Couverture de SCIE_212

Article de revue

‪Effets moraux de l’accélération de l’histoire‪

Pages 149 à 161

Notes

  • [1]
    Nous supprimons ici une virgule.
  • [2]
    Les notes indiquées par des chiffres romains sont de Vuillemin. Nous les renvoyons à la fin du texte.
  • [i]
    ‪J.‪‪ ‪‪N. Spuhler, « Somatic Paths to Culture», in ‪‪The Evolution of Man’s Capacity for Culture‪‪, arranged by J. N. Spuhler, Detroit, Wayne St. Un. ‪Press, 1965, p. 10.
  • [3]
    Nous proposons de corriger ainsi le mot « mentionnent ».
  • [4]
    Nous ajoutons ici une virgule.
  • [5]
    Nous supprimons ici une virgule.
  • [6]
    Nous supprimons le mot « À » en début de phrase.
  • [7]
    Nous corrigeons le mot « ancêstraux ».
  • [8]
    Nous ajoutons une virgule.
  • [9]
    Nous supprimons une virgule.
  • [10]
    Nous corrigeons les mots « compte-tenu ».
  • [11]
    Nous supprimons une virgule.
  • [ii]
    Cybernetics, p. 37.
  • [12]
    Nous ajoutons le trait d’union.
  • [13]
    Nous déplaçons la virgule d’avant à après le mot « sont ».
  • [14]
    Nous proposons de corriger ainsi le mot « destructions ».
  • [15]
    Nous supprimons une virgule.
  • [16]
    Nous corrigeons le mot « seule ».
  • [iii]
    W. R. Ashby, « Les mécanismes cérébraux de l’activité intelligente», in Perspectives cybernétiques en psycho-physiologie, trad. Cabaret, PUF, Paris, 1951, p. 6.
  • [iv]
    Ibid., p. 6.
  • [17]
    Nous corrigeons le nom « Shalaris ».
  • [18]
    Nous déplaçons la virgule d’après « à » avant le mot « ou ».
  • [19]
    Nous corrigeons le mot « pillule ».
  • [20]
    Nous corrigeons le mot « puisqu’« .
  • [21]
    Nous ajoutons une virgule.
  • [22]
    Nous corrigeons le mot « inouis ».
  • [23]
    Nous ajoutons une virgule.
  • [24]
    Nous proposons de corriger ainsi le mot « mas ».
  • [25]
    Nous ajoutons une virgule.
  • [26]
    Nous ajoutons une virgule.
  • [27]
    Nous proposons de corriger ainsi le mot « confessions ».
  • [28]
    Nous corrigeons le mot « conjugé ».
  • [29]
    Nous ajoutons une virgule.
  • [30]
    Nous supprimons une virgule.
  • [31]
    Nous corrigeons le mot « Quelqu’« .
  • [32]
    Nous corrigeons le mot « contraignaient ».
  • [33]
    Nous proposons de corriger ainsi le mot « estime ».
  • [34]
    Nous corrigeons le mot « assujetissant ».
  • [35]
    Nous corrigeons le mot « contre-partie ». Nous supprimons une virgule.
  • [36]
    Nous corrigeons le mot « contre-partie ».
  • [37]
    Nous corrigeons le nom « Péruchet ».
  • [38]
    Nous corrigeons le mot « contreprestation ».
  • [39]
    Nous corrigeons les mots « extrêmes-orientales ».
  • [40]
    Nous corrigeons le mot « contre-partie ».
  • [41]
    Nous proposons de corriger ainsi le mot « réduisons ».
  • [42]
    Nous corrigeons le mot « espèrer ».

1[1] Les paléontologues constatent que, mesuré en genres, le taux d’évolution de nos ancêtres [1] et collatéraux directs a été exceptionnellement rapide. En 160 millions d’années, on compte seulement huit genres d’ammonites. Il faut encore 60 millions d’années pour huit genres de chevaux, mais il n’en faut plus que 12 millions pour quatre genres d’hominoïdes et un seul, le dernier, pour trois genres d’hominidés [2][i]. Pour expliquer une telle accélération, on suppose que la sélection a dû agir sur un nouveau type d’environnement : l’environnement culturel. Naturellement, quand on fait le tableau de l’histoire humaine, cette supposition, qui lui est empruntée, prend la consistance d’un fait. Passez en revue, par exemple, depuis l’apparition du langage parlé, les moyens de communication nouveaux : écriture sur pierre et manuscrits, imprimerie, journaux, téléphone, télégraphie sans fil, radio, télévision, télévision en couleur. Les inventions se pressent avec le temps. Surtout, l’accélération même de l’histoire nous est comme rendue sensible, et ceci suppose, étant donné que nous ne prenons probablement conscience que des variations dans le taux de changement, que les choses vont assez vite, à présent, pour permettre à chaque individu au cours de sa vie de comparer plusieurs impressions successives d’accélération, et de sentir, lorsqu’il les rapporte à une unité de durée aussi courte qu’une décennie, un accroissement vertigineux dans le nombre et l’importance des innovations qu’il accueille ou qu’il subit.

2Je me propose d’examiner ici quelques effets moraux de cette situation.

I

3De cette situation, je ne retiendrai qu’un unique aspect. Non que je prétende diminuer la part des bouleversements sociaux, politiques, nationaux et religieux des [2] deux dernières guerres dans l’image que nous nous faisons du monde. Mais, emportés eux aussi dans le tourbillon, nos malheurs perdent chaque jour de leur intérêt. Les historiens futurs, il le faut bien, mentionneront [3] charniers et massacres. D’autres événements, en revanche, les arrêteront : le « V2 », ancêtre des vaisseaux de l’espace [4], et le canon automatique anti-aérien, machine-modèle à mesurer l’information et à prédire l’avenir. D’avance, imitons leur choix. Bien que collectifs, régimes, nations et religions ont une tendance à la désuétude, qui les apparente à nos passions individuelles. Parmi les causes du changement, bornons-nous aux plus stables, à celles qui sont cumulatives et universelles. Bornons-nous, par conséquent, aux relations techniques de l’homme à son milieu.

4Quatre traits principaux paraissent caractériser ces relations aujourd’hui.

5Il y a un million d’années, les Australopithèques inventaient de coupler l’organisme et le milieu par le moyen d’instruments rudimentaires, de simples silex, dont nos techniques proprement humaines représentent le développement lointain. L’esprit de cette invention, que nous ne cessons d’exploiter et de perfectionner, consiste à prolonger l’évolution naturelle. L’être vivant ne se conserverait pas un instant si de nombreux mécanismes homéostatiques n’agissaient de concert pour assurer à son milieu intérieur une stabilité relative par rapport aux variations du milieu extérieur. L’homme se distingue sans doute des autres animaux [5] en ce que les pressions de sélection l’ont contraint d’interposer entre son organisme et l’univers un milieu artificiel de plus en plus épais, en sorte qu’en toute rigueur, lorsqu’on parle du milieu intérieur et des régimes homéostatiques de l’homme, ce n’est pas son corps seul, mais le couplage de son corps et de la technique qu’il faut considérer. La langue [6], le vêtement, la maison, le chauffage, le conditionnement ne sont pas sans retentir sur l’équilibre et la sensibilité thermiques de l’individu.

6Nous oublions trop aisément à quel degré d’intensité notre civilisation a porté ce couplage. Lui seul permet de vaincre les fléaux ancestraux [7] : la faim et les épidémies. Mais s’il nous protège contre les accidents de la météorologie et des contagions, c’est en nous asservissant aux prescriptions de la chimie et de l’hygiène. Et ceux-là même [3] qui contestent en parole l’économie d’abondance et de bien-être reculeraient d’horreur s’il leur fallait affronter la vie précaire à laquelle nous réduiraient leurs prédications inconséquentes. Ce n’est pas tout. Car, au service de la production de masse, qui engage l’homme dans un couplage technique irréversible, l’automatisme change la nature de ce couplage. Il s’agit non plus seulement de substituer les énergies physiques à la force brute de l’ouvrier, mais d’éliminer désormais toutes les tâches subalternes, qu’elles soient d’ordre physique ou intellectuel, qu’elles relèvent de la répétition d’un acte ou de la surveillance d’une opération. Un frigidaire, un four de cuisine, une machine à laver illustrent le principe de ces nouvelles machines : à toute prestation fournie sous forme d’énergie dépensée correspond une contre-réaction sous forme d’information relatant l’effet de cette prestation – par exemple l’indication d’une variation de température dans le milieu ambiant – et cette contre-réaction, à son tour, en commandant l’alimentation énergétique, règle la nouvelle prestation. Ces machines, qu’on tiendra pour des simulateurs grossiers, mais acceptables [8], des activités organiques, et dont les formes les plus complexes, les calculatrices électroniques, simulent même l’activité cérébrale, ont en propre d’être homéostatiques. À la limite, une fois programmées et mises en marche, les usines automatiques fonctionnent toutes seules et prennent en charge la dépense musculaire et nerveuse, que l’ouvrier doit payer pour prix de son couplage avec les machines classiques. Bref, un automate moderne fait fonction d’esclave en épargnant toutefois à son maître la crainte et la mauvaise conscience. Tel est le premier trait caractéristique de la technique contemporaine.

7Il en entraîne un second, plus inquiétant. Le complexe de l’homme avec la production de masse et l’automatisme ne se soutient en effet, comme la marche, que par une suite de déséquilibres continuellement compensés. Les cybernéticiens diront que nous voici aux prises avec un système à contre-réaction positive. En d’autres termes, le système réagit aux états de stabilité et tend à s’emballer vers une position extrême et à s’y tenir. La protection de la nature nous donne un exemple de cet état de choses. Nous nous apercevons tout à coup – est-ce en toute bonne foi ? – que, dans le bilan de [4] notre couplage technique, nous avions oublié de comptabiliser cette forme condensée de désordre et d’entropie [9] que l’homme produit lorsqu’il se rend « maître et possesseur de la nature », la pollution. Compte tenu [10] des pouvoirs privés et de notre propre inertie, j’ignore ce que les pouvoirs publics peuvent faire et feront. Au mieux, ils élargiront la définition de couplage technique et compteront parmi les termes de l’homéostasie non seulement l’organisme, la production de masse et l’automatisme, mais aussi une poubelle géante où entreraient, des poissons crevés aux cimetières d’auto et des bruits des moteurs aux agressions publicitaires, tout ce qui à la ville et aux champs blesse les sens et la raison. L’estimation, n’en doutons pas, sera de taille. Une chose ne fait pas de doute : pour réaliser l’équilibre demandé, le système devra considérablement s’écarter de l’équilibre actuel. Ainsi, l’abondance ne se maintient qu’en créant de nouveaux besoins et l’homme ne se libère du monde extérieur qu’en s’asservissant à un monde technique conquérant, sans limites assignables autres que celles de l’univers lui-même. Déjà nous avons accepté, dans notre vie quotidienne, l’irrésistible modification de nos goûts et de nos désirs. La technique est plus exigeante. Elle nous concurrence désormais dans nos travaux et notre profession. La désuétude touche les hommes après avoir touché les machines et les statisticiens déterminent, avec la marge de fantaisie qui leur est coutumière, la probabilité pour un individu d’avoir à changer seulement deux ou trois fois de métier dans un laps de temps déterminé. Comme le prophétisait, dès 1958, le père de la Cybernétique, Norbert Wiener : la révolution technique « donne à l’humanité un ensemble nouveau et au plus haut point efficace d’esclaves mécaniques pour accomplir son travail. Un tel travail mécanique a la plupart des propriétés du travail esclave, bien que, à la différence du travail esclave, il ne comporte pas les effets directement démoralisants de la cruauté humaine. Toutefois, tout travail qui accepte les conditions de compétition avec le travail esclave [11] accepte les conditions du travail esclave et est essentiellement travail esclave [ii] ». Le mal est clair et l’on n’indique pas clairement les remèdes.

8[5] La sensibilité des moyens de communication ajoute, en troisième lieu, aux risques d’instabilité du système. Le courrier que Napoléon envoya à Paris après la prise de Moscou n’allait pas sensiblement plus vite que celui par lequel César annonça à Rome la capture de Vercingétorix. Dès 1896, en utilisant les ondes hertziennes pour communiquer des informations, Marconi atteignait d’emblée la vitesse maxima avec laquelle un message peut propager ses effets, celle de la lumière ; nos petits-enfants [12] communiqueront autrement que nous, non plus vite. Mais la qualité de l’information importe autant que sa vitesse. Lire les bulletins du Moniteur, écouter les discours de Hitler, voir en couleur les premiers hommes alunir, c’est passer d’une forme de communication abstraite, symbolique, réfléchie et particulière à une forme concrète, immédiate, périphérique et universelle, où toutes les difficultés du codage et du décodage ont été transférées de l’homme à ses instruments. Faut-il alors s’étonner des incertitudes dans les méthodes de communication entre générations et, particulièrement, dans la façon d’enseigner ? D’une part, le son et l’image prétendent supplanter l’écriture. De l’autre, une machine bien programmée vaut mieux qu’un mauvais maître et bien des tâches qui, dans la transmission de la culture, sont concurrencées par le travail esclave sont [13], comme dit Wiener, essentiellement du travail esclave.

9Voici donc un milieu technique, en lui-même instable, et dont les procédés d’information ne cessent de réverbérer et d’amplifier l’instabilité. Il serait assurément exagéré de réduire le rôle des institutions juridiques, religieuses et morales à celui de stabilisateurs des civilisations. Mais on conviendra aisément que l’une de leurs destinations [14] principales est de prévenir ou d’amortir et d’intégrer le choc des innovations. On imagine alors qu’elles sont, aujourd’hui, soumises à rude épreuve. Certes les marchands ont passé contrat et les ouvriers ont fait grève [15] avant que le contrat et la grève soient reconnus en droit commercial et ouvrier. La lutte pour le droit ne s’est jamais séparée de la justice même. Mais ces luttes prenaient naguère des siècles ou du moins des décades. À présent, c’est avec une extrême rapidité que les retards s’accusent et se comblent dans tous les domaines du droit. Les lois courent après les [6] mœurs, qui courent après la technique. De ce fait, les idées qu’on se fait du bien et du mal changent sous nos yeux. Ceux dont l’éducation remonte à l’époque bénie de Raymond Poincaré n’auront pas oublié les préceptes d’épargne qui leur étaient inculqués ; pour les États comme pour les ménagères, la règle d’or était de tenir un équilibre constant et strict entre recettes et dépenses. Ailleurs cependant, où l’on prenait mieux la mesure de la grande crise, on fustigeait la manie d’épargner comme un vice responsable du chômage. Et, depuis, les sociologues nous ont accoutumés à glorifier les largesses et le don, formes primitives de l’échange, sources non seulement du prestige, mais de la solidarité.

10Il est dangereux de rappeler aux hommes que les vertus elles-mêmes ont leurs travers. Submergés par l’économie d’abondance, ils devraient s’interroger sur les contraintes et les répressions que seules [16] la disette et la rareté justifiaient. Maîtres d’automates homéostatiques, ils devaient pousser le sacrilège jusqu’à s’enquérir du mécanisme auquel obéit une règle. Un cybernéticien demande ainsi [iii] : « Chez l’homme et les animaux supérieurs, quels facteurs vont corriger le signe des nombreuses contre-réactions qui résultent de l’expérience individuelle ? Par exemple, qu’est-ce qui va effectuer cette rectification chez l’enfant, qui peut être forcé d’apprendre à rechercher la viande rouge, mais à éviter un fruit rouge, à rechercher une couverture rouge, mais à éviter une braise rouge, les contre-réactions, pour fonctionner correctement, devant être les unes positives, et les autres négatives ? » À cette question, l’auteur répondait en invoquant un théorème « suivant lequel un système adéquat renfermant un grand nombre de fonctions en gradins doit pouvoir changer automatiquement ses contre-réactions jusqu’à ce qu’il ait trouvé une contre-réaction appropriée, le processus de changement cessant au moment où se produit une contre-réaction affectée du signe correct et à ce moment-là seulement [iv] ». À l’appui de la théorie, un homéostat était présenté qui réalise un véritable simulateur d’adaptation, c’est-à-dire un automatisme propre à produire ses règles de conduite.

11[7] C’est non pas la science-fiction, mais un théorème démontré et une machine construite qui tirent donc la conséquence de notre couplage technique et nous fournissent le quatrième et dernier trait caractéristique de notre situation. De ces règles, que nous voyons changer, nous pouvons imaginer l’origine, sans invoquer aucune transcendance, puisqu’un automate fait l’affaire. Valéry le disait avec un peu d’emphase : « Nous savons, nous autres civilisations, que nous sommes mortelles ». Traduisons en langage de machines : « Nous savons, nous autres lois, que nous sommes des adaptations ».

II

12Voilà les faits : un couplage technique, rendu doublement exigeant par sa nature et par la réverbération de son information, des règles tenues pour saintes et immuables et que des automates simulent et démodent. Reprenons-les une à une pour examiner leurs effets sur les mœurs.

13Remarquons d’abord que les morales traditionnelles rappelaient l’homme à sa condition d’animal démuni et prétendaient l’affranchir sans l’associer aux artifices. Elles jouaient, pour ainsi dire, le rôle d’anti-couplages. « De quoi le sage a-t-il besoin pour être heureux ? » – « De rien, répondent orgueilleusement les morales du bonheur, puisque, même dans le taureau de Phalaris [17], il ne dépend que de lui de n’être en quoi que ce soit troublé et de pouvoir s’écrier : « Douleur, tu n’es qu’un mot ! » – Plus humbles, les morales du devoir se contentent de libérer de toute hétéronomie cela seul qui nous rend digne du bonheur, une intention pure. Dans les deux cas, ataraxie et autonomie sont sous le seul commandement de la volonté, faculté mystérieuse qui nous met en demeure soit d’agir sur les représentations propres à nous impressionner et à émouvoir nos désirs, soit du moins de devoir purifier le principe de notre détermination de tout intérêt extérieur. Cette unique faculté est divine [18], ou à défaut sublime, puisqu’elle arrache l’homme aux sollicitations de sa sensibilité et l’élève au-dessus de sa condition [8] animale.

14D’un coup, le couplage technique fait s’écrouler ces rêves. Contre la douleur et contre l’angoisse, un calmant ou ce qu’on appelle du nom si prometteur de « pilule [19] du bonheur » agissent plus vite et plus sûrement qu’un précepte de morale. Mais alors, au lieu de nous en tenir à l’idée fabuleuse de l’homme, empire dans l’empire de la nature, acceptons-le pour ce qu’il est, constatons qu’il n’est rien sans son matelas d’artifices, et laissons dépérir la morale puisque [20] après tout voilà un bon million d’années que le sage a cessé d’être nu.

15Mais suivons les conséquences de cette idée : on n’agit jamais directement sur l’homme, mais toujours et seulement par des voies indirectes, en modifiant son milieu, c’est-à-dire en inventant un artifice de plus. Cette action indirecte ou conditionnement est le principe qu’à l’aube de notre révolution technique découvrirent indépendamment Pavlov et Watson. Nulle part l’analyse psychologique ne révèle une âme, siège de méditation ou objet d’introspection, non plus qu’une réflexion ou une volonté qui assignerait à l’agent sa responsabilité. Mais on peut résoudre le comportement humain en une suite de réflexes conditionnels, réponses parfaitement automatiques à des stimuli, parmi lesquels on comptera les mots, et auxquels nous ne prêtons de significations que parce que le hasard les a une fois associés à l’objet d’un désir. Lorsqu’ils croyaient décrire des caractères, mus par les ressorts qu’ils appelaient ambition et amour, les romanciers cédaient donc à une séduisante illusion. Ainsi, Julien Sorel décide brusquement d’assassiner Madame de Rênal. Il aurait fallu montrer au lecteur l’objet, probablement caché à l’attention consciente du héros, que la seule vertu d’anciennes rencontres avait chargé d’un pouvoir relevant apparemment d’une décision passionnée. Les passions sont des mythes. Comme le savent les agents de publicité et les sectateurs du nouveau roman, ce sont les signes qui nous gouvernent. En un sens, le bruit n’est pas un simple déchet pour cette civilisation du réflexe, car il fait obstacle à l’examen de conscience et au recueillement dont elle n’avait plus que faire. Tel est l’homme selon les vœux du brave nouveau monde, celui de Harvard et celui de Moscou. Il a troqué son arbitre contre [9] un peuple d’automates. Sa puissance est liée au pacte qui le rend étranger à lui-même, voyageur délesté de son ombre, à peine étonné de l’ingénieuse rêverie qui, derrière chaque apparence de décision, assigne le jeu réglé des causes, des réflexes et des symboles. De ce seigneur, les sociologues ont dit qu’il était « hétérodéterminé », juste le contraire d’un mot d’ordre donné naguère par un grand homme, peut-être attardé parmi nous. Mais ce personnage n’est pas si nouveau, dont l’unique maxime est de ne jamais penser par soi-même. On l’appelait jadis un conformiste.

16D’un homme qui a projeté hors de lui son centre de gravité, on attendra [21], en second lieu, qu’il aille de déséquilibre en déséquilibre. À l’intérieur aussi, s’il est encore permis d’employer ce mot, le couplage technique entraîne l’instabilité. Ici encore, le contraste est complet avec les exigences des morales. Celles-ci définissaient le bonheur par la tranquillité et Épicure, faisant le tri des plaisirs, ne retenait que ceux qui lui semblaient en repos, les plaisirs en mouvement lui paraissant indiscernables de la douleur. Notre conformité, au contraire, ne se satisfait que de nouveautés. Au bonheur immobile a succédé un principe d’infinité, de renouvellement inexorable des besoins. C’est à des signaux inouïs [22], donc toujours plus improbables [23], qu’est confié le soin d’entretenir l’excitation suffisante au maintien de la vie et de rompre autant qu’il se peut la monotonie des formes modernes et démocratiques du divertissement, l’affairement, le souci et les loisirs programmés. Ainsi, il n’y a pas à s’étonner de l’état de mécontentement, sourd ou violent, propre à nos sociétés gavées : c’est leur dynamisme même qui veut que ce qui leur reste d’âme se consume en explosions de rage. Auprès de Marthe, affairée au ménage, on se prend à regretter Marie, Marie l’inutile, comblée d’éternité.

17Car c’est notre conscience du temps qui s’est le plus profondément altérée. Des techniques qui vieillissent très vite discréditent le passé. Dans les sociétés traditionnelles, la lutte des âges favorisait l’expérience et les vieillards. À présent, partout la jeunesse fait prime, et par jeunesse j’entends moins l’âge biologique que l’absence de souvenirs ou leur régression. Ainsi sont jeunes les cités qui ne sont pas faites pour durer, parce que chaque génération rase ce que la précédente avait édifié. [10] Si la culture tient dans les monuments, les institutions et les pensées, qui assurent quelque communication entre nos vies éphémères et leur survivent, on voit pourquoi l’homme affairé est son ennemi. Préhistoire, archéologie, exotisme sont à la mode dans notre société. Est-ce remède ou symptôme ? En tous cas, le mal [24] américain, le manque d’ancêtres [25], nous ronge déjà, et l’extension de notre intérêt dans le temps et l’espace compense mal le peu d’épaisseur [26], de passé vivant, de coutumes et de traditions qui nous lient encore à nos pères et, par eux, à notre enfance.

18L’affaiblissement de notre subordination au passé altère inévitablement notre représentation de l’avenir. Il me paraissait naturel, à vingt ans, de nourrir de grands desseins. J’avais cet âge, lorsque je fus présenté à l’un des personnages qui décidait alors du goût dans les lettres françaises. Questionné sur mes projets, j’exposai sans rire des plans de livres à la mesure de cartons pour le plafond d’une autre Sixtine. Je m’aperçus qu’on s’étonnait, ou plus. « C’est que, m’expliqua-t-on, le public n’est plus versé dans la composition, le temps lui fait défaut. S’il lit encore, ce sera d’un trait quelque relation assez brève pour être lue de cette façon ». – Jugement perspicace à une époque où les chefs d’État et les maires du Haut-Doubs arborent la devise : Développement, Planification ! Quand les goûts et les besoins changent si vite, les entreprises à long terme paraissent bien précaires. Suivez l’histoire d’une réforme. Un incident, une grève, que sais-je, une insurrection en imposent l’idée au corps politique. Le ministre prend des avis, presse les commissions, calme les impatients. Déjà on l’accuse de tiédeur. Il décide. Le corps politique est, pour une fois, unanime, comme à la nuit du 4 août. Et quand les ordres atteignent enfin ceux qui doivent les appliquer, d’autres événements pressent qui appellent désormais d’autres réformes, d’autant que les mêmes gens qui s’accordaient si bien sur les principes se sont, entre-temps, désaccordés sur leur interprétation. Nos textes de lois ont la durée des créations des couturiers, et il y a peu à parier qu’un artilleur invente une machine à prévoir les évolutions d’une cible aussi capricieuse que l’homme.

19[11] Le temps récompense donc bien mal ceux qui se jettent à corps perdu dans ses affaires. Il arrive même qu’il leur fausse compagnie. Ainsi probablement de la requête que je lisais, flambant rouge, il y a quelques semaines, au fronton d’une université du Midi : « La Commune ! Ici, tout de suite ! » Les universités d’aujourd’hui servent, entre autres choses, à exprimer au grand jour les désirs élémentaires du peuple. De tels textes, si conformes à leur destination critique, méritent qu’on les commente comme on ferait de classiques. D’abord le mot : « Commune ». J’ignore le sens exact que lui attachait le contestataire. Ces pensées courtes et sacrées m’ont toujours laissé perplexe. J’abandonne donc avant d’avoir combattu. Mais les mots « Ici, tout de suite ! », je crois les reconnaître. Ce sont les cris de l’enfant magique, qui piétine à la moindre distance entre son désir et sa main. Ce sont les protestations réprimées de l’enfant que nous continuons d’être quand nous rêvons ou que la discipline de l’attention nous fait défaut pour vivre autrement qu’en songe. Peut-être n’est-ce pas un hasard si le surréalisme est si intimement lié à la civilisation des automates. Nous payons une puissance précaire par une insatisfaction chronique, et, délogés par l’action même du temps long de l’action, sans passé, sans avenir, nous nous réfugions dans l’enfantillage, prenant ou feignant de prendre les vessies pour les lanternes et les rêves pour les réalités.

20De leur côté, nos moyens d’information flattent ce goût des chimères, par les confusions [27] qu’ils entretiennent dans nos esprits. L’abondance des matières risque ici de faire illusion, encore que leur disparate même gêne leur assimilation. Nous nous trouvons pris dans un vertige de signes. Leur nombre cependant a moins d’effet que leur façon de nous toucher. Quand nous lisons, la ponctuation, la division en paragraphes et en chapitres nous invitent à faire des pauses et donc à réfléchir, je veux dire à nous détacher du texte pour l’examiner et le juger. C’est pourquoi la lecture peut former l’esprit critique. Nous y passons constamment du niveau superficiel des signes physiquement perçus à la synthèse abstraite et profonde du sens, et cette synthèse exige un effort intellectuel systématique d’articulation et d’organisation. Il ne dépend pas de nous, en revanche, d’arrêter le spectacle télévisé. Les images tiennent notre pensée captive et [12] pour ainsi dire envoûtée ; elles ont certes leur type à elles de résonance, mais c’est une résonance toute concrète, circonscrite au seul plan de la sensation, accueillante à tout ce qui, fait de bric et de broc, n’atteint qu’à l’unité rhapsodique de la contiguïté. Bref, elles s’accordent admirablement avec les machines qui nous font extérieurs à nous-mêmes, par le jeu conjugué [28] de stimulations superficielles irrésistibles et d’inhibition du doute. Le lecteur est naturellement détaché, le téléspectateur spontanément crédule.

21C’est le lieu, puisque j’ai loué tout à l’heure l’usage circonspect des machines à enseigner, de dénoncer les mensonges de la pédagogie moderne. Méthodes « globales » pour l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, abandon des exercices de géométrie au profit des opérations mécaniques de l’algèbre élémentaire, introduction ridicule, dans les premières classes, de la théorie des ensembles [29], dont l’intérêt n’apparaîtra que les études secondaires terminées, substitution de la langue parlée à la langue écrite, dénaturation audio-visuelle de l’activité mentale, cette haute science prétend faire l’économie de l’abstraction et de l’effort et retarde absurdement l’âge où l’enfant sera mis en demeure d’appliquer aux problèmes scolaires son intelligence et son jugement.

22On conçoit à quelles brimades ces instructions soumettent un esprit bien fait. À force de se voir trop peu demander, la jeune tête se lasse, se dégoûte et rejette avec cette caricature de formation le portrait authentique que la caricature masque. Malraux note que [30] ce ne sont pas d’abord des idées nouvelles, mais des états : le sexe, l’oisiveté, la drogue, la violence. Il est vrai que les idées auxquelles ces états s’opposent sont alors réduites à ce qu’il en reste entre les mains des bateleurs.

23Que toutes ces conditions réunies, l’homme extérieur à lui-même, le temps perdu, le jugement mis hors de cause, produisent enfin un doute général sur la légitimité de la morale, qui s’en étonnerait ? Assurément, ce n’est pas d’aujourd’hui que date le débat sur la nature des règles et des lois, ni non plus qu’on passe insensiblement de la justification à la critique et de la critique à l’utopie. Pourtant les affinités oniriques de la contestation font attendre d’elles quelque trait nouveau et singulier. À bon droit, [13] comme on va voir.

24Quelque [31] origine qu’ils aient assignée aux lois, Dieu, nature ou contrat, et quelque révolutionnaires qu’aient été leurs ambitions, les hommes de naguère critiquaient moins les lois que les exceptions déguisées en lois, les privilèges. Par privilège on entendait un droit unilatéral que s’arrogent un individu ou un groupe sans fournir la contre-prestation qui l’équilibre et le légitime. Si durs qu’aient été les droits seigneuriaux, ils étaient ressentis comme justes et nécessaires, tant que l’insécurité des temps contraignait [32] le manant à demander protection. On les estima [33] injustes et intolérables, dès que les conditions générales de sûreté furent rétablies. Les plus anciennes obligations portent témoignage de l’échange tacite qui les fonde. Ainsi la prohibition de l’inceste paraît résulter de l’accord entre deux clans, dont chacun renonce aux femmes qu’il possède de par le fait de la parenté à condition de pouvoir disposer des femmes de l’autre de par les lois de l’alliance. La solidarité a pour principe la justice et la justice n’est que la relation du devoir et du droit. De cette relation nous prenons conscience comme d’un devoir lorsque nous fournissons la contre-prestation et comme d’un droit lorsque c’est d’autrui que nous exigeons la prestation correspondante. Un droit sans devoir correspondant est un carré rond.

25Dans l’ordre de la pensée, la contestation revendique la quadrature du cercle. On comprend que les états qui l’accompagnent ressortissent plutôt au genre de la stupéfaction.

26Voici le raisonnement qu’on tient. La donnée primitive, le droit naturel est le pouvoir de disposer de la nature. Il n’est borné que par nos forces. Le contrat social, cependant, ajoute à ces bornes des limites propres. En effet, tout système social de production est affronté à un type de rareté. C’est cette rareté qui contraint à limiter le pouvoir de disposition des individus en deçà de leurs forces, et donc à réprimer le droit en l’assujettissant [34] à la contrepartie [35] du devoir et de la sanction. Supposez à présent la rareté vaincue, comme est sur la voie de le faire notre société d’abondance. Alors la contrepartie [36] obligatoire et répressive du droit perd automatiquement [14] toute légitimité. La maintient-on ? C’est qu’on fait violence aux choses. Que cette violence vienne du capitalisme ou de la bureaucratie, peu importe. Il est temps que l’État, dont la production de masse entraîne le dépérissement de principe, dépérisse aussi dans les faits. Sa violence est inutile. Contre elle, la violence est donc nécessaire et juste.

27Les applaudissements des foules vont à ces idées simples. Je ne les ai expurgées que de leurs excroissances psychanalytiques, car ce qu’on dit des rapports entre Éros et civilisation m’a paru relever des « états » plutôt que des pensées. Je ne me lamenterai pas sur l’imposture des temps : quand décrire je ne dis pas une cellule vivante, mais un atome physique défie, au sens strict, l’imagination, des réformateurs et des potaches, qui pensent comme Bouvard et Pécuchet [37], détiennent les clés du développement de nos sociétés sans qu’on rie. Mais, je l’ai dit, les hâbleurs ont pour eux l’inquiétude et la crédulité du siècle.

28Disons donc que la rareté fut la raison d’être de quelques lois. Elle ne les explique pas toutes. Elle ne les explique pas la plupart du temps jointe à l’utilité, elle définit la valeur économique. En elle-même elle ne crée pas de règles, bien qu’elle fournisse un nombre important d’occasions à leur création. Une règle ne naît que de l’autolimitation de plusieurs volontés, et toute la question serait précisément de montrer que l’occasion est cause et que l’échange des prestations et des contre-prestations [38] dans lequel se résout l’obligation se trouve univoquement déterminé par la rareté.

29Sur l’exemple de la politesse, montrons donc comment s’appliquerait notre raisonnement chimérique. Sous leur forme la plus stricte, étiquette des cours et convenances extrême-orientales [39], les règles de la politesse paraissent répondre à la menace que fait peser la densité démographique sur le for intérieur et tout simplement sur l’art de vivre de chacun. C’est dans la foule qu’on se marche sur les pieds. Voilà donc des règles dues à la rareté ! Tout le problème, on l’a dit, est dans le mot « dues ». Mais laissons cela. Les amateurs de dialectique l’auront remarqué : l’explosion démographique, c’est l’abondance des biens qui cause – en un sens cette fois clair du mot – [15] la rareté de l’espace libre, et donc de nouvelles obligations, des tribunaux et des polices pour imposer à chacun le devoir de ne pas gêner son voisin en contrepartie [40] du droit de ne pas être gêné par lui.

30Il faut donc que la contestation tire son succès d’ailleurs que de sa valeur proprement intellectuelle et que quelque préjugé commun avec la société qu’elle veut détruire explique la présomption paradoxale qui prévient en sa faveur. Quel est ce préjugé ?

31Revenons aux automates. Ils simulent la sensation, la réaction motrice, leur liaison homéostatique, l’adaptation, c’est-à-dire l’apprentissage, l’habitude, la mémoire. Ils ne simulent, en revanche, ni l’activité programmatrice centrale, à laquelle ils obéissent aveuglément, ni la décision, dans la mesure où celle-ci tient compte de ce que tant les données que le problème traités demeurent une abstraction, et recourt à une appréciation globale pour se déterminer complètement. J’appelle raison, sous son aspect à la fois théorique et pratique, la faculté de poser un problème, tout en maintenant une distance entre le jugement final qu’on portera sur la situation et la solution qu’on avait obtenue. Comparons à présent nos instincts aux automates. L’image de l’homme, même réduit à sa qualité de maître des machines, ne serait-elle pas complètement déformée, et rabaissée au seul travail esclave, si nous le réduisions [41] à une chaîne de réactions conditionnelles, sans faire jamais appel à l’autorité centrale chargée d’équilibrer, de modérer et de spiritualiser les instincts ? Cette autorité, c’est celle qui parle par les lois. Aussi les classiques définissaient la raison la faculté des lois, non pas au sens des règles homéostatiques par lesquelles une machine s’adapte spontanément à la réalisation optimisée de son programme, mais au sens des fins dernières que tout programme suppose et qui sont du ressort de la liberté. Surestime de l’homme extérieur à lui-même et mépris anarchique des lois ne font qu’un. La contestation et l’établissement sont ici complices dans la même ignorance de la raison.

32***

33[16] Je récapitule. L’accélération de l’histoire, examinée sous l’aspect technique qui la caractérise aujourd’hui, paraît, à quatre titres principaux, être pour l’homme une cause de démoralisation. Premièrement, le couplage le rend extérieur à lui-même et l’asservit aux machines libératrices ; la responsabilité, l’autonomie morales en sont affectées d’autant. En second lieu, l’emballement du progrès brise les contraintes auxquelles, lorsqu’elle agit, se soumet notre conscience du temps et affaiblit notre sens du réel ; la rechute dans le magique ne favorise pas les entreprises de la volonté. Troisièmement, nos moyens d’information substituent l’image au concept et font obstacle à la réflexion et au jugement que suppose toute conduite morale. Enfin, la rapidité des mutations et l’allègement des contraintes du milieu naturel font croire à l’inutilité des lois. Or nulle illusion n’est plus fatale à l’action que celle d’un pouvoir absolu sur les choses ou sur les personnes et les anges sont la seule espèce ailée dont le vol n’ait pas à s’appuyer sur la résistance de l’air.

34J’ai parlé d’effets moraux et de causes techniques. Mais si les idées d’autonomie, d’esprit critique, de jugement et de règles, que j’ai voulu défendre, peuvent l’être, c’est à la condition précisément qu’on remplace le mot de cause par celui d’occasion et le mot d’effet par celui de réponse. Ces corrections détruisent avec le fatalisme le désespoir. Comme individus, il doit dépendre et donc il peut dépendre de nous seuls de résister aux mythes et au conformisme en exerçant notre liberté. Comme membres du grand animal politique, où nous avons affaire aux illusions des autres, notre pouvoir est assurément plus borné. Mais où l’enthousiasme serait déplacé, il nous reste le cœur. Deux proverbes le rappellent au moraliste et, à l’occasion, au praticien : « Le pire n’est pas toujours sûr », « Il n’est pas nécessaire d’espérer [42] pour entreprendre ».

Notes

  • [1]
    Nous supprimons ici une virgule.
  • [2]
    Les notes indiquées par des chiffres romains sont de Vuillemin. Nous les renvoyons à la fin du texte.
  • [i]
    ‪J.‪‪ ‪‪N. Spuhler, « Somatic Paths to Culture», in ‪‪The Evolution of Man’s Capacity for Culture‪‪, arranged by J. N. Spuhler, Detroit, Wayne St. Un. ‪Press, 1965, p. 10.
  • [3]
    Nous proposons de corriger ainsi le mot « mentionnent ».
  • [4]
    Nous ajoutons ici une virgule.
  • [5]
    Nous supprimons ici une virgule.
  • [6]
    Nous supprimons le mot « À » en début de phrase.
  • [7]
    Nous corrigeons le mot « ancêstraux ».
  • [8]
    Nous ajoutons une virgule.
  • [9]
    Nous supprimons une virgule.
  • [10]
    Nous corrigeons les mots « compte-tenu ».
  • [11]
    Nous supprimons une virgule.
  • [ii]
    Cybernetics, p. 37.
  • [12]
    Nous ajoutons le trait d’union.
  • [13]
    Nous déplaçons la virgule d’avant à après le mot « sont ».
  • [14]
    Nous proposons de corriger ainsi le mot « destructions ».
  • [15]
    Nous supprimons une virgule.
  • [16]
    Nous corrigeons le mot « seule ».
  • [iii]
    W. R. Ashby, « Les mécanismes cérébraux de l’activité intelligente», in Perspectives cybernétiques en psycho-physiologie, trad. Cabaret, PUF, Paris, 1951, p. 6.
  • [iv]
    Ibid., p. 6.
  • [17]
    Nous corrigeons le nom « Shalaris ».
  • [18]
    Nous déplaçons la virgule d’après « à » avant le mot « ou ».
  • [19]
    Nous corrigeons le mot « pillule ».
  • [20]
    Nous corrigeons le mot « puisqu’« .
  • [21]
    Nous ajoutons une virgule.
  • [22]
    Nous corrigeons le mot « inouis ».
  • [23]
    Nous ajoutons une virgule.
  • [24]
    Nous proposons de corriger ainsi le mot « mas ».
  • [25]
    Nous ajoutons une virgule.
  • [26]
    Nous ajoutons une virgule.
  • [27]
    Nous proposons de corriger ainsi le mot « confessions ».
  • [28]
    Nous corrigeons le mot « conjugé ».
  • [29]
    Nous ajoutons une virgule.
  • [30]
    Nous supprimons une virgule.
  • [31]
    Nous corrigeons le mot « Quelqu’« .
  • [32]
    Nous corrigeons le mot « contraignaient ».
  • [33]
    Nous proposons de corriger ainsi le mot « estime ».
  • [34]
    Nous corrigeons le mot « assujetissant ».
  • [35]
    Nous corrigeons le mot « contre-partie ». Nous supprimons une virgule.
  • [36]
    Nous corrigeons le mot « contre-partie ».
  • [37]
    Nous corrigeons le nom « Péruchet ».
  • [38]
    Nous corrigeons le mot « contreprestation ».
  • [39]
    Nous corrigeons les mots « extrêmes-orientales ».
  • [40]
    Nous corrigeons le mot « contre-partie ».
  • [41]
    Nous proposons de corriger ainsi le mot « réduisons ».
  • [42]
    Nous corrigeons le mot « espèrer ».
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