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Article de revue

La cohésion des groupes sportifs : évolutions conceptuelles, mesures et relations avec la performance

Pages 9 à 45

Notes

  • [1]
    Centre de Recherches en Sciences du Sport – Université de Paris-Sud Orsay, France.
  • [2]
    Laboratoire de Psychologie Appliquée – Université de Reims Champagne-Ardenne, France. paul. ffontayne@ staps. u-psud. fr
  • [3]
    Trois processus de recherche : informatiques, manuelles et à partir des revues. Les recherches informatiques concernent les bases de données PsycInfo (1978-2003), Sport Discus et Heracles en utilisant les mots clés : « cohésion », « sport », « performance », « efficacité collective », « attribution » et « expectation ». Les recherches manuelles correspondent aux études proposées dans les bibliographies des revues de littératures et méta-analyses. Les recherches, à partir des revues, portaient sur des revues identifiées comme spécialisées des questions traitant de la cohésion, du sport, de la performance : Canadian Journal of Applied Sport Science, Journal of Sport & Exercise Psychology, Journal of Sport Behavior, Journal of Sport Sciences, Small Group Research et The Sport Psychologist.
  • [4]
    Les définitions proposées seront traduites en français. Il sera cependant possible, pour le lecteur intéressé, de se reporter aux définitions originelles via les références précises citées.
  • [5]
    Les termes des définitions des 4 facteurs (i.e. : GI-T, GI-S, ATG-T et ATG-S) proposés ici sont empruntés à Heuzé (2003).
  • [6]
    Tirée de Carron, A. V., Hausenblas, H. A., & Estabrooks, P. A. (2003). The psychology of physical activity. New York: McGraw-Hill, p.97 et reproduite avec la permission de The McGraw-Hill Companies.
  • [7]
    cf. Steiner (1972) pour une typologie des tâches en groupe
  • [8]
    Pour une présentation plus générale des études ayant utilisées le GEQ voir Carron et al. (1998) et Carron et Hausenblas (1998).
  • [9]
    Voir Kenny et La Voie (1985) pour l’utilisation des méthodes statistiques permettant de standardiser les scores individuels par rapport au groupe du sujet ou Kashy et Kenny (2002) pour les groupes randomisés de même taille.
  • [10]
    Pour une présentation générale des travaux traitant des relations entre cohésion et attribution, voir la thèse de doctorat de Rémy Lacrampe (1997).
  • [11]
    La bibliographie complète est disponible sur demande auprès du 2nd auteur de cet article.

Introduction

1À la fin des années 1920, des recherches sur le travail en équipe ont apporté des conclusions étonnantes selon lesquelles le rendement n’est pas lié à la modification de facteurs objectifs de productivité (e.g., durée ou fréquence des pauses), mais plutôt à l’émergence d’un « sentiment d’appartenance au groupe » et à l’adhésion de l’ensemble des travailleurs aux buts de productivité. Ces premiers travaux, qui portaient sur l’importance des relations humaines dans les équipes de travail, orientèrent les études menées par la suite. Cependant, il a été montré que le partage d’une activité commune n’entraîne pas forcément l’apparition d’un « esprit de groupe ». Aussi, devenait-il primordial de comprendre ce qu’était cet « esprit de groupe », comment il naissait, se développait et disparaissait.

2Deux approches du groupe se sont alors opposées. D’un côté, des conceptions « individualistes » des phénomènes de groupe, dont la sociométrie de Moreno (1934) est un exemple. Pour celles-ci, il existe une primauté de l’individu sur le groupe ; le groupe ne prend sens qu’à travers l’ensemble de ses membres. D’un autre coté, des conceptions basées sur une complémentarité du social et du psychologique, à l’image de celle de McDougall (1921), concevant le groupe comme possédant, tout en les dépassant, des propriétés et des qualités uniques issues des relations entre ses membres. La cohésion, mot dérivé du latin cohaesus qui signifie « rester ensemble », est alors rapidement identifiée comme la plus importante propriété des groupes car elle est nécessaire au maintien de l’existence du groupe et est un élément essentiel de la vie de celui-ci. Dès lors, elle sera étudiée par de nombreuses disciplines qui enrichissent et soutiennent la recherche sur ce concept.

3L’objectif principal de ce travail sera donc de proposer un recensement critèrié [3] des travaux traitant de la cohésion permettant de synthétiser (cf. Tableau 1) les connaissances à notre disposition sur ce concept incontournable pour la compréhension de la dynamique des groupes en général, et des groupes sportifs en particulier.

4Pour cela, nous observerons le développement du concept de cohésion au travers de travaux où la cohésion est un construit psychologique unidimensionnel jusqu’aux travaux supportant les conceptions actuelles d’une cohésion multidimensionnelle. Nous tenterons de montrer que les études sur la cohésion traduisent des préoccupations conceptuelles et méthodologiques présentes dans la littérature de la psychologie sociale (e.g., théorie de l’autocatégorisation, Turner, Hogg, Oakes, Reicher, & Wetherell, 1987).

5Nous aborderons ensuite les relations entre la cohésion et une variable clé expliquant, pour partie, l’intérêt porté à la cohésion : la performance.

6Enfin, nous verrons que la relation cohésion-performance a ouvert la voie à de nombreuses recherches examinant les relations entre la cohésion et un nombre important de variables appartenant à la dynamique de groupe.

Le concept de cohésion

7En première observation, il apparaît que l’étude de la cohésion est fortement liée à la compréhension du fonctionnement des groupes. Pour certains, tout fait de groupe s’explique par référence aux individus le composant. Ce sont les choix individuels qui vont expliquer les orientations du groupe. Cette approche se retrouve dans les travaux sur la sociométrie de Moreno (1934), qui s’appuie sur les relations affectives et d’influences existant dans le groupe. À cette fin, on demande aux membres du groupe de choisir parmi leurs pairs, ceux qu’ils apprécient et ceux qu’ils n’apprécient pas. On obtient ainsi une classification des membres du groupe en fonction de leur statut dans le groupe et, selon Parlebas (1992), une estimation d’une cohésion « socio – affective » correspondant aux affinités liant les participants. Cependant, dès 1965 Maisonneuve soulignait que : « l’importance attribuée par maints chercheurs à la fréquence des choix mutuels au sein du groupe les a conduits indûment à confondre la cohésion, phénomène collectif, avec le degré d’associations interpersonnelles » (p. 265). Cette conception, proche du concept « d’attraction interpersonnelle » a été critiquée pour son manque de clarté théorique et la faiblesse des outils de mesure qui lui sont associés (Michinov, 2001). D’autre part, Carron (1990a) souligne que dans une équipe sportive les relations ne se limitent pas aux relations interpersonnelles mais qu’il existe également des relations entre sous-groupes, voire des relations entre individus et sous groupes. Il semble donc, que l’approche sociométrique ne soit pas satisfaisante pour évaluer la cohésion de manière globale. De ce point de vue, il semble indispensable de signaler les travaux de Jean-Pierre Rey (1992, 1993a, b, 1994, 1998, 2000) qui, en France, demeurent une exception concernant l’étude de la cohésion, des relations interpersonnelles et intergroupes au sein des équipes de sports collectifs.

8Pour d’autres approches, « le groupe est plus que la somme des individus, et a sa propre vie » (McDougall, 1921, p. 101). Kurt Lewin reprendra cette idée dans ces travaux sur « la dynamique de groupe » dans lesquels il précise que l’essence d’un groupe ne réside pas dans la ressemblance existant entre ses membres mais dans leur interdépendance, et que le groupe est « un tout dynamique » dans lequel tout changement d’une partie provoque le changement de toutes les autres (pour revue, Lewin, 1959). Cette théorisation constituera la base des travaux modernes sur la cohésion.

Tableau I

Résumé thématique et chronologique des études traitant de la cohésion

Tableau I
Auteur / Année Étude Nature des groupes Nombre de sujets « Une idée à retenir » Conceptions « unidimensionnelles » de la cohésion Back (1951) Expérimentale Groupes d’étudiants Paires formées artificiel-lement 250 sujets Du « champs de force » au « total des forces » vers « la force résultante » avec primauté de la dimension opératoire Schachter (1951) Expérimentale Groupes d’étudiants appartenant à 32 clubs 5 à 7 membres par club Du « champs de force » au « total des forces » vers « la force résultante » Schachter et al. (1951) Expérimentale Groupes d’étudiantes 25 sujets Prédominance de la dimension sociale Van Ber-gen et Koelebak-ker (1959) Débat théorique – Etude Expérimentale Groupes d’étudiantes 68 sujets Primauté de la dimension opératoire Lott et Lott (1965) Débat théorique Prédominance de la dimension sociale Conceptions « multidimensionnelles » de la cohésion Carron et al. (1985) Débat théorique et Vali-dation (GEQ) Équipes sportives Group Environment Questionnaire (GEQ) Bollen et Hoyle (1990) Expérimentale (PCS) 1 groupe d’étudiants et 1 groupe de rési-dents de villes de taille moyenne 212 sujets Approche « objective » et « subjective »
Tableau I
Auteur / Année Étude Nature des groupes Nombre de sujets « Une idée à retenir » Hogg et Hardie (1991) Expérimentale en situation naturelle (GEQ) 1 Equipe de football de 3 ème division 28 sujets Attraction personnelle et attraction sociale Cota et al. (1995) Débat théorique Des « dimensions premières » valables pour la plupart des groupes et des « dimensions secondaires » pour des groupes spécifiques Bliese et Halverson (1996) Expérimentale 99 Unités militaires de l’armée Américaine et 99 groupes constitués au hasard 7382 sujets Cohésion verticale et cohésion horizontale Dion (2000) Débat théorique (1) la distinction sociale/opératoire, (2) la cohésion verticale, (3) le sentiment d’appartenance Les outils de mesure de la cohésion Ball et Carron (1976) Expérimentale 12 équipes de hockey sur glace 183 sujets Sport-modified Bass Orientation Inventory (SBOI) Grand et Carron (1982) Expérimentale Cité dans Brawley & al. (1987) Team Climate Questionnaire (TCQ) Brawley et al. (1987) Validation 46 Equipes universitaires, municipales et industrielles 438 sujets Forte évidence de la validité du GEQ Li et Harmer (1996) Expérimentale en situation naturelle – Vérification de validité Équipes de Baseball et Softball 321 sujets (173 joueurs et 148 joueuses) Confirmation de la validité du GEQ
Tableau I
Auteur / Année Étude Nature des groupes Nombre de sujets « Une idée à retenir » Estabrooks et Carron (2000a) Validation 20 groupes de « sénior » pratiquant des activités physiques diverse 325 sujets dont 125 étudiants (Cf. étude 4) Physical Activity Group Environment Questionnaire (PAGEQ) Sullivan et al. (2002) Expérimentale – Vérification de validité Pratiquants sportifs – Sports variés 196 sujets (83 sportifs et 113 sportives) Remise en cause de la validité du modèle en 4 facteurs du GEQ Heuzé et Fontayne (2002) Validation transculturelle Pratiquants sportifs – Sports (collectifs et individuels) variés 729 sujets Questionnaire sur l’Ambiance du Groupe (QAG) Le niveau d’analyse Gully et al. (1995) Méta-analyse (46 études) Le niveau du groupe car la performance est une variable appartenant au niveau groupal Carron et Brawley (2000) Débat théorique Le niveau du groupe et de l’individu Carless (2000) Débat théorique Le niveau du groupe Carron, Bray et Eys (2002) Expérimentale en situation naturelle (GEQ) Equipes universitaires de basketball (n=18) et de football (n=9) de niveau élite 294 sujets (154 sportives et 140 sportifs) Le niveau du groupe et/ou de l’individu en fonction de la question de recherche Carron et al. (2003) Expérimentale en situation naturelle (GEQ) 192 équipes – sports et niveaux variés 2107 sujets La cohésion est une croyance partagée La relation cohésion-performance Mullen et Copper (1994) Méta-analyse Groupes de natures variées 49 études (8702 sujets) Faible relation positive entre cohésion et performance
Tableau I
Auteur / Année Étude Nature des groupes Nombre de sujets « Une idée à retenir » Boone et al. (1997) Expérimentale en situation naturelle (GEQ) 4 équipes universitaires de baseball (2 équipes victorieuse et 2 perdantes) 65 sujets La cohésion sociale pourrait avoir des conséquences négatives Carron, Colman, et al. (2002) Méta-analyse Équipes sportives 46 études (9988 sujets et 1044 équipes) Effet conjoint de la cohésion sociale et opératoire - Pas de différence significative entre la relation cohésion-performance et la relation performance-cohésion Bergeles et Hatziha-ristos (2003) Expérimentale en situation naturelle (méthode sociométrique) 10 équipes de volley-ball de niveau élite 106 sujets Relation positive entre la dimension opératoire et la performance L’efficacité d’équipe et la relation cohésion-performance Spink (1990a) Expérimentale en situation naturelle (GEQ) Équipes de volley-ball de niveau élite et loisir 92 sujets (27 joueurs et 26 joueuses élites – 19 joueurs et 20 joueu-ses loisirs) La cohésion est un facteur ayant potentiellement une forte influence sur l’efficacité collective Paskevich et al. (1999) Expérimentale en situation naturelle (GEQ) 7 équipes (universi-taire/club) de volley-ball de niveau natio-nal 70 sujets (47 joueurs et 23 joueuses) Relation réciproque entre l’effica-cité collective et la cohésion Kozub et McDonnell (2000) Expérimentale en situation naturelle (GEQ) 7 équipes (clubs) de rugby 96 sujets Si ATG-T est un bon pédicteur de l’efficacité collective, GI-T en est le meilleur
Tableau I
Auteur / Année Étude Nature des groupes Nombre de sujets « Une idée à retenir » Prapavessis et Carron (1997a) Expérimentale en situation naturelle (GEQ) 8 équipes de sports divers 252 sujets (151 spor-tifs et 101 sportives) Les perceptions de cohésion sont positivement associées à l’effort -L’effort peut servir de médiateur dans la relation cohésion-performance Bray et Whaley (2001) Expérimentale en situation naturelle (GEQ) 8 équipes de basket-ball 90 sujets (41 joueurs et 49 joueuses) La cohésion permet de prédire la performance - L’effort peut être considéré comme un médiateur de la relation cohésion-performance L’attribution causale et la relation cohésion-performance Bird et al. (1980) Expérimentale en situation naturelle Équipes de basket-ball universitaires 149 joueuses La cohésion peut influer sur les attributions et ce quel que soit le résultat Taylor et al. (1983) Expérimentale en situation naturelle Equipe de hockey universitaire 16 joueurs Rôle médiateur des attributions entre la cohésion et la performance, dans le cas d’échecs répétés Rejeski et Brawley (1983) Débat théorique Le biais d’auto-complaisance devient plus systématique dans le cas où la cohésion opératoire est faible Taylor et Tyler (1986) Expérimentale 2 équipes de hockey 32 sujets Les individus présentant un biais de complaisance de groupe sont perçus comme contribuant davantage à la cohésion du groupe

Résumé thématique et chronologique des études traitant de la cohésion

Les prémisses du construit de cohésion : d’une conception unidimensionnelle à une conception bidimensionnelle

9Au début des années 1940, Lewin jette les bases du concept de cohésion. Pour lui, la cohésion – le consentement de rester ensemble – est une propriété essentielle du groupe sans laquelle il ne peut exister. En s’inspirant de la théorie des champs, il définit ce « consentement » comme l’ensemble des forces gardant les membres unis, incluant des forces positives d’attraction et des forces négatives de répulsion. Les premiers travaux abordant les problèmes liés à la cohésion considèreront cette dernière comme un construit unidimensionnel, ou un construit mesurable par une seule dimension égale à la résultante de toutes les autres (e.g., Back, 1951 ; Festinger, Schachter, & Back, 1950 ; Lott & Lott, 1965 ; Schachter, 1951 ; Schachter, Ellertson, McBride, & Gregory, 1951).

10La notion de « champs » servira de base aux travaux de Festinger et ses collaborateurs à partir des années 1950. En reprenant la métaphore de l’atome, Festinger et al. (1950) définissent la structure d’un groupe comme un ensemble de connexions (les relations d’amitiés) entre ses différentes parties (les individus). La cohésion est alors définie comme « le champ total des forces agissant sur les membres pour rester dans le groupe » [4] (Festinger et al., 1950, p. 164).

11Ces forces sont de trois types : (a) l’attraction individuelle pour les autres membres du groupe, reposant sur le besoin d’affiliation (b) les forces opératoires, renvoyant aux caractéristiques liées à l’activité du groupe, (c) le prestige du groupe, référant à la fierté des membres, d’appartenir à ce groupe.

12L’incapacité de Schachter (1951) et de Back (1951) à montrer l’existence d’une différence significative entre les différentes forces censées constituer la cohésion, amènera les chercheurs à considérer que ces composantes sont équivalentes dans leurs effets. La définition originelle du « champ de force » a donc subtilement évolué du « total des forces » vers « la force résultante » agissant sur les membres pour rester dans le groupe.

13Ainsi, en dépit de cette compréhension multidimensionnelle de la cohésion (voir figure 1), en raison des difficultés à contrôler expérimentalement le poids relatif des différentes forces, les recherches utiliseront des définitions unidimensionnelles se référant tantôt à l’attraction individuelle, tantôt aux forces opératoires en délaissant le statut du groupe.

14Dans leurs travaux, certains chercheurs ont ainsi privilégié la dimension sociale (Lott & Lott, 1965 ; Schachter et al., 1951) ; d’autres ont considéré la dimension opératoire comme première (Back, 1951 ; Van Bergen & Koelebakker, 1959). Toutefois, même si l’approche multidimensionnelle semblait répondre à un certain nombre de questions, l’impossibilité de s’accorder sur une définition de la cohésion sociale ou opératoire, n’a fait que déplacer la complexité du concept de cohésion, au lieu de la réduire. D’après Cota, Evans, Dion, Kilik et Longman (1995), ce type d’approche a entravé la comparaison et l’intégration des résultats obtenus dans la littérature. Chaque modèle proposé pouvait en effet rendre compte d’un aspect particulier de la cohésion, voire caractériser cette dernière dans des groupes de nature différente. Selon ces auteurs, ces carences ont été atténuées par de nouvelles voies de recherches proposant des modèles conceptuels multidimensionnels de la cohésion.

Figure 1

Modèle bidimensionnel de la cohésion : cohésion sociale et cohésion opératoire

Figure 1

Modèle bidimensionnel de la cohésion : cohésion sociale et cohésion opératoire

Les modèles multidimensionnels du concept de cohésion

15Selon Dion (2000), depuis les années 1980, les modèles multidimensionnels de la cohésion prédominent. Le débat n’est plus de savoir si la cohésion est un construit multidimensionnel mais plutôt de définir les différentes dimensions permettant de la caractériser au mieux.

16Ainsi, dans différents domaines, de nombreux auteurs se sont attachés à proposer des modèles conceptuels multidimensionnels de la cohésion (e.g., Bollen & Hoyle, 1990 ; Carron, Widmeyer, & Brawley, 1985 ; Cota et al., 1995 ; Hogg & Hardie, 1991).

17Hogg et Hardie (1991) suggèrent de distinguer au sein de la cohésion deux types d’attraction comprises comme des attitudes ou des sentiments (positifs ou négatifs) ressentis par une personne vis-à-vis d’une autre et estimés à partir de choix sociométriques effectués par les membres de l’équipe : (a) une attraction interpersonnelle nommée « attraction personnelle », et (b) une attraction au niveau du groupe dite « attraction sociale » (1991, p. 176). Bliese et Halverson (1996) proposent une autre conceptualisation bidimensionnelle de la cohésion. Ils la définissent grâce à l’estimation de deux contruits différents : (a) « la cohésion verticale qui correspond aux perceptions des subordonnés, de la prévenance et des compétences de leur leader », et (b) « la cohésion horizontale qui est une mesure du degré d’attachement existant à l’intérieur d’un groupe » (1996, p. 1174), comparable à l’attraction interpersonnelle. De même, Bollen et Hoyle (1990, p. 482) selon qui la cohésion est « un sens individuel d’appartenance à un groupe particulier et une sensation de bien-être individuel liée au fait d’appartenir à ce groupe », proposent une conceptualisation bidimensionnelle différenciant une approche « objective » et une approche « subjective » du construit de cohésion. Cette conceptualisation renvoie à une auto-évaluation par un membre de sa relation avec un groupe spécifique comportant des informations cognitives (fondées sur les expériences vécues avec le groupe et ses membres) et des informations affectives (fondées sur les affects liés à ces expériences vécues).

18Bien qu’issues de champs d’applications différents (e.g., militaire pour Bliese et Halverson et psycho-sociale pour Hogg et Hardie), ces propositions se rejoignent pour concevoir la cohésion comme un construit multidimensionnel. Cette position sera également adoptée dans un autre domaine : la psychologie du sport.

19Se basant sur les travaux antérieurs qui soulignent la nécessité de distinguer ce qui appartient au groupe de ce qui touche à l’individu (Hargstrom & Selvin, 1965 ; Van Bergen & Koekbakker, 1959 ; Zander, 1971), mais également d’incorporer une dimension sociale et une dimension opératoire (Festinger et al., 1950 ; Hersey & Blanchard, 1969 ; Mikalachki, 1969), Carron et al. (1985) vont développer leur propre modèle de la cohésion. Selon ces auteurs, la cohésion étant comprise comme une propriété du groupe, toute définition du concept de cohésion suppose, en préalable, de définir clairement ce qu’est un groupe. Ainsi, Carron et Hausenblas (1998, p. 13-14) définissent le groupe sportif comme « un rassemblement de deux ou plusieurs individus qui possèdent une identité commune, ont des buts et des objectifs communs, partagent un destin commun, présentent des patrons structurés d’interactions et de communications, possèdent des perceptions communes de la structure du groupe, sont personnellement et instrumentalement interdépendants, manifestent une attirance interpersonnelle réciproque et se considèrent eux-mêmes comme un groupe ».

20Pour Carron et ses collègues (Carron et al., 1985), la cohésion correspond au construit utilisé pour représenter la cohérence de ce type de groupe. Ils la définissent comme « un processus dynamique reflété par la tendance du groupe à rester lié et à rester uni dans la poursuite de ses objectifs instrumentaux et/ou pour la satisfaction des besoins affectifs des membres » (Carron, Brawley, & Widmeyer, 1998, p. 213). Ils proposent de la mesurer par la double distinction groupe/individu et social/opératoire (Carron et al., 1985).

21Carron et ses collègues (Carron et al., 1985, p. 248) définissent les deux dimensions suivantes : (a) l’intégration du groupe (« Group Integration » : GI) : « la perception individuelle de la proximité, de la similarité des liens à l’intérieur du groupe et la perception du degré d’unité du champ d’action du groupe », et (b) l’attraction individuelle vers le groupe (« Individual Attraction To the Group » : ATG) : « l’ensemble des sentiments individuels des sujets à l’égard du groupe, le désir d’être accepté et les sentiments à l’égard des autres membres du groupe ».

22Chacune de ces dimensions peut s’exprimer selon deux orientations, l’une sociale, « orientation ou motivation globale tournée vers le développement et le maintien du groupe » (Widmeyer, Brawley & Carron, 1985, p. 17), l’autre opératoire, « orientation ou motivation globale tournée vers la réalisation des buts et des objectifs du groupe » (Widmeyer et al., 1985, p. 17).

23Ainsi, la cohésion est mesurée par quatre facteurs : (a) l’intégration opératoire du groupe (« Group Integration-Task » : GI-T) qui renvoie aux sentiments individuels d’un équipier relatifs à la similitude, à la proximité et aux relations à l’intérieur de l’équipe (celle-ci étant comprise comme une totalité orientée vers la tâche) ; (b) l’intégration sociale du groupe (« Group Integration-Social » : GI-S) qui désigne les mêmes sentiments individuels d’un membre de l’équipe, mais pour le collectif perçu comme une unité sociale ; (c) les attractions individuelles opératoires pour le groupe (« Individual Attractions To the Group-Task » : ATG-T) qui spécifient les sentiments individuels d’un équipier à propos de sa participation personnelle à la tâche, à la productivité, aux buts et aux objectifs du groupe ; et (d) les attractions individuelles sociales pour le groupe (« Individual Attractions To the Group-Social » : ATG-S) qui précisent les sentiments individuels d’un équipier à propos de sa participation personnelle, de son acceptation et de son intégration sociale avec le groupe [5].

Figure 2

Les dimensions attraction/intégration et sociale/opératoire de la cohésion [6]

Figure 2

Les dimensions attraction/intégration et sociale/opératoire de la cohésion [6]

24Les facteurs GI-T et ATG-T définissent la cohésion opératoire, GI-S et ATG-S la cohésion sociale. Les facteurs GI-T et GI-S définissent l’intégration du groupe, ATG-T et ATG-S l’attraction individuelle. Pour les auteurs, les dimensions intégration/attraction et sociale/opératoire sont d’importance égale. Il s’agit de deux dimensions de grandeur voisine qui s’interpénètrent pour définir la cohésion (voir figure 2).

25Enfin, Carron et Brawley (2000) soulignent que la cohésion n’est pas un trait caractéristique d’un groupe. Ils indiquent qu’elle peut, et qu’elle doit changer au cours du temps, en nature et amplitude durant les processus de formation, développement, maintien et dissolution du groupe. Cependant, ils soulignent également que la cohésion n’est pas un état transitoire spécifique d’une situation. Autrement dit, elle n’est pas un phénomène « volatile » ; au contraire, les changements se feraient progressivement au cours du temps.

26Indépendamment des travaux de Carron et ses collègues, Zaccaro et ses collaborateurs (Zaccaro & Lowe, 1988 ; Zaccaro & McCoy, 1988) ont également proposé une conception de la cohésion basée sur la distinction cohésion interpersonnelle - cohésion opératoire. Dans leurs études, ils montrent que la distinction de ces deux formes de cohésion s’avère pertinente pour prédire la performance groupale. Ainsi, la cohésion opératoire est plus fortement liée à la performance du groupe lors d’une tâche additive [7] (i.e., performance du groupe = somme des performances individuelles) que la cohésion interpersonnelle (Zaccaro & Lowe, 1988). Mais lorsque la tâche requiert des interactions entre les membres, les deux formes de cohésion sont positivement liées à la performance groupale (Zaccaro & McCoy, 1988).

27D’autres auteurs s’attachent à d’autres dimensions pour saisir la cohésion. Estimant que le modèle de Carron et al. (1985) demeure trop restreint pour rendre compte de la cohésion en dehors du contexte sportif, Cota et al. (1995) avancent une nouvelle conception de la cohésion, en proposant une approche multidimensionnelle du construit qui distingue des dimensions « premières » et « secondaires ». Les dimensions premières permettent de caractériser la cohésion dans tous les groupes. Les dimensions secondaires renvoient à des formes de cohésion qui ne sont présentes que dans certains types de groupes et complètent les dimensions premières. Les auteurs retiennent quatre dimensions premières : la distinction groupe/individu, la distinction sociale/opératoire, la vision normative des membres du groupe et la résistance du groupe à l’éclatement. Comme possibles dimensions secondaires, Cota et al. proposent : la prise de risque, la cohésion verticale, la valeur des rôles. Ces dimensions secondaires peuvent être pertinentes pour rendre compte de la cohésion dans des contextes spécifiques. Ainsi, la cohésion verticale serait appropriée dans les équipes sportives professionnelles, mais peu pertinente dans des équipes sportives de niveau amateur.

28Plus récemment, Dion (2000), pour qui la cohésion définit et délimite la capacité du groupe à influencer les comportements et les attitudes de ses membres aussi bien que le maintien et le renforcement des standards du groupe, propose de faire évoluer le modèle de Cota et al. (1995) en le réduisant à trois dimensions principales. Dion (2000) considère comme premières : les dimensions sociale, opératoire et verticale ainsi que le sentiment d’appartenance. Si l’auteur rejoint Cota et al. (1995) sur l’importance des dimensions sociale et opératoire, il justifie la prise en compte de la cohésion verticale comme dimension première, par l’existence d’un processus de leadership dans une majorité de groupes. Dion (2000) partage l’opinion de Bollen et Hoyle (1990) sur l’importance du sentiment d’appartenance dans la cohésion. Cependant, il voit la résistance du groupe à l’éclatement comme une conséquence de la cohésion et non commme une dimension première.

29Une autre conception théorique multidimensionnelle, conteste la validité des approches précédentes lorsqu’elles conçoivent la cohésion au travers de l’attraction envers le groupe. Turner, Hogg et leurs collègues (Hogg, 1995 ; Hogg & Hardie, 1991 ; Turner et al., 1987) constatent que les définitions traditionnelles décrivent la cohésion comme un attribut structurel d’un groupe émergeant des relations entre les membres. Selon ces auteurs, cette variable ne peut donc pas être opérationnellement élaborée par un principe d’agrégation d’individus. Ces chercheurs proposent d’abandonner le niveau explicatif interpersonnel (Doise, 1982), pour adopter une approche intergroupes en s’appuyant sur les théories de l’identité sociale (Hogg & Abrams, 1988 ; Tajfel, 1978) et de l’autocatégorisation (Turner et al., 1987). Ces théories différencient les comportements de groupe des comportements interpersonnels et postulent que les individus peuvent s’autocatégoriser à différents niveaux d’abstraction, en particulier au niveau du groupe ou au niveau individuel.

30La catégorisation au niveau du groupe favorise une dépersonnalisation qui conduit une personne à se décrire et à percevoir les autres membres non pas comme des individus uniques, mais comme présentant plus ou moins de caractéristiques du prototype de l’intragroupe. Le processus de catégorisation génère deux formes d’attraction : (a) l’attraction sociale qui correspond à une désirabilité dépersonnalisée, car basée sur la prototypicalité des membres du groupe ; (b) l’attraction personnelle fondée sur des relations interpersonnelles spécifiques issues de perceptions personnalisées des membres appréhendés en tant qu’entités uniques. Ces deux formes d’attraction apparaissent donc fondamentalement différentes et toute conceptualisation de la cohésion qui se limiterait à l’attraction interpersonnelle (qu’elle soit sociale et/ou opératoire) deviendrait, selon cette approche, réductrice. Il faut tenir compte d’une autre dimension : le sentiment d’intégration au groupe (i.e., le niveau de catégorisation selon la terminologie de la théorie de l’autocatégorisation). La figure 3 présente une proposition de modèle multidimensionnel de la cohésion selon cette approche. Ainsi, comme dans l’approche de Carron et al. (1985), nous retrouvons les éléments essentiels de la cohésion : les sentiments d’attraction et d’intégration, les dimensions sociale et opératoire, et les différentes combinaisons possibles entre ces différents composants. Toutefois, il n’existe pas, à notre connaissance, de travaux empiriques portant sur la question des relations entre les deux modèles.

Figure 3

Proposition de Modèle multidimensionnel de la cohésion selon l’approche de l’autocatégorisation (inspirée de Hogg, 1995 ; Hogg & Hardie, 1991 ; voir également Michinov, 2001 p. 20)

Figure 3

Proposition de Modèle multidimensionnel de la cohésion selon l’approche de l’autocatégorisation (inspirée de Hogg, 1995 ; Hogg & Hardie, 1991 ; voir également Michinov, 2001 p. 20)

31La diversité des conceptions théoriques présentées ci-dessus souligne les difficultés actuelles rencontrées dans les travaux sur la cohésion. Si, dans une perspective d’intégration, la proposition de Cota et al. (1995) d’envisager des dimensions communes ou spécifiques à des groupes constitue une avancée intéressante (Dion, 2000), la littérature ne suggère pas de consensus sur les dimensions premières et secondaires. De plus, la conception de Cota et al. (1995) ne décrit que le contenu d’un construit, sans préciser comment les dimensions sont liées et se développent au cours de la vie du groupe. Enfin, les dimensions avancées ne semblent pas toujours être au cœur de la cohésion. Certaines paraissent être des variables fortement corrélées au construit mais extérieures à celui-ci (e.g., prise de risque).

32Néanmoins, un consensus autour des dimensions du modèle de Carron et al. (1985) semble se dégager dans le domaine sportif. La majorité des travaux adopte cette conceptualisation pour étudier la cohésion de groupes sportifs. Toutefois, Widmeyer et al. (1985) ne prétendent pas que le modèle de Carron et collaborateurs rend compte de la cohésion dans son ensemble. Ils estiment qu’une assez grande proportion de la variabilité de la cohésion des équipes sportives est associée aux quatre facteurs de leur modèle mais n’écartent pas la possibilité que d’autres dimensions puissent également être pertinentes pour rendre compte de la cohésion dans le domaine sportif.

33Par ailleurs, Carron et ses collègues soulignent que la cohésion est un construit dynamique multidimensionnel estimé à partir des sentiments des membres de l’équipe et dont l’influence sur les comportements paraît essentielle pour le groupe et l’individu. Cette conception multidimensionnelle permet d’envisager les effets combinés et simultanés des dimensions attraction/intégration et sociale/opératoire, et ainsi, de dépasser certains résultats contradictoires pointés dans des méta-analyses traitant de la relation cohésion-performance (voir Carron, Colman, Wheeler, & Stevens, 2002 ; Mullen & Copper, 1994).

34Enfin, cette conception multidimensionnelle implique également que plusieurs dimensions peuvent être responsables du fait que les membres du groupe restent unis dans la poursuite de leurs objectifs et que l’importance de chacune des dimensions peut changer en fonction de la nature ou du moment de la vie du groupe. Aussi, afin d’identifier le rôle des différentes dimensions de la cohésion, les chercheurs ont tenté d’opérationnaliser leur modèle conceptuel en proposant des outils permettant une estimation plus juste de la cohésion.

La mesure de la cohésion

Les outils de mesure

35De nombreuses critiques ont été formulées dans la littérature à l’encontre des outils mesurant la cohésion (e.g., Carron et al., 1998 ; Brawley et al., 1987), soulignant l’incohérence entre le cadre théorique adopté et la mesure utilisée.

36Elles questionnent également la validité d’un outil lorsque celui-ci est construit à partir d’une compilation d’items issus d’instruments antérieurs et que les échelles sont déterminées a posteriori à partir d’une analyse factorielle. Cette approche, « guidée » par les données statistiques, associe généralement dans un même questionnaire des items qui apprécient des variables à l’origine ou résultant de la cohésion (e.g., satisfaction, clarté des rôles), mais pas la cohésion elle-même. Ainsi, différents concepts sont confondus au sein d’un même outil.

37Les critiques se fondent aussi sur la multitude des outils de mesure référés à des définitions différentes d’un même construit (i.e., la cohésion). Ces divergences rendent impossible la comparaison des résultats obtenus, voire génèrent des résultats équivoques. De plus, les propriétés psychométriques de ces instruments ne sont souvent pas établies.

38Plusieurs outils n’échappent pas à ces critiques : (a) le Sport Cohesiveness Questionnaire (SCQ) de Martens, Landers et Loy (1972) (sept items mesurant travail de groupe, intimité, valeur d’adhésion, sentiment d’appartenance, plaisir, amitié et emprise) ; (b) le Sport-modified Bass Orientation Inventory (SBOI) de Ball et Carron (1976) (trois items mesurant tâche, association et motivation sociale) ; (c) le Multidimensional Sport Cohesion Instrument (MSCI) de Yukelson, Weinberg et Jackson (1984) (22 items évaluant attraction pour le groupe, unité des buts, qualité du travail d’équipe, et rôles valorisés).

39Or, selon Brawley et al. (1987), sans un instrument de mesure valide, il n’est pas envisageable de répondre aux deux questions primordiales suivantes : quelles relations existent entre la cohésion et d’autres variables, et pourquoi ces relations existent ? Aussi, de nombreuses études ont entrepris de valider un outil de mesure (Bollen & Hoyle, 1990 ; Brawley et al., 1987 ; Carron et al., 1985 ; Grand & Carron, 1982 ; Widmeyer et al., 1985).

40Grand et Carron (1982) ont développé le Team Climate Questionnaire (TCQ). Ce questionnaire de 50 items, aux propriétés psychométriques attestées, estime la cohésion au travers de cinq échelles : cohésion opératoire, cohésion sociale, clareté des rôles, acceptation des rôles et rôle perçu dans la performance. De même, Bollen et Hoyle (1990) ont construit le Perceived Cohesion Scale (PCS), une échelle en six items, dont la validité semble assez satisfaisante. Leur questionnaire est composé de deux groupes d’items, l’un estimant le sentiment d’appartenance, l’autre les affects liés au fait d’appartenir à ce groupe. Ce dernier questionnaire présente l’intérêt d’être utilisable avec un large éventail de groupes, qu’il s’agisse d’unités militaires, d’équipes sportives, etc., dont tous les membres se connaissent, ou qu’il s’agisse d’entreprises, de communautés, de nations, etc., dans lesquelles le sujet ne connaît qu’un ou quelques membres. Toutefois, si ces deux questionnaires marquent une avancée dans l’élaboration de mesures valides de la cohésion, ils associent encore des antécédents et des conséquences de cette propriété groupale.

41S’appuyant sur cette dernière critique, Carron et ses collègues (Carron et al., 1985) ont proposé un nouvel instrument de mesure, dédié aux groupes sportifs. Jusqu’alors, les recherches antérieures s’intéressant aux mesures de la cohésion, observaient les comportements de groupe comme moyen d’estimer ce phénomène. Au contraire, Carron et al. (1985, 1998), ont choisi d’évaluer la cohésion au travers des cognitions sociales individuelles (e.g., perceptions, croyances) des membres d’un même groupe.

42Partant des quatre facteurs de leur modèle conceptuel, ces auteurs ont donc développé un instrument de mesure en 18 items nommé : « Group Environment Questionnaire » (GEQ ; Carron et al., 1985 ; Widmeyer et al., 1985). Les neuf premiers items, cinq pour l’aspect social (ATG-S) et quatre pour l’aspect opératoire (ATG-T), concernent les croyances individuelles associées à la manière dont le groupe satisfait les objectifs et les besoins personnels ; ils reflètent les motivations individuelles pour rester dans le groupe aussi bien que les sentiments personnels à propos du groupe (Attraction To the Group : ATG). Les neuf derniers items, cinq pour l’aspect opératoire (GI-T) et quatre pour l’aspect social (GI-S), reflètent les perceptions individuelles de la proximité, de la similarité des membres et du degré d’unification du groupe (Group Integration : GI). Les réponses à chacun de ces items sont portées sur une échelle de type Likert en neuf points dont les extrémités sont codées de « Strongly disagree » (1) à « Strongly agree » (9). De nombreuses études, dont l’objectif était de vérifier les propriétés psychométriques du GEQ, ou d’examiner les relations entre la cohésion et différentes autres variables, confirment la validité du modèle de Carron et de ses collègues, ainsi que de leur outil de mesure (e.g., Eys, Hardy, Carron, & Beauchamp, 2003 ; Estabrooks, Brawley, Paskevich, & Carron, 1999 ; Kozub & Button, 2000 ; Kozub & McDonnell, 2000 ; Li & Harmer,1996 ; Sullivan & Feltz, 2001) [8]. Toutefois, ces propriétés sont démontrées pour des équipes sportives de différents niveaux (i.e., municipal, universitaire, olympique) constituées de canadiens anglophones âgés de 18 à 30 ans. Aussi, l’utilisation du GEQ avec d’autres populations nécessite une adaptation. Ainsi, sur la base du GEQ, différentes études ont proposé des outils plus adéquats pour des publics spécifiques (e.g., Courneya, 1995 ; Estabrooks & Carron, 1997, 1999a, 2000a ; Heuzé & Fontayne, 2002).

43Ces études ont quasiment respecté les quatre étapes nécessaires à l’adaptation du GEQ proposées par Carron et Brawley (2000) : (a) utiliser les items originaux du GEQ adaptés à la population cible, (b) s’assurer que les termes utilisés, même s’ils sont compréhensibles, soient les plus appropriés pour le groupe visé, (c) supprimer les items non pertinents lors d’une passation sur un échantillon témoin, (d) ajouter des items plus appropriés et vérifier les propriétés psychométriques de l’outil. Par exemple, Estabrooks et Carron, (1997, 1999b, 2000a) rapportent que l’utilisation du GEQ avec un public senior pratiquant régulièrement une activité physique de groupe pose des problèmes (e.g., chute de consistance interne de certaines échelles sous le seuil de .70). Pour expliquer ces difficultés, l’hypothèse avancée par les auteurs et confirmée par les analyses des entretiens réalisés auprès des participants de ces études, souligne le caractère inapproprié de certains items du GEQ, voire leur invalidité pour ce public pour deux raisons principales : (a) les items négatifs sont difficiles à comprendre, (b) les items renvoyant aux buts collectifs (GIT) sont tout simplement inappropriés. Sur la base de ces observations, Estabrooks et Carron (2000a) proposent et valident un nouvel outil adapté à un public senior pratiquant une activité régulière dans des cours d’exercice physique : The Physical Activity Group Environment Questionnaire (PAGEQ).

44De même, les qualités du GEQ ont également encouragé les chercheurs à adapter cet outil pour une population francophone. Ainsi, le Questionnaire sur l’Ambiance du Groupe (QAG) proposé par Heuzé et Fontayne (2002) à partir du modèle conceptuel de Carron et de ses collègues, est un outil d’estimation de la cohésion valide pour la culture française. Ce questionnaire comprend 18 items repartis sur quatre sous-échelles : l’Attraction Opératoire pour le Groupe (AOG ; quatre items), l’Attraction Sociale pour le Groupe (ASG ; cinq items), l’Intégration Opératoire du Groupe (IOG ; cinq items) et l’Intégration Sociale du Groupe (ISG ; quatre items). Les dimensions IOG et AOG définissent la cohésion opératoire, les dimensions ISG et ASG définissent la cohésion sociale.

45Ainsi, de tous les questionnaires précités, le GEQ apparaît comme l’outil ayant les bases théoriques et les propriétés psychométriques les plus solides (Hanrahan & Gallois, 1993). Pourtant, quelques études remettent en cause sa validité (e.g., Blanchard, Poon, Rodgers, Pinel, & Bruce, 2000 ; Carless & De Paola, 2000 ; Dyce & Cornell, 1996 ; Schutz, Eom, Smoll, & Smith, 1994 ; Sullivan, Short, & Cramer, 2002) et conduisent Dion (2000) à suggérer que de nouvelles études sont encore nécessaires pour définir le type de groupe et les conditions dans lesquelles le GEQ est utilisable. Carron et Brawley (2000) soulignent que les résultats de ces études ne remettent pas nécessairement en cause les propriétés psychométriques du GEQ, mais qu’elles soulèvent la question de la validité du modèle hors du domaine sportif ; autrement dit, « une conception de la cohésion spécifique à la situation est-elle plus appropriée ? » (Carron & Brawley, 2000, p. 92). À cette question, Carron et ses collègues répondent que les études critiquant le GEQ ne fournissent pas encore assez de preuves car leurs auteurs n’ont pas suffisamment pris de précautions sur deux aspects : la nature du groupe et le niveau d’analyse. Ces considérations, en particulier celles touchant au niveau d’analyse, doivent être prises en compte, puisqu’elles dépendent de la définition de la cohésion adoptée et qu’elles influencent le choix du traitement statistique utilisé ainsi que l’analyse qui en découle.

La prise en compte du niveau d’analyse

46Plusieurs études (e.g., Carless, 2000 ; Carron & Brawley, 2000 ; Carron, Bray, & Eys, 2002 ; Carron et al., 2003 ; Gully, Devine, & Whitney, 1995) abordent le problème du niveau d’analyse, définit comme l’unité (l’individu, le groupe, etc.) à laquelle les résultats sont assignés pour tester les hypothèses dans les analyses statistiques (Rousseau, 1985). Selon Klein, Dansereau et Hall (1994), cités par Carless (2000), le niveau de la théorie détermine l’opérationnalisation du construit étudié. Autrement dit, le niveau de mesure, puis, le niveau d’analyse sont déterminés par la définition même de la cohésion.

47Hoyle et Crawford (1994) estiment plus appropriée une conceptualisation de la cohésion à un niveau individuel (i.e., dans laquelle les membres du groupe sont indépendants de l’influence du groupe). À l’inverse, Hogg (1992 ; Hogg & Hains, 1998) défend une conceptualisation au niveau du groupe (i.e., dans laquelle les membres du groupe sont caractérisés par des attributs définissant le prototype du groupe). Une position intermédiaire, avancée par Carron et ses collègues (Brawley et al., 1987 ; Carron & Brawley, 2000 ; Carron, Bray, et Eys, 2002) réfère la cohésion aux deux niveaux que sont le groupe et l’individu. Gully et al. (1995), précisent, quant à eux, que le niveau d’analyse peut différer du niveau théorique d’intérêt du construit étudié. Cependant, selon Klein et al. (1994), des résultats pour un niveau d’analyse donné, ne peuvent pas être étendus à un niveau théorique plus général ou plus spécifique, sans avoir pris des précautions, notamment sur le plan statistique, sous peine d’arriver à des conclusions erronées.

48Plusieurs méthodes statistiques ont été proposées ces dernières années pour définir le niveau d’analyse le plus approprié, ou tenir compte simultanément des niveaux individuel et groupal (pour une revue, Castro, 2002). Kenny et La Voie (1985) ont suggéré de calculer des coefficients de corrélations intra-classe (ICC) pour vérifier si les réponses de deux individus d’un même groupe présentent davantage de similitudes que celles d’individus de groupes différents. James, Demaree et Wolf (1984) ont développé un indice d’accord (RWG) qui renseigne sur le degré de consensus entre les réponses des membres d’un même groupe. Certains auteurs, comme Moritz et Watson (1998) conseillent de s’appuyer sur ces deux indices statistiques pour déterminer à quel niveau les données doivent être analysées. Selon eux, l’analyse à un niveau groupal requiert de démontrer à la fois que les groupes étudiés diffèrent entre eux et qu’au sein de ceux-ci les croyances des membres sont similaires.

49D’autres analyses considèrent simultanément les niveaux individuel et groupal telles que les « Within and Between Analysis » (WABA ; Dansereau, Alutto, & Yammarino, 1984) qui autorisent une analyse des relations entre les variables à l’un ou l’autre des niveaux, ou le « Hierarchical Linear Modeling » (HLM ; Raudenbush & Bryk, 2002) qui permet d’examiner les relations dans un niveau hiérarchique particulier, mais également les interactions entre ces niveaux. Selon Kenny (1996), cette méthode peut devenir une procédure d’analyse commode dans les recherches sur la cohésion. L’utilisation de ces outils ou méthodes statistiques a ainsi permis à certaines études de démontrer que la cohésion est une croyance partagée (Carron, Bray, et Eys, 2002 ; Carron et al., 2003 ; Paskevich, Estabrooks, Brawley, & Carron, 2001). L’agrégation de scores individuels des membres d’une équipe pour produire une mesure unique de cohésion, semble être une méthode acceptable lorsque les indices statistiques supportent l’existence du construit à un niveau groupal.

50Carron, Bray et Eys (2002), soulignent que si dans le passé, la nature de leurs questions de recherche et de leurs variables requérait une analyse de groupe, les recherches futures devront combiner les niveaux individuel et groupal pour explorer pleinement les relations entre la cohésion et ses corrélats (e.g., la relation cohésion-performance). De leur côté, Chang et Bordia (2001) plaident pour un niveau d’analyse du groupe en argumentant : (a) si la distinction sociale-opératoire est confirmée par de nombreuses études, il n’en va pas de même pour la distinction groupe-individu (i.e., niveau de catégorisation sur un continum difficile à dichotomiser, voir figure 3) ; (b) adopter le niveau du groupe pour les cohésions sociale et opératoire place ces variables au même niveau que la performance de groupe.

51Pour finir, Carron et al. (1998) proposent trois critères permettant de décider à quel niveau analyser les données obtenues sur des groupes. Le premier renvoie à la nature de la question posée dans l’étude. Par exemple, si la recherche porte sur les relations possibles entre la cohésion et une ou des variables individuelles (e.g., anxiété, abandon, satisfaction), les analyses doivent être conduites au niveau individuel. Le deuxième critère s’appuie sur la nature de la théorie testée. Si cette dernière n’envisage que des relations entre des variables de niveau groupal, les analyses doivent être réalisées à ce niveau. Le troisième critère est empirique. S’il est aussi pertinent d’étudier des relations entre des variables aux niveaux individuel et groupal, il convient d’adopter la méthode statistique qui permettra de répondre au mieux à la question posée après avoir démontré, éventuellement, que l’organisation des données supporte l’existence de ces deux niveaux (e.g., ICCs significatifs mais modérés) [9].

52Donc, la cohésion est un processus psychologique complexe ayant suscité de nombreuses recherches et prises de positions parfois contradictoires. Cependant, si les concepts adoptés diffèrent, si les conclusions s’opposent, un présupposé à ce riche corpus semble exister : les chercheurs pensent qu’il y a une forte relation entre la cohésion et la performance parce qu’en sport, le succès apparaît comme le but ultime du groupe.

La relation cohésion-performance

53Selon Carron, Bray et Eys (2002), la définition même de la cohésion proposée par Carron et al. (1998), laisse intuitivement penser que plus la cohésion augmente plus l’équipe sera victorieuse. D’ailleurs, de nombreuses recherches montrent une relation positive entre cohésion et performance (Carron & Garvie, 1978 ; Granito & Rainey, 1988 ; Kozub & McDonnell, 2000 ; Slater & Sewell, 1994 ; Westre & Weiss, 1991 ; Widmeyer & Martens, 1971 ; Williams & Hacker, 1982 ; Williams & Widmeyer, 1991). Cependant, d’autres recherches utilisant différents sports tels que le tir sur cible (Lenk, 1969) ou le bowling (Landers & Leuschen, 1974) décrivent une relation négative entre cohésion et performance. De son côté, Fox (1984), cité par Boone, Beitel, et Kuhlman (1997) ne détecte aucune relation significative entre la cohésion et le succès. Cela le conduira à penser qu’il est possible de trouver soit une relation positive, soit une relation négative et que par conséquent, la cohésion peut ou non augmenter les succès de l’équipe. Sans plus de réussite, plusieurs auteurs ont alors tenté, par le biais de méta-analyses, d’apporter des conclusions moins équivoques.

54Pour certaines de ces méta-analyses, la cohésion et la performance corrèlent négativement (Steiner, 1972 ; Tiffin & McCormick, 1958), pour d’autres, (Carron, Colman et al., 2002 ; Worchel, Cooper, & Goethals, 1991), elles corrèlent positivement. De leur côté, Mullen et Copper (1994, p. 222) démontrent une faible relation positive entre cohésion et performance, ce qui les conduit à suggérer que : « les futures revues de littérature ne devront plus faire référence à un effet « controversé », « ambigu » ou « non corroboré » mais commencer à faire référence à un petit effet, mais significatif ». Ils précisent que les groupes réels (i.e., groupes dans lesquels les membres possèdent une histoire commune et interragissent à de multiples occasions) montrent une relation cohésion-performance plus forte que les groupes artificiels (i.e., groupes constitués en laboratoire avec des individus ne se connaissant pas) et qu’elle est également plus forte chez les équipes sportives que chez les groupes réels non-sportifs. Pour Mullen et Copper, cette différence entre les équipes sportives et les autres tient au fait que les équipes sportives possèdent des standards d’excellence particulièrement clairs et bien acceptés et où la victoire et la défaite sont deux situations bien distinctes fréquemment rencontrées dans la vie de l’équipe.

55Néanmoins, selon Carron, Bray et Eys (2002), si la méta-analyse de Mullen et Copper (1994) présente quelques résultats intéressants, elle ne fournit aucune réponse définitive sur la relation cohésion-performance. En effet, la plupart des études présentées dans leur méta-analyse, utilise le SCQ (Martens et al., 1972), qui, selon Carron et al. (1998), a été développé sans fondement théorique fort et pour lequel on ne connaît pas précisément ses propriétés psychométriques. Par ailleurs, Carron, Colman et al. (2002) soulignent que les études sur lesquelles s’appuie la méta-analyse de Mullen et Copper (1994), appartiennent à des domaines différents et donc étudient des groupes de nature différente.

56Dans une autre méta-analyse, Gully et al. (1995) concluent à une relation positive entre cohésion et performance. Cependant, contrairement aux conclusions avancées par d’autres auteurs (cf. Mullen & Copper, 1994 ; Carron, Colman et al., 2002), Gully et al. (1995) semblent indiquer que le niveau d’interdépendance de la tâche (inter-active vs. co-active) est une variable médiatrice de la relation cohésion-performance. Selon eux, lorsque la tâche nécessite une communication importante entre les membres, un niveau élevé de coordination et la réalisation d’une performance mutuelle, alors, la force de la relation cohésion-performance augmente. Ce résultat est conforme à des propositions plus anciennes de Carron et Chelladurai (1981). Selon Carron, Colman et al., (2002), l’hypothèse sous-jacente à cette relation est que la cohésion servirait de catalyseur améliorant la coordination dans les sports où l’interaction des membres est essentielle au succès (i.e., sports interactifs tels que : le handball ou le base-ball), l’absence de cohésion favorisant la compétition intragroupe (et la performance) dans les sports où l’interaction n’est pas nécessaire (i.e., sports co-actifs tels que l’athlétisme ou le karaté).

57Cependant, même si les travaux évoqués précédemment nous permettent d’avancer dans la compréhension générale de la relation cohésion-performance, ils abordent peu l’aspect multidimensionnel de la cohésion. Néanmoins, la plupart des travaux laisse apparaître une relation positive entre la dimension opératoire et la performance (Bergeles & Hatziharistos, 2003 ; Carron, Bray, & Eys, 2002 ; Eisler & Spink, 1998 ; Martens & Peterson, 1971 ; Mullen & Copper, 1994 ; Williams & Widmeyer, 1991 ; Zaccaro & Lowe, 1986). Pour Mullen et Copper (1994), la dimension opératoire reste la plus pertinente pour traduire la relation entre cohésion et performance. Carron, Bray et Eys (2002) démontrent que les dimensions GI-T et ATG-T sont toutes deux fortement associées aux succès d’équipe. Bergeles et Hatziharistos (2003) avancent, qu’en volley-ball, la dimension opératoire des perceptions d’attractions interpersonnelles est positivement corrélée au classement final, c’est-à-dire à la performance.

58Pourtant, cette prédominance de la dimension opératoire s’oppose aux conclusions d’une étude de la thèse de doctorat de Widmeyer (1977 – citée dans Mullen & Copper, 1994) pour qui la dimension la plus fortement correlée à la performance est la dimension sociale. En réalité, peu d’études corroborent les résultats de Widmeyer (1977). Au contraire, Boone et al. (1997) signalent que la cohésion sociale pourrait avoir des effets négatifs sur la performance. Selon eux, elle pourrait réduire la compétition intragroupe, conduisant à une sorte de distraction des individus vis-à-vis de la tâche, pouvant même diminuer la cohésion opératoire. D’autres recherches concluent à un effet conjoint de la cohésion sociale et opératoire qui devraient toutes deux être élevées pour influencer positivement la performance (e.g., Zaccaro & McCoy, 1988 ; Carron, Colman et al., 2002).

59Martens et Peterson (1971, p. 58), cités dans Turman (2003), suggérent l’existence « d’une relation circulaire entre satisfaction, cohésion et succès. Les équipes les plus cohésives étant les équipes les plus victorieuses et les équipes les plus victorieuses ayant une plus grande satisfaction vis-à-vis de leur participation que les équipes les moins victorieuses ». Dans cette citation apparaît une autre préoccupation encore en suspend aujourd’hui dans : la cohésion est-elle un déterminant ou une conséquence de la performance ? De nombreux travaux traitent cette question (Boone et al., 1997 ; Carron, Colman, et al., 2002 ; Chang & Bordia, 2001 ; Davids & Nutter, 1988 ; Grieve, Whelan, & Meyers, 2000 ; Mullen & Copper, 1994 ; Turner, 1981 ; Zaccaro & McCoy, 1988). Pour Mullen et Copper (1994), l’effet le plus important est celui de la performance sur la cohésion. Leurs résultats suggèrent que les changements de cohésion engendrés par la performance sont plus forts que les changements de performance engendrés par la cohésion. Les recherches examinant le sens de la relation cohésion-performance ont alors affiné l’analyse en observant le rôle des différentes dimensions présentes dans l’approche multidimensionnelle de la cohésion proposée par Caron et al. (1985). Boone et al. (1997) montrent ainsi que l’échec affecte le plus la cohésion, notamment les dimensions : ATG-T, GI-T et GI-S, le succès, ne permettant que de maintenir le niveau de cohésion initial. Plus récemment, Kozub et Button (2000) montrent que la performance a une influence significative sur la dimension GI-T, et que le type de sport étudié fait office de variable médiatrice. Pour d’autres auteurs, l’impact de la cohésion sur la performance est plus fort que celui de la performance sur la cohésion. Contrairement à leurs attentes, Chang et Bordias (2001) montrent que la cohésion est uniquement un antécédent de la performance ; un niveau de cohésion élevé devant alors produire une performance élevée. Cependant, ces auteurs reconnaissent que leurs résultats doivent être vérifiés en raison de la faiblesse de leur échantillon et de la faible puissance statistique de leurs analyses. Enfin, la méta-analyse de Carron, Colman et al. (2002) propose encore une autre voie de compréhension de la relation cohésion-performance en montrant qu’il n’existe pas de différence significative entre la relation cohésion-performance et la relation performance-cohésion.

60En résumé, si l’on synthétise les travaux sur la relation cohésion-performance, il semble indéniable que ces deux variables sont liées l’une à l’autre. En revanche, il paraît encore difficile de déterminer l’implication de chacune des dimensions de la cohésion ou le sens de la relation existant entre la cohésion et la performance. Ces conclusions insatisfaisantes, ont amené les chercheurs à postuler qu’il était nécessaire de clarifier l’action (potentiellement médiatrice) de plusieurs variables sur la relation cohésion-performance (Pargman & De Jesus, 1987). La clarté des buts (Kjormo & Halvari, 2002), la similitude des expectations de succès (Kim, 1995), l’effort (Prapavessis & Carron, 1997a) ou l’efficacité collective (Paskevitch, 1995) sont des exemples de ces variables en relation avec la cohésion.

L’efficacité collective et la relation cohésion-performance

61Le concept d’efficacité collective initialement proposé par Bandura (pour revue, Bandura, 1997) se définit comme : « un sens de la compétence collective mis en commun entre des membres quand ils allouent, coordonnent, et intégrent leurs ressources dans une réponse concertée, efficace et spécifique de la demande situationnelle » (Zaccaro, Blair, Peterson, & Zazanis, 1995, p. 309). Ces derniers auteurs suggèrent que les qualités du groupe contribuent au développement du sens de l’efficacité, et ils identifient le leadership et la cohésion comme sources potentielles d’efficacité collective. De fait, la littérature laisse apparaître un certain nombre de travaux abordant les relations existant entre la cohésion et l’efficacité collective (Estabrooks & Carron, 2000a, 2000b ; Kozub & McDonnell, 2000 ; Paskevich, 1995 ; Paskevich, Brawley, Dorsch, & Widmeyer, 1999 ; Spink, 1990a,b ; Zaccaro, Blair, Peterson, & Gilbert, 1992 ; Zaccaro et al., 1995). Pour Spink (1990a), la cohésion est un facteur ayant potentiellement une forte influence sur l’efficacité collective. Estabrooks et Carron (2000a), confirment également que de hauts niveaux de cohésion opératoire conduisent à de hauts niveaux d’efficacité personnelle.

62De même, Kozub et McDonnell (2000), font l’hypothèse d’une relation positive entre la cohésion et l’efficacité collective et que cette relation est plus forte avec la cohésion opératoire qu’avec la cohésion sociale. Selon eux, si le facteur ATG-T est un bon prédicteur de l’efficacité collective, le facteur GI-T en est le meilleur. Cependant, certaines études aboutissent à d’autres conclusions. Zaccaro et al. (1995), Paskevich et al. (1999) suggèrent que la cohésion peut être à la fois un antécédent et une conséquence de l’efficacité collective, c’est-à-dire, qu’il existerait une relation réciproque entre l’efficacité collective et la cohésion.

63La majorité des études portant sur l’efficacité collective est centrée sur la relation entre l’efficacité collective et la performance. Par exemple, Spink (1990b), Hodges et Carron (1992), Silver et Bufanio (1996) mettent en évidence une relation positive entre efficacité collective et performance. D’autres travaux ont donc proposé d’étudier les relations entre la cohésion, l’efficacité collective et la performance. Zaccaro et al. (1992 - cités dans Zaccaro et al., 1995) ou Paskevich (1995 - cité dans Carron, Colman et al., 2002) suggèrent que l’efficacité collective peut être un médiateur de la relation cohésion-performance. Selon Paskevich, une plus grande cohésion contribue à une plus grande efficacité collective qui contribue en retour à améliorer la performance de l’équipe.

64Ainsi, s’il semble s’avèrer que la cohésion, l’efficacité collective et la performance entretiennent des relations de causes à effets, la complexité de ces relations qu’augmente la nature multidimensionnelle de ces construits incite à la plus grande prudence vis-à-vis de l’interprétation de ces résultats. Kozub et McDonnell (2000) insistent sur la nécessité de mener de nouvelles études pour parvenir à une meilleure compréhension de ces relations et espérer définir le sens de la relation : cohésion - efficacité collective - performance.

65Suite à l’absence de conclusion définitive sur l’impact de la cohésion sur la performance d’autres chercheurs ont proposé l’effort consenti comme variable capable de médiatiser la relation cohésion-performance.

L’effort et la relation cohésion-performance

66De nombreux entraîneurs, reconnaissant intuitivement l’importance de l’unité de l’équipe, indiquent que la performance collective ne peut être atteinte qu’au travers des efforts combinés des membres de l’équipe. Ce point de vue empirique laisse apparaître deux idées marquantes : (a) l’importance de la performance individuelle, (b) l’effet de la notion d’effort consenti. Davantage sous le contrôle des membres, moins sujette à des facteurs externes tels que la force des adversaires ou la blessure d’un joueur majeur, la somme des performances individuelles est avancée par certains auteurs comme pouvant être une bonne opérationnalisation de la performance collective. Elle pourrait, pour peu qu’elle soit mise en regard des perceptions d’effort jouant le rôle de médiateur de la relation cohésion-performance, être une mesure objective plus réaliste, permettant de mieux cerner cette relation. Des études se sont penchées sur les relations des trois variables que sont la cohésion, l’effort et la performance (e.g., Bray & Whaley, 2001 ; Prapavessis & Carron, 1997a).

67Bray et Whaley (2001), s’inspirant de Prapavessis et Carron (1997a), selon lesquels, les perceptions de cohésion sont positivement associées à l’effort, concluent que la cohésion permet de prédire la performance (en particulier la performance objective individuelle) et que l’effort peut être considéré comme médiateur de la relation cohésion-performance.

68Cependant, contrairement aux hypothèses portant sur la relation circulaire entre la cohésion et la performance, les conceptions théoriques supportant le rôle de variable médiatrice de l’effort consenti semblent faire l’hypothèse quasi exclusive d’un effet de la cohésion sur la performance plus que de la performance sur la cohésion.

L’attribution causale et la relation cohésion-performance

69Une question fondamentale pointée par Turner dès 1982 est de savoir comment certains groupes parviennent, en dépit d’échecs, à maintenir de bons niveaux de cohésion et alternativement, comment la cohésion peut se détériorer alors que l’équipe rencontre des succès ? Un autre paradigme théorique explicatif pour tenter de mieux comprendre le lien entre cohésion et performance, pourrait être alors, celui des attributions causales [10] émises par les membres du groupe suite à un succès ou un échec. Différentes études ont donc été menées pour examiner les relations existant entre la cohésion et les attributions causales formulées à la suite d’un résultat (Bird, Foster, & Maruyama, 1980 ; Schlenker & Miller, 1977 ; Taylor, Doria & Tyler, 1983 ; Taylor & Tyler, 1986 ; Turner, Hogg, Turner, & Smith, 1984 ; Zaccaro & Lowe, 1988).

70Les théories de l’attribution causale (pour une revue, Försterling, 2001) avancent l’idée que dans l’objectif de négocier des situations risquées du point de vue de l’estime de soi, l’individu est amené à utiliser différentes stratégies. L’une de ces stratégies, le biais d’auto-complaisance, fait référence à la propension des individus à s’octroyer une responsabilité personnelle chaque fois qu’ils obtiennent un succès (stratégie de valorisation du soi) et à rejeter toute responsabilité personnelle en cas d’échec (stratégie d’auto protection du soi). Selon certains auteurs (e.g., Weary & Bradley, 1978 ; Lau & Russel,1980), dans le groupe, le biais d’auto-complaisance s’affaiblit voire disparaît. L’explication est que, sur le terrain, les attributions causales de la réussite comme de l’échec du groupe sont plus centrées sur l’équipe que sur l’individu (Bird & Brame, 1978 ; Ross & Sicoly, 1979). Cette stratégie, nommée biais de complaisance de groupe (Gill, 1980) définit l’équipe comme point de référence des attributions. Pour Taylor et al. (1983), le biais de complaisance de groupe est la tendance à attribuer la réussite et l’échec au groupe entier permettant ainsi de diminuer la responsabilité des sous-groupes et des individus avec pour finalité de cimenter l’esprit de groupe par le partage des responsabilités en cas d’échec et la répartition des gratifications en cas de succès.

71La littérature sur cette relation entre cohésion et attributions propose différents avis. Certaines études soulignent l’impact des attributions sur la cohésion. Taylor et Tyler (1986) montrent que les individus ayant un biais de complaisance de groupe sont perçus comme contribuant davantage à la cohésion du groupe. D’autres études, au contraire, insistent sur l’effet de la cohésion sur les attributions. Ainsi, Bird et al. (1980) montrent que la cohésion peut influencer les attributions et ce, quel que soit le résultat (i.e.,victoire vs défaite). Pour Schlenker et Miller (1977), dans les groupes cohésifs, le résultat est partagé entre tous les membres et les attributions d’auto-complaisance sont peu fréquentes. Ceci plaide en faveur d’une diminution du biais d’auto-complaisance au sein des groupes cohésifs. De même, selon Turner et al. (1984), le sentiment d’appartenance à un groupe effectuant une tâche nécessitant une forte coopération, suffirait à diminuer, voire à inverser la tendance à recourir à l’utilisation d’attributions causales égocentrées, les sujets attribuant le succès à leurs partenaires et l’échec à eux-mêmes. Les membres de groupes non-cohésifs adopteraient, une structure d’attribution différente, cherchant à se préserver d’une implication personnelle dans la défaite et ne partageant pas avec les autres membres du groupe le bénéfice de la victoire.

72Par ailleurs, il semble que les attributions causales dépendent également du type de cohésion. Selon Brawley et al. (1987), les sujets présentant un degré élevé de cohésion opératoire ne modifient pas leurs attributions en fonction du résultat, ce dernier étant fortement lié aux normes opératoires du groupe. Le biais d’auto-complaisance est donc peu fréquent, mais deviendra plus systématique dans le cas où la cohésion opératoire sera faible (Bird et al., 1980 ; Rejeski & Brawley, 1983). Par contre, selon Zaccaro (Zaccaro, 1991 ; Zaccaro & Lowe, 1988) les attributions émises ne semblent pas dépendre du degré de cohésion sociale. Pour ces auteurs, la cohésion opératoire aurait plus de poids que la cohésion sociale vis-à-vis des attributions de performance des sportifs.

73Enfin, d’autres études mettent en avant le possible rôle médiateur des attributions dans la relation cohésion-performance. C’est ainsi que Taylor et al. (1983) soulignent le rôle médiateur que les attributions peuvent jouer entre la cohésion et la performance, dans le cas d’échecs répétés, et que Turner et al. (1984) concluent, que les succès d’une équipe augmentent la cohésion parce que les membres font des attributions impliquant leur responsabilité pour expliquer les performances positives. Une fois de plus, même s’il apparaît difficile de parvenir à une conclusion définitive, la cohésion, les attributions et la performance, semblent effectivement posséder des liens.

Conclusion

74La présente revue de questions ne constitue pas une recension exhaustive des études abordant les problèmes de cohésion au sein des groupes.

75Notre intention était de présenter une sélection de travaux permettant d’entrevoir les préoccupations des chercheurs au fil du temps et de mieux comprendre la cohésion et ses effets sur le groupe sportif afin d’envisager de nouvelles recherches.

76Il est apparu que l’une des premières préoccupations des chercheurs a été de proposer une définition opérationnelle de la cohésion. Ce construit a évolué d’une conception unidimensionnelle vers des conceptions multidimensionnelles étayées par la dynamique de groupe et opérationnalisées via des outils de mesure utilisables en situations naturelles.

77La relation implicite existant entre le niveau de cohésion et la performance qui suppose qu’un haut niveau de cohésion conduit à des performances élevées, apparaît comme le catalyseur de la quasi totalité des études. Pourtant, assez paradoxalement, des études expérimentales et des méta-analyses semblent indiquer que cette relation cohésion-performance est beaucoup plus complexe que celle attendue. La relation cohésion-performance fait intervenir un nombre important de variables issues de la dynamique de groupe. L’efficacité collective, l’effort consenti et les attributions causales ont ainsi été examinés. Ces variables peuvent (a) influer sur le niveau de cohésion, (b) être influencées par la cohésion, (c) jouer un rôle de médiateur dans la relation cohésion-performance.

78Malgré l’avancée des connaissances relatives à la cohésion, certaines perspectives reste encore à explorer. En effet, alors que la distinction sociale/opératoire de la cohésion a reçu de nombreux supports théoriques et empiriques (e.g., Carless & De Paola, 2000 ; Cota et al., 1995 ; Dion & Evans, 1992 ; Dyce & Cornell, 1996 ; Widmeyer et al., 1985,1990), laissant supposer que ces deux aspects (social et opératoire) sont des déterminants importants et interdépendants de la performance, la presque totalité des études n’envisage que la prédominance de la dimension opératoire dans la relation cohésion-performance.

79Par ailleurs, Carless et De Paola (2000) soulignent l’existence d’une confusion dans la littérature quant à la définition de la cohésion sociale. Certains auteurs pensent que l’aide dans l’équipe (soit le support social) et la coopération entre membres sont des éléments constituants de la cohésion sociale (Langfred, 1998 ; Welch, Mossholder, Steel, & Bennett, 1998), pour d’autres (Carron, 1988 ; Lott & Lott, 1965) elles sont des antécédents de celle-ci.

80Concernant la relation cohésion-performance, Chang et Bordia (2001) notent que la mesure de la performance souffre d’un manque de conceptualisation. Pour eux, les désaccords observés dans la littérature sur la relation cohésion-performance proviennent de ce déficit. Ils proposent donc de tester et éventuellement d’adapter le modèle de la performance proposé par Hackman (1990, p. 6-7) pour qui la performance est un concept multidimensionnel composé de trois construits (la productivité, la viabilité et le développement personnel). En fait, le modèle de Hackman propose une trame de compréhension de la performance dans laquelle la performance du groupe ne correspond pas seulement à l’augmentation de l’efficacité de l’organisation (productivité) mais également au fait d’être capable de soutenir sa propre existence (viabilité) et d’assister le développement personnel de ses membres.

81D’autre part, Stevenson et Durand-Bush (1999), ou Carron et Brawley (2000) suggèrent que la structure de la cohésion est susceptible d’évoluer dans le temps suivant les phases de développement du groupe. Ils soulignent que la force des corrélations entre les différentes facettes de la cohésion peut varier avec l’évolution du groupe, ou même que la cohésion pourrait être plus ou moins importante selon les phases de son développement. Toutefois, s’il est consensuel d’affirmer que les groupes sont des entités dynamiques se développant et changeant dans le temps, en raison des difficultés et du coût que cela suppose, peu d’études ont cherché à appréhender l’évolution temporelle de la cohésion (Carless, 2000).

82En fin de compte, il nous semble que les recherches futures devront donc : (a) revenir sur le caractère multidimensionnel de la cohésion et de la performance ainsi que sur les outils associés à la mesure de ces concepts, (b) examiner la possibilité de relations dynamiques et complexes entre leurs différentes composantes, ce qui suppose d’adopter des protocoles longitudinaux et enfin, (c) prendre en considération différentes variables relevées par la littérature comme étant de possibles médiateurs de la relation cohésion-performance, dont la compréhension des relations complexes, permettra aux praticiens d’envisager une intervention pratique plus efficace.

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Mots-clés éditeurs : attributions, cohésion, expectations, sport, efficacité collective, effort

Mise en ligne 01/04/2007

https://doi.org/10.3917/sm.059.0009

Notes

  • [1]
    Centre de Recherches en Sciences du Sport – Université de Paris-Sud Orsay, France.
  • [2]
    Laboratoire de Psychologie Appliquée – Université de Reims Champagne-Ardenne, France. paul. ffontayne@ staps. u-psud. fr
  • [3]
    Trois processus de recherche : informatiques, manuelles et à partir des revues. Les recherches informatiques concernent les bases de données PsycInfo (1978-2003), Sport Discus et Heracles en utilisant les mots clés : « cohésion », « sport », « performance », « efficacité collective », « attribution » et « expectation ». Les recherches manuelles correspondent aux études proposées dans les bibliographies des revues de littératures et méta-analyses. Les recherches, à partir des revues, portaient sur des revues identifiées comme spécialisées des questions traitant de la cohésion, du sport, de la performance : Canadian Journal of Applied Sport Science, Journal of Sport & Exercise Psychology, Journal of Sport Behavior, Journal of Sport Sciences, Small Group Research et The Sport Psychologist.
  • [4]
    Les définitions proposées seront traduites en français. Il sera cependant possible, pour le lecteur intéressé, de se reporter aux définitions originelles via les références précises citées.
  • [5]
    Les termes des définitions des 4 facteurs (i.e. : GI-T, GI-S, ATG-T et ATG-S) proposés ici sont empruntés à Heuzé (2003).
  • [6]
    Tirée de Carron, A. V., Hausenblas, H. A., & Estabrooks, P. A. (2003). The psychology of physical activity. New York: McGraw-Hill, p.97 et reproduite avec la permission de The McGraw-Hill Companies.
  • [7]
    cf. Steiner (1972) pour une typologie des tâches en groupe
  • [8]
    Pour une présentation plus générale des études ayant utilisées le GEQ voir Carron et al. (1998) et Carron et Hausenblas (1998).
  • [9]
    Voir Kenny et La Voie (1985) pour l’utilisation des méthodes statistiques permettant de standardiser les scores individuels par rapport au groupe du sujet ou Kashy et Kenny (2002) pour les groupes randomisés de même taille.
  • [10]
    Pour une présentation générale des travaux traitant des relations entre cohésion et attribution, voir la thèse de doctorat de Rémy Lacrampe (1997).
  • [11]
    La bibliographie complète est disponible sur demande auprès du 2nd auteur de cet article.
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