Couverture de SDES_021

Article de revue

Le spanglish : un outil de résistance aux États-Unis ?

Pages 105 à 114

Notes

  • [1]
    Miguel de Cervantes, « Don Quixote de la Mancha », traduit en spanglish par Ilan Stavans, Spanglish, the making of a new American language, New York : Rayo, 2003, p. 258.
  • [2]
    Ils étaient 35,5 millions, soit 12,5 % du total de la population états-unienne lors du recensement en 2000.
  • [3]
    Les Hispaniques présentent effectivement le taux de fécondité le plus élevé parmi les différentes composantes ethniques de la société États-Unienne. Leur indice de fécondité est de 2,4 alors qu’il est de 2,1 pour les Noirs et de 1,8 pour les Asiatiques et pour les Blancs. Cf. Philippe Bernard, « États-Unis, le big-bang ethnique », Le Monde, 29 août 2012.
  • [4]
    Le Pew Hispanic Center a évalué le degré de monolinguisme et de bilinguisme chez trois générations d’Hispaniques. La première génération est principalement hispanophone (61 %), même si une bonne partie se déclare bilingue (33 %). Seul 6 % de cette première génération sont principalement anglophones, un groupe composé certainement de locuteurs qui sont arrivés sur le territoire lorsqu’ils étaient enfants. La deuxième génération se partage entre le bilinguisme (53 %) et le monolinguisme en anglais (40 %). Seul 8 % de ces locuteurs se déclarent principalement hispanophones. Quant à la troisième génération, elle est principalement anglophone (69 %), même si 29 % se déclarent bilingues. Parmi ce groupe générationnel 1 % des locuteurs se déclarent principalement hispanophones. Cf. Paul Taylor, Mark Hugo Lopez, Jessica Martínez, Gabriel Velasco, When Labels Don’t Fit : Hispanics and Their Views of Identity, 4 avril 2012, Pew Hispanic Center, disponible en ligne http://www.pewhispanic.org/files/2012/04/PHC-Hispanic-Identity.pdf, Fig. 3.4, consulté le 22 août 2013.
  • [5]
    Tió, Salvador, 1954, « Teoría del espanglish », A fuego lento, cien columnas de humor y una cornisa, Rio Piedras : University of Puerto Rico, 1954, pp. 60-65.
  • [6]
    Roamé Torres-González, Idioma, bilingüismo y nacionalidad : la presencia del inglés en Puerto Rico San Juan : Universidad de Puerto Rico, 2002, p. 96.
  • [7]
    « Espiblas Espanglish ? – Yi, Minor. Espiblas de speak y hablas. Yi de yes y sí ; Minor de Mister y señor ». Ibid.
  • [8]
    Rose Nash, « Spanglish : language contact in Puerto Rico », American Speech 45, 1970, p. 223-25.
  • [9]
    C’est le terme employé pour désigner ces Portoricains et leurs descendants qui se sont installés à New York. Historiquement l’immigration portoricaine est cyclique, grâce à leur statut particulier qui en fait des citoyens américains. Du fait de ces facteurs sociologiques, les Newyoricans ont un taux d’assimilation à l’anglais plus élevé que d’autres groupes migratoires et il n’est donc pas anodin que le spanglish soit né au sein de ce groupe. Selon le bureau du recensement états-unien, si 76 % des Hispaniques états-uniens parlent une autre langue que l’anglais dans leur domicile, ce taux est variable selon la nationalité : chez les Dominicains il s’élève à 91,9 % et chez les Portoricains il est de 66,2 %, soit le plus bas au sein du groupe ethnique. Cf. U.S. Census Bureau, People Who Spoke a Language Other Than English at Home by Hispanic Origin and Race : 2009, octobre 2010, Table 2, disponible en ligne sur <http://www.census.gov/prod/2010pubs/acsbr09-19.pdf>, consulté le 27 octobre 2017.
  • [10]
    Le caló pachuco est un argot caractérisé par l’utilisation créative du lexique et de la syntaxe de l’espagnol mexicain et de l’anglais. Il s’agit également d’un mouvement culturel associé aux Mexicains des états de la frontière (Texas, New Mexico et Los Angeles) qui portaient le zoot suit. Par la suite le terme a été associé aux membres des gangs mexicains (cf. Oxford, s.v. pachuco).
  • [11]
    Terme qui désigne aux États-Unis les mexicains-américains. « (In North America) a person of Mexican origin or descent […] Origin : Mexican Spanish, alteration of Spanish mejicano ». (Cf. Oxford s.v. chicano). Il s’agit d’un mouvement culturel militant avec de nombreuses contributions littéraires.
  • [12]
    Ilan Stavans, Spanglish, the making of a new American language, New York : Rayo, 2003.
  • [13]
    « La rencontre verbale entre la civilisation hispanique et l’anglo-saxonne ». Ilan Stavans, Spanglish, the making of a new American language, New York : Rayo, 2003, p. 5.
  • [14]
    « La langue utilisée par les Latinos – le spanglish, dans tout son potentiel, la lingua franca – […] a été l’un des phénomènes les plus intéressants des deux dernières décennies. L’interface entre l’espagnol et l’anglais, la juxtaposition de deux manières d’être, de penser et de rêver à travers le discours ».
  • [15]
    Ilan Stavans, Harold Augenbraum, New York : Mariner Books, 2006, p. xiv.
  • [16]
    « Pourquoi spanglish ? Il n’y a pas de meilleure métaphore pour exprimer ce que signifie une culture de mélanges raciaux qu’une langue mixte, un code informel […] le spanglish est ce que l’on parle, comment on vit, et comment on conçoit le monde ». Ed Morales, Living in Spanglish : the search for latino identity in America, New York : St. Martin’s Press, 2002, p. 3.
  • [17]
    « Ils parlaient l’argot hybride connu sous le nom de spanglish – la langue de choix d’un grand nombre d’Hispaniques-américains qui voient le trait d’union dans leur héritage, comme une métaphore de deux mondes coexistants ». Lizzette Álvarez, « It’s the talk of Nueva York : the hybrid called spanglish », The New York Times, 1997.
  • [18]
    « La langue résultante du métissage entre l’espagnol et l’anglais, connue sous le nom de spanglish, est parlée par plus de 25 millions de personnes des deux côtés de la frontière entre le Mexique et les États-Unis, une zone dans laquelle vivent près de 40 millions de Latinos. La plupart d’entre eux utilise des variations de ce dialecte, qui change selon le pays d’origine de celui qui l’utilise, comme le cubonics de Miami, le nuyorrican des Portoricains de Manhattan et le caló pachuco de San Antonio ». Joaquim Ibarz, « In un placete de La Mancha », El Espectador (Bogotá), 13 juillet 2002, [version en ligne].
  • [19]
    « Ce qu’il se passe aujourd’hui aux États-Unis c’est que beaucoup d’H immigrés, par méconnaissance de l’anglais, utilisent ce qu’on appelle « code switching », une alternance de codes où, sur la base syntaxique de l’espagnol, ils intègrent des termes en anglais ». Caridad Santana, « Entrevista a Víctor García de la Concha, director de la Real Academia Española », dans Don Quijote – Blog Spanish Teaching <www.spanish-teaching.com/2006/12/entrevista-a-victor-garcia-de-la-concha-director-de-la-real-academia-espanola>, consulté le 25 janvier 2012.
  • [20]
    Xosé Castro, « Espanglish en Internet y en la computación/informática », dans El castellano <www.elcastellano.org/spnglis2.html>, consulté le 7 avril 2012.
  • [21]
    « La triste réalité c’est que le Spanglish est principalement la langue des H pauvres, souvent illettrés dans les deux langues. Ils incorporent des constructions et des mots anglais dans leur parler quotidien car ils ne possèdent pas le vocabulaire ou l’éducation en espagnol pour s’adapter au changement culturel qui les entoure ». Roberto González-Echeverría, « Is spanglish a language ? », The New York Times, 28 mars 1997. Si les réactions des lecteurs à cet article sont encore sur le site internet du journal, l’article lui-même n’apparaît nulle part sur le site et a peut-être été renié par son auteur ou par le journal. Cf. « Margins of Spanglish », The New York Times, 2 avril 1997, <http://www.nytimes.com/1997/04/02/opinion/l-margins-of-spanglish-396567.html>, consulté le 26 août 2013. J’ai pu accéder au texte intégral de cet article sur une autre page web : Roberto González Echevarría, Is « Spanglish » a language ?, disponible en ligne, <http://www.ampersandcom.com/GeorgeLeposky/spanglish.htm>, consulté le 26 août 2013.
  • [22]
    21,9 % vivent sous le seuil de pauvreté, contre 9,8 % des Blancs et 26,9 % des Noirs. Cf. Antonio Flores, Gustavo López, Jynnah Radford, Facts on U.S. Latinos, 2015. 18 septembre 2017, Pew Hispanic Center. Disponible en ligne : http://www.pewhispanic.org/2017/09/18/facts-on-u-s-latinos-trend-data/. [Consulté le 20 octobre 2017]
  • [23]
    « L’espanglish [sic.] ou l’engliñol ont été et demeurent des problèmes normaux dans les communautés où coexistent des hispanophones et des États-Uniens ; des communautés où les locuteurs sont monolingues et ont besoin de communiquer entre eux. Une personne hispanophone prend des mots de l’anglais dont elle comprend le sens et l’espagnolise. […] Dans tous les cas je pense, je calcule et j’estime que l’espanglish est un problème temporaire et passager, et que tout reviendra à la normale dès que les nouvelles générations d’hispanophones aux États-Unis reconnaîtront et apprécieront l’avantage qu’implique le bilinguisme ; lorsqu’ils sauront et constateront qu’un bilingue en vaut deux ». Odón Betanzos Palacios, « El español en Estados Unidos : problemas y logros », II Congreso internacional de la lengua española, Valladolid : Instituto Cervantes, 2001. Disponible en ligne : <http://congresosdelalengua.es/valladolid/ponencias/unidad_diversidad_del_espanol/3_el_espanol_en_los_EEUU/betanzos_o.htm>, consulté le 26 août 2013.
  • [24]
    Le spanglish est une étiquette qui désigne un espagnol qui présente beaucoup de transferts de l’anglais sur le plan lexical ainsi que des cas d’alternance de codes entre l’espagnol et l’anglais. […] Il n’existe pourtant pas de « système » linguistique, mais des situations communicatives spécifiques où chaque locuteur crée des expressions ad hoc. Humberto López Morales, La aventura del español en América, Madrid : Espasa Calpe, 2005, p. 169.
  • [25]
    Sociolinguística y pragmática del español, Washington D.C. : Georgetown University Press, 2001, p. 301-02.
  • [26]
    W. Milan, « Spanish in the inner city : Puerto Rican speech in New York », Bilingual Education for Hispanic Students in the United States, New York : Columbia University : Teachers College, 1982, p. 202.
  • [27]
    Ana Celia Zentella, Growing up bilingual, Malden, Massachusetts : Blackwell Publishers, 1997, p. 270.
  • [28]
    « Le terme [spanglish] contribue à priver les Latinos des États-Unis, aux yeux des hispanophones et de la population majoritaire, d’une de leurs plus importantes possessions, la langue espagnole. En conséquence, le vocable spanglish contribue à placer les h dans une position d’infériorité en termes de pouvoir et d’influence, puisqu’on les voit comme un peuple aglotte, qui ne parle ni l’anglais ni l’espagnol » Ricardo Otheguy, « La filología y el unicornio », La incidencia del contexto en los discursos, Valencia : Universidad de Valencia, 2007, p. 17.
  • [29]
    « Si nous voulons désigner correctement ce parler, nous devons écarter le terme espanglish et le remplacer simplement par « espagnol populaire des États-Unis », en le considérant comme parallèle aux variétés populaires de l’espagnol parlées sur toute l’extension de son territoire ». Ricardo Otheguy, « El llamado spanglish », Enciclopedia del español en los Estados Unidos, Madrid : Instituto Cervantes, Santillana, 2008, p. 222- 243, p. 222.
  • [30]
    « Il me semble que l’espagnol des États-Unis n’est pas l’équivalent de l’espagnol populaire du Mexique ou de l’espagnol populaire de Porto Rico, puisqu’il ignore le rôle de l’oppression linguistique vécue par les hispanophones dans ce pays. Ces emprunts et ces formes syntaxiques ne sont pas libres, mais font partie d’une oppression dans un pays où l’espagnol n’est pas la langue dominante, est la langue dominée et où il existe des lois et des pratiques d’oppression dans toutes les communautés. Le mot spanglish capte ce conflit et cette oppression. Nous attribuer une étiquette telle que « espagnol populaire des États-Unis » efface ce conflit ». Ricardo Otheguy, Ana Celia Zentella, « Debate about the term “Spanglish”, 22nd conference on Spanish in the United States », dans Kimberly Potowski, University of Illinois at Chicago, <www.potowski.org/debate-spanglish>, consulté le 26 janvier 2012.
  • [31]
    Ana Celia Zentella, Growing up bilingual, Malden, Massachusetts : Blackwell Publishers, 1997, p. 82 ; John Lipski. Varieties of Spanish in the United States. Washington, DC : Georgetown University Press, 2008, p. 38.
  • [32]
    Ricardo Otheguy, Nancy Stern, « Scholars and citizens », Anthropology News, 2 décembre 2013
  • [33]
    « Emploient une langue fusion connue sous le nom de « spanglish » qui mélange des mots des deux langues » cf. Pew Hispanic Center. Between Two Worlds : How Young Latinos Come of Age in America. Washington, D.C. : [En ligne], décembre 2009, § Language Use.
  • [34]
    Aura Lemus. Spanglish. Les variations linguistiques dans l’espagnol des États-Unis. Thèse de doctorat soutenue le 16 décembre 2013. Université Paris-Sorbonne, 2013 [En ligne].
  • [35]
    Academia Norteamericana de la Lengua Española (ANLE). Hablando bien se entiende la gente. Doral, Florida : Santillana, 2010 ; Hablando bien se entiende la gente 2. New York, Doral : Aguilar, Santillana USA, 2014.
  • [36]
    Shana Poplack, « Sometimes I’ll start a sentence in Spanish y termino en español : toward a typology of code-switching. » Linguistics 18 1980 : 581-618.
  • [37]
    Ana Celia Zentella, op.cit., p. 92.
  • [38]
    Aura Lemus. Spanglish. Les variations linguistiques dans l’espagnol des États-Unis. Thèse de doctorat soutenue le 16 décembre 2013. Université Paris-Sorbonne, 2013. Patrick Balkany, plus protégé par son immunité parlementaire depuis mars 2015, a de nouveau été mis en examen, le 15 janvier 2017, pour déclarations mensongères sur son patrimoine auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
« El nombre era musical to his oídos, fuera de lo ordinario y significante ». [1]

1Le terme spanglish fait référence à la stratégie linguistique employée par les locuteurs bilingues qui consiste à faire des allers-retours entre l’anglais et l’espagnol, en faisant preuve d’une double compétence linguistique et d’une capacité à utiliser les deux langues pour marquer et revendiquer leur appartenance à une communauté linguistique et culturelle…

2Depuis quelques années déjà, la présence hispanique aux États-Unis suscite l’enthousiasme pour certains, l’inquiétude pour d’autres. Les H représentent aujourd’hui plus de 56.5 millions soit 17,6 % [2] de la population totale du territoire états-unien. Cet étonnant développement démographique relève non seulement de l’immigration mais aussi du taux de natalité de cette composante de la population états-unienne [3].

3Maints éléments distinguent ces Hispaniques – leur pays d’origine, leur profil socioculturel, leur origine raciale, les raisons de leur présence aux États-Unis –, mais c’est la langue espagnole qui les définit le mieux, malgré les différences d’accents et les particularités lexicales et syntaxiques propres à leur variété diatopique.

4Si l’on considère que la langue forge l’identité culturelle, les locuteurs hispaniques états-uniens se retrouvent embarrassés dans une société où la langue dominante est l’anglais, l’espagnol étant la langue récessive et cantonnée à la sphère familiale.

5Paradoxalement c’est aussi une société où l’espagnol occupe de plus en plus de domaines et comporte des valeurs identitaires et culturelles fortes. Ainsi, bien que la plupart des immigrants de première génération parlent principalement l’espagnol, la troisième génération, née et élevée sur le sol états-unien, parle principalement l’anglais. Au sein de cette génération, très peu de personnes sont bilingues ou hispanophones. Et, entre la première et la troisième génération, la deuxième se partage entre le bilinguisme et le monolinguisme en anglais [4]. Ce contexte social caractérisé par le bilinguisme et l’acculturation a donné lieu à une croyance largement répandue : les Hispaniques états-uniens parlent une langue hybride appelée spanglish, un mélange d’anglais et d’espagnol.

6Lorsqu’on scrute avec attention ce signifiant, on s’aperçoit que le vocable spanglish constitue de l’espagnol anglicisé. Cette constatation découle de sa sonorité anglophone ; sa terminaison en -ish caractérise les substantifs anglais désignant des langues. Quand bien même il a été parlé à plusieurs reprises d’inglañol ou d’espanglés, c’est le vocable anglais qui a réussi à s’imposer de manière définitive dans la sphère sociale et intellectuelle. Un choix logique, puisque la problématique sociolinguistique en question est avant tout un concept anglophone, conçu et exploité par des anglophones. Comme tout concept, le spanglish est une idée artificielle qui a servi différents desseins ; à plusieurs reprises le vocable a contribué à dénigrer la population hispanique états-unienne et sa manière de parler, mais il a été également revendiqué par certains comme un symbole identitaire. Ainsi, le spanglish évoque tour à tour des questions linguistiques, culturelles, sociales et politiques. Une lecture diachronique des définitions attachées à ce signifiant, nous permettra de mieux appréhender son signifié et ses implications pour les Hispaniques dans la société états-unienne d’aujourd’hui.

Les origines de l’appellation

7C’est au journaliste portoricain Salvador Tió que l’on doit cette appellation, dont la création s’est inscrite dans une démarche condamnatoire de l’espagnol truffé d’anglicismes parlé par les Portoricains dans les années 1950 [5] ; une conséquence du bilinguisme pratiqué sur l’île qui, selon lui, mettait en péril la continuité de l’espagnol. En effet, Porto Rico est un protectorat états-unien depuis la fin de la guerre Hispano-États-Unienne en 1898, année qui a marqué le début d’une série de mesures d’acculturation linguistique notamment à travers l’éducation anglophone impartie dans les écoles [6]. Dans son article, Tió s’interroge sur l’apparition d’une nouvelle langue appelée « spanglish », à cheval entre l’anglais et l’espagnol et dont la principale stratégie consistait à créer des mots hybrides de manière aléatoire [7]. Le spanglish représente pour Tió une étape de transition vers un monolinguisme anglais. Ses écrits, empreints d’un certain militantisme, dénoncent l’imposition de l’anglais dans la société portoricaine. Il souligne tout de même que cette nouvelle langue née d’un choc culturel constitue un pont entre la culture états-unienne et la culture portoricaine.

8Si à l’origine, le terme spanglish avait pour but de dénoncer l’anglicisation de l’espagnol portoricain, on a commencé par la suite à l’associer au parler des Hispaniques vivant sur le territoire états-unien. Dans les années 1970, Rose Nash [8] emploie le vocable pour désigner une « variété linguistique hybride » ou bien la langue maternelle des Newyoricans[9] lorsqu’ils rentraient à Porto Rico.

9Dès ses origines, le terme véhicule l’idée de la création d’une nouvelle langue et porte un sens péjoratif, une connotation dont il ne pourra pas se défaire dans les années suivantes. Si le spanglish désigne d’abord l’espagnol truffé d’anglicismes des Portoricains new-yorkais qui se sont assimilés à la culture anglo-saxonne, avec le temps, son emploi s’est étendu à d’autres aires géographiques caractérisées par un contact culturel et linguistique entre des populations hispanophones et anglophones. Ainsi, l’appellation en est venue à désigner de façon générale le parler des Hispaniques états-uniens, aux dépens d’autres vocables moins généraux comme le caló pachuco[10] ou le chicano[11], deux termes qui désignaient des mouvements culturels et linguistiques dans la frontière mexicaine-états-unienne.

10Or, le terme est souvent associé à la publication de la traduction du premier chapitre du Don Quichotte en spanglish[12]. C’est avec cette traduction qu’Ilan Stavans, professeur de littérature d’origine mexicaine, a mis sous les feux des projecteurs un phénomène linguistique jusqu’alors ignoré en dehors des frontières états-uniennes. Écrivains, politologues, historiens et sociolinguistes du monde hispanique ont été scandalisés par cette traduction qui a pourtant le mérite d’avoir contribué à encourager les recherches sur la langue parlée par les Hispaniques aux États-Unis.

11Par spanglish, l’auteur entend la nouvelle langue américaine issue de la rencontre entre la culture hispanique et la culture anglo-saxonne : « The verbal encounter between Anglo and Hispano civilizations » [13] ; une « lingua franca » qui faciliterait les échanges entre les populations anglophones et hispanophones :

12

« The language used by Latinos – Spanglish, in all its potentials, the lingua franca, […] has been one of the most interesting phenomena in the last couple of decades : the interface between el español and English, the juxtaposition of ways of being and thinking and dreaming through speech » [14]

13De plus, I. Stavans refuse de réduire le spanglish à un phénomène purement linguistique et souligne le caractère identitaire et culturel de cette appellation [15].

14D’autres partagent cet avis. Selon les journalistes Ed Morales et Lizzette Álvarez le terme définit non seulement la nouvelle langue hybride des Hispaniques états-uniens mais aussi leur identité culturelle mixte :

15

Why Spanglish ? There is no better metaphor for what a mixed-race culture means than a hybrid language, an informal code […] Spanglish is what we speak, but it is also who we Latinos are, and how we act, and how we perceive the world [16].

16

…[they] were speaking the hybrid lingo known as Spanglish – the language of choice for a growing number of Hispanic-Americans who view the hyphen in their heritage as a metaphor for two coexisting worlds [17].

17Pourtant, malgré leur sens poétique et leur enthousiasme, ces définitions sont dépourvues de rigueur scientifique. Il s’agit d’ouvrages et d’articles journalistiques dont le but est fondamentalement ludique et qui font preuve d’un certain militantisme.

18Par ailleurs, certains journalistes n’hésitent pas à attribuer à ce système linguistique des locuteurs natifs :

19

La lengua resultante del mestizaje entre español y el inglés conocida como « spanglish » es hablada por más de 25 millones de personas a ambos lados de la frontera entre México y Estados Unidos, zona en la que residen cerca de 40 millones de latinos. La mayoría usa formas diferentes de este dialecto, que cambia según el país de origen de quien lo utiliza, como el cubonics de Miami, el nuyorrican de los puertorriqueños de Manhattan y el caló pachuco de San Antonio [18].

20Au-delà du chiffre arbitraire qui attribue au spanglish 25 millions de locuteurs, cet article établit une distinction entre les différentes manières de parler ce « dialecte » selon le groupe concerné. Le spanglish cubonic concernerait la population cubaine de Miami, le spanglish newyorican, le parler des Portoricains new-yorkais et le spanglish caló pachuco, le parler des Mexicains du Sud-ouest états-unien. Ainsi, le spanglish apparaît comme une appellation généralisatrice qui vient effacer les particularités linguistiques et culturelles de chaque groupe migratoire, qui ne parlent plus différentes variétés de l’espagnol déterminées par leur origine et leur histoire commune, mais un système hybride à mi-chemin entre l’anglais et l’espagnol.

21Cet enthousiasme autour de la question du spanglish ne trouve pas d’écho auprès de certains puristes du langage. C’est le cas de Víctor García de la Concha, à l’époque directeur de la Real Academia de la Lengua Española, qui déclare que le spanglish désigne une alternance de codes dont le but est de pallier un manque de vocabulaire :

22

Lo que está ocurriendo hoy en los Estados Unidos es que muchos de los hispanos que emigran hacia allí, por desconocimiento del inglés utilizan lo que técnicamente se llama un « code switching », una conjugación de códigos en el que sobre la pauta sintáctica del español incrustan términos ingleses [19].

23Selon cette définition un peu simpliste, il s’agit d’un discours principalement hispanophone avec des alternances en anglais, employé par les Hispaniques qui ne parlent pas l’anglais. Il associe donc le spanglish à une incompétence linguistique.

24Il n’est pas le seul dans cette démarche, en fait, ils sont nombreux à réduire le spanglish à une stratégie pour pallier des lacunes linguistiques chez les immigrés de première génération [20]. C’est l’argument avancé par Roberto González-Echeverría qui voit dans le spanglish la langue des Hispaniques pauvres et illettrés :

25

The sad reality is that Spanglish is primarily the language of poor Hispanics, many barely literate in either language. They incorporate English words and constructions into their daily speech because they lack the vocabulary and education in Spanish to adapt to the changing culture around them [21].

26Ce type d’arguments a contribué à répandre l’idée selon laquelle le spanglish est le résultat d’un apprentissage incomplet de l’espagnol et de l’anglais ; un stéréotype qui assimile les immigrés à des personnes illettrées et qui contribue à maintenir les Hispaniques dans des situations qui ne favorisent pas leur développement économique et social [22]. Mais au-delà du caractère stigmatisant de ces propos, il en ressort que pour beaucoup le spanglish est une stratégie communicative employée par les Hispaniques immigrés qui apprennent l’anglais. Le spanglish serait donc un phénomène d’interlangue : le système intermédiaire des apprenants d’une deuxième langue.

27Il s’agit ici d’une opinion véhiculée par l’ancien directeur de l’Academia Norteamericana de la Lengua Española qui souligne le caractère ponctuel et temporaire de ce qu’il considère comme un « problème » chez les locuteurs hispanophones qui adaptent des mots anglais à l’espagnol pour des besoins communicatifs :

28

El espanglish y el engliñol han sido y son dos problemas normales en comunidades donde conviven los de lengua española y los estadounidenses, comunidades en las que sus hablantes son monolingües y tienen necesidad de comunicarse. El de lengua española ha recogido palabras del inglés, de las que entiende su significado y sencillamente las españoliza […]
De todas maneras pienso, calculo, estimo, que el espanglish es un problema temporal, pasajero y todo vendrá a su cauce normal cuando nuevas generaciones de hispanohablantes en Estados Unidos reconozcan y aprecien la bendición del bilingüismo, al saber y comprobar que un bilingüe vale por dos [23].

29Pourtant, depuis une quinzaine d’années, le spanglish demeure un sujet de débat parmi les linguistes et académiciens, démontrant par là la vitalité du phénomène, surtout dans les nouvelles générations d’Hispaniques.

30Si l’ANLE reste vague en ce qui concerne la nature du phénomène, cette prudence n’est pas partagée par d’autres académiciens, comme Humberto López Morales, qui emploie le terme pour faire référence à des instances communicatives :

31

El spanglish es una etiqueta utilizada para señalar un español muy transferido en el plano léxico, por el inglés, y además, a situaciones de alternancia de códigos entre el español y el inglés. […] No existe por lo tanto un « sistema » lingüístico, sino situaciones comunicativas específicas, en las que cada hablante actualiza e incluso crea expresiones ad hoc[24].

32Le spanglish est alors un ensemble de stratégies linguistiques (l’alternance de deux langues, l’emploi de mots hybrides) qui varient selon la situation communicative. Il ne voit pas dans le phénomène une quelconque systématicité qui lui vaudrait d’être considéré comme un système linguistique stable. En revanche, d’autres chercheurs reconnaissent bel et bien dans le phénomène l’existence d’un système ; une variété diatopique de l’espagnol standard. C’est dans ce contexte que Carmen Silva-Corvalán définit le spanglish comme un dialecte anglicisé de l’espagnol [25] :

33

Se han acuñado varios términos peyorativos para referirse a estos dialectos anglicados del español : « Tex-Mex », « border lingo », « pocho », « Spanglish », junto al más neutral « U.S. Spanish » (« español de los Estados Unidos »), término obviamente preferible.

34L’auteur assimile le spanglish à une variété de l’espagnol standard et déconseille l’usage de cette appellation et d’autres vocables connotés péjorativement. Avec cette définition elle légitime une variété dialectale espagnole propre au territoire états-unien. Il s’agit ici d’une vision largement répandue chez les linguistes hispanistes états-uniens qui militent pour la reconnaissance d’une variété d’espagnol propre aux États-Unis.

Spanglish ou espagnol états-unien ?

35Parallèlement au débat sur la nature du phénomène, on assiste à l’émergence d’une polémique autour de son appellation ; les deux questions sont intrinsèquement liées. Les chercheurs brandissent tour à tour des arguments pour ou contre l’emploi du terme spanglish, dont la plupart sont de nature politique.

36Ainsi, l’utilisation de cette terminologie, attachée aux stéréotypes abordés ci-dessus, aurait des répercussions négatives pour la communauté hispanique dans le domaine de l’éducation [26] et participerait à la discrimination systémique de la population hispanique dans la société états-unienne [27] :

37

El término [spanglish] contribuye a que, ante los ojos de otros hispanohablantes, y a los ojos de la población mayoritaria, los latinos de EEUU se vean privados de uno de sus grandes posesiones, que es el hablar español. Como consecuencia, el vocablo spanglish contribuye a seguir colocando a los latinos en las posiciones de menor poder y de menor influencia en la sociedad, pues se les ve como un pueblo áglota que habla spanglish, o sea que no habla ni inglés ni español [28].

38Mais au-delà des considérations sociologiques, R. Otheguy considère également qu’il ne s’agit que d’une variété de l’espagnol qui ne mérite pas une appellation particulière car elle serait équivalente aux variétés de l’espagnol parlées sur tout le territoire hispanophone :

39

Si queremos referirnos con propiedad a esta habla […] tenemos que descartar el término espanglish y remplazarlo, simple y sencillamente por « español popular de los Estados Unidos », visto lisa y llanamente como paralelo a […] las variantes populares del español en sus muchos y extensísimos territorios [29].

40Or, cette comparaison avec d’autres variétés de l’espagnol ne fait pas consensus au sein de la communauté de linguistes hispaniques aux États-Unis. D’une part, ils considèrent la particularité anglicisante des variations présentes dans le lexique des locuteurs et, d’autre part, attribuent à l’appellation spanglish un caractère militant nécessaire à l’avancement de la cause des Hispaniques aux États-Unis :

41

Me parece que el español de los Estados Unidos no es igual al español popular de México, no es igual al español popular de Puerto Rico, porque ignora el rol de la opresión lingüística por la que han pasado los hispanohablantes en este país. Estos préstamos y estas formas sintácticas no son de una forma tan libre, sino que son parte de una opresión en un país donde el español no es el idioma dominante, es el idioma subordinado y donde hay leyes y prácticas en todas estas comunidades de opresión. La palabra spanglish capta ese conflicto y esa opresión. Ponernos una etiqueta como « el español popular de los Estados Unidos » borra ese conflicto [30].

42Ainsi, l’appellation permettrait de rallier les Hispaniques états-uniens autour du débat politique sur le statut de la communauté hispanique aux États-Unis [31].

43Le poids des considérations politiques impliquées dans la caractérisation et dans l’appellation du phénomène constitue le point commun à toutes ces définitions avancées par les linguistes hispanistes états-uniens, qui considèrent, pour certains, qu’il est de leur devoir d’agir en tant que citoyens engagés dans la lutte contre les discriminations envers les Hispaniques [32]. Dans les cas où les chercheurs avancent une explication linguistique, on remarque une grande diversité de stratégies linguistiques évoquées. Ainsi, le mot spanglish est devenu une sorte de « tiroir fourre-tout » qui sert à désigner plusieurs stratégies linguistiques : l’alternance de codes employée par les locuteurs bilingues, l’interlangue des immigrés qui apprennent l’anglais et l’espagnol au lexique anglicisant employé par les hispanophones qui vivent aux États-Unis.

44Or, il me semble que dans tous ces débats, on a oublié de rendre à César ce qui est à César ; de donner la parole à ceux qui font vivre la langue quotidiennement : les locuteurs. Cela nous permettrait peut-être de trancher une bonne fois pour toutes sur ce qui revient au spanglish et ce qui revient à l’espagnol des États-Unis.

La parole des locuteurs

45C’est dans cette démarche que le Pew Hispanic Center a interrogé des locuteurs hispaniques sur leur choix linguistique dans le domaine social et familial. Selon ce sondage 70 % des jeunes « use a fusion tongue known as « Spanglish » that mixes words from both languages » [33]. Il s’agit ici d’un sondage qui confirme mes propres conclusions sur le sujet. Au cours des entretiens que j’ai réalisés dans le cadre de mes recherches sur l’espagnol états-unien, [34] les locuteurs ont reconnu le spanglish comme l’alternance de l’anglais et de l’espagnol dans des contextes familiaux, même si parfois ils condamnaient son emploi, mais également comme un symbole identitaire. Mes recherches m’ont permis également de mieux cerner les caractéristiques et la vitalité de l’espagnol employé par les locuteurs hispaniques de première et de deuxième génération aux États-Unis. La cohésion de cet espagnol est assurée par l’arrivée constante de nouveaux immigrés, par une conscience de plus en plus accrue de l’importance de posséder une deuxième langue et par l’Academia Norteamericana de la Lengua Española, qui veille à sa continuité et à sa légitimité [35].

46Ainsi le terme spanglish fait référence à la stratégie linguistique employée par les locuteurs bilingues qui consiste à faire des allers-retours entre l’anglais et l’espagnol, en faisant preuve d’une double compétence linguistique [36] et d’une capacité à utiliser les deux langues pour marquer et revendiquer son appartenance à une communauté linguistique et culturelle [37]. Ce terme permet de renvoyer aux diverses problématiques culturelles et sociales qui concernent la population hispanique états-unienne ; des enjeux liés à leur statut social et à leur situation socio-économique, à l’écart linguistique qui sépare la première de la deuxième génération mais surtout à leur bilinguisme et bi-culturalité. L’espagnol des États-Unis est, quant à lui, la variété d’espagnol parlée par les locuteurs d’origine hispanique de première, deuxième et troisième génération qui vivent de manière permanente aux États-Unis. Cet espagnol états-unien présente des caractéristiques propres à une variété diatopique de l’espagnol, avec ses particularités lexicales et syntaxiques liées à la situation de contact avec l’anglais mais qui ne font certainement pas du système une nouvelle langue hybride. La profusion de variations lexicales anglicisantes constatées dans cette variété diatopique révèle la capacité de la langue à s’auto-renouveler en s’adaptant à un nouveau contexte social sans que cela affecte sa cohésion ou son référencement à l’espagnol standard [38].

47Aujourd’hui le contexte politique des États-Unis rend plus que nécessaire un ralliement contre les discriminations institutionnelles qui menacent l’intégrité et la permanence des Hispaniques sur le territoire états-unien. Dans ce contexte, le spanglish et l’espagnol des États-Unis se posent comme des outils de résistance d’une communauté pluriculturelle et plurilinguistique.

Bibliographie

Bibliographie

  • Academia Norteamericana de la Lengua Española (ANLE). Hablando bien se entiende la gente. Doral, Florida : Santillana, 2010.
  • Academia Norteamericana de la Lengua Española (ANLE). Hablando bien se entiende la gente 2. New York, Doral : Aguilar, Santillana USA, 2014.
  • Álvarez, Lizzette. « It’s the talk of Nueva York : the hybrid called spanglish », The New York Times, 1997.
  • Castro, Xosé. « Espanglish en Internet y en la computación/informática », [En ligne] dans El castellano <www.elcastellano.org/spnglis2.html>, consulté le 7 avril 2012.
  • Ibarz, Joaquim. « In un placete de La Mancha. » El Espectador 13 juillet 2002.
  • González-Echeverría, Roberto. « Is spanglish a language ? », The New York Times, 28 mars 1997.
  • Lemus, Aura. 2013. Spanglish. Les variations linguistiques dans l’espagnol des États-Unis. Thèse de doctorat soutenue le 16 décembre 2013. Université Paris-Sorbonne. [En ligne] <http://www.e-sorbonne.fr/theses/2013pa040176>.
  • Lemus, Aura. « Para muestra, un botón : la cuestión del espanglish en la nueva y no tan nueva literatura hispanoamericana ». Inti, n°77-78, 2014, pp. 289-297.
  • Lemus, Aura. « Latinos, hispanos, español y spanglish », Amerika, n°4, 2011. [En ligne] http://amerika.revues.org/2045.
  • Lipski, John. Varieties of Spanish in the United States. Washington, DC : Georgetown University Press, 2008.
  • López Morales, Humberto. Los cubanos de Miami, lengua y sociedad. Miami-Florida : Ediciones Universal, 2003.
  • López Morales, Humberto. La aventura del español en América, Madrid : Espasa Calpe, 2005.
  • Milan, William. « Spanish in the inner city : Puerto Rican speech in New York », Bilingual Education for Hispanic Students in the United States, New York : Columbia University : Teachers College, 1982, p. 202.
  • Nash, Rose. « Spanglish : language contact in Puerto Rico », American Speech 45, 1970, p. 223-25.
  • Otheguy, Ricardo. « El llamado spanglish. » López Morales, Humberto (éd.). Enciclopedia del español en los Estados Unidos. Madrid : Instituto Cervantes, Santillana, 2008. 222- 243.
  • Otheguy, Ricardo. Ana Celia Zentella. « Debate about the term "Spanglish" at the 22nd conference on Spanish in the United States. » février 2009. Kimberly Potowski – Associate professor of linguistics, University of Illinois at Chicago, 26 janvier 2012. <www.potowski.org/debate-spanglish>.
  • Otheguy, Ricardo. « La filolofía y el unicornio. » Serra, Enric. La incidencia del contexto en los discursos. Valencia : Universidad de Valencia, 2007.
  • Oxford University Press. Oxford Dicionaries. Éd. Judy Pearsall. s.d. <http://oxforddictionaries.com/us/>.
  • Pew Hispanic Center. Between Two Worlds : How Young Latinos Come of Age in America. Washington, D.C. : [En ligne], décembre 2009.
  • Pew Hispanic Center. When Labels Don’t Fit : Hispanics and Their Views of Identity. Washington, D.C. : [En ligne], <http://www.pewhispanic.org/files/2012/04/PHC-Hispanic-Identity.pdf. Avril 2012.
  • Pew Hispanic Center. Facts on U.S. Latinos, 2015. Washington, D.C. : [En ligne], <http://www.pewhispanic.org/2017/09/18/facts-on-u-s-latinos-trend-data/>. Septembre 2017.
  • Poplack, Shana. « Sometimes I’ll start a sentence in Spanish y termino en español : toward a typology of code-switching. » Linguistics 18, 1980, p. 581-618.
  • Silva-Corvalán, Carmen. Language contact and change. Spanish in Los Angeles. New York : Oxford University Press, 1994.
  • Silva-Corvalán, Carmen. Sociolinguística y pragmática del español, Washington D.C. : Georgetown University Press, 2001.
  • Tió, Salvador. « Teoría del espanghlish. » A fuego lento, cien columnas de humor y una cornisa. Rio Piedras : University of Puerto Rico, 1954, pp. 60-65.
  • U.S. Census Bureau. « Fact Finder. » 2010. United States Census Bureau. [En ligne] <http://factfinder.census.gov/>.
  • Zentella, Ana Celia. Growing up bilingual. Malden, Massachusetts : Blackwell Publishers, 1997.
  • Roamé Torres-González, Idioma, bilingüismo y nacionalidad : la presencia del inglés en Puerto Rico San Juan : Universidad de Puerto Rico, 2002.
  • U.S. Census Bureau, People Who Spoke a Language Other Than English at Home by Hispanic Origin and Race : 2009, octobre 2010, [En ligne] <http://www.census.gov/prod/2010pubs/acsbr09-19.pdf>, consulté le 27 octobre 2017.

Notes

  • [1]
    Miguel de Cervantes, « Don Quixote de la Mancha », traduit en spanglish par Ilan Stavans, Spanglish, the making of a new American language, New York : Rayo, 2003, p. 258.
  • [2]
    Ils étaient 35,5 millions, soit 12,5 % du total de la population états-unienne lors du recensement en 2000.
  • [3]
    Les Hispaniques présentent effectivement le taux de fécondité le plus élevé parmi les différentes composantes ethniques de la société États-Unienne. Leur indice de fécondité est de 2,4 alors qu’il est de 2,1 pour les Noirs et de 1,8 pour les Asiatiques et pour les Blancs. Cf. Philippe Bernard, « États-Unis, le big-bang ethnique », Le Monde, 29 août 2012.
  • [4]
    Le Pew Hispanic Center a évalué le degré de monolinguisme et de bilinguisme chez trois générations d’Hispaniques. La première génération est principalement hispanophone (61 %), même si une bonne partie se déclare bilingue (33 %). Seul 6 % de cette première génération sont principalement anglophones, un groupe composé certainement de locuteurs qui sont arrivés sur le territoire lorsqu’ils étaient enfants. La deuxième génération se partage entre le bilinguisme (53 %) et le monolinguisme en anglais (40 %). Seul 8 % de ces locuteurs se déclarent principalement hispanophones. Quant à la troisième génération, elle est principalement anglophone (69 %), même si 29 % se déclarent bilingues. Parmi ce groupe générationnel 1 % des locuteurs se déclarent principalement hispanophones. Cf. Paul Taylor, Mark Hugo Lopez, Jessica Martínez, Gabriel Velasco, When Labels Don’t Fit : Hispanics and Their Views of Identity, 4 avril 2012, Pew Hispanic Center, disponible en ligne http://www.pewhispanic.org/files/2012/04/PHC-Hispanic-Identity.pdf, Fig. 3.4, consulté le 22 août 2013.
  • [5]
    Tió, Salvador, 1954, « Teoría del espanglish », A fuego lento, cien columnas de humor y una cornisa, Rio Piedras : University of Puerto Rico, 1954, pp. 60-65.
  • [6]
    Roamé Torres-González, Idioma, bilingüismo y nacionalidad : la presencia del inglés en Puerto Rico San Juan : Universidad de Puerto Rico, 2002, p. 96.
  • [7]
    « Espiblas Espanglish ? – Yi, Minor. Espiblas de speak y hablas. Yi de yes y sí ; Minor de Mister y señor ». Ibid.
  • [8]
    Rose Nash, « Spanglish : language contact in Puerto Rico », American Speech 45, 1970, p. 223-25.
  • [9]
    C’est le terme employé pour désigner ces Portoricains et leurs descendants qui se sont installés à New York. Historiquement l’immigration portoricaine est cyclique, grâce à leur statut particulier qui en fait des citoyens américains. Du fait de ces facteurs sociologiques, les Newyoricans ont un taux d’assimilation à l’anglais plus élevé que d’autres groupes migratoires et il n’est donc pas anodin que le spanglish soit né au sein de ce groupe. Selon le bureau du recensement états-unien, si 76 % des Hispaniques états-uniens parlent une autre langue que l’anglais dans leur domicile, ce taux est variable selon la nationalité : chez les Dominicains il s’élève à 91,9 % et chez les Portoricains il est de 66,2 %, soit le plus bas au sein du groupe ethnique. Cf. U.S. Census Bureau, People Who Spoke a Language Other Than English at Home by Hispanic Origin and Race : 2009, octobre 2010, Table 2, disponible en ligne sur <http://www.census.gov/prod/2010pubs/acsbr09-19.pdf>, consulté le 27 octobre 2017.
  • [10]
    Le caló pachuco est un argot caractérisé par l’utilisation créative du lexique et de la syntaxe de l’espagnol mexicain et de l’anglais. Il s’agit également d’un mouvement culturel associé aux Mexicains des états de la frontière (Texas, New Mexico et Los Angeles) qui portaient le zoot suit. Par la suite le terme a été associé aux membres des gangs mexicains (cf. Oxford, s.v. pachuco).
  • [11]
    Terme qui désigne aux États-Unis les mexicains-américains. « (In North America) a person of Mexican origin or descent […] Origin : Mexican Spanish, alteration of Spanish mejicano ». (Cf. Oxford s.v. chicano). Il s’agit d’un mouvement culturel militant avec de nombreuses contributions littéraires.
  • [12]
    Ilan Stavans, Spanglish, the making of a new American language, New York : Rayo, 2003.
  • [13]
    « La rencontre verbale entre la civilisation hispanique et l’anglo-saxonne ». Ilan Stavans, Spanglish, the making of a new American language, New York : Rayo, 2003, p. 5.
  • [14]
    « La langue utilisée par les Latinos – le spanglish, dans tout son potentiel, la lingua franca – […] a été l’un des phénomènes les plus intéressants des deux dernières décennies. L’interface entre l’espagnol et l’anglais, la juxtaposition de deux manières d’être, de penser et de rêver à travers le discours ».
  • [15]
    Ilan Stavans, Harold Augenbraum, New York : Mariner Books, 2006, p. xiv.
  • [16]
    « Pourquoi spanglish ? Il n’y a pas de meilleure métaphore pour exprimer ce que signifie une culture de mélanges raciaux qu’une langue mixte, un code informel […] le spanglish est ce que l’on parle, comment on vit, et comment on conçoit le monde ». Ed Morales, Living in Spanglish : the search for latino identity in America, New York : St. Martin’s Press, 2002, p. 3.
  • [17]
    « Ils parlaient l’argot hybride connu sous le nom de spanglish – la langue de choix d’un grand nombre d’Hispaniques-américains qui voient le trait d’union dans leur héritage, comme une métaphore de deux mondes coexistants ». Lizzette Álvarez, « It’s the talk of Nueva York : the hybrid called spanglish », The New York Times, 1997.
  • [18]
    « La langue résultante du métissage entre l’espagnol et l’anglais, connue sous le nom de spanglish, est parlée par plus de 25 millions de personnes des deux côtés de la frontière entre le Mexique et les États-Unis, une zone dans laquelle vivent près de 40 millions de Latinos. La plupart d’entre eux utilise des variations de ce dialecte, qui change selon le pays d’origine de celui qui l’utilise, comme le cubonics de Miami, le nuyorrican des Portoricains de Manhattan et le caló pachuco de San Antonio ». Joaquim Ibarz, « In un placete de La Mancha », El Espectador (Bogotá), 13 juillet 2002, [version en ligne].
  • [19]
    « Ce qu’il se passe aujourd’hui aux États-Unis c’est que beaucoup d’H immigrés, par méconnaissance de l’anglais, utilisent ce qu’on appelle « code switching », une alternance de codes où, sur la base syntaxique de l’espagnol, ils intègrent des termes en anglais ». Caridad Santana, « Entrevista a Víctor García de la Concha, director de la Real Academia Española », dans Don Quijote – Blog Spanish Teaching <www.spanish-teaching.com/2006/12/entrevista-a-victor-garcia-de-la-concha-director-de-la-real-academia-espanola>, consulté le 25 janvier 2012.
  • [20]
    Xosé Castro, « Espanglish en Internet y en la computación/informática », dans El castellano <www.elcastellano.org/spnglis2.html>, consulté le 7 avril 2012.
  • [21]
    « La triste réalité c’est que le Spanglish est principalement la langue des H pauvres, souvent illettrés dans les deux langues. Ils incorporent des constructions et des mots anglais dans leur parler quotidien car ils ne possèdent pas le vocabulaire ou l’éducation en espagnol pour s’adapter au changement culturel qui les entoure ». Roberto González-Echeverría, « Is spanglish a language ? », The New York Times, 28 mars 1997. Si les réactions des lecteurs à cet article sont encore sur le site internet du journal, l’article lui-même n’apparaît nulle part sur le site et a peut-être été renié par son auteur ou par le journal. Cf. « Margins of Spanglish », The New York Times, 2 avril 1997, <http://www.nytimes.com/1997/04/02/opinion/l-margins-of-spanglish-396567.html>, consulté le 26 août 2013. J’ai pu accéder au texte intégral de cet article sur une autre page web : Roberto González Echevarría, Is « Spanglish » a language ?, disponible en ligne, <http://www.ampersandcom.com/GeorgeLeposky/spanglish.htm>, consulté le 26 août 2013.
  • [22]
    21,9 % vivent sous le seuil de pauvreté, contre 9,8 % des Blancs et 26,9 % des Noirs. Cf. Antonio Flores, Gustavo López, Jynnah Radford, Facts on U.S. Latinos, 2015. 18 septembre 2017, Pew Hispanic Center. Disponible en ligne : http://www.pewhispanic.org/2017/09/18/facts-on-u-s-latinos-trend-data/. [Consulté le 20 octobre 2017]
  • [23]
    « L’espanglish [sic.] ou l’engliñol ont été et demeurent des problèmes normaux dans les communautés où coexistent des hispanophones et des États-Uniens ; des communautés où les locuteurs sont monolingues et ont besoin de communiquer entre eux. Une personne hispanophone prend des mots de l’anglais dont elle comprend le sens et l’espagnolise. […] Dans tous les cas je pense, je calcule et j’estime que l’espanglish est un problème temporaire et passager, et que tout reviendra à la normale dès que les nouvelles générations d’hispanophones aux États-Unis reconnaîtront et apprécieront l’avantage qu’implique le bilinguisme ; lorsqu’ils sauront et constateront qu’un bilingue en vaut deux ». Odón Betanzos Palacios, « El español en Estados Unidos : problemas y logros », II Congreso internacional de la lengua española, Valladolid : Instituto Cervantes, 2001. Disponible en ligne : <http://congresosdelalengua.es/valladolid/ponencias/unidad_diversidad_del_espanol/3_el_espanol_en_los_EEUU/betanzos_o.htm>, consulté le 26 août 2013.
  • [24]
    Le spanglish est une étiquette qui désigne un espagnol qui présente beaucoup de transferts de l’anglais sur le plan lexical ainsi que des cas d’alternance de codes entre l’espagnol et l’anglais. […] Il n’existe pourtant pas de « système » linguistique, mais des situations communicatives spécifiques où chaque locuteur crée des expressions ad hoc. Humberto López Morales, La aventura del español en América, Madrid : Espasa Calpe, 2005, p. 169.
  • [25]
    Sociolinguística y pragmática del español, Washington D.C. : Georgetown University Press, 2001, p. 301-02.
  • [26]
    W. Milan, « Spanish in the inner city : Puerto Rican speech in New York », Bilingual Education for Hispanic Students in the United States, New York : Columbia University : Teachers College, 1982, p. 202.
  • [27]
    Ana Celia Zentella, Growing up bilingual, Malden, Massachusetts : Blackwell Publishers, 1997, p. 270.
  • [28]
    « Le terme [spanglish] contribue à priver les Latinos des États-Unis, aux yeux des hispanophones et de la population majoritaire, d’une de leurs plus importantes possessions, la langue espagnole. En conséquence, le vocable spanglish contribue à placer les h dans une position d’infériorité en termes de pouvoir et d’influence, puisqu’on les voit comme un peuple aglotte, qui ne parle ni l’anglais ni l’espagnol » Ricardo Otheguy, « La filología y el unicornio », La incidencia del contexto en los discursos, Valencia : Universidad de Valencia, 2007, p. 17.
  • [29]
    « Si nous voulons désigner correctement ce parler, nous devons écarter le terme espanglish et le remplacer simplement par « espagnol populaire des États-Unis », en le considérant comme parallèle aux variétés populaires de l’espagnol parlées sur toute l’extension de son territoire ». Ricardo Otheguy, « El llamado spanglish », Enciclopedia del español en los Estados Unidos, Madrid : Instituto Cervantes, Santillana, 2008, p. 222- 243, p. 222.
  • [30]
    « Il me semble que l’espagnol des États-Unis n’est pas l’équivalent de l’espagnol populaire du Mexique ou de l’espagnol populaire de Porto Rico, puisqu’il ignore le rôle de l’oppression linguistique vécue par les hispanophones dans ce pays. Ces emprunts et ces formes syntaxiques ne sont pas libres, mais font partie d’une oppression dans un pays où l’espagnol n’est pas la langue dominante, est la langue dominée et où il existe des lois et des pratiques d’oppression dans toutes les communautés. Le mot spanglish capte ce conflit et cette oppression. Nous attribuer une étiquette telle que « espagnol populaire des États-Unis » efface ce conflit ». Ricardo Otheguy, Ana Celia Zentella, « Debate about the term “Spanglish”, 22nd conference on Spanish in the United States », dans Kimberly Potowski, University of Illinois at Chicago, <www.potowski.org/debate-spanglish>, consulté le 26 janvier 2012.
  • [31]
    Ana Celia Zentella, Growing up bilingual, Malden, Massachusetts : Blackwell Publishers, 1997, p. 82 ; John Lipski. Varieties of Spanish in the United States. Washington, DC : Georgetown University Press, 2008, p. 38.
  • [32]
    Ricardo Otheguy, Nancy Stern, « Scholars and citizens », Anthropology News, 2 décembre 2013
  • [33]
    « Emploient une langue fusion connue sous le nom de « spanglish » qui mélange des mots des deux langues » cf. Pew Hispanic Center. Between Two Worlds : How Young Latinos Come of Age in America. Washington, D.C. : [En ligne], décembre 2009, § Language Use.
  • [34]
    Aura Lemus. Spanglish. Les variations linguistiques dans l’espagnol des États-Unis. Thèse de doctorat soutenue le 16 décembre 2013. Université Paris-Sorbonne, 2013 [En ligne].
  • [35]
    Academia Norteamericana de la Lengua Española (ANLE). Hablando bien se entiende la gente. Doral, Florida : Santillana, 2010 ; Hablando bien se entiende la gente 2. New York, Doral : Aguilar, Santillana USA, 2014.
  • [36]
    Shana Poplack, « Sometimes I’ll start a sentence in Spanish y termino en español : toward a typology of code-switching. » Linguistics 18 1980 : 581-618.
  • [37]
    Ana Celia Zentella, op.cit., p. 92.
  • [38]
    Aura Lemus. Spanglish. Les variations linguistiques dans l’espagnol des États-Unis. Thèse de doctorat soutenue le 16 décembre 2013. Université Paris-Sorbonne, 2013. Patrick Balkany, plus protégé par son immunité parlementaire depuis mars 2015, a de nouveau été mis en examen, le 15 janvier 2017, pour déclarations mensongères sur son patrimoine auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.9.171

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions