Prendre le Brésil comme objet d’une recherche sur le terrorisme peut sembler étonnant au premier regard. En effet, ce pays figure rarement dans l’actualité consacrée à cette forme de violence (principalement) politique ; et comme on le verra la Global Terrorism Database (GTD) inclut seulement 284 incidents de 1970 à 2018. Pourtant, et en partie en raison de cette réalité, l’étude de ce pays permet de développer une réflexion sur plusieurs thèmes d’une énorme importance pour les études sur le terrorisme. Tout d’abord le cas brésilien permet de s’interroger sur la nature et la qualité des données contenues dans la GTD et sur les critères d’inclusion et de recueil des incidents qui la caractérisent. Ensuite, les données brésiliennes obligent le chercheur à affronter deux problématiques essentielles concernant la spécificité du fait terroriste : la distinction entre terrorisme et guérilla (rurale et urbaine) ; et la difficile question du lien (ou articulation) entre terrorisme et criminalité. L’étude du Brésil, basée ici sur une démarche qui relève de l’analyse cartographique, débouche alors sur des enjeux fondamentaux pour les études sur le terrorisme, pour autant qu’elle s’inscrive dans une problématique cohérente et renvoie à des hypothèses empiriquement vérifiables.
Sans aucunement prétendre épuiser le sujet, on procèdera ici à une exploration préliminaire du sujet, dont la logique rend compte de l’organisation de cet article. Ainsi, une première partie théorique traitera de la qualité et de la spécificité des données ; suivie d’une brève discussion des limites, parfois floues, entre terrorisme, guérilla et criminalité (organisée)…