L’eau a été, et continue d’être la source de tensions en Méditerranée, les aggravant ou les diminuant, selon les cas. On touche aux limites du droit international dans son stade actuel de développement. L’auteur veut cependant lancer un message d’espoir. De fait, de nombreux facteurs semblent indiquer que l’avenir de l’eau dans la région n’est plus aussi sombre qu’avant. Parmi ces facteurs il faut mentionner les avancées technologiques considérables pour l’utilisation et la réutilisation des eaux, pour le traitement des rejets, pour le dessalement, pour une utilisation toujours plus efficace, efficiente et économique de l’eau en agriculture et dans les autres secteurs, celui du tourisme en particulier ; la multiplication des sources d’énergie peuvent laisser espérer une possibilité d’exploitation des gigantesques réserves d’eau souterraine dont bénéficie la région.
Quatre études de cas illustrent l’exposé général sur « L’eau, source de tension et de paix en Méditerranée » et correspondent en fait aux quatre stades historiques de développement du droit international de l’eau. La première étude, intitulée « le château d’eau turc (Tigre et Euphrate ; anatomie de l’Anatolie) », est le scenario parfait pour la doctrine de la souveraineté territoriale absolue ; la seconde étude “Le réceptacle égyptien (nihilisme sur le Nil)” met en exergue la doctrine de l’intégrité territoriale absolue ; la troisième, “L’eau dans le conflit israélo-palestinien (la mer Morte assassinée)” est le récit de la désespérément longue marche vers l’acceptation d’une souveraineté et d’une intégrité limitées pour la venue du principe d’utilisation raisonnable et équitable de la ressource, alors que la quatrième étude de cas, intitulée “Les grands aquifères sahariens (l’alibi libyen) » montre que l’abondance retrouvée de la ressource peut dans une certaine mesure laisser croire aux États concernés qu’ils peuvent être dispensés d’une application stricte du droit international, sans pour autant refuser de coopérer.
Cet article est la transcription révisée et mise à jour d’une conférence donnée par l’auteur à l’Institut d’etudes politiques de Paris (campus de Menton), le 26 mars 2012, sur le thème « L’eau et les tensions en Méditerranée ».
Water has been at the center of political tensions in the Mediterranean Region, fuelling or softening them, depending on the circumstances. The limits of international water law in its present stage of development are shown. The overall message is nevertheless one of hope. Indeed, various factors seem to indicate that the water future in the region is not as gloomy as it used to be. Chief among these factors is the breakthrough in the development of more economic and effective technologies for water use and re-use, for the treatment of sewage, and for desalination ; more efficient cultivation and supply techniques ; abundant energy in the region ; and huge aquifers.
The general exposé on “Water, a source of tension and of peace in the Mediterranean Region” is illustrated with four specific case studies that correspond, in fact, to the various stages of development of international water law. The first case study entitled “The Turkish Water Tower – Anatomy of Anatolia” is devoted to the twin river basins of the Tigris and Euphrates, a classical set-up for the doctrine of absolute territorial sovereignty over water resources ; the second case study, “The Egyptian Collector – Nihilism on the Nile,” is on the Nile River where the doctrine of absolute territorial integrity has made history ; the third case study, “Water in the Israeli-Palestinian Conflict – the Dead Sea has been killed,” is an account of the desperately long march towards an acceptance of a limited territorial sovereignty and integrity for the possible emergence of an equitable and sustainable sharing of the resource ; the last case study deals with “The Great Saharan Aquifers – A Libyan Alibi” where the new abundance of the resource seems to bestow the states concerned with a strict application of international law. Yet, the need for cooperation is felt.
The article is the revised, updated transcription of a conference delivered at the Institut d’etudes politiques de Paris (campus de Menton) on the subject “L’Eau et les tensions en Méditerranée”, on 26 March 2012.