Il y a douze ans, les gouvernements des principales puissances économiques ont réagi rapidement et efficacement à la crise financière. Des banques ont été nationalisées. Les politiques monétaires sont passées à la vitesse supérieure. Un soutien budgétaire massif a été mis en place. La coordination mondiale a été intense. Mais de lourdes erreurs ont été commises, dont les conséquences ne sont apparues que graduellement. L’incapacité à sanctionner les responsables de la catastrophe financière a nourri la révolte populiste. Et l’Europe a multiplié les faux pas. Elle s’est trop longtemps refusée à reconnaître l’ampleur des sinistres bancaires et elle a interrompu trop tôt le soutien budgétaire à l’activité. En ont résulté de profondes cicatrices économiques, sociales et politiques, qui n’avaient toujours pas disparu quand la crise pandémique est arrivée. Saurons-nous éviter de reproduire ce type de séquence ? Au moment où s’ouvre l’acte 2 de la crise, c’est une question essentielle.
La disparité internationale est frappante, avec des écarts de performance stupéfiants : le Royaume-Uni compte 650 morts par million d’habitants, contre seulement 5 en Corée du Sud. Au sein même de l’Union européenne, les écarts de mortalité varient de 1 à plus de 100. Ces différences relèvent en partie du hasard : tandis qu’en Italie, le virus a longtemps circulé sous les radars, les pays du Nord et de l’Est ont eu le temps de le voir arriver et de s’y préparer. Mais elles s’expliquent aussi en partie par l’inégale capacité de réaction des systèmes de santé publique…