Couverture de SEVE_022

Article de revue

La génétique, scénario pour une crise

Pages 103 à 117

1En réalité, la crise de la génétique n’est pas véritablement précritique comme l’a suggéré Didier Tabuteau. Il existe d’ores et déjà des situations de crise engendrées par les progrès en génétique. Je dirais qu’elles se situent dans le domaine de l’idéologie. L’évolution de la génétique contribue aussi à une crise économique dans le domaine des coûts de la santé. Elle fait par conséquent planer la menace d’une crise sociale, en particulier des systèmes d’assurance solidaires.

I – La découverte de la génétique

2La génétique est la science de la transmission des caractères héréditaires. Elle est neuve car le terme de « génétique » n’a été inventé qu’en 1909. La génétique, elle-même, n’est guère antérieure à la découverte des lois de Mendel en 1865. Néanmoins, elle a été auparavant l’alibi ou l’un des ressorts de nombreuses crises (politiques, historiques…) dramatiques. Les conceptions que l’on avait et l’illusion qui s’était répandue que l’on connaissait mieux les facteurs de la transmission des caractères héréditaires ont joué leur rôle dans les grandes crises de l’histoire (eugénisme, racisme) et d’une certaine manière dans la « biologisation » du darwinisme social. En outre, la génétique a le triste privilège d’être la seule science qui ait servi de base conceptuelle à une idéologie mortifère : le nazisme. Cette idéologie est en réalité un fascisme qui se revendique des bases idéologiques pseudo-scientifiques, génétiques.

3Lorsqu’on parle de la génétique, on fait souvent allusion à des éléments qui n’appartiennent pas véritablement à ce domaine mais je n’évoquerai pas tout ce que le public entend par le terme de « génétique ».

4La génétique, définie comme un mécanisme ou une loi gouvernant la transmission des caractères héréditaires, a développé ses outils et s’est posé la question des molécules qui étaient impliquées dans la gouvernance des caractères héréditaires et leur déterminisme. À partir de 1944, on a appris que les molécules responsables de la transmission de ces caractères correspondaient à l’ADN. Il s’agit d’une des découvertes les plus extraordinaires de l’histoire de la biologie. Elle semblait tellement étonnante que le jury du prix Nobel n’y a pas cru. C’est la raison pour laquelle cette extraordinaire découverte, que l’on doit à Oswald Avery, ne lui a pas valu, non plus qu’à ses deux collègues, le prix Nobel. Depuis les lois de Mendel et les travaux sur les animaux de Morgan, on avait réalisé de nombreux progrès en matière de transmission des caractères héréditaires, notamment leurs combinaisons variables qui entraînent des phénotypes, des formes du corps et des maladies diverses.

5Personne ne doutait que la génétique fût d’une importance cruciale pour gouverner toutes les caractéristiques du corps. On imaginait que seule une molécule extrêmement « brillante » et remarquable pouvait jouer un tel rôle. Or, les acides nucléiques ne sont pas des molécules remarquables, elles sont des plus banales. L’ADN a été découvert pour la première fois en examinant le pus de blessés. Le pus contient des globules blancs qui sont nécrosés. Ceux-ci renferment des noyaux pleins d’ADN qui contribuent à la viscosité du pus. Johann Friedrich Miescher a donc extrait l’ADN du pus et la chimie a démontré qu’il s’agissait de molécules des plus monotones car elles ne sont formées, pour l’essentiel, que de quatre éléments : A, C, G, T répétés indéfiniment. Le fait que cette molécule abondante qui entraîne la viscosité des écoulements purulents et qui ne présente aucune originalité d’un point de vue chimique puisse être responsable de l’hérédité était difficile à croire.

6L’expérience d’Oswald Avery porte sur un caractère héréditaire : la virulence des pneumocoques. Le pneumocoque provoque des pneumonies et la mort de la souris à laquelle il est injecté. Cependant, certaines formes de pneumocoques sont héréditairement avirulentes. Lorsqu’elles sont injectées à la souris, celle-ci reste en bonne santé. Comment transférer le caractère de virulence d’une souche virulente à une souche avirulente ? Depuis longtemps, on avait observé que le mélange de pneumocoques avirulents à des pneumocoques virulents morts (chauffés ou bouillis) entraînait une pneumonie mortelle lorsqu’il était injecté, alors que les pneumocoques virulents morts ne déclenchaient pas, à eux seuls, de maladie suite à leur injection. Le caractère de virulence se transmet donc du pneumocoque mort au pneumocoque vivant. Quel est l’élément moléculaire responsable de la transmission du caractère ? La réponse à cette question revenait à répondre à la question fondamentale qui se posait : quelle est la molécule de l’hérédité ? Tout le monde pensait qu’il s’agissait de protéines (diastases, enzymes, récepteurs, pores…). La quasi-totalité des médicaments sont dirigés contre les protéines. Les protéines qui avaient plusieurs cordes à leur arc étaient donc en mesure de gouverner également l’hérédité.

7Oswald Avery a très soigneusement séparé les acides nucléiques des protéines dans les pneumocoques morts. Il a ensuite traité la préparation d’acides nucléiques (ADN) avec des enzymes qui détruisent les protéines et les protéines avec des enzymes qui détruisent l’ADN. Il a ainsi observé que l’ADN transmettait la virulence, contrairement aux protéines.

8Il a fallu toutefois attendre une dizaine d’années pour que la communauté mondiale soit convaincue par cette expérience brillante. Une équipe américaine a été l’une des premières à adhérer à la théorie d’Oswald Avery, notamment un jeune post-doctorant âgé de 21 ans, Jim Watson, qui venait de rejoindre l’équipe de Cambridge, en Angleterre. Il a accordé de l’intérêt à cette découverte. C’est la raison pour laquelle il a tenté de comprendre comment cette molécule agissait pour être le support de l’hérédité. Il a entraîné Francis Crick dans son aventure. Par des moyens licites et d’autres illicites, notamment l’utilisation des résultats de Rosalind Franklin sans l’avertir, ils sont parvenus à proposer la structure à double hélice qui explique les propriétés remarquables de codage de l’ADN.

9Une fois que l’on a découvert que l’ADN gouvernait les caractères héréditaires, on a souhaité connaître la contrepartie ADN des caractères héréditaires étudiés par le biais de la simple observation des mutations. On a pu y parvenir, de manière simple, à partir de 1972 avec le génie génétique qui consiste en la manipulation des supports de l’hérédité. Le génie génétique renvoie à l’ensemble des méthodes qui permettent, quasiment à volonté, de couper des fragments d’ADN en morceaux, de les amplifier après les avoir intégrés à un support (bactérie), d’en déterminer la structure, la séquence et de transférer ce gène dans un autre organisme. Le génie génétique doit être compris au travers du sens que l’on donne au mot « génie » en évoquant le génie civil et militaire, c’est-à-dire un ensemble de procédés permettant de réaliser une fin déterminée. Il s’agit ici de la capacité d’asservir des êtres vivants à certaines des propriétés biologiques d’un autre être vivant par transfert de gènes.

II – La crise de la génétique et du génie génétique

10Je m’intéresse au clonage mais pas en ma qualité de généticien, car rien n’est plus opposé au clonage que la génétique et inversement. La génétique renvoie à la transmission des caractères héréditaires. Cela suppose que les caractères des espèces parentales (mâles et femelles) soient différents et qu’il y ait un croisement sexué alors que le clonage consiste en la reproduction à l’identique des éléments génétiques. Je n’aborderai donc pas le clonage.

11Je n’insisterai pas non plus sur l’utilisation de la génétique dans les grands mouvements idéologiques de la première moitié du XXe siècle (eugénisme de Galton…). En réalité, la génétique n’était pas nécessaire pour que ces idéologies fleurissent. Depuis fort longtemps, des idéologies déterministes, racistes et aristocratiques existaient. On était persuadé que telle race était supérieure à telle autre, que « bon sang ne saurait mentir » et que tel lignage avait des vertus supérieures à tel autre. Nul besoin de connaître les gènes ou la génétique pour être persuadé de cela. On perçoit, avec l’utilisation de la génétique au profit des ces idéologies, la structuration de ce que l’on appelle une idéologie scientifique. Georges Canguilhem disait qu’il s’agissait d’un préjugé utilisant le prestige d’une science établie pour se renforcer et accroître son pouvoir prosélyte. Or, en théorie, le scientifique ne connaît pas la réponse à la question qu’il pose.

12Pendant très longtemps, la génétique n’a pas eu un rôle très important d’un point de vue médical. Les premières maladies génétiques ont été reconnues au tournant du XIXe et du XXe siècles. La première maladie génétique est l’alcaptonurie. Un honorable médecin anglais, sir Archibald Garrod, a observé que les urines de certaines personnes devenaient noires comme de l’encre après avoir été exposées quelques heures à la lumière et à l’air en rai-son d’un phénomène d’oxydation. Il a étudié la transmission de ce caractère et constaté qu’il s’agissait d’une transmission obéissant aux lois de Mendel. L’alcaptonurie est donc le premier trait génétique humain à avoir été caractérisé. D’autres maladies telles que les glycogénoses ont été rapportées à leur mécanisme génétique à partir de 1934. D’autres déficits enzymatiques ont aussi été caractérisés dans l’après-guerre. Cependant, ces maladies restaient peu importantes numériquement en comparaison de l’infarctus du myocarde, du diabète et de l’obésité qui ne relevaient pas du domaine de la génétique.

13Le génie génétique a permis assez facilement d’identifier et d’étudier les fragments d’ADN qui correspondaient aux maladies ou phénotypes examinés. Par le passé, on constatait que les yeux de la drosophile étaient rouges et non bruns, que ses ailes étaient vestigiales au lieu d’être grandes. On observait également que les urines noircissaient mais la contrepartie moléculaire demeurait inconnue. Le génie génétique a mis à notre disposition des outils pour savoir que tel gène qui code une enzyme (homogentisique-oxydase) dans l’alcaptonurie est anormal. Cette anomalie enzymatique entraîne une absence d’oxydation et de métabolisme de l’acide homogentisique qui s’accumule et, après oxydation par l’air, noircit les urines.

14Les méthodes du génie génétique ont marqué le début d’un progrès extraordinaire en génétique. Elles sont aussi à l’origine de l’émergence de toutes les questions que j’évoquerai. À partir du moment où le génie génétique a été imaginé et maîtrisé, on a pu isoler tout type de gène, le transférer dans n’importe quel organisme afin de l’asservir au fragment de message génétique que convoyait ce gène. Le génie génétique des biotechnologies est basé sur ce principe. Les gènes codent des enzymes et des protéines. On prend un gène qui code une protéine médicament et on le transfère dans une bactérie à qui l’on commande de fabriquer le médicament en question. La même méthode est appliquée pour les plantes transgéniques. On transfère un gène dans une plante et l’on commande l’apparition d’un nouveau caractère dans la plante. Ce principe est valable pour tout type d’espèce. Le génie génétique apparu en 1972 constitue donc une immense révolution technologique.

III – L’utilisation de la génétique dans la médecine

Les applications

15On pourrait classer les différentes maladies dans un grand axe :

  • à gauche les maladies directement gouvernées par un seul gène. Lorsqu’un gène est anormal, une protéine commandée par ce gène est absente. L’absence de cette protéine est à l’origine d’une maladie génétique : hémophilie, myopathie de Duchesne, mucoviscidose, phénylcétonurie, alcaptonurie, déficit en glucose-6-phosphate-déshydrogénase, anomalies de l’hémoglobine, etc. ;
  • à droite les maladies qui a priori ne sont pas génétiques ;
  • au milieu les maladies vis-à-vis desquelles nous sommes inégaux. De nombreuses affections naissent des interactions entre un organisme biologique (femme, homme, enfant) et l’environnement : hypertension artérielle, obésité, cancers, diabète, athérosclérose, infections, maladies cardiovasculaires et de la nutrition, certaines maladies psychiatriques… Ces maladies sont de loin les plus fréquentes. On a longtemps considéré qu’elles n’avaient aucun rapport avec la génétique alors qu’elles lui sont liées. Les gènes gouvernent les propriétés de notre corps qui nous rendent plus ou moins résistants à toutes ces affections.
Comment un gène agit-il ? Un gène gouverne une propriété d’un organisme biologique et donc une caractéristique de notre corps. Il commande une protéine. Or, les protéines interviennent dans la structure et le fonctionnement des cellules. Si une protéine est absente, modifiée ou anormale, le fonctionnement de la cellule est modifié, ce qui change notre réactivité à l’environnement. Lorsque l’on évoque le gène de l’hémophilie, le gène de la myopathie, voire le gène du cancer, on sous-entend qu’il existe un élément génétique qui gouverne le destin malheureux de souffrir d’’hémophilie, de myopathie ou de cancer. Or, un gène ne gouverne jamais un destin, ce dernier est toujours le résultat de caractéristiques individuelles, qui peuvent être génétiquement déterminées, et d’un environnement qui, lui, ne l’est pas. On explique les maladies qui surviennent toujours lorsque le gène est anormal (on parle de pénétrance complète) en disant que l’anomalie considérée entraîne une impossibilité de fonctionner dans les conditions normales de vie des personnes. La myopathie, par exemple, est une maladie qui entraîne une grande fragilité de la membrane des muscles. Dès la période de la marche, les contraintes mécaniques exercées sur les muscles des enfants entraînent leur destruction progressive. Cependant, en apesanteur totale, la myopathie provoquerait sans doute des dégâts.

16La médecine a été modifiée en profondeur par le génie génétique et la génétique, notamment au niveau de la compréhension, du dépistage et du traitement des maladies génétiques mais également des autres maladies. En médecine, le champ d’intervention de la génétique n’est pas limité aux maladies génétiques. L’importance de la génétique pour les maladies génétiques est même minoritaire comparée à son importance pour la médecine dans son ensemble.

17Lorsqu’il existe un élément de susceptibilité rendant certaine ou plus probable l’apparition d’une maladie, la génétique en permet le diagnostic précoce avant que les premiers signes en soient observables : avant la naissance de l’enfant (diagnostic prénatal), voire avant même que l’œuf fécondé ne soit placé dans les voies génitales de la future maman (diagnostic préimplantatoire).

Les difficultés soulevées par cette utilisation

18Je n’aborderai pas les problèmes éthiques posés par le diagnostic prénatal et préimplantatoire. Cela étant, il s’agit d’une interrogation morale, d’une crise importante au cœur d’une interrogation sur ce qu’il est légitime de faire suite à ces diagnostics. Quatre-vingt-dix-huit pour cent des personnes considèrent que lorsqu’une maladie génétique entraîne des altérations telles chez l’enfant qu’il ne pourra connaître une vie épanouissante et qu’il ne sera que facteur de souffrance pour lui-même et ses proches, la mère informée peut décider de procéder à une interruption de grossesse comme l’y autorise la loi Veil de 1975. Cette législation constitue un progrès par rapport à la situation antérieure, même si certaines personnes n’y adhèrent pas. Cependant, cette possibilité d’établir un diagnostic avant le premier symptôme pose de sérieux problèmes dans d’autres situations.

19On sait à présent qu’il existe des maladies génétiques monogéniques à pénétrance importante (liées à l’altération d’un seul gène) et qui apparaîtront à coup sûr mais très tard dans la vie. Certaines sont très connues, notamment la chorée de Huntington, certaines formes de maladie d’Alzheimer ou de polykystoses rénales. Dans ces cas de figure, les personnes qui ont hérité de ces gènes anormaux sont des enfants et de jeunes adultes tout à fait normaux, mais la maladie se déclare suivant les cas après 30 ans, 40 ans ou 50 ans. La première question que chacun se pose est la suivante : que faire de la possibilité d’un diagnostic prénatal et quelle décision doit-on prendre suite à ce diagnostic s’il se révèle positif ? Cette question pourrait faire l’objet d’une autre conférence, mais le fait qu’elle se pose engendre une incontestable tension morale. Est-il légitime d’interrompre une vie sur l’argument qu’elle est appelée à se dégrader à 40 ans ? Une telle affirmation serait difficile compte tenu des nombreuses vies brillantes qui ont disparu avant cet âge. Peut-on considérer qu’elles ne valaient pas la peine d’être vécues ? Cependant, des familles ont vécu comme une malédiction la mort d’un grand nombre de leurs proches victimes de ces affections cruelles. En permettant à un jeune couple de savoir qu’il ne risque pas de transmettre ces maladies, nous lui donnons la possibilité de procréer alors qu’il renoncerait à le faire sans cela. Nous sommes donc réellement dans une situation de crise et de tension où seules des réponses au cas par cas peuvent être apportées.

20Les retards mentaux représentent une autre difficulté. Lorsqu’on souhaite trouver une justification morale à une interruption de grossesse suite à un diagnostic génétique, on indique qu’une vie programmée pour la souffrance et la mort précoce vaut d’être évitée. Cependant, un grand nombre de personnes atteintes de retards mentaux relativement légers sont loin d’être malheureuses. D’une certaine manière, notre vive intelligence aux uns et aux autres est difficile à supporter. Lors d’une émission télévisée consacrée au handicap mental, à laquelle j’ai participé, la sœur d’une jeune femme trisomique avait déclaré de manière crédible que sa sœur avait toujours été plus heureuse qu’elle. Il faut donc avancer d’autres justifications à l’interruption de grossesse. L’enfant est toujours le miroir des parents. Un miroir à ce point déformant n’est pas valorisant et peut se révéler insupportable pour les géniteurs culpabilisés. On peut aussi avancer que la société ne se montre guère accueillante pour ces enfants différents. Il s’agit donc d’une vraie situation de crise chaque fois que la question de l’interruption de grossesse se pose, notamment sa justification.

21Qu’en serait-il si nous avions des gènes de susceptibilité relative à des psychopathies (schizophrénie, psychose maniaco-dépressive…) ? On se rend compte que l’on serait confronté à des difficultés encore plus extrêmes. Un cas qui est d’ores et déjà d’actualité se pose avec une évolution rapide des pratiques : les gènes de susceptibilité du cancer, notamment la susceptibilité au cancer du sein qui est très emblématique. Le cancer du sein est une maladie qui touche surtout les femmes (cent fois plus que les hommes) et dont la fréquence de survenue jusqu’à une certaine période au moins augmentait de manière inéluctable. En dépit des progrès indéniables réalisés dans ce domaine, le cancer du sein reste une maladie grave. La mortalité de cette maladie a cessé d’augmenter mais une petite moitié de femmes atteintes par cette maladie ne guérissent pas. Le cancer du sein frappe une femme sur huit en France. Dans les pays en voie de développement, sa fréquence augmente. Dans 5 à 6% des cas, il s’agit d’une maladie génétique. On connaît les gènes de susceptibilité au cancer du sein. Deux d’entre eux sont particulièrement importants et ont été clonés dans les années 1990 : BRCA1 et BRCA2. La susceptibilité génétique au cancer du sein frappe ainsi une femme sur deux cents. Elle est donc, sans doute, la plus fréquente de toutes les maladies génétiques.

22Les gènes de susceptibilité ayant été identifiés, on peut établir un diagnostic présymptomatique et prénatal. Dans de nombreux pays, on commence à établir un diagnostic prénatal avec interruption de grossesse pour susceptibilité génétique. On en comprend les raisons dans des familles où les mamans ont vu leur sœur, leur tante ou leur mère souffrir d’un cancer du sein et en périr.

23Le diagnostic présymptomatique qui devient très répandu constitue une véritable situation de crise. Imaginons une jeune femme de 25-30 ans. Elle sait que de nombreux cancers du sein se sont déclarés dans sa famille. Par conséquent, elle demande à son médecin si elle est prédisposée génétiquement à développer cette maladie. Le praticien effectuera donc le test. Parfois, celui-ci peut s’avérer négatif mais cela ne signifie pas pour autant que la jeune femme ne développera pas un cancer du sein. Elle conserve malgré tout un risque sur dix d’avoir un tel cancer au lieu de 75%. Cette différence est importante car 75% des femmes présentant une anomalie de l’un des deux gènes (BRCA1) développeront en effet un cancer du sein avant l’âge de 70 ans. La jeune femme inquiète demandera à son médecin de lui proposer des solutions pour éviter que cette prédisposition génétique ne débouche sur un mal réel. Le médecin pourra lui soumettre trois types de solution : la réalisation de mammographie une fois par an, des examens chez le gynécologue au moins une fois par semestre et des échographies pour vérifier l’état des ovaires. Si une anomalie est constatée, une intervention chirurgicale pourra être programmée très tôt. Le pronostic sera ainsi amélioré. Pleine d’espoir, la jeune femme pourra avoir le sentiment qu’elle ne risque plus rien. Cependant, si le médecin est vraiment franc, il lui dira que les risques ne seront que réduits. Si elle s’enquiert du niveau de risque résiduel, il lui répondra, en toute franchise, que le nombre de vies sauvées par ce suivi rapproché s’établit à 30%. La jeune femme cherchera à obtenir des solutions plus efficaces. Le médecin lui proposera de combiner l’ovariectomie préventive avec un suivi gynécologique renforcé. Dans ce cas de figure, le risque diminuera de 50%. L’ablation préventive des deux seins et des deux ovaires constitue la solution la plus efficace car elle sauve 95% des vies menacées. Cela étant, il est difficile pour la jeune femme de choisir parmi ces différentes options. Peut-elle accepter de gaieté de cœur de prendre un risque que le médecin avoue n’être pas capable de maîtriser, ou bien faire le choix d’une opération qui est une mutilation malgré le recours à la chirurgie reconstructrice ? Ce type d’intervention peut en effet laisser des séquelles physiques et psychologiques. On peut cependant considérer que donner le choix aux femmes constitue un progrès par rapport à la situation antérieure.

24Qu’en est-il de la femme qui n’est pas inquiète car elle n’est pas considérée comme étant particulièrement exposée ? Le cancer du sein est une maladie fréquente. Par ailleurs, tous les tests génétiques exigent, afin d’être mis en œuvre, que le gène ait été caractérisé (cloné et étudié). Aujourd’hui, tous les laboratoires privés et les universités qui clonent un gène et l’étudient demandent un brevet. Les gènes du cancer du sein sont donc brevetés. La société brevetée (Myriad Genetics) tente de manière très agressive de faire respecter son brevet. Elle demande, pour chaque test, entre 1 000 et 2 000 dollars afin de séquencer le gène BRCA1 qui est long. On perçoit l’étendue de ce marché si 10% des femmes des pays riches (entre 400 et 500 millions) qui ont accès à des formes de sécurité sociale se laissaient convaincre par l’utilité de ces tests. Or, les publicités de Myriad Genetics sont extrêmement efficaces. L’une d’elles montre une belle jeune femme avec à proximité une radiographie de ses poumons remplis de métastases. Une voix off nous indique que cette femme souffre d’un cancer du sein évolué, qu’elle va mourir et tient le discours suivant : « Madame, ne faites pas comme si vous ignoriez que vous pouvez également, vous et vos filles, être menacées alors que l’on connaît le responsable de la menace et que l’on peut le détecter. Pour vous et vos enfants, effectuez un test. » Si une publicité de ce type parvenait à convaincre, avons-nous dit, 10% des 500 millions de femmes ayant un pouvoir d’achat, on aboutirait à la réalisation de 50 millions de tests génétiques facturés 1 000 euros l’unité, soit un marché de 50 milliards de dollars.

25Quel est l’intérêt d’une généralisation du test génétique du cancer du sein ? Il est nul en termes de santé publique. Une femme testée négativement a toujours un risque sur dix de développer un cancer de ce type car les formes génétiques de la maladie sont minoritaires. Il est également difficile de proposer la méthode la plus efficace de traitement à une femme qui n’a jamais été inquiète. Chez une femme à risques, obsédée par l’évitement de ce destin malheureux, on peut l’imaginer accompagnée d’une prise en charge par une équipe médicale, psychologique… Toutefois, en termes économiques pour la société brevetée sinon pour les finances individuelles et publiques, l’intérêt d’une généralisation de ces tests est considérable. Or, en présence d’un conflit entre une logique économique et une logique morale et éthique, vous devinez laquelle des deux l’emporte !

26Certains de ces tests génétiques permettent de détecter une susceptibilité relative à des affections fréquentes : cancers, hypertension artérielle, obésité, maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer)… Dans de nombreux cas, la valeur du pronostic pour un malade individuel est beaucoup moins forte que pour le cancer du sein. Cependant, pour un mécanisme assurantiel, cette différence importe peu car la priorité pour une assurance, vie ou maladie, est de constituer des groupes de risques relativement homogènes. Les assurances privées se font fort d’avoir un rapport équitable avec leurs patients. Ce rapport consiste à faire en sorte que le patient en ait pour son argent mais qu’on ne lui demande pas plus que son risque ne suppose. L’assurance automobile est emblématique de l’assurance équitable. Le conducteur ne payera pas le même prix en fonction du véhicule utilisé, de son âge et de ses antécédents.

27Toute la logique de l’assurance privée individuelle consiste à moduler la valeur de la police d’assurance en fonction d’une évaluation du risque. Il ne fait aucun doute qu’à l’avenir, les tests génétiques permettront à l’assurance de mieux homogénéiser ses groupes de risques et donc ses différenciations tarifaires. Cette tendance est, je le crains, inéluctable car, si coexistaient des sociétés d’assurance vertueuses refusant de se servir des données génétiques pour fixer leurs tarifs, et des sociétés efficaces et commerciales utilisant ces tests, on assisterait alors au phénomène bien connu de la contre-sélection. Tous ceux qui se sauraient menacés par un risque génétique s’adresseraient aux sociétés vertueuses qui feraient rapidement faillite. En revanche, tous les autres, ceux qui penseraient ne présenter aucun risque en raison de leurs antécédents familiaux, s’orienteraient vers les autres sociétés moins chères et contribueraient ainsi à leur prospérité.

28Le seul moyen d’éviter cette situation serait de faire en sorte que, parallèlement à ce type d’assurances, persiste une assurance solidaire dont le principe remonte à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle (solidarisme de Léon Bourgeois) : les bons risques payent pour les mauvais risques. Le risque est donc mutualisé. Actuellement, tous les systèmes de sécurité sociale connaissent une crise profonde. La crise qui serait occasionnée par l’utilisation de ces tests génétiques est liée à la crise des systèmes de financement de la santé et du système assurantiel.

29S’il n’existe pas une volonté politique forte de maintenir à un niveau suffisant le système solidaire d’assurance, les franges de population qui ont hérité de gènes de susceptibilité à certaines maladies risquent de subir la double peine : celle de l’infortune génétique et celle découlant de ce que la société informée de cette malchance les briderait dans la libre expression de leur citoyenneté pour l’accession à l’embauche, comme aux États-Unis où l’employeur paye l’assurance, pour les conditions d’assurance et les facilités de prêts bancaires… Progressivement, les droits de l’homme seraient remplacés par le pouvoir des gènes. Il s’agit donc d’une vraie situation critique qui remet en cause l’équilibre de nos sociétés.

30Le génie génétique a permis à la médecine de réaliser des progrès considérables non pas dans le domaine des maladies génétiques, car la thérapie génique ne donne pas encore les résultats escomptés, mais dans le traitement des maladies fréquentes. L’athérosclérose est liée à des phénomènes d’accumulation de cholestérol au niveau des artères. Des études biochimiques passant par le clonage des gènes codant les enzymes ont permis à une extraordinaire équipe de biologistes texans (Brown et Goldstein) de connaître les mécanismes de cette intégration-expulsion du cholestérol des cellules. À partir de ces travaux, ils ont développé une série de médicaments (statines) qui sont utilisés par des dizaines de milliers de personnes à travers le monde et qui engendrent un marché d’environ 8 à 9 milliards de dollars par an. La puissance du génie génétique est telle qu’il permet aujourd’hui de comprendre les mécanismes biochimiques des maladies et d’identifier des cibles qui seront utilisées dans les médicaments qui restent à trouver. Le médicament est très souvent une molécule qui modifiera l’activité d’une protéine dont le dysfonctionnement est responsable des complications pathologiques.

31Les biotechnologies, soit l’asservissement d’organismes afin qu’ils fabriquent des médicaments, des protéines ou des anticorps, sont des traitements qui ont commencé à modifier le pronostic de certains cancers graves. Il y a encore dix ou quinze ans, lorsqu’un patient souffrait d’un cancer du côlon avec des métastases hépatiques, le pronostic vital ne dépassait pas six mois. Aujourd’hui, grâce à ces nouveaux agents directement dérivés de l’utilisation des outils génétiques et à ces anticorps monoclonaux (génétiquement recombinés), la survie dépasse généralement deux ans, même en cas de cancer généralisé. Ces traitements sont donc très prometteurs. Dans de nombreuses maladies, l’outil génétique a permis de réaliser d’importants progrès et continuera de jouer ce rôle.

32Ces exemples confirment la valeur, à nulle autre égale, de la méthode du génie génétique. Cependant, cette méthode repose sur une matière première : l’ADN. Dans le domaine de la recherche génétique, on observe des stratégies de négociation avec les gouvernements afin de se voir reconnaître des droits de prospection exclusive (îles Tonga, Islande) ou des prises de brevet sur les gènes. Aujourd’hui, il existe environ une quinzaine de milliers de séquences complètes de gènes déjà brevetés et des dizaines de millions de fragments de gènes faisant l’objet de demandes de brevet. Tous les gènes humains connus font l’objet de plusieurs revendications en termes de propriété intellectuelle. Cependant, le constat est identique pour les gènes de plantes, d’agents infectieux…

33Cette situation a d’ores et déjà abouti à une crise des fondamentaux du progrès des sociétés modernes découlant de la période des Lumières et associant les droits de l’homme et le droit à la propriété. Il fallait parvenir à combiner le progrès de la société reposant sur la science et le droit à la propriété. On a ainsi inventé le système du brevet qui constitue une sorte de compromis. Il est normal que l’inventeur ait une juste rétribution de son investissement intellectuel. Le brevet lui donne par conséquent l’exclusivité temporaire sur l’utilisation de son invention. Il est toutefois normal que la société profite également de cette invention, facteur de progrès. C’est la raison pour laquelle ce brevet doit être publié, exploité et appartenir au domaine public une fois le délai d’exploitation exclusive expiré.

34À partir du moment où l’ADN a perdu son statut de connaissance d’un des facteurs gouvernant les propriétés des organismes vivants pour devenir une matière première brevetable, on a généralisé le concept de propriété intellectuelle à la connaissance elle-même. Cette conception est sans conteste révolutionnaire. Le brevet sur les électrons permettrait ainsi, selon cette logique, de percevoir des royalties pendant vingt ans sur l’électronique, l’électrolyse…Or, une telle vision est devenue une évidence chez tous les spécialistes de la propriété intellectuelle. Ses défenseurs estiment qu’elle facilite l’engagement individuel car l’espoir d’un retour sur investissement incite à entreprendre.

35De par mon expérience de directeur scientifique de Rhône-Poulenc et de membre du comité scientifique consultatif d’Aventis, je peux vous affirmer que cela est plus complexe. Il m’est arrivé, à plusieurs reprises, d’imaginer des techniques et des recherches à visée thérapeutique potentiellement très intéressantes, mais lorsqu’on tenait compte des moyens à mettre en œuvre pour mener cette recherche et des royalties à régler pour utiliser des connaissances génétiques brevetées, on arrivait à un tel risque financier que la société décidait de renoncer à ce projet. En réalité, cette conception freine la recherche.

36L’une des conséquences de ce phénomène est le renchérissement invraisemblable de l’innovation elle-même. À partir du moment où la recherche sur les médicaments fait de plus en plus appel au génie génétique, aux essais cliniques, qui sont très coûteux, et nécessite le paiement de sortes de droits de douane pour l’utilisation d’une séquence génétique brevetée, on aboutit à la mise au point de produits de santé de plus en plus inaccessibles à une proportion croissante de la société. Cette problématique constitue l’un des facteurs d’une véritable crise sanitaire mondiale. Le progrès lié au génie génétique est incontestable mais aboutit à des mécanismes économiques tels qu’il est encore plus inégalitaire que ne l’étaient auparavant les progrès thérapeutiques disponibles à des tarifs nettement inférieurs.

37L’ankylostome est un vers dont les larves se fichent dans la paroi de l’intestin et provoquent des saignements. La présence de ces larves se manifeste par des troubles digestifs sans gravité et des anémies. Des centaines de millions de personnes en Chine sont atteintes de cette maladie. Il y a une dizaine d’années, lorsque le génome de l’ankylostome a été séquencé, l’on pouvait penser qu’il permettrait de mieux comprendre les propriétés de ce parasite afin de développer des antiparasitaires plus efficaces. Toutefois, le marché des parasites chinois, considérable quant au nombre de patients, n’est pas très attractif sur le plan économique. La séquence du génome de l’ankylostome a donc été utilisée pour s’efforcer d’identifier de nouveaux anticoagulants à administrer aux malades obèses athéromateux des pays occidentaux présentant des risques de thrombose vasculaire et coronarienne. Dans ces conditions, nous sommes confrontés à un vrai problème critique aggravé par le progrès génétique.

Les illusions et les mythologies

38La revivification d’idéologies de l’exclusion constitue une crise préoccupante elle aussi. Je n’aborderai pas la question des fondements héréditaires de la pédophilie et de l’homosexualité, qui ont fait l’objet de rudes polémiques durant la période précédant les élections présidentielles. Je ne reviendrai pas non plus sur l’utilisation de la génétique afin de déterminer les familles « génétiquement authentiques », seules autorisées à se regrouper en France. Je parlerai d’un sujet plus lointain de nous qui fera par conséquent moins l’objet de différences d’appréciation politique.

39En 2005, le très célèbre journal scientifique Science publiait à quelques mois d’intervalle les articles d’un scientifique américain, Bruce Lahn. Celui-ci désirait se baser sur la connaissance de la séquence génétique du chimpanzé et de l’homme pour identifier les gènes de l’intelligence. Il s’agit d’une vision simpliste de la génétique car il existe des dizaines de millions de différences entre les deux génomes, même s’ils sont relativement proches. Il est donc impossible de déterminer le gène responsable des différences de développement cérébral entre les deux primates et naïf d’imaginer que cela pût être possible. N’arrivant pas à avancer dans cette voie, Bruce Lahn a comparé les gènes des différentes ethnies humaines. Il s’est intéressé en particulier aux gènes ASPM et microcéphalie. Lorsque la protéine codée par ces gènes est anormale ou non synthétisée, il en résulte une microcéphalie (petit cerveau) accompagnée d’un retard mental grave. En étudiant ces gènes, l’équipe de Bruce Lahn a observé dans certaines populations une modification d’un des nucléotides (A, C, G, T) de l’ADN situé à proximité, qui pourrait influencer le fonctionnement de ce gène. Elle a constaté que cette mutation est survenue il y a peu de temps (30 000 ans pour l’un des gènes et 5 000 à 7 000 ans pour l’autre). Je rappelle que la population du globe s’est constituée après le départ d’un petit groupe d’hommes d’Afrique il y a 65 000 ans. Bruce Lahn et son équipe ont constaté ces modifications chez 90% des Européens, 95% des Asiatiques et seulement 10% des Africains. Ils en ont conclu que l’évolution aboutissant à l’augmentation des capacités intellectuelles est encore en cours. En outre, avançaient-ils, ces modifications génétiques sont contemporaines de l’apparition de l’art il y a 30 000 ans et de l’évolution des grandes cités, il y a 5 000 à 7 000 ans. Le fonctionnement de notre cerveau continuera donc sans doute à s’améliorer par la sélection de nouvelles modifications génétiques. Bien entendu, l’article de Bruce Lahn sous-entend que ses recherches expliquent pourquoi les Blancs sont plus intelligents que les Noirs : ces derniers sont parvenus à un niveau de développement intellectuel inférieur aux Blancs et aux Asiatiques, avancent certains dans la ligne des préjugés racistes. À présent, il en a la preuve génétique.

40Cette affirmation publiée dans un journal tel que Science est perturbante. Par ailleurs, si l’on considère qu’une telle affirmation peut être avancée, il faudrait au moins s’assurer de sa véracité. Or, d’emblée, cet article, dans son intégralité, n’était pas crédible. Bruce Lahn n’a jamais établi de corrélation entre la présence ou l’absence de cette caractéristique génétique et le quotient intellectuel ou d’autres paramètres psychométriques. Les chiffres publiés sont ridicules car l’émergence de l’art est bien antérieure à 30 000 ans et celle des villes à 5 000 ans. En outre, l’idée que parce que la mutation des gènes microcéphalie et ASPM créent une microcéphalie, ces gènes doivent par leur activité déterminer l’intelligence est d’une très grande grossièreté intellectuelle. Si je raréfie l’oxygène dans cette pièce et que j’augmente le CO2, vous ne pourrez plus m’écouter avec lucidité et je commencerais moi-même à me répéter. Pour autant, l’oxygène n’est pas le gaz de l’intelligence. En l’absence d’oxygène, le cerveau fonctionne moins bien, car il en a besoin, c’est tout. Prétendre que ces mutations microcéphaliques marquent l’identification de gènes de l’intelligence est donc stupide. Par ailleurs, les travaux de Bruce Lahn ont été démentis dans leur totalité. Néanmoins, les résultats de ces travaux ont été publiés par Science et repris par la presse mondiale. Or, des épisodes de cet ordre, il en survient au moins une fois tous les ans.

41La conviction de la profonde inégalité entre les êtres et la volonté de civiliser ce préjugé en lui donnant cette estampille scientifique et génétique n’est pas récente. Elle alimente de nos jours, stimulée par les progrès de la génétique, une importante montée en puissance de ces illusions déterministes dont nous connaissons, y compris dans nos pays, certaines des conséquences politiques. La génétique ne fait donc pas l’objet de cette conférence unique-ment en tant que menace postcritique mais comme un acteur de crises bien réelles.

bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.14.80

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions