. Les diverses « indignations », révoltes, rébellions et effervescences ponctuant l’actualité traduisent le fait (sans en être forcément conscient) que ce que certains mystiques nomment le « règne de la quantité » (R. Guénon) ne fait plus totalement recette. Les jeunes générations n’entendent plus « perdre leur vie à la gagner ». En bref, le qualitatif, sous ses divers aspects, retrouve une étonnante vitalité. La reviviscence de la religiosité en témoigne. L’importance des phénomènes culturels en est un indice indéniable. Les forums de discussion philosophiques et autres sites communautaires montrent bien que l’autonomie de la vie de l’esprit est une réalité incontournable.
34Le sociologue américain P. Sorokin a bien montré que, régulièrement, dans la vie des sociétés, intervient un phénomène de saturation. Ainsi, lorsqu’un consensus culturel à dominante rationaliste (« idealistic ») atteint sa limite, on observe un basculement dans son antithèse, et le consensus sera de plus en plus émotionnel (« sensate ») [9]. Ce dernier pouvant prendre des formes on ne peut plus diverses : du sentimentalisme, voire de la sensiblerie des séries télévisées, au bénévolat dans des ONG humanitaires, en passant, on l’a dit, par les « indignations » de tous ordres : politiques, sportives, musicales, ou tout simplement, quotidiennes.
35C’est cette saturation paroxystique qui produit un « renversement axiologique » ou basculement de l’axe de la connaissance [10]. Pour le dire avec une expression utilisée en géométrie : point d’inflexion où s’opère un changement de direction. En la matière, la fin d’une monopolisation épistémique, par exemple celle du rationalisme, provoquant un « choc en retour », la récurrence de phénomènes, d’idées, d’interprétations que le progressisme moderne avait eu l’ambition ou la prétention de dépasser. Pour donner une image, faisant écho à une pratique largement répandue en tous domaines : le vintage postmoderne comme nostalgie des racines anthropologiques. Il s’agit là d’une véritable « loi de réversion ». Ce que certains musicologues nomment le « miracle de l’octave » par lequel toute progression en avant devient, inéluctablement, retour au point de départ. C’est-à-dire à ce qui est fondamental : l’octave. Ce mouvement qui, à partir d’un son de l’échelle musicale, fait progresser vers et arriver au même son, peut s’appliquer aux phénomènes sociaux où s’exprime la nostalgie de l’origine. H. Corbin montre qu’un tel processus d’itération, loin d’être simplement régressif, est l’expression d’une sorte d’automultiplication [11].
36Un tel « miracle de l’octave » me permet de faire une distinction entre simple progressisme, idéologie fort théorique d’un Progrès illimité, et « progressivité » n’envisageant la croissance qu’à partir de racines lointainement ancrées dans la tradition immémoriale de l’humanité [12]. Progressivité des choses rendant attentif à cet « innéisme » nous rappelant l’essence animale de notre espèce. Obligeant, également, d’admettre qu’un réel invisible sous-tend la réalité visible. Toutes choses qui furent bien développées en psychologie : « Gestalttheorie » mettant l’accent sur la prévalence de l’ensemble ; en éthologie lorsqu’elle repère des Urbilder, images primordiales que l’instinct animal intègre spontanément ; en anthropologie, ainsi Lévi-Strauss : « Les hommes ont toujours aussi bien pensé. »
37Voilà bien le trépied de la logique contradictorielle, véritable ratio hermetica reposant sur une ambiguïté paradigmatique, la multiplicité antagoniste et le paradoxe créateur qu’est la personne postmoderne ne se reconnaissant plus dans un individu, un et indivisible, propre à l’époque postmoderne [13]. On est loin de « l’homme unidimensionnel » [14] qui fut la cause et l’effet de la modernité en son moment initial, et qui aboutit à cette dévastation des esprits propres à la grégaire solitude qui fut la spécificité des mégapoles contemporaines.
38À l’opposé de cela, ce qui subrepticement est en train d’émerger est bien un homme pluriel, aux « identifications multiples » [15], ayant, pourrait-on dire, le don d’ubiquité. Il est à la fois cela et cela, il est ici et là. Ubiquité pouvant être vécue en rêve, être l’objet des fantasmes et fantasmagories, mais n’en étant pas moins, dans sa virtualité, réelle. C’est cette corrélation entre l’art, le rêve et le développement technologique qui nécessite un nouveau « discours de la méthode » montrant en quoi les potentialités multiples s’actualisent dans la vie de tous les jours. S’actualisent, c’est-à-dire se concrétisent, dans les relations, les rencontres, les effervescences quotidiennes. Elles deviennent effectives dans les indignations, les humeurs, les révoltes diverses. Toutes choses dont les observateurs sociaux vont être obligés de tenir de plus en plus compte.
39Le monde d’hier, celui des Temps modernes, est en train de s’écrouler. Et cela sous les coups, selon les moments discrets, ou explosifs, d’une vie quelque peu démonique. Retour de Dionysos, porteur d’une sagesse démoniaque ne manquant pas d’irriter ou d’étonner les tenants des institutions ou du savoir établis. Subversion postmoderne étant la cause et l’effet de la dissolution du sujet dans des entités tribales. Subversion moins politique que sociétale en ce qu’elle privilégie le nomadisme existentiel, ce que Dilthey, protagoniste d’une philosophie de la vie, nommait « fluidification » de tout ce qui était figé.
40Compris comme expression de l’entièreté de l’être, le Réel est le lieu de réserve, le « retrait » où la réalité va se ressourcer : elle en est son aspect occulte. En effet, l’on oublie trop souvent qu’il existe une constante dialogie entre l’ésotérique et l’exotérique, l’occulte et l’apparent. C’est ainsi qu’aux XVIIIe et XIXe siècles, par exemple, le « publiciste » n’a de légitimité qu’en référence au savant détenteur de savoir. De même au Moyen Âge, c’est l’érudit qui légitime le prédicateur. Dans la culture antique, le rhéteur se réfère, avec constance, au philosophe. Et, dans un petit livre fort éclairant, Max Weber montre tout à la fois la différence et la complémentarité entre le « savant et le politique » [16].
41On pourrait multiplier les exemples en ce sens, et ce dans toutes les cultures. C’est en fait la conjonction, féconde, du bon sens et de la droite raison qui, au-delà et en deçà des théories construites et constructivistes, fait reposer la solidité du vivre-ensemble sur ce qui est donné, inné, quasiment instinctuel. Les constitutions politiques, les institutions sociales, les élaborations philosophiques ont la légèreté et l’inconstance des fétus de paille si elles ne sont pas assurées sur cette irréfragable assise. De ce point de vue, et compte tenu de l’espèce de « possession » qu’exercent ces objets sur ceux qui sont censés les posséder, on peut parler de retour à la « magification » du monde qui fut la caractéristique essentielle du donné prémoderne et qui se manifeste à nouveau dans les modes de vie postmodernes. L’objet factice redevenant un élément d’un vitalisme cosmique auquel tout un chacun participe.
42À l’opposé de ce que les sociologues ont pris pour habitude de nommer « sociabilité » et qui est la manière civilisée, domestiquée, curialisée de vivre le rapport à l’autre, la « socialité » est autrement plus complexe ; elle met en jeu l’entièreté de l’être. Sa part d’ombre, sa cruauté voisinant avec la bénévolence éclairée. La sociabilité est l’expression du contrat social d’essence rationnelle. La socialité se vit, au coup par coup, dans le pacte sociétal, à dominante émotionnelle. La sociabilité se projette dans le futur. La socialité, quant à elle, se vit au présent.
43C’est donc cette socialité présentéiste qui tente de traduire, dans l’ambiance postmoderne, ce qui est, par-delà les représentations théoriques, le vécu originel. Dont les rémanences perdurent dans l’expérience de la vie banale, dans la multiplicité des phénomènes instinctuels, toutes choses se manifestant dans les hystéries collectives, les affoulements émotionnels, et les multiples expressions des humeurs sociales. Et ce dans quelque domaine que ce soit : politique, sport, religion, culture. Les mobilisations sur internet ou les réseaux sociaux illustrent à loisir l’ampleur d’une telle « syntonie », où tout un chacun est contaminé par des opinions (doxa) rien moins que rationnelles. C’est cela qui caractérise l’atmosphère mentale de la mégapole postmoderne.
44Ambiance non rationnelle qui est même à l’œuvre dans les différentes tribus de l’intelligentsia (scientifiques, politiques, journalistes), où la capacité de penser par soi-même, celle du libre-examen ou de la critique, laisse la place à des réflexes synchrones faisant que l’on écrit, agit, pense moins en fonction d’une raison raisonnante que par des sautes d’humeur, des contagions collectives, toutes choses faisant que c’est moins le cerveau qui est sollicité que le ventre, autre manière de dire l’hystérie !
Bibliographie
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- Bergson H., Les deux sources de la morale et de la religion, Presses universitaires de France, Paris, 1934.
- Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, 1951.
- Corbin H., En Islam iranien, Gallimard, T1, Paris, 1971.
- Durand G., Les Structures anthropologiques de l’imaginaire (1960), Bordas, Paris, 1969.
- Durand G., La Similitude hermétique et science de l’homme, Eranos 1973, Leiden, G. Briel, 1975.
- Durand G., Science de l’homme et tradition, Tête de feuilles, Paris, 1975.
- Durand G., Introduction à la mythodologie, Albin Michel, Paris, 1996.
- Foucault M., Les Mots et les choses, Gallimard, Paris, 1966.
- Heidegger M., Acheminement vers la parole, Gallimard, Paris, 1976.
- Heidegger M., Grammaire et étymologie du mot être, Seuil, Paris, 2005.
- Hugon S., Circumnavigation. L’imaginaire du voyage dans Internet, CNRS Éditions, Paris, 2011.
- La Rocca F., La ville dans tous ses états, CNRS Éditions, Paris, 2013.
- Maffesoli M., La Conquête du présent (1979), rééd. in Après la Modernité ?, CNRS Éditions, Paris, 2008.
- Maffesoli M., Au creux des apparences, pour une éthique de l’esthétique (1990), rééd. La Table Ronde, Paris, 2007.
- Maffesoli M., Matrimonium. Petit traité d’écosophie, CNRS Éditions, Paris, 2009.
- Marcuse H., L’homme unidimensionnel (1964), Éditions de Minuit, Paris, 1968.
- Sorokin P., Social and cultural dynamics, Porter Sargent Publisher, Boston, 1937.
- von Franz M.-L., L’Interprétation des contes de fées, La Fontaine de Pierre, Paris, 1980.
- Weber M., Le savant et le politique, Plon, Paris, 1959.
Notes
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[*]
Professeur à la Sorbonne. michel@maffesoli.org / www.michelmaffesoli.org
-
[1]
H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, Presses universitaires de France, Paris, 1934, p. 267.
-
[2]
Cf. M. Foucault, Les Mots et les choses, Gallimard, Paris, 1966, p. 19.
-
[3]
Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, 1951, t. II, p. 342.
-
[4]
Cf. G. Durand, Introduction à la mythodologie, Albin Michel, Paris, 1996 ; cf. également son livre majeur, Les Structures anthropologiques de l’imaginaire (1960), Bordas, Paris, 1969.
-
[5]
Cf. M.-L. von Franz, L’Interprétation des contes de fées, La Fontaine de Pierre, Paris, 1980, pp. 15-16, 33, 81.
-
[6]
Cf. la description d’un tel phénomène par Stéphane Hugon, Circumnavigation. L’imaginaire du voyage dans Internet, CNRS Éditions, Paris, 2011, et Fabio La Rocca, La ville dans tous ses états, CNRS Éditions, Paris, 2013.
-
[7]
Cf. H. Arendt, Vies politiques, Gallimard, Paris, 1974, p. 320. Je renvoie à mon livre, M. Maffesoli, La Conquête du présent (1979), réed. in Après la Modernité ?, CNRS Éditions, Paris, 2008, p. 673 sq.
-
[8]
Cf. M. Heidegger, Acheminement vers la parole, Gallimard, Paris, 1976, p. 95, et Grammaire et étymologie du mot être, Seuil, Paris, 2005, p. 10.
-
[9]
Cf. P. Sorokim, Social and cultural dynamics, Porter Sargent Publisher, Boston, 1937.
-
[10]
Cf. l’analyse de G. Durand, Science de l’homme et tradition, Sirac, Paris, 1975, p. 182 et La Similitude hermétique et science de l’homme, Eranos 1973, Leiden, G. Briel, 1975, p. 510.
-
[11]
Cf. H. Corbin, En Islam iranien, Gallimard, T1, Paris, 1971, pp. 145-146.
-
[12]
Cf. M. Maffesoli, Matrimonium. Petit traité d’écosophie, CNRS Éditions, Paris, 2009.
-
[13]
Cf. G. Durand, Science de l’homme et tradition, Tête de feuilles, Paris, 1975, p. 219 et p. 189.
-
[14]
Cf. H. Marcuse, L’homme unidimensionnel (1964), Éditions de Minuit, Paris,1968.
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[15]
Cf. mon livre Au creux des apparences, pour une éthique de l’esthétique (1990), rééd. La Table Ronde, Paris, 2007.
-
[16]
M. Weber, Le savant et le politique, Plon, Paris, 1959.