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Article de revue

Constitution d'un savoir technique : l'exemple du « tour illusion » en gymnastique rythmique

Pages 9 à 25

Notes

  • [*]
    Université Européenne de Bretagne, Université Rennes 2 F - 35000, FRANCE ; EA 3875, CREAD (Centre de Recherche sur l’Education, les Apprentissages et la Didactique) ; Courriel : monique. loquet@ uhb. fr, Tél : (+33) 299 14 20 50 ; Fax : (+33) 2 99 14 17 70
  • [**]
    Académie Nationale des Sports Vassil Levski, Studentski grad, Sofia - 1710, BULGARIE ; Département Gymnastique ; Courriel : giurka@ abv. bg, jimi_sport@ abv. bg, Tél: (+359) 888 211 106
  • [1]
    Le terme technè est alors proche de cet autre terme grec la métis défini par Détienne et Vernant (1978).
  • [2]
    Par culture, nous désignons l’ensemble des biens et ressources humaines dont l’acquisition n’est possible que par la médiation d’autres hommes et ceci grâce aux langages.
  • [3]
    Les traits de l’activité technique sont dits essentiels au sens de Leontiev (1976), dans la mesure où y sont « cristallisées des aptitudes spécifiquement humaines » (p.257).
  • [4]
    Pour un approfondissement, voir le débat introduit par Léziart (2006) autour des savoirs d’action, à partir de la notion de « controverses technologiques » empruntée à Callon (1981).
  • [5]
    Un pivot en dedans est une rotation du corps exécutée du côté de la jambe d’appui, sur la demi-pointe du pied, et terminée équilibrée (l’autre jambe est appelée « jambe libre »).
  • [6]
    Un énoncé est reconnu comme un « trait pertinent » de l’action (Schubauer-Leoni, 2008) lorsqu’il établit un lien étroit entre un indicateur de réussite (ici, la rotation complète sans freinage ni arrêt à mi-parcours) et les conditions supposées adéquates à cette réussite.
  • [7]
    Le corpus des interactions entraîneur / gymnastes a été intégralement transcrit, dans ses formes motrices et verbales, et analysé selon les méthodologies mises en œuvre dans les programmes de recherche didactique sur « l’action conjointe » (Loquet et al., 2007). Faute de place, cette analyse n’est pas restituée ici.
  • [8]
    Signalons le caractère exceptionnel des conférences réalisées, en Europe, par l’ex-entraîneur national de Bulgarie, Neshka Robeva (par exemple, Robeva, 2007).

Introduction

1Le « tour illusion » est une figure corporelle complexe de la gymnastique rythmique (GR), réalisée aujourd’hui couramment par les gymnastes de haut niveau, mais réputée problématique dans le travail des entraîneurs et des gymnastes de niveau intermédiaire. Notre étude vise à en optimiser l’apprentissage lors des entraînements sportifs. Plus généralement, elle vise à comprendre la constitution des savoirs techniques à des fins de transmission. Le premier travail consiste à définir ces savoirs techniques dans leur identité, en privilégiant l’analyse au sein d’une spécialité sportive. L’observation spontanée d’une figure gymnique ne met pas l’observateur en rapport avec les techniques, cachées derrière l’action apparente, mais plutôt avec l’apparence elle-même vue sous forme particulière et concrète. Réaliser une analyse technique utile aux praticiens consiste donc à lire les actions d’une manière outillée qui déchire les voiles de l’apparence. Cette analyse peut alors révéler une réalité distincte de cette apparence immédiate. Le deuxième travail est de rassembler les savoirs techniques faisant partie d’une même « famille ». Telle action gymnique est appréhendée selon certains critères pouvant faire émerger des ressemblances avec telle autre action. Ce qui est compris comme savoirs techniques de la même famille, ne s’apparente pas à l’idée de transfert. Avec le terme « famille » (au sens « d’air de famille » de Laugier et Chauviré, 2006), nous interrogeons les objets étiquetés sous des noms distincts, et qui, en les considérant sous un certain angle, présentent des caractéristiques techniques communes qui pourraient être enseignées. En se gardant de généraliser trop hâtivement, notre intérêt est de regarder de près le cas délimité du « tour illusion », en vue d’appliquer la notion d’« air de famille » au sein du répertoire codifié des actions en GR. Cette double perspective affirmée, nous cherchons à analyser les conditions créées à l’entraînement pour qu’existent et se développent ces savoirs techniques.
Cette étude en GR est le fruit d’un questionnement réciproque entre deux courants de recherche complémentaires : l’un en technologie sportive conduit en Bulgarie par Gantcheva (1996, 2004, 2007) ; l’autre en ingénierie didactique mené par Loquet (1997 a, 1997 b). Réalisée dans le cadre de la formation académique dispensée aux futurs entraîneurs à l’Académie nationale des sports de Sofia, en Bulgarie, elle s’est poursuivie lors d’un stage semestriel d’entraînement, dans une section sportive scolaire de collège, en France. Cette analyse franco-bulgare participe d’un programme de recherches didactiques qui aborde cette complexité sous l’angle de la théorie de l’action conjointe professeur / élèves (Sensevy Mercier, 2007). Notre contribution à ce programme, concernant le domaine des savoirs du corps (Loquet, Roncin, & Roesslé, 2007), a vocation à aider les praticiens de l’éducation. Elle s’intéresse à la complexité des pratiques (Loquet Gantcheva, 2007) et s’efforce d’en rationaliser la connaissance grâce à des outils théoriques.

Cadre théorique : une conception anthropologique des techniques

2Le terme technique (du grec ancien technè), compris dans les deux expressions, la technique et une technique, est abordé selon une approche anthropologique, désignant un champ large d’activités humaines qui visent la production d’effets. Nous nous intéressons aux rapports qui mettent en présence l’homme et la complexité des techniques que lui-même construit. Dans cette perspective, entrent le « faire » selon les modalités plurielles des activités humaines (les techniques sportives), mais aussi une manière d’être au monde qui touche à la « connaissance du faire » (la technique, l’intelligence technique), évoquée dans l’expression familière « s’y connaître ». Dans les deux cas (la et une technique), le terme technè renvoie à un mode du savoir aux prises avec une réalité mouvante, déconcertante ou ambiguë [1].

Techniques et processus de transmission

3Selon notre perspective anthropologique, l’existence des techniques est profondément liée à leur transmission. C’est un tournant essentiel du développement humain : la transmission culturelle [2] se substitue à la transmission génétique. Les activités sportives sont cette partie transmise de la culture où les actions motrices humaines les plus élémentaires (courir, sauter, tourner sur soi, s’équilibrer, etc.) y sont cadrées par des techniques du corps (au sens développé par Mauss, 1980/1936) socialement constituées. Ainsi, loin de penser que les techniques sportives évoluent essentiellement grâce à l’exploitation de dispositions biologiques, nous considérons qu’elles progressent à partir de dispositions acquises, construites par les experts, souvent en rupture avec les usages communs du corps (Marsenach, 1998). Fixées et capitalisées en dehors des individus (règlement, manuel et dictionnaire techniques, enregistrement vidéo), ces techniques vivent un développement propre. Leur transmission permet à chaque individu de bénéficier des innovations qui l’ont précédé, sans avoir à réinventer l’ensemble des gestes antérieurs (Tomasello, 1999/2004). Il lui suffit d’apprendre à les réaliser ; il lui revient nécessairement de les perfectionner.

4Le « tour illusion » ou « tour plongé » pris en exemple, est un produit de l’activité élaborée progressivement par des générations de gymnastes. Sa matérialité aisément repérable est prise dans des langages, eux-mêmes inscrits dans l’histoire de l’institution sportive : règlements et codifications, paroles et écrits officiels de la Fédération Internationale de Gymnastique (FIG). Le tour illusion y est catégorisé dans le groupe des « difficultés de souplesse et onde ». Dans le code FIG en vigueur (2005), sa valeur technique est hiérarchisée selon plusieurs niveaux de difficultés. Comportant un seul tour, il compte pour une « difficulté A » de 0,1 point ; à chaque tour plongé successif ajouté, la valeur est augmentée de 0,20 point supplémentaire, la valeur maximale étant égale à 1 point (« difficulté J »). En tant que difficulté de souplesse, le tour illusion doit avoir une forme nettement définie et ample, la jambe libre passant par la verticale haute, comme il est schématisé dans la figure ci-dessous (Figure 1).

Figure 1

Tours plongés et symboles correspondants (Code FIG, 2007). Difficultés A (0,1 point) ; C (0,3 point) ; E (0,5 point) ; G (0,7 point)

Figure 1

Tours plongés et symboles correspondants (Code FIG, 2007). Difficultés A (0,1 point) ; C (0,3 point) ; E (0,5 point) ; G (0,7 point)

5Dans cette perspective anthropologique où apprendre un geste technique revient à « hominiser » la motricité (c’est-à-dire éduquer), nous centrons notre questionnement sur le contenu de l’activité technique : quels sont les traits essentiels [3] de l’activité accumulée dans l’objet « tour illusion » sur lesquels devra porter l’effort de transmission ? Ils concernent, au-delà de l’apprentissage d’une habileté nouvelle (partie visible du tour illusion), le développement des capacités supérieures (partie non immédiatement visible), exigeant de transformer les capacités motrices ordinaires.

Savoirs techniques et milieu

6S’intéresser, en didacticien, à la constitution du tour illusion conduit à définir les savoirs techniques au-delà de leur forme réglementée (part déjà constituée, où l’écrit est essentiel) et à se préoccuper des savoirs mobilisés et inventés pour agir. Construits dans la pratique et s’exprimant dans des situations problématiques, ces savoirs ne vivent souvent que sous la forme de pratiques et sont rarement formalisés. Notre approche des savoirs techniques, pris dans un sens large, inclut donc l’expérience de l’entraîneur et des gymnastes, leurs connaissances, leur intelligence des manières de procéder. Plus avant, elle insiste sur le caractère irréductiblement conjoint des interactions entraîneur-gymnastes (ou Professeur-Élèves, au sens générique de Sensevy et al., 2007) nées sur le terrain, comme lieu de configuration des savoirs techniques. C’est pourquoi nous accordons une place centrale au concept de milieu vu de manière générale comme l’espace où interagissent l’entraîneur et les gymnastes. Cet espace entre (medius) l’entraîneur et les gymnastes possède deux caractéristiques, celles de « résistance » (contraintes sur lesquelles s’applique l’intelligence pratique de l’entraîneur et des gymnastes) et de « contexte cognitif commun » (background qui permet la compréhension et les actions mutuelles entraîneur-gymnastes). Développons ces deux caractéristiques : 1) Les résistances renvoient à la notion de milieu antagoniste introduit par Brousseau (1988) en didactique des mathématiques. L’auteur désigne ainsi le « système antagoniste du joueur », c’est-à-dire « la modélisation de la partie de l’univers à laquelle se réfère la connaissance en jeu » (p. 320-321) : ce qui s’oppose au joueur, ce qui va contre son jeu. Ainsi, notre étude s’intéresse aux résistances contenues dans le « tour illusion » et aux savoirs techniques qui en résultent. Ceux-ci se construisent « en creux » dans une pratique gymnique qui se soucie, non pas de justifier la nature de ces savoirs, alors même qu’elle les crée ou les utilise, mais d’être efficace ; 2) Le « contexte cognitif commun » est défini par Sensevy (2007) comme l’arrière-fond (ou arrière-plan) des actions conjointes entraîneur-gymnastes. Avec la notion d’arrière-plan (empruntée à Wittgenstein et introduite dans une utilisation didactique par Sarrazy, 1996), nous insistons sur la base commune et consensuelle, dont ont besoin entraîneur et gymnastes pour travailler ensemble, et en deçà de laquelle leurs interactions échoueraient. Ainsi, pour qu’il y ait échanges entraîneur-gymnastes, le milieu ne peut se limiter aux objets résistants, purement épistémiques, il doit nécessairement mobiliser des objets déjà connus, appartenant à leur répertoire commun, régulier, antérieur. Sont alors nécessairement impliquées, aux commencements du travail, les connaissances issues des expériences motrices usuelles, qui constituent en partie l’arrière-fond du tour illusion. Nous en décrivons le contenu le plus courant, évoqué spontanément dans tout entraînement de GR, et résumé dans les paroles suivantes :

7

« Le tour illusion, c’est une espèce de tour en grand écart la tête la première, mais moi j’arrive pas ! j’ai pas le truc pour le faire ! ».

8Le tour illusion apparaît comme une figure quasi-impénétrable, inaccessible aux gymnastes débutantes, exigeant une grande souplesse de jambe et du cran pour se renverser dans l’espace avant. L’embarras s’exprime dans les termes suivants, recueillis chez des gymnastes à l’entraînement : « J’ai souvent essayé mais, avec la jambe droite au sol, ma jambe gauche ne va pas jusqu’à la verticale et je dois m’aider de mes mains au sol pour remonter quand j’ai la tête en bas et… avec la jambe gauche au sol, c’est la catastrophe ! » ; « J’ai un problème avec ce tour illusion ! j’ai mon écart droit et l’écart gauche je l’ai presque, mais dès que je dois remonter, je tombe sur le côté. » De même, les procédés pour apprendre cet élément sont vécus confusément, comme par exemple dans les témoignages suivants, échangés entre gymnastes de clubs différents : « Nous, notre entraîneur nous met une corde ou une massue à nos pieds et on doit la ramasser en tournant. Elle nous dit de bien chercher à mettre les mains le plus près possible de notre pied d’appui » ; « Ben moi, j’ai commencé la main au sol, je trouvais ça plus simple de commencer avec et de s’appuyer de moins en moins dessus » ; « Oui si tu débutes, la main peut aider, mais moi je ne l’ai pas mise, car après c’est très dur de la retirer. Et sinon, il faut bien s’étirer vers le haut avant de partir » ; « Moi, ma prof me fait partir le pied vers l’intérieur c’est plus facile ! » ; « Moi, ma prof m’a appris le pied vers l’extérieur en ouverture, comme quoi, c’est différent selon les profs ! ».
Ce stock de représentations communes, greffé sur le travail des gymnastes et de l’entraîneur, constitue en fait pour elles une limitation. Nous orientons donc nos investigations à partir de ces questions concrètes : pour apprendre à réaliser cette figure, faut-il travailler les grands écarts de jambe ? Poser les mains au sol ou ramasser un objet au sol facilite-t-il l’entrée dans l’apprentissage ? Quel rôle faire jouer au pied d’appui au sol : le poser en dedans ou en dehors de l’axe du corps ? La pertinence de ces questions n’est nullement établie, pas plus que les réponses apportées ne sont stables. Elles font l’objet de discussions entre les entraîneurs (voire de controverses au sens discuté par Durey, 1994, et Léziart, 2006) [4]. La compréhension des savoirs techniques trouve son origine à l’épicentre de ces discussions.

Problématique et hypothèses

9Notre problématique s’inscrit dans un travail d’ingénierie didactique suivant deux plans : 1) plan pragmatique, comment faire réussir par de jeunes gymnastes un figure réservées aux gymnastes confirmées ; 2) plan théorique, comment s’articulent les « résistances » contenues dans cette figure et le « contexte cognitif commun » que, par nécessité, gymnastes et entraîneur doivent élaborer conjointement. Ce deuxième plan concerne l’étude des processus mésogénétiques, un des fondements du modèle de l’action conjointe que nous mettons à l’épreuve dans les cas de transmission sportive. Certaines inférences guident nos observations du tour illusion à haut niveau et nos interventions auprès des gymnastes novices. Nous utilisons ici le terme d’inférence plutôt que celui d’intuition, pour désigner une « idée originelle » issue de l’expertise, qui se révèle utile comme point de départ d’une étude technique. En effet, l’inférence, pour être intuitive, ne l’est pas seulement : elle parvient surtout à se dégager des données trompeuses de l’expérience immédiate. Une inférence technique implique la prise de position du chercheur. L’idée originelle est retenue pour sa valeur heuristique en tant que terrain doublement favorable, à l’efficacité pratique et à un développement théorique rigoureux.

10Ces inférences entrent en opposition avec les énoncés courants, dont nous rappelons le contenu le plus évident : pour réaliser le tour illusion, il faut surtout savoir faire les « grands écarts » en souplesse de jambe. Estimant que cette figure appartient à la « famille » des rotations (Gantcheva & Halilova, 2006), en dépit de sa classification officielle dans celle des « souplesses » (code FIG), nous enseignons aux gymnastes à « tourner ». Les inférences constituent le point de départ de notre analyse développée sur deux plans : 1) au plan épistémique (les résistances), il s’agit d’une investigation cinématique, destinée à lever certaines zones d’ombre relatives à la dynamique du mouvement ; 2) au plan didactique proprement dit, il s’agit d’une observation outillée de la pratique d’entraînement, visant à caractériser l’expérience commune entraîneur-gymnastes aux prises avec les résistances.

11Les premières hypothèses que nous voulons vérifier concernent les principes de rotation caractérisant le tour illusion. Nous supposons en effet que les résistances proviennent de deux sources : d’une part, les nécessités physiques de rotation qu’il est nécessaire d’incorporer ; d’autre part, les limites de sa catégorisation dans la famille des « souplesses » (schématisation, vocabulaire, nature de l’action engagée). C’est pourquoi nous réalisons une étude cinématique du « tour illusion » sous les deux formes codifiées de « difficulté A » (360°) et « difficulté C » (720°).
Précisons que pour valider un pivot, difficulté corporelle réglementaire et obligatoire de la gymnastique rythmique (code FIG, 2007), le corps doit tourner autour de son axe vertical d’au moins 360 degrés et contrôler l’équilibre jusqu’à la fin de la rotation. La nomenclature des pivots (effectués sur le pied de la jambe dite d’appui) ainsi que leur niveau de difficulté sont déterminés par la position de la jambe levée, du tronc et de la tête. De nombreuses publications bulgares (par exemple, Hadjiiska, 1978 ; Gantcheva, 1987 ; Mineva, Gantcheva & Zaku, 2006) présentent des descriptions techniques de pivots permettant d’en fonder l’apprentissage. Toutefois, aucun auteur n’a encore abordé l’étude technique du tour illusion. En l’absence de travail rigoureux sur cet élément, l’étude cinématique spécifique s’impose.

Méthode

12L’étude a procédé en trois temps : a) L’investigation cinématique a été menée dans le cadre des activités du laboratoire de l’Académie nationale des sports de Bulgarie. Ont été analysées les caractéristiques de vitesse des deux éléments tour illusion, 360° et 720°, puis les différences et ressemblances cinématiques dans l’exécution de ces deux éléments. Pour cela, les réalisations de la championne de GR, Iliana Tzaneva, de niveau international et ex-membre de l’équipe nationale de Bulgarie, ont été observées à l’entraînement, au cours de l’année 2005. L’image vidéo est le support de l’analyse du mouvement. Les prises de vue ont été effectuées avec une caméra, 100 images/seconde, placée perpendiculairement à l’axe du mouvement. Le traitement des images (numérisation et modélisation) a été réalisé par Halilova ; b) Un dispositif d’entraînement a ensuite été construit a priori afin d’initier les gymnastes ou élèves débutants au « jeu » de la rotation dans le tour illusion ; c) Les propositions du dispositif ont fait l’objet d’essais dans un groupe de cinq gymnastes, de niveau interrégional, âgées de 11 à 13 ans, appartenant à une section sportive scolaire de collège, en France. L’expérience menée par Halilova a été réalisée sur une période d’entraînement de trois mois (soit dix-huit séances, à raison de deux séances d’une heure par semaine), alors que les gymnastes étaient en préparation pour les championnats de France. Le suivi de l’expérience répond aux principes méthodologiques de l’ingénierie didactique. Le dispositif sert, ainsi, à la fois à l’entraîneur et au chercheur didacticien : au premier, il permet de contrôler l’efficacité des décisions prises et anticiper les effets possibles de son enseignement ; au second, il oriente l’observation des essais réalisés par les gymnastes, les effets réellement produits et de comparer avec les prévisions de l’entraîneur. Bâti a priori, le protocole constitue un moment précis (non la totalité) du travail de didacticien, et un moyen (non une fin en soi) pour préparer le repérage d’événements inattendus sur le terrain (prévus ni par l’entraîneur ni par le didacticien).

Résultats

Analyse cinématique

13Le modèle utilisé pour décrire le mouvement est adapté de celui de Winter (1979). Les segments corporels sont délimités par les repères anatomiques suivants : malléole externe et condyle fémoral (pour les jambes), grand trochanter (pour le bassin), articulations de l’épaule et du poignet (pour les bras). Les images digitalisées sont représentées par un bonhomme en fil de fer, joignant par segments ces principaux repères. Les figures 2 et 3 représentent le mouvement des deux tours illusion, 360° et 720°, effectués par Tzaneva sur la jambe gauche. Les figures 4 et 5 représentent les trajectoires de la cheville droite, du poignet droit et de l’épaule droite décrits lors des tours 360° et 720°. Les vitesses ont été calculées pour les différents repères anatomiques et les variations de vitesses comparées.

Figure 2

Tzaneva, tour illusion 360° (effectué sur la jambe gauche)

Figure 2

Tzaneva, tour illusion 360° (effectué sur la jambe gauche)

Figure 3

Tzaneva, tour illusion 720° (effectué sur la jambe gauche)

Figure 3

Tzaneva, tour illusion 720° (effectué sur la jambe gauche)

Figure 4

Trajectoires du pied droit, du poignet droit et de l’épaule droite (tour illusion 360°)

Figure 4

Trajectoires du pied droit, du poignet droit et de l’épaule droite (tour illusion 360°)

Figure 5

Trajectoires du pied droit, du poignet droit et de l’épaule droite (tour illusion 720°)

Figure 5

Trajectoires du pied droit, du poignet droit et de l’épaule droite (tour illusion 720°)

14L’analyse cinématique montre que les deux figures sont des pivots en dedans [5], composés simultanément d’une circumduction en arrière de la jambe libre tendue passant par la verticale haute, et d’une circumduction en avant du tronc passant par la verticale basse (flexion du tronc en avant puis relevé à la verticale), accompagnées d’une circumduction en avant des bras. Ainsi les données observables de la figure « tour illusion » que perçoit le novice, ne sont pas organisées pour lui, comme elles le sont dans la pratique experte. Alors que le novice l’appréhende comme un exercice statique de souplesse où intervient l’amplitude d’un grand écart vertical, tête en bas, l’expert réalise cet exercice en vitesse, selon une double dynamique de rotation, en équilibre et en souplesse. La souplesse (le grand écart) est donc une condition nécessaire au tour illusion (le grand écart est bien requis au moment vertical optimal), toutefois cette souplesse n’est pas une condition suffisante. Le grand écart intervient donc dans un exercice de rotation-équilibre et non seulement dans un exercice de souplesse. À la suite de cette étude cinématique, la décision est prise de centrer l’attention et l’effort des gymnastes / entraîneur sur la deuxième condition nécessaire, la rotation dynamique équilibrée. Le fait qu’un même objet de savoir puisse être saisi de façons différentes joue un rôle important dans notre recherche didactique. Il indique bien évidemment des connaissances différentes sur cet objet, mais également des connaissances partagées que le dispositif d’entraînement présenté ci-dessous va s’efforcer d’intégrer.

Dispositif a priori

15Le dispositif d’entraînement, rappelons-le, est centré sur le « tour illusion » vu comme un problème complexe de rotation. Considérant que celui-ci ne peut être affronté d’un coup, le dispositif a priori re-construit l’accès au tour illusion à partir d’un algorithme des pivots (Gantcheva, 2007) et d’un protocole méthodologique (Gantcheva, 2005). L’algorithme des pivots (Figure 6) répond au souci d’intégrer la figure isolée dans une « famille technique » qui l’englobe. Le protocole méthodologique prend la forme d’une suite d’étapes intermédiaires jugées nécessaires à la réalisation de la figure et se compose de cinq dimensions : préparation physique spécifique ; préparation de danse classique ; progression technique spécifique ; inventaire et désignation des différentes fautes possibles ; corrections des différentes fautes. Notons ici qu’enseigner une technique sportive complexe ne s’assimile pas à la présentation algorithmique des gestes (de sorte que l’élève soit tenu d’en recomposer la globalité à partir des éléments décomposés appris). L’algorithme consiste à re-problématiser la dynamique du tour illusion en l’inscrivant dans une « histoire des rotations » qui lui donne un sens.

Figure 6

Chaîne algorithmique des pivots

Figure 6

Chaîne algorithmique des pivots

Expérience proprement dite

16L’expérience s’est déroulée en trois étapes successives (d’environ six séances chacune) que nous décrivons ci-dessous.

Première étape

17Dans une première étape, l’apprentissage s’est concentré sur les premières figures de l’algorithme des pivots en suivant les premiers exercices du protocole. L’accent a surtout porté, au tout début, sur le renforcement de la préparation physique, afin de développer les qualités physiques spécifiques requises par l’exécution de « l’illusion », c’est-à-dire la souplesse et la force de jambe (dans ses propriétés passives et actives) ainsi que la tenue du buste tout au long des exercices. Au cours de cette étape, aucune des situations abordées n’a présenté de réels écueils pour les gymnastes / entraîneur.

Deuxième étape

18La deuxième étape aborde le « tour illusion » proprement dit, en commençant par le tour illusion de 360°. Le problème de rotation est étudié comme moyen de mettre au point la technique du « tour illusion ». La figure ébauchée en début d’expérience n’est pas maîtrisée par les gymnastes : les exigences d’équilibre ne sont pas respectées (chutes, indiquant le non-alignement de l’axe du tronc ou de la jambe libre avec l’axe de rotation). Rappelons que, réglementairement, l’équilibre doit être maintenu toute la durée de la rotation (axe de rotation ne sortant pas accidentellement de la verticale, aucun pas à la fin de la rotation). Ce constat n’est pas inquiétant. En effet, dans le travail d’ingénierie, nous considérons qu’au moment de l’exploration de la figure, l’étude du problème va de pair avec la constitution d’un embryon de technique, à partir duquel une technique plus développée pourra éventuellement émerger. Cet embryon de technique s’est constitué avec et contre un certain nombre de résistances affrontées par les gymnastes / entraîneur. En voici deux exemples :

19

  1. La nécessité de projeter brusquement la tête et le buste en avant provoque une certaine appréhension chez les gymnastes qui, pour éviter l’effondrement, appuient la ou les main(s) au sol. Le grand balancement de la tête et du buste est, pour ainsi dire, assimilé à une chute, d’où la protection des mains au sol. Cet appui au sol se révèle un obstacle à la circumduction complète du corps, qui se trouve freiné ou stoppé à la demi rotation ;
  2. En conséquence, à l’amorce de la deuxième moitié de la rotation, le corps est en retard par rapport au mouvement de la jambe libre. Les gymnastes ne parviennent pas à relever le tronc, en raison de la faible résistance musculaire abdominale. La jambe libre se pose donc en arrière de la jambe d’appui. La coordination des différents segments est perturbée provoquant une déstabilisation du cycle de rotation.
Au début de cette étape, le tour illusion s’est donc trouvé « élémenté » en deux mouvements, la bascule avant et le redressement, correspondant à deux demi-cercles discontinus du corps. Les situations a priori ont prévu de confronter les gymnastes à deux traits pertinents de l’action [6] de rotation : 1) l’alignement sur un même plan du tronc et de la jambe libre, mobilisés ensemble dès l’enclenchement du tour, et maintenu tout au long de la rotation ; 2) l’impulsion de la rotation par la hanche de la jambe d’appui, autrement dit, la jambe d’appui entraînant le tronc dans la rotation, et non seulement l’inverse : le buste qui, se projetant vers l’avant, impulse le demi-tour.
L’analyse des interactions entraîneur / gymnastes [7] montre que, pour faire partager ces deux traits essentiels, l’entraîneur a sans cesse imbriqué aux données épistémiques (résistances physiques) des interventions d’ordre communicationnel et affectif liées à la confiance en soi. Au terme de cette étape, la combinaison du tour illusion 360° avec une manipulation d’engin, et son enchaînement avec d’autres figures corporelles, sont devenus aisés pour les gymnastes (évaluation positive établie par un jury composé d’experts de GR, pour les 5 gymnastes). Ainsi, s’est nouée une dialectique fondamentale : étudier le problème de la dynamique de rotation a été un moyen de fabriquer les deux traits pertinents du « tour illusion », qui eux-mêmes ont été le moyen de résoudre de manière quasi automatique le problème des coordinations d’actions, spécifique à la GR.

Troisième étape

20La troisième et dernière étape de l’expérience a permis d’aborder le tour illusion de 720°. La réussite s’est révélée moins accessible (validation des experts accordée seulement à trois gymnastes et pour une note inférieure à celle obtenue pour le tour 360°), prouvant que le double-tour n’est pas la somme de deux tours isolés. La résistance essentielle réside dans la liaison accélérée des deux rotations. Une exécution trop lente (manifeste chez les deux gymnastes n’ayant pu valider l’illusion 720°) entraînait à nouveau un découpage artificiel en deux éléments : deux cercles discontinus du corps. Il s’agit bien ici d’une question didactique centrale : comment faire en sorte que « l’élémentation » reconstruise le mouvement complet, nécessitant l’intégration parfaite des éléments qui le composent.

21Pour intégrer les deux tours isolés, la figure exige des capacités accrues de stabilité en rotation. L’analyse des interactions entraîneur / gymnastes montre une insistance à faire gérer par les gymnastes l’équilibre dans la bascule buste-tête / jambe libre, et donc à faire identifier les traits pertinents suivants : a) la sensation du centre de gravité corporel en connexion avec la pression de l’appui pied au sol ; b) le repérage par le regard de l’horizontalité. Ces traits pertinents, de nature proprioceptive et visuelle, interviennent de façon combinée, ce qui n’est pas toujours le cas dans la gestion des déséquilibres au quotidien. C’est pourquoi le perfectionnement de l’illusion 720° exigerait une évolution des gymnastes sur un temps d’exercice plus long que le temps limité de l’expérience, pour considérer qu’elles ont franchi ou non l’obstacle de cette équilibration complexe.

Discussion

22Une gymnaste qui aborde en profane l’étude du « tour illusion », se trouve confrontée à une multitude d’objets (matériels et immatériels) qui « n’existent pas » à ses yeux (par exemple, un vocabulaire spécifique, des perceptions sensori-motrices comme le repérage du trajet des différents segments corporels dans l’espace, la sensation de l’équilibre en rotation « tête en bas »). Dès lors, il est évident que l’épaisseur de pratiques et de significations due à la diversité de ces objets engendre, chez les gymnastes ou élèves non-initiés, un rapport obscur et ésotérique au mouvement « tour illusion » entraînant la culpabilité d’échouer avant même de s’exercer (j’arrive pas ! c’est tout !). Les entraîneurs ou éducateurs peuvent se sentir désemparés face à une figure sophistiquée, vécue comme ardue par les gymnastes. Ils peuvent être tentés d’en faire un élément substantiel ayant ses propres vertus, qui impliquerait des dispositions sous-jacentes aux performances (faut être souple !). Notre étude est liée à une volonté d’extériorité vis-à-vis du « tour illusion », autrement dit, de reconnaissance chez les praticiens de besoins en savoirs techniques. Notre approche met en évidence une relation foncièrement pratique au problème de « l’illusion ». Elle veut ainsi éviter un double piège : réduire la technique à ses manifestations comportementales et assimiler l’habileté à une qualité qu’on posséderait ou non en soi. Faire le « tour illusion », c’est maîtriser une certaine technique acquise par apprentissage.

23Par ailleurs, nous ne considérons pas tout d’abord la relation gymnaste-entraîneur-savoir, le risque étant d’appréhender directement le savoir technique sous sa forme comportementale codifiée largement admise (« l’illusion » jambe libre à la verticale), mais plutôt la relation gymnaste-entraîneur-milieu, le milieu entre (medius) les gymnastes et l’entraîneur possédant alors une double fonction : a) il s’appuie sur le contexte passé, cognitif et moteur, présent en arrière-plan de « l’illusion » (travailler le grand écart) ; b) il met les gymnastes et l’entraîneur en face-à-face avec un problème constitutif du haut niveau (la dynamique de rotation) associé à des contraintes (gérer les masses corporelles autour de l’axe de rotation, utiliser l’inertie de la jambe libre lancée à la verticale haute). Ainsi, le milieu pour travailler « l’illusion », accessible aux gymnastes débutantes, est une re-construction « objectivée » (ou matérialisée) du lien problème / solution technique inventée par les championnes, où certes le travail de souplesse en statique intervient dans la solution comme une condition nécessaire, mais sans être une fin en soi, ni l’unique et rédhibitoire condition de résolution du problème. Le « jeu de rotation » finit par être joué, grâce à l’action conjointe gymnastes / entraîneur, exprimée dans un langage (au sens large) qui permet de décrire les traits pertinents de l’expérience (réussie) (Schubauer-Leoni, 2008).
Enfin, cette étude nous amène à caractériser la nature des savoirs techniques ainsi produits. Du fait de leur visée pragmatique, les savoirs des APSA sont souvent considérés comme des savoirs « mineurs ». Ce qui est un écueil à leur inscription dans les catégories traditionnelles de la connaissance (Léziart, 2006). De plus, il est rare et marginal que les praticiens de la GR formulent les savoirs impliqués dans leur action [8]. Force est de constater que la formulation des savoirs techniques est habituellement le résultat d’investigations savantes. Pour certaines auteurs (par exemple, Perrenoud, 1998), l’expression « savoir d’action » fréquemment utilisée pour les désigner, apparaît quasi antinomique. Cet auteur résiste à l’amalgame qui consiste à appeler « savoirs », tout ce qu’un être humain a appris, et propose de réserver la notion à « des représentations du réel et aux concepts et théories (savantes, expertes ou de sens commun) qui les structurent ». Nous estimons, au terme de notre étude, qu’aucun savoir ne peut être réduit à un pur discours, et qu’un savoir technique est bien « un savoir » dans la mesure où, sans cesse, est associé à la recherche d’action efficace, un énoncé ou la désignation d’une procédure à suivre. Par savoir, nous entendons donc le fonctionnement du savoir en situation (ou « puissance d’agir » selon l’expression de Sensevy, 2007). C’est pourquoi notre étude spécifique du « tour illusion » accorde une grande importance aux interactions entraîneur / gymnastes nées du terrain, comme lieu d’élaboration des savoirs techniques.

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Notes

  • [*]
    Université Européenne de Bretagne, Université Rennes 2 F - 35000, FRANCE ; EA 3875, CREAD (Centre de Recherche sur l’Education, les Apprentissages et la Didactique) ; Courriel : monique. loquet@ uhb. fr, Tél : (+33) 299 14 20 50 ; Fax : (+33) 2 99 14 17 70
  • [**]
    Académie Nationale des Sports Vassil Levski, Studentski grad, Sofia - 1710, BULGARIE ; Département Gymnastique ; Courriel : giurka@ abv. bg, jimi_sport@ abv. bg, Tél: (+359) 888 211 106
  • [1]
    Le terme technè est alors proche de cet autre terme grec la métis défini par Détienne et Vernant (1978).
  • [2]
    Par culture, nous désignons l’ensemble des biens et ressources humaines dont l’acquisition n’est possible que par la médiation d’autres hommes et ceci grâce aux langages.
  • [3]
    Les traits de l’activité technique sont dits essentiels au sens de Leontiev (1976), dans la mesure où y sont « cristallisées des aptitudes spécifiquement humaines » (p.257).
  • [4]
    Pour un approfondissement, voir le débat introduit par Léziart (2006) autour des savoirs d’action, à partir de la notion de « controverses technologiques » empruntée à Callon (1981).
  • [5]
    Un pivot en dedans est une rotation du corps exécutée du côté de la jambe d’appui, sur la demi-pointe du pied, et terminée équilibrée (l’autre jambe est appelée « jambe libre »).
  • [6]
    Un énoncé est reconnu comme un « trait pertinent » de l’action (Schubauer-Leoni, 2008) lorsqu’il établit un lien étroit entre un indicateur de réussite (ici, la rotation complète sans freinage ni arrêt à mi-parcours) et les conditions supposées adéquates à cette réussite.
  • [7]
    Le corpus des interactions entraîneur / gymnastes a été intégralement transcrit, dans ses formes motrices et verbales, et analysé selon les méthodologies mises en œuvre dans les programmes de recherche didactique sur « l’action conjointe » (Loquet et al., 2007). Faute de place, cette analyse n’est pas restituée ici.
  • [8]
    Signalons le caractère exceptionnel des conférences réalisées, en Europe, par l’ex-entraîneur national de Bulgarie, Neshka Robeva (par exemple, Robeva, 2007).
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