Notes
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[1]
Voir notamment Henri Poincaré, La Science et l’Hypothèse. J’utilise dans la suite l’abréviation Po., S. et H., et je cite d’après l’édition allemande de Lindemann, 3e édition, Leipzig, Teubner, 1914 [Poincaré 1914].
-
[2]
Voir notamment Hugo Dingler : Die Grundlagen der angewandten Geometrie, Leipzig, 1911, Akadem. Verlags [Dingler 1911] ; Die Grundlagen der Physik, 1919, 2. Auf!., 1923 [Dingler 1919]; Physik und Hypothese, 1921 [Dingler 1921], Ces deux derniers ouvrages sont parus chez Vereinigung wissensch. Verleger, Leipzig und Berlin. Le dernier ouvrage mentionné est ici abrégé : Di., Ph. u H.
-
[3]
?Dingler, ? ?Ph. u. H.,? ? p. 200.?
-
[4]
E. Becher, Naturphilosophie, Leipzig und Berlin 1914, Teubner, p. 80 sq. [Becher 1914],
-
[5]
Po., W.u.H., p. 52 ; [Poincaré 1902, 76].
-
[6]
Vaihinger, Philosophie des Als Ob, p.470, 569. Nous citons dorénavant : Vaih., Ph. d. Als Ob, d’après la 5e et 6e édition, Leipzig, 1920, Félix Meiner.
-
[7]
?H. Dingler, ? ?Kritische Bemerkungen zu den Grundlagen der Relativitätstheorie? ?, ? ?Leipzig 1921, S. Hirzel, p. 11, [Dingler 1921b]. ? Voir aussi du même auteur : Ph. u. H., p. 152 ; Grundl. Der Physik, p. 114; Das Problem des absoluten Raum,es, Leipzig, 1923, [Dingler 1923].
-
[8]
Vaih., Ph.d.Als Ob, 2e partie, §20, p.471sq.
-
[9]
Vaih., Ph. d. Als Ob, p. 464.
-
[10]
Po., W.u.H., p. 10 sq.
-
[11]
?Cf. Di? ?., Ph.u. H.,? ? p.10 sq.?
-
[12]
?Di., ? ?Ph.u.H.? ?,? ? p. 140 sq.?
-
[13]
?Cf. Dingler, Krit. Bem. z.d. Grandi. ? Der Relativitâtsth., p. 18 sq.
-
[14]
Einstein, Über die spezielle und die allgemeine Relativitätstheorie. (Gemeinverständlich.), 12. Auf!., Braunschweig, 1921, p. 15 [Einstein 1921].
-
[15]
Einstein a barré ce mot.
-
[16]
?O. Kraus, Fiktion und Hypothese in der Einsteinschen Relativitätstheorie, ? ?Ann. d. Philos.,? ? 2. Bd., 3. Heft, 1921, en particulier p. 361 sq. [Kraus 1921]?
-
[17]
?Dingler, Krit. Bern. z.d. Grundl. d. Relativitätsth., p.22.?
-
[18]
?Vaih., ? ?Ph. d. Als Ob,? ? p. 134.?
-
[19]
Vaih., ibid., p. 592.
-
[20]
On trouve semblables analyses chez M. Geiger, a. a. O., p. 16 sq.
-
[21]
?Vaih., ? ?Ph. d. Als Ob,? ? p. 112.?
-
[22]
Di., Ph. u. H., respectivement p. 198, 199.
-
[23]
Kurt Koffka, « Zur Grundlegung der Wahrnehmungspsychologie. Eine Auseinandersetzung mit V. Benussi » : Zeitschr. f. Psychol., vol. 73, 1915, p. 57-58, [Koffka 1915].
-
[24]
?Wolfgang Kochler, ? ?Die physischen Gestalten in Ruhe und im stationären Zustand,? ? Braunschweig 1920, Vieweg.?
-
[25]
Vaih., Ph.d.Als Ob, p.298.
-
[26]
Kofka, a. a. O., p.58.
1 Cet article se proposant d’examiner les relations qui peuvent exister entre deux positions en théorie de la connaissance, il faudrait commencer par résumer pour elle-même chacune des deux conceptions en question. Concernant la philosophie du comme si toutefois, il n’est pas indispensable de le faire ici*.
2 Nous devons dire en revanche ce que nous comprenons par « conventionnalisme critique ». Nous entendons par-là des idées qui, jusqu’ici, n’ont gagné en importance qu’en mathématiques et dans les sciences de la nature. Ces idées signifient que les fondements de ces sciences, au moins en partie, consistent en conventions, en décrets. Henri Poincaré [1] fut le premier à soutenir ce point de vue avec force. Mais il a trouvé tout récemment un développement conséquent dans les travaux de Hugo Dingler [2], qui entend lui-même « rattacher ses analyses, au moins partiellement, à un conventionnalisme critique ».
3 Mais que signifie : les fondements d’une science consistent en conventions ? Au début de n’importe quelle discipline mathématique, on trouve certains soi-disant axiomes. La recherche en physique, à son tour, utilise dès ses premiers pas certains principes généraux, sans toujours les formuler de manière parfaitement claire. D’où les axiomes mathématiques procèdent-ils ? Et d’où procèdent les principes de la physique ? À cette question, le conventionnalisme répond : ils ne sont obtenus ni par l’expérience, ni par l’évidence ou l’induction. Ce sont de libres décrets, « et le libre décret est la seule voie permettant de donner en toute légitimité une valeur absolue à des propositions générales [3] ». Un système de la science qui se fonde de cette manière est également nommé par Dingler système de la « synthèse pure ».
4 C’est dans ce contexte qu’intervient notre examen comparatif. Nous devons nous demander : que sont au juste ces conventions, ces libres décrets ? Sont- ils des fictions ou des hypothèses, ou bien, ni les unes ni les autres, mais des constructions autonomes ?
5 Peut-être nous approcherons-nous de la solution en considérant que souvent, notamment dans les travaux de Dingler, on emploie pour « convention » le terme d’hypothèse universelle. Selon cette perspective, nous sommes en présence d’une hypothèse universelle lorsque, par exemple, la physique applique la géométrie euclidienne à la réalité (comme le fait la mécanique newtonienne), ou, pour parler de manière plus circonstanciée, lorsqu’elle présuppose le caractère euclidien de l’espace. Ce qui distingue l’hypothèse universelle de n’importe quelle autre hypothèse, c’est qu’elle ne peut pas être vérifiée. Cette impossibilité d’une confirmation expérimentale est pour elle une caractéristique fondamentale, et non quelque chose de contingent. Elle partage ainsi une propriété essentielle avec la fiction. Nous devons donc en premier lieu nous demander s’il s’agit d’une fiction déguisée.
6 On ne parle cependant pas d’hypothèses universelles dans le seul domaine des sciences exactes. Ainsi M. Geïger, par exemple, a récemment présenté l’acceptation ou au contraire le rejet de l’inconscient comme une « hypothèse universelle » de la psychologie, et il combat expressément la conception selon laquelle il s’agirait là d’une hypothèse scientifique particulière. Il existe même une présupposition qui non seulement sert de fondement à tout travail scientifique, mais qui, en outre, est toujours faite dans la vie quotidienne, et qu’on peut qualifier d’« hypothèse universelle » : c’est la présupposition de la fiabilité du souvenir, dont E. Becher [4], particulièrement, a souligné l’importance. Cet exemple d’hypothèse universelle nous permet d’étudier particulièrement bien les propriétés de cette construction. Il fait tout d’abord clairement voir qu’une hypothèse universelle est fondamentalement invérifiable, puisque toute tentative pour la confirmer la présuppose déjà d’une manière ou d’une autre. On observera peut-être que la présupposition de la fiabilité du souvenir trahit son caractère fictionnel en ceci, que le souvenir est de fait très souvent défaillant.
7 Mais on élude le fait que cette défaillance elle-même ne peut être reconnue que si l’on présuppose encore qu’en général, le souvenir ne nous trompe pas.
8 Prenons un exemple simple ! J’ai noté pour moi-même les expériences les plus importantes d’un voyage. Lorsque après des années j’évoque l’une de ces expériences avec mon compagnon de route d’alors, je la situe dans un lieu déterminé X, que nous avions visité lors de ce voyage. Mon accompagnateur nie la chose. Je m’empare de mes notes pour vérifier qui a raison. Effectivement, j’ai eu tort. Mon souvenir, qui m’a fait situer l’événement en question au lieu X, m’a trompé. Comment puis-je l’établir ? En faisant la présupposition que les notes à ce sujet dont je dispose pour exercer le contrôle sont effectivement celles que j’ai prises durant ce voyage. Je présuppose que mon souvenir ne me trompe pas à cet égard. Il ne s’agit pas d’une présupposition fictionnelle, car je ne me contente pas de faire comme si les notes avaient été prises durant ce voyage, mais je suis fermement convaincu que c’est effectivement le cas, sans que je puisse toutefois jamais établir exactement cette concordance.
9 L’hypothèse universelle se révèle ainsi à nous comme une construction parfaitement autonome, qui partage avec l’hypothèse la propriété d’être considérée comme une image de la réalité, et avec la fiction celle de ne jamais pouvoir être vérifiée.
10 Demandons-nous à présent si les propositions des sciences de la nature qu’on nomme « conventions » sont des « hypothèses universelles » au sens qui vient d’être établi. Nous devons tout de suite répondre : certainement pas !
11 Poincaré dit par exemple : la question de savoir s’il est plus juste de mettre la géométrie euclidienne, plutôt qu’une quelconque géométrie non-euclidienne, au fondement de la physique, est aussi dénuée de sens que celle de savoir s’il est plus correct de mesurer une distance en pouces ou en centimètres.
Une géométrie ne peut pas être plus vraie qu’une autre ; elle peut seulement être plus commode [5] .
13 On ne saurait donc parler ici d’hypothèse universelle, car à l’instar de toute hypothèse, comme on l’a vu, l’hypothèse universelle doit être elle aussi une image de la réalité. On ne peut donc pas la choisir en fonction de son opportunité, mais du plus haut degré possible de probabilité ! Ainsi, le terme d’hypothèse universelle ne nous semble pas opportun pour les jugements que le conventionnalisme qualifie par ailleurs de purs décrets.
14 Nous n’avons pas encore avancé d’un pouce dans notre propre question, celle du statut des conventions par rapport aux hypothèses et aux fictions. Cherchons à présent à obtenir une analyse du concept de convention. La convention ne signifie d’abord qu’un accord, et souvent le mot ne dit rien de plus. Ainsi, les définitions nominales sont tout d’abord de pures conventions de ce type. On se contente de dire : par ce mot, il faut entendre ceci et cela. Par « cercle », le géomètre entend ainsi une courbe dont tous les points sont à égale distance d’un point déterminé. Mais se pose aussitôt la question : une telle courbe existe-t-elle dans la réalité ? A vrai dire nous ne sommes pas censés développer cette question particulière. Nous ne voulons, dans notre examen, considérer le conventionnalisme qu’en tant qu’il tente d’établir le fondement des sciences de la nature, en nous attachant spécialement à la physique. Son application au fondement des mathématiques ne devra plus nous intéresser dans la suite.
15 Prenons donc un exemple de physique ! Le physicien décide de marquer un point de température déterminé, par exemple celui où l’eau (en supposant une certaine pression de l’air) gèle, par le signe 0 % et il utilise la marque 100 ” pour le point où l’eau passe de l’état liquide à l’état gazeux. S’agit-il encore d’une pure convention ? On a pu dire que les marquages de cette sorte étaient de simples actes fictionnels [6], car dans la nature il n’existe ni point 0 ni degrés de température. Certes, mais ce n’est pas du tout le propos. On se contente d’affirmer que le physicien, pour faire ses mesures, prend pour base une échelle de température déterminée avec un point 0 déterminé, etc., et il s’agit là d’une simple déclaration sur le comportement du savant, déclaration qui correspond à la réalité. Bien sûr, on peut en outre se demander si le degré 0 d’une échelle de température est de nature fictionnelle. Cela revient alors à se demander : existe-t-il realiter une température telle que celle indiquée par le 0 ? Il est facile de voir que cette question est tout à fait sensée. Et il faut répondre par l’affirmative pour toute l’échelle des températures, car il existe effectivement une température où l’eau gèle.
16 Toutefois, la physique n’utilise pas seulement ce point 0-ci. En thermodynamique particulièrement, elle travaille aussi avec des températures dites absolues : ici le point 0 est la température à laquelle un gaz (en supposant son volume constant) n’exercerait plus la moindre pression (à -273°C). À la question : une telle température existe-t-elle de facto ?, il faut répondre ici par la négative. Car cette physique elle-même, qui utilise le point 0 absolu pour ses mesures de température, nous enseigne (comme on sait, c’est là le théorème sur la chaleur de Nernst, qu’on nomme encore le troisième principe de thermodynamique) que le point 0 absolu est inatteignable. Nous avons donc ici un point 0, qui est de nature fictionnelle. En effet, on fait comme s’il existait une température où les gaz n’exercent plus aucune pression, et on fait de cette température (ce n’est plus là une fiction, mais un fait) le point zéro d’une échelle de température.
17 Un autre exemple est le choix du point fixe auquel physiciens et astronomes rapportent les mouvements. Les Anciens considéraient la Terre comme immobile. Copernic a transféré le point de départ du système de coordonnées de la Terre au Soleil. Les savants modernes ont cherché à définir un système de coordonnées mieux fondé et stable, comme Neumann en définissant le corps Alpha. Dingler définit comme « espace absolu » l’espace fixe auquel s’ajoute un plan fixe en lui. Il faut comprendre ici par espace fixe « l’ensemble des objets actuellement perceptibles dans l’espace cosmique, une fois qu’on en a soustrait, selon un procédé en usage chez les astronomes, et autant que la précision momentanée le permet, tous les mouvements particuliers des parties de cet ensemble ». Le plan fixe dans cet espace est déterminé au moyen du pendule de Foucault [7].
18 En quoi consistent ces points fixes ? Sont-ils tous de nature fictionnelle ou bien l’un d’entre eux est-il effectivement un point fixe, ou encore, la supposition de sa fixité peut-elle valoir au moins à titre d’hypothèse ?
19 Qu’est-ce que veut dire : un corps quelconque se trouve dans un repos absolu ? Cela peut seulement signifier qu’il est au repos par rapport à un espace absolument vide. Peut-être est-ce en ce sens que les Anciens voyaient dans la supposition de la Terre au repos une hypothèse. Pour nous en revanche, l’espace vide absolu est une construction dont le caractère fictionnel a été montré en détail par Vaihinger [8]. Dans cette perspective, le repos absolu et le mouvement absolu, parce qu’ils sont conçus comme tels par rapport à l’espace vide, se révèlent être des fictions. Maintenant, lorsque Dingler qualifie d’« absolu » l’espace défini par l’espace fixe et le plan constant, il utilise ce terme parce que l’espace fixe et le plan servent d’ultime système de référence et qu’ils ne se réfèrent eux-mêmes à rien d’autre, ne sont relatifs à aucun autre corps d’aucune sorte. Cette terminologie est d’autant plus pertinente que la thèse*, selon laquelle le repos absolu et le mouvement absolu, référés à l’espace vide absolu, sont des concepts dépourvus de signification, ne remet nullement en cause la nécessité d’un système de référence « absolu » au sens de Dingler. Il n’y a rien non plus à objecter à l’idée que les mouvements qu’on mesure en se référant à cet espace absolu doivent être qualifiés d’absolus, idée qui en un certain sens est du même ordre que la vérité que Vaihinger qualifie d’« a priori [9] », selon laquelle : « Si la distance croît ou diminue entre deux corps, il faut que l’un des deux ou que tous les deux se meuvent. »
20 Nous voyons donc que le fait d’affirmer qu’un jugement est un décret conventionnel ne rend pas vaine la question de savoir si le contenu qu’il exprime est un fait, une hypothèse ou une fiction. Dans les cas considérés jusqu’ici, on a toujours pu trancher la question. Mais en ira-t-il toujours de même ? Pourra- t-on trancher, en particulier, face aux présupposés vraiment ultimes et les plus généraux d’une science ? Prenons un problème aujourd’hui beaucoup débattu : la question de la « nature géométrique de notre espace ». Depuis l’apparition des géométries non-euclidiennes, on a mis sur le tapis la question de savoir quelle géométrie était au juste réalisée dans notre espace ! Gaufi, comme on sait, a voulu trancher la question expérimentalement. Mais Poincaré a objecté - et ce point a été souvent rappelé depuis -, qu’une décision expérimentale de cette question n’était pas possible, car quel que soit le résultat de l’expérimentation, tout dépend en définitive de l’interprétation qu’on en donne [10]. Là encore, c’est sur la base d’un décret conventionnel que le physicien devra mettre en application une géométrie déterminée. Mais quel caractère possède cette convention ?
21 Pour répondre à cette question, nous devons d’abord clairement identifier ce qu’on veut dire lorsqu’on affirme que l’espace est euclidien ou qu’il est non- euclidien. Le physicien en effet n’a pas affaire à l’espace, mais aux corps (au sens le plus large du terme) et aux changements et processus concernant les corps. Pour pouvoir procéder à certaines déterminations quantitatives, il a besoin d’une base métrique et d’instruments de mesure. Pour les produire, le corps rigide est nécessaire. Maintenant, si on affirme par exemple que l’espace est euclidien (et des développements analogues vaudraient pour le caractère non-euclidien de l’espace), ce jugement équivaut alors à une certaine définition du corps rigide. Ce qui définit le corps rigide, c’est qu’on peut toujours vérifier qu’il obéit aux lois de la géométrie euclidienne. (La question de savoir pourquoi le corps rigide ne peut être trouvé expérimentalement, donc empiriquement, ne peut être développée ici [11].) Mais ceci a pour conséquence que tous les écarts par rapport aux lois de la géométrie euclidienne réclament une explication particulière, tandis que la conformité à ces lois définit pour ainsi dire un état normal. Ainsi le géodésien qui procède à la mesure d’un triangle et qui trouve que la somme des angles s’écarte de 180”, n’attribuera pas cet écart à la « nature de l’espace », mais par exemple à l’inexactitude de sa mesure, ou encore à celle des instruments de mesure, etc.
22 Demande-t-on à présent si ce décret conventionnel a un caractère hypothétique ou fictionnel, nous devons avouer que cette question ne peut absolument pas trouver de réponse. Pour la première fois, la convention se présente à nous comme une construction autonome par rapport à l’hypothèse et à la fiction.
23 Dans le seul cas des ultimes et des plus généraux principes d’une science, dont le conventionnalisme cherche à montrer qu’il s’agit de décrets conventionnels (et que j’abrège en « conventions premières »), la question de savoir s’il s’agit d’hypothèses ou de fictions est dénuée de sens ! Pourquoi ?
Une fiction, quant à son sens, présuppose toujours et sans exception la situation suivante : en réalité “n’existe pas” ce que je désigne comme fiction. Je sais que cela n’existe pas ; mais comme je ne vois aucune autre issue possible, je me rassure en introduisant et en utilisant ce non-existant en qualité de fiction... Toutefois, s’il apparaît qu’il n’est pas possible, d’après nos principes, de poser autre chose que cette synthèse pure, comment puis-je dire que quelque chose dans la réalité la dément ? Même s’il s’avérait que l’intuition mystico-métaphysique des lois formelles immanentes de la réalité était fausse, ce ne serait pas une raison suffisante pour considérer tout résultat correct comme la fiction de quelque chose de faux. Les lois de la nature, pour nous, ne sont pas une fiction de quelque chose qui n’est pas, mais quelque chose de tout à fait positif : ce sont les formes les plus appropriées pour présenter et maîtriser la réalité [12].
25 Avant d’élever ici une possible objection, voici encore deux derniers exemples de conventions qui, en tant que principes fondamentaux, ne se prêtent manifestement pas à la question de savoir si elles sont hypothétiques ou fictionnelles !
26 Dans la physique, jusqu’à ce jour, on fait pour les processus physiques une présupposition qui en général n’est absolument pas mise en exergue. On présuppose en effet que ces processus sont indépendants du lieu où ils se produisent. On ne présuppose pas, naturellement, qu’ils sont indépendants du contexte physique du lieu, mais du lieu lui-même, dans la mesure où celui-ci ne se distingue d’un autre que par la valeur différente de ses coordonnées. Ceci trouve une expression dans l’exemple suivant : on accorde deux montres de précision qui se trouvent d’abord dans le même lieu, puis on en transporte une dans un autre lieu, et la position identique des aiguilles de chacune permet de définir la simultanéité [13]. (Ici, on présuppose naturellement que d’éventuelles influences physiques, que ce soit pendant le transport ou sur l’autre lieu, ont été éliminées du calcul par des dispositions appropriées.) Ici, la présupposition que le cours des heures est indépendant du lieu comme tel est une convention tacite.
27 La théorie de la relativité d’Einstein se base comme on sait sur une autre définition de la simultanéité. Deux éclairs survenus aux points A et B d’un certain champ, par exemple, sont simultanés, si les rayons lumineux qui émanent d’eux sont perçus en même temps (au moyen d’un miroir) en un point M situé au milieu d’eux. Einstein dit expressément [14] :
Le fait que la lumière, pour parcourir le trajet de A?M et la distance de B?M, utilise le même temps, est en vérité non pas une présupposition ou une hypothèse sur la nature physique de la lumière, mais un décret [15] que je peux former par une libre appréciation, en vue de parvenir à une définition de la simultanéité.
29 Le principe dit relativiste de la constance de la vitesse de la lumière, lié on ne peut plus étroitement à ce qui vient d’être dit, a suscité une discussion minutieuse pour savoir s’il fallait l’entendre comme une hypothèse ou comme une fiction. Kraus en particulier, dans des développements profonds, a tenté d’en démontrer le caractère fictionnel [16]. Il utilise à cet effet des principes logiques ; or, du point de vue conventionnaliste (que Kraus n’adopte pas, même si sa conception de la théorie de la relativité, comme il le souligne lui-même, rejoint en de nombreux points celle de Dingler), les principes logiques eux-mêmes doivent être compris comme des décrets. Cela ne signifie toutefois rien d’autre que ceci : par un choix approprié de ces ultimes principes logiques et physiques, la théorie de la relativité, elle aussi, peut se ramener à un système conséquent de la physique (comme Dingler l’accorde également [17]), dans lequel le principe de la vitesse constante de la lumière serait une ultime convention fondamentale. Dingler rejette cependant la théorie de la relativité au motif que les conventions fondamentales ne doivent pas être choisies selon notre bon vouloir, mais du point de vue de la plus grande simplicité logique (dans quelle mesure ce point de vue conduit à rejeter la théorie de la relativité, cela ne peut être développé plus avant ici). Nous avons là, manifestement, une certaine analogie avec la fiction, car elle aussi ne doit pas être choisie arbitrairement. La bonne fiction doit satisfaire à un critère tout à fait similaire, celui de la moindre dépense de force [18] !
30 Si nous demandons maintenant ce qui distingue ces ultimes conventions fondamentales des hypothèses universelles analysées au début, il nous faut indiquer le critère suivant. L’hypothèse universelle, bien que fondamentalement invérifiable, est avancée avec la conviction qu’elle correspond à la réalité. S’agissant des conventions fondamentales, la question de leur réalité est totalement dénuée de pertinence ; elles consistent en effet à rendre une connaissance, un traitement de la réalité, possible - et elles partagent ce trait avec la fiction.
31 On les met en œuvre en faisant « comme si », par exemple, les processus physiques étaient indépendants du lieu où ils arrivent, etc. Mais que cette forme linguistique ne nous conduise à conclure qu’il s’agit donc là de fictions !
32 Certes le « comme si » est en général un critère assez fiable pour savoir si nous sommes en présence d’une fiction. Toutefois, même dans la vie quotidienne, il est des cas où le « comme si » n’est pas censé traduire un écart, mais une indécision par rapport à une situation factuelle. Ainsi, je peux dire : je fais des préparatifs comme si je devais faire demain un grand voyage. Cela ne signifie pas nécessairement : en réalité, je ne fais pas ce voyage. Cela peut très bien signifier également : n’est pas encore décidé si je dois voyager. J’attends peut-être encore une quelconque nouvelle dont ma décision dépend. Toutefois, je fais déjà mes préparatifs comme si j’allais voyager. Quant à savoir s’il est vraiment pertinent d’utiliser la particule « comme si » en ce sens, c’est une autre question ; et l’on ne peut qu’approuver Vaihinger lorsqu’il récuse pareil usage de la particule « comme si [19] ». Mais puisqu’on rencontre néanmoins cet usage occasionnellement, on doit se garder de conclure précipitamment du « comme si » à la présence d’une fiction.
33 Nous observions précédemment qu’on pouvait formuler une objection contre nos analyses visant à établir le caractère autonome des conventions fondamentales par rapport à l’hypothèse et à la fiction. L’objection est celle- ci : les idées que nous avons présentées comme des conventions fondamentales sont en fait des fictions. À preuve, nous avons parlé de « corps » et de « modifications des corps », supposant ainsi la réalité d’un monde extérieur. Or, celui-ci déjà n’est qu’un produit de l’entendement Actionnant, la seule réalité étant la « sensation ». Le fictionaliste ne peut manquer de faire cette objection, puisqu’il se fonde sur un strict positivisme qui n’accorde en définitive de réalité qu’à la sensation.
34 Qu’avons-nous à dire à cela ? D’abord ceci : l’arrière-fond métaphysique du conventionnalisme est effectivement un réalisme - certes critique. Les conceptions du monde qui forment l’arrière-fond respectif du conventionnalisme et du fictionalisme présentent effectivement une profonde différence.
35 Mais la conception réaliste du conventionnalisme est-elle plus métaphysique que celle du positivisme ? Certes ce qui est d’abord donné, c’est la sensation ; toutefois, affirmer avec les fictionalistes qu’elle seule est réelle ne fait pas moins appel à la métaphysique que l’affirmation qu’il existe un monde corporel indépendamment d’elle [20].
36 Mais il y a plus. Le fictionaliste dit :
Pour le mode d’intuition qui est le nôtre, le réel ultime est la succession et la coexistence des sensations, auquel nous ajoutons en pensée deux pôles, le sujet et l’objet [21].
38 Mais est-ce bien ainsi que les choses se présentent ? N’est-ce pas plutôt cette « pure » sensation, précisément, qui est une fiction ? Ne trouve-t-on pas déjà dans chaque vécu psychique la division entre un Moi éprouvant et un quelque chose qui lui fait face, à savoir l’objet de ce vécu, et ce pas seulement d’un point de vue logique, mais comme état de fait psychologique ? Je compte aborder en un autre lieu les conséquences qui en découlent pour le fictionalisme. Je souhaite d’abord m’interroger sur les rapports entre fictionalisme et conventionnalisme d’une part, entre fictionalisme et psychologie d’autre part.
39 Il faut ici faire une nette distinction entre la science psychologique et les états de faits psychiques. Dingler dit par exemple :
[...] Car ce que le percevant veut faire de ce matériel, cela ne peut dépendre que de lui [il est question des rayons lumineux parvenant à l’œil]. Se montre ainsi avec évidence, que tout le reste doit nécessairement être ajouté par l’âme, ne serait-ce par exemple que la tridimensionnalité de l’espace.
41 Et dans un autre passage :
Il serait donc toujours possible à l’âme d’exploiter le matériel donné d’une manière différente, dût-il lui en coûter un travail démesuré pour s’éloigner de manière fondamentale des sentiers battus [22].
43 Assurément, très peu de psychologues souscriraient sans reste à ces propos. Certes, on ne saurait nier que dans toutes les perceptions les facteurs subjectifs prennent une part considérable, même sans parler d’une libre élaboration productrice du matériel donné. Certes, la libre position qui, selon la conception conventionnaliste, rend seule possible la fondation des sciences, peut bien comme a priori différer essentiellement du psychologique. Toutefois, ce qui nous intéresse ici avant tout, c’est la chose suivante : le fait que la spatialité perçue ait un caractère tridimensionnel, c’est d’abord un fait psychique, un fait qui est là avant toute science. La synthèse pure n’entend entrer en jeu qu’au commencement de la science, afin de garantir en première ligne la sûreté des jugements scientifiques généraux. Si l’enquête psychologique adopte elle aussi la conception dite innéiste, selon laquelle la vision tridimensionnelle n’est pas conquise au cours de la vie individuelle, mais est d’emblée la forme dans laquelle les perceptions optiques s’ordonnent, il s’agit là d’une hypothèse scientifique particulière qui, me semble-t-il, tire aussi peu à conséquence, pour le conventionnaliste, que n’importe quelle hypothèse scientifique particulière en physique, dont on attend seulement qu’elle ne soit pas en contradiction avec les conventions posées par la synthèse pure. Aujourd’hui toutefois, en psychologie, on n’est pas encore capable d’élucider où résident les ultimes conventions fondamentales avec lesquelles les hypothèses scientifiques particulières devraient s’accorder, le système de la synthèse pure n’ayant été réalisé jusqu’ici que dans les sciences exactes.
44 S’il n’existe manifestement pas de rapports très étroits entre conventionnalisme et psychologie, il en va autrement du fictionalisme. Pour lui ces questions psychologiques sont d’une plus grande importance, parce qu’il affirme que les fictions n’interviennent pas en premier lieu dans la science, mais déjà dans la vie quotidienne, et parce que sa thèse fondamentale précitée, selon laquelle en définitive seules les sensations sont réelles, est étroitement liée à des théories psychologiques.
45 Or, en psychologie, de nouvelles conceptions ont récemment été mises en lumière, qui ne peuvent d’emblée s’accorder avec les théories psychologiques du fictionalisme. Je songe ici en particulier à la récente Gestalt-Theorie de la perception. Si la psychologie sait depuis longtemps que certains de nos vécus psychiques sont plus que la somme de leurs parties (par exemple, une mélodie), la Gestalt-theorie a toutefois pris une importance considérable lorsque Wertheimer a mis en question l’ancienne conception de la psychologie, selon laquelle les sensations sont les éléments ultimes de la vie psychique à partir desquels se composent tous les processus psychiques supérieurs. D’après la nouvelle conception, en revanche, « les formes ne sont absolument pas moins immédiates que leurs parties [...]. De même que les formes, d’un point de vue descriptif, ne sont pas moins immédiates que leurs parties, de même, elles ne sont pas moins primitives d’un point de vue fonctionnel. La tentative pour dériver le tout de ses parties ou pour le construire à partir d’elles se solde très souvent par un échec. Le tout ne naît pas par composition des parties : il faut le comprendre comme un état vécu directement corrélé à un état d’excitation, c’est-à-dire comme quelque chose d’aussi immédiat que les sensations telles qu’on les a comprises jusqu’à présent [23] ». Ainsi, le concept de forme conquiert en psychologie une signification tout à fait neuve, absolument autonome et fondamentale. Mais il y a plus ! Il est apparu que le concept de forme jouait un rôle non seulement en psychologie, non seulement dans les processus organiques, mais que des formes étaient déjà présentes au niveau physique, inorganique. Après que W. Kochler a établi ce point [24], la Gestalt-Theorie est entrée dans une nouvelle phase, et maintes réserves émises contre l’emploi de ce concept en psychologie sont alors tombées. Suivant ce point de vue que je viens d’esquisser, il faudrait qualifier de fiction la conception selon laquelle les processus psychiques se composent de sensations élémentaires. Même si à l’origine elle fut peut-être un point de départ nécessaire de la recherche psychologique, c’est une fiction qu’on ne peut plus considérer comme très opportune, puisqu’elle menace de nous obstruer la vue sur des faits et des problèmes essentiels de la vie psychique.
46 On pourrait cependant objecter qu’une telle conception, pour la philosophie du comme si, ne tire pas à conséquence, car le sens qu’elle donne au terme sensation n’est absolument pas le sens étroit que lui confère la psychologie expérimentale. Toutefois Vaihinger déclare, par exemple :
Par la répétition fréquente de la même connexion d’idées, l’âme se trouve incitée à détacher la suite événementielle en question du chaos des sensations [25].
48 Or, il semble que « sensation » ait ici parfaitement le même sens qu’en psychologie expérimentale. Le passage complet entend montrer la genèse de la perception des choses et s’accorde à cet égard à des positions largement répandues en psychologie. Pour la conception plus récente, cette manière de [267] présenter les choses est dans une certaine mesure une inversion de ce qui a réellement lieu : selon cette conception en effet, l’expérience de la forme est le fait primitif, tandis que la sensation n’est peut-être qu’une abstraction plus tardive :
La sensation apparaît comme un produit de l’analyse, né dans des conditions favorables à la décomposition des événements primitifs globaux [26].
50 Mais même si la philosophie du comme si englobait les perceptions parmi les sensations, il faudrait encore, eu égard au problème précité ( : chaque vécu sensitif et perceptif inclut-il déjà la catégorie sujet/objet ?), mettre la question suivante sur le tapis : quelles sont les implications, pour le fictionalisme, de la vue selon laquelle les pures sensations (prises également au sens plus large du terme) n’existent pas réellement ? Celui-ci doit-il abandonner sa thèse, selon laquelle au final seules les sensations sont réelles ? Manifestement non ! La position psychologique et la position épistémologique de la question sont deux choses différentes ; et l’on pourrait argumenter de la manière suivante : s’il est vrai que dans chaque sensation intervient déjà la catégorie sujet/objet, s’il est vrai que la perception directe porte déjà le caractère de la forme et qu’elle contient ainsi en un sens les catégories des choses, cela prouve seulement que la fonction logique et les éléments fictionnels sont à l’œuvre dès les processus psychologiques les plus élémentaires. Assurément cette conception conduirait à un paradoxe remarquable : la seule chose effectivement réelle, la sensation, ne se présenterait pas de facto isolément, mais des éléments fictionnels seraient déjà présents dans tous les processus psychiques véritablement éprouvés. Ainsi, la pure sensation serait d’une part la seule réalité, d’autre part, en outre, une abstraction fictionnelle.
51 Je ne peux poursuivre l’examen de ces problèmes, à mes yeux importants, du rapport entre théories psychologiques et épistémologiques. D’une part, en effet, cela m’éloignerait beaucoup de ma thématique présente. D’autre part, les vues psychologiques récentes que j’ai évoquées sont encore trop changeantes, leurs résultats encore trop peu assurés et incontestés pour que la tentative de réponse aux questions soulevées ait un espoir de succès.
52 Après avoir montré les fils qui mènent du conventionnalisme et du fictionalisme à la psychologie, de manière certes plus indicative que détaillée, je peux résumer brièvement mes résultats.
53 Un arrière-fond épistémologique et métaphysique sépare conventionnalisme et fictionalisme l’un de l’autre. Le premier se tient sur le sol d’un réalisme critique, le second sur celui du positivisme. La conséquence est que certains principes ultimes, qui dans le système de la synthèse pure apparaissent comme des conventions fondamentales, doivent selon le fictionalisme être qualifiés de fictions.
54 À côté de ce point de divergence, toutefois, on trouve une intuition fondamentale commune : une connaissance de la nature n’est pas acquise uniquement empiriquement à partir de cette dernière ; nous allons toujours au devant des choses à l’aide de la fonction logique, et rendons ainsi seulement la science possible. Le trait commun à ces deux positions épistémologiques consiste donc dans la reprise de la pensée que Kant présentait comme son acte copernicien.
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Notes
-
[1]
Voir notamment Henri Poincaré, La Science et l’Hypothèse. J’utilise dans la suite l’abréviation Po., S. et H., et je cite d’après l’édition allemande de Lindemann, 3e édition, Leipzig, Teubner, 1914 [Poincaré 1914].
-
[2]
Voir notamment Hugo Dingler : Die Grundlagen der angewandten Geometrie, Leipzig, 1911, Akadem. Verlags [Dingler 1911] ; Die Grundlagen der Physik, 1919, 2. Auf!., 1923 [Dingler 1919]; Physik und Hypothese, 1921 [Dingler 1921], Ces deux derniers ouvrages sont parus chez Vereinigung wissensch. Verleger, Leipzig und Berlin. Le dernier ouvrage mentionné est ici abrégé : Di., Ph. u H.
-
[3]
?Dingler, ? ?Ph. u. H.,? ? p. 200.?
-
[4]
E. Becher, Naturphilosophie, Leipzig und Berlin 1914, Teubner, p. 80 sq. [Becher 1914],
-
[5]
Po., W.u.H., p. 52 ; [Poincaré 1902, 76].
-
[6]
Vaihinger, Philosophie des Als Ob, p.470, 569. Nous citons dorénavant : Vaih., Ph. d. Als Ob, d’après la 5e et 6e édition, Leipzig, 1920, Félix Meiner.
-
[7]
?H. Dingler, ? ?Kritische Bemerkungen zu den Grundlagen der Relativitätstheorie? ?, ? ?Leipzig 1921, S. Hirzel, p. 11, [Dingler 1921b]. ? Voir aussi du même auteur : Ph. u. H., p. 152 ; Grundl. Der Physik, p. 114; Das Problem des absoluten Raum,es, Leipzig, 1923, [Dingler 1923].
-
[8]
Vaih., Ph.d.Als Ob, 2e partie, §20, p.471sq.
-
[9]
Vaih., Ph. d. Als Ob, p. 464.
-
[10]
Po., W.u.H., p. 10 sq.
-
[11]
?Cf. Di? ?., Ph.u. H.,? ? p.10 sq.?
-
[12]
?Di., ? ?Ph.u.H.? ?,? ? p. 140 sq.?
-
[13]
?Cf. Dingler, Krit. Bem. z.d. Grandi. ? Der Relativitâtsth., p. 18 sq.
-
[14]
Einstein, Über die spezielle und die allgemeine Relativitätstheorie. (Gemeinverständlich.), 12. Auf!., Braunschweig, 1921, p. 15 [Einstein 1921].
-
[15]
Einstein a barré ce mot.
-
[16]
?O. Kraus, Fiktion und Hypothese in der Einsteinschen Relativitätstheorie, ? ?Ann. d. Philos.,? ? 2. Bd., 3. Heft, 1921, en particulier p. 361 sq. [Kraus 1921]?
-
[17]
?Dingler, Krit. Bern. z.d. Grundl. d. Relativitätsth., p.22.?
-
[18]
?Vaih., ? ?Ph. d. Als Ob,? ? p. 134.?
-
[19]
Vaih., ibid., p. 592.
-
[20]
On trouve semblables analyses chez M. Geiger, a. a. O., p. 16 sq.
-
[21]
?Vaih., ? ?Ph. d. Als Ob,? ? p. 112.?
-
[22]
Di., Ph. u. H., respectivement p. 198, 199.
-
[23]
Kurt Koffka, « Zur Grundlegung der Wahrnehmungspsychologie. Eine Auseinandersetzung mit V. Benussi » : Zeitschr. f. Psychol., vol. 73, 1915, p. 57-58, [Koffka 1915].
-
[24]
?Wolfgang Kochler, ? ?Die physischen Gestalten in Ruhe und im stationären Zustand,? ? Braunschweig 1920, Vieweg.?
-
[25]
Vaih., Ph.d.Als Ob, p.298.
-
[26]
Kofka, a. a. O., p.58.