Notes
-
[1]
Balandier G., « La situation coloniale. Approche théorique », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 110, janvier-juin 2011.
-
[2]
Kateb Y., Le Poète comme un boxeur, 1958-1989. Entretiens réunis par Gilles Carpentier, Seuil, Paris, 1993, p. 56.
-
[3]
Kourouma A., Les Soleils des indépendances, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1968, (réed. Seuil, 1970).
-
[4]
Harchi K., « L’écriture littéraire au carrefour de l’histoire collective et de l’histoire intime. Étude du cas de l’écrivain algérien francophone Rachid Boudjedra », COnTEXTES, en ligne, 15/2015, url : http://contextes.revues.org/6052
-
[5]
Ducas S., « La place marginale des écrivains francophones dans le grand palmarès des prix d’automne », Outre-mers, nos 332-333, 2001, p. 348.
-
[6]
Précisons que l’Institut de France est composé de cinq sections parmi lesquelles celle de l’Académie française. Les quatre autres sections sont : l’Académie des sciences, l’Académie de sciences morales et politiques, l’Académie des inscriptions et Belles-Lettres et l’Académie des Beaux-Arts.
-
[7]
Delphine Naudier, « L’irrésistible élection de Marguerite Yourcenar à l’Académie française », Cahiers du Genre, 2004/1, n° 36, p. 48.
-
[8]
Lacoste Y., « La question coloniale », Hérodote, n°°120, 2006, p. 12.
-
[9]
Colonna F., « Verdict scolaire et position de classe dans l’Algérie coloniale », Revue française de sociologie, vol. 14, 1973, n° 14-2, p. 180.
-
[10]
« Appel de l’ugema du 19 mai 1956 ».
-
[11]
Djebar A., La soif, Paris, Julliard, 1957.
-
[12]
Sagan F., Bonjour Tristesse, Paris, Julliard, 1954.
-
[13]
Djebar A., L’amour, la fantasia, J. C. Lattès, 1985, Paris.
-
[14]
Détrez C., « L’amour, la fantasia d’Assia Djebar : l’écriture comme tentative de réconciliation des socialisations contradictoires », in Ce qu’ils vivent, ce qu’ils écrivent. Mises en scène littéraires du social et expériences socialisatrices des écrivains (sous la direction de B. Lahire), Paris, Éditions des Archives contemporaines, 2011, p. 204.
-
[15]
Djebar A., Ombre sultane, Paris, J. C. Lattès, 1987.
-
[16]
Dubois J., L’institution de la littérature. Introduction à une sociologie, Bruxelles, Labor, 1978, p. 97.
-
[17]
Ibid.
-
[18]
David J., « La marche des temps : sociologie de la littérature et historicité des œuvres », COnTEXTES [en ligne], 7 | 2010, mis en ligne le 26 mai 2010, consulté le 7 mars 2015. URL : http://contextes.revues.org/4647.
-
[19]
Naudier D., op. cit., p. 46.
-
[20]
Naudier D., La cause littéraire des femmes. Modes d’accès et de consécration des femmes dans le champ littéraire, Paris, EHESS, 2000, p. 107.
-
[21]
Casanova P., La république mondiale des lettres, Paris, Seuil, 2008 (1999), p. 90.
-
[22]
Ibid.
-
[23]
Ibid., p. 91.
-
[24]
Ibid., p. 90.
-
[25]
Savigneau J., Marguerite Yourcenar, l’invention d’une vie, Paris, Gallimard, 1990, p. 104.
-
[26]
« Djazair » signifie Algérie, en langue arabe.
-
[27]
Da Silva M., « L’Algérie en France, une année polémique », Le Monde diplomatique, décembre 2003.
-
[28]
Raouraoua M., « Découverte, expression, rencontre », 2003, http://www.mem-algeria.org/francais/index.php?page=annee_alg_fr, consulté le 10 mars 2015.
-
[29]
Ibid.
-
[30]
Bourges H., « Djazair 2003 : l’Algérie au cœur », http://www.mem-algeria.org/francais/index.php?page=annee_alg_fr, consulté le 10 mars 2015.
-
[31]
Ibid.
-
[32]
Sebag A., « Kateb Yacine chez Molière », Le Point, 3 janvier 2003.
-
[33]
Naudier D., op. cit., p 55.
-
[34]
Les archives de l’Académie française étant placées sous scellé, et cela pour une période de trente ans à compter du jour de l’élection de l’académicien-ne, nous n’avons pas pu avoir accès aux documents spécifiant les modalités internes de cette élection.
-
[35]
Djebar A., « Discours de Mme Assia Djebar », url : http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-et-reponse-de-pierre-jean-remy, consulté le 4 février 2015.
-
[36]
Ibid.
-
[37]
Ibid., p. 13.
-
[38]
Ibid.
-
[39]
Ibid.
-
[40]
Ibid., p. 17.
-
[41]
Ibid., p. 20.
-
[42]
Bertrand R., « L’enjeu politique de la mémoire coloniale : le débat français » in Legs colonial et gouvernance contemporaine, vol. 1, Paris, Fonds d’Analyse des Sociétés Politiques, 2005, p. 67.
-
[43]
Le texte intégral de l’article n° 4 de la loi n° 2005-158 du 23 février 2005 est le suivant : « Les programmes de recherche universitaire accordent à l’histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu’elle mérite. Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit. La coopération permettant la mise en relation des sources orales et écrites disponibles en France et à l’étranger est encouragée. »
-
[44]
Todorov T., « La mémoire devant l’histoire », Terrain, n° 25, 1995, p. 103.
-
[45]
Bédarida F., Azéma J. (dir.), La France des années noires, Paris, Fayard, 1993, p. 104.
-
[46]
Assouline P., « Djebar enfonce l’épée dans la plaie », url : http://passouline.blog.lemonde.fr/2006/06/24/2006_06_djebar_enfonce_/, consulté le 6 février 2015.
-
[47]
Ibid.
-
[48]
Ibid.
-
[49]
Ibid.
-
[50]
Communiqué de presse de l’association Recours-France, url : http://www.oran-memoire.fr/Monsite/djebar.html, consulté le 10 février 2015.
-
[51]
Nouvion P., « Lettre adressée à Madame Hélène Carrère d’Encausse », url : http://www.oran-memoire.fr/Monsite/djebar.html, consulté le 10 février 2015.
-
[52]
Gaxotte P., L’académie française, Paris, Hachette, 1965, p. 8.
-
[53]
Moulin R., Quemin A., « La certification de la valeur de l’art. Experts et expertises », Économies, Sociétés, Civilisations, vol. 48, n° 6, 1993.
1Les écrivains francophones nés dans les anciennes colonies françaises, au Maghreb et en Afrique noire, développèrent, du fait de leurs expériences personnelles de la « situation coloniale [1] », une pratique littéraire conçue comme une pratique militante. Ce fut le cas, par exemple, de l’écrivain algérien Kateb Yacine (1929-1989) qui après avoir vécu les massacres de Sétif et de Guelma, le 8 mai 1945, affirma son « besoin d’expliquer en français aux Français, le fait que l’Algérie n’est pas française [2] ». Ce fut aussi le cas de l’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma (1927-2004) qui fit le choix stratégique du genre romanesque pour son premier récit Les soleils des indépendances [3] afin de contourner la censure politique dont il aurait pu faire l’objet s’il avait opté pour le genre pamphlétaire. Remarquons alors que « la population des écrivains francophones, et plus généralement, des écrivains ayant vécu sous le régime de la colonisation, accordent, dans leurs productions littéraires propres, une attention forte à l’histoire nationale telle qu’elle fut narrée par les vainqueurs afin de faire advenir […] le récit de l’histoire telle qu’elle fut vécue, cette fois-ci, par les vaincus [4] ».
2Une attention portée à la place qu’occupent ces œuvres au sein de l’institution française révèle « une position minoritaire [5] » tant rares sont les écrivains francophones du Maghreb et d’Afrique noire primés lors du palmarès des grands prix littéraires d’automne. Encore plus rares sont-ils à être parvenus à accéder aux académies littéraires. Seule exception notable : l’écrivaine algérienne Assia Djebar qui fut, le 16 juin 2005, élue à l’Académie française [6]. Certes, Assia Djebar n’est pas la première femme à y être reçue. L’ont précédée Florence Delay, Hélène Carrère d’Encausse, Jacqueline de Romilly et Marguerite Yourcenar qui, élue en 1981, a ouvert la voie aux femmes. Mais Assia Djebar est bien la première femme écrivaine de langue française, née en Afrique du Nord, à faire son entrée sous la coupole.
3Si, comme le souligne Delphine Naudier, l’élection de femmes sous la coupole, depuis Marguerite Yourcenar, « s’est opérée sans heurt [7] », c’est-à-dire sans que la question de l’éligibilité des femmes à l’Académie française ne soit à nouveau posée, remarquons que l’élection d’Assia Djebar a davantage cristallisé des enjeux d’ordre politique liés la relation postcoloniale, entendue, ici, comme l’ensemble « des interactions principalement culturelles qui existent entre deux nations ayant été autrefois situées dans un rapport géopolitique de type colonial [8] ». Ainsi, le présent article, fondé sur l’étude du discours prononcé par Assia Djebar à l’Académie française, tend à mettre au jour, d’une part, les usages politiques que cette dernière a faits de la reconnaissance littéraire qui lui a été allouée et, d’autre part, les modalités de réception de ce discours.
Éléments significatifs de la carrière littéraire d’Assia Djebar
4Assia Djebar – de son véritable nom, Fatima Zohra Imalayène – est née le 4 août 1936, en Algérie, dans la ville côtière de Cherchell. Sa mère, Bahia Sahraoui, est issue de la petite bourgeoisie traditionnelle algérienne. Son père, Tahar Imalayène, est un instituteur issu de l’École normale des instituteurs de la Bouzaréah dont la mission, à l’époque, était de sélectionner et de former les individus « les plus aptes à être des diffuseurs de la culture dominante […], si importants dans la stratégie coloniale française en Algérie [9] ». L’enfance d’Assia Djebar se déroule alors dans un milieu petit-bourgeois porté à croire en les possibilités d’ascension sociale offertes par le système scolaire algérien d’inspiration française. Aussi, à l’âge de dix ans, Assia Djebar, qui maîtrise déjà parfaitement la langue française, est inscrite au collège de Blida où elle fait l’apprentissage du grec ancien, du latin ainsi que de l’anglais. Après avoir obtenu son baccalauréat, en 1953, la jeune femme, encouragée par son père, intègre le lycée Fénelon, à Paris. Une année plus tard, Assia Djebar devient la première femme musulmane à intégrer l’École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres.
5Au cours du printemps 1956 ont lieu, à Paris, les grèves de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) qui appelle à « déserter les bancs de l’université pour les maquis, [et à] rejoindre en masse les rangs de l’armée de libération nationale et son organisme politique, le FLN [10] ». Assia Djebar fait le choix de répondre à cet appel, ce qui lui vaudra d’être exclue de l’École normale. Pour la jeune femme s’ouvre une période consacrée à l’étude de l’histoire contemporaine et moderne ainsi qu’à l’écriture. En 1957, Assia Djebar propose son premier manuscrit littéraire, La Soif [11], aux éditions Julliard qui l’acceptent. Surnommée « la Sagan algérienne » par Christian Bourgois et René Julliard du fait des ressemblances fortes qui unissent le récit de La Soif à celui de Bonjour tristesse [12] de Françoise Sagan, Assia Djebar développe, vers la fin des années 1960, une pratique littéraire centrée sur le thème de l’individualité. Les intrigues romanesques sont alors principalement fondées sur l’explicitation des schémas psychologiques qui régissent les conduites des personnages principaux. Puis, progressivement, apparaît le thème de la communauté. La pratique littéraire d’Assia Djebar vise à valoriser la participation des femmes algériennes à la guerre de libération, d’une part, et à dénoncer leur subordination à l’ordre patriarcal, d’autre part.
6L’engagement d’Assia Djebar pour l’indépendance de l’Algérie et l’émancipation des femmes algériennes est certainement le plus remarquable à travers son huitième roman, L’amour, la fantasia [13] qui mêle trois niveaux de narration : « le récit de la conquête de l’Algérie par les Français en 1830, […] le récit de l’enfance de la narratrice, […] et les témoignages de femmes algériennes sur leur participation à la guerre d’indépendance [14]. » Ce roman, conçu comme contre-discours littéraire à l’histoire coloniale, permet à Assia Djebar d’accroître sa visibilité sur une scène littéraire internationale influencée par le développement des études postcoloniales. Ainsi, le neuvième roman d’Assia Djebar, Ombre sultane [15], est couronné, en 1989, à Francfort, par le Literaturpreis des Okumenischen Zentrums. En 1995, à Bruxelles, elle obtient le prix Maurice Maeterlinck. En 1996, à New York, Assia Djebar reçoit l’International Literary Neustadt Prize. Puis ce sera, en 1997, à Boston, le Prix Marguerite Yourcenar. En 1998, en Italie, le Prix international de Palmi. En 1999, le prix de la revue Études françaises. La même année, Assia Djebar est élue membre de l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique. En 2000, à Francfort, elle obtient le Prix de la paix des libraires allemands. Puis, en 2005, en Italie, elle reçoit le prix international Pablo Neruda. Elle est, par ailleurs, nommée docteur honoris causa de l’Université d’Osnabrück.
7Rétrospectivement, les nombreux prix littéraires internationaux décernés dès 1985 à Assia Djebar semblent avoir été autant de jalons solidement posés lui ayant permis de se distinguer du groupe des écrivains algériens de langue française et de légitimer sa candidature à l’Académie française.
Les enjeux de la présence d’un écrivain étranger de langue française sous la coupole
8À travers l’ouvrage L’institution de la littérature, Jacques Dubois définit l’académie littéraire en tant que « juridiction spécialisée instituée [16] » vouée à distribuer, « suivant un rituel dont le déroulement est largement répercuté par les grands médias, […] gratifications et reconnaissance [17] ». Si le processus de formation de la croyance en la valeur littéraire est tributaire d’un système pluridimensionnel où les modalités de découverte, de publication et de réception des productions textuelles participent à situer ces dernières sur l’échelle de la qualité, notons que l’académie littéraire influe, à son tour, sur cette situation en rendant l’œuvre reconnue « par définition, durable [18] ». Cette notion de durabilité caractérise fortement l’identité sociale de l’institution de l’Académie française dont les membres, une fois élus, sont nommés « les immortels ».
9Se demander ce qui fut reconnu lors de l’élection d’Assia Djebar à l’Académie française appelle communément des réponses mobilisant le champ sémantique du « génie », du « talent » ou encore du « don ». Or, ces notions, imprégnées de l’idéologie romantique, ne participent pas tant à expliquer les fondements sociaux de la réussite artistique qu’à effacer, par un processus de naturalisation, d’une part, l’inégalité des possibilités d’accès au statut convoité d’écrivain reconnu, et d’autre part, les stratégies de l’individu pour être reconnu ainsi que les intérêts de l’institution académique à le reconnaître.
10Une attention portée à l’histoire sociale de l’Académie française révèle une ancienne et forte « réticence à toute présence féminine [19] », et cela, en raison du fait que « l’admission des femmes dans l’une de ces Académies rendrait plus difficile le maintien de leur exclusion dans les autres [20] ». Néanmoins, l’élection de Marguerite Yourcenar, en 1981, après d’âpres débats, a largement brisé le monopole des hommes qui prévalait jusque-là. Il est alors intéressant de remarquer que la candidature d’Assia Djebar à l’Académie française n’a pas tant soulevé un débat lié à son appartenance sexuelle qu’un débat portant sur les enjeux de la présence d’écrivains non français de langue française, sous la coupole de l’Institut.
11Pour les écrivains étrangers de langue française ayant pour projet d’être élu académicien, se produit alors ce que Pascale Casanova nomme « l’effet de la capitale des arts [21] » qui conduit « les artistes du monde entier à accepter sans réserve cette prééminence parisienne [22] » en raison du fait que Paris est « le lieu à partir duquel, jugés, critiqués, transmués, les livres et les écrivains peuvent se dénationaliser et devenir ainsi universels [23] ». En ce sens, l’enjeu de la présence d’un écrivain étranger francophone à l’Académie française revêt un caractère d’ordre politique car il s’agit bien, pour un écrivain qui n’est pas issu du sérail littéraire parisien, c’est-à-dire originaire d’« un espace littéraire dominé [24] », de parvenir à l’intégrer et d’être ainsi placé – et placé haut – dans la hiérarchie littéraire.
Un contexte d’amitié franco-algérienne aidant
12En 1970, l’académicien Roger Caillois évoquait, dans le cadre d’une correspondance privée, l’idée selon laquelle « l’innovation consistera[it] en l’élection d’écrivains étrangers [25] ». Pourtant, c’est dans un contexte sociohistorique plus tardif et spécifique que sont survenues la candidature et l’élection d’Assia Djebar à l’Académie française. En effet, l’année 2003 – soit deux ans seulement avant que l’écrivaine algérienne ne devienne une « immortelle » – est désignée : « Djazair [26], une année de l’Algérie en France », sur décision commune du président algérien Abdelaziz Bouteflika et du président français Jacques Chirac. Ainsi, « près de 2000 évènements sont programmés, à travers le réseau professionnel français des conservateurs de musée, des directeurs de centre d’art, de théâtre ou de festival et de responsables associatifs [27] ». L’année 2003 ouvre alors la voie, sur le plan culturel, à un ensemble de collaborations inédites entre artistes algériens et français. Mohammed Raouraoua, commissaire général algérien, note que « plus que l’indispensable cérémonial qui marque […] l’événement, c’est sa signification historique qui requiert l’attention [28] ». Car, « au-delà des rendez-vous manqués, deux nations que rapprochent tout autant la Méditerranée et l’histoire s’offrent ainsi une opportunité exceptionnelle de rencontre et surtout, ardemment recherchée, une meilleure connaissance mutuelle des deux peuples [29] ». Pour les organisateurs français, l’enjeu symbolique est tout aussi clairement signifié. Hervé Bourges, président du projet « Djazair, une année de l’Algérie en France », affirme que « cette année est un recommencement [30] ». Et de poursuivre :
« Recommencement après de multiples rendez-vous manqués, après de multiples malentendus et des années de silence, d’oubli et de douleur. Deux pays voisins, deux pays culturellement et intellectuellement liés, et pourtant deux pays qu’un affrontement fratricide a opposés et qui se sont tourné le dos. Quarante années passent, les cicatrices s’effacent peu à peu, d’autres difficultés, d’autres revers, d’autres plaies sociales ou historiques se sont ouvertes en Algérie comme en France, et l’effort nécessaire pour une main tendue réciproque n’a pas encore été fait ! Alors même que le brassage des populations continuait, que des échanges culturels croissants mixaient les apports de nos différents héritages, des deux côtés de la Méditerranée. Djazaïr, une année de l’Algérie en France ne sera pas une année culturelle comme les autres. Elle marquera une nouvelle ligne de départ pour deux nations reconnues, également attachées à leur identité politique et diplomatique, certaines toutes les deux d’avoir un message propre à délivrer [31] ».
14Parmi les manifestations culturelles organisées durant l’année 2003, la plus symbolique d’entre toutes a certainement été l’entrée de l’une des pièces de théâtre de Kateb Yacine au répertoire de la Comédie française, autre ancienne et prestigieuse académie littéraire. Le journaliste Albert Sebag, dans un article intitulé « Kateb Yacine chez Molière », a jugé cet évènement « considérable puisque c’est bien la première fois qu’un auteur algérien entre […] au français [32] ».
15Ces éléments tendent à démontrer que le projet culturel et artistique « Djazair, une année de l’Algérie en France », quarante et un ans après l’indépendance algérienne, a très largement été pensé et conçu dans l’optique d’une grammaire de la réparation politique empruntant la voie de la reconnaissance culturelle. La candidature et l’élection d’Assia Djebar à l’Académie française s’inscrivent donc pleinement dans un contexte sociohistorique marqué par un volontarisme politique français orienté vers la valorisation du patrimoine artistique algérien.
L’usage politique de la reconnaissance littéraire
16Comme le rappelle Delphine Naudier, « pour accéder au statut d’académicien, deux modes de dépôt des candidatures sont prévus. Le candidat adresse une déclaration d’intention au secrétaire perpétuel, ou, procédure exceptionnelle, il est représenté par un ou plusieurs académiciens [33] ». Pour Assia Djebar, il s’est agi de rédiger un communiqué de presse formel faisant état de son souhait de succéder au juriste Georges Vedel, décédé le 21 février 2002, et qui occupait alors le fauteuil n° 5. Lors de la séance du 22 juin 2005, trois noms sont soumis au vote secret des académicien-ne-s : Dominique Fernandez, Michel Tack, et Assia Djebar. Au premier tour, cette dernière recueille quatorze voix ; ce qui ne constitue pas une majorité. Un second tour est alors organisé où elle obtient, cette fois-ci, suffisamment de voix et est alors élue [34].
17Une année plus tard, le 22 juin 2006, Assia Djebar est accueillie à l’Académie française où, comme l’exige l’usage, elle est invitée à prononcer un discours de réception qui se doit d’être, avant toute chose, un hommage rendu à l’académicien Georges Vedel auquel elle succède. Ainsi, Assia Djebar évoque les grandes étapes de la vie de « cet enfant placé, presque symboliquement, dès l’origine, de part et d’autre du droit [35] » et se dit être admirative de « son œuvre de juriste […] de grand sage dans la naissance d’une Europe nouvelle [36] ». Puis précisant qu’« il y a une autre Histoire », celle de « la France [qui] sur plus d’un demi-siècle a affronté le mouvement irréversible et mondial de décolonisation des peuples [37] », Assia Djebar centre progressivement son propos sur deux thèmes liés l’une à l’autre : d’une part, le thème autobiographique, et d’autre part, le thème de la colonisation de l’Algérie par la France.
18Face aux académiciens et aux journalistes français et algériens présents pour l’occasion, Assia Djebar affirme :
« L’Afrique du Nord, du temps de l’Empire français […] a subi un siècle et demi durant dépossession de ses richesses naturelles, déstructuration de ses assises sociales, et pour l’Algérie, exclusion dans l’enseignement de ses deux langues identitaires, le berbère séculaire, et la langue arabe dont la qualité poétique ne pouvait alors, pour [elle], être perçue que dans les versets coraniques qui [lui] restent chers. […]. Le colonialisme vécu au jour le jour par [ses] ancêtres a été une immense plaie ! Une plaie dont certains ont récemment rouvert la mémoire, trop légèrement et par calcul électoraliste [38] ».
20Puis elle poursuit :
« Il serait utile de rappeler que, dans mon enfance, en Algérie coloniale (on me disait alors “Française musulmane”) alors que l’on nous enseignait “nos ancêtres les Gaulois”, à cette époque justement des Gaulois, l’Afrique du Nord, ma terre ancestrale avait déjà une littérature écrite de haute qualité. […] Après 711 et jusqu’à la chute de Grenade en 1492, l’arabe des Andalous produisit des chefs-d’œuvre dont les auteurs, Ibn Battouta le voyageur, né à Tanger ; Ibn Rochd le philosophe commentant Aristote […], enfin le plus grand mystique de l’Occident musulman, Ibn Arabi […] [39] ».
22Enfin, Assia Djebar évoque la mémoire de son père :
« Je n’ai fait après tout que prolonger l’activité de mon père qui, instituteur dans les années trente, en pleine montagne algérienne, seul dans une école où ne parvenait même pas la route, scolarisait en français des garçonnets, il y ajoutait des cours d’adultes pour des montagnards de son âge auxquels il assurait une formation accélérée en français, les préparant ainsi à de petits métiers d’administration pour que leur famille ait des ressources régulières [40] ».
24Avant de conclure :
« Je ne peux m’empêcher, pour conclure, de me tourner vers François Rabelais […]. Dans sa lettre de Gargantua à Pantagruel, en 1532, c’est-à-dire un siècle avant la création de l’Académie par le cardinal de Richelieu, était déjà donné le conseil d’apprendre “premièrement le grec, deuxièmement le latin, puis l’hébreu […] et l’arabe pareillement. […] j’imagine qu’en ce moment […] François Rabelais dialogue dans l’Empyrée avec Avicenne, tandis que je souris, ici, au Doyen Vedel auquel grâce à vous, aujourd’hui, je succède [41]” ».
26Comme l’illustrent ses propos, Assia Djebar a conféré à son discours de réception à l’Académie française une forte valeur instrumentale. En effet, les modalités discursives selon lesquelles celle-ci rend hommage à Georges Vedel sont grandement déterminées par un positionnement militant qui vise à réaffirmer la violence de l’ordre colonial en Algérie et cela alors que l’écrivaine s’exprime au sein d’un espace académique se voulant apolitique.
27Le positionnement d’Assia Djebar est adopté en réaction directe à ce que Romain Bertrand a nommé « l’invention de la politique de la mémoire [42] », faisant ainsi référence à la loi du 23 février 2005 où était reconnu « le rôle positif de la présence française outremer, notamment en Afrique du Nord [43] ». En développant alors l’idée selon laquelle la France serait responsable de ce qui est survenu en Algérie, entre 1830 et 1962, Assia Djebar a délibérément inscrit son intervention dans le cadre d’un débat français sur la guerre d’Algérie. Le discours d’Assia Djebar opère deux déplacements : d’une part, un déplacement de l’espace historique « qui a pour mission […] de transformer l’expérience […] en objet d’analyse [44] » vers l’espace mémoriel qui est l’expression « des valeurs et de la vie d’un groupe social qui défend ses intérêts [45] » et, d’autre part, un déplacement de l’espace créateur littéraire individuel vers l’espace politique collectif. La haute reconnaissance dont a fait l’objet Assia Djebar en étant élue à l’Académie française a ainsi fait l’objet, par l’écrivaine elle-même, d’un usage extra-littéraire.
Un discours de réception à l’Académie française controversé
28Deux jours après le discours prononcé par Assia Djebar à l’Académie française, le journaliste Pierre Assouline publie sur son blog littéraire, La République des livres, un article relatif à cette élection et intitulé : « Djebar enfonce l’épée dans la plaie. » Il note alors : « Assia Djebar devait faire l’éloge de son prédécesseur Georges Vedel. Mais l’œuvre de l’éminent constitutionnaliste était si peu sa tasse de thé qu’elle a en grande partie consacré son évocation à… elle-même (et encore, Hélène Carrère d’Encausse et Pierre-Jean Rémy lui avaient fait réduire la part autobiographique afin de ne pas trop heurter la famille Vedel et parce que… cela ne se fait pas) [46]. » Puis il poursuit : « cette fille d’un instituteur de Cherchell, que toute la presse évoque comme “une Maghrébine à l’Académie”, n’insiste guère elle-même sur sa double qualité de Franco-Algérienne. Elle n’a évoqué la France que pour la dénoncer sans nuance, faisant fi de tous les débats historiens qui ont récemment défrayé la chronique [47] ». Avant de conclure : « On aurait voulu se faufiler hier après-midi dans les travées de l’Institut juste pour observer les mouvements de tête, d’épaules et de sourcils du légionnaire Pierre Messmer, Maurice Druon, Gabriel de Broglie, René Rémond, Jean Dutourd, Michel Mohrt, Félicien Marceau, Michel Déon et de quelques autres immortels qui ont dû en avaler leur épée. Enfer et damnation ! Non seulement ils avaient laissé entrer une quatrième femme dans leur compagnie (!), mais une femme de tempérament qui leur infligerait d’écouter jusqu’au bout, stoïque dans l’adversité, un discours résumant 130 ans de présence française en Algérie à une trace de sang [48]. »
29À travers, ces quelques extraits se donnent à lire les modalités politiques selon lesquelles le discours d’Assia Djebar a été reçu par une partie de la critique littéraire. Il est alors intéressant de noter que l’identité, la trajectoire et l’œuvre littéraires d’Assia Djebar n’ont fait l’objet, de la part de cette critique, d’aucun commentaire analytique. Au contraire, il s’est agi de concentrer l’attention puis de remettre en cause son positionnement militant consistant, selon Pierre Assouline, à « vilipender un pays tout en louant le génie de sa langue [49] ». Cette dernière expression utilisée par le journaliste dans le but de souligner l’incohérence du positionnement politico-littéraire d’Assia Djebar révèle le système d’injonctions contradictoires auquel celle-ci a été soumise. Soit un système de pensée et de représentations contraignant l’écrivain-e dont la langue française n’est pas la langue maternelle à demeurer dans une situation de dette symbolique à l’égard de l’ancienne puissance impériale sans que cette situation ne puisse s’accompagner d’un exercice critique.
30Dans une perspective pragmatique, notons que la controverse mémorielle provoquée par le discours de réception d’Assia Djebar, dans un contexte de fortes tensions sociales relatives au traitement du fait colonial, a grandement été amplifiée par la réaction de Philippe Nouvion, secrétaire général de l’association Rassemblement et Coordination des Rapatriés et Spoliés d’Outre-Mer, autrement connu sous le nom de Recours-France. À travers un communiqué officiel publié quelques jours seulement après que l’écrivaine ait prononcé son discours de réception à l’Académie française, l’association a réagi en ces termes :
« De nombreux Français rapatriés de toutes origines se sont étonnés de certains propos tenus par Madame Assia Djebar dans son discours d’entrée du 22 juin à l’Académie française. Peut-on dénigrer en cinq lignes la présence française en Algérie, alors que l’on sait, malgré certaines zones d’ombre inhérentes à toutes actions humaines, les apports dont l’Algérie a pu profiter durant 130 années de sa création, en 1830 à son indépendance, en 1962 ? Il est surprenant qu’une personne pouvant exercer ses talents littéraires et cinématographiques librement en Algérie, ait choisi de vivre définitivement en France en 1980 et de mettre en cause notre pays 26 ans plus tard. Nous regrettons que Madame Assia Djebar n’ait pas le courage de faire profiter une université algérienne de ses talents littéraires pour réhabiliter les langues arabes et berbères, dont elle vante les qualités et déplore la disparition [50] ».
32Puis, dans une lettre adressée à la Secrétaire perpétuelle de l’Académie française, Hélène Carrère d’Encausse, et rendue publique, Philippe Nouvion écrit :
« Lors de son discours d’entrée à l’Académie française, Madame Assia Djebar a dénigré en quelques lignes la présence française en Algérie, l’accusant d’avoir été une immense plaie pendant quatre générations au moins. Nous ne voulons pas polémiquer mais nous tenons à ce que l’on respecte notre dignité ainsi que celle de nos ancêtres qui ont fait, avec l’aide des populations locales, l’Algérie qui avant 1830 n’existait pas. Nous n’avons malheureusement pas échappé à l’évocation du génocide des langues arabes et berbères. Nous déplorons que l’Académie française, ainsi que l’Ambassadeur de France en Algérie présent ne se soient pas élevés contre de pareils propos qui ne font que des plaies chez les rapatriés de toutes origines [51] ».
34L’élection d’Assia Djebar à l’Académie française, en juin 2005, a été une étape décisive dans la carrière littéraire de l’écrivaine, alors âgée de soixante-neuf ans. « Suprême honneur sans lequel la réussite ne serait point complète [52] », entrer à l’Académie française a distingué l’écrivaine de ses contemporains en en faisant l’élue. En ce sens, le statut d’académicienne d’Assia Djebar a été, d’une part, le produit de la croyance en la valeur littéraire que l’institution a accordé à son œuvre et a, d’autre part, participé à renforcer la production de la croyance en cette valeur qui a été, pour reprendre l’expression de Raymonde Moulin et Alain Quemin, « certifiée [53] » par l’expertise académique. Au terme de cette étude, il apparaît qu’Assia Djebar a fait de la reconnaissance littéraire qui lui a été allouée un usage politique spécifique visant l’imposition d’une définition du fait colonial à travers laquelle la France est désignée porteuse d’une responsabilité morale. La réception sociale de ce discours politique en décalage avec les attentes de l’espace académique à partir duquel il se déploie a alors contribué à l’intensification des luttes mémorielles du fait colonial faisant, au cours de l’année 2005, en France, l’objet d’un vif débat sociétal. L’étude du discours d’Assia Djebar à l’Académie française ainsi que l’analyse des réactions sociales qu’il a suscitées indiquent l’existence, en situation postcoloniale, de tensions politiques persistantes entre l’institution littéraire française et l’écrivaine algérienne concevant l’écriture littéraire comme contre-discours politique.
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Mots-clés éditeurs : discours, domination, francophonie littéraire, Algérie, valeur, résistance, consécration, académie
Date de mise en ligne : 17/07/2019
https://doi.org/10.3917/soart.027.0109Notes
-
[1]
Balandier G., « La situation coloniale. Approche théorique », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 110, janvier-juin 2011.
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[2]
Kateb Y., Le Poète comme un boxeur, 1958-1989. Entretiens réunis par Gilles Carpentier, Seuil, Paris, 1993, p. 56.
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[3]
Kourouma A., Les Soleils des indépendances, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1968, (réed. Seuil, 1970).
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[4]
Harchi K., « L’écriture littéraire au carrefour de l’histoire collective et de l’histoire intime. Étude du cas de l’écrivain algérien francophone Rachid Boudjedra », COnTEXTES, en ligne, 15/2015, url : http://contextes.revues.org/6052
-
[5]
Ducas S., « La place marginale des écrivains francophones dans le grand palmarès des prix d’automne », Outre-mers, nos 332-333, 2001, p. 348.
-
[6]
Précisons que l’Institut de France est composé de cinq sections parmi lesquelles celle de l’Académie française. Les quatre autres sections sont : l’Académie des sciences, l’Académie de sciences morales et politiques, l’Académie des inscriptions et Belles-Lettres et l’Académie des Beaux-Arts.
-
[7]
Delphine Naudier, « L’irrésistible élection de Marguerite Yourcenar à l’Académie française », Cahiers du Genre, 2004/1, n° 36, p. 48.
-
[8]
Lacoste Y., « La question coloniale », Hérodote, n°°120, 2006, p. 12.
-
[9]
Colonna F., « Verdict scolaire et position de classe dans l’Algérie coloniale », Revue française de sociologie, vol. 14, 1973, n° 14-2, p. 180.
-
[10]
« Appel de l’ugema du 19 mai 1956 ».
-
[11]
Djebar A., La soif, Paris, Julliard, 1957.
-
[12]
Sagan F., Bonjour Tristesse, Paris, Julliard, 1954.
-
[13]
Djebar A., L’amour, la fantasia, J. C. Lattès, 1985, Paris.
-
[14]
Détrez C., « L’amour, la fantasia d’Assia Djebar : l’écriture comme tentative de réconciliation des socialisations contradictoires », in Ce qu’ils vivent, ce qu’ils écrivent. Mises en scène littéraires du social et expériences socialisatrices des écrivains (sous la direction de B. Lahire), Paris, Éditions des Archives contemporaines, 2011, p. 204.
-
[15]
Djebar A., Ombre sultane, Paris, J. C. Lattès, 1987.
-
[16]
Dubois J., L’institution de la littérature. Introduction à une sociologie, Bruxelles, Labor, 1978, p. 97.
-
[17]
Ibid.
-
[18]
David J., « La marche des temps : sociologie de la littérature et historicité des œuvres », COnTEXTES [en ligne], 7 | 2010, mis en ligne le 26 mai 2010, consulté le 7 mars 2015. URL : http://contextes.revues.org/4647.
-
[19]
Naudier D., op. cit., p. 46.
-
[20]
Naudier D., La cause littéraire des femmes. Modes d’accès et de consécration des femmes dans le champ littéraire, Paris, EHESS, 2000, p. 107.
-
[21]
Casanova P., La république mondiale des lettres, Paris, Seuil, 2008 (1999), p. 90.
-
[22]
Ibid.
-
[23]
Ibid., p. 91.
-
[24]
Ibid., p. 90.
-
[25]
Savigneau J., Marguerite Yourcenar, l’invention d’une vie, Paris, Gallimard, 1990, p. 104.
-
[26]
« Djazair » signifie Algérie, en langue arabe.
-
[27]
Da Silva M., « L’Algérie en France, une année polémique », Le Monde diplomatique, décembre 2003.
-
[28]
Raouraoua M., « Découverte, expression, rencontre », 2003, http://www.mem-algeria.org/francais/index.php?page=annee_alg_fr, consulté le 10 mars 2015.
-
[29]
Ibid.
-
[30]
Bourges H., « Djazair 2003 : l’Algérie au cœur », http://www.mem-algeria.org/francais/index.php?page=annee_alg_fr, consulté le 10 mars 2015.
-
[31]
Ibid.
-
[32]
Sebag A., « Kateb Yacine chez Molière », Le Point, 3 janvier 2003.
-
[33]
Naudier D., op. cit., p 55.
-
[34]
Les archives de l’Académie française étant placées sous scellé, et cela pour une période de trente ans à compter du jour de l’élection de l’académicien-ne, nous n’avons pas pu avoir accès aux documents spécifiant les modalités internes de cette élection.
-
[35]
Djebar A., « Discours de Mme Assia Djebar », url : http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-et-reponse-de-pierre-jean-remy, consulté le 4 février 2015.
-
[36]
Ibid.
-
[37]
Ibid., p. 13.
-
[38]
Ibid.
-
[39]
Ibid.
-
[40]
Ibid., p. 17.
-
[41]
Ibid., p. 20.
-
[42]
Bertrand R., « L’enjeu politique de la mémoire coloniale : le débat français » in Legs colonial et gouvernance contemporaine, vol. 1, Paris, Fonds d’Analyse des Sociétés Politiques, 2005, p. 67.
-
[43]
Le texte intégral de l’article n° 4 de la loi n° 2005-158 du 23 février 2005 est le suivant : « Les programmes de recherche universitaire accordent à l’histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu’elle mérite. Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit. La coopération permettant la mise en relation des sources orales et écrites disponibles en France et à l’étranger est encouragée. »
-
[44]
Todorov T., « La mémoire devant l’histoire », Terrain, n° 25, 1995, p. 103.
-
[45]
Bédarida F., Azéma J. (dir.), La France des années noires, Paris, Fayard, 1993, p. 104.
-
[46]
Assouline P., « Djebar enfonce l’épée dans la plaie », url : http://passouline.blog.lemonde.fr/2006/06/24/2006_06_djebar_enfonce_/, consulté le 6 février 2015.
-
[47]
Ibid.
-
[48]
Ibid.
-
[49]
Ibid.
-
[50]
Communiqué de presse de l’association Recours-France, url : http://www.oran-memoire.fr/Monsite/djebar.html, consulté le 10 février 2015.
-
[51]
Nouvion P., « Lettre adressée à Madame Hélène Carrère d’Encausse », url : http://www.oran-memoire.fr/Monsite/djebar.html, consulté le 10 février 2015.
-
[52]
Gaxotte P., L’académie française, Paris, Hachette, 1965, p. 8.
-
[53]
Moulin R., Quemin A., « La certification de la valeur de l’art. Experts et expertises », Économies, Sociétés, Civilisations, vol. 48, n° 6, 1993.