Notes
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[1]
Ufr Staps de Dijon, Campus Universitaire, BP 27877, 21000 Dijon, Laboratoire ISOS-SPMS
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[2]
Université de Versailles-St-Quentin en Yvelines, Ufr des Sciences, Département Staps
Les auteurs souhaitent remercier Nicolas Benguigui (Ufr Staps Orsay) pour ses précieuses suggestions et remarques critiques ainsi que François Riou (Ufr Staps Montpellier) pour sa lecture attentive d’une première version du manuscrit. -
[3]
Le Journal du Dimanche (15 septembre 2002).
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[4]
Cette étude porte sur les expérimentations scientifiques publiées dans les revues nationales et internationales à comité de lecture. Les résumés parus dans les actes de colloque n’ont pas été retenus. L’année 1965 est choisie comme borne inférieure car elle correspond à l’année de parution de l’article de Haskins qui peut être considéré comme la première expérimentation scientifique sur l’anticipation en tennis. Le dernier article étudié est celui de Wright et Jackson (sous presse).
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[5]
Ces deux notions sont définies dans la dernière partie de l’article.
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[6]
Le français Arnaud Clément illustre cette idée en expliquant pourquoi il a perdu une balle de match à la volée face à l’espagnol Alex Correjta lors du tournoi de Roland Garros en 2002 : « la balle de Correjta arrivait trop lentement, j’ai eu le temps de réfléchir - trop. Si elle était arrivée plus vite, je ne me serais pas posé de questions. J’ai peur et je fais le mauvais choix » (Tennis Info, 344, FFT).
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[7]
Par exemple, cette idée a été formulée par le français Sébastien Grosjean parlant du jeu du français Mickaël Llodra : « Mickaël a un excellent service. Un des problèmes qu’il pose tient au petit nombre de gauchers sur le circuit. On n’a pas trop l’occasion d’en rencontrer, mais je viens d’en battre un, Gilles Muller, à Doha. Ça se jouera beaucoup au service et au retour » (Journal L’Equipe, samedi 15 janvier 2006).
1Le joueur de tennis expert donne souvent l’impression d’avoir « tout le temps du monde » pour frapper la balle (Bartlett, 1947). Pour expliquer cette aisance, on peut avancer l’idée qu’il tire de l’observation de son adversaire des indices lui permettant d’agir plus rapidement et de manière plus adaptée que le joueur novice (e.g., Shim, Carlton, Chow & Chae, 2005). C’est par exemple ce que laisse entendre le joueur de haut niveau français Fabrice Santoro [3] : « je vais souvent au bord du court pour observer mes collègues du circuit. Je regarde leurs orientations de raquette, la position de leurs pieds et de leurs mains, leur relâchement, pour mieux anticiper quand je les retrouve ».
2De 1965 à 2006, de nombreuses expérimentations se sont intéressées à l’anticipation en tennis (Tableau 1). Plus de 40 articles scientifiques peuvent être recensés dont certains ont pu servir de référence pour étudier l’anticipation dans d’autres activités d’opposition comme le badminton, le squash, le football, le handball et le karaté (e.g., Jones & Miles, 1978). Un aspect remarquable de ces travaux, lorsqu’on les analyse sur une longue durée, est qu’ils illustrent les débats théoriques et méthodologiques observés entre plusieurs conceptions de la relation entre la perception et l’action (Williams, Davids & Williams, 1999). Le présent article dresse un état des lieux des études sur l’anticipation en tennis parues depuis 40 ans et vise à mettre en évidence ces évolutions [4].
Classement des articles sur l’anticipation en tennis selon les processus étudiés et les méthodologies associées
Classement des articles sur l’anticipation en tennis selon les processus étudiés et les méthodologies associées
3Après avoir défini la notion d’anticipation, cet article commence par une revue de la littérature des études menées en tennis jusqu’aux années 1990 selon qu’elles ont utilisé le paradigme de la chronométrie mentale, le rapport verbal, l’occlusion visuelle et l’enregistrement des mouvements oculaires. Ces premières études ont permis d’identifier les caractéristiques attentionnelles, perceptives et décisionnelles des joueurs experts mais elles présentent des limites que nous soulignons dans une seconde partie. En effet, les conclusions ont été établies en utilisant des tâches qui semblent trop éloignées de la réalité sportive et qui ont examiné chaque étape du traitement de l’information isolément, selon un « principe limitant » (Marteniuk, 1976). Or, les approches écologique (Gibson, 1979) et cognitive de l’action (Hommel, Müsseler, Aschersleben & Prinz, 2001) insistent sur le maintien du lien fonctionnel entre la perception et l’action : les codages perceptifs dépendent du mouvement entrepris et des connaissances du joueur. Ces évolutions théoriques ont conduit à aborder l’anticipation en tennis d’une manière nouvelle. Ainsi, dans une troisième partie, nous passons en revue les expérimentations récentes qui ont étudié l’anticipation en termes d’habiletés perceptivo-motrices et d’habiletés perceptivo-cognitives [5]. Est enfin abordée la problématique des apprentissages perceptifs en tennis.
Définitions de l’anticipation
Les différentes facettes de l’anticipation
4Comme l’indique le préfixe « ante », le terme anticipation désigne une activité de l’organisme produite en fonction d’un événement futur. Il est employé pour parler d’une action réalisée avant la date prévue ou lorsqu’il s’agit d’imaginer ce que sera le monde dans l’avenir. En psychologie, le terme anticipation caractérise « des conduites (ou certains aspects des conduites) clairement ordonnées à quelque événement ultérieur » (Richelle & Lejeune, 1980). L’anticipation peut être observée à différents niveaux de l’organisation de la motricité. Le premier niveau, sensori-moteur, est celui qui établit les conditions posturales de l’anticipation. Il permet à l’individu de maintenir son équilibre et de réduire les perturbations liées à l’environnement lorsque le mouvement est produit. Le second niveau concerne l’action elle-même. On observe si le sujet est en avance ou en retard par rapport à la stimulation visuelle ou auditive à laquelle il faut qu’il réponde. L’anticipation parfaite fait coïncider action et stimulation ce qui suppose que le sujet perçoive à l’avance la survenue de l’événement auquel il doit répondre. Au troisième niveau, l’anticipation permet de planifier l’action à plus long terme, comme lorsqu’une stratégie de jeu est modifiée par l’entraîneur à la mi-temps d’une rencontre sportive.
5La distinction que propose Poulton (1957) entre l’anticipation « perceptive » et l’anticipation « effectrice » a souvent été utilisée par les premiers travaux sur l’anticipation dans les habiletés motrices (Schmidt, 1968). L’anticipation « perceptive » désigne la capacité à prédire les caractéristiques spatiales et temporelles d’un objet en déplacement lorsque celui-ci a disparu. Il s’agit d’indiquer sa destination future (anticipation spatiale) ou le moment où il atteindra un point précis (anticipation temporelle). Ces deux anticipations ne sont pas disjointes. Féry et Vom Hofe (2000) montrent, par exemple, que les prédictions spatiales (i.e., où la balle va-t-elle rebondir ?) peuvent soutenir les prédictions temporelles (i.e., à quel moment va-t-elle rebondir ?). L’anticipation « effectrice » correspond à l’idée que le sujet doit en plus déclencher à temps une réponse motrice ce que Belisle (1963) désigne par le terme d’anticipation-coïncidence. Par exemple, pour attraper une balle, la main doit se fermer avant (i.e., anticipation) que la balle n’ait atteint la paume (i.e., coïncidence). Cette anticipation intègre le temps pour déclencher et réaliser la fermeture des doigts (i.e., le timing opérationnel, Tyldesley & Whiting, 1975).
L’anticipation en tennis
6Le tennis fait partie de ces activités sportives qui ne laissent souvent qu’un laps de temps très court au joueur pour organiser ses réponses motrices. Par exemple, le relanceur dispose de moins de 600 ms (temps imparti) pour atteindre la balle et la renvoyer si le service est délivré à 200 km/h (Abernethy & Wollstein, 1989). Le fait que les joueurs de haut niveau parviennent à retourner ce type de service implique qu’ils disposent d’informations qui peuvent les aider à gagner du temps. Deux sources d’information principales ont été identifiées pour soutenir l’anticipation et en limiter le risque : les indices visuels précoces et les probabilités situationnelles (Buckolz, Prapavesis & Fairs, 1988 ; Moreno & Ona, 1998). La première source est dérivée de la posture et de l’orientation corporelle de l’adversaire lorsqu’il frappe la balle (e.g., la position des appuis, l’orientation des épaules, le mouvement du bras et de la raquette). La deuxième source est dérivée de la connaissance de la probabilité des événements. Par exemple, l’éventualité qu’un joueur délivre tel ou tel type de coup et selon une direction ou un effet particulier peut dépendre de facteurs comme la surface du terrain, la position des joueurs, leurs préférences, leurs faiblesses et les événements précédents dans les échanges. Ces connaissances peuvent être identifiées par des systèmes experts (e.g., Denis & Pizzinato, 1993 ; Pizzinato & Denis, 1997) ou avec l’analyse statistique des points joués (e.g., O’Donoghue, 2001 ; 2004). Leur rôle dans l’anticipation en tennis reste toutefois méconnu.
7Même si les processus mis en jeu ne sont pas fondamentalement différents, il est usuel de distinguer l’anticipation d’une part et la préparation à l’action d’autre part (Requin, 1978). Celle-ci permet d’être prêt à agir rapidement et de façon dynamique au moment de la réponse adverse. Selon Hennemann (1989), les ajustements préparatoires désignent « ces processus adaptatifs préalables à l’apparition du signal d’exécution dont l’objectif est d’assister voire de faciliter la réalisation du programme moteur, et la conséquence, de réduire la durée des temps de réponse ». Par exemple, le sursaut d’allègement effectué par le joueur de tennis juste avant la frappe de son opposant permet une meilleure réactivité musculaire lors de la reprise d’appui. En comparant deux joueurs de niveau régional et départemental, Hennemann et Keller (1983) ont observé un sursaut préparatoire plus précoce pour le meilleur joueur. Keller (1985) a montré que la programmation de ce sursaut était antérieure à la frappe de la balle adverse. Cette capacité à s’adapter au timing de frappe de l’adversaire est une part importante de l’expertise du joueur de haut niveau (Avilès, Benguigui, Beaudoin & Godart, 2003).
8L’anticipation à proprement parler se caractérise par le fait que le joueur, pour répondre à la contrainte de temps, parvient à amorcer son mouvement avant même que son adversaire n’ait frappé la balle. Un cas typique est l’interception du volleyeur en double qui s’élance avant la frappe délivrée par le relanceur. Cependant, le joueur peut hésiter à anticiper trop précocement car l’adversaire peut alors en profiter pour modifier la direction du coup. Ceci explique probablement que Pizzinato (1989) - en enregistrant les positions et les déplacements de 16 joueurs de classe mondiale lors de l’Open de Lorraine - n’ait pas révélé d’anticipation concernant le choix de l’espace occupé en retour de service. L’absence de ce type de manifestations assez saillantes de l’anticipation n’exclut en rien que les joueurs puissent gagner un temps précieux en analysant rapidement l’information perceptive. C’est certainement une des raisons qui a conduit les premières recherches sur l’anticipation au tennis à s’inscrire dans le cadre de la théorie du traitement de l’information (Sanders, 1990 ; Shannon & Weaver, 1949).
Les premières études
9Un des postulats de la théorie du traitement de l’information appliquée à l’étude du tennis est que le joueur cherche à lever l’incertitude temporelle, spatiale ou événementielle pour accélérer le processus de décision. L’hypothèse principale est que les délais de traitement sont réduits si des indices visuels pertinents sont extraits du mouvement de frappe de l’adversaire. Dans les années 1970 et 1980, la chronométrie mentale a permis d’étudier les stratégies de décision en fonction de la probabilité des événements et des processus attentionnels. Dans les années 1980 et 1990, trois méthodologies expérimentales complémentaires - le rapport verbal, l’occlusion visuelle, l’enregistrement des mouvements oculaires - ont permis d’examiner la nature des indices visuels et le moment où ils étaient saisis. Ces études ont souvent privilégié le protocole expert-novice pour comprendre ce qui sous-tendait la performance des joueurs. Ce protocole consiste à comparer les résultats de deux populations de niveau bien distinct dans des tâches standardisées. Même si le niveau des participants sélectionnés a souvent été hétérogène selon les recherches, il a produit de nombreux résultats expérimentaux mettant en évidence la nature de l’avantage de l’expert au plan attentionnel, perceptif et décisionnel (Cauraugh & Janelle, 2002 ; Starkes, Helsen & Jack, 2001 ; Williams & Ward, 2003).
Chronométrie mentale
10La méthodologie du temps de réaction à un événement (TR) couplée à la manipulation des probabilités d’occurrence de cet événement a longtemps été le paradigme de base pour étudier l’anticipation en sport. Le TR correspond à la durée qui s’écoule entre le début de la présentation d’un événement et le début de la réponse comportementale donnée à cet événement. En principe, si une réponse est plus probable, la quantité d’information qui doit être traitée est plus réduite et le TR plus court (Hyman, 1953). En réalité, il faut que la probabilité en faveur d’un événement soit élevée pour influencer le TR. Dans les tâches de réaction au choix, il a été montré que des probabilités d’occurrence de 90% pour un événement et de 10 % pour l’autre étaient nécessaires pour que le TR soit significativement différent de celui obtenu quand les deux événements sont équiprobables (Alain & Proteau, 1977 ; Dillon, Crassini & Abernethy, 1989). Le sujet tend donc à adopter des stratégies très conservatrices pour éviter de faire des erreurs (Proteau & Alain, 1983).
11Alain et Proteau (1978) ont établi une relation linéaire entre la probabilité attribuée aux événements et la quantité des mouvements d’anticipation en tennis. Les joueurs réalisaient des échanges sur le terrain puis devaient répondre à deux questions en visionnant leur prestation en laboratoire. La première question portait sur la probabilité qu’ils avaient attribuée aux frappes délivrées par l’adversaire (10%, 30%, 50%, 70% ou 90%). La deuxième question devait déterminer si les déplacements que les joueurs avaient réalisés sur le court avant leurs frappes étaient guidés par l’anticipation. Il est apparu que la proportion de mouvements anticipatoires des joueurs était d’autant plus élevée que la probabilité d’occurrence de l’événement augmentait.
12La mesure du TR a également été utilisée pour étudier les processus attentionnels. Les processus perceptifs et décisionnels mobilisent l’attention dont les ressources sont limitées et peuvent de ce fait entraîner un ralentissement du traitement informationnel. L’expert pourrait gagner un temps précieux dès lors que ces processus finissent, avec l’entraînement, par requérir moins d’attention. La méthodologie de la double tâche permet de le vérifier en comparant le coût attentionnel requis par une tâche - dite principale - selon le niveau d’expertise des joueurs. Il s’agit pour les participants d’effectuer simultanément cette tâche principale (qu’ils doivent privilégier) et une tâche secondaire. Puisque l’attention a des ressources limitées, une baisse des performances dans la tâche secondaire indiquera que la tâche principale nécessite une très large part des ressources (Abernethy, 1988 ; Bardy, 1991). S’il n’y a pas de baisse de performance, la tâche principale pourra être considérée comme automatisée.
13Deux expérimentations en tennis se sont intéressées au coût attentionnel du traitement de l’information en retour de service. Pour Goulet, Bard et Fleury (1992), qui ont demandé d’identifier verbalement le type de service délivré en tâche principale et ont présenté un signal sonore en tâche secondaire, c’est la phase de placement du serveur qui était la plus coûteuse au niveau attentionnel. Pour Castiello et Umilta (1988), qui ont demandé de réaliser un retour de service face à un adversaire en tâche principale et d’émettre une réponse vocale à un signal sonore en tâche secondaire, c’est le rebond de la balle servie qui nécessitait une attention accrue. La divergence entre ces résultats peut venir du fait que les deux tâches principales présentaient des contraintes de réalisation différentes. Dans l’étude de Castiello et Umilta (1988), on ne sait pas si la difficulté de la tâche principale provient de l’évaluation perceptive de la trajectoire de la balle ou de la préparation à la réponse motrice.
14Le joueur de tennis doit aussi apprendre à engager et réengager rapidement son attention vers des indices spécifiques : c’est la notion de flexibilité attentionnelle. La méthodologie de pré-signalisation élaborée par Posner et Snyder (1975) permet de mesurer cette habileté. Dans la tâche typique, les sujets fixent un point sur un écran d’ordinateur et des stimuli cibles sont présentés à gauche ou à droite de ce point. Un stimulus préalable indique correctement (condition bénéfice) ou non (condition coût) le côté d’apparition du stimulus cible. La pré-signalisation peut donc être juste ou fausse : dans ce dernier cas, on mesure le coût attentionnel c’est-à-dire le temps pris pour réorienter l’attention vers le côté d’apparition du stimulus. En tennis, Tenenbaum, Steward et Sheath (1999) ont étudié la capacité de 90 joueurs masculins à répondre le plus rapidement possible au déplacement d’une trajectoire de balle sur un écran. Dans 20% des cas, la balle était envoyée le long de la ligne (condition coût). Dans 80% des cas, la balle était envoyée croisée (condition bénéfice). En contradiction avec les hypothèses, les joueurs novices n’étaient pas plus perturbés que les joueurs expérimentés lorsque la pré-signalisation était contraire à la trajectoire délivrée (condition coût). Pour expliquer l’absence de différence due au niveau d’expertise, les auteurs ont suggéré que la tâche sur l’ordinateur n’était pas suffisamment représentative de la tâche habituelle du joueur. Les joueurs novices n’ont pas eu de difficulté à réaliser la tâche car ils l’ont considérée comme un jeu d’ordinateur et non comme une situation de tennis.
Rapport verbal
15Plusieurs méthodologies expérimentales sont employées pour savoir quelles sont les sources d’information visuelles sur lesquelles les joueurs se focalisent. Le moyen le plus simple consiste à demander aux sujets de dire oralement quels indices ils regardent. Assez peu utilisée en tennis, la méthode du rapport verbal permet de tester un grand nombre de participants. Par exemple, Buckolz et al. (1988) ont demandé à 44 joueurs de niveau avancé et intermédiaire de prédire la destination de passing-shots et de lister les indices qui avaient soutenu leurs prédictions. Un effet du niveau a été observé pour prédire la destination des coups droits croisés mais sans que ne diffèrent les indices communiqués par les joueurs (i.e., la position du corps et de la raquette). Dans une expérimentation similaire, Tenenbaum, Levy-Kolker, Sade, Liebermann et Lidor (1996) ont interrogé 45 joueurs sur les indices qu’ils avaient observés lors d’un test de prédiction de coups de fond de court. Les joueurs de niveau intermédiaire et débutant ont soutenu qu’ils focalisaient leur attention sur un seul indice, qui n’était pas nécessairement pertinent. Les experts quant à eux déclaraient avoir utilisé plusieurs indices simultanément (e.g., le bras, les jambes, la raquette). Les différences de performance entre les experts et les novices semblent dépendre moins de la nature des indices déclarés oralement que de leur capacité à pouvoir les détecter et les utiliser. Ces deux études présentent des résultats hétérogènes qu’on peut attribuer à la méthodologie même du rapport verbal qui, comme nous le verrons, est critiquable.
Occlusion visuelle
16L’occlusion de la scène visuelle représente la méthodologie la plus classique pour étudier les processus perceptifs en sport (Abernethy, 1987). La technique consiste à donner à voir aux participants un extrait d’un film vidéo sur lequel un joueur opposant est en train de réaliser des séquences de jeu comme des séries de services (Goulet, Bard & Fleury, 1989 ; Isaacs & Finch, 1983 ; Jones & Miles, 1978 ; Singer, Cauraugh, Chen, Steinberg & Frehlich, 1996) ou de coups de fond de court (Tenenbaum, Sar-El & Bar-Eli, 2000). Les participants doivent prédire quel événement va se produire après l’arrêt du film (e.g., la destination de la balle ; l’effet du service). Les séquences de jeu sont filmées avec une caméra vidéo positionnée sur le court de tennis de telle façon que le film reproduise la scène vue habituellement par le joueur. Un logiciel de traitement d’images est utilisé pour manipuler la durée de la période de vision (et par conséquent la quantité d’information disponible) et le contenu des clips. On parle d’occlusion temporelle progressive lorsque la durée de la séquence visible s’allonge dévoilant de plus en plus le geste de l’opposant (i.e., la préparation, la préparation plus la frappe, le geste en entier ; voir Farrow & Abernethy, 2003). On parle d’occlusion spatiale lorsque des caractéristiques spécifiques de la scène visuelle (e.g., le bras, la raquette du joueur) sont dissimulées de façon sélective (Ody, 1983). Plusieurs investigations ont montré que la capacité à prévoir le déroulement d’une situation en utilisant précocement les indices saisis sur le corps de l’adversaire dépendait du niveau d’expertise des joueurs (Buckolz et al., 1988 ; Goulet et al., 1989 ; Isaacs & Finch, 1983 ; Jones & Miles, 1978 ; Singer et al., 1996). Par exemple, Goulet et al. (1989, expérimentation 2) ont demandé à des participants de prédire le type d’effet délivré par un serveur (i.e., service à plat, lifté, slicé) dans cinq conditions d’occlusion de durée variable : la condition C1 montrait la phase préparatoire du service (875 ms) ; la condition C2 contenait la phase préparatoire et la première phase d’exécution (1.125 ms) ; dans la condition C3, les participants pouvaient voir la phase préparatoire jusqu’à la frappe de la balle (1.208 ms) ; la condition C4 comprenait la phase de rituel (i.e., lorsque le joueur se prépare à servir) jusqu’à la frappe de la balle (4.710 ms) ; dans la condition C5, le service était présenté sans occlusion. Les scores enregistrés en pourcentage de bonnes réponses étaient respectivement de 46% (C1), 44% (C2), 51% (C3), 62% (C4) et 66% (C5) pour les joueurs novices et de 66.2% (C1), 74% (C2), 79% (C3), 79% (C4) et 74% (C5) pour les joueurs experts. Après l’analyse statistique, les auteurs ont conclu que les joueurs experts étaient capables de tirer profit de l’information visuelle disponible avant la frappe de la balle (C1, C2 et C3) alors que les joueurs novices devaient voir la phase de rituel jusqu’à l’impact pour être précis (C4 et C5).
Enregistrement des mouvements oculaires
17Au cours des 20 dernières années, de nombreuses recherches scientifiques ont eu recours à des appareils vidéo-oculographiques d’enregistrement de la direction du regard de type Nac Eye Mark Recorder pour étudier les processus perceptifs (Rayner, 1998). Ces appareils permettent de déterminer les zones de l’espace que le participant parcourt du regard pendant qu’il exécute des tâches de résolution de problèmes. La durée et l’endroit des fixations visuelles sont aussi relevés. Ils sont indicatifs des stratégies perceptives utilisées. Les résultats obtenus en tennis dans des tâches de prédiction à partir de films ont montré que les joueurs experts examinaient l’environnement d’une façon moins variable que les joueurs novices. Un lien étroit est apparu entre la perception experte et la cinématique de l’action observée. Par exemple, Goulet et al. (1989, expérimentation 1) ont noté que, pour prédire l’effet du service, le couple bras-raquette était plus longtemps fixé par les joueurs experts. Singer et al. (1996) ont confirmé ce résultat et l’ont observé aussi pour la prédiction des coups de fond de court. Les joueurs experts se focalisaient sur les régions centrales du corps (en particulier la hanche) et sur la zone de l’impact balle-raquette alors que les joueurs novices observaient surtout la balle et la raquette. Les premiers paraissent donc capables d’extraire l’information nécessaire à partir d’indices plus précoces que les seconds.
Limites des premières études
18L’objectif des premières études sur l’anticipation en tennis était de décrire et de comprendre les facteurs qui sous-tendaient les performances des joueurs en relevant des différences systématiques selon leur niveau d’expertise. Aussi, il est bien avéré que les joueurs experts obtiennent généralement des résultats supérieurs aux joueurs novices quand on les oblige à faire des prédictions en laboratoire. Cependant, plusieurs limites méthodologiques interdisent de généraliser ces résultats. En effet, les conclusions ont été établies en utilisant des tâches relativement éloignées de la réalité sportive, qui ont étudié chaque étape du traitement de l’information d’une manière distincte. A l’exception de l’expérimentation de Day (1980), les études ont découplé le lien fonctionnel entre la perception et l’action. Or, cette manière cloisonnée d’appréhender les liens entre la perception et l’action a été remise en cause, notamment, par l’approche écologique de la perception (Gibson, 1979). Selon ce point de vue, stimulation sensorielle et mouvement sont fonctionnellement interdépendants. Les informations qui permettent d’anticiper sont saisies dans un contexte réel de jeu et sont structurées dans le même temps par le mouvement de l’adversaire et par le changement de position des capteurs sensoriels dus au mouvement propre du joueur. Toute expérimentation ne reproduisant pas ce contexte et cette spécificité risque de limiter la compréhension de l’anticipation chez le joueur expert (Abernethy, Thomas & Thomas, 1993).
Problème du réalisme des situations perceptives
19Dans une tâche de prédictions de services sur film (Jones & Miles, 1978), les entraîneurs de tennis experts n’ont obtenu que 40 % de réponses correctes lorsque l’image était arrêtée 42 ms avant l’impact balle-raquette. Ce pourcentage n’était que marginalement supérieur au niveau de chance (i.e., 33,3 %). Dans une tâche similaire, Tenenbaum et ses collaborateurs (1996) ont observé des différences entre les joueurs de tennis experts et les joueurs novices mais seulement pour 50 % des frappes à prédire. Une explication de ces résultats est que les deux expérimentations ont utilisé des environnements présentés par des films vidéo. S’ils autorisent une bonne standardisation des conditions expérimentales, les films sont généralement projetés sur des écrans de télévision ce qui diminue les informations auditives, réduit le champ visuel et peut limiter l’accès aux indices de la profondeur. Les scènes en deux dimensions engendrent des difficultés pour prédire la longueur de la trajectoire des balles (e.g., Isaacs & Finch, 1983). Dans une expérience de prédictions de trajectoires de balles, Féry et Crognier (2001) ont ainsi montré que la présentation de films sur un moniteur (15 pouces) conduisait à surestimer la longueur des trajectoires dans le cas des trajectoires courtes et à les sous-estimer dans le cas de trajectoires longues. Les auteurs ont observé que ces erreurs n’étaient pas relevées dans des situations similaires mises en place sur le terrain.
Problème de la nature de la réponse
20La technologie d’enregistrement des mouvements oculaires a contraint les chercheurs à utiliser des tâches où le sujet était relativement statique (e.g., Goulet et al., 1989) et donnait sa réponse de manière inhabituelle (e.g., en pointant sur un croquis représentant un terrain de tennis la zone que doit atteindre la balle). En outre, il était parfois accordé beaucoup de temps pour répondre (e.g., 5 s, Isaacs & Finch, 1983). Avec un tel délai, l’inconvénient est que les processus d’analyse consciente conduisant à l’identification voire à l’interprétation du percept peuvent être mobilisés. Leur mise en jeu demande quelques centaines de ms de plus que les processus de transformation visuo-motrices (Castiello, Paulignan & Jeannerod, 1991). On comprend que leur intervention puisse amener le sujet à prendre une décision qu’il n’aurait pas prise en match.
Les études récentes
21A partir des années 1990, la nécessité d’améliorer la validité écologique des situations expérimentales en maintenant les couplages naturels entre la perception et l’action apparaît de plus en plus évidente pour comprendre les processus de l’anticipation (Abernethy et al., 1993). Nous présentons d’abord les études récentes qui visent à vérifier si les conclusions obtenues en laboratoire restent valides lorsque les conditions expérimentales tendent vers plus de réalisme. Profitant des avancées technologiques et de l’émergence de l’approche écologique de la perception (Gibson, 1979), la communauté scientifique devient plus attentive aux liens entre les processus perceptifs et ceux élaborant la réponse. Cette position trouve des points d’appui théoriques dans des travaux en neurophysiologie (Goodale & Milner, 1992) selon lesquels il existe deux systèmes visuels séparés : un circuit cortical ventral visant à l’identification d’un objet (i.e., vision pour reconnaître) et un circuit dorsal mobilisé lors du mouvement vers un objet et chargé d’exercer les transformations visuo-motrices nécessaires à sa saisie (i.e., vision pour agir). Les processus impliqués dans l’identification perceptive seraient donc différents de ceux mis en œuvre pour le guidage visuo-moteur. Cette dissociation nous permet de considérer que deux types d’expertise sont mobilisées dans l’analyse perceptive et par conséquent dans l’anticipation : l’expertise perceptivo-motrice dont l’une des caractéristiques est de permettre le déclenchement rapide d’une réponse adaptée à des indices saisis très précocement sur le mouvement de préparation et de frappe de l’adversaire et l’expertise perceptivo-cognitive qui sollicite les connaissances du joueur et s’exerce en amont de la préparation et de la frappe de l’adversaire dès lors qu’il a suffisamment de temps pour analyser la situation (e.g., lors d’un échange de fond de court assez lent). Aussi nous montrons que des études récentes sur l’anticipation en tennis s’intéressent spécifiquement à l’une et l’autre de ces expertises. Enfin, une dernière série d’études aborde la question des apprentissages perceptifs.
Réalisme des protocoles expérimentaux
22Plusieurs études récentes ont proposé aux sujets des informations sensorielles plus riches, leur ont imposé des contraintes temporelles plus fortes et des modalités de réponse plus proches de la réalité du jeu (Tableau 2).
Classement des articles sur l’anticipation en tennis selon le type de dispositif expérimental et le mode de réponses
Classement des articles sur l’anticipation en tennis selon le type de dispositif expérimental et le mode de réponses
Intérêt de la présentation de l’adversaire in situ
23Williams, Ward, Knowles et Smeeton (2002, expérimentation 1) ont opté pour une présentation des séquences de jeu sur un écran géant de 3 m x 3,50 m plutôt que sur un écran de télévision. Le joueur opposant avait ainsi la même taille que sur le terrain (i.e., une taille rétinienne de 8,5°). Pour indiquer la destination de la balle, les participants devaient se déplacer dans la direction estimée (à droite, à gauche, devant, derrière) et mimer une action d’interception avec la raquette. Les fixations oculaires étaient aussi enregistrées. Les joueurs expérimentés étaient plus rapides pour donner leurs réponses que les joueurs moins expérimentés. Ceux-là portaient leur regard sur les parties centrales (tête-épaules, tronc-hanches) alors que ceux-ci regardaient davantage les parties distales du corps de l’adversaire (raquette-balle).
24D’autres expérimentations ont appliqué la méthodologie d’occlusion visuelle sur le court de tennis, mettant en scène un adversaire (Farrow & Abernethy, 2003 ; Shim et al., 2005). Le sujet portait des lunettes à cristaux liquides de type PLATO pouvant être commandées à distance pour masquer la vision dans un délai de 2 ms. Ces lunettes permettent de manipuler l’information visuelle disponible sans restreindre les mouvements des joueurs. Par exemple, Shim et al. (2005, expérimentation 1) ont demandé aux participants, placés à la volée et munis des lunettes occlusives, de prédire la destination des passing-shots délivrés par un joueur sur un court ou par un joueur filmé (avec projection de ce film sur le court). Les prédictions se sont détériorées dans la condition filmée par rapport à la condition de jeu vivante pour les joueurs experts mais pas pour les joueurs novices. L’information additionnelle fournie par la présence de l’opposant ne serait donc accessible que pour les joueurs expérimentés qui ont une très grande habitude du jeu adverse. Shim et al. (2005, expérimentation 2) ont confirmé ce résultat. Dix joueurs de niveau expérimenté étaient placés à la volée. Leur temps de réaction était comparé selon que le passing-shot était délivré par une machine lance-balles ou par un adversaire. Dans la première condition, aucune information n’était disponible avant l’envoi de la balle. Il est apparu que les réponses étaient 25 % plus rapides lorsque les joueurs avaient la possibilité de voir le mouvement de l’adversaire.
25Enfin, une nouvelle génération d’oculomètre plus légère et plus fiable (e.g., ASL 5000 SU eye-movement registration system) a permis de mener des expérimentations sur le terrain et en extérieur (Singer, Williams, Frehlich, Janelle, Radlo, Barba & Bouchard, 1998). Singer et ses collaborateurs ont examiné dans quelle mesure les joueurs de tennis pouvaient collecter des données visuelles précises tout en renvoyant les services délivrés par un adversaire. Des différences ont été observées selon le niveau des cinq experts qui participaient à l’étude. Les deux participants les mieux classés suivaient intégralement le lancer de la balle. Ils opéraient ensuite une poursuite oculaire de la balle jusqu’à une durée comprise entre 120 et 184 ms avant la frappe du retour de service. Les trois autres participants privilégiaient davantage les fixations visuelles. Apparaît ici l’idée que le joueur expert est sensible aux indices visuels dynamiques.
Intérêt des situations perceptives dynamiques
26L’étude de Singer et al. (1998) a contribué à modifier la conception traditionnelle de l’anticipation selon laquelle le positionnement spatial des segments corporels de l’adversaire au moment de la frappe (e.g., l’angle bras-raquette) constitue des indices visuels utilisés par l’expert. Wright et Jackson (sous presse) ont utilisé l’imagerie fonctionnelle à résonance magnétique (fIRM) pour identifier les aires corticales impliquées dans la perception d’images vidéo au tennis. Ils ont montré que les aires temporales impliquées dans l’analyse des mouvements visuels (MT/STS) et des mouvements biologiques (STS) étaient davantage mobilisées lorsque les sujets observaient un joueur en train de servir que lorsqu’ils regardaient des images fixes extraites de ce film.
27D’autres expérimentations, inspirées des travaux de Johansson (1973), ont confirmé l’importance du dynamisme des indices et en ont souligné aussi la nature. Cet auteur attache des sources lumineuses sur les articulations d’une personne puis la fait marcher dans le noir. Il démontre que le mouvement relatif des articulations - et en l’absence de toute autre information contextuelle - constitue une source privilégiée d’informations sur le mouvement humain. Le déplacement relatif des segments corporels pourrait ainsi fournir des informations nécessaires et suffisantes à l’anticipation. Ward, Williams et Bennett (2002) ont utilisé cette technique des points lumineux en tennis en la couplant avec un enregistrement des mouvements oculaires. Les auteurs ont observé que la transition de mouvement était au moins aussi informative que les seules positions de parties du corps pour prédire la direction de coups de fond de court. Ces indices constituent une information invariante établie après des années de pratique. Plus précisément, les joueurs novices portaient leur regard sur des indices distaux et tardifs (e.g., le mouvement relatif de la raquette). Les joueurs experts quant à eux portaient davantage leur regard sur des indices proximaux et plus précoces (e.g., le mouvement relatif des hanches et du tronc, puis celui concernant les épaules et la tête), les indices plus tardifs étant considérés par les auteurs comme seulement confirmatoires. Une hypothèse intéressante suggérée par Williams et Ericsson (2005) est que ces mouvements relatifs donneraient des indications sur la direction du coup alors que la vitesse de l’effecteur terminal (« end-effector ») comme la main ou la raquette donnerait des indications concernant la profondeur du coup.
28L’amélioration du réalisme des protocoles expérimentaux a permis aux études s’en réclamant de montrer l’importance pour anticiper de la présence de l’adversaire « sur le court » et de mieux définir la nature des informations saisies sur son mouvement de frappe. De nouvelles études étendent ce réalisme et se donnent pour objectif de lier perception et motricité.
Expertise perceptivo-motrice
29La réalisation de performances expertes repose sur environ une décennie d’entraînement intensif et de pratique délibérée (Ericsson, Krampe & Tesch-Römer, 1993). Au cours de ces années, les joueurs de tennis effectuent des millions d’essais face à des adversaires différents pour apprendre, par exemple, à mieux retourner des services extrêmement rapides. La possibilité de répondre efficacement à ce type de situations placées sous fortes contraintes de temps repose sur des processus perceptivo-moteurs fondés sur l’extraction de stimulations visuelles peu accessibles cognitivement (Kibele, sous presse ; Pylyshyn, 1999). Même si le joueur a pu, lors de sa formation, voir son attention attirée sur des indices particuliers à saisir sur la frappe adverse, on peut justement rappeler que ces connaissances subissent des changements qualitatifs avec l’apprentissage (Anderson, 1992) : le développement de l’expertise passe par une conversion des connaissances déclaratives en une série de règles de production (i.e., connaissances procédurales) qui échappent à l’introspection [6]. Cette observation est certainement à rapprocher de ce que Beilock et Carr (2001) nomment « l’amnésie induite par l’expertise » et qui voit l’expert en golf incapable de décrire la technique idéale du coup avec autant de détails que des joueurs de niveau inférieur. L’adaptation de la frappe du joueur à celle de son adversaire passerait progressivement sous la dépendance des traitements de la voie dorsale parfaitement adaptée à ce type de réponse et ne requérant pas l’allocation des processus attentionnels. Un argument vient à l’appui de cette hypothèse. Dans le domaine de l’étude de l’attention en tennis, Rowe et McKenna (2001, expérimentation 3) ont présenté à des joueurs experts et à des joueurs novices des situations de jeu en fond de court au moyen de films. Tout en énonçant les lettres de l’alphabet dans le désordre (tâche secondaire verbale impliquée dans la mobilisation des connaissances explicites), les participants avaient à indiquer le plus rapidement possible et en pressant un bouton-réponse à quel moment le joueur à l’écran s’avançait vers le filet (tâche principale). Les résultats ont montré que les performances dans la tâche secondaire se dégradaient davantage pour les joueurs novices que pour les joueurs experts. La conclusion proposée par les auteurs est que l’anticipation devient effectivement plus automatique avec l’expertise. L’étude de cette expertise perceptivo-motrice conduit alors à tester l’hypothèse selon laquelle convier le joueur à des réponses motrices habituelles doit permettre de meilleures anticipations que celles évaluées par le biais de réponses verbales. Une recherche intéressante de Farrow et Abernethy (2003) utilisant l’occlusion visuelle valide cette hypothèse. Les auteurs ont noté que les joueurs experts étaient plus précis pour prédire la direction d’un service lorsqu’ils réalisaient un véritable retour de service (i.e., réponses couplées) comparée à une condition où ils étaient priés d’indiquer verbalement cette direction (i.e., réponses découplées).
30Une nouvelle piste de recherches porte sur la mobilisation de processus moteurs lors de la perception de l’action de l’adversaire. Un aspect remarquable des travaux de Wright et Jackson (sous presse) cités plus haut est que lorsqu’il est demandé aux sujets de prédire la direction de la trajectoire du service - et non plus seulement d’observer le mouvement de service - les aires motrices sont alors mobilisées. Pour les auteurs, ces aires sont celles impliquées dans le « système miroir », ce système de neurones moteurs activé dans l’observation chez autrui d’une action que l’on sait faire (Buccino, Vogt, Ritzi, Fink, Zilles, Freund & Rizolatti, 2004). Il est intéressant de noter que dans l’étude de Wright et Jackson, les sujets étaient des joueurs novices en tennis. Or, il est possible que pour les joueurs experts, la simple observation attentive d’un service suffise à déclencher la mise en jeu de ces aires motrices. En effet, Calvo-Merino, Glaser, Grèzes, Passingham et Haggard (2005) ont ainsi récemment montré que les processus moteurs responsables de la réalisation d’un mouvement sont activés quand un expert tente d’identifier ce mouvement réalisé par un autre acteur. Plus encore, cette « résonance » rendrait accessibles les intentions de l’acteur (i.e., l’adversaire dans notre contexte) sur la base des intentions que l’expert aurait pour le même mouvement (Blakemore & Frith, 2005). Le joueur pourrait donc avoir accès aux conséquences de l’action engagée par l’adversaire avant même que celle-ci ne se déroule effectivement (Hesslow, 2002). Des expérimentations futures à mener en tennis dans ce cadre devraient conduire à étudier l’influence de la latéralité sur la qualité des prédictions. On sait à l’heure actuelle que la prédiction des actions d’un joueur gaucher est souvent difficile pour un droitier. La raison, quelque peu évasive, qui est classiquement avancée est que le joueur droitier rencontre davantage de joueurs droitiers et s’habitue mieux à leur jeu [7]. On pourrait approfondir l’explication en tentant de vérifier que pour le joueur droitier la difficulté vient du fait qu’il est obligé d’inverser l’image motrice du gaucher pour établir cette résonance.
Expertise perceptivo-cognitive
31L’analyse cognitiviste des habiletés motrices étudie plus particulièrement les processus de la planification de l’action qui mobilisent des traitements plus sophistiqués que le niveau perceptivo-moteur et peuvent être considérés comme s’exerçant en « dehors » du système moteur (Hommel et al., 2001 ; Willingham, 1998). Ces travaux montrent que les connaissances accumulées sur une situation peuvent en modeler la perception et orienter le choix de la réponse (Glover, 2004). On sait par exemple que les traitements sémantiques influencent la planification de l’action (Gentilucci, Benuzzi, Bertolani, Daprati & Gangitano, 2000). Aussi au tennis, des connaissances de type tactique (e.g., la qualité de la surface de jeu, les caractéristiques du jeu adverse) doivent pouvoir être mobilisées pour interpréter la scène de jeu. Les traitements ici sont plus complexes et plus longs, ce qui leur interdit d’intervenir aussi vite que les boucles perceptivo-motrices mais permet certainement au joueur (s’il a le temps) de comprendre les intentions de l’adversaire voire de choisir de jouer des coups influençant ses réponses et de sélectionner les réponses adaptées.
32La question qui se pose est de savoir quelles sont les connaissances qui sous-tendent cette expertise perceptivo-cognitive et comment le chercheur peut les étudier. On peut légitimement penser que le joueur a suffisamment de temps, entre deux points joués ou même dans des situations de jeu où les contraintes temporelles ne sont pas trop élevées, pour mobiliser consciemment et intentionnellement des informations d’ordre conceptuel (i.e., de type tactique). Par exemple, McPherson (1999) a interrogé les joueurs à l’issue du point joué et sur leurs intentions de jeu. Elle a relevé que les joueurs experts exprimaient des connaissances tactiques plus étendues, mieux définies et mieux reliées entre elles que les joueurs novices. Il s’agit de connaissances concernant l’analyse perceptive de la situation, la spécification d’un but à atteindre et les moyens pour y parvenir. Cependant, Williams et Davids (1995) ont logiquement posé la question de savoir si ce type de connaissances pouvait avoir une valeur explicative de la performance ou s’il n’avait qu’un statut de simple sous produit de l’expertise. Un début de réponse a été donné par McPherson et Thomas (1989) qui ont montré l’existence d’un lien corrélationnel entre la connaissance du tennis et la performance en match. Crognier, Veret et Féry (2005) ont cherché à relier les performances obtenues par des joueurs de niveau régional dans un test d’anticipation avec leurs performances dans un test de connaissances du tennis. Les connaissances étaient relevées « point par point » en suivant le modèle développé par McPherson et Thomas (1989). L’analyse des corrélations n’a pas permis d’établir ce lien. On doit donc remettre en cause l’idée que la connaissance déclarée (explicite) recueillie après la situation d’anticipation joue un véritable rôle dans cette habileté. La crédibilité de la verbalisation est en effet en débat car ce qui est verbalisé du mouvement ne constitue jamais qu’une portion du savoir, surtout lorsque l’habileté est bien automatisée (Féry, 2001). Le chercheur est alors convié à étudier l’expertise perceptivo-cognitive non pas en demandant de les verbaliser mais en plaçant le joueur dans des situations où il peut mettre en jeu ses connaissances sans les évoquer précisément (i.e., de manière implicite). La seconde précaution est d’éviter des situations expérimentales dans lesquelles on projette des films où seul est visible le geste de frappe de l’adversaire (Abernethy, Gill, Parks & Packer, 2001). Les expérimentations doivent alors prévoir de réels échanges, permettant certainement aux joueurs de mobiliser des connaissances tactiques. Ce type de connaissances est par exemple le fait que lorsqu’un joueur est débordé sur son revers, il y a une forte probabilité qu’il joue ce coup croisé pour notamment éviter le coup droit de son adversaire. Suivant cette idée, Féry et Crognier (2001) ont demandé à des joueurs expérimentés d’observer des échanges entre deux joueurs. Ils devaient prédire des trajectoires de balle délivrées par le joueur considéré comme défenseur, alors que leur vue était masquée 100 ms après l’impact. Il était attendu que la qualité des prédictions soit dépendante du contexte tactique. Un contexte tactique riche était une situation au cours de laquelle le joueur attaquant pouvait avoir joué suffisamment de coups pour contraindre son adversaire à réduire considérablement le nombre de ses réponses. Cependant, les résultats n’ont pas montré que les prédictions étaient meilleures dans ce type de contexte par rapport à des situations où le défenseur était moins contraint. Suite à ce résultat, Crognier et Féry (2005) ont émis l’hypothèse selon laquelle la richesse tactique d’une situation de jeu ne pouvait avoir d’influence sur l’anticipation que si le sujet passait du statut d’observateur à celui d’acteur. C’est en mettant en œuvre ses propres connaissances dans le domaine tactique et au cours d’un échange qu’il pourrait le mieux anticiper (i.e., en « dictant » le jeu, Crognier & Féry, 2006). Les auteurs ont vérifié cette hypothèse en montrant que dans ce cas les joueurs expérimentés parvenaient à anticiper la direction du coup de l’adversaire à 78% dans des situations où ils avaient la possibilité de contrôler les échanges. Ces pourcentages chutaient en avoisinant 50% pour des situations où les joueurs avaient beaucoup moins d’opportunités de peser sur l’échange. L’idée que les joueurs en influençant le déroulement de l’action adverse pourraient en prévoir l’issue reste à confirmer par d’autres expérimentations.
Apprentissages perceptifs
33La question des apprentissages perceptifs constitue le thème le plus récent des recherches sur l’anticipation en tennis. On compte sept articles publiés depuis 2000 (Tableau 1). Au plan méthodologique, l’entraînement consiste à orienter l’attention de l’élève sur des indices visuels privilégiés par les experts (Steinberg, Chaffin & Singer, 1998 ; Williams & Grant, 1999). Au plan théorique, l’entraînement constitue un lieu de validation externe de ces indices dans la mesure où ils doivent pouvoir conduire à l’amélioration de l’anticipation chez le joueur débutant ou confirmé. Généralement, c’est l’entraînement sur vidéo qui est privilégié pour l’entraînement perceptif (Farrow, Chivers, Hardingham & Sachse, 1998 ; Moreno, Ona & Martinez, 2002 ; Singer, Cauraugh, Chen, Steinberg, Frehlich & Wang, 1994 ; Williams et al., 2002). Par exemple, Singer et al. (1994) ont proposé des sessions d’entraînement à des joueurs de niveau débutant et intermédiaire (3 fois 20’ durant 3 semaines) fondées sur des instructions verbales pour apprendre à identifier des indices pertinents sur des films. Les auteurs ont observé que les joueurs amélioraient la vitesse et la précision des décisions dans la prédiction du rebond et du type de services après l’entraînement. Dans une étude similaire, Farrow et al. (1998) ont montré que seule la vitesse de décision était améliorée. La divergence de ces résultats peut révéler un conflit entre la vitesse et la précision de la réponse qui aurait pu être présent dans l’une et pas l’autre expérimentation. Ces résultats sont aussi fragilisés par le fait que la présentation vidéo dénature la richesse de la stimulation visuelle. Mais surtout, les performances recueillies n’ont que peu à voir avec des réponses réelles. Qu’en est-il si après un apprentissage à partir de films vidéo on demande aux sujets d’anticiper sur le terrain ? Scott, Scott et Howe (1998) ont analysé l’effet d’un entraînement avec la vidéo sur la capacité des joueurs à retourner des services. Lors de la phase d’apprentissage, trois joueurs et trois joueuses de niveau intermédiaire devaient prédire la destination des services face à des films : ces derniers étaient d’abord présentés lentement puis à vitesse réelle. Après l’entraînement, tous les participants avaient amélioré la qualité de leur retour de service estimée au moyen d’une échelle en cinq niveaux.
34Une question plus récemment débattue concerne la nature des instructions que les joueurs doivent recevoir. Doivent-elles décrire explicitement ce qui doit être regardé ou bien la nature subtile des indices saisis sur le mouvement de l’adversaire nécessite-elle un apprentissage implicite (Jackson & Farrow, 2005 ; Masters, 1992) ? Cette distinction est aussi connue sous les noms d’apprentissage conscient et inconscient ou encore d’apprentissage intentionnel et incident (Neill, Beck, Bottalico & Molloy, 1990). Smeeton, Williams, Hodges et Ward (2005) ont mesuré l’efficacité relative de trois types de consignes en entraînant des jeunes joueurs de niveau intermédiaire à faire des prédictions de coups de fond de court. Un premier groupe « instructions explicites » apprenait à observer comment les indices importants (les épaules) pouvaient évoluer en fonction du type de coup (les épaules tournent plus pour les coups délivrés le long de la ligne que pour les coups croisés). Les joueurs du deuxième groupe « découverte guidée » avaient à porter leur attention sur les mêmes indices, mais devaient découvrir de manière implicite (c’est-à-dire seuls) le lien entre leur évolution et la direction du coup. Les joueurs du troisième groupe « découverte non guidée » n’avaient aucune instruction, mais étaient invités à découvrir des indices posturaux importants permettant d’anticiper la direction du coup avant la frappe. Les deux premiers groupes ont amélioré leurs prédictions plus rapidement que le troisième. Ces résultats corroborent ceux d’une étude similaire menée par Williams et al. (2002). Cependant, Smeeton et al. (2005) ont montré que les prédictions du groupe « instructions explicites » étaient ralenties dans une situation de stress, courante en compétition. L’interprétation de ce phénomène est qu’une situation anxiogène puise dans les ressources attentionnelles de la mémoire de travail et peut alors ralentir le traitement des informations apprises explicitement (Eysenck & Calvo, 1992). Ce résultat conduit assez naturellement à éviter une transmission explicite des indices à saisir pour anticiper. C’est ce que démontrent fort bien Farrow et Abernethy (2002). Les auteurs choisissent un apprentissage au cours duquel l’attention des sujets est dirigée explicitement vers des indices visuels connus (e.g., le mouvement et l’angle de la raquette dans les 150 dernières ms avant l’impact) et un apprentissage implicite au cours duquel les sujets ne doivent tenter que de juger la vitesse du service. Ce qui est recherché dans ce dernier type d’apprentissage est l’établissement inconscient d’une relation entre la cinématique du geste de service et la trajectoire de la balle. Les auteurs démontrent la plus grande efficacité de l’apprentissage implicite. Ce résultat n’est toutefois pas reproduit après une période sans entraînement de 32 jours, ce qui fait douter de la stabilité d’un tel apprentissage. Aussi, on peut considérer que le domaine des apprentissages perceptifs en est encore à ses balbutiements. En effet, plusieurs questions restent non résolues à ce jour (Smeeton et al., 2005 ; Williams, Ward, Allen & Smeeton, 2004) : l’utilisation de probabilités situationnelles peut-elle être améliorée par l’entraînement ? Comment l’information doit-elle être transmise à l’apprenant ? Comment créer des simulations efficaces pour l’entraînement ? Quel est le meilleur moyen d’estimer le transfert de l’anticipation du laboratoire au terrain ? Existe-t-il des fenêtres temporelles pour acquérir les habiletés perceptives ?
Conclusion
35Le tennis a constitué un support majeur pour étudier l’anticipation en sport. L’état des lieux des publications parues dans les revues scientifiques de 1965 à 2006 présente une base de données étoffée et en expansion (Tableau 1). L’influence dominante de la théorie du traitement de l’information a d’abord permis d’identifier des différences importantes au plan perceptif, décisionnel et attentionnel en fonction du niveau des joueurs. Il est bien établi que les joueurs experts réalisent des prédictions rapides et précises car ils sont capables de détecter et d’interpréter précocement les indices visuels extraits du mouvement de frappe de l’adversaire. La période la plus critique pour prélever ces informations se situe dans l’intervalle temporel de 300 ms qui précède le contact entre la balle et la raquette (Farrow & Abernethy, 2003). Ce résultat explique pourquoi, pour un service extrêmement rapide, l’expert parvient à résoudre le problème du temps imparti.
36Jusqu’à la fin des années 1990, les expérimentations ont le plus souvent été menées dans le cadre de situations de laboratoire qui ont découplé le lien fonctionnel entre la perception et l’action et éloigné le participant de son environnement usuel. Une tendance forte qui se dégage des expérimentations récentes est de chercher à étudier l’individu en mouvement dans les situations possédant une plus grande similitude informative avec celles qu’il rencontre habituellement (Shim et al., 2005). En ce qui concerne l’étude de l’expertise perceptivo-motrice, une question importante est le fait de demander ou non à l’expert d’exécuter une frappe réelle. À la lumière des études présentées (e.g., Wright & Jackson, sous presse), il pourrait être suffisant de demander au sujet d’avoir simplement l’intention de produire une réponse (e.g., tenter mentalement de retourner le service). Dans ce cadre, les tâches de laboratoire peuvent encore représenter un potentiel expérimental non négligeable (Farrow, Jackson & Abernethy, 2005). En revanche, dans les études portant sur l’entraînement à l’anticipation, il semble que le débutant, n’ayant pas construit de programmes moteurs répondant à la situation perceptive, ait l’obligation de réaliser effectivement la frappe. Concernant l’expertise perceptivo-cognitive, une source d’information pressentie pour soutenir l’anticipation est liée au fait qu’il peut ou non, en contrôlant les échanges, conduire l’adversaire à délivrer tel ou tel coup (Crognier & Féry, 2005). L’anticipation n’est donc pas simplement déduire de l’observation de la situation de jeu les intentions de l’opposant. C’est aussi pouvoir induire des réponses adverses.
37Les deux types d’expertise identifiées apparaissent complémentaires : plus le moment de l’exécution de la frappe approche et plus l’anticipation manifestée par le joueur dépend de l’expertise perceptivo-motrice. Cette dernière serait toujours sollicitée alors que l’expertise perceptivo-cognitive ne serait mobilisée que si le joueur dispose de suffisamment de temps pour déclencher sa frappe. Il reste à déterminer cette durée minimale. Un autre challenge stimulant sera de savoir de quelle façon les connaissances acquises de façon explicite et implicite interagissent dans l’apprentissage (Jackson & Farrow, 2005). Il reste donc un travail conséquent à mener pour développer ce secteur de recherches dont les retombées ne peuvent plus être négligées dans l’entraînement et la formation des joueurs de tennis.
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Mots-clés éditeurs : connaissances tactiques, expertise perceptivo-motrice et expertise perceptivo-cognitive, sports d'opposition duelle, apprentissages perceptifs
Mise en ligne 01/04/2008
https://doi.org/10.3917/sm.062.0009Notes
-
[1]
Ufr Staps de Dijon, Campus Universitaire, BP 27877, 21000 Dijon, Laboratoire ISOS-SPMS
-
[2]
Université de Versailles-St-Quentin en Yvelines, Ufr des Sciences, Département Staps
Les auteurs souhaitent remercier Nicolas Benguigui (Ufr Staps Orsay) pour ses précieuses suggestions et remarques critiques ainsi que François Riou (Ufr Staps Montpellier) pour sa lecture attentive d’une première version du manuscrit. -
[3]
Le Journal du Dimanche (15 septembre 2002).
-
[4]
Cette étude porte sur les expérimentations scientifiques publiées dans les revues nationales et internationales à comité de lecture. Les résumés parus dans les actes de colloque n’ont pas été retenus. L’année 1965 est choisie comme borne inférieure car elle correspond à l’année de parution de l’article de Haskins qui peut être considéré comme la première expérimentation scientifique sur l’anticipation en tennis. Le dernier article étudié est celui de Wright et Jackson (sous presse).
-
[5]
Ces deux notions sont définies dans la dernière partie de l’article.
-
[6]
Le français Arnaud Clément illustre cette idée en expliquant pourquoi il a perdu une balle de match à la volée face à l’espagnol Alex Correjta lors du tournoi de Roland Garros en 2002 : « la balle de Correjta arrivait trop lentement, j’ai eu le temps de réfléchir - trop. Si elle était arrivée plus vite, je ne me serais pas posé de questions. J’ai peur et je fais le mauvais choix » (Tennis Info, 344, FFT).
-
[7]
Par exemple, cette idée a été formulée par le français Sébastien Grosjean parlant du jeu du français Mickaël Llodra : « Mickaël a un excellent service. Un des problèmes qu’il pose tient au petit nombre de gauchers sur le circuit. On n’a pas trop l’occasion d’en rencontrer, mais je viens d’en battre un, Gilles Muller, à Doha. Ça se jouera beaucoup au service et au retour » (Journal L’Equipe, samedi 15 janvier 2006).