Notes
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[1]
Ne dit-on pas qu’il n’y eut pas de malades morts de faim à l’hôpital de Saint-Alban pendant l’Occupation, alors qu’on estime ce nombre autour de 50 000 en France ?
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[2]
Homme politique local.
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[3]
Homme politique local.
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[4]
Communauté religieuse. Existait à Saint-Alban une communauté religieuse engagée dans les soins et dont beaucoup d’entre elles deviendront plus tard infirmières en psychiatrie.
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[5]
Nouvelle politique économique, mise en place par Lénine en 121, et plus libérale que la précédente.
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[6]
Psychiatre catalan, intervenant à Reus avec François Tosquelles, membre du poum, exilé en France puis au Venezuela.
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[7]
Malade hospitalisé pendant de nombreuses années à Saint-Alban dont l’œuvre a été reconnue intégrée dans le mouvement de l’Art Brut.
Les protagonistes et le contexte
1 Paul Balvet, directeur de l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban en Lozère depuis 1936 et jusqu’en 1943, accueille François Tosquelles à sa sortie du camp de Septfonds en 1939, camp qui parquait les réfugiés espagnols. Pour mémoire, c’est sur les indications de Dides que Paul Balvet accepta la venue de François Tosquelles, et ce dernier finira sa vie, quelques années plus tard, dans un camp nazi d’extermination.
2 On dit généralement qu’à cette époque, Paul Balvet était plutôt un homme de droite qui n’hésitait pas à afficher ses préférences pétainistes. Mais de toute façon, on évoque toujours à son sujet sa grande honnêteté et son humanisme. On parle de lui, par exemple, comme initiateur de réformes importantes dans l’hôpital, tant matérielles qu’organisationnelles et relationnelles, ou comme dénonçant au congrès de Montpellier de 1942 l’immobilisme et la décadence du système asilaire français et finalement le génocide des malades mentaux.
3 François Tosquelles, Catalan, psychiatre et militant actif du Parti ouvrier d’unification marxiste (celui dont parlent Orwell ou Ken Loach), commençait une vie d’exil, après la défaite du camp de la République en Espagne. Il se retrouvait, comme nombre de ses compagnons, connus et inconnus, dans le camp de Septfonds et il avait comme projet de rejoindre l’Amérique du Sud.
4 Le travail concret auprès des patients, le désir de créer des conditions les meilleures possibles pour que le thérapeutique puisse apparaître dans les lieux prévus pour les soins psychiatriques, ou tout au moins que la survie puisse s’organiser [1], les liens concrets avec les mouvements de la Résistance dans la région, les contacts répétés avec de nombreuses personnalités que la fuite des persécutions nazies poussa vers Saint-Alban, le travail d’analyse et de réflexion sur la folie, l’aliénation, les rapports humains et le monde en général… firent qu’une relation d’amitié se développa entre ces deux hommes. Sans doute l’expérience de la résistance et de la lutte contre l’oppresseur, reliée à la clandestinité, actuelle pour certains, à peine passée pour d’autres, venait-elle renforcer ces liens.
5 En tout cas, le premier, devenu résistant actif, partit à Lyon en 1943, où il continua à développer une pratique de soins de bonne qualité, jusqu’à sa mort, survenue il y a quelques années.
6 Le deuxième resta à Saint-Alban jusqu’en 1962 et devint le fondateur et un des principaux animateurs du mouvement dit de psychothérapie institutionnelle. En tant que militant actif du poum et avec l’expérience active de la guerre civile, il avait vécu la question de l’articulation des tactiques et des stratégies, avec l’arrière-fond de l’opposition marquée aux pouvoirs de type stalinien et bureaucratique. Cette problématique est restée à l’ordre du jour jusqu’à sa mort, en 1994.
7 L’échange épistolaire publié ici date de 1952. Pour comprendre le contexte de ces courriers, il est indispensable de se rappeler que les tentatives d’élaboration d’une « nouvelle psychiatrie » se voient rattrapées par les effets de la guerre froide. En 1949, Staline prononce un ukase contre la psychanalyse ; les psychiatres français, adhérents au pcf, dénoncent la psychanalyse comme « idéologie réactionnaire », « doctrine mystifiante », « technique ésotérique » et « conception idéaliste des rapports individus-société ». Le groupe des psychiatres dits « progressistes » éclate. D’un côté, les tentatives de relier dimensions psychanalytique et institutionnelle, de l’autre, un abord plus sociologique et politique.
8 Pourtant, malgré cette dispersion, des rencontres vont continuer à avoir lieu, rencontres parfois riches et fécondes. Celle de Bonneval a justement lieu en 1952. Elle indique l’importance des divergences. Il est par exemple classique de citer la réponse de Louis Le Guillant à François Tosquelles, critiquant durement « l’utilisation des techniques de groupe », « l’utilisation du travail à des fins thérapeutiques », « les techniques de clubs thérapeutiques », etc. L’hôpital psychiatrique, dit « hôpital-village », même transformé de l’intérieur, est condamné par Le Guillant au profit des « groupes humains réels » où se déroule la destinée de chacun (usine, famille, amis, syndicat…).
9 Il est vrai que certaines réalisations du type hôpital-village, dont celle de Lannemezan avec le docteur Ueberschlag, se révèlent être une caricature, où à l’intérieur des murs sont développées des répliques des institutions sociales ordinaires, souvent celles à fonction répressive d’ailleurs (tribunal, police…). L’« institution totale » y apparaît là sans doute et cette expérience sert souvent de base et de prétexte aux critiques sus-mentionnées. Il est vrai que les « psychothérapeutes institutionnels » n’ont pas toujours, eux-mêmes, fait la critique de ces expériences largement discutables.
10 On voit, en tout cas, que sont posées entre F. Tosquelles et P. Balvet des questions de tactique qui concernent tant la transformation du soin psychiatrique que la transformation de la société en général. C’est sans doute ce qui fait l’intérêt de cette correspondance.
Les courriers
Le docteur F. Tosquelles, médecin-chef à M. le docteur Balvet, Hôpital psychiatrique du Vinatier à Lyon-Bron (Rhône)
11 Le 24 septembre 1952
12 Cher Balvet,
13 J’ai longtemps attendu de voir et de faire coïncider la joie de la présence de l’un et de l’autre avec le besoin de confrontation, d’idées et faits concernant les comportements techniques hospitaliers. J’en suis arrivé à cette fin de septembre, ayant à déplorer ta dérobade (Fanon dixit pour toi) dans le travail de synthèse pour l’Encyclopédie. J’ai toujours cru que ce travail devait apparaître avec ton nom à l’honneur et aussi sous ta responsabilité.
14 Tu m’excuseras de t’avouer que je connais assez tes qualités ou tes défauts, concernant l’humilité, la foi, l’enthousiasme, la poursuite acharnée des buts ou les éclats illuminés des moments féconds, poétiques, mystiques ou esthétiques qui jalonnent ta vie publique, pour me permettre d’insister ou de minimiser la dérobade que tu jouais. Toutefois, ton silence ou ton obstination pouvait aussi signifier (ce qui est à voir) que l’approfondissement ou la maturation de ton expérience, ou plutôt des investissements culturels avec lesquels on enveloppe toujours les réalités sociologiques qu’on vit dans le cadre hospitalier ou dehors, faisait une route divergente.
15 Je ne pensais pas prendre la plume pour te parler, puisque l’expérience démontre combien sont rares tes réponses écrites, suffisamment étalées, pour se substituer à la rencontre verbale. Toutefois, j’ai changé d’avis devant le besoin impérieux d’éclairer nos chemins et de les confronter. Ceci est devenu nécessaire et indispensable, même en dehors du travail de l’Encyclopédie. Tu peux déjà deviner pourquoi, et je te prie de lire avec attention le reste de cette longue lettre que je crois très sérieuse et importante. Ne t’attends ni à des engueulades ni à des encouragements, que tu excuserais ensuite par la fatigue ou l’instabilité. Je te prie de ne pas voir dans mon geste un coup de tête de Tosquelles.
16 J’ai lu, comme tu l’imagines, ton article pour la « Raison ». Sur un fond de prise de conscience nouvelle ayant sa logique interne, des affirmations et des idées judicieuses et approfondies côtoient d’autres idées, avec lesquelles je pense être en principe d’accord, mais qui sont exprimées, malgré la clarté de ton français, sous un aspect confusionniste qu’il faut éclairer tout de suite. Je ne dis pas que les idées exprimées sont confuses, mais qu’elles portent à confusion : elles sont confusionnistes. Et voici pourquoi : sans doute tu devines déjà que ce que nous avons à éclairer est ce que tu comprends, ou ce que les autres peuvent comprendre, par « asile-village ».
17 De même, lorsque tu fais la dichotomie entre l’attitude biologique et la sociologique, assimilant celle-là sans aucune analyse « préparatoire » à une démarche fatalement fascistoïde. Ce qui peut être juste, mais qui serait à voir et à distinguer.
18 Je dois faire ici deux parenthèses : l’une pour te dire que je ne pense pas envisager dans cette lettre le problème de l’opportunité ou non de donner au public une auto-confession, dont les journaux bien pensants et bien payés nous ont appris à considérer a priori comme des résultats des tortures des rouges à certains cardinaux et militants ; toutefois, je crois indispensable que si un travail comme le tien vient au jour, pour qu’il entraîne une efficacité au-delà des mouvements affectifs, il faut qu’il propose aux intelligences des termes de réflexion accompagnant chacun des dictats d’excommunication ou des textes d’affichage bien coupés que tu exposes. Bref, il ne faut pas confondre l’autocritique ou l’auto-analyse avec la simple exposition d’un nouveau catéchisme bien gorgé avec des réminiscences culturelles nietzschéennes qui, je pense, t’auront échappé à toi-même. Le pamphlet et le prophétisme sont efficaces à un niveau et à une portée temporelle qui échappent sans doute aux perspectives de la « Raison », pour les mêmes raisons qu’ils échappent au psychiatre moyen. Ils sont efficaces à un moment précis, lorsqu’il s’agit d’encadrer le mouvement ou de le féconder s’il est en marche. Ils peuvent le déclencher difficilement, et jamais si, derrière les mots, il n’y a pas une solide théorie ou argumentation « révolutionnaire » qui les soutiennent.
19 L’autre parenthèse est plus importante : je me demande, et je m’en voudrais de m’être trompé, si lorsque tu prends les armes contre le sociophilisme et l’asile-village, tu le fais seulement contre un aspect, un danger, ou une déviation fréquente de cette perspective. Cette déviation est en effet grave, et justifie l’utilisation terroriste d’arguments et les bombes de toute espèce. Elle naît directement du livre de Simon, et elle ne reste pas visible chez lui parce qu’il n’a pas fait l’expérience des malades aigus, comme l’a fait sont fils adoptif et élève C. Schneider. Celui-ci, en atteignant une efficacité toute particulière, impensable chez Simon, dévoile le fascisme latent et aboutit, comme tu sais, à la plus grande responsabilité dans l’affaire des meurtres des malades mentaux « chroniques » en Allemagne. Cette direction a sans doute chez nous un exposant typique qui risque bien de réussir à devenir l’unique échantillon de la perspective sociologique dans le thérapeutique : je veux parler de Lannemezan. J’ai pris conscience aiguë de ces déviations grâce à la coexistence à Saint-Alban de Despinoy. En effet, si j’en avais une conscience théorique, relativement éclairée, la lutte de tous les jours, essayant de couper la mauvaise herbe et de redresser cette orientation, m’a rendu, je crois, relativement apte à la déceler de loin.
20 Employant un mot de Bonal, qui me semblait très juste, je crois en effet qu’il s’agit de se montrer « terroriste » devant des déviations pareilles, et je crois que l’utilisation que tu as faite des mots-clefs « réformiste et fasciste » a en grande partie, au-delà de leur contenu logique, ce but peu dissimulé. Tout le monde entend : « Attention, si je me laisse coller cette étiquette, je suis bon pour le peloton d’exécution. »
21 Toutefois, le « terrorisme » en soi n’est qu’une arme, ou un procédé méthodologique de lutte. L’erreur des anarchistes et des nihilistes est d’en avoir fait un deus ex machina. La sagesse léniniste en a fait ce qu’il était : une arme quelconque, à utiliser ou non, selon les circonstances, et toujours à l’intérieur d’une situation historique et sociale analysée en profondeur.
22 Ce qui revient à dire qu’en effet, le problème de l’asile-village, comme celui des social-thérapies, doit être examiné à la lumière de sa réalité historique, et compte tenu des notions sociologiques du réformisme et du fascisme. Plus, je crois qu’il y a lieu de se poser le problème – peut-être comme tu le poses – c’est-à-dire : est-ce que toute social-thérapie, dans la mesure où elle devient généralisée ou lancée au public psychiatrique, au psychiatre moyen, ne devient pas fatalement fasciste ? Il se peut. Mais avant, il faut examiner quelles sont les réalités intersociales créées avec la social-thérapie, comme à Saint-Alban, où si tu veux, moi, j’ai essayé d’échafauder en poursuivant ton souffle. Il y a lieu d’examiner si celles-ci sont réformistes ou fascistes, et en deuxième lieu, si hors de la réalité saint-albanaise et de la personnalité de « Tosque », par le fait fatal d’interrelations sociales asile-extérieur sur le stade actuel de la société capitaliste, elles doivent devenir fatalement ou en moyenne des fascismes.
23 Ce qui me fait penser que les critiques qui vont du réformisme au fascisme ne sont pas adressées par toi au développement que nous entendons poursuivre à Saint-Alban, c’est que les faits concrets que tu offres comme échantillons d’une dialectique sont pratiqués chez nous dans une échelle assez vaste. D’autre part, Paumelle et Koechlin qui ont vécu un peu cette action m’ont dit, chacun indépendamment, que ce qui frappait surtout chez nous, c’était ce manque de structures figées ou de direction abstraite qui permettait une grande souplesse sociothérapique, ainsi que le souci majeur de s’adapter aux problèmes et aux situations concrètes des groupes qui naissent, vivent et meurent (dialectiquement) autant chez les malades que parmi les personnels.
24 Ceci dit, bien que je sois d’accord avec toi sur le fait que l’asile et ses diverses formes répondent à une situation concrète de la société et à l’orientation psychosociologique de leur inspirateur (si celui-ci existe à la place et lieu d’un personnage « château », instrument d’une administration), la plate-forme de discussion doit toujours rejoindre le plan concret des interrelations vécues par le malade ou les malades, et la machine à soins que doit être l’hôpital. Je veux dire qu’il faut établir un va-et-vient entre les conceptions et attitudes sociologiques que le médecin et l’hôpital incarnent et le plan individuel du trouble des malades. C’est celui-ci qui définit la médecine et les malades. Et si je ne crains pas de devenir philosophe, ni politicien, il est évident que je ne peux pas cesser d’être médecin hic et nunc.
25 Si Heuyer, Bonnafé et compagnie ont dénoncé la confusion de plans du congrès de Londres et en général de la psychiatrie d’extension américaine, il ne faut pas s’offrir sans défense à une critique similaire. Les phénomènes harmoniques existent, mais il n’est pas juste de les identifier. D’ailleurs, à la place des études ou de la prise de conscience des faits sociologiques concrets, on se perd dans une sociologie d’abstractions, science du génal, que Claude Bernard dénonça à son jour comme n’étant rien.
26 Ceci dit, j’accepte pleinement le caractère « réformiste » de notre « asile-village » (bien que ce nom ne me plaise pas beaucoup, et que je ne l’ai jamais employé personnellement… Il me semble plein de sous-entendus « révolution nationale » – ruralisme, travail, etc.). Il est clair, par exemple, qu’un certain nombre de faits sociologiques constituants de l’asile ancien sont sauvés, et que la structure générale de l’hôpital-isoloir n’est pas détruite. Concrètement, les « forces » sociologiques incarnées par Buffière [2] d’un côté, par Bros [3] d’un autre, et enfin par la Communauté [4], sont, dans notre action, sauvées et intégrées dans l’appareil de soins sociothérapies que l’asile devient. Mais, qu’est-ce qui peut nous faire ceci, si, par exemple, la supérieure peut prendre spontanément des positions (partielles) d’un matérialisme historique et sociologique qui ont fait l’admiration ou qui ont scandalisé le jeune bec chrétien révolutionnaire Paumelle ?
27 Bref, à notre avis, entre la notion « réforme » et révolution, il n’y a pas une opposition nègre-blanc de type antinomique. Il ne s’agit pas de deux formes absolument opposées, irréductibles. Il s’agit seulement de deux moments concrets à l’intérieur d’un même devenir historique. Le déclenchement d’un moment fécond, révolutionnaire ou de cristallisation comme tu aurais dit jadis, dépend plus des « circonstances » que de la tête du leader. Lénine n’a-t-il pas écrit à ce sujet un livre d’analyse tactique qui est devenu célèbre, L’extrémisme, maladie infantile du communisme, à l’égard des « révolutionnaires italiens ». Lénine lui-même ne s’est-il pas opposé avec des arguments de poids, tirés de l’examen sociologique de la « situation », à la « révolution » de l’an 1905 ; bien que quelques jours après, lorsque les masses étaient dans la rue, il se plaça devant, connaissant d’avance l’échec. Pour finir avec Lénine, n’est-ce pas lui-même qui nous a appris une fois pour toutes par l’étude d’un grand nombre de faits historiques que ni la volonté révolutionnaire, ni la circonstance objectivement révolutionnaire ne permettent à la révolution de réussir s’il n’y a pas un parti révolutionnaire avec une théorie révolutionnaire juste ? N’est-ce pas lui qui nous a appris quelle différence il faut établir entre cette théorie et toute sorte de catéchisme ou « idéologies » déguisées une fois pour toutes et applicables avec rigidité et d’une façon automatique ? La révolution n’est qu’un moment à l’intérieur de l’histoire du parti qui est histoire d’un mouvement et d’une prise de conscience de celui-ci. Les actes serrés du mouvement et de cette prise de conscience peuvent souvent être réformistes… Comment t’expliques-tu que des militants communistes puissent participer à des élections d’une république bourgeoise, ou même être des ministres ? Comment t’expliques-tu le mouvement de la nep [5] déclenché par Lénine ?
28 Retournant aux asiles, je tiens à te signaler qu’à la Libération, j’ai soutenu, sans réussir à me faire trop entendre des copains du parti et d’autres psychiatres révolutionnaires, j’ai soutenu la thèse de nous associer avec le diable de M. Heuyer pour donner un coup d’assommoir que la situation permettrait au « cadre » des hôpitaux psychiatriques, et en même temps à ceux-ci. Cette thèse « révolutionnaire » ne pouvait cependant pas être entendue à l’époque par ceux qui étaient à la fois représentatifs tant du nouvel esprit que des « intérêts vitaux » des fonctionnaires qui « forment » l’asile. Or, la première condition dans la mise en marche d’une révolution est la destruction de l’appareil d’État des fonctionnaires civils et de l’armée qui ont structuré la situation antérieure. Si le « parti » prend le pouvoir et ne désarticule pas tout de suite ces appareils, le parti n’agit plus en révolutionnaire, mais en réformiste (ce qui peut être justifié par les circonstances). Dès lors, la tâche révolutionnaire consiste à la recherche et à l’aide apportée aux masses pour une « prise de conscience de sa situation », elle consiste à approfondir et à élargir cette théorie révolutionnaire qui doit être la condition indispensable du succès futur.
29 À ce sujet, Sartre a écrit dans son essai sur Genet ces mots auxquels il est intéressant de réfléchir. Les voici : « On ne peut refuser le monde, à moins de le détruire ou de se tuer… Je sais : de beaux esprits se font connaître par des refus éclatants. Ils disent non. Et après ? […] Ces refus sont des apparences qui dissimulent une soumission honteuse, mais entière. Je hais les comédies qui encombrent les âmes et qui nous vendent la noblesse à bon marché. Refuser n’est pas dire non, c’est modifier par le travail. Il ne faudrait pas croire que le révolutionnaire refuse en bloc la société capitaliste : comment le pourrait-il puisqu’il est dedans. Tout au contraire, il l’accepte comme un fait qui justifie son action révolutionnaire. « Changez le monde », dit Marx. « Changez la vie », dit Rimbaud. À la bonne heure ! Changez-les, si vous pouvez. Cela veut dire que vous acceptez beaucoup de choses pour en modifier quelques-unes.
30 Je trouve encore dans l’Observateur cette phrase tirée de la discussion Sartres-Camus des Temps modernes. Sartre dit à Camus : « Si vous voulez vraiment empêcher qu’un mouvement populaire ne dégénère en tyrannie, ne commencez pas par le condamner sans recours et par menacer de vous retirer au désert, d’autant que vos déserts ne sont jamais qu’une partie un peu moins fréquentée de notre cage : pour mériter le droit d’influencer des hommes qui luttent, il faut d’abord participer à leur combat, il faut d’abord accepter beaucoup de choses, si on veut essayer d’en changer quelques-unes. »
31 J’ai été particulièrement touché par les adjectifs par lesquels tu qualifies l’asile-village du fait de la résonance étrange qu’ils ont éveillée dans mon passé. Au début de la guerre d’Espagne, une équipe d’anarchistes est arrivée en voiture, une nuit à l’hôpital, réclamant tel malade ou tel autre pour les tuer. Ils disaient être sûrs qu’ils avaient été « en civil » des hommes de droite dangereux. Solanes [6], moi et ma femme, nous avons été seuls à essayer de discuter avec ces dix jeunes hommes armés jusqu’aux dents avec des casques et des médailles comme celles de Forestier [7]. Nous avons fait état de nos idées et de notre histoire révolutionnaire (?), et nous avons dit que nous n’admettions pas de leçons à ce sujet. Une conversation téléphonique avec le Comité de Salut public entre l’équipe de tueurs volants et nous prit le volume d’un grand drame ; Solanes étant tenu au bout du fusil, et moi au téléphone avec le « chef justiciero ». L’histoire finit bien, mais ils disaient en partant : « On viendra pour vous un autre jour, nous n’êtes pas des révolutionnaires, vous êtes des réformistes, et bientôt, ce sera votre tour. » Puis la guerre continua, et nous aussi nous continuâmes notre tâche, lorsque nous défendîmes la continuité des services psychiatriques de l’armée, lorsque celle-ci se structura sous la direction réelle du parti communiste, mais avec l’oubli de la psychiatrie, le parti communiste n’hésita pas à nous traiter de fascistes et à procéder à des tentatives d’élimination « honteuses », dont seulement la chance nous sauva. Il est vrai que deux mois après cette deuxième mort, on me nommait chef des sp de l’armée de la zone sud, avec tous les pouvoirs, avec l’accord et l’apaisement du parti qui avait, deux mois auparavant, donné l’ordre de « me faire passer à l’ennemi et de me tuer » à une équipe de « commissaires » avec lesquels je faisais une recherche psychologique au front.
32 Tu vois comment ce couple « réformiste et fasciste » était déjà lié à mes activités purement psychiatriques d’une façon dramatique, et pourquoi ton article a pu éveiller en moi des impressions pénibles. Je veux bien croire cependant, comme je l’ai déjà dit, que tu ne parlais pas de moi, lorsque tu envisageais l’asile-village… bien que… comme tu te les appliquais à toi-même, comme des « erreurs » où tu as glissé auparavant, je ne sais pas à quoi m’en tenir. Je ne sais pas si tu veux dire que notre conception, ou plutôt notre œuvre concrète (que tu méconnais en grande partie) est comprise dans ces événements, ou si tu ne fais mention que des déviations déjà citées au début de ma longue lettre.
33 Dans les deux hypothèses, le problème mérite d’être examiné et étudié à fond, et ce n’est pas moi qui vais me dérober à une analyse complète de la situation, d’autant plus qu’un certain découragement semble provoquer des abstentions, plus ou moins voilées, d’hommes comme Bonnafé, en même temps que d’autres, comme Le Guillant, se placent en porte-parole, dans des réunions d’une transcendance supérieure comme celle de Bonneval de 1951, d’une attitude nihiliste au sujet de l’artificialisme des groupes dans les hôpitaux (voir le n° 3 de L’évolution psychiatrique).
34 Ton article montre bien que tu as été, dans ton isolement, sensible à une crise théorique et pratique qui est bien dans l’air, et tu as réagi avec ton nez sensible mettant pour ainsi dire les pieds dans les assiettes. Ce n’est pas moi qui vais critiquer l’opportunité de le faire. Mais pourquoi publiquement ? Ta méthode, avec l’apparence de détachement de la honte et des contingences, fait qu’une critique féconde, toujours possible, devient une pièce lyrique d’un être seul, au lieu d’offrir la consistance d’un « parti d’un groupe ».
35 Tu m’as dit souvent que tu étais l’homme d’une église, et tu m’as toujours cru, à tort, anarchiste. Je ne veux pas te renvoyer la balle, mais enfin, peux-tu croire, honnêtement, que, par le fait de t’envelopper de textes de Makarenko ou de mots de passe habituels à la lutte des militants du parti, tu es déjà dans l’église. À mon avis, tu y es en anarchiste, en solitaire. Ta bombe est un joli « solo »… Tu crois que tu voyages ensemble parce que tu prends le même train.
36 Je m’excuse de mon lyrisme et de ma passion ; je voudrais au moins que tu te fâches et que le dialogue s’ouvre. Tout le monde en a besoin, et surtout nous deux.
37 Plus, je crois qu’il y a une œuvre de politique psychiatrique ou un combat réel à mener d’importance, et par lequel on devrait se concerter, certains : toi, moi, Daumezon, Ey peut-être… quelques communistes aussi s’ils peuvent envisager de nouveau le problème d’ensemble (bien que l’efficacité du combat puisse être diminuée avec sa collaboration, au moins à la tête). Je parle du congrès de Pau. Le psychiatre moyen verra les relations de Lannemezan, il va en être enchanté et ébloui. Son manque de préparation théorique et son manque d’expérience peuvent produire cette inflation de l’asile-village et la déformation fasciste que tu dénonces. C’est à Pau qu’il faut aller combattre sur place, et pas sur les pages de la « Raison » que personne ne lit. Il faut opposer sur place, non pas une critique fondée sur des principes marxistes, mais sur des principes et des expériences psychiatriques et psychologiques compréhensibles par la plupart. C’est là qu’il faut faire un feu croisé et calculé, sage et méthodiquement conduit. C’est là qu’il faut combattre. La thèse de Koechlin a déjà dit quelque chose d’essentiel à ce sujet. Il faut avoir le courage de poser sous diverses perspectives, à Pau, en face du monument simonien de Ueberschlag, l’analyse de cette œuvre. Il va sans dire que toute étude et perspective sur l’asile-village (que je préférerais ne pas appeler de ce nom, mais comme l’ont fait Kœchlin et Daumezon, dans une revue portugaise, parler simplement de « thérapeutiques institutionnelles ») ne nous interdit pas d’envisager sérieusement le dispositif d’assistance d’ensemble qu’une situation politique nouvelle permettrait d’organiser : mais ceci est une autre chose.
38 Je termine – comme il le faut – par toutes les civilités de ma femme, mes enfants, etc., vers vous tous et aussi pour te demander qu’en plus d’une longue réponse ou entretien, tu puisses m’envoyer la thèse de S… (celle qui parle de thérapeutique de groupe). Tu comprends qu’on en a besoin, au moins pour le citer dans le travail de l’Encyclopédie. Tu dois le dire à son auteur.
39 À bientôt donc.
Docteur Paul Balvet, Ancien interne des hôpitaux psychiatriques de la Seine, Médecin des hôpitaux psychiatriques, Expert près les Tribunaux 95 Bd. Pinel Bron à M. le docteur Tosquelles, Médecin-chef
40 Le 20 novembre 1952
41 Mon cher Tosquelles,
42 Je ne t’ai pas répondu, non pas parce que je considère ma santé comme faible ou mon temps mangé, mais parce que j’ai de la peine à saisir l’essentiel de ta pensée. Malgré l’influence considérable que tu as eue sur moi, je ne peux pas t’expliquer ni à mes internes, ni à moi-même, alors que je peux le faire par exemple pour Bonnafé. Ce n’est pas bien entendu te minimiser ; c’est seulement exprimer une difficulté entre nous, d’où cette impression d’une pensée fuyante, une perpétuelle dérobade. Or, tu parles aussi de ma part de dérobade et de jeu. En fait, nous nous inquiétons mutuellement.
43 Que je te dise d’abord qu’aux dernières nouvelles, j’ai décidé de collaborer à l’Encyclopédie. En même temps, je viens de comprendre (en partie grâce à ta lettre) pourquoi j’avais abandonné. Je pensais que c’était parce que je ne me sentais pas assez riche de lectures ou incapable d’un tel effort d’objectivité. Mais à côté de cela, n’y avait-il pas non formulée cette autre raison : ne pas collaborer à un travail dogmatique (malgré les feuilles mobiles) ? Je ne veux ni ne peux plus maintenant revenir en arrière, mais cette décision de collaborer est contemporaine de la découverte des raisons que j’aurais à ne pas le faire.
44 J’aimerais savoir par exemple ce que pense de l’Encyclopédie Bonnafé. Cela veut-il dire que pour penser, j’éprouve le besoin de savoir « ce qu’on doit penser » ? Dans une certaine mesure, oui. Ça te choque ? Non, je ne suis pas un personnage de Koestler, mais une pensée qui tôt ou tard ne devient pas un consensus, un pas définitif et universel en avant ne m’intéresse pas, même si j’y ai collaboré. Elle manque de ce critère essentiel de la vérité qui est sa reconnaissance un jour ou l’autre par tous, la gratitude de la masse vis-à-vis de ceux qui l’ont découverte.
45 Quand je dis Bonnafé, bien entendu, je pense à l’homme du Parti ; je pourrais prendre d’autres exemples, mais celui-ci m’est mieux connu. Lui et toi m’êtes également enrichissants, mais il m’est aussi limpide (bien que parfois je n’ai compris certaines choses de lui qu’avec un retard de plusieurs années) que tu m’es obscur.
46 Ma solitude dont tu parles n’est qu’apparente, du moins pas foncière. Parce que je ne vais pas souvent à Paris ? Parce que je lis peu ? Parce que jusqu’ici, j’ai travaillé à l’intérieur des grilles ? En fait, je me réfère toujours à quelque concile qui, pas à pas, définit une vérité objective, un concile dont je suis membre actif et qui élimine par son propre jeu les erreurs personnelles opposées de chacun de ses membres. Tu es à mes yeux, au contraire, le type même de l’hérétique, un de ceux dont saint Paul dit qu’il en faut.
47 Tu nous as énormément apporté. Sans toi, aucun de nous ne serait ce qu’il est. L’agacement que tu me provoques souvent par ce qui me semble tes pirouettes est dû à ce que tu me déranges dans ma démarche qui se présente à moi à chaque instant comme un ordre. Si bien que tu agis sur moi, moins par un apport direct (le plus souvent, je comprends mal ce que tu dis), que par ce dérangement. Tout le monde ne me fait pas cet effet. Ainsi l’article de Le Guillant en réponse au tien m’infléchit ; je comprends ce qu’il dit, je pèse ses raisons.
48 Ta lettre me semble en grande partie un plaidoyer pour toi et ton œuvre, une crainte de solitude. Il est curieux que mutuellement, nous nous accusions d’isolement et d’anarchisme. Ta lettre me semble traduire typiquement cette position dont moi à mon tour, je t’accuse.
49 Tu caches d’abord ce qui me semble être un anarchisme foncier par un encouragement à mon adresse à sortir du prophétisme et du lyrisme à l’aide d’une solide étude théorique ; et tu te réfères à un endroit à un livre classique de la révolution. Là encore, il est curieux que je te renvoie la balle : de même que mes références à Makarenko te semblent naïvement plaquées, le mot de Lénine sous ta plume me fait penser à ceux qui invoquent le nom du Seigneur sans accomplir sa volonté. Ton passé de combattant et mon passé de réactionnaire doivent être écartés comme argument pour te défendre ; l’ouvrier de la onzième heure reçoit les mêmes égards et les mêmes droits.
50 Donc, je suis en droit de te critiquer d’un point de vue marxiste ; même si je ne suis pas très avancé dans la théorie, j’ai la possibilité d’avancer, précisément par mon souci d’une « ligne » vivante qui n’est pas donnée par moi seul. Ainsi, lorsque tu envisages la possibilité d’agir à Pau, tu penses à Daumezon, Ey et moi ; et aux communistes seulement « s’ils peuvent envisager de nouveau le problème d’ensemble ». C’est-à-dire s’ils peuvent se ranger à tes raisons. Moi, au contraire, je voudrais discuter avec eux librement, mais finalement ce sera pour me ranger à la tactique que, tous ensemble, nous aurons décidée. Visiblement, tu les éloignes, tu veux que nous allions avec eux ou sans eux ; tu risques de prendre la tête d’une chapelle ; ce qui fatalement séparera notre perspective psychiatrique de la perspective politique.
51 Lorsque tu défends une certaine position réformiste, cela fait partie de ta même attitude générale. D’abord, il y a une confusion sur les mots. La tactique peut parfois nécessiter une collaboration avec l’ordre établi (tu cites la nep). Ce n’est pas là du réformisme, pas plus que ne faisait du réformisme Lénine, lorsqu’il soutenait la République de février. Il y a réformisme, il me semble, lorsque est tellement atténuée la perspective politique révolutionnaire qu’en fait elle n’existe plus que dans les mots, eux-mêmes d’ailleurs peu à peu oubliés. Ton argumentation consiste à me démontrer (pour défendre Saint-Alban je pense) qu’il est nécessaire à certains moments d’agir dans les cadres existants, de ne pas provoquer d’oppositions à ce moment où l’opposition risque d’être plus forte que nous. Or, cela je le sais bien. Mais, en fait, c’est bien le vrai réformisme que tu défends, ainsi lorsque après avoir cité Lénine à propos de la nécessité d’une théorie révolutionnaire juste et d’un « parti », tu minimises le rôle de la « Raison » et t’apprêtes à partir pour Pau sans avoir consulté précisément nos amis de la « Raison ». Tu peux et dois exprimer ton opinion sur une tactique, mais tu n’en es pas juge. Le groupement que tu souhaites doit se faire autour de la « Raison » et c’est dans la « Raison » que tu dois apporter tes critiques à son égard. Dire que la « Raison », personne ne la lit est un argument typiquement réformiste, un souhait que, au lieu de s’améliorer, elle disparaisse.
52 Tu te demandes si l’asile-village devient obligatoirement fasciste, comme les constructions de Simon. Je pense que la réponse est claire : oui, dans la mesure où est refusée l’autocritique. Tu réponds que ce n’est pas le cas de Saint-Alban : là, il n’y a point de structure figée, point de cette « direction abstraite » qui est la marque d’une société fasciste ; je le veux bien, mais cette autocritique qui s’exerce, j’en suis persuadé, à l’intérieur de Saint-Alban cesse dès qu’intervient un étranger qui vient avec sa propre expérience (Le Guillant). As-tu réfléchi au personnage de Tito que tu joues ainsi ?
53 Ce n’est bien entendu qu’une comparaison. Comme tu le dis très bien, nous sommes médecins, et c’est un hôpital que nous dirigeons. La fin de ma conférence que tu as lue, avec ses rapprochements faux de l’hôpital et de la société, est à rayer complètement. En fait, c’est bien vrai que la plupart d’entre nous à un moment ou à un autre se sont pris pour le Croiseur Aurore. C’est un enfantillage dangereux dans une affaire aussi sérieuse que notre métier.
54 Il est curieux que, comme tu le dis, tu aies été à la Libération partisan d’une attitude de liquidation brusque du passé, alors que la voie suivie a été celle d’une pesée à l’intérieur des cadres (et du Cadre !) existants. Peut-être y a-t-il eu une faute de ne pas agir comme tu le souhaitais, c’est possible. Mais en te voyant aujourd’hui prendre l’attitude diamétralement opposée, je reste rêveur car je me demande si cela ne prouve pas combien malaisément tu maintiens une position juste. Est-ce parce que tu es ainsi fait que tu oscilles obligatoirement entre l’opportunisme et un sectarisme ? Bien sûr que non. Mais parce que tu penses trop seul, parce que tu ne te réfères pas assez aux copains. C’est ce qui t’est dur à t’avouer, mais c’est cela au fond la grande critique que je te fais.
55 Depuis que je pense à t’écrire cette lettre et depuis même que je la rédige, un peu de clarté se fait sur toi. Cette obscurité dont je parlais s’évanouit en partie à mesure que je cherche à te définir politiquement. De ce point de vue, tu m’apparais profondément lié à la petite bourgeoisie, et l’exprimant. Les rapports de la petite bourgeoisie avec la révolution déterminent toute ton action, y compris bien sûr ton action psychiatrique. C’est cela qu’il faut maintenant étudier. Cela m’intéresse énormément car c’est en même temps me définir moi-même dans mes propres positions petites-bourgeoises.
56 Amitiés à toi et ta femme, aux enfants et à Saint-Alban.
57 (à suivre)
58 Très probablement.
Notes
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[1]
Ne dit-on pas qu’il n’y eut pas de malades morts de faim à l’hôpital de Saint-Alban pendant l’Occupation, alors qu’on estime ce nombre autour de 50 000 en France ?
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[2]
Homme politique local.
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[3]
Homme politique local.
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[4]
Communauté religieuse. Existait à Saint-Alban une communauté religieuse engagée dans les soins et dont beaucoup d’entre elles deviendront plus tard infirmières en psychiatrie.
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[5]
Nouvelle politique économique, mise en place par Lénine en 121, et plus libérale que la précédente.
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[6]
Psychiatre catalan, intervenant à Reus avec François Tosquelles, membre du poum, exilé en France puis au Venezuela.
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[7]
Malade hospitalisé pendant de nombreuses années à Saint-Alban dont l’œuvre a été reconnue intégrée dans le mouvement de l’Art Brut.