À l’heure où les conséquences de la massification scolaire continuent de constituer des préoccupations majeures pour les acteurs du système éducatif – et un objet d’étude sociologique toujours aussi pertinent – Nicolas Jounin propose de nous livrer sa propre expérience en tant qu’enseignant-chercheur à l’université Paris-VIII-Saint-Denis. Plus précisément, son ouvrage Voyage de classes. Des étudiants de Seine-Saint-Denis enquêtent dans les beaux quartiers, constitué de cinq chapitres, permet de suivre l’accompagnement dans leur initiation à la recherche de trois promotions, de 2010 à 2012, de « nouveaux étudiants » – majoritairement issus des catégories populaires, résidant en banlieue et rarement blancs – inscrits en première année de sociologie.
Ne pas laisser les étudiants passifs face au savoir ; c’est le projet pédagogique que Nicolas Jounin s’est fixé en amenant des étudiants dans le huitième arrondissement, un des quartiers les plus favorisés de Paris (Triangle d’or au sud des Champs-Élysées, Monceau et Élysées-Madeleine au nord). Ainsi, l’enseignant leur fait expérimenter la position du chercheur dominé, peu développée dans les ouvrages de méthodologie, et les accompagne dans une démarche d’introspection sociologique. Suivant le modèle des sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot – qui ont probablement inspiré le titre du présent ouvrage avec leur livre Voyage en grande bourgeoisie
– les étudiants, tout comme l’auteur, effectuent un « grand écart social » et découvrent alors le monde de la haute bourgeoisie, trop peu sujet à des enquêtes, en combinant les trois principales méthodologies d’enquête sociologiques : l’observation, le questionnaire et l’entretien…
Date de mise en ligne : 05/10/2016.