1Sociologie a publié son premier numéro en 2010. Nous fêtons donc cette année, avec fierté, son dixième anniversaire en éprouvant le sentiment d’avoir réussi à créer et stabiliser dans le paysage éditorial français une nouvelle revue généraliste de sociologie. Le succès n’était pourtant pas garanti et d’aucuns ont pu voir dans cette entreprise un projet aussi audacieux que risqué. Il est vrai que nous n’étions pas très rassurés : allions-nous recevoir suffisamment d’articles ? Allions-nous être capables de publier quatre numéros par an en varia ? Allions-nous tout simplement être lus et appréciés par nos lecteurs ? Je ne reviendrai ici ni sur le contexte ou les raisons de sa création, ni sur les orientations que nous avons prises dans les premières années et renvoie nos lecteurs aux éditoriaux publiés dans le numéro 1 de 2010 et le numéro 1 de 2015. Il était important, au démarrage, d’indiquer comment notre pari de créer une nouvelle revue généraliste de sociologie pouvait être gagné et de souligner, cinq ans plus tard, comment il l’avait été réellement.
2Depuis, Sociologie s’est imposée comme une référence dans notre discipline, mais aussi, de façon plus générale, dans les sciences sociales. Le site de la revue reçoit en moyenne près de 300 000 visiteurs différents par an pour environ 800 000 pages consultées. Nous recevons beaucoup d’articles, aussi bien de sociologues confirmés que de jeunes sociologues à la recherche d’une première publication dans une revue généraliste de leur discipline. Si nous avons craint quelquefois, au cours des trois premières années, de ne pas avoir suffisamment d’articles prêts à la publication, nous sommes aujourd’hui confiants de pouvoir publier quatre numéros par an, alors même que le processus de sélection des articles est exigeant (plus de 70 % des articles sont refusés).
3En dix ans, une revue peut évoluer et il est sans doute souhaitable à l’occasion de ce dixième anniversaire de partager avec nos lecteurs et avec les auteurs qui nous adressent leurs projets ce qui pourrait ressembler à un bilan d’étape. Je propose donc de rendre transparents à la fois notre mode de fonctionnement interne, nos choix éditoriaux et l’esprit dans lequel nous travaillons.
Un comité de rédaction volontairement diversifié
4La ligne éditoriale définie à l’origine n’a pas changé. Il s’agit d’une revue de sociologie, mais ouverte sur ses frontières avec les autres disciplines, notamment quand il s’agit de discuter de ses concepts et ses objets. Sociologie ne se revendique d’aucune école théorique ou méthodologique. Elle privilégie une approche pluraliste de la discipline.
5Son comité de rédaction comprenait 21 membres en 2010 et en comprend 26 aujourd’hui (voir tableau 1). Il s’est régulièrement renouvelé : 56 % des membres actuels n’étaient pas présents au moment de la création. La répartition entre les hommes et les femmes était équilibrée dès l’origine, la proportion des femmes a depuis légèrement augmenté, elle est de 54 % en 2020. Le comité comprenait une proportion plus élevée de rang B à l’origine (près des deux tiers), mais cette répartition s’est inversée au profit des rang A qui représentent aujourd’hui 58 %. Cette évolution s’explique par la promotion de plusieurs membres du comité initial, mais aussi par la décision de faire appel à des membres étrangers avancés dans leur carrière dont les travaux étaient reconnus à l’échelle internationale. Nous avions tenu à l’origine à nous assurer d’une répartition géographique équilibrée selon les différentes universités et centres de recherche français. Un tiers des membres du comité en 2010 étaient en poste hors Paris ou Île-de-France. Cette proportion a légèrement augmenté et, comme nous avons désormais trois membres en poste dans des pays étrangers (Suisse, Belgique, Canada), la proportion de ceux qui sont rattachés à des centres ou des universités d’Île-de-France n’est désormais que de 54 %. Ce comité de rédaction représente une grande diversité de compétences qui couvrent les différents domaines de la sociologie, mais aussi une grande variété d’approches théoriques et méthodologiques. Il ne s’agit pas d’une équipe homogène mais, au contraire, d’une équipe représentant différents courants de la discipline. Cette diversité constitue une richesse. Elle rend le travail d’évaluation plus exigeant parce que les points de vue sur les articles qui nous sont soumis sont parfois contrastés, ce qui entraine inévitablement des débats entre nous.
Tableau 1 : Composition du comité de rédaction
2010 | 2020 | |||
N | % | N | % | |
Genre | ||||
Hommes | 11 | 52 | 12 | 46 |
Femmes | 10 | 48 | 14 | 54 |
Statut | ||||
Rang A | 8 | 38 | 15 | 58 |
Rang B | 13 | 62 | 11 | 42 |
Géographie | ||||
Paris/Ile-de-France | 14 | 67 | 14 | 54 |
Régions | 7 | 33 | 9 | 35 |
Étranger | — | 3 | 11 | |
Total | 21 | 100 | 26 | 100 |
Tableau 1 : Composition du comité de rédaction
6Ce comité de rédaction s’appuie sur un réseau dense d’évaluateurs externes dont nous publions chaque année la liste (une soixantaine de personnes en moyenne par année). Chaque article reçu est adressé à deux lecteurs internes et deux lecteurs externes, ce qui implique évidemment un travail de fond sur les textes et une discussion approfondie en comité, en particulier lorsque les évaluations divergent. Il n’est pas rare que certains articles soient publiés après avoir été profondément modifiés par les auteurs à l’issue de la première ou de la seconde évaluation.
7Le comité dans son ensemble se réunit tous les deux mois environ. Nous avons expérimenté pendant quelque temps un mode de fonctionnement prévoyant des réunions mensuelles en comité restreint (cinq membres) et des réunions trimestrielles avec l’ensemble des membres. Mais cette expérience a suscité des frustrations liées à des inégalités de partage des informations entre le comité restreint et le comité élargi, si bien que nous sommes revenus au mode antérieur qui nécessite un travail intense, mais aussi plus riche entre tous les membres du comité. Plusieurs membres du comité se déplacent régulièrement à Paris pour ces réunions, mais nous fonctionnons aussi en visioconférence. Le travail de chacun est loin d’être négligeable. Il ne se résume pas à siéger régulièrement en comité, il implique de lire, d’évaluer et discuter les articles proposés. Il implique également de réfléchir à la ligne éditoriale de la revue en suscitant des idées pour des débats, des bilans critiques, des comptes rendus d’ouvrage. Il implique enfin de prendre une part de ce travail d’animation de projets ou de coordination de dossiers spéciaux.
8Tous les membres du comité sont des agents de la fonction publique et peuvent consacrer, de façon généreuse, une partie de leur temps avec la garantie d’emploi et de rémunération que leur apporte le service public à travers leurs centres de recherche ou leurs universités. Sociologie ne pourrait évidemment survivre sans cette garantie. C’est la raison pour laquelle le comité de rédaction, dans son ensemble, est attaché au service public et a exprimé, dans le numéro précédent, sous la forme d’un éditorial commun à plusieurs revues de sciences sociales, son opposition à la réforme des retraites et à la loi de programmation pluriannuelle de la recherche proposées par le gouvernement français. La revue Sociologie dépend du service public qui lui garantit la pérennité de sa structure éditoriale. Nous remercions collectivement l’ensemble des institutions qui nous soutiennent directement ou indirectement et espérons pouvoir continuer à bénéficier de ce soutien dans l’avenir.
9Rappelons ici que Sociologie est publiée avec le concours de l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS et le soutien scientifique de l’Ehess. À la fin de l’année 2014, le CNRS nous a attribué, pour la première fois, un poste de secrétaire de rédaction qui est occupé depuis par Florence Kerdoncuff. Je la remercie chaleureusement, au nom du comité de rédaction, pour le travail remarquable qu’elle accomplit. Je tiens également à rappeler le travail réalisé précédemment, avec l’appui du Centre Maurice Halbwachs, par Anne Luciani, Françoise Chamozzi, Muriel Schilovitz et Solenne Bertrand.
Une ligne éditoriale comportant plusieurs rubriques
10Sociologie a adopté une ligne éditoriale qui prévoit différents types de rubrique (voir tableau 2). Les auteurs se sont familiarisés avec ces différentes rubriques et nous adressent leurs propositions en mentionnant celle qui leur semble la plus appropriée. La rubrique « Enquêtes » accueille des articles originaux de recherche reposant sur l’analyse de matériaux empiriques. Nous y avons publié 74 articles de 2010 à 2014 et 64 de 2015 à 2019. En dépit de cette diminution, cette rubrique reste la plus importante en proportion d’articles publiés (63,6 %, hors comptes rendus). « Théories et méthodes » a pour objectif de présenter des articles originaux de recherche portant sur des enjeux théoriques et méthodologiques, y compris dans une perspective historique. Elle offre ainsi une certaine réflexivité sur la discipline et représente 11,6 % des articles publiés (25 au total, 12 dans les cinq premières années, 13 dans les cinq suivantes). « Bilan critique » dresse un état des lieux national ou international sur un objet d’étude (10,1 % des articles publiés).
11La rubrique « Débats » confronte et croise des regards différents sur une question sociologique, ou intéressant la communauté des sociologues. Les articles publiés (14,7 % au total) ont été plus nombreux dans les cinq dernières années (20 contre 12 dans la période précédente). Cette rubrique prend en réalité plusieurs formes. Nous recevons tout d’abord spontanément des propositions d’articles qui correspondent parfaitement à son esprit. Ils sont plus courts que les articles publiés dans les rubriques « Enquêtes » ou « Théories et méthodes » et rédigés dans un style souvent plus personnel ou plus engagé. Nous avons également parfois organisé des débats en lien avec l’actualité en réunissant plusieurs auteurs pour un entretien formel enregistré. Le dernier en date (no 1, 2015) portait sur le mariage pour tous. Animé par Céline Béraud et Baptiste Coulmont, il opposait Philippe Portier à Irène Théry. Nous avons aussi organisé des dossiers-débats en sollicitant plusieurs auteurs reconnus dans leur domaine afin de rassembler leurs contributions sur une question précise. Coordonnés par un ou deux membres du comité, ces dossiers présentent l’intérêt de mettre en perspective des approches différentes afin d’aborder une question précise sous des angles complémentaires ou opposés. Trois dossiers de ce type ont été publiés dans les cinq dernières années. Sylvie Mesure, en collaboration avec le philosophe Emmanuel Renault, a ainsi coordonné un débat intitulé « Une théorie sociale est‑elle possible ? » et comportant quatre articles. Laurent Mucchielli a pris la responsabilité d’un débat sur « L’état d’urgence : quelles conséquences sur les politiques publiques ? » regroupant trois contributions. Et, enfin, Séverine Chauvel et Cédric Hugrée ont assuré la coordination d’un dossier-débat sur « L’enseignement supérieur : l’art et les manières de sélectionner » comprenant six articles. Ces débats suscitent un intérêt auprès de notre lectorat que nous pouvons mesurer par le nombre de visites et téléchargements sur le site de la revue. Nous entendons poursuivre cet effort dans les années à venir. Le présent numéro comporte d’ailleurs un nouveau dossier de ce type. Coordonné par Sandrine Rui et moi-même, il entend répondre à une question : comment enquêter « à chaud » sur les mouvements sociaux ? Six articles consacrés à des luttes sociales récentes en France ou à l’étranger permettent de mettre en perspective différentes méthodes d’enquête, mais aussi de revenir sur les difficultés du sociologue à saisir sur le vif les événements au moment même où ils se produisent.
12Enfin, la rubrique « Comptes rendus » publie des notes inédites de lecture de publications récentes. Nous recevons des propositions spontanées de comptes rendus, mais nous discutons aussi, au sein du comité des ouvrages qui nous semblent importants pour notre discipline et nous sollicitons des auteurs pour les recenser et les discuter. Nicolas Duvoux et Olivier Martin, puis Jeanne Lazarus, ont assuré la responsabilité de cette rubrique pendant plusieurs années. Elle est coordonnée par Denis Colombi depuis deux ans. Un grand merci à lui et à ses prédécesseurs. Chaque compte rendu est toujours relu par des membres du comité. En dix ans, la revue a recensé 136 ouvrages.
Tableau 2 : Répartition des articles selon les rubriques
Rubriques | 2010-2014 | 2014-2019 | Total | % |
Enquêtes dont avec annexes électroniques | 74 42 (56,8 %) | 64 37 (57,8 %) | 138 79 (57,2 %) | 63,6 |
Théories et méthodes dont avec annexes électroniques | 12 2 (16,6 %) | 13 6 (46,1 %) | 25 8 (32,0 %) | 11,6 |
Bilan critique | 11 | 11 | 22 | 10,1 |
Débats | 12 | 20 | 32 | 14,7 |
Total articles | 109 | 108 | 217 | 100 |
Comptes rendus | 69 | 67 | 136 | — |
Total général | 178 | 175 | 353 | — |
Tableau 2 : Répartition des articles selon les rubriques
13Sociologie publie essentiellement des numéros en varia. Mais nous avons organisé trois numéros spéciaux en dix ans, ce qui représente moins de 10 % des quarante numéros publiés sur la période. Le numéro 1 de 2014 a été consacré à la « Sociologie de l’islamophobie ». Ce sujet nous a semblé mériter un numéro spécial. Un débat a été organisé à l’Ehess à l’occasion de la sortie de ce numéro et une vidéo a été enregistrée. Deux autres expériences ont suivi. Le numéro 4 de 2017 a été consacré aux « Liens sociaux numériques » et le numéro 1 de 2019, intitulé « Eux, nous, ils », a porté sur les sociabilités et contacts sociaux en milieu populaire. Ces trois numéros ont connu un certain succès, mais nous tenons à ne pas pour autant nous écarter de l’objectif de publier essentiellement des numéros en varia.
14Sociologie s’appuie sur des instruments numériques permettant de rendre accessibles les contenus de la revue grâce aux portails de diffusion des articles scientifiques (OpenEdition.org et Cairn). En supplément, le site internet de Sociologie offre aux auteurs la possibilité d’accompagner leur article d’une annexe documentaire électronique. Dès la création de la revue, nous avons incité les auteurs à joindre à leur recherche la documentation susceptible d’être mise en ligne à la disposition des lecteurs pour éclairer et étayer les résultats présentés dans la version papier de l’article (fac-similés de questionnaires, tableaux statistiques complémentaires, bases de données et programmes, grilles d’entretien, transcriptions, extraits de journaux d’enquête, archives écrites, iconographie…). Sur les 138 articles publiés dans la rubrique « Enquêtes », plus de la moitié comporte des annexes électroniques (79 soit 57,2 %). Cette pratique est devenue courante. Les auteurs qui publient des résultats de leurs enquêtes proposent désormais spontanément de livrer des compléments, sous forme électronique, ne fût-ce que pour valider leur démarche méthodologique ou renforcer leur démonstration empirique. Cette articulation entre la version papier et la version électronique nous apparaissait à la création de la revue comme une voie novatrice. Elle s’avère en effet conforme aux pratiques contemporaines de lecture tout en transformant la définition même d’un article scientifique au sens où il est désormais possible d’y inclure des éléments de l’argumentation qui, faute de place, ne pouvaient être livrés auparavant au lecteur. Notons que la proportion des articles dans la rubrique « Théories et méthodes » comportant des annexes électroniques est en nette augmentation : elle est passée de 16,6 % dans les cinq premières années à 46,1 % dans les cinq suivantes. La version électronique de la revue a été placée sous la responsabilité de Pierre Mercklé de 2010 à 2017. Cédric Hugrée a pris le relais depuis cette date. Je les remercie l’un et l’autre pour cet engagement.
Un nouveau livre collectif : Cinquante questions de sociologie
15Au moment de la création de Sociologie, les membres du comité de rédaction avaient préparé ensemble l’ouvrage collectif Les 100 ''M''ots de la sociologie (Puf, « Que sais-je ? ») lequel vient d’être réédité et traduit en japonais. L’idée de cet ouvrage était de profiter de la dynamique d’un comité de rédaction composé de sociologues soucieux de dépasser les oppositions d’école et de méthodes et de privilégier une approche pluraliste et exigeante de leur discipline. Nous avons publié régulièrement ces différents mots sur le site de la revue et pu constater le succès éditorial de ce petit ouvrage.
16À l’occasion du dixième anniversaire de Sociologie, les membres de son comité de rédaction actuel ont préparé un nouvel ouvrage, plus volumineux, intitulé Cinquante questions de sociologie. Depuis sa création, la revue a édité un nombre important d’articles dans tous les domaines de la sociologie. Elle a été aussi à l’origine de discussions méthodologiques, de bilans critiques et de débats entre sociologues sur les grands thèmes de l’actualité. Son comité, qui s’est régulièrement renouvelé, est représentatif, on l’a vu, des différents domaines et courants de la sociologie. Riches de cette expérience collective et conscients de l’intérêt de travailler ensemble, ses vingt-six membres actuels ont accepté de préparer cet ouvrage en se répartissant la rédaction des différents chapitres, dont chacun est formulé sous la forme d’une question de sociologie.
17Une question de sociologie est une question de société qui, par définition, intéresse un public avide de connaissance sur ce qui constitue la dimension sociale de l’existence humaine, mais qui relève d’un travail d’objectivation qui ne peut se concevoir sans distanciation préalable par rapport au sens commun, sans problématisation spécifique. Cette définition préalable que nous avons retenue nous a conduits immédiatement au constat que les questions de sociologie sont si nombreuses qu’il est impossible d’en dresser une liste exhaustive. Pourtant, ce livre en énonce cinquante pour leur pertinence et entend y répondre de façon la plus précise possible en mobilisant le savoir accumulé à partir des recherches menées depuis que la sociologie existe, mais surtout des plus récentes.
18Chaque membre du comité a proposé tout d’abord dix questions, ce qui nous a permis de constituer une première liste de deux cent soixante questions. Cette liste a été réduite à cinquante car certaines, inévitablement, se recoupaient. Chaque membre du comité a ensuite accepté de rédiger un ou plusieurs chapitres, et tous ont été relus collectivement. Ce livre est donc le produit d’un important travail collectif.
19Les auteurs ont travaillé dans la plus grande transparence en exprimant leurs choix respectifs et parfois leurs désaccords, y compris au moment de la relecture des différents chapitres. Si chaque chapitre est signé par un auteur (parfois deux) qui engage sa responsabilité, l’ouvrage dans son ensemble traduit une volonté collective de définir, de façon consensuelle, et dans un souci pédagogique permanent, ce qui constitue le cœur d’une discipline à travers les questions majeures qui la traversent et l’interrogent. Comme pour Les 100 M''ots de la sociologie, l’esprit d’ouverture, de discussion et de synthèse constitue incontestablement une garantie pour le lecteur.
20Chacune des 50 contributions pose une problématique renvoyant à des recherches bien précises et s’efforce d’y répondre en mettant en avant la spécificité de l’approche sociologique. L’ouvrage donne à voir comment les sociologues participent aux débats de société en les nourrissant directement ou en en infléchissant les orientations. Certains débats de la sociologie peuvent être nouveaux, d’autres plus anciens et traditionnellement reconnus comme au fondement de la discipline. Chaque question est traitée sous la forme de ce qu’on appelle généralement une dissertation, relativement courte, rédigée dans un souci de synthèse et avec un renvoi à quelques références bibliographiques essentielles. Nous avons souhaité nous adresser à un lectorat large, allant des enseignants de sociologie ou de sciences économiques et sociales, des chercheurs, des étudiants jusqu’aux non-spécialistes, c’est‑à-dire toute personne susceptible de s’intéresser à la sociologie.
21Les cinquante questions retenues se répartissent en quatre parties qui peuvent être considérées comme quatre grands objets d’études de la sociologie : « Ce qui lie », « Ce qui divise », « Ce qui change » et « Ce qui régule ». En dépit de la diversité et du nombre conséquent de thèmes traités, les cinquante questions de cet ouvrage ne couvrent pas l’ensemble des objets d’études de la sociologie. Si nous avons été attentifs à aborder, sans nous y enfermer, plusieurs domaines de la discipline, nous ne prétendons pas à l’exhaustivité, impossible à atteindre. Il est fort probable que si nous avions travaillé en collaboration avec d’autres équipes de sociologues en France ou à l’étranger, d’autres questions auraient été ajoutées à notre liste. La sélection que nous avons opérée exprime néanmoins notre souhait de donner un aperçu assez large des problématiques traditionnelles, mais aussi contemporaines, de la sociologie.
22La publication de ce livre coïncidera avec la publication de ce numéro. À l’occasion du dixième anniversaire de Sociologie, il exprime une volonté collective de donner une image positive de la discipline que nous représentons, ne fût-ce que par la simple démonstration de l’étendue des domaines qu’elle investigue et des énigmes qu’elle permet d’élucider. Il entend également apporter la preuve de la fécondité du croisement des savoirs et des méthodes qu’elle promeut. Nous espérons qu’il suscitera des échanges dans le monde académique, mais aussi au‑delà. Des réunions ou séminaires seront organisés dans plusieurs universités ou centres de recherche, aussi bien en France qu’à l’étranger, pour en assurer la diffusion. Souvent attaquée ou mal comprise, parfois considérée en crise, la sociologie reste, en ce début du xxie siècle, une discipline vigoureuse et utile par le regard distancié et critique qu’elle propose de la vie en société. Par cet ouvrage, mais aussi par le travail régulier d’évaluation des articles qu’il reçoit, le comité de rédaction de la revue Sociologie a voulu en témoigner. En son nom, je tiens à remercier celles et ceux qui nous ont adressé leurs propositions d’articles et nourri ainsi notre revue. J’exprime à nouveau nos remerciements aux institutions qui nous soutiennent, mais aussi à notre lectorat pour la confiance qu’il nous témoigne depuis le début.