Privés de toute base populaire, AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique, et autres entités terroristes de la région) ne constituent plus une menace stratégique pour l’Etat algérien – une préoccupation sécuritaire importante certes, mais dont la gravité diminue cependant ces dernières années. Hybride criminalo-terroriste, AQMI est divisé, fragmenté et sa direction basée en Algérie ne détient plus le pouvoir de naguère. Sous la pression croissante des forces algériennes de sécurité, AQMI a dû se replier plus au sud, au Sahel, sa déclaration d’allégeance à Al-Qaïda concrétisant la régionalisation d’une organisation transformée mais affaiblie. Aujourd’hui, ses unités sahéliennes sont les plus importantes et AQMI représente une menace de sécurité majeure pour cette zone, qui constitue désormais son théâtre majeur d’opération.
Renforcer son rôle de « fournisseur de sécurité » pour le Sahel serait pour l’Algérie un vecteur légitime de politique étrangère. La tâche est cependant difficile car, dans l’immense région en cause, la lutte contre le terrorisme doit désormais intégrer l’hybridation du terrorisme et du crime. Or les groupes terroristes/criminels ayant au fil du temps émergé en Afrique sont plus difficiles à cerner et à combattre ; certes, tous sont infiltrés dans la population, mais n’en diffèrent pas moins en termes d’orientation et mission.
La présence d’éléments illégaux très actifs soumet ainsi la région à un périlleux régime de conflits civils et d’activités terroristes et/ou criminelles, toute future stratégie régionale de sécurité devant donc intégrer cette dernière dimension…