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Article de revue

Le discours des marchés : discours peste (pst) Discours post ? Un « sixième discours » ?

Pages 208 à 217

Notes

  • [1]
    Dispositif est le terme générique élu par Foucault et Agamben. Ce vocable paraît correctement désigner par ailleurs le praticable scénique d’une psychanalyse (dispositif analytique). Pour désigner le dispositif qui dérive du savoir techno-scientifique, nous préférons employer l’apellation de « servomécanisme » qui s’applique tout autant à un psychotrope qu’à un appareil électronique, etc.
  • [2]
    G. Agamben, Qu’est-ce qu’un dispositif ?, Paris, Payot-Rivages, 2007, p. 31.
  • [3]
    J. Lacan, Le Séminaire, Livre XVII (1969-1970), L’envers de la psychanalyse, leçon du 17 décembre 1969, p. 34-35 ; nous soulignons.
  • [4]
    Ibid., p. 197, leçon du 10 juin 1970.
  • [5]
    Le lecteur nous autorisera, pour la traduction du « insabible » de l’original, à retrouver le joli néologisme scibile, des grands rhétoriqueurs, qui fait bien défaut à notre langue mais qui n’a pas été conservé à cause sans doute des relents obscurantites de la Sybille, de Cumes pourtant (N. d. T.).
  • [6]
    J. Lacan, Le Séminaire, Livre XI (1963-1964), Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Le Seuil, 1973, p. 248.
  • [7]
    Cf. M. Foucault, Naissance du biopouvoir, Paris, Gallimard-Seuil, 2004. On trouvera dans l’œuvre de Foucault un déploiement érudit des positions théoriques du capitalisme, qui le mène jusqu’au point où elles débouchent sur le néolibéralisme sauvage, pierre d’angle de notre « discours des marchés ».
  • [8]
    J. Lacan, « Proposition du 9 octobre 1967 », dans Autres écrits, Paris, Le Seuil, 2001, p. 243.
  • [9]
    Pour un traitement complet de tous les problèmes logiques soulevés par cet usage de la disjonction peut être consulté, cf. http://plato.stanford.edu/entries/disjunction.
  • [10]
    J. Lacan, « Intervention dans la séance “Sur la passe” du 3 novembre de 1973 », Lettres de l’École freudienne, n° 15, 1975, p. 185-193.

1Le moment est venu de nous poser, sous bénéfice d’inventaire, la question suivante : un nouveau discours est-il effectivement entré en scène ? Non celui du maître ou du capitaliste, mais un discours inédit, différent de ceux qui l’ont précédé, le discours des marchés, posé comme ayant une structure différente de celui du message pontifical avec ses résonances théocratiques (discours du maître), et également différente de celle attribuable à l’idéologie calviniste, ou protestante en général, reconnue depuis Max Weber comme au fondement du système capitaliste et de son « esprit ».

2Y a-t-il à notre époque quelque chose de nouveau, un troisième avatar du maître, qui se caractériserait par un discours anonyme, athée et amoral ? Pour le définir au sens strict comme un nouveau discours (et non comme une modalité plutôt descriptive dans le style des syntagmes « discours philosophique » ou « discours de la science »), nous devrions indiquer les mathèmes permettant de le singulariser par rapport aux autres discours, et exhiber les éléments dont il est fait en position d’agent ou de semblant, d’autre ou de la jouissance, de produit ou de plus de jouir et de vérité. Après avoir abouti à cette conclusion que le « discours capitaliste » entrait dans le moule de la définition structurale du discours universitaire, il nous faut procéder à l’examen minutieux de ce que permet l’articulation des mathèmes dans ce « nouveau » discours.

3Nous constatons qu’y occupe la place d’agent ou de semblant un être sans visage et qui ne pipe mot. La logique discursive des marchés se présente comme un ensemble de transvasements, de va-et-vient cybernétiques se situant hors du temps et de l’espace, s’effectuant sans sujet identifiable ni fin(s) assignée(s) ; nous pourrions remarquer à ce propos que sa figure n’est pas celle du capitaliste (ni Henry Ford, ni Bill Gates), mais bien celle où se déploie le marché, avec ses flux de capitaux si imprévisibles. Cette entité mystérieuse qui ne prononce pas la moindre parole mais vous assourdit de son bruit, nous pouvons la reconnaître comme étant le a, la cause du désir, le plus-de-jouir, en tant qu’il émet un discours, mais sans mots, et transmet une consigne qui peut être sanguinaire, celle du surmoi qui vous sussure : « Jouis ! » En réalité, son agent, c’est Personne ; nous ne saurions à ce titre le confondre avec le maître traditionnel, le bureaucrate ou le mentor. Celui qui tient le diapason, mais aussi la partie soliste qui se chante dans notre monde « globalisé », correspond bien à « l’objet », à la marchandise qui impose ses conditions. Quel est celui qui a remplacé le capitaliste, en tant que ce dernier a lui-même auparavant remplacé le maître ? Le dispositif[1] est ainsi défini par Agamben : « Tout ce qui a, d’une façon ou d’une autre, la capacité de capter, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler et d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants [2]. » Lacan lui-même a gardé en réserve la réponse que nous sommes en train de thématiser, soulignant cependant que le savoir qui appartenait originairement à l’esclave (S2) : ce savoir-faire, avec le savoir inconscient que celui-ci manifestait quand le maître lui posait les questions permettant de le dévoiler, ce savoir est devenu à présent une chose incorporée à l’objet en tant que tel. C’est lui qui sait toujours comment faire, pourvu que soit respectée la « programmation » du servomécanisme, pourvu qu’on obéisse au mode d’emploi. Ce savoir tout-terrain (à distinguer de « l’omniscience ») qui se met à la disposition du nouveau maître est maintenant :

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« Le fait que le tout-savoir soit passé à la place du maître, voilà ce qui, loin de l’éclairer, opacifie un peu plus ce qui est en question, à savoir, la vérité. D’où cela sort, qu’il y ait à cette place un signifiant de maître ? Car cela est bel et bien le S2 du maître, montrant l’os de ce qu’il en est de la nouvelle tyrannie du savoir. C’est ce qui rend impossible qu’à cette place apparaisse au cours du mouvement historique, comme nous en avions peut-être l’espoir, ce qu’il en est de la vérité.
Le signe de la vérité est maintenant ailleurs. Il est à produire par ce qui se trouve substitué à l’esclave antique, c’est-à-dire, par ceux qui sont eux-mêmes des produits, comme on dit, consommables tout autant que tous les autres. Société de consommation, dit-on [3]. »

5La séquence qui peut se tirer de ces lignes est claire : le maître antique avait pour serviteur l’esclave ; le maître moderne, c’est-à-dire, le capitaliste, se sert de l’ouvrier, du prolétaire. Aujourd’hui, dans la forme de dominance qu’instaurent les marchés, il y a le servomécanisme. Rappelons à ce propos que dans le discours capitaliste, l’agent, c’est le sujet qui occupe cette place après avoir remplacé le signifiant maître (c’est le $ qui occupe la place du S1) et celui-ci ne s’adresse pas au prolétaire (il n’y a pas de vecteur qui les relie) ; celui-ci lui est indifférent, devenant une pièce remplaçable dans le processus de production.

6Et à présent, que se passe-t-il dans cette nouvelle « tyrannie du savoir » que dénonçait Lacan ? L’ersatz de travailleur s’est transformé en objet, un objet qui s’emploie à vive allure à remplacer le producteur direct de plus-value : un robot, certes, mais qui ne se présente pas sous la forme caricaturale de la science-fiction de ces années-là (cf. Le dormeur de Woody Allen), celle d’anthropoïdes métalliques, mais sous celle des si familières télécommandes (les nouveaux serfs), des dispositifs à chaque fois plus petits, plus portables, plus farcis de fonctions digitalisées. Ces objets qui sont produits en masse, bourrés d’un savoir mystérieux à ceux qui s’en servent, sont condamnés à une rapide obsolescence, se voyant rapidement recyclés et remplacés par d’autres ; ils ont donné un nouveau visage à la société du capitalisme tardif, et sont devenus la concrétion matérielle d’un nouveau discours que nous pouvons caractériser au moyen des mathèmes de l’algèbre lacanienne. L’objet a devient ainsi l’agent du discours des marchés. Il importe cependant d’éviter de faire ici d’éventuelles confusions : « L’agent n’est pas du tout forcément celui qui fait, mais celui qui est fait agir [4]. » Raison pour laquelle son nom se modifie : il ne s’agit plus de l’agent, apparemment, mais du semblant. Qui faisons-nous agir ? Les servomécanismes, pour parler par téléphone comme pour photographier les lunes de Jupiter.

7Mais poursuivons le parcours qui nous fait passer par les coordonnées de ce discours des marchés. Au lieu de la vérité se trouve le savoir (S2), qui est ce qui commande au semblant, constitué qu’il est par un réseau de signifiants qui appelle le gadget à l’existence, qui, l’ayant inventé comme marchandise, en multiplie les copies et fabrique ainsi un appareil de production de connaissances comme fondement de la société postindustrielle. C’est la science, ce savoir autonome qui se spécialise sans cesse, entraînant une expansion aussi illimitée qu’asservissante, qui se targue d’être en place de vérité et permet de gouverner le réel. C’est un savoir qui prétend à « l’objectivité » et qui ni ne sait, ni ne veut rien savoir du sujet, ou de celui qui le commande : le maître. La science fonctionne ainsi comme une « entreprise » qui avance de façon imprévisible, qui se donne ses propres fins, qui obéit à ses propres lois, « spontanément », en toute méconnaissance de ses déterminations sociales et politiques. En tant qu’« idéologie de la forclusion du sujet », il s’agit là de l’expression la plus voyante de la doxa économique qui postule que les marchés fonctionnent en circuit fermé, régis par leurs propres lois, indépendamment de la volonté de leurs acteurs ou de ceux qui se retrouvent affectés par les mouvements du capital. La science économique, proposerions-nous, apparaît ainsi comme le paradigme d’une activité humaine productrice de savoir, mais qui aboutit à présenter l’histoire elle-même comme l’effet de processus ingouvernables et relevant par là même de la fatalité.

8Quel est l’autre/la jouissance vers lequel s’adresse l’objet a depuis la place du semblant/ de l’agent de ce discours dont la vérité est la science ? Quel est le destinataire du servomécanisme ? Nécessairement, le sujet ($), celui de l’inconscient et du symptôme, l’habitant de la société démocratique, l’usager et consommateur des produits techno-scientifiques, le sujet qui ne se voit plus représenté par un signifiant auprès d’un autre signifiant (définition classique, devenue aujourd’hui discutable, à partir du moins de ces considérations sur les nouvelles formes de l’expérience et du monde postindustriel). L’autre est aujourd’hui ce sujet ($) qui croit être autonome quand il actionne les contrôles à distance, quand il a le choix de l’appareil qu’il achètera et dont les doigts se meuvent à l’unisson de ce qu’indique le manuel de l’usager : celui qui, structurellement, correspond, comme cela se vérifie dans la formule, au point vers lequel convergent les vecteurs qui partent, comme nous l’avons vu, des places de la vérité (S2) et de ce semblant d’agent qui donne son nom au discours que nous avons en considération et qui n’est autre que l’objet a. C’est en ce sens que la définition du sujet, comme nous l’avons laissé entendre, peut être nuancée et même, d’une certaine façon, inversée, sans que les termes en soient modifiés. Le sujet, en tant que « serveur » de l’objet a, est représenté par un signifiant (S2 !, le savoir) auprès d’un autre signifiant S1 (le signifiant qui a été maître) !

9Quel est, pour conclure, le produit/le plus-de-jouir qui est réalisé par le sujet, en tant qu’il répond à l’intimation provenant des objets occupant la place du semblant et par lesquels celui-ci est « fait agir », comme nous l’avons rappelé il y a peu ? Cet habitant du monde installé dans la jouissance, le consommable sujet de la société de consommation, tel qu’il se voit contraint de faire instamment appel aux signifiants qui lui ont manqué dans son devenir d’être parlant, d’invoquer ces noms-du-père qui auraient pu donner une continuité à son existence au sein de la désorientation générale, de la pullulation des offres signifiantes et du manque de garantie de chacune et de toutes. Le sujet se retrouve obligé de créer ces dieux susceptibles de recevoir ses prières, et il le fait en adoptant les signifiants qui pourraient le représenter auprès d’eux. Faute de nom-du-père qui tienne, il produit ces noms divers et éphémères qui pourraient l’ancrer au monde. Il adhère à la croyance en des S1 volatiles et les consacre comme étant dignes de mériter qu’il leur dédie sa propre servitude : des chefs de groupe, des leaders fondamentalistes, des parrains de mafia, des emblèmes de la nation ou d’une collectivité, des marques de prestige avec leurs logos, des activités partagées (un sport, un hobby ou un lobby), un trait particulier qui l’identifie aux autres, par exemple : la classe d’âge, le choix sexuel, une maladie. Internet opère ici fréquemment comme agent ou semblant qui s’adresse au sujet et lui propose les options signifiantes qui le représenteront, moyennant la création de communautés virtuelles au sein desquelles il n’est pas nécessaire d’entrer avec son corps et où l’image peut se voir ajustée ad libitum. Lui ou elle se demande : « Qui suis-je ? » Et la réponse qui leur est faite est : « Tu peux choisir qui tu es, si tu optes pour l’un des signifiants d’identification qui te sont offerts. Tu sauras qui tu es, une fois que tu auras choisi ton S1. » Le sujet, atomisé et isolé, comme il se voit par ces dispositifs qui l’excluent de tout lien social, dont la structure familiale est elle-même débilitée, et qui voit la terre se dérober sous ses pieds et son rôle dans la vie de la cité devenir précaire, n’a plus qu’à se ruer sur des identifications susceptibles de satisfaire son besoin d’être en conformité avec quelque chose ou quelqu’un. La production (plus de jouir) dans le discours des marchés est ce que fait le sujet de ses signifiants maîtres (S1).

10Nous en savons assez pour pouvoir établir la structure à partir de la combinatoire des quatre mathèmes lacaniens qui rendent raison des discours, et nous obtenons ainsi pour le discours des marchés :

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equation im1

12Le joli résultat que voilà, puisque l’on constate que nous obtenons ainsi la formule classique du discours de l’analyste ! On ne pouvait guère s’y attendre. Nous n’avons pas débouché sur une quelconque des dix-neuf formules laissées vacantes après avoir fait le faux pas de reconnaître – et donc d’écarter – le « discours capitaliste » comme cinquième formule incluse dans la possibilité combinatoire que permet l’organisation des quatre éléments, mais sur un discours que nous connaissions déjà ; justement celui qui définit notre propre action comme psychanalystes. Comment se fait-il que la structure de ces deux discours finisse par être la même ? Quelles analogies peuvent exister et quelles différences permettraient-elles de distinguer, ces deux modalités selon lesquelles l’objet a occupe la place du semblant, mais dont la formule reste la même ?

Similitudes

13D’abord, en ce qui concerne l’agent ou le semblant : le marché et le psychanalyste agissent depuis le lieu d’une désubjectivation, ils font l’un et l’autre semblant d’être « personne », d’être les agents d’un discours sans paroles, d’effacer et de laisser s’évanouir leurs réactions personnelles ou la détermination de leur désir. Ni l’un ni l’autre ne « désire » quoi que ce soit, et tous deux convertissent leur désir en une inconnue que celui auquel ils s’adressent, l’autre, le sujet de la jouissance, dans un cas comme dans l’autre, essaye de déchiffrer. Par ailleurs, le marché tout autant que l’analyste « hystérisent » l’autre et mettent l’analysant comme le consommateur à l’enseigne du discours de l’hystérie. Les deux se présentent comme des marchandises, au point de laisser penser que le psychanalyste fonctionne comme un « servomécanisme » dont le désir est qu’il soit fait usage de lui, en laissant se déployer le fantasme qui fait passer par les différentes positions que peut adopter le sujet ($) par rapport à l’objet a. Il y a un mode d’emploi du psychanalyste (un manuel d’instructions pour l’usager) : celui consistant à suivre la règle fondamentale que celui-ci a énoncée quand l’analyse se met en marche. Ce sont aussi bien les deux actants, en tant que fictions du a, qui fixent un prix pour leur service, un service dont l’offre a précédé la demande, mais qui ne peut se mettre en marche si la demande ne parvient pas à fomenter un contrat de prestations réciproques. « Que (me) veux-tu ? » Telle est la question que le sujet comme l’usager se posent et à laquelle ils tentent de répondre en la rapportant à cette « chose » qui se présente à leurs yeux dépersonnalisée, comme faisant semblant d’être cause de leur désir. Les (non)réponses à la demande confrontent le sujet avec le réel de son fantasme par le détour de l’imaginaire. L’analyste prend la place du sujet supposé savoir, bien que son désir d’analyste soit averti de ce que la position du semblant qu’il adopte sera forcément décevante, puisque lui fait défaut le savoir qu’on lui attribue et qu’il ne peut être lui-même qu’une fiction de l’objet qu’il prétend être. Le produit scientifique se présente, de son côté, comme un servomécanisme qui remplira les promesses du fantasme, mais qui est aussi voué à décevoir et à une rapide décadence, après avoir satisfait l’aspiration fantasmatique de compléter le sujet en déniant son manque.

14En deuxième lieu, l’autre, la jouissance : autant le marché que le psychanalyste s’adressent au sujet et lui offrent une « substance » qu’il pourra consommer, une réponse à la question : que me manque-t-il ? Une consolation pour son impuissance, un soulagement à son symptôme, ou, en bref, un soutien à son transfert. Dulcamara vend « l’élixir d’amour », un remède à la castration, et le sujet est invité à en payer le prix. Pour qu’il l’accepte, ce sujet doit admettre que ça lui manque et qu’il recherche cette jouissance qui, croit-il, est l’apanage des autres consommateurs. Comme nous l’avons déjà rappelé, l’agent d’un discours n’est pas celui qui fait, mais celui qui est fait agir. Tous deux, l’objet techno-scientifique et le psychanalyste, sont induits à travailler par le sujet de la demande pulsionnelle, positionnés qu’ils sont en place d’« autre ».

15En troisième lieu, le produit, le plus-de-jouir : nous avons vu que dans les deux cas, il s’agit de l’instauration de signifiants Un : S1, de traits qui fournissent au sujet une identification et une orientation lui indiquant la place qu’il occupe dans le monde. Le « …donc je suis » ne peut être aujourd’hui fondé, comme au temps de Descartes – à l’aube du capitalisme –, dans le « je pense ». C’est un fait indiscutable, et avant même que Lacan ne l’énonce – « je suis où je ne pense pas et je pense où je ne suis pas ». Y aurait-il un ciment plus solide pour fonder l’être dans le « j’ai… », dans le « je gère… », dans le « je peux grâce à mes béquilles technologiques… », dans le « je ressemble à… », le « je suis le remplaçant promu dans la filière des… », le « je suis un disciple de…, un croyant en…, un membre de…, un consommateur de telle marque… » ? Ce sont de telles réponses et bien d’autres encore qu’offre au sujet le discours des marchés, depuis que celui-ci se vit en orphelin de Père. Un psychanalyste offre aussi au sujet la possibilité de produire ses S1. Mais les signifiants que produit un analysant sont-ils les mêmes que ceux qu’offre le marché ? Nous croyons que non ; raison pour laquelle nous renvoyons à plus tard l’exposé de ce thème, lorsque nous aborderons le traitement de l’essence de l’isomorphisme entre les deux structures discursives : celle du psychanalyste et celle du marché. Nous aurons l’occasion de constater qu’une telle essence se rend moins accessible dans ce qui les apparente que dans ce qui les distingue.

16Finalement, pour ce qui est de la vérité : et dans le cas du marché, et pour ce qui est du psychanalyste, c’est en bas et à gauche que la formule leur fait partager la même place : celle du savoir, du S2. Un tel savoir est certes matérialisé, mais il ne peut se lire dans les gadgets technologiques, les lathouses, semblants de l’objet a qui « servent » à leur usager leur mécanisme. Ce savoir est, en revanche, aussi ce que le sujet, s’agissant du savoir de l’inconscient, suppose chez le psychanalyste, quelque chose donc qui ne se sait pas et qu’il est, en dernière instance, impossible de savoir, se nichant dans cette chaîne signifiante qui insiste et qui graduellement se laissera dévoiler, avec les limites qu’elle impose, puisqu’il lui faut se dire, à partir des incitations qui proviennent des mots et des actes du psychanalyste. L’analysant ($) parle (jouit) et découvre en s’écoutant que sa propre chaîne signifiante est une question adressée à celui qui la rend audible, qui est ce « moi », la formation imaginaire qui occupe sa place et parle en son nom. Il se soumet à une injonction formulée depuis S2, le savoir insu, et il produit son signifiant maître S1.

17La valeur d’une analogie, insistons-y, ne réside pas tellement dans ce qu’elle offre de commun entre les deux entités concernées, mais bien plutôt en ce qui les différencie. Pour autant, ce n’est pas parce qu’il nous est donné de vérifier que la structure du discours est la même dans le cas du marché et dans celui du psychanalyste qu’il faut les confondre ; ce qui s’impose, ce sont les différences qui en ressortent, au point qu’elles finissent par devenir des « différends ».

Différences

18Commençons par l’agent : l’objet technologique ne sait pas qu’il ne sait pas, même s’il a sous la main toutes les réponses que son concept pourrait lui permettre d’apporter ; il ne peut faire aucune différence entre les usagers qui le manipulent, au-delà des codes d’accès qui permettent de le faire fonctionner. Ce sont des codes qu’il reconnaît, et pas des sujets. Sa « mémoire » est pratiquement illimitée et sa bonne marche ne connaît pas d’acte manqué. L’indifférence de son mode d’opérer est absolue et il n’est pas censé avoir de « vacillations calculées de la neutralité » (Lacan). L’agent de l’acte analytique est, lui, formé au bout d’un large processus de « coction » (Lacan) subjective, censée produire un dépouillement progressif et toujours inachevé de l’imaginaire et du fantasmatique, tout au long de cette tâche ardue qu’est l’analyse d’un analyste, visant à une laborieuse intégration d’un savoir, consistant pourtant à reconnaître qu’il n’y a pas de savoir qui ne soit pas à considérer comme le semblant d’une vérité qui va au-delà des possibilités du langage. Un analyste, s’il sait quelque chose, c’est qu’il ne sait pas et qu’il lui faudra agir, non avec son savoir, mais plutôt à partir de son ignorance. Il se nie à insérer un supposé savoir à la place où c’est depuis une ignorance qu’il est interrogé, et il se refuse à satisfaire les demandes de l’autre auquel il adresse son acte (a ? $). Tandis que le servomécanisme est constamment et infatigablement à la disposition de son propriétaire, l’analyste, maître qu’il reste de son temps et de la fixation d’une valeur et d’un prix pour son travail, diffère sine die et refrène la possibilité d’accéder à son supposé savoir. Mais le plus important est encore que, tandis que ce semblant de a qu’est le servomécanisme assimile la demande au désir, l’autre, l’analyste, soutient qu’intervient entre eux une constante dissociation et se nie à confondre les deux plans, faisant de la demande une question et une relance pour le désir qui la sous-tend. Dans sa neutralité mécanique, l’objet technologique ne manifeste aucun désir, tandis que l’analyste ne fait pas un pas autrement qu’en fonction de son désir, même s’il fait semblant de ne point en avoir (s’abstenant de formuler d’autres demandes que celles du respect de la règle et du paiement des séances), alors que c’est le moyen qu’il met en œuvre pour permettre à l’analysant – et même instiguer chez lui – une interrogation concernant ce désir de l’Autre qui en ressort nimbé d’énigme.

19Pour ce qui est à présent de l’autre à la place de la jouissance, qui est le sujet $, celui-ci se voit conditionné par les réponses qui procèdent du semblant. Le sujet le met en marche, mais les conditions de son mode d’emploi sont déterminées par le savoir incorporé à ce semblant, qu’il s’agisse du savoir de la science, pour l’un, ou du savoir « inscibile[5] » de l’inconscient, pour l’autre. La réponse qui est attendue de l’objet technique (celui qui fonctionne à partir d’une télécommande, le psychotrope, la graine transgénique, etc.) en est une, mais qui n’implique en rien, pour celui qui en fait la requête, d’avoir besoin, ou de trouver convenable qu’une modification intervienne dans la position subjective : le gadget n’est rien de plus qu’un serviteur auquel on fait faire quelque chose. La demande d’analyse suppose, au contraire, que joue l’expectative d’en finir avec une souffrance par la grâce de l’obtention d’un nouveau savoir qui sera ménagé au cours de l’expérience analytique, et qui fera du sujet quelqu’un de différent de ce qu’il était auparavant. La relation au robot et à ses succédanés est, elle, purement utilitaire, et celui qui y a recours prétend que la relation demeure de bout en bout rationnelle, au sens d’une relation du type : « Tu me sers ou tu ne me sers pas ; et si tu ne me sers pas, je te jette comme je l’ai fait pour les autres objets dont je me suis déjà débarrassé, pour t’échanger contre un autre qui réponde mieux et plus vite à mes demandes. » On le voit, le « transfert » dans ce cas dépend de la satisfaction des demandes. Le lien qui relie l’analysant à la fiction d’objet a qu’est l’analyste n’est pas de cet ordre. La dimension qui est mise en place à partir de leur rencontre est justement celle d’une non-satisfaction des demandes, d’une non-réponse aux questions, de l’opportunité qu’il y a à dénoncer au besoin l’illusion de l’idéalisation, de la réserve à maintenir en ce qui concerne l’administration d’un placebo, fonction qui caractérise de part en part l’objet technique. Mis en présence de cette non-disponibilité, de ce constant différé, de cette non-satisfaction, du respect de l’énigme que recèle le désir, quelle est la réaction qui vient au sujet ? Eh bien, paradoxalement, il répond avec… de l’amour. S’il y a véritablement analyse, il devient impossible de « se servir » de l’analyste, l’asservissement à la jouissance de l’un ou de l’autre des deux partenaires de la rencontre analytique est exclu.

20Occupons-nous à présent du produit, des plus-de-jouir que sont ces S1, les signifiants maîtres. D’un côté, l’objet technique induit, dans ses différentes modalités, des identifications collectives suscitant un substitut de nom-du-Père qui n’est pas le signifiant qui représente le sujet, mais ce qui « fait défaut » au personnage incarné par l’usager hésitant entre d’infinies possibilités virtuelles ou options proposées par le « menu » auquel il a affaire. En quoi se ressemblent ceux qui sont pris dans une masse ? En ce qu’ils veulent tous être différents et être reconnus comme différents. Le chanteur de rock, le maître reconnu, le psychanalyste, le chef d’une bande de délinquants, l’idole d’un sport, le dictateur sanguinaire, le prédicateur évangélique, assimilent tous ceux qui se retrouvent dans le modèle de vie qu’ils leur font rencontrer et grâce auquel ils aspirent à combler le vide duquel ils procèdent, du fait de la non-inscription du nom-du-Père, de l’échec de la métaphore paternelle à représenter et à obturer le désir de la mère.

21Et du côté de l’analyse ? Y a-t-il aussi une production de signifiants maîtres ? Sans doute, mais dans ce cas, le signifiant en question ne sert pas à collectiviser, mais oriente – tel est le désir de l’analyste – vers la différence absolue[6], c’est-à-dire vers la singularité irréductible du sujet, ce pourquoi il est ce qu’il est et qui fait par là même qu’il n’est comme personne. Les identifications collectives sont des formations fantasmatiques qui se voient justement offertes par les emblèmes rassembleurs, tandis que la « différence absolue » est le résultat de cette traversée du fantasme qui est un affranchissement. Grâce à cette identification avec le signifiant de sa différence, le sujet sait comment être sans avoir besoin d’« être comme ».

22En dernier lieu, il nous reste à aborder le fait qu’au lieu de la vérité se trouve le savoir (S2). L’agent dans le discours du marché est l’objet a ou le dispositif : la montre, le panoptique (ou la vidéo-camera cachée), « l’anxiolytique », etc. ; soit le fait qu’il ne sait rien du processus qui l’a formé ni du savoir scientifique, historique, contingent, qu’il comporte. Le travail symbolique de la science, sous-jacent à l’objet, est la vérité de l’agent dans ce discours du marché, et celui-ci le méconnaît. Il ne s’agit pas cependant d’un savoir refoulé, mais d’un savoir incorporé dans la structure matérielle de cette « chose qui sert » à un sujet. Son fonctionnement se soumet complètement au rationnel. La part d’« irrationnel » qui affecte ces objets réside dans la quantité (incalculable) de jouissance qui anime leurs usagers. La fonction du savoir comme vérité du savoir de l’analyste est bien différente. Il s’agit bien aussi d’un savoir qui ne se sait pas, mais celui-ci comporte cette fois le pari d’un déploiement du savoir en question, celui du refoulé au sens freudien et aussi de l’impossible à savoir, inclus qu’il est dans le désir de l’Autre qui préexiste tant à l’analyste qu’à l’analysant. Nous parlons de cette pierre d’angle du sujet qui a son origine dans le discours de Freud sous l’appellation de « refoulement originaire ».

Analogie formelle et disjonction exclusive

23Nous venons de tenter d’élaborer les traits communs et les discriminants que l’on rencontre dans cette inquiétante analogie entre le discours de l’analyste, tel que Lacan l’a formulé dans les années 1970, et un nouveau discours, celui des marchés, qui nous paraît être celui qui domine dans la première décennie de ce nouveau siècle et aussi, très probablement, dans celles à venir.

24Lacan a commencé par caractériser le discours du maître comme étant la matrice des quatre discours canoniques, puis il en a proposé la modification sous les espèces du « discours capitaliste » dont nous avons discuté la pertinence, finissant par l’assimiler au discours universitaire. Dans la suite de notre travail, nous avons trouvé pertinent d’évoquer l’existence d’un nouveau discours, qui ne serait ni un « cinquième » ni un « sixième discours », mais qui s’agrège aux antérieurs, offrant cette fois la même structure que le discours de l’analyste, bien que pour servir à des fins opposées.

25Nous soutiendrons que les indicateurs de la transposition d’un lieu à l’autre (du maître au capitaliste, puis du capitaliste aux marchés) doivent être recherchés dans l’histoire des modes de production en Occident, et plus particulièrement, dans le passage graduel et progressif de l’idéologie féodale à la libérale, puis de celle-ci à la néolibérale [7]. Tout autant que dans le passage quasi violent de l’écriture artisanale (la manuscrite) à l’industrielle (celle de l’imprimerie), et de celle-ci à l’informatique (celle, virtuelle, du sans papier). Le nouveau discours correspond aux nouveautés dans la vie sociale que Lacan observait [8], laissant présager que ces tendances iraient s’aggravant du fait du progrès des sciences conduisant à un asservissement accru – telle était sa sinistre prophétie –, à des processus de ségrégation de plus en plus poussée aboutissant, sur la voie des marchés unifiés et de communautés économiques jalouses de leurs prérogatives, à un futur de camps de concentration.

26Cette homologie structurale entre le discours de l’analyste et celui des marchés est glissante, dans la mesure où elle peut être grosse de malentendus, dont le plus important serait de voir assimilés ces deux discours, en les rendant synonymes. Mais sur un plan épistémologique, le seul problème est celui de savoir si cette analogie est pertinente ou non : si elle ne l’est pas, il faudrait l’écarter ; si elle l’est quand même, il faudrait en assumer les risques et formuler les avertissements (caveat) nécessaires. Ce qui est en jeu, c’est ce qu’il faut entendre par le « ou » de la disjonction, pour déterminer dans quelle mesure il s’agit d’un vel ou d’un aut. Notre conjonction « ou » peut être « inclusive » (vel), indiquant que sous des noms différents il s’agit d’un même contenu sémantique (dans l’énoncé : « Walter Scott ou l’auteur de Waverly », nous savons qu’il n’y a point identité entre les deux expressions, mais qu’elles peuvent être utilisées comme si elles étaient interchangeables) ou « exclusive » (aut) (« la maison dont mon père a hérité sera échue à mon frère ou à moi ») [9].

27Je soutiens pour ma part que la disjonction entre le « discours analytique » et le « discours des marchés » est exclusive. S’il en est bien ainsi, le risque assumé à reconnaître l’analogie se transforme en avantage : ou il est procédé à la satisfaction des demandes qui esquivent la prise en compte du désir, ou est mise en jeu une psychanalyse qui le place au centre de son discours ; sur le versant du désir et de la jouissance : ou l’angoisse ou l’amour ; sur celui de la production de S1 : ou une production menant à la différence absolue, ou une autre qui efface les différences procurant de fausses identités, etc. Enfin, sur le versant de la jouissance répétitive : ou la psychanalyse ou la dévoration par le discours des marchés.

28Il est devenu monnaie courante de parler du « pessimisme » de Freud dans les dernières années de sa vie. On peut en dire de même de Lacan, mais nous préférons quant à nous parler de « réalisme », d’abandon des illusions. Après la conférence de Milan, en 1972, où il écrivit la formule du discours capitaliste, ses disciples se sont consacrés à l’exégèse et, nous-même ici, au commentaire critique de cette formule. Mais l’autre avancée lacanienne était passée inaperçue, celle qu’il fit, ce même jour, à propos d’un nouveau discours, non encore advenu, mais encore à venir, un discours qui rendrait vaines ses formulations sur la psychanalyse et son propre enseignement, un discours qu’il a même affublé d’une appellation, ps ou pst, un discours de la peste, pesteux, serviteur et nec plus ultra du discours capitaliste dont personne ne sait jusqu’où il peut conduire. ps ou pst, ne serait-ce pas aussi par hasard un discours post, postcapitaliste, postindustriel, l’autre alternative par rapport au discours analytique promu par Lacan, bref, ce discours des marchés qui se déguise sous le masque d’une même écriture que le discours analytique et qui lui voue une opposition forcenée, puisque ce sera : ou la psychanalyse ou la domination de l’objet techno-scientifique avec la forclusion qu’il entraîne du sujet, réduit comme il se voit à la condition de n’être plus que producteur de signifiants maîtres offerts, proposés, imposés par l’Autre ? Ces considérations pourraient nous aider à repérer certains traits, tels qu’ils se retrouvent par la suite dans la subjectivité et qu’ils s’adressent à notre écoute pour être compris.

29Nous avons parlé du « pessimisme réaliste » de Lacan. Il vaut la peine d’ajouter que, lors de la dernière occasion notable où Lacan a parlé du « discours capitaliste », il a clos la question sur une note que l’on pourrait considérer comme « optimiste », faisant valoir que le discours analytique pouvait servir de barrière à l’expansion de l’ordre économique mondial, encore que nous ne soyons pas certains de devoir exclure que ce soit pour adopter une attitude conciliatrice autant que militante face au possible découragement que pouvaient ressentir ses disciples devant les « progrès de la science » et ses conséquences politiques [10] :

30

« S’il n’y avait pas de discours analytique […] je n’aurais jamais pensé le discours du maître comme simplement […] un certain mode de cristallisation de ce qui fait en somme le fond de notre expérience, à savoir la structure même de l’inconscient ; personne n’avait songé à y référer le discours du maître lui-même, mais il […] est remarquable […] qu’en somme, ce soit arrivé à donner là un poids, un sens, une nécessité, sous le terme de “plus-de-jouir”, à ce que dans un discours du maître bien spécial, le discours capitaliste, Marx avait su isoler, détecter comme en étant le ressort, le ressort majeur, à savoir la plus-value – il ne s’agit pas du discours du maître comme tel, mais d’une certaine variété de ce discours, le discours dit capitaliste, qui ne s’en distingue qu’à un tout petit changement dans l’ordre des lettres, les miennes.
C’est un fait qu’en détectant, dans le sens du discours capitaliste, la plus-value comme un ressort essentiel, Marx a tout d’un coup conféré une consistance et une puissance au discours du maître dont vous n’avez pas fini de voir les résultats, […] il n’est, à mes yeux, pas du tout sans intérêt qu’en ce qui le concerne, le discours psychanalytique, non seulement prenne corps, mais ait d’ores et déjà pris corps, que vous le vouliez ou pas, et que ce congrès soit un témoin du fait qu’enfin il y a un intérêt, un intérêt universel puissant, à ce que ce discours se maintienne – là, il n’est pas forcé que les psychanalystes eux-mêmes en aient pris conscience pour que déjà, ça fonctionne.»

31Nous pouvons affirmer à propos des énoncés finaux de Lacan sur le discours capitaliste qu’ils sont congruents avec notre disjonction exclusive, et se transforment en impératif éthique pour les psychanalystes : il leur faut soutenir leur discours comme la seule (?) alternative viable face à la globalisation de la peste.

Notes

  • [1]
    Dispositif est le terme générique élu par Foucault et Agamben. Ce vocable paraît correctement désigner par ailleurs le praticable scénique d’une psychanalyse (dispositif analytique). Pour désigner le dispositif qui dérive du savoir techno-scientifique, nous préférons employer l’apellation de « servomécanisme » qui s’applique tout autant à un psychotrope qu’à un appareil électronique, etc.
  • [2]
    G. Agamben, Qu’est-ce qu’un dispositif ?, Paris, Payot-Rivages, 2007, p. 31.
  • [3]
    J. Lacan, Le Séminaire, Livre XVII (1969-1970), L’envers de la psychanalyse, leçon du 17 décembre 1969, p. 34-35 ; nous soulignons.
  • [4]
    Ibid., p. 197, leçon du 10 juin 1970.
  • [5]
    Le lecteur nous autorisera, pour la traduction du « insabible » de l’original, à retrouver le joli néologisme scibile, des grands rhétoriqueurs, qui fait bien défaut à notre langue mais qui n’a pas été conservé à cause sans doute des relents obscurantites de la Sybille, de Cumes pourtant (N. d. T.).
  • [6]
    J. Lacan, Le Séminaire, Livre XI (1963-1964), Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Le Seuil, 1973, p. 248.
  • [7]
    Cf. M. Foucault, Naissance du biopouvoir, Paris, Gallimard-Seuil, 2004. On trouvera dans l’œuvre de Foucault un déploiement érudit des positions théoriques du capitalisme, qui le mène jusqu’au point où elles débouchent sur le néolibéralisme sauvage, pierre d’angle de notre « discours des marchés ».
  • [8]
    J. Lacan, « Proposition du 9 octobre 1967 », dans Autres écrits, Paris, Le Seuil, 2001, p. 243.
  • [9]
    Pour un traitement complet de tous les problèmes logiques soulevés par cet usage de la disjonction peut être consulté, cf. http://plato.stanford.edu/entries/disjunction.
  • [10]
    J. Lacan, « Intervention dans la séance “Sur la passe” du 3 novembre de 1973 », Lettres de l’École freudienne, n° 15, 1975, p. 185-193.
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