Couverture de SAVA_054

Article de revue

« Un homme-orchestre engagé dans le débat d’idées »

Pages 95 à 107

1 Savoir/ Agir : Parler de ton parcours, c’est évoquer une vie d’intellectuel, et une pratique continue de l’écriture. Première question : ce statut d’intellectuel, cette familiarité avec (et ce goût de) la chose écrite, ont-ils été une conquête ou un héritage ?

2Bernard Cassen : Pendant des décennies, j’ai effectivement passé beaucoup de temps à écrire : des livres, des articles, des préfaces, des traductions, des discours, des motions, des comptes rendus, des communiqués, et j’en passe… Très tôt, j’ai eu conscience du poids des mots, de leur capacité de structurer le réel ou de le faire émerger. J’ai pu voir à quel point la maîtrise de la langue était un outil inestimable dans les relations personnelles et sociales. Mais ce n’était pas ma motivation première : je prenais tout simplement plaisir à « habiter » la langue française. J’aimais les dictées et j’avais généralement un dictionnaire à portée de la main. Mon implication dans les combats pour le français et la francophonie vient donc de loin, du temps de l’école primaire !

3Pour répondre plus directement à ta question, je dirais que mon rapport à l’écrit n’est pas un héritage familial, il s’est formé au fil des années. Ce n’est pas non plus une conquête au sens militaire du mot car, dans ce domaine, je n’ai jamais rencontré d’obstacle dans mon parcours.

4Savoir/ Agir : S’il n’y a pas eu d’« obstacle » dans ton parcours scolaire et académique, il y a eu, assurément, des étapes. Peux-tu les rappeler ?

5Bernard Cassen : Je suis titulaire du certificat d’études primaires élémentaires et d’un doctorat d’État en civilisation britannique. Entre les deux, j’ai passé le brevet, le bac, la licence, la maîtrise, le CAPES et l’agrégation d’anglais. Pourquoi le « certif » ? Dans les années 1950, c’était encore le diplôme terminal de la majorité des jeunes des milieux modestes. Pour les meilleurs élèves des écoles primaires, repérés par les instituteurs, il existait cependant une possibilité de continuer des études après l’obtention du certificat. C’était soit le lycée, auquel on pouvait accéder via le concours d’entrée en sixième, soit les écoles dites « cours complémentaires » qui prolongeaient les enseignements du primaire de la sixième à la troisième, mais avec un encadrement composé d’instituteurs triés sur le volet, et non pas de profs du secondaire. J’avais été reçu au concours, mais mes parents avaient dû renoncer à me faire entrer au lycée car ils n’avaient pas les moyens d’acheter les manuels de la classe de 6ème. Je me suis donc retrouvé dans le cours complémentaire de garçons Carnot à Argenteuil (Val d’Oise). À Carnot, j’ai eu la chance d’avoir des enseignants qui m’ont d’office inscrit au concours d’entrée à l’école normale d’instituteurs de Versailles. J’y ai passé trois ans : les classes de seconde, de première et de terminale, et j’ai obtenu le bac. Ensuite, j’aurais dû faire une quatrième année de formation professionnelle pour devenir instituteur. Là encore, je n’ai pas eu à me poser de questions sur mon avenir. Sans que je demande quoi que ce soit, ce sont les profs de Versailles qui m’ont exfiltré (avec une bourse d’études) vers une classe prépa au lycée Chaptal à Paris. Puis, j’ai suivi les cours d’agrégation à l’Institut d’anglais de la Sorbonne. Ma baraka ne m’a pas déserté : j’ai été reçu premier au concours d’agrégation en 1961, puis nommé au lycée Henri IV à Paris. Pas pour longtemps, car j’ai ensuite été nommé assistant à la Sorbonne en 1963, sans avoir fait acte de candidature. De l’école Carnot au Quartier latin, j’ai en quelque sorte été pris en charge par la main invisible de l’école républicaine qui m’a fait gravir sans encombre les premiers étages de l’ascenseur social. Ce qui me frappe rétrospectivement, c’est qu’à aucun moment je ne me suis préoccupé du « jour d’après » la réussite à un diplôme ou un concours.

6Savoir/ Agir : Ce moment de la formation universitaire est-il aussi, pour toi, le moment de la formation politique ?

7Bernard Cassen : Ma formation politique a commencé avant l’université, et sur le tas, à Argenteuil où j’habitais. Mon père, employé à EDF, était membre du Parti communiste et de la CGT. Il était également conseiller des Prud’hommes où il avait une réputation de « dur » face au patronat. Je le revois encore tenant chaque dimanche matin sa table de vente de L’Humanité dimanche près du marché. C’est dans ce contexte militant, plus que dans la lecture des classiques du marxisme, que s’est développée en moi une conscience de classe qui ne m’a jamais quitté. Ma relégation dans un cours complémentaire – alors que j’avais été reçu au concours d’entrée au lycée – ne pouvait qu’alimenter mon sentiment d’injustice ! Pour autant, vu mon parcours, j’aurais trouvé indécent de me la jouer damné de la terre.

8À partir du milieu des années 1950, ma conscience politique s’est déplacée d’un anti-capitalisme surtout théorique (les Trente Glorieuses anesthésiaient les luttes sociales) à un anticolonialisme qui s’exprimait dans les campagnes pour la paix au Viet Nam et en Algérie.

9Je n’ai jamais été porteur de valises, mais j’ai participé à la plupart des grandes manifestations pour la paix et contre l’OAS, y compris à celle du 8 février 1962 au métro Charonne où la police, sous les ordres du préfet Papon, massacra huit manifestants. J’ai eu une sacrée chance de ne recevoir qu’un coup de matraque ce soir-là…

10De 1959 à 1961, pendant les trois années (de la licence à l’agrégation) où j’ai suivi des cours à la Sorbonne, j’ai été membre (disons plutôt simple cotisant) de l’Unef sans y exercer des responsabilités.

11Savoir/ Agir : As-tu – comme ton père, et comme beaucoup d’intellectuels de gauche à l’époque – pris ta carte au PCF ?

12Bernard Cassen : Non. On m’a souvent demandé pourquoi je n’avais pas adhéré au PC. D’une part, je n’étais pas d’accord avec son alignement sur l’URSS. D’autre part, j’étais allergique au centralisme démocratique et à la discipline de parti, et j’en aurais vraisemblablement été exclu très vite. Le statut informel de « compagnon de route » du PC me convenait parfaitement. J’étais dans la position confortable de celui qui peut choisir ses engagements, tout en étant adossé à la capacité de mobilisation du parti. Mais j’ai toujours eu une grande admiration pour les militants du PC, pour leur courage, leur sérieux et leur abnégation.

13Savoir/ Agir : À la fin des années 1960, tu vas jouer un rôle clef dans la création de l’université de Vincennes. Comment le jeune angliciste que tu étais se retrouve-t-il embarqué dans cette aventure ?

14Bernard Cassen : Aucune université n’a été aussi médiatisée que celle de Vincennes, tant elle a multiplié les innovations en tout genre. Sa création elle-même a dérogé aux règles administratives et comptables les plus élémentaires et donné pendant quelques mois de considérables pouvoirs à trois enseignants qui se trouvaient être « the right people in the right place and at the right time ». Il s’agissait de trois anglicistes : Pierre Dommergues, familier des universités américaines, Hélène Cixous et moi. On était en juillet 1968, juste après Mai. Le pouvoir gaulliste, craignant une rentrée chaotique, avait décidé de faire quelque chose pour les universités. Le ministre de l’éducation nationale, Edgar Faure, avait constitué une commission chargée de lui faire des propositions, et dans laquelle figurait le doyen de la Sorbonne nouvellement élu, Raymond Las Vergnas, par ailleurs angliciste lui aussi. La commission avait débouché finalement sur la création de deux universités à part entière : les futures Dauphine et Vincennes, cette dernière bénéficiant du statut de « Centre expérimental ». Las Vergnas fut nommé par le ministre chargé de mission pour le créer. Vu la charge de travail que cela représentait, Hélène Cixous, très proche de lui, lui suggéra de se faire représenter à la commission par Pierre Dommergues dont elle était également très proche. À son tour, Pierre me proposa de me joindre à lui pour cette aventure. Ce que j’acceptai. C’est ce trio ne détenant aucun mandat officiel et s’abritant derrière celui de Las Vergnas qui est devenu l’interlocuteur du ministère, des prestataires de services et des entreprises opérant jour et nuit sur le chantier de la future université dans le bois de Vincennes. En fait, Hélène n’était pas intéressée par les questions d’intendance et se cantonnait aux contacts intellectuels, plus valorisants pour elle. Pierre et moi avons ainsi été amenés à décider de tout, de la taille des amphis à l’implantation de la crèche. Nous prenions des engagements financiers considérables en ne sachant pas si nous pourrions vraiment les tenir. Évidemment, nous activions aussi nos réseaux, y compris, dans mon cas, les réseaux politiques et syndicaux.

15Savoir/ Agir : Racontée ainsi, la chose semble relever du miracle. J’imagine pourtant qu’il y a eu des difficultés…

16Bernard Cassen : En effet, fin août, le projet Vincennes fut à deux doigts de capoter. La raison ? La rupture intervenue entre mes deux collègues. En guise de représailles, Hélène demanda à Las Vergnas de nous retirer le mandat officieux que nous nous étions attribué. Le coup était rude, nous n’étions plus rien dans le dispositif Vincennes. Surtout, c’est le projet qui, sans notre « force propulsive », risquait de se banaliser, de perdre son caractère expérimental et même d’être placardisé. Le ministère avait compris que la rentrée ne serait pas nécessairement chaude et qu’il pourrait peut-être se dispenser de créer une université en catastrophe.

17J’ai pensé qu’il y avait quand même une carte à jouer : rechercher un accord avec le PC pour sauver la Vincennes que nous étions en train de bâtir. Tout reposait sur Las Vergnas, qui avait absolument besoin du soutien du parti (via le Snesup) pour rester doyen de la Sorbonne face aux mandarins de droite qui le détestaient. Les bases d’un accord étaient donc simples : le Snesup confirmait son soutien à Las Vergnas qui nous remettait en selle. En contrepartie, nous faisions nommer une douzaine de profs communistes dans la nouvelle université. Chacun a respecté sa parole et, au grand dam d’Hélène, Pierre et moi sommes revenus à la barre. L’affaire fut bouclée en moins d’une semaine. Sans la confiance personnelle dont je bénéficiais à la direction du PC, les choses auraient été plus compliquées. Bien qu’elle n’ait pas hésité à mettre en danger le projet Vincennes pour des raisons strictement personnelles, Hélène Cixous en a constamment revendiqué la paternité exclusive. Ni Pierre de son vivant, ni moi n’avons jamais voulu la suivre sur ce terrain.

18Savoir/ Agir : Il y a, autour de Vincennes, toute une légende. Toi qui y as enseigné, quel souvenir en gardes-tu ? Et quels bilans – intellectuel, politique… – en tirerais-tu ?

19Bernard Cassen : Pendant une quinzaine d’années, j’ai fait partie des instances de gestion de l’université, en même temps que du département d’études des pays anglophones initialement appelé département d’anglo-américain. Accepter une responsabilité de direction au niveau central relevait un peu du sacerdoce. Il fallait par avance se préparer à des interventions intempestives d’étudiants dans les cours, des occupations de locaux, voire des séquestrations. Chez les profs, le clivage principal opposait deux ensembles : d’un côté ceux que l’on appelait les « gauchistes » (mais dont seulement un très petit nombre étaient des militants d’extrême-gauche) rejoints par des enseignants de droite ou de gauche soudés par l’anticommunisme ; d’un autre côté, le reste des profs, plus nombreux, dont les communistes. Je me situais dans cet ensemble. Chez les étudiants, le ton était donné par les maos de la Gauche prolétarienne, experts en manipulation des assemblées générales. Tout cela ressemblait à du théâtre avec ses rituels, et il ne fallait pas prendre au premier degré les affiches du style « À mort Cassen ». En fait, il y a eu très peu de violences physiques à Vincennes.

20Il est difficile de faire un bilan global des expériences de ce centre expérimental. Les méthodes pédagogiques variaient d’un département à l’autre et également d’un prof à un autre. Mais quelle que soit leur discipline, ils ont tous immédiatement vu la différence avec les autres universités : ils avaient devant eux un public nettement plus âgé que celui qu’ils avaient pu connaître auparavant. Il comprenait en effet beaucoup de salariés, dont certains non-bacheliers. Outre cette conquête qui s’est généralisée par la suite au niveau national, que retenir de mes années Vincennes ? Principalement, une atmosphère de liberté, des rapports moins formels entre étudiants et enseignants, la présence de nombreux collègues étrangers qui ont fait de Vincennes une université-monde. J’ai cependant regretté le comportement de certains profs, parmi lesquels des stars de leur spécialité. Dans les années 1970, il s’en est trouvé un petit nombre pour cautionner le trafic de drogue dans les amphis et pour inscrire dans la liste des reçus à une unité de valeur les noms d’étudiants qu’ils n’avaient jamais vus. J’ai toujours eu horreur de la démagogie, quitte à me faire huer dans une assemblée générale.

21Savoir/ Agir : Pendant ces années 1960 et 1970, tu enseignes l’anglais, mais tu développes une autre passion : l’espagnol. D’où te vient ce goût, qui va en quelque sorte « t’arrimer », et pour longtemps, à l’Amérique latine (hispanophone, mais aussi lusophone) ?

22Bernard Cassen : En 1958, j’ai commencé à apprendre l’espagnol dans la rue, d’abord en Espagne, puis en Amérique latine, muni d’un dictionnaire et d’une grammaire. J’avais, en effet, à me présenter à une épreuve de deuxième langue pour boucler ma licence d’anglais et j’avais décidé d’aller passer le mois de juillet en Espagne. Je m’étais mis sur les traces d’Ernest Hemingway après avoir vu le film tiré de son roman Le Soleil se lève aussi, qui se déroule pendant les fêtes de la San Fermin à Pampelune. Je suis ainsi entré dans l’univers de la langue espagnole ; je m’y suis senti immédiatement chez moi.

23J’ai fait mon premier voyage en Amérique latine en 1971 : un périple de deux mois dans une dizaine de pays, qui avait commencé par le Mexique, pour se terminer en Uruguay. J’étais alors président d’une association d’échanges internationaux, Inter-Échanges. Sous l’empire de la nécessité, j’ai dû mobiliser ce qui restait de mes compétences en espagnol et je m’en suis tiré finalement pas trop mal.

24Plusieurs facteurs jouèrent un rôle important. Le premier est la proximité culturelle entre une partie de l’Espagne et le Sud-Ouest français. Mes parents étaient landais et j’avais de la famille à Mont-de-Marsan, à Dax, à Tarnos, à Hendaye et à Bayonne, ma ville de prédilection avec Biarritz où je passe régulièrement une partie de mes vacances. Dans les années 1950, tous (y compris moi) parlions encore ou comprenions ce que nous appelions le patois, en fait une variété du gascon (rien à voir avec le basque).

25Savoir/ Agir : Je suppose qu’il y avait aussi, dans ton tropisme sud-américain, une composante politique.

26Bernard Cassen : Bien sûr. Mon rapport à l’Amérique latine s’est construit largement à travers le prisme de problématiques politiques françaises. Exclue du pouvoir à Paris depuis la création de la Vème République, la gauche du Programme commun avait reporté ses espoirs sur la victoire dans les urnes de Salvador Allende et de l’Unité populaire au Chili. Le 11 septembre 1973, le coup d’État du général Pinochet la plongea dans un véritable deuil qui se prolongea pendant plus d’une décennie avec les dictatures militaires en Argentine et en Uruguay. Il a fallu attendre les années 2000 pour que la gauche latino-américaine redevienne porteuse d’espoir avec, comme figures emblématiques, Lula au Brésil, Evo Morales en Bolivie, le sous-commandant Marcos au Mexique, Rafael Correa en Equateur, Hugo Chavez au Venezuela et Fidel Castro comme référence commune. J’ai eu le privilège de les rencontrer et je ne m’étonne pas que les États-Unis aient voulu leur peau, notamment en ce qui concerne ces deux visionnaires hors du commun qu’ont été Fidel et Chavez.

27Comme avec Salvador Allende et l’Unité populaire, le débat politique français a largement puisé dans le répertoire des expériences latino-américaines. À droite, où les mots « Venezuela » ou « Chavez » ont été érigés en épouvantails, mais aussi dans une partie de la gauche qui a fait de même et rendu les armes. Dans leur grande majorité, et parfois sans craindre les fake news, les médias ont relayé les campagnes de déstabilisation concoctées à Washington contre les gouvernements progressistes du sous-continent. Dans la période récente, ils ont adapté leur vocabulaire au contexte français en faisant un large usage du qualificatif fourre-tout – et infamant à leurs yeux – de « populisme ». Déconstruire ce bourrage de crâne est une tâche à laquelle, avec Ignacio Ramonet, avec Maurice Lemoine, ancien rédacteur en chef du Diplo, avec Christophe Ventura, entre autres, j’ai participé en veillant à rester dans les clous de l’honnêteté intellectuelle.

28J’ajouterai, pour finir d’expliquer mon « tropisme » latino-américain, un autre facteur, l’Espagne : je vivais les victoires remportées par les gauches latino-américaines, même transitoires, comme autant de revanches rétrospectives sur la dictature franquiste.

29Savoir/ Agir : C’est encore dans ces années 1960 et 1970 que tu entres en journalisme. À quels motifs obéissait cette bifurcation ? La carrière universitaire ne te suffisait-elle pas ?

30Bernard Cassen : Je ne raisonnais pas en termes de carrière, mais en termes de capacité d’influence et de conviction. Je me trouvais intellectuellement à l’étroit dans l’anglicisme, tout en y acceptant des responsabilités, notamment en étant élu au Conseil national des universités.

31Savoir/ Agir : Comment es-tu entré au Monde diplomatique ? Et quel était l’esprit du journal, à l’époque ?

32Bernard Cassen : À sa création en 1954, le Diplo était un simple supplément mensuel de politique étrangère du Monde. Nommé à sa tête en 1973, Claude Julien en a rapidement fait un journal à part entière avec sa ligne propre et sa petite équipe de collaborateurs permanents ou semi-permanents dont les premiers étaient deux universitaires : Ignacio et moi.

33J’avais déjà un pied dans la maison (ce dont j’étais très fier !) car, depuis 1967, je collaborais au Monde des livres, supplément hebdomadaire du quotidien, dans lequel je suivais particulièrement l’actualité littéraire anglaise. C’est Claude Julien, alors chef du service étranger du quotidien, qui m’avait recommandé comme pigiste à Jacqueline Piatier, responsable de ce supplément. En 1973, et, à mon grand regret, j’ai dû choisir entre Le Monde des livres et Le Monde diplomatique. Il n’y avait pas photo ! Dans le Diplo, je n’avais plus de limites géographiques ou thématiques pour le choix des collaborateurs et des sujets. Avec Claude Julien, Micheline Paunet (rédactrice en chef adjointe), Ignacio et moi, nous nous partagions le monde…

34Savoir/ Agir : Tu as évoqué, en même temps qu’Allende, l’Union de la gauche française. Comment te situais-tu par rapport à cette dynamique ?

35Bernard Cassen : Comme la plupart de mes amis, j’ai toujours voté à gauche. J’ai donc jubilé quand le programme commun a été signé en juillet 1972, et je me souviens bien d’un meeting enthousiaste auquel participaient François Mitterrand, Georges Marchais et Robert Fabre. L’heure de la gauche semblait venue, mais il fallut attendre 1981 pour qu’elle arrive au pouvoir.

36Cette victoire a eu des conséquences presque immédiates pour moi : Jean-Pierre Chevènement, nouveau ministre de la recherche et de la technologie, me proposa de prendre la direction de la Mission interministérielle de l’information scientifique et technique, la Midist, qui entrait dans ses attributions. Cette structure d’une trentaine de collaborateurs avait un triple objectif : élaborer et impulser une politique nationale et internationale de l’information scientifique et technique ; développer la culture scientifique et technique ; promouvoir le français comme langue scientifique.

37Savoir/ Agir : Tu t’es donc retrouvé projeté dans l’appareil d’État. Comment as-tu vécu cette expérience ?

38Bernard Cassen : Je découvrais un nouveau métier. C’est tout juste si je savais qu’un serveur n’était pas nécessairement un salarié de la restauration ! Du jour au lendemain, je me suis retrouvé dans un environnement dont je n’avais qu’une connaissance très limitée et dans lequel mes interlocuteurs étaient les patrons des grands organismes de recherche, plusieurs ministères, les sociétés savantes, des entreprises et des élus.

39Mais, se dirent certains, que diable venait faire un angliciste dans ce poste où l’on attendait normalement un profil un profil d’X, des Mines ou de Centrale ? J’ai pris un gros risque en l’acceptant, mais je ne pouvais pas refuser une telle offre. Pour me convaincre, Chevènement m’avait dit, en plaisantant à moitié, que cela me permettrait de faire avancer la cause du français langue scientifique et, au-delà, celle de la francophonie dont nous étions des militants de longue date. Je l’avais rencontré plusieurs fois dans des colloques et dans des réunions dans la mouvance du CERES, et je me retrouvais dans ses analyses et dans ses propositions. J’ai pu apprécier sa vision d’état-major, son absence de sectarisme dans le choix de ses collaborateurs et sa capacité de mobilisation de la communauté scientifique et de l’opinion pour faire de la recherche une grande cause nationale. Et c’était un lecteur assidu du Monde diplomatique !

40De novembre 1981 à juillet 1985, la Midist a été un grand moment de ma vie professionnelle. J’ai eu la chance de pouvoir m’entourer de collaborateurs brillants, de disposer de budgets non négligeables pour nos actions et de bénéficier de la confiance de Chevènement jusqu’à son départ du gouvernement en 1983. Pendant ces années, j’ai pu voir de près les rouages de la haute fonction publique et comment on peut animer une équipe de fonctionnaires. Signe qui ne trompe pas à cet égard : trente-cinq ans après mon départ de la Midist, une bonne partie des anciens se retrouvent toujours régulièrement pour un repas amical…

41Savoir/ Agir : Après ton départ de la Midist, tu reviens à la vie universitaire et explore de nouvelles thématiques en créant l’Institut d’Études européennes. Pourquoi ?

42Bernard Cassen : De toute manière, mon poste à la Midist dépendait des alternances politiques, et la droite revenue au pouvoir en mars 1986 n’avait aucune raison de me faire un cadeau que je n’aurais pas accepté. Pas principalement pour des motifs politiques, d’ailleurs, mais parce que je voulais me consacrer prioritairement au Diplo et aussi à l’université. Pourquoi ? Pour prendre en compte la montée en puissance de la question européenne dans les affaires publiques, que nous avions quelque peu négligée. En 1986 est ratifié par le Parlement l’Acte unique européen, dans l’indifférence presque générale. En revanche, le traité de Maastricht adopté de justesse par référendum en 1992 fait l’objet de débats qui inaugurent des visions critiques de la construction européenne. La victoire du « non » au référendum du 29 mai 2005 sur le Traité constitutionnel européen en sera la manifestation la plus spectaculaire.

43C’est pour accompagner cette évolution que Mireille Azzoug et moi créons à Paris 8 (Vincennes), en 1992, un Institut d’études européennes (IEE). Mireille en assurera efficacement la direction jusqu’à sa retraite, et Edith Cresson acceptera pendant 20 ans de présider son conseil d’administration. Une des originalités de l’IEE est son pluralisme idéologique, alors que la majorité des enseignements sur l’Europe dans les universités françaises semblent sortir tout droit d’une filiale de la Commission européenne. Ce n’est évidemment pas mon cas, et les papiers que je publie alors dans le Diplo ou ailleurs passent mal à Bruxelles… Il faut croire cependant que l’information circule mal au sein de la Commission ou bien que l’on n’y lit pas les dossiers, puisque, il y a quelques années, une de ses structures m’avait attribué une « chaire européenne Jean-Monnet »…

44Au Diplo également, il nous fallait mieux prendre en charge les affaires européennes en ne nous laissant pas enfermer dans les questions techniques et institutionnelles, tout en les maîtrisant au moins aussi bien que ceux qui nous critiquaient dans les structures communautaires, dans les administrations et dans les départements de droit et d’économie des universités. Mine de rien, cela implique un travail considérable, et qui n’est jamais achevé. À partir du milieu des années 1980, je serai un peu le « Monsieur Europe » du Diplo. Anne-Cécile Robert est venue ensuite renforcer ce pôle au sein de la rédaction.

45Savoir/ Agir : Dans les années 1990, on peut dire que le Diplo travaille à « réarmer » intellectuellement une gauche désorientée par l’expérience Mitterrand, la fin de la logique des blocs, l’offensive néolibérale…

46Bernard Cassen : Oui, on peut faire cette lecture, même si nous n’avons jamais ambitionné le statut de maîtres à penser. Claude Julien avait intitulé un de ses livres Le Devoir d’ irrespect et cette formule définissait bien notre démarche commune. Il s’agissait de remettre en question les idées dominantes dans tous les domaines, et d’abord le néocolonialisme, l’impérialisme, l’atlantisme, et plus tard le néolibéralisme, l’européisme béat et le conformisme médiatique. Je te rassure : nous n’utilisions ces mots en « isme » qu’avec la plus extrême parcimonie, en sachant qu’un bon reportage peut être aussi parlant qu’un long développement théorique.

47Au fil des années, le Diplo a élargi son lectorat autant par la qualité de son contenu éditorial que par l’absence de concurrents sur son créneau. Pratiquement tous les médias généralistes sont aujourd’hui entre les mains de milliardaires qui, comme Vincent Bolloré, sèment la terreur dans des rédactions insuffisamment dociles à leurs yeux. Finalement, il est rassurant de voir qu’une entreprise de presse comme Le Monde diplomatique peut être en très bonne santé financière, ce qui constitue une des garanties de son indépendance.

48Savoir/ Agir : Cette indépendance du Diplo (qui était à l’origine, tu l’as dit, un supplément du Monde) a été consolidée au milieu des années 1990. Et tu as été, alors, l’un des artisans de cette prise d’autonomie.

49Bernard Cassen : Oui, nous avons négocié les structures de la société qui gère le Diplo avec Jean-Marie Colombani, lorsqu’il était directeur du Monde. Le capital de cette structure est détenu à 51 % par le groupe Le Monde, à 24 % par l’association Günter Holzmann (AGH), dont font partie tous les personnels du Diplo, et à 25 % par l’association Les Amis du Monde diplomatique (AMD) qui regroupe environ 4 000 lecteurs organisés en groupes locaux, et dont la mission est de contribuer à la mise en débat des analyses du journal, ainsi qu’à sa diffusion. Cette architecture est un cas unique dans le paysage médiatique français. Les personnels du journal et les lecteurs y détiennent conjointement 49 % des actions et c’est l’AGH qui, statutairement, désigne le directeur du mensuel (et non pas l’actionnaire majoritaire). Il faut reconnaître que cet actionnaire a toujours joué le jeu et n’a jamais tenté d’infléchir la ligne du mensuel.

50Savoir/ Agir : Peux-tu dire un mot du duo que tu formes, alors, avec Ignacio Ramonet ?

51Bernard Cassen : C’est Claude Julien qui m’avait fait connaître Ignacio lors d’un dîner chez lui au moment où, en janvier 1973, il prenait la direction du Diplo et constituait avec nous sa petite équipe. Nous étions rapidement devenus non seulement des collègues, mais aussi des amis et, pendant presque un demi-siècle, il n’y a pas eu la moindre anicroche entre nous. Nous étions (et sommes restés) à la fois intellectuellement complices et complémentaires. J’étais impressionné par sa culture, notamment scientifique, la clarté de ses analyses géopolitiques et son acharnement documentaire quand il relisait un papier ou une carte. Je partageais sa vision du monde et sa rigueur dans le traitement de l’information. Et j’apportais un « plus » : mon expérience de l’organisation acquise dans mes fonctions de direction à l’université et dans la haute administration, ainsi que ma connaissance des milieux politiques et des mouvements sociaux, et pas seulement en France. Autant dire que cette expérience s’est révélée décisive dans la naissance de l’association Attac et celle du Forum social mondial (FSM).

52Savoir/ Agir : En effet, c’est Ignacio Ramonet et toi qui « inventez » Attac. D’où vient l’idée, quel est le projet ? Et comment trouve-t-il une traduction concrète ?

53Bernard Cassen : Tout est parti d’un éditorial d’Ignacio intitulé « Désarmer les marchés » et publié dans le numéro de décembre 1997. Il analyse le rôle prédateur de la finance et suggère la création d’une association qui s’appellerait Attac et militerait pour une taxation des mouvements de capitaux spéculatifs dont les produits seraient affectés à des projets sociaux, éducatifs, environnementaux et de santé publique à l’échelle planétaire. C’était la fameuse taxe Tobin, du nom d’un prix Nobel d’économie américain très connu.

54Deux ou trois jours après la sortie du journal, énorme surprise : nous commençons à recevoir des lettres, messages et coups de fil nous demandant de créer l’association Attac, ce que nous n’avions jamais envisagé ! En quelques semaines, ce sont plusieurs milliers de lecteurs qui nous somment de passer à l’acte. Nous n’avons plus le choix. Malgré les réserves de certains d’entre nous, la décision est prise de lancer Attac, et c’est moi qui suis à la manœuvre. Après quelques consultations, je prépare un projet de statuts originaux : peuvent devenir membres des adhérents individuels et des personnes morales (syndicats, autres associations, entreprises, journaux proches du Diplo). C’est ainsi que se retrouveront autour de la même table lors des conseils d’administration, entre autres, des composantes de la FSU, de la CGT, de Solidaires, la Confédération paysanne, l’association Raisons d’agir devenue Savoir/Agir, le Mrap, le DAL, Charlie Hebdo. Autre innovation : la mise en place d’un conseil scientifique – essentiellement composé d’universitaires et de chercheurs – qui peut être saisi ou se saisir pour produire des textes ou des livres sur les thématiques d’Attac. Ignacio sera nommé président d’honneur et moi élu président tout court. Je resterai cinq ans à la tête d’Attac et je continuerai à siéger dans son Bureau pendant toute la mandature de mon successeur Jacques Nikonoff. Je suis toujours membre de l’association.

55Savoir/ Agir : Il n’est pas question de retracer ici toute l’histoire d’Attac. Mais on peut s’arrêter sur le référendum de 2005…

56Bernard Cassen : J’ai relu récemment un bon nombre d’articles de mon dossier de presse sur ce référendum. Pratiquement tous étaient favorables au « oui » et certains s’en prenaient violemment à Attac, jugée responsable de leurs déboires. Ils découvraient tardivement les raisons de notre victoire : un travail de fond sur le texte du traité pour s’en approprier le contenu, et un déploiement sur l’ensemble du territoire de toutes nos forces militantes (nous avions à l’époque environ 30 000 membres). Tout cela ne s’improvise pas. Attac s’y était préparée depuis que, dans nos analyses et à l’occasion du traité de Nice de 2000, l’Union européenne (UE) avait rejoint le club très fermé des institutions de la mondialisation libérale que nous combattions depuis la création de l’association (le FMI, la Banque mondiale, l’OMC, les accords de libre-échange, l’OCDE, la Banque centrale européenne). Je suis de ceux qui ont introduit la question européenne dans nos rencontres-débats, dans nos universités d’été et dans nos livres. Le Diplo avait évidemment été un de nos outils privilégiés pour cette entreprise d’éducation populaire. Quand, le 14 juillet 2004, Chirac annonça la tenue d’un référendum sur le TCE, nous avions déjà des centaines de militants maîtrisant le sujet et prêts à affronter les tenants du « oui », y compris des ministres qui avaient à peine lu le traité. Nous avons tous la nostalgie de cette exaltante campagne ! J’espère que l’histoire repassera les plats, tant sont nombreuses les raisons de nous mobiliser aux niveaux national, européen et international.

57Savoir/ Agir : Au nombre des succès d’Attac, il faut aussi compter le lancement du Forum social mondial…

58Bernard Cassen : Sans le Diplo, il n’y aurait pas eu d’Attac, et sans les deux il n’y aurait pas eu de Forum social mondial (FSM). Comme je l’ai raconté dans mon livre Tout a commencé à Porto Alegre (paru en 2003), tout a d’abord été imaginé en février 2000, le 16 exactement, dans mon bureau du Monde diplomatique à Paris. Ce jour-là, je recevais deux amis brésiliens, Chico Whitaker et Oded Grajew, qui revenaient de Davos, en Suisse, où venait de se terminer le Forum économique mondial et où se retrouve chaque année le gratin des dirigeants politiques, de la finance, des multinationales et des médias en général à leur dévotion. Ils en avaient été scandalisés et me demandaient ce que l’on pouvait faire contre cette forteresse de l’oligarchie mondiale.

59Très rapidement, nous avons conçu un plan de bataille : d’une part, organiser un événement international qui s’appellerait le Forum social mondial (FSM) et cela aux mêmes dates que celles du raout de Davos : il s’agissait d’utiliser sa notoriété pour nous hisser à sa hauteur dans un mano a mano entre deux Forums ; d’autre part, l’organiser au Brésil : je proposai à mes deux amis qu’il se tienne à Porto Alegre, capitale de l’État de Rio Grande do Sul. En 1998, j’avais publié dans le Diplo un reportage sur cette ville devenue un laboratoire de la démocratie participative, et j’avais gardé le contact avec le maire, Tarso Genro, et le gouverneur de l’État, Olivio Dutra. Ils allaient être de précieux partenaires.

60La suite est la chronique d’un véritable tour de force : comment mettre sur pied une rencontre de 4 ou 5 jours, que nous espérions de grande ampleur, en moins d’un an ? Le FSM était en effet programmé pour le 25 janvier 2001. Il fallait tout prévoir : les locaux, les transports, les financements, le programme, les interprètes, l’accès à Internet, et j’en oublie. Restait cependant à faire connaître cette initiative aux quatre coins du monde. Ce fut la tâche du Diplo et d’Attac auxquels le FSM avait emprunté leur mot d’ordre « Un autre monde est possible ». Le mensuel était traduit en une quinzaine de langues et des mouvements Attac s’étaient constitués dans une vingtaine de pays. Par leur biais, nous avons pu toucher un grand nombre de mouvements et de militants du monde entier. Ce premier FSM, tenu à Porto Alegre, fut une grande réussite et le forum est devenu un rendez-vous annuel ou presque de la galaxie altermondialiste.

61Je garde encore vivante en moi l’émotion que je ressentis lorsque je fus le seul non Brésilien convié à prendre la parole lors de la séance d’ouverture devant plus de 10 000 personnes.

62Savoir/ Agir : Peux-tu dire un mot de ton rapport à l’Europe ?

63Bernard Cassen : Comme je te l’ai dit, la centralité de la question européenne dans les politiques publiques m’est progressivement apparue comme une évidence à partir de Maastricht. Dans le Diplo, comme dans Attac, j’ai analysé l’Union européenne comme une déclinaison européenne de la mondialisation libérale et je n’ai pas changé d’opinion. La question que je me pose est d’ordre géopolitique : est-ce que l’Union européenne ne peut être que cela dans un nouvel ordre international caractérisé par l’émergence à visée hégémonique de pôles de puissance, voire d’hyper-puissance, à savoir les États-Unis, la Chine, l’Inde et la Russie ? Une Europe-puissance, une souveraineté européenne articulée avec une souveraineté nationale sont-elles compatibles avec un projet démocratique, solidaire et environnemental ? Je me dois d’être cohérent avec moi-même : comme j’ai toujours été favorable à l’unité latino-américaine, dans la lignée de Bolivar et telle que relancée par Chavez de son vivant, je dois logiquement adopter la même attitude pour l’Europe. Il me paraît donc urgent de tenter de répondre à ces interrogations…

64Savoir/ Agir : Pour finir, une question rétrospective plus générale. Comment qualifierais-tu le type de « rôle » que tu as joué, le type de posture intellectuelle et politique que tu as manifestement choisie – rôle et posture qui ne sont pas réductibles, me semble-t-il, aux figures de l’universitaire, ou du journaliste, ou de l’homme politique, ou même de l’essayiste ? S’il fallait résumer le tout d’un mot, que choisirais-tu ? « Architecte » ? « Organisateur » ? « Homme-orchestre » ?

65Bernard Cassen : Cela va sans doute te paraître curieux, mais je ne me suis jamais posé la question de mon identité sociale. Probablement parce que j’en ai toujours eu plusieurs, simultanées qui plus est… Formellement, je peux me considérer comme un intellectuel dans la mesure où, pour une large part, ma formation et mes activités m’ont conduit à évoluer dans le champ de la production et de la transmission des savoirs et des idées. Quant à me définir comme écrivain, cela ne m’est jamais venu à l’esprit. Malheureusement, je ne suis ni poète ni romancier ni dramaturge ! S’il fallait que je remplisse un formulaire administratif ou un CV comportant la rubrique « profession », je pourrais choisir entre professeur, journaliste, éditeur, traducteur, dirigeant associatif, haut fonctionnaire, mandataire social dans une entreprise de presse...

66Bref, ta question est bonne, mais elle me plonge dans l’embarras. Tu me demandes de me caractériser en un seul mot ! Dans la presse écrite, les titres, les sous-titres et les chapeaux sont rédigés par un secrétaire de rédaction et pas par l’auteur du papier. J’invoque cette pratique pour te refiler la patate chaude : à toi de choisir le qualificatif approprié ! Enfin, si je devais malgré tout proposer quelque chose, alors oui, pourquoi pas : « homme-orchestre engagé dans le débat d’idées » ?


Date de mise en ligne : 05/03/2021

https://doi.org/10.3917/sava.054.0095

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